Un perçant soleil ennuyait Marinette et l'obligeait à se réveiller et à faire face à la migraine qui la tourmentait.
Elle s'assit doucement en gémissant et ouvrit les yeux sur une chambre qui n'était pas la sienne. Elle était dans un lit deux places, les murs étaient blancs et les meubles en chêne massifs.
La porte s'ouvrit et elle entendit une voix. «Je t'ai apporté les médicaments. Tu veux que j'appelle Gertrude pour lui dire que tu seras en retard au boulot?»
Levant doucement la tête malgré le soleil, elle vit d'abord des mains viriles lui présentant un verre d'eau et un gobelet de papier. Relevant rapidement les yeux dans un mouvement qui l'étourdit, elle examina cet homme une demi-seconde et sursauta en reconnaissant Adrien, le garçon dont elle était amoureuse.
Se jetant prestement contre les oreillers, elle s'écria : «A-A-Adrien, m-mais qu'est-ce qu-que tu fais dans ma chambre? La-la-la chambre où j'ai dormis? Où on est là?»
«Je suis dans ta chambre parce que j'ai voulu t'aider et t'apporter des antidouleurs. Ne t'inquiète pas, je sors! J'allais partir. Tu as besoin de quelque chose avant cela? C'est Alya qui va venir passer la nuit avec toi, ce soir, si tu as encore besoin d'aide. Tu te souviens qu'elle ne pouvait pas être ici la nuit dernière? Et c'est pour ça que tu dois me supporter, ce matin. Allez, plus vite tu auras livré ce gâteau et plus tu auras de temps pour papoter avec ta BFF! Quoi? Pourquoi tu me regardes comme si tu avais vu un fantôme?»
Marinette ne faisait que le fixer avec une expression étrange et des joues rouges. Les yeux énormes sous la stupeur.
«Adrien! Tu es si… vieux!?»
Avec un mouvement d'impatience et un soupir, il répondit : «Et bien, ça fait plaisir à entendre dès le matin! Mais, non. Je n'ai pas soudainement vieillit en une nuit. J'ai juste mal dormit. Mais si mon apparence te fait honte à ce point, je peux aller me maquiller.» Il avait dit le dernier mot avec rancœur.
«Non, mais non, voyons. Ce n'est pas ça. Ce que je veux dire c'est que tu n'as clairement plus quinze ans.» Le malaise entre Adrien et elle la poussant à parler clairement.
«Euh, ben, euh, non. Effectivement…» approuva-t-il perdu et ne sachant pas où elle voulait en venir.
«C'est surement à cause d'un akuma.» s'inquiéta-t-elle. «Tu as peut-être été touché? Ou bien c'est moi. Où sommes-nous? J'ai peut-être été projeté dans le future ou c'est une vision?»
Inquiet et un peu ennuyé, Adrien s'assit près d'elle sur le côté du lit. «Ce n'est pas une vision du future parce que tu peux toucher et sentir tout ce qui t'entoure. Ce n'est pas un voyage dans le temps parce que…» il pointa le bras vers le large miroir au-dessus d'un meuble sur le côté de la chambre et elle aperçu son reflet. Effectivement, elle non-plus n'avait plus quatorze ans. Plutôt vingt-quatre découvrit-elle avec un juron d'effroi qu'elle réussit à ravaler.
«Et pour ce qui est des akumas» poursuivit Adrien concerné «ils ont été vaincus il y a neuf ans. Tout est terminé.» la rassura-t-il.
«Quoi? Comment?» il lui manquait définitivement une partie de l'histoire.
Adrien soupira encore. «Je préférerais ne pas raconter cette histoire. Surtout pas aujourd'hui. Tu demanderas à Alya, elle y était. Mais est-ce que tu te souviens de ce qui est arrivé hier?» Adrien était beaucoup plus préoccupé par ce qui se passait en ce moment que par cette vieille histoire faite de mauvais souvenirs. «Tu as eu un accident et tu as fait une commotion. Tu livrais un gâteau de mariage que tu venais de terminer et quand il a failli se renverser, tu t'es glissé sous le chariot de transport pour le stabiliser et tu t'aie cogné la tête.»
«Je ne me rappelles pas de ça. Tout ce que je me rappelles c'est…»
Flash-back
Ladybug et ChatNoir jouaient à la double tague avec l'akuma du jour. Ils essayaient de l'attraper puis la dame habillée d'orange leur lançait des explosifs et ils s'enfuyaient avant de recommencer à la poursuivre pour attraper son bonnet.
Ils se retrouvèrent dans un entrepôt où l'espace confiné était remplis de machinerie et de chariots élévateur parmi lesquels le jeu se poursuivit.
Ladybug surgit finalement de derrière une colonne, utilisant l'hameçon accroché au bout du fils de son yoyo pour attraper le bonnet au vol.
Mais en tombant au sol, la vendeuse de hot-dog bouscula un tuyau de fonte qui fit tourner un bras rotatif sur son axe et qui atteint Ladybug rudement derrière la tête.
«Ma Lady!» s'exclama ChatNoir arrivant en vitesse pour l'aider à se relever délicatement de l'endroit où elle était tombée. Elle avait soudainement très froid et ouvrir les yeux envoyait son champs de vision rouler comme si elle était dans des montagnes russes.
«On doit finir! Vite.» L'air entrant dans sa gorge lorsqu'elle parlait lui donnait la nausée. «Juste. Garde-moi debout, ok?»
«Je suis avec toi.» lui assura ChatNoir.
Elle brisa l'objet corrompu et attrapa l'akuma dans le millième de seconde où elle ouvrit les yeux. Elle fit ensuite une pause pour respirer doucement, la tête couchée sur l'épaule de ChatNoir avant de relâcher le papillon purifié et de nettoyer les dégâts faits durant le combat.
Elle se rappelait aussi que ChatNoir l'avait déposée derrière un hôpital et que son père l'avait ramenée en taxi et sa mère était venue la border comme une enfant ce soir-là mais après, c'était le trou noir.
Elle savait juste que cela c'était passé longtemps avant mais pas ce qui était arrivé entre temps. « Je suis amnésique!» paniqua-t-elle.
«Hey! Calme-toi. Tu as subit un choc. Tu retrouveras surement tous tes souvenirs en te reposant. Mais le médecin a conseillé que tu ailles le voir aujourd'hui si ça se produisait. Tu devrais filer au travail terminer ta commande pour pouvoir te reposer ensuite. Tu ne peux pas te permettre de ne pas livrer.»
«Je ne sais même pas où est mon travail, alors pour le faire!» se défendit Marinette, un peu perdue.
«Fais confiance à tes muscles. Ils n'auront pas oublié. Tiens c'est ta carte professionnelle.» fit Adrien en lui tendant le rectangle de carton qu'il avait tiré de son portefeuille. «Tu devrais prendre un taxi, d'accord? Bonne journée.»
Il s'apprêtait à partir mais revint lui donner un baiser sur le front.
Se levant doucement après avoir prit les cachets de médicaments sur la table près d'elle, Marinette trouva la salle de bain, des vêtements et un déjeuner dans la cuisine. Des couvertures étaient pliées sur le divan du salon à air ouverte avec la cuisine et la salle à manger. Voilà où avait dormit Adrien.
Elle réalisa alors quelque chose dans le silence de la maison : Tikki n'était pas avec elle!
Il fallu un temps incroyable à Marinette pour faire des tuiles de dentelle de chocolat rigide, des perles de sucre de toutes les couleurs et pour placer le tout sur un gâteau de mariage trois étages. Elle y aurait passé la journée si son cahier de notes n'avait pas été aussi détaillé.
Gertrude, son assistante, avait d'abord paniqué en apprenant qu'elle avait perdu une partie de ses souvenirs. Elle-même n'était pas pâtissière. Son rôle principal était de tenir la caisse de la pâtisserie artisanale. Mais elle tenait aussi l'agenda des rendez-vous pour les commandes et s'occupait des cuissons. Elle assurerait aussi la livraison du gâteau après la fermeture, exceptionnellement.
Marinette se rendit ensuite voir son médecin qui lui fit passer d'autres radiographies pour les comparer avec celles prises la veille.
«Tout me semble normal à ce stade de votre guérison. Vous retrouverez très probablement l'intégralité de vos souvenirs lorsque l'enflure aura diminué et que vous aurez prit du repos.»
«Mais en attendant, je me retrouve projeter dans une vie dont je ne connais rien. Dans ma tête, j'ai toujours 14 ans et nous sommes encore il y a 10 ans. J'ai pris un taxi ce matin. J'ai été scandalisée par le coût qu'on m'a demandé.»
«Effectivement!» rigola le praticien «Et bien, ma suggestion est que vous demandiez à vos proches de vous renseigner sur le sujet. Apprenez-en le plus possible pour vous approprier votre vie. Comme un rôle de théâtre. Cela pourrait également débloquer vos souvenirs.»
Alya lui avait donné rendez-vous pour souper dans leur bistro habituel mais il lui avait fallu un temps fou pour le trouver. Heureusement, elle y était partie immédiatement après avoir rencontrer son médecin et donc elle ne fut qu'un peu en retard après Alya.
Celle-ci avait changé, beaucoup. En fait, son apparence était plutôt semblable mais pas son caractère. Alya avait surtout changé de look. Le terme qui venait à l'esprit de Marinette était la tristesse. Alya portait une longue robe noire droite sous une veste longue et classique également en rayonne et un collier de perles de verre très long. Ses cheveux étaient sagement tirés vers l'arrière mais même si elle était plus grande, elle avait toujours l'air très jeune et portait toujours le même genre de lunette.
Elle était très amicale avec Marinette mais autrement, elle était posée, blasée et légèrement sarcastique.
Après quelques instants passés à parler de choses dont Marinette ne savait rien, elle avoua à la nouvelle Alya, sa condition médicale. «Je vois, et tu me laisses te parler de la pluie et du beau temps comme si de rien n'était! Mais qu'est-ce que tu as oublié au juste?»
«J'ai oublié tout ce qui s'est passé depuis les dix dernières années. De mon point de vue, je me suis endormie à 14 ans et je me suis réveillée à 24 sauf que ma vie avait continué sur auto-guidage.»
«Alors, toi, ma vieille, t'a de la chance que je sois là ce soir. Ce n'est pas cette poupée gonflable d'Amber qui t'aurait aidé sur le sujet. Elle a la mémoire d'un poisson rouge.»
«Ah, euh, OK. C'est qui Amber?»
«La poupée barbie qui se prends pour ton amie. Elle est sérieuse, toujours bien mise. Elle ne sourie jamais… Attends, je pense à quelque chose. Si tu as tout oublié après tes 14 printemps, je vais faire comme si c'était à toi plus jeune que je parlais. Alors, ma vieille? Encore en retard? Je te jure, qu'est-ce que tu ferais si j'étais pas là pour m'occuper des cas désespérés?»
«Mais oui, très drôle, Alya. Donne-moi plutôt des nouvelles de tout le monde. Le téléphone de mes parents à changer et… toi aussi, tu as changé et aussi Adrien! Dans ma chambre! Ce matin! J'étais encore en pyjama! Tu te rends compte?»
«Oh Marinette! Marinette, Marinette. Tu ne changeras donc jamais! Adrien t'a déjà vu en pyjama, enfin j'espère! Vous êtes mariés depuis cinq ans! Mais avant que tu ne te mettes à baver de plaisir, je dois t'apprendre que vous allez divorcer.»
«Alya! Mais c'est affreux! C'est quoi ce cauchemar?» se plaignit Marinette. Un silence passa où Alya n'essaya même pas de réconforter son amie.
«Sinon, tes parents ont vendu la pâtisserie et en ont acheté une autre dans un petit village sur la côte. Je suis toujours mariée avec Nino et on a un garçon. Je travaille comme adjointe administrative et il est disc-jockey dans une grosse boîte de nuit.»
«Adjointe administrative? Ça ne te ressemble pas. Tu ne te ressembles plus. Et vous vous voyez quand avec Nino?»
«On soupe ensemble tout les soirs. Normalement.» raconta Alya. «C'est son soir de congé et il va s'occuper de Marco. Marco a… une malformation de la colonne. J'ai-j'ai-je. Quand j'étais enceinte de trois mois, je travaillais comme journaliste. Je suis allé couvrir un événement de routine et j'ai été blessée. J'ai perdu l'un des jumeaux et j'ai dû rester alitée pour le reste de la grossesse. Les médecins m'ont assuré que la malformation de Marco était génétique mais je me suis toujours demandé si c'était vrai. Mais c'est pour ça que j'ai changé de travail. Si on changeait de sujet. Toi et Adrien?» finit-elle par proposer en reprenant plus d'énergie.
«Oh oui! Je veux savoir. Comment c'est arrivé?»
«Alors, tu avais 15 ans et lui 16 parce que c'était un peu avant Noël. Nino m'a dit qu'Adrien pensait à toi depuis un bout de temps et il l'a poussé à t'inviter à sortir. Tu avais arrêté d'essayer de lui parler. Vous ne vous adressiez presque plus la parole. Et comme par magie, il est allé vers toi, tu lui as parlé sans difficulté et vous ne vous êtes plus quittés. Tout le monde était tellement heureux pour vous.»
«Est-ce que tu sais pourquoi on ne se parlait plus?»
«Non, je n'ai jamais su. Tous le monde va être si surpris en apprenant ce qui vous arrive. J'imagine que c'est ce qui se passe pour tout le monde. Même les couples les plus unis finissent par succomber au poids de la routine.»
Après le restau, les filles rentrèrent à la maison de Marinette. Et elle s'aperçu qu'elle n'aurait même pas su la retrouver sans gps. C'était une maison ordinaire de banlieue au milieu d'une pelouse. Dans un quartier remplie d'enfants…
Alya l'aida toute la soirée à remettre en place les pièces du puzzle de son histoire et de sa vie actuelle. Elle comprit qu'elle et Adrien n'avait jamais eu d'enfants parce qu'ils n'avaient pas vraiment essayé.
Juste avant qu'Alya ne s'endorme à côté d'elle dans son grand lit, Marinette lui demanda : «Alya, est-ce que tu pourrais me dire ce qui est arrivé à Ladybug et ChatNoir avec le Papillon.»
«Le Papillon!» soupira Alya et elle commença son récit d'une voix calme en baillant. (1) «Un jour, il a réussit a akumatiser plusieurs personnes en même temps. Il les a guidés au combat comme un général d'armée. Ladybug, ChatNoir, Rena Rouge, Carapace et Queen Bee les ont affrontés. Ils ont défaits les akumas un par un. Ladybug s'occupait de les purifier le plus vite possible. Elle n'arrêtait de partir et de revenir avec un nouveau Lucky charm.»
«ChatNoir a fait face au Papillon en combat singulier. Ils se sont battus très longtemps et le Papillon trichait. Mais ChatNoir a finalement eu le dessus. De ce que j'ai apprit, Ladybug a rendu son miraculous en même temps que celui du Papillon. Et ensuite, une nouvelle héroïne à prit sa place. Mais ChatNoir n'a jamais arrêté. Il a survécu à beaucoup de chose. Entre autre, d'autres ennemis aussi terrible que le Papillon. C'est le seul de la bande qui n'a jamais changé. Enfin, Carapace aussi est toujours celui qu'on a vu apparaître la première fois. Mais il est rare qu'il se montre.»
Marinette se sentait tellement coupable. Elle avait l'impression d'avoir trahi son partenaire, d'avoir abandonné son chaton. En même temps, elle aurait voulu crier: 'Ce n'était pas vraiment moi, je n'étais pas vraiment moi-même quand j'ai fait ça'.
«On a eu deux autres porteuses de coccinelle après la grande Ladybug puis ChatNoir à fait équipe avec la porteuse du serpent et là on est revenu avec une autre cocci-girl. Marinette, il y a quelque chose que tu dois savoir. Le Papillon, c'était M. Agreste.»
Alya c'était endormie peu après ces révélations. Ce n'est qu'au petit déjeuner qu'elle lui avait raconté qu'après l'arrestation de M. Agreste, Nathalie était devenue la tutrice légale de son fils.
«Adrien a été très affecté par tous ça, mais ce n'était pas seulement négatif par contre. Il riait beaucoup plus. C'est devenu le clown de la classe. Il a fait des tas de bêtises mais rien de grave, surtout des blagues sans conséquence. J'imagine qu'à un certain niveau, il cachait sa détresse mais il était aussi plus libre. Il… s'impliquait plus. À la fois dans la vie de groupe mais aussi pour aider les autres. Il s'est servi de sa notoriété pour attirer l'attention des gens sur ceux qui avaient besoin d'aide. Mais il a dû faire sa terminale sur deux ans parce qu'il a fait des tas de voyages l'année de ses dix-huit ans.»
«Et comment il était avec moi?» Elle pressentais que là encore, elle avait agit sans utiliser mon cœur.
«Un vrai prince! Il était toujours à tes pieds et à vouloir te couvrir de cadeau. C'est toi qui a tous choisit. La maison, ton travail. Mais avec le temps, il s'ouvrait moins. Je pense qu'il aurait été plus heureux si vous aviez eu des enfants. Je dis ça parce qu'il travaille avec des enfants, maintenant. Je ne sais pas exactement ce qui n'a pas fonctionné entre vous. Je dirais qu'il a attendu quelque chose de toi et qu'il a cessé d'espérer le jour où tu as décidé de le quitter.»
Oui, effectivement, elle se sentait comme une belle garce et une égoïste.
Alya était repartie travailler très tôt, malgré leur conversation. On était lundi et la maison de Marinette était loin de tout.
Heureusement, Marinette avait congé ce jour-là. Elle devait retourner travailler le lendemain pour fournir la pâtisserie en desserts et autres fournitures à vendre mais elle avait la journée devant elle pour se reposer et se remettre de ses émotions.
Elle… n'aimait pas vraiment la personne qu'elle se découvrait être. Elle espérait encore un peu que tous ceci ne soit qu'un rêve et qu'elle puisse retourner en arrière pour prendre un chemin différent.
Peut-être que si elle savait au moins pourquoi elle avait choisit cette vie. Pourquoi est-ce qu'elle n'était pas designer et maman. Et pourquoi voulait-elle faire quelque chose d'aussi effrayant que quitter Adrien? C'était ridicule, impensable!
Puisqu'elle devait rentrer au travail le lendemain pour faire des gâteaux de fantaisie, autant en dessiner quelques-uns. Elle griffonnait dans son cahier en réfléchissant et elle s'aperçut bientôt qu'il y avait non pas des sucreries sur sa page mais les mouvements fluides d'une jupe. Les détails de l'ourlet d'une blouse et de nouvelles façons de faire des manches. Elle adorait inventer des manches de fantaisie.
On sonna à la porte et elle ne fut qu'à moitié surprise d'y trouver Adrien. «J'aurais besoin de ton aide.»
«Que puis-je faire pour votre service cher Monsieur?» demanda-t-elle avec un sourire joueur.
Il rigola de la trouver de si bonne humeur, en forme et il était aussi un peu surprit qu'elle l'accueille si ouvertement. Il lui expliqua ensuite : « Il nous manque une couturière pour aujourd'hui. Je sais que tu es supposée te reposer mais…»
«Je t'accompagne. Ça me fera du bien d'être un peu dans mon élément.» Ce n'est qu'une fois assise dans sa voiture qu'elle remarqua qu'elle n'avait pas bafouiller face à lui.
Adrien avait besoin d'elle pour faire des ajustements de dernières minutes sur les vêtements qui devaient être photographiés ce jour-là. Les mannequins étant tous des enfants, ils avaient tendance à grandir sans prévenir.
Le studio était rempli de gens. Il y avait une douzaine de jeunes mannequins, leurs accompagnateurs, l'équipe photo, l'équipe des décors et l'équipe vêtements.
C'était une très grosse journée de travail. Il y avait une cinquantaine d'ensemble à photographier. Marinette regardait Adrien diriger le studio avec plaisir, professionnalisme et mettant tout le monde à l'aise.
Les premiers vêtements installés sur les enfants, Adrien les entraîna dans une sorte de jeu ou de danse qui les faisait bien rigoler. Les instructions qu'il leur donnait sur la façon de se tenir et comment placer les bras ressemblaient aux directives d'un chef d'orchestre pour sa petite chorale amateur et il faisait lui-même tout les gestes pour que les enfants l'imitent et qu'ils comprennent d'un coup d'œil ce qu'il attendait d'eux.
Les photographes ne disaient rien et se déplaçaient prenant photo sur photo. La première prise ne dura que dix minutes puis on changea de vêtements et de décor.
Il fallait parfois une heure pour tout mettre en place mais les enfants ne s'ennuyaient pas du tout. Ils avaient un coin jeux qui leur était destiné avec des places assises pour leurs parents qui échangeaient entre eux. Certains avaient même eu le temps de faire des devoirs. Tout était pensé pour leur bien-être.
Son travail d'ajustement présenta quelques défis à Marinette et elle se félicita d'avoir gardé toute son ingéniosité. Elle fit même quelques suggestions de concordance entre le décor et les vêtements que tout le monde adora.
À la fin de la journée, tout le monde applaudit le travail accomplit et Adrien ne manqua pas de remercier chacun d'entre eux. Marinette avait été étonnée par le comportement d'Adrien. Il n'était plus du tout le même garçon dont elle se souvenait. Il était toujours aussi gentil et possédait toujours toutes les autres qualités qu'elle adorait chez lui. Mais il était aussi joueur, ouvert, confiant, impliqué. Si elle le trouvait parfait lorsqu'ils étaient jeunes, il était, aujourd'hui, mieux que parfait.
«Je te remercie de m'avoir invité aujourd'hui.» lui dit-elle lorsqu'ils remontèrent en voiture.
«C'est à moi de que tu as rendu un grand service. Tu nous as beaucoup aidé. Et c'est, euh.» Il prit un grand soupir «J'étais très heureux que tu sois là!» Il avait dit la dernière phrase comme s'il la défiait de la lui reprocher.
Après un moment de silence, elle trouva le courage de dire : «Est-ce que tu es attendu ou bien est-ce que tu as le temps de souper avec moi?»
«J'ai environ deux heures devant moi avant la rencontre. Est-ce que tu voudrais qu'on aille à notre restaurant préféré?» lui offrit-il.
«Ah oui! Ce serait une bonne idée!» s'enthousiasma-t-elle de le garder encore un peu.
«Tu n'as toujours pas retrouvé la mémoire, hein?» demanda-t-il concerné.
«Non. Le médecin m'a conseillé de découvrir le plus de chose possible sur ma vie. Soit ça m'aidera à me souvenir, soit ça me facilitera la vie au quotidien. Mais j'avoue que ce que j'en ai découvert jusqu'à présent me fait souhaiter que tout cela soit faux et qu'à la fin de ce rêve, je me réveille dans le grenier de la boulangerie. Je n'aime pas ce que j'ai découvert sur ma vie avec Alya, hier.»
«Évidement, si ce que tu as eu c'est le point de vue d'Alya…»
«Comment ça?»
«Alya n'est pas heureuse. Elle a été blessée par la vie. Elle pleure encore la mort de son enfant mais ce sent coupable de le faire parce qu'elle a Marco. Elle n'aime pas son travail mais en restant adjointe administrative, Nino fait ce qu'il aime alors, elle l'accepte.» expliqua-t-il.
«Dès que je me souviendrai comment me rendre chez elle, je veux aller l'aider. Il me semble que c'est mon rôle de meilleure amie de l'aider à passer à travers sa peine. Il faut que je l'amène s'amuser un peu. Il faut juste que je me rappelles ce qu'aiment faire les adultes.»
«Je veux simplement dire que ta vie n'est pas que négative, elle a aussi des bons côtés mais ils doivent être plus difficiles à voir à travers les lunettes d'Alya. Tu n'as pas besoin d'en faire des tonnes. Juste passer du temps avec elle et lui présenter ce nouveau côté de toi plus positif pourrait être très bien.» s'expliqua Adrien avec un drôle de sourire devant son enthousiasme juvénile.
«C'est vrai. Tu as raison. Alya était une personne positive lorsqu'on était jeune. Tout comme toi. C'est ça qui a changé chez elle.»
«On est encore jeune, je te ferais remarquer.»
«Adrien, on a 24 ans! On est des vieux!»
Cette remarque dit sur un ton aussi sérieux tira un grand rire sincère à Adrien et Marinette le partagea. Il fit aussi naître en elle le souvenir de leur premier rire partagé.
Le repas passa rapidement d'autant plus qu'Adrien entretint la conversation en lui parlant de petits événements quotidiens de leur vie à deux avant et après leur mariage. Marinette l'aurait écouté pendant des heures. Elle était fascinée par les étoiles dans les yeux de l'homme devant elle. Tout cela était de bons souvenirs pour lui. Elle se sentit rassurée de voir que leur vie de couple n'avait pas été l'enfer pour lui qu'elle s'imaginait lui avoir fait vivre.
Il la raccompagna à la maison et jusqu'à la porte. Il l'embrassa sur la joue et la remercia de la soirée.
«Oh! J'ai failli oublier. J'ai fait reporter le rendez-vous avec les avocats pour le divorce. Il devait avoir lieu ce matin, mais comme tu étais blessée, ils ont remit à dans une semaine. Et ne t'inquiète pas, j'ai appelé Luka et je lui ai dit que c'était ma décision. Comme ça il ne te fera pas de reproches!»
«Luka? Qu'est-ce qu'il a à voir dans cette histoire?» Marinette s'aperçu que le petit tiraillement qu'elle ressentait avant pour le garçon aux cheveux bleus était toujours là. Elle se demanda s'il était devenu avocat de divorce.
«Je pensais, qu'Alya t'en aurait parlé. Luka est ton copain. C'est pour lui que tu m'as laissé.» Il y avait une boule dans la gorge d'Adrien, même Marinette pouvait le dire. Mais déjà il repartait vers sa voiture à grandes enjambées. Alors, elle lui cria de loin «Adrien! Je suis désolée.» et ajouta d'une petite voix qu'il ne pouvait pas entendre : «Pardonnes-moi.» Mais il se retourna tout de même vers elle avant de monter en voiture.
(1) Note d'auteur: Texte rédigé avant la sortie du double épisode : Le jour des héros. Désolée pour la confusion qui pourrait en résulter.
