WAOUH ME REVOILÀ AVEC UNE AUTRE FICTION, J'AI PAS PU RÉSISTER DÉSOLÉE
La grosse surprise de la semaine :P Je suis assez occupée en ce moment avec mes examens qui approchent à grands pas, mais j'avais ce chapitre d'écrit qui n'attendait qu'à être lu. Il semblait tellement seul que j'ai eu pitié, et j'ai décidé de lui rendre service en le publiant... :p
Je m'étais fait la promesse de poster une fiction à la fois, mais j'ai brisé cette promesse, parce que je ne peux pas m'empêcher de poster mes écrits... *SHAME ON ME*
Dooooooonc, déjà, je voulais vous remercier pour tous les retours adorables que j'ai eus pour Bird Set Free, je ne m'attendais pas à recevoir autant de reviews, donc merci infiniment vous êtes les meilleurs du monde, j'ai juste envie de prendre mon vélo et d'aller dans chacune de maisons pour vous serrer dans mes bras *COEUR*
Cette nouvelle fiction est rangée dans la catégorie humour/romance/WTF, et j'espère que vous allez bien aimez ce début :3
BONNE LECTURE LES POTATOES!
Lorsque Newt ouvrit les yeux, la première chose qu'il fit fut de pousser une longue, très longue complainte. Son crâne menaçait d'imploser. Quelque part dans son hémisphère cérébral gauche, un bulldozer broyait sans pitié sa matière grise, tandis que son hémisphère droit semblait avoir fondu comme neige au soleil. Il avait la bouche pâteuse, son estomac était contracté et une tenace nausée montait en lui, comme une houle. Il se sentait atrocement fatigué. Non, pas fatigué. Éreinté. Pire, harassé. À deux doigts de s'écrouler dans un caniveau et de supplier pour qu'on l'achève.
Ce qui le frappa ensuite fut la délicieuse odeur qui lui monta aux narines. Un parfum qui semblait assez coûteux. Peut-être du Meadow Life, ou du Fresh.
Attendez.
Newt ne possédait pas de parfum Meadow Life ou Fresh.
…
Réflexion faite, il n'avait jamais eu un seul flacon de parfum en sa possession. Peut-être que c'était ses draps qui sentaient bon ? Mais non, impossible, il n'avait pas lavé ses draps depuis une décennie. La lessive, c'était littéralement la corvée la plus ennuyeuse du monde (après les courses), et Newt évitait les trucs ennuyeux comme la peste. Le blond n'avait aucune patience. Aucune.
Les sourcils froncés à l'extrême, il ouvrit lentement les yeux et embrassa les alentours de ses iris chocolat. Avec toutes les peines du monde, il roula sur le dos et cligna des yeux devant la grande fenêtre ouverte voilée d'un long rideau qui ondulait paresseusement au gré de la bise. Il se retrouva un instant hypnotisé par les reflets gris irisés du tissu qui miroitaient à la lumière du jour. Les rayons du soleil levant coulaient dans la pièce, et habillaient les murs d'un éclat orangé aussi dur que l'acier. Puis, quelque chose d'autre le mortifia...
Avec la vivacité d'un ressort, il se redressa sur ses coudes. Son corps protesta de douleur, et un grognement passa la barrière de ses lèvres.
Plusieurs choses ne tournaient pas rond :
1) Déjà, son corps était ankylosé. Pourquoi est-ce qu'il avait mal partout comme ça ? On aurait dit qu'il avait couru un marathon de trois jours dans la montagne sans s'arrêter, et il avait l'impression que son derrière était recouvert de bleus.
2) Il n'avait pas de rideaux gris. En fait, il n'y avait aucun rideau dans son appartement. Ce n'était pas sa fenêtre, ce n'était pas ses rideaux, et il ne se trouvait certainement pas dans son studio.
3) Il était nu.
4) Il y avait un être humain allongé dans le même lit que lui.
Merde.
Il déglutit bruyamment. Ses poings se refermèrent sur les draps, et il se mordit férocement la joue pour s'empêcher de hurler parce que, putain de merde, Newt avait couché avec un inconnu la nuit dernière.
Il se redressa un peu plus en étouffant une plainte sourde et scanna frénétiquement la pièce de ses yeux à présent grands ouverts. La chambre était plutôt grande, avec de hauts murs immaculés. Il y avait très peu de décoration excepté un grand poster coloré du rappeur américain Biggie Smalls épinglé au-dessus d'un bureau croulant sousun amas de feuilles de cours et de crayons.
Au bout d'un moment, Newt se décida enfin à risquer un œil vers le jeune homme qui dormait paisiblement à sa droite. Son corps formait une masse élancée sous les draps, et il laissait échapper de longues et profondes respirations.
Newt n'avait jamais été du genre à coucher sans lendemain. Et comme il était à l'université depuis deux ans, ce phénomène peu commun faisait l'objet de nombreuses plaisanteries de la part de ses amis. Un peu paradoxal quand on savait que le blondinet était particulièrement connu pour son naturel charmeur et sociable. Oui, parce que Newt était un badineur de première, jamais le dernier à chambrer, plaisanter... et en plus, sa bouille candide naturelle rendait souvent ses piques adorables.
Mais la vérité, c'est que Newt avait vécu en couple depuis sa première année de fac, et il n'avait jamais vraiment connu de vie de célibataire à long terme alors...au lieu de jouer les traînés dans les bars et les boîtes de nuit, il avait plutôt pris l'habitude de passer ses nuits à câliner son compagnon ou à bosser ses cours entre deux marathons Netflix.
Il se trouvait donc en territoire inconnu.
Il venait de se réveiller dans le lit d'un étranger, sans la moindre parcelle de souvenir de la veille. Et pour couronner le tout, son corps lui faisait tellement mal qu'il avait l'impression d'avoir fait un petit tour dans le sèche-linge. Il y avait (beaucoup) trop de lumière dans la chambre, un marteau-piqueur s'acharnait sur son pauvre crâne, et sa gorge était irritée comme s'il n'avait pas bu depuis quatre jours...
« Ngh... »
Probablement aidé par sa fatigue et sa gueule de bois, Newt ne put s'empêcher de faire un bond phénoménal. Toute plainte mentale complètement écartée, le blondinet se reconnecta avec le monde réel et tourna brusquement la tête vers l'étranger qui commençait à remuer en grognant d'une voix rauque.
Génial. Danger, alerte rouge, moment gênant en approche.
La curiosité prenant soudain le dessus, le blondinet se pencha lentement vers l'étranger pour le détailler plus en profondeur : son voisin était allongé sur le flanc, dos à lui, enveloppé dans les draps. Ses cheveux bruns formaient sur sa tête une auréole de mèches rebelles et d'épis indignés, et son visage aux traits étonnamment doux était parsemée ça et là de petits grains de beauté. De longs cils noirs et courbés bordaient ses yeux clos.
Newt se pencha davantage et cala une main sur la tête de lit couleur ébène pour s'aider à manœuvrer son corps au-dessus de l'inconnu et avoir une meilleure vue (autant profiter du spectacle tant que Monsieur l'Etranger était encore dans les vapes).
Mais sa main moite ripa sur le bois, et sans pouvoir se rattraper, il tomba tête la première et s'écrasa le nez dans l'épaule de l'autre garçon.
« ARGH ! » Couina l'inconnu, et un soubresaut de géant ramena brusquement ses membres à la vie.
Le cri de Newt se joignit au sien, et le blondinet fit un bond en arrière pour revenir à sa place initiale, le visage cramoisi, le nez aplati.
L'étranger se redressa, comme pris d'un coup de fouet, une trace d'oreiller sur la joue. Puis, ses yeux se posèrent sur un Newt complètement mortifié et toujours aussi vaseux. Dans un réflexe purement stupide, les deux jeunes hommes lâchèrent au même moment un cri d'effroi qui dura bien trente secondes . L'étranger s'empressa de ramener les draps à lui pour couvrir son buste en dévisageant Newt d'un air effrayé, et le blondinet en fit de même, aussi immobile qu'une marionnette.
Puis, ils éclatèrent tous les deux en même temps :
« Qu'est-ce que tu regardes ? » Aboyèrent-ils en symbiose en s'écartant instinctivement l'un de l'autre.
OK, c'était la dernière fois que Newt se faisait un coup d'un soir.
« C'est toi que je regarde », lâcha-t-il sans réfléchir, le rouge lui picotant les joues.
L'étranger déglutit, et Newt observa le mouvement imperceptible de sa pomme d'Adam.
« Pourquoi tu criais comme un taré ? »
« C'est toi qui as commencé à crier, du con », accusa Newt sans oser bouger d'un poil. « Pourquoi est-ce que tu criais ? »
La mâchoire de l'étranger tomba.
« Parce que tu es tombé sur moi, andouille ! »
« Oui bah désolé, j'ai glissé pendant que je te regardais ! »
Gênant. Putain, Newt.
Sociabilité, zéro. Crédibilité, moins douze.
Ils continuèrent à se sonder du regard.
L'étranger paraissait pétrifié et aussi blanc que les draps qu'il agrippait pour cacher ses tétons.
Le silence s'étira et s'alourdit, mais aucun des deux ne semblait décidé à bouger le petit orteil. Horrible, putain.
« Euh », commença Newt pour essayer de crever un peu la tension. « Du coup, bonjour ? »
À cela, il ajouta le sourire forcé le plus raté de toute l'histoire des gueules de bois venant de se réveiller auprès d'un inconnu.
L'étranger parut relâcher légèrement la pression. Il s'éclaircit la gorge et hocha une fois de la tête en tripotant nerveusement les draps. Ses yeux étaient rouges et gonflés, et son expression suggérait qu'il souffrait de la même gueule de bois que Newt.
« Bonjour », répondit-il d'une voix rocailleuse.
Un silence tendu retomba. Ils se fixaient toujours dans le blanc des yeux, et Newt avait beau chercher dans les moindres recoins de sa mémoires, il n'arrivait pas à se souvenir de ce garçon. Il ne le reconnaissait pas du tout. Bon, ce n'était pas surprenant quand il repensait au nombre incalculable de shooters qu'il s'était enfilé la veille...mais quand même. Il n'avait tout de même pas bu au point d'avoir un trou noir à la place du cerveau ?!...si ?
Le jeune inconnu ne devait sans doute pas le reconnaître non plus : le désarroi, l'incertitude et la confusion se bousculaient dans ses prunelles mordorées. Ou peut-être que c'était parce que Newt l'avait brutalement réveillé en broyant sa face sur son épaule.
« Euh...bien dormi ? » Demanda Newt.
Il se mit soudain à tousser dans sa main, et il dut puiser tout le courage et le savoir-faire qui résidaient en lui pour faire comme si cette quinte de toux monstrueuse n'avait pas déglingué encore plus son cerveau. En plus il avait vraiment envie d'aller au petit coin. Et EN PLUS, il avait besoin de boire. Mais il avait envie de vomir ses tripes, aussi. Putain, il avait vraiment la gueule de bois.
L'étranger acquiesça et glissa ses doigts longs et fins dans ses mèches brunes. Un pan du drap s'affaissa un peu dans la manœuvre, dévoilant son torse pâle et finement musclé, et un de ses tétons. Un téton encerclé une belle marque de morsure. Newt scruta les traces de dents, les yeux exorbités. L'oeuvre était sans doute de lui...mais il était incapable de se souvenir du moment où il l'avait faite. Génial.
En passant par là, il se sentait plutôt fier de son ouvrage. La marque était belle, distincte, bien rosée, et...
Il se retrouva arraché brutalement à ses pensées lorsque la voix de l'étranger lui parvint :
« Ça va. Une des nuits les plus reposantes de toute ma vie. »
Le sarcasme teintait ses mots.
« Et toi ? »
Au moins, il était poli.
« C'était...productif », musa Newt sans pouvoir détacher ses yeux du téton du jeune homme.
Ce dernier suivit son regard, et ses joues virèrent au rouge soutenu lorsqu'il prit en compte la marque qui ornait son téton. Il releva la tête et un petit sourire fleurit sur ses lèvres. Ah tiens, peut-être qu'il se souvenait de leur rendez-vous, finalement ?
« C'est le cas de le dire », murmura-t-il d'un air mutin et désinvolte.
Il paraissait plus détendu : ses traits étaient moins crispés, et ses doigts n'agrippaient plus aussi désespérément les draps pour dissimuler son corps. Il s'autorisa même à détailler le torse et les bras nus de Newt pendant quelques secondes.
« T'es plutôt mignon, en fait », fit-il remarquer, et l'ombre d'un sourire jouait au coin de ses lèvres. « Je m'en étais pas vraiment rendu compte dans le noir hier soir. »
Ah. Donc, il se souvenait bien de la soirée qu'ils avaient passé ensemble.
« Hum...je te retourne le compliment », répondit Newt sentant ses joues s'échauffer encore plus. « Je regrette pas mon choix. »
Quelle étrange façon de commencer une conversation avec son coup d'un soir.
« Par contre, ce que je regrette, c'est cette putain de gueule de bois à la con. »
« Oh putain, merci mon Dieu, je pensais être le seul », gémit le brun en s'affalant contre les oreillers avant de balancer un bras au-dessus de ses yeux.
« Tu n'avais pas besoin de faire comme si tu ne souffrais pas parce que j'étais là », répondit Newt avec un petit rire amusé en se laissant également retomber sur les oreillers.
Il tourna la tête et contempla le profil de l'étranger. Il observa sa mâchoire se contracter, ses muscles rouler sous sa peau claire. Le soleil illuminait son visage d'une auréole aveuglante. Ouais. Il était vraiment sexy. Bien joué, Newt Bourré.
« Absolument...d'ailleurs, ne te gêne pas pour moi, vomis, grogne, rote, fais ce que tu veux. Je crois que je vais devoir aller aux toilettes et coller ma tête dans la cuvette. »
Il lança un regard incertain vers Newt.
« Enfin...si ça ne te dérange pas, bien sûr... »
Newt émit un petit ricanement amusé.
« Ooouuh, un gentleman », railla-t-il, son accent anglais plus fort que jamais. « Je me suis dégoté un vrai prince. »
« J'étais peut-être un prince la nuit dernière », marmonna l'autre garçon en se massant soigneusement les tempes avant de rejeter les draps et de s'asseoir sur le bord du lit. « Mais je pense que je me rapproche plus d'un crapaud aujourd'hui. »
Newt rassembla toute sa volonté et son courage et s'assit à son tour, prêt à se lever. Bon Dieu il avait les pieds gelés.
« Pas un crapaud. Juste un prince complètement torché. Avec une haleine de cheval et des poches incroyables sous les yeux. Regarde-toi », s'amusa-t-il en observant le visage de son vis-à-vis. « C'est limite si je pourrais pas ranger mes clés et mon porte-feuille dans tes poches... »
L'autre garçon laissa échapper un éclat de rire aussitôt suivi d'une grimace qui froissa durement ses traits.
« Hey », le coupa-t-il dans un gémissement en étreignant son estomac. « Ne me fais pas rire, j'ai mal partout. »
« Désolé, j'aime bien verser dans l'humour, c'est une de mes nombreuses armes secrètes », flirta Newt avec un sourire éclatant. « J'aurais dû te prévenir. »
« Je me souviens d'une autre de tes armes secrètes », répliqua le brun, un sourire suggestif se dessinant sur ses lèvres. « D'ailleurs, c'est dangereux de se promener avec une telle arme... »
Cette fois, ce fut Newt qui partit dans un rire incontrôlable. Il se tut aussitôt lorsqu'une douleur fulgurante se mit à irradier dans sa tête. Il avait l'impression que son crâne se fendait en deux.
« Ouch », geignit-il.
« Vengeance », fit l'étranger en commençant à se lever.
Ses jambes se mirent à vaciller, mais bon sang, tremblements ou pas, Newt n'avait jamais vu des cuisses et des mollets aussi attirants.
« Je vais faire un tour dans la salle de bain, si tu le permets. »
« Je t'en prie, vas-y », acquiesça Newt en agitant faiblement une main. « Ne t'inquiète pas pour moi. Je vais me décoller de ce matelas et boire un verre d'eau. T'as soif ? »
« Oh, oui putain », grogna l'autre jeune homme sur un ton bas où transparaissaient le désespoir et la gratitude.
Hilare, Newt l'observa tituber dans le couleur en essayant de se raccrocher aux murs pour ne pas s'écrouler au sol. Son dos était courbé et son équilibre apparemment sérieusement affecté par l'alcool. Le spectacle arracha un rire bruyant à Newt, toujours confortablement allongé dans le lit.
« La ferme », maugréa aussitôt le brun, mais Newt perçut un sourire amusé dans sa voix. « N'ose même pas te moquer de moi. Ne juge pas mes difficultés. »
Le sourire de Newt s'élargit encore plus, mais il porta ensuite une main vers le bas de son visage en grimaçant. Sa mâchoire lui faisait vraiment mal, bizarrement.
« Bon, je vais voir si je peux nous faire un peu de thé, ça te va, Vieillard ? »
« La ferme », marmonna le brun.
Il marqua une pause avant d'incliner la tête en direction de Newt.
« Mais oui, je veux bien s'il-te-plaît. Merci, hum, mec. »
« Mais de rien, euh... » (Merde, il ne savait pas comment il s'appelait.) « Mon pote. »
L'étranger leva son pouce en l'air avant de reprendre son ascension périlleuse vers la salle de bain.
Bon. Maintenant. Première chose à faire : Newt allait devoir réapprendre à marcher (il éprouvait un élan de compassion des plus honnêtes pour la sirène Ariel, bénites soient ses jambes incompétentes).
Ensuite, le blondinet allait devoir découvrir où se trouvait la cuisine, avant de chercher de quoi préparer du thé, et (espérons-le) de quoi manger.
Enfin, il prendrait ses clics et ses clacs avant de foutre le camp d'ici pour retourner chez lui et retrouver son lit.
Voilà. C'était un bon plan à suivre.
Mu par une détermination nouvelle, le blondinet finit par s'extirper du lit, et heureusement qu'il avait l'estomac vide ou il aurait vomi. Il puisa une profonde inspiration venue d'outre-tombe avant de s'aventurer dans le couloir à la vitesse supersonique d'une larve moyenne. C'était presque étrange qu'un filet de bave ne le suive pas...
Au fond du couloir se dressait une porte close, probablement la salle de bain : un rai de lumière jaunâtre fusait sous le panneau de bois. La première porte à gauche menait à la cuisine. Il entra dans la pièce en chancelant dangereusement et repéra aussitôt le réfrigérateur. Alléluia.
La cuisine était séparée du petit salon par un long comptoir rouge muni de tabourets. Le plafond agrémenté de poutres et le parquet sombre contrastaient avec les murs blanc cassé. Un canapé en cuir marron trônait au milieu du salon, recouvert de petits coussins à motifs géométriques. Un écran plat immense occupait pratiquement tout un pan de mur, et une série de grandes fenêtres donnaient sur la ville. Des peintures abstraites faisaient office de décoration, et quelques livres s'entassaient sur la table basse. Plusieurs paires de chaussures Nike et de boots s'alignaient près de la porte d'entrée, et une veste en cuir noir se balançait au porte-manteau.
À la seconde où le blondinet aperçut l'évier, il s'élança vers le robinet et fit couler l'eau avant de se baisser pour aspirer bruyamment et désespérément le liquide salvateur.
Une fois suffisamment désaltéré pour pouvoir aligner ses pensées correctement, Newt entreprit de fouiller dans les placards de la cuisine. Il dénicha rapidement des tasses Star Wars qu'il posa sur le comptoir, avant de placer une bouilloire remplie préalablement d'eau sur la gazinière.
Mon Dieu, il avait l'impression d'être passé sous un troupeau de bœufs et sa vessie pleine le mettait au supplice. Et même s'il n'avait pas cours aujourd'hui, il n'était de toute évidence pas d'humeur à s'attarder dans cette appartement qu'il ne connaissait pas avec un inconnu, sexy ou non. Et il fallait de toute urgence qu'il trouve Minho pour lui tirer les vers du nez sur la nuit dernière. Par chance, il pourrait lui indiquer pourquoi et comment Newt s'était retrouvé ici.
D'ailleurs, en parlant de Minho...
Tout en étouffant un bâillement déchirant, Newt retourna dans la chambre de l'étranger et balaya la pièce du regard. Il repéra vite son jean, en équilibre précaire au-dessus de la porte du placard. Le blondinet haussa un sourcil perplexe. Il ne voulait même pas savoir comment son pantalon avant atterri là. Il tira le vêtement à lui et repêcha son portable, coincé au fond de la poche arrière. Il désenchanta vite en s'apercevant que sa batterie était morte.
Évidemment.
Il se pinça l'arête du nez, ferma les yeux et respira un grand, grand coup. Ses doigts serraient si forts le portable que ses jointures étaient devenus blanches. Non seulement il ne portait qu'un boxer pour couvrir ce qui lui restait de sa dignité, sa vessie était pleine à ras bord, ses tempes bourdonnaient inlassablement, et son crâne pulsait férocement, au bord de l'implosion, mais en plus la batterie de son portable était morte.
Il avait besoin de son portable. Tout de suite. Il avait besoin de vérifier sa messagerie et ses appels manqués. Peut-être que l'autre jeune homme avait un chargeur ?
Bah tiens, en parlant de l'autre garçon, il entendit la porte de la salle de bain s'ouvrir doucement dans un doux grincement.
Newt amorça un mouvement pour aller à la rencontre de son camarade, mais il marqua une brusque pause en passant devant un miroir. Il sursauta devant son reflet. Il avisa son teint crayeux, ses cernes monstrueuses, ses traits anguleux et son menton pointu. Il était dans un état lamentable. Ses cheveux partaient dans toutes les directions, et... il fronça soudain les sourcils. Le blondinet s'avança d'un pas et examina ses cheveux de plus près.
….Est-ce qu'il avait vraiment de l'herbe dans les cheveux ?
Il papillonna des yeux, interdit, avant de glisser ses doigts entre ses mèches blondes. Ouaip. C'était bien de l'herbe. Il avait de la pelouse dans les cheveux. Bon sang mais il s'était passé quoi au juste cette nuit ?!
Quelque chose d'autre attira ensuite son regard. Il portait un bracelet en papier autour du poignet. Un bracelet rose fluorescent, sale et froissé, qu'il n'avait jamais vu de sa vie.
OK. Bon. Donc.
« Ah, te voilà. »
La voix le fit violemment sursauter, et il fit volte-face pour se retrouver nez-à-nez avec Bel Inconnu qui s'appuyait contre l'encadrement de la porte avec désinvolture, les cheveux trempés et le visage débarbouillé. Des gouttes d'eau dégoulinaient encore de ses cheveux et roulaient le long de sa mâchoire et de son cou pour venir s'échouer sur son torse nu bien sculpté. Il ressemblait à un véritable Dieu grec, pendant que Newt se tenait devant lui, avec un nid de paille au sommet du crâne et un corps qui commençait lentement à se décomposer.
« Désolé », s'excusa le blondinet. « J'étais en train d'inspecter l'herbe dans mes cheveux. »
Un soupçon d'ironie perçait dans sa voix rauque. L'étranger parut soudain soulagé et lâcha un petit rire.
« Putain, je suis vraiment content que tu me dises ça. J'en ai trouvé aussi dans mes cheveux, et j'osais pas en parler parce que ça semblait un peu...chelou... »
« C'est très chelou », pointa Newt en haussant les sourcils. « Mais ça me rassure de ne pas être le seul. »
« De même », répondit l'autre dans un petit rire.
Bordel, ce type était vraiment d'une beauté saisissante. Il avait de belles dents blanches, un beau sourire éclatant, de beaux yeux ambrés flamboyants, un beau visage au teint clair. Newt se félicita à nouveau intérieurement pour sa bonne pêche. Peut-être qu'il devrait se prendre des cuites plus souvent.
« Je voulais savoir, hum...est-ce que tu as faim ? Je me disais que je pourrais préparer un petit-déjeuner, si tu veux ? À moins que tu sois pressé... »
« Non, un petit-déjeuner serait au top », approuva Newt, reconnaissant, en bâillant à nouveau à s'en décrocher la mâchoire. « Mon ventre est tellement vide que j'ai l'impression d'avoir avalé de l'acide. Ou peut-être que j'ai juste envie de vomir, je sais pas encore. Alors autant le nourrir. On verra ce qui se passera après. »
Un sourire effleura les lèvres de l'étranger.
« Crois-moi, je vis la même douleur », se plaignit-il sur un ton rieur. « Mais je suis sûr qu'on crève juste de faim. Nos tripes baignent encore dans l'alcool, c'est sûrement pour ça qu'on est encore un peu paumés. »
« Je dirais même que nos tripes se noient dans l'alcool. »
« Exactement. Alors autant faire le plein en glucides. »
« Ça tombe bien, j'adore le glucide », railla Newt en frottant ses mains l'une contre l'autre, faisant rire l'autre garçon.
Ensemble, ils traversèrent le couloir, et Newt s'arrêta devant la porte de la salle de bain.
« Je passe dans la salle de bain vite fait, je reviens dans un petit moment... », prévint-il avant de s'arrêter.
Merde, il ne se souvenait toujours pas du prénom de ce type. Et ce même alors qu'ils discutaient depuis qu'ils s'étaient réveillés, qu'ils avaient (sûrement) passé une nuit torride ensemble (possiblement dehors, à la belle étoile, sur un carré de pelouse), et qu'ils étaient sur le point de déjeuner ensemble.
« Merci, hum...mon pote », reprit-il en réprimant une grimace gênée.
« Pas de soucis, Blondie ! » Lança Bel Inconnu avec un rire malicieux avant de s'enfuir dans la cuisine en ricanant.
Le sourire de Newt s'évapora, et il balança un t-shirt roulé en boule à la figure du brun (ce petit enfoiré) avant de se retrancher dans la salle de bain d'un pas traînant.
-X-
Lorsque Newt se décida enfin à émerger de la salle de bain, un odeur délicieuse de bacon lui attaqua les narines.
Oh putain, rectification, il n'adorait pas Bel Inconnu, il le vénérait. Il n'aurait jamais pu mieux tomber pour un coup d'un soir.
Un sourire étira ses lèvres. La journée ne s'annonçait pas si épouvantable que ça, finalement. Il passa une main dans ses cheveux mouillés (il en avait profiter pour faire un petit brin de toilette), puis il commença à enfiler son t-shirt...avant de se figer brusquement. C'était quoi encore ce bordel ? Son t-shirt était trempé. Comme s'il sortait de la machine à laver.
Un grognement frustré franchit la barrière de ses lèvres. Bon. Il traversa le couloir jusque dans la chambre et se mit à fouiller dans le dressing à la recherche d'un t-shirt à sa taille. Bel Inconnu avait l'air gentil, il ne le prendrait sûrement pas mal si Newt lui empruntait un vêtement. Le blondinet déplia un t-shirt noir Bob Marley. Bon, ça ferait l'affaire.
Il l'enfila et prit le temps d'observer son reflet dans le miroir d'un œil critique avant de se diriger vers la cuisine. L'autre jeune homme se tenait devant les plaques à induction et faisait frire d'une main du bacon dans une poêle. Il tenait une tasse de thé dans l'autre et buvait la boisson chaude à petites gorgées. Newt prit le temps d'apprécier un moment le spectacle qui s'offrait à lui (Bel Inconnu était vraiment canon, dans ce petit boxer noir bordé d'une fine bande rose). Ouep, Newt Bourré avait vraiment d'excellents goûts. Mieux encore : Bel Inconnu avait même la gentillesse de préparer le petit-déjeuner à moitié nu. Meilleur coup d'un soir de tous les temps.
« Sympa, ton t-shirt », fit remarquer le brun en hochant la tête vers Newt d'un air approbateur.
Un sourire étira le coin lèvres de Newt.
« Merci. J'espère que ça ne te dérange pas... ? »
Les sourcils du brun se froncèrent.
« Non, pas du tout. J'adore Bob Marley », répondit-il, arrachant un petit rire à Newt.
Le blondinet s'approcha du comptoir pour découvrir deux assiettes garnies de délicieux mets.
« Des toasts et du bacon ? Et des œufs ? » S'extasia-t-il en ouvrant de grands yeux affamés.
Trois toasts grillés encore chauds étaient nichés au creux d'un lit d'œufs brouillés encore fumants, et des quartiers d'oranges et du raisin agrémentaient le tout, rehaussant la couleur du plat. Newt n'aurait pas été étonné qu'un filet de bave ne coule de sa bouche. (Bon peut-être qu'un filet de base dégoulina vraiment de sa bouche.) Il essuya discrètement le coin de ses lèvres et se tourna vers l'autre jeune homme pour lui adresser un sourire éclatant.
« Je pense sérieusement à te garder avec moi si c'est comme ça que tu traites les p'tits nouveaux. »
Le visage de l'étranger s'illumina d'un sourire et il passa une main dans ses cheveux en bataille, les joues rouges.
« C'est des œufs et des toasts », rit-il en haussant les épaules. « Je ne pense pas que ce soit le plat culinaire du siècle. »
Newt s'avança d'un pas et posa son menton sur l'épaule du brun.
« Mais pour moi ça l'est. À chaque fois que je prépare un petit-déjeuner, je fais toujours cramer mon bacon. C'est plus dur qu'on ne le pense ! Il faut être patient, et...le surveiller attentivement. Horrible », commenta-t-il en fonçant le nez, et il sentit l'épaule de l'autre garçon être secouée d'un rire.
Furtivement, Newt planta un bref baiser sur la joue du brun avant de se reculer. Il s'empara ensuite de son propre mug et engloutit la moitié du liquide encore fumant. Sa langue et son palais le brûlèrent un peu, mais c'était comme ça qu'il aimait boire son thé.
« Bon, je vais poser la table », annonça-t-il avant de se mettre à fouiller (à nouveau) dans les placards et les tiroirs.
Il n'aimait pas trop demander aux autres de le guider, préférant davantage se débrouiller tout seul, et par chance, le jeune homme brun le laissa faire sa petite vie sans lui indiquer où étaient les couverts et les verres, ce que le blondinet appréciait grandement.
Bientôt, la table fut enfin posée, et Newt se posta près du comptoir en se dandinant sur ses pieds d'un air fier de lui, les mains jointes poliment devant lui.
« La table est prête, monsieur. »
Bel Inconnu lâcha un petit rire et lui envoya un petit coup d'épaule taquin en passant à côté de lui.
« La bouffe est prête, monsieur. »
« Hey, parle un peu mieux, tu te crois à la campagne ou quoi ? » Le réprimanda Newt.
« Mille excuses. Le festin est prêt, très cher. »
Newt se mit à rire.
« C'est mieux. Mais j'ai fait le travail le plus dur », crut bon d'ajouter le blondinet d'un ton léger, et l'autre garçon leva les yeux au ciel tout en déposant le bacon sur les toasts.
Les deux jeunes hommes s'installèrent au comptoir et commencèrent à manger dans une ambiance bonne enfant entrecoupée de rires, de plaisanteries et de critiques balancées à tout va :
« Tu piaffes super fort, putain ! »
« Ta langue fait un drôle de mouvement quand tu manges. »
Ou encore :
« Je peux savoir comment t'as fait pour fourrer ce toast en entier dans ta bouche ? »
Et pendant qu'il sirotaient leur thé et se volaient mutuellement le contenu de leur assiette, leurs pieds se frôlaient (accidentellement, bien sûr) sous la table.
A un moment, Newt eut la stupide idée d'envoyer des œufs brouillés dans les cheveux de son camarade. Il se mit à rire en voyant que la masse jaunâtre restait collée aux mèches brunes.
« J'essaie juste de flirter », s'excusa-t-il innocemment, la bouche pleine.
Bel Inconnu darda sur lui un regard meurtrier et s'ébouriffa les cheveux d'une main pour retirer les œufs avant de balancer des miettes au visage de Newt.
« On ne parle pas la bouche pleine. On dirait un homme de Cro-magnon ! On ne t'a jamais enseigné les bonnes manières ? »
« Fais pas comme si ça t'excitait pas », répliqua Newt, la bouche toujours pleine, et un morceau d'œuf s'échappa d'entre ses lèvres.
Les deux jeunes hommes se figèrent net en voyant le morceau rebondir sur le comptoir avant de s'échouer au sol. Leurs regards se croisèrent, et ils eurent un brusque mouvement de recul dégoûté tout en explosant de rire. Un rire apparemment incontrôlable, puisqu'il dura plusieurs minutes, et ils en vinrent même aux larmes.
« Beurk, t'es tellement immonde », gémit le brun.
Newt se mit à rire de plus belle et tapota ses lèvres avec une serviette en papier.
« Chaud comme la braise, tu veux dire. Ça me résume bien », gloussa-t-il.
L'inconnu se rencogna dans sa chaise et scruta un moment le blondinet du regard en inclinant la tête sur le côté. Ses lèvres s'incurvèrent vers le haut.
« Je ne dirais pas le contraire », minauda-t-il d'une voix grave et suave.
Newt sentit ses joues s'embraser, et il s'empressa de plonger le nez dans sa tasse de thé pour dissimuler ses rougeurs. Bel Inconnu tourna la tête vers les grandes fenêtres et plissa les yeux, ébloui par la lumière du soleil.
« Je me demande quelle heure il est », murmura-t-il, probablement pour lui-même.
« Oh, hey, d'ailleurs », fit soudain Newt en s'essuyant les lèvres. « En parlant de ça, mon portable est mort. T'aurais pas un chargeur à me prêter ? »
Le regard de l'étranger dériva vers lui, débordant de confusion. Ses sourcils étaient froncés.
« Un chargeur ? Pourquoi j'aurais amené un chargeur ? » Répondit-il, un rire dans la voix. « Tu dois bien en avoir un dans tes tiroirs. T'as un iPhone, non ? On a toujours le chargeur qui va avec. »
Lentement, Newt reposa son mug et s'humecta les lèvres.
« Attends quoi ? Qu'est-ce que tu veux dire ? » Demanda-t-il en sentant son ventre se nouer.
L'autre garçon cligna des yeux, perplexe.
« Bah, quand on achète un iPhone, y a toujours un chargeur dans la petite boîte... »
« Non, non, non », l'interrompit Newt en secouant vigoureusement la tête.
Il se pencha en avant et planta son regard dans celui du brun.
« Non, je veux dire, pourquoi tu penses que j'aurais un chargeur ici ? »
À nouveau, l'étranger cligna des yeux.
« Parce que c'est ton appartement... ? » Répondit-il, comme si c'était évident et qu'il se demandait si Newt ne perdait pas la tête.
Newt sentit ses entrailles se retourner et son cœur faire une brusque pirouette.
« Je pensais que c'était ton appart'. »
Le brun le fixa d'un air estomaqué.
« Mon appart' ? » Répéta-t-il en clignant plus rapidement des yeux. « Quoi ? Mais non, pourquoi que tu penses que c'est mon appart' ? Demanda-t-il en pointant un index frondeur sur la poitrine de Newt. « C'est ton appart'. »
Bordel de merde.
« C'est pas mon appart' », paniqua Newt d'une voix légèrement aiguë et vibrante.
La mâchoire de l'étranger se décrocha et et glissa à peu près à hauteur de son boxer.
« C'est pas ton appart' ? »
« Non. »
« Mais...c'est pas mon appart' non plus ! »
« C'est pas ton appart' ? »
« Non ! »
« Mais c'est l'appart' de qui alors ? »
Bordel, Newt était au bord de la syncope.
