Salut tout le monde !
C'est la première fois que je traîne mes idées bizarres d'auteure en herbe sur ce fandom, et ce n'était pas du tout prévu. Comment suis-je arrivée là, alors ? Par un pur hasard.
Par une belle matinée d'été, je me promenais sur le second site de fanfictions où je suis inscrite (mais très peu présente) et je consulte par curiosité la section "défis", où certains auteurs font part d'idées de scénarios qu'ils aimeraient bien voir être développés par d'autres auteurs, à défaut de les écrire eux-mêmes. Et c'est là que je tombe sur une suggestion concernant le fandom de Twilight, que j'apprécie sans pour autant que ce soit mon univers de prédilection. J'en lis les grandes lignes et trouve l'idée très séduisante. Le problème, c'est qu'à ce moment-là, j'étais en plein milieu d'un master très chronophage qui ne me laissait ni le temps, ni l'envie d'écrire.
Sauf que l'idée s'accrochait à moi, aussi tenace qu'une plante grimpante sur un mur. Les grandes lignes du scénario se paraient de détails dans ma tête, et Eva s'est littéralement imposée à moi dans toute sa sarcastique splendeur. J'ai ouvert une page word qui s'est vite remplie des mots composant ce premier chapitre, puis qui a été laissée de côté, puis retravaillée, et encore oubliée... Mais l'idée a résisté, et maintenant que j'ai un peu plus de temps, je souhaite la partager avec vous.
Il s'agit de mon projet le plus abouti jusqu'à présent, et je compte bien le mener à son terme. J'espère que vous prendrez autant de plaisir à le lire que j'en ai à l'écrire. On se retrouve en bas !
PS : Les numéros se réfèrent aux traductions des titres des chapitres et autres expressions espagnoles que vous trouverez à la fin du chapitre. Quant aux propos en italique, ils servent à signaler les conversations mentales. Vous trouverez dans le texte, outre les titres des chapitres, quelques expressions en espagnol. Pas de panique ! Leur traduction se trouve à la fin du chapitre, dans leur ordre d'apparition dans le texte. EDIT : Par souci de respect des règles typographiques (mode bêta lectrice activé), l'usage de l'italique sera réservé aux termes espagnols. Les conversations mentales seront en gras. J'harmoniserai les premiers chapitres sur ce modèle au fur et à mesure.
L'univers et les personnages de Twilight appartiennent à Stephenie Meyer. Les grandes lignes du scénario m'ont été inspirées par Nymphonia sur fanfic-fr. L'interprétation que j'en fais, ainsi que Eva, Lena et quelques autres OC plus secondaires, sont ma propriété. Toute ressemblance avec une autre histoire, roman ou fanfiction, serait purement involontaire.
Chapitre 1 : Una suave vocecita
─ Eva, réveille-toi !
Un grommellement ensommeillé s'échappa de mes lèvres en réponse à cette injonction. Un étau agréablement chaud enserrait mon coude et me secouait sans ménagement. Encore plongée dans les brumes cotonneuses de l'assoupissement, je notai néanmoins la familiarité de cette voix au timbre chantant… Mais pourquoi diable Nessie voudrait-elle me réveiller ?
Si j'étais toi, je l'écouterais. Tu es mal barrée, le prof te regarde.
Cette remarque, énoncée par un timbre plus éthéré à l'intérieur même de mon crâne, acheva de me tirer des limbes du sommeil. Paniquée, j'ouvris les yeux et me redressai. Trop tard.
─ Encore en train de dormir au lieu de suivre mon cours, Miss Saavedra ? Il va falloir faire un choix entre être mentalement présente, et vos activités nocturnes.
Si, sur l'instant, je fus persuadée de me leurrer quant à l'intonation licencieuse de cette phrase, les rires gras s'élevant dans la salle de classe balayèrent mes doutes. En proie à une fureur croissante, j'épinglai du regard l'enseignant aux déplaisants yeux porcins. Mr. Varner, professeur de Mathématiques de son état, était réputé pour sa sévérité et son intransigeance à l'égard des élèves inattentifs. Chaque contrariété devenait prétexte à humilier le contrevenant à sa discipline de fer. Il allait sans dire qu'avec ma tendance à m'endormir régulièrement pendant ses cours inintéressants, il m'avait désignée comme cible privilégiée de ses réprimandes acerbes frôlant l'intolérable. La plupart des élèves auraient courbé l'échine, murés dans un silence honteux pour le restant de l'année, et bon nombre des indisciplinés adoptaient d'ailleurs cette attitude. Toutefois, j'étais bien trop orgueilleuse pour abandonner ma dignité de la sorte. La repartie venimeuse outrepassa la barrière de mes lèvres avant que je n'aie la présence d'esprit de la retenir :
─ C'est vrai que certains ont une vie sexuelle tellement désespérante que ce choix ne se pose pas…
Le regard équivoque que j'adressai au professeur acheva de plonger la salle sans un silence uniquement troublé par l'exclamation choquée de Nessie.
Et voilà… Tu as encore remis ça…
Puis l'ébahissement général se dissipa au profit d'un monstrueux fou-rire. Le visage rubicond de Mr. Varner arbora aussitôt la couleur d'une tomate bien mûre.
─ D-dehors, Miss Saavedra ! bégaya-t-il sous le coup de la fureur et de l'embarras. Mr. Barn, accompagnez-la au bureau du proviseur !
Satisfaite de ma réplique, je rassemblai mes affaires et en profitai pour adresser un clin d'œil à Nessie, qui porta une main à son front en secouant la tête dans une mimique désespérée. Après lui avoir soufflé de me retrouver sur le parking à la fin du cours, je quittai sans regret la pièce sous le bourdonnement de murmures plus ou moins élogieux, mon chaperon attitré sur les talons.
Au lieu de respecter les ordres de l'enseignant, je me dirigeai derechef vers la sortie.
─ Tu en veux combien pour ta prochaine soirée ?
Jeremy Barn, avec sa coupe de cheveux sage, ses vêtements de marque impeccables, ses lunettes rectangulaires et son sempiternel air sérieux, incarnait le parfait stéréotype de l'élève modèle au comportement irrépréhensible. De fait, les enseignants lui confiaient aveuglément diverses tâches dont il s'acquittait de manière exemplaire. Excepté en quelques rares occasions que savaient exploiter ceux qui, comme moi, parvenaient à gratter le vernis masquant l'imperfection.
─ Deux bouteilles de vodka, deux de whisky et… une de gin.
Fils d'un chirurgien et d'une avocate souvent en déplacement professionnel, Jeremy disposait donc régulièrement de la grande maison familiale où il organisait des soirées clandestines hautement alcoolisées, et parfaitement illégales. Soucieux de préserver son image irréprochable, il s'approvisionnait discrètement en alcool en échange de services, au nez et à la barbe de tous les adultes. Dès que j'avais appris ce détail, il m'était devenu aisé de le maintenir sous ma coupe, et ainsi d'échapper aux sanctions.
─ Ça devrait être possible.
─ Il me les faut pour vendredi sans faute.
Je fronçai les sourcils.
─ Deux jours, c'est court comme délai.
J'interceptai son œillade menaçante.
─ Mais je devrais pouvoir le faire.
Il acquiesça sèchement, alors que je prenais conscience que, entre mon travail de nuit et nos arrangements, j'étais prise au piège dans un engrenage infernal dont je ne parvenais pas à m'extraire. Pour compenser cette évidence, je m'efforçais de maintenir un contrôle illusoire sur ces transactions illégales.
─ Bien, sauve-toi maintenant, lança-t-il avant de se désintéresser de moi.
Trop heureuse de m'en sortir à bon compte, je ravalai mon déplaisir, ainsi qu'une réplique acerbe quant à sa manière de me congédier comme une vulgaire servante, et obtempérai sans me faire prier.
Parfois, lorsque mes pensées s'égaraient, je songeais à l'aspect étonnant du fort lien d'amitié qui s'était tissé entre Nessie et moi. Renesmée, puisque c'était là son nom complet, irradiait tel un irrésistible soleil que l'on ne pouvait s'empêcher de contempler malgré les risques de se brûler les rétines. La beauté lumineuse de ses traits harmonieux, rehaussée par de longues boucles cuivrées et de grands yeux chocolat, n'avait de cesse d'attirer tous les regards. Souvent vêtue de robes élégantes, elle conservait néanmoins une simplicité rafraîchissante associée à une affabilité sans faille qui rendaient sa compagnie très recherchée, tant par la gent féminine que masculine. Au fond de ses chaudes prunelles étincelait une intelligence désarmante mâtinée de mystère, une maturité surprenante qui portait à croire que sa perception des choses dépassait de loin celle des lycéens de son âge. Une aura intrigante complétait ce réjouissant tableau en lui conférant un charme indubitable dont elle ne semblait pas consciente.
Plus j'y réfléchissais, plus il m'apparaissait que nous ne nous ressemblions guère. Là où Nessie resplendissait, je me fondais facilement dans l'ombre, avec mes cheveux raides et mes yeux en amande aussi noirs que du charbon. La grande silhouette longiligne de mon amie contrastait avec la mienne, plus petite, aux hanches trop marquées dans lesquelles toute la graisse de mon corps semblait avoir décidé de migrer, une morphologie typiquement méditerranéenne si j'en croyais ce que l'on racontait. Enfin, sa peau laiteuse tranchait singulièrement d'avec ma peau mate, signe révélateur de mes origines espagnoles.
Mais nos différences ne s'arrêtaient pas à nos physionomies respectives. Là où Nessie se révélait adroite à entretenir les conversations, je me montrais plus taciturne, préférant le silence à d'interminables babillages. J'appréciais les cercles d'amis restreints, composés de personnes dignes de confiance, autant que j'abhorrais les foules d'admirateurs. Autant dire que je passais davantage de temps à m'occuper de ma famille qu'à développer ma sociabilité. Le caractère posé de Nessie contrebalançait mon insolence et ma tendance notoire à la provocation. En cela, nous nous complétions parfaitement, telles deux facettes d'une même médaille.
─ Tiens, tu t'es encore fait virer de cours ? lança une voix bien connue.
Arrachée à mes divagations, je repris contact avec la réalité et adressai un sourire à mon interlocuteur.
─ Bonjour à toi aussi, Jacob.
Adossé contre ma vieille voiture et perdue dans les méandres de mon esprit, je n'avais pas prêté attention au rugissement caractéristique du moteur de sa moto, qui annonçait d'ordinaire son arrivée.
─ Tu viens chercher Nessie ? demandai-je.
─ Non, je me promène, c'est tout.
Face à l'ironie de sa phrase, je lui tirai puérilement la langue. Cela sembla l'amuser. Jacob, Jake de son surnom, était le petit-ami de Nessie depuis déjà plusieurs années. Grand, tout en muscles mis en valeur par sa peau cuivrée, il aurait attisé bien des convoitises si sa relation avec Nessie n'avait pas revêtu une telle évidence. Dès lors qu'ils apparaissaient ensemble, chacun tendait à penser que leur couple faisait partie de ceux qui filaient le parfait amour, sans aucune dispute pour émailler leur vie commune, avec une complicité inégalable.
T'en fais pas, tu finiras bien par trouver le prince charmant un jour. Enfin, j'espère…
Un ricanement moqueur résonna entre les parois de mon crâne. Exaspérée, j'entrepris de l'ignorer en m'adonnant à l'une de mes activités favorites : me chamailler gentiment avec Jacob.
Ce fut sur ces entrefaites que la sonnerie du lycée nous vrilla les tympans. Bientôt, les portes s'ouvrirent, vomissant des flots d'élèves ravis de voir leur dure journée s'achever enfin. Au cœur de cette marée humaine, j'aperçus rapidement la flamboyante chevelure de Renesmée, laquelle parvint tant bien que mal à se frayer un chemin jusqu'à nous. Accueillie par une étreinte de Jacob, elle s'y coula brièvement avant de darder un regard réprobateur sur moi.
─ Pourquoi t'es-tu sentie obligée de provoquer Varner ? Tu sais bien qu'il n'attendait que ça pour te renvoyer de cours !
─ Oui, et je crois que ma réponse a largement dépassé ses attentes. Sa tête valait le détour ! Et puis, il l'a bien mérité, este cabrón !
─ Il s'est passé quoi exactement ? interrogea Jake.
Je laissai le soin à Nessie de conter l'anecdote. Celle-ci plut tant à Jacob qu'il m'assena en guise de félicitations une bourrade dans le dos qui manqua de m'envoyer à terre. Cependant, je n'eus pas le loisir de rester rire avec eux de mes mésaventures. L'heure du départ approchait à grands pas.
─ Bon, il faut que je vous laisse, je dois récupérer Laura au collège. On se voit demain !
J'écoutai leurs au-revoir, puis me lançai sur les routes au volant de mon antique voiture. Je n'eus pas le temps de quitter le parking du lycée que la voix retentit à nouveau dans ma tête.
Freine !
Je m'exécutai sans discuter. Juste à temps. Dans un crissement de pneus, une voiture surgit hors de sa place et fonça vers la sortie. Pour la forme, je lui adressai un bon coup de klaxon excédé, puis repris tranquillement ma route. Une toute petite parcelle de mon cerveau encore sous l'emprise de la peur se demanda comment ma conscience avait pu anticiper cet éventuel accident, mais, tenue de me concentrer sur ma conduite, j'oubliai rapidement ce détail.
Garée sur le parking du collège, j'attendais patiemment l'arrivée de ma petite sœur. Parmi les nombreux collégiens enjoués qui quittaient l'établissement, grand bloc de béton d'un gris peu attrayant, je repérai bientôt la silhouette menue de Laura.
De trois ans ma cadette, Laura était de loin la personne la plus chère à mon cœur. Dotée d'une chevelure d'ébène identique à la mienne, Laura possédait de splendides yeux verts, hérités de notre mère, qui contrastaient singulièrement avec son teint mat. Gracieuse et légère, elle évoluait dans son environnement tel un poisson dans l'eau : en parfaite harmonie. Une bouffée de fierté me submergea en pensant que j'avais contribué à son équilibre.
En quelques vigoureuses enjambées, Laura parvint à s'extraire de la foule pour gagner ma voiture. Elle s'installa rapidement à mes côtés et me gratifia d'une bise sonore tout en m'adressant un regard angélique trop incongru pour être sincère. Décidée à tirer les choses au clair, je débutai par une question anodine :
─ Alors, comment s'est déroulée ta journée ?
─ Assez bien.
J'arquai un sourcil, peu dupe face à la rapidité et la concision inhabituelles de sa réponse. Face à mon expression, l'hésitation imprégna ses traits avant qu'elle ne baisse la tête, soudain penaude.
─ Enfin, ça dépend…, bredouilla-t-elle. Tu m'en voudras si je te dis que j'ai encore eu un D en Maths ?
Intérieurement soulagée, j'arborai une moue songeuse, avant de compatir à son anxiété et de mettre fin à cet insoutenable suspense.
─ Hmmm, non. Cette matière est une vraie vacherie. Tant que tu réussis à passer en classe supérieure, je me moque pas mal de tes notes.
Je m'interrompis un instant.
Au vu de ton comportement en cours, tu serais bien mal placée pour lui jeter la pierre.
─ Et puis tu sais, la valeur d'une personne ne se définit pas à ses résultats scolaires, ajoutai-je.
Un silence méditatif emplit l'habitacle de ma voiture, troublé par le ronronnement du moteur.
─ Tu sais que tu es une grande sœur géniale, Evita ?
Un sourire m'échappa à l'entente de ce surnom, que j'avais gagné après que Laura avait visionné le film du même nom.
─ Je sais, je sais, je suis la meilleure.
─ Et la plus modeste…
─ La modestie est la qualité dont je me vante le plus.
Nous échangeâmes une œillade complice avant de partir dans un grand éclat de rire.
Le reste du trajet se déroula paisiblement, rythmé de badinages sur nos journées respectives. Je me gardai bien de lui révéler mon altercation avec l'enseignant de mathématiques, par crainte de lui donner un mauvais exemple. Depuis le décès de notre mère, j'étais devenue l'unique modèle de référence pour ma sœur, et il était hors de question que je faillisse à ma tâche.
Enfin, nous arrivâmes dans l'étroite allée du lotissement où nous vivions. Notre père, seul membre de notre famille encore vivant -sur le sol américain du moins-, croupissait en prison pour expier ses fautes. Laura et moi nous étions donc retrouvées officiellement orphelines. Par conséquent, nous avions été ballotées de foyers en foyers, au gré d'épreuves qui nous avaient soudées. Puis, lorsque j'avais été assez âgée pour m'émanciper, j'avais saisi l'occasion de construire une nouvelle vie. Naturellement, j'avais dû effectuer un véritable parcours du combattant contre les institutions pour obtenir la garde de ma sœur, mais j'y étais parvenue. Désormais, nous vivions toutes deux dans un petit appartement un brin miteux, dans un quartier défavorisé, conformément à nos maigres moyens.
Cette période sombre et trouble, qui avait vu ma famille disparaître, marquait également l'apparition de cette petite voix lancinante dans le carcan de mon esprit. Ce murmure tenace, qui me faisait souvent office de conscience, révélait indubitablement que mon mental avait subi des dégâts irréversibles. Si je pouvais sans peine qualifier cette manifestation de schizophrénie, je ne possédais malheureusement pas la somme suffisante pour débuter une thérapie, encore moins pour me procurer un traitement adéquat. Au regard de la situation, je n'avais d'autre choix que de taire cet inavouable secret, par peur d'éventuelles retombées sur mon avenir ou celui de Laura.
Reléguant cette préoccupation dans un recoin oublié de mon esprit, je gagnai l'appartement en compagnie de ma sœur. Une longue liste d'activités, principalement mes devoirs et les tâches ménagères, m'attendaient avant de devoir me rendre au travail.
─ Vous avez fait votre choix, messieurs ?
─ Deux gins tonic et un cognac.
─ Ça marche !
Après avoir inscrit cette commande dans ma mémoire, je me frayai un chemin entre les tables et les clients ivres pour gagner le comptoir. Sur mon passage, j'entendis un sifflement appréciateur que je récompensai de mon regard le plus noir. Le malotru eut le bon goût de se tasser sur sa chaise en réponse, toutefois, je savais que d'autres n'allaient pas tarder prendre le relai en termes de harcèlement et de techniques de drague douteuses.
Face à la nécessité de subvenir à mes besoins et à ceux de ma sœur, je m'étais mise en quête d'un travail. L'emploi de serveuse de nuit que j'avais obtenu dans ce bar du centre-ville de Forks possédait de nombreuses contraintes, mais m'offrait l'avantage de pouvoir disposer de mes journées pour suivre mes cours au lycée. Naturellement, le salaire n'était pas mirobolant et la clientèle s'avérait parfois peu recommandable, mais cela me permettait néanmoins de payer mon loyer, ainsi que les autres frais indispensables.
Parmi mon entourage, seules Laura et Renesmée connaissaient la nature de mon travail de nuit, qui se révélait d'ailleurs à l'origine de mes siestes sur mon bureau au lycée. Ma meilleure amie m'avait d'ailleurs gentiment proposé une aide financière que j'avais déclinée dans la seconde, trop fière pour être à la charge de quelqu'un d'autre. Peu importaient les difficultés et les sacrifices, j'étais prête à les affronter pour conserver ma capacité à choisir et contrôler la vie que je souhaitais mener.
Je profitai de la préparation des verres pour mettre de côté quelques bouteilles destinées à Jeremy Barn. Afin de ne pas éveiller les soupçons de mon patron tyrannique, j'étalais mon larcin sur plusieurs nuits, dans l'espoir qu'il passe inaperçu. L'un des rares intérêts de mon travail, et peut-être bien le seul, résidait précisément dans le fait de pouvoir remplir ma part des marchés passés avec Jeremy. Le reste de temps, j'accomplissais dûment ma mission, essuyais sans broncher les regards salaces d'hommes trop avinés ou rabrouais certains individus trop entreprenants d'une réplique bien placée.
Je soupirai une nouvelle fois tandis que je caressais inlassablement l'espoir de trouver un jour un métier moins dégradant, qui me correspondrait plus, bien qu'aucune idée précise ne se dessine encore dans mon esprit de jeune adulte. Les frais d'inscription à l'université étaient clairement au-dessus de mes moyens, et je n'avais aucune certitude non plus de pouvoir y envoyer Laura un jour. De plus, j'étais trop occupée à maintenir ma présente situation pour construire des projets d'avenir
À cet instant, j'étais encore bien loin d'imaginer que le destin me réservait une surprise, un de ces retournements de situation qui perturbent irrémédiablement le cours d'une existence. Un bouleversement qui marquerait le début d'une longue descente aux enfers…
Lexique :
1. Una suave vocecita : Une douce petite voix
2. Este cabrón : ce con/connard (on remarquera au passage toute la beauté du langage d'Eva)
Voilà pour ce début ! Le premier chapitre est assez court. Le suivant contient plus du double de mots. Concernant le rythme de publication, je pense poster un chapitre par mois, histoire de pouvoir garder quelques chapitres d'avance et de parer à d'éventuels imprévus.
N'hésitez pas à me faire part de vos impressions, positives comme négatives, en commentaire, j'y répondrai avec plaisir. C'est pour moi le meilleur moyen de m'améliorer.
À bientôt !
