Je te hais comme je te désire

Note: Je tiens compte de l'Hadès chapter du manga et pas des OAV! C'est à dire qu'il n'y a pas la petite discussion entre Shion et Dohko (vous savez juste avant que Dohko n'appelle Kanon en armure!). Après le combat Shion/Dohko, le Bélier ne voit plus la Balance: il meurt devant les chevaliers de bronzes et pas devant Dohko.

1740:

Shion s'étira paresseusement dans son lit quand un rayon de soleil chatouilla son nez. Sa main rencontra un corps chaud étendu à ses côtés…

C'est vrai qu'il n'avait pas passé la nuit seul! Comment s'appelait-il déjà? Ou était ce elle? Shion jeta un coup d'œil sur son partenaire. C'était bien un garçon. Un chevalier d'argent, si ses souvenirs étaient bons. Mais il n'arrivait pas à mettre un nom sursonvisage.

Adriano? Non: c'était le fougueux italien de la semaine dernière. Rien à voir avec cette limace. Andronikos? Non plus, il l'avait jeté de son lit deux jours auparavant. Honnête sans plus.

Ah…Basile! Il avait un nom à coucher dehors en plus. C'est ce qu'il aurait mieux fait de faire d'ailleurs.

Le Bélier était très mécontent de sa nuit. Il y avait eu tromperie sur la marchandise: ce bel éphèbe s'était vanté d'être explosif au lit, mais ce n'était qu'un pétard mouillé. Puceau à tous les coups.

Shion avait horreur que l'on se moque de lui, surtout en matière de sexe. C'est donc sans ménagement, qu'il tira son futur ex-amant de son profond sommeil.

- « Dépêche-toi de t'habiller. Je dois aller voir le Pope. »

………………………………………...

Shion prit tranquillement son petit déjeuner une fois débarrassé de Basile. Il pensait à ses nombreuses frasques tout en sirotant son thé. A vrai dire, il était désespéré: il n'avait personne en vue, personne qui ne soit digne de lui et qu'il n'aitdéjà eu dans son lit. Comme tout libertin qui se respecte, il était hors de question de reprendre deux fois la même personne.

Un amant ou une amante, c'est un usage unique.

Shion passa en revue toutes les personnes qui fréquentaient le Sanctuaire: servantes, chevaliers d'or, d'argent, de bronze…il ne restait plus personne de potable.Pas même un garde.

Il n'avait plus qu'à faire une excursion dehors. Le Pope avait demandé à le voir dans la matinée: peut-être avait-il une mission à lui confier? Oh oui…une mission!

En Italie, il avait dépucelé cette innocente et exquise princesse. Un vrai régal! En plus, il paraîtrait, qu'il lui aurait laissé un souvenir.

En Espagne…il avait des souvenirs brûlants des garçons d'écurie d'un Don je ne sais plus quoi. Dans le foin, c'était très romantique.

A la cour de France, dans les ports de Hollande, dans un palais oriental…peu importe, du moment qu'il pouvait trouver satisfaction. De la chair fraîche en somme.

Il avait envie de voir de nouveaux horizons.

Il termina sa tasse de thé et partit dans la salle de bain, son second Sanctuaire. Les servantes avaient rempli sa baignoire non seulement d'eau chaude mais également d'un mélange subtil d'huiles de bain parfumées.

Lorsque le Bélier entra, il chassa toutes les servantes mis à part celle qu'il avait choisie comme compagne de bain. Sa baigneuse du jour s'appelait Maria, une plantureuse brune, au service du Bélier depuis deux mois. Sur ordre de Shion, elle se déshabilla et le rejoignit dans son bain.

Shion reposa sa tête sur sa généreuse poitrine pendant que la jeune femme massait amoureusement ses tempes. Maria n'était pas la plus belle de toutes ses servantes, mais elle était la plus dévouée. Shion savait qu'elle était follement éprise de lui et il ne s'en privait pas. Elle était prête à tout pour le satisfaire comme une véritable esclave. Elle était devenue pour lui une experte de l'érotisme et du plaisir et Shion avait bien besoin de ses services pour rattraper la nuit lamentable qu'il avait passée.

Maria lui faisait un massage inédit appris auprès du chevalier d'or de la Vierge, d'origine asiatique comme la plupart de ses domestiques.

Ce chevalier était le meilleur ami de Shion, un libertin comme lui et un des meilleurs amants que le Bélier ait eus. Par amitié, ils s'échangeaient régulièrement leurs domestiques, hommes et femmes, ce qui permettait à ces derniers de se perfectionner en débauche. Maria revenait d'un de ses "stages" à l'extérieur et venait lui apporter une touche d'exotisme sensuel fraîchement apprise.

Les sens de Shion étaient ravis. Maria était vraiment une perle!

Les doigts du Bélier se promenèrent distraitement sur les cuisses rondes de la masseuse. Elle avait une peau veloutée, très agréable à caresser,qu'elle entretenait soigneusement sachant que son maître en appréciait la douceur.

Shion se disait qu'il aurait mieux fait de passer la nuit avec elle quand bien même ce ne serait pas la seule fois! Ceci dit il n'était pas trop tard…tant pis pour son sacro-saint principe de ne jamais prendre deux fois la même personne. Il était trop frustré pour faire le difficile!

Le Bélier fit un signe à la servante tandis qu'il saisissait ses cuisses pour les ouvrir. Il ne fit pasdans la délicatesse et se soulagea brutalement. Maria poussa un cri et se cambra tant sous l'effet de la violence que du plaisir qu'elle éprouvait d'être honorée une seconde fois des faveurs de son maître.

Les ébats aquatiques durèrent une vingtaine de minutes pendant lesquelles Maria mit tout en œuvre pour que Shion oublie sa nuit déplorable. Et elle y parvint, ce qui était un véritable exploit.

Shion était tellement satisfait de ses talents qu'elle eut le droit à un sourire. Quand Maria quitta le bain elle avait le cœur léger. Elle était heureuse d'avoir contenté son amant et plus amoureuse que jamais. Shion l'avait désiréeune seconde fois et elle savait qu'elle devait être la seule dans ce cas.

Shion se cala dans son bain repu. Il s'était privé de bien des plaisirs en dédaignant Maria ces derniers mois!

Il se délassa et se rinça.

En sortant de son bain, il se saisit d'une serviette pour s'essorer les cheveux. Il prenait un très grand soin de son opulente chevelure. Il était très fier de cette profusion de mèches épaisses et soyeuses et les entretenait encore plus que le reste de son corps. Il savait que sa chevelure était son plus grand atout de séduction.

Shion était considéré comme l'un des plus beaux chevaliers de sa génération. Lui se considérait comme le plus beau chevalier tout court.

Tout le monde l'admirait, le regardait et le courtisait.

Shion se donnait en spectacle avec un narcissisme outrancier. Il apparaissait toujours parfaitement coiffé, parfumé, habillé de tissus précieux et paré de bijoux.

Il ne marchait pas, il défilait.

Shion s'arrangeait pour ajouter un côté sensuel à sa démarche majestueuse en accentuant légèrement son déhanchement. Il avait travaillé son port de tête altier jusqu'à ce que celui-ci devienne naturel.

Chaque geste, chaque expression du visage était contrôlée, travaillée pour le rendre irrésistible à chaque seconde. Rien n'était innocent chez lui: le moindre mouvement de main relevant délicatement une mèche de cheveux, la moindre œillade était calculé et artificiel.

Shion ne vivait pas, il séduisait. Il était sans cesse en représentation, se pavanant comme un paon faisant sa cours.

Il s'était crée un personnage aussi futile que séduisant arborant un sourire mystérieux, un regard coquin et pétillant, une chevelure volant au vent, faussement décoiffée.

Toute cette comédie demandait une longue toilette méticuleuse:

Après s'être enduit de diverses pommades et onguents, Shion passait au brossage de ses cheveux. Il commençait par un dégrossissage avec une brosse en poils de sanglier: des poils doux sans être mous qui n'agressaient pas les cheveux. Puis il poursuivait par un démêlage mèche par mèche avec un peigne à grosses dents espacées. La finition se faisait avec un petit peigne en ivoire à dents serrées. Il accomplissait ce rituel trois fois par jour dont une fois juste avant de se coucher car il aimait se savoir impeccablement beau quand il recevait un amant bien sûr mais aussi quand il plongeait dans les bras de Morphée qui était un amant comme les autres d'une certaine façon.

Une fois coiffé Shion se regarda dans sa psyché et fut enchanté de son reflet. Son visage aux traits fins n'avait d'égal que son corps athlétique et gracieux. Ses proportions étaient parfaites des pieds à la tête, chaque centimètre carré de sa peau nacrée était aussi désirable que le fruit défendu.

Comme toujours.

Shion ne se lassait jamais de se contempler dans son miroir comme il recherchait toujours l'admiration dans le regard des autres.

Il se vêtit d'une tunique en lin rayé de noir, laça ses sandales et partit s'entraîner.

Quand il sortit de son temple, les regardsse retournèrent sur son passage. C'était une habitude pour Shion mais il n'était jamais blasé. Il distribua parcimonieusement quelques sourires élaborés à sa cour d'admirateurs et s'en alla vers les arènes.

………………………………………...

Shion posa ses yeux sur le chevalier d'or à ses côtés. Comme lui, il avait été appelé par le Grand Pope et se tenait respectueusement agenouillé.

Shion ne se souvenait pas de l'avoir vu. C'était pourtant un chevalier d'or comme lui: Dohko de la Balance. D'après ce qu'il avait compris, il revenait d'une mission d'un an et demi en Chine.

Il n'avait pas bien saisi ce qu'il était allé faire là-bas et ça ne l'intéressait guère. Toute son attention était concentrée sur la contemplation du chevalier.

Il n'était pas d'une beauté plastique époustouflante comme lui mais il avait beaucoup de charme avec ses cheveux roux et ses yeux verts. Shion n'avait pas le souvenir d'avoir eut un rouquin comme amant et il était tenté par l'expérience.

Plus il le regardait, plus il le trouvait attirant. Et surtout c'était le seul chevalier d'or qui manquait à son tableau de chasse. Il avait bien envie de le séduire.

Quand le Pope se retira, Dohko sortit et Shion lui emboîta le pas. Le Bélier s'avança gracieusement vers la Balance et entama la conversation:

- « Dohko, tu es nouveau ici. Je peux te guider si tu le désires: tu ne dois pas connaître beaucoup de monde. Moi je m'appelle Shion et je suis le chevalier d'or du Bélier.

- Merci de votre aide. Je ne suis pas nouveau comme vous dites: je suis déjà venu au Sanctuaire mais pas depuis plusieurs années. Là, je reviens de Chine, avant j'étais en Inde. Je fais beaucoup de missions en Asie.

- Dohko, je t'en prie tutoie-moi!

- Oh…j'ai l'habitude du vouvoiement, mais je ferai un effort!

-J'ai fait mon entraînement en Inde. Je connais cette région et je l'aime beaucoup. Je connais un ami qui vient du royaume de Siam: c'est le chevalier d'or de la Vierge. Il donne une fête ce soir dans son Temple: tu devrais venir je t'accompagnerai.

- On…il y a des fêtes au Sanctuaire! Touta bien changé depuis mon dernier séjour ici! Je ne sais pas si je pourrai venir: je n'ai pas été invité.

- Tous les chevaliers d'or sont conviés d'office. Tu seras le bienvenu!

- Oh pourquoi pas…je n'ai pas l'habitude des fêtes, ça va me paraître bizarre. Je ne voudrais pas gâcher l'ambiance!

- Ne t'inquiète pas pour ça! Il y en aura de l'ambiance…mon ami est très doué pour ça. Tu ne faisais jamais de fêtes en Chine?

- Non. Je ne suis pas allé en Chine pour m'amuser. Je n'ai fait qu'accomplir ma mission et parfaire mon entraînement. A vrai dire, dans l'endroit où j'étais, il n'y avait quasiment personne, donc pas de quoi faire la fête. C'était un endroit très calme propice à la méditation.

- Ah…tu ne t'ennuyais pas trop?

- Non pas du tout. J'aime la solitude et la méditation ça me permet de réfléchir sur le monde, mon rôle de chevalier.

Je suis tombé sur un philosophe!

- C'est fou ce que tu es sérieux! Tu ne devais pas rencontrer beaucoup de monde là-bas.

- Personne ou presque…mais je te l'ai déjà dit: ça ne me dérange pas.

- Tu n'aurais pas voulu te lier à quelqu'un ? Moi ça me pèserait d'être toujours seul.

- Me lier? Je suis lié à Athéna avant tout et quand je médite, j'ai l'impression de la voir et de lui parler.

- Mais Athéna est une déesse, ce n'est pas pareil qu'avec un humain. Tu ne peux même pas la toucher.

- Oh…je ne recherche pas les contacts tactiles. Les relations spirituelles me suffisent amplement.

Ne me dites pas qu'il est adepte des relations platoniques!

- C'est limité les relations spirituelles! Je ne vois pas comment on peut entretenir une amitié sans contact plus intime. Je ne te parle même pas d'une relation amoureuse…

- Je n'ai jamais été amoureux. En fait je ne le souhaite pas: je suis abstinent. Athéna est une déesse vierge et j'ai choisi de me consacrer à elle corps et âme. Je ne recherche pas l'amour, encore moins les relations charnelles. J'y ai renoncé. »

Shion fut assommé par la nouvelle.

Un abstinent! Pas possible…ça existait!

Dohko n'allait pas rester longtemps au Sanctuaire dans ce cas là.

A moins qu'il ne le convertisse à la débauche.

Ce défi émoustillait Shion: Dohko n'était pas mal du tout et son abstinence était un pur gâchis. D'un autre côté ça le rendait encore plus excitant.

Shion avait envie de mettre du piment dans sa vie sexuelle et Dohko était une aubaine pour cela.

Il le débarrasserait de sa virginité ce soir même au cours de la fête. Il était sûr de son charme: Dohko goûterait au plaisir dans ses bras.

- « Viens quand même à cette fête, susurra Shion, ça fera plaisir à tout le monde de te voir »

………………………………………...

Le Temple de la Vierge était illuminé par des centaines de bougies. On entendait des bruits de percussion et de la musique indienne s'échapper des murs couverts de fleurs et de tapisseries. Des tapis moelleux, richement brodés recouvraient la totalité du sol, tandis que les invités se prélassaient sur des coussins ou des lits comme lors d'un banquet antique.

Quand Shion entra, il fut accueilli par des volutes de fumées et des rires déjà grisés par l'alcool.

De l'opium…remarqua immédiatement le Bélier.

Les chevaliers s'étaient laissés emportés vers le paradis artificiel de l'opium depuis que Phya, le chevalier de la Vierge en avait ramené d'Asie.

Phya venait du Royaume de Siam mais faisait volontiers quelques détours en Inde, Chine et autres pays regorgeant de substances hallucinogènes.

Shion n'était pas accroc aux drogues. Il ne refusait pasquelques virées au "Nirvana" de temps en temps, mais il n'en abusait pas. Il n'avait rien contre les éléphants roses, mais craignait que ce genre de produits flétrisse sa beauté.

Par contre il éprouvait un plaisir pervers à faire absorber ces substances à d'autres personnes. C'était aussi étonnant que jubilatoire de voir tout ce que les gens étaient capables de faire sous l'emprise de l'opium. Ou tout ce qu'ils n'étaient plus capables de faire.

Les libertins comme lui savaient tirer profit des drogues pour obtenir exactement ce qu'ils voulaient, sans mettre la santé de leur victime en danger. Tout était question de dosage et de choix de produit: certaines plantes excitaient la personne au point d'en faire une véritable bête de sexe aux désirs inassouvis, d'autres la rendaient complètement amorphe et plus très consciente des réalités au point d'oublier tout ce qu'elle avait fait et ce qu'on lui avait fait.

Shion avait rarementbesoin de tout cet arsenal: sa beauté suffisait à convaincre la personne de se donner à lui. Mais il lui arrivait de s'en servir pour corser la relation et obtenir tout ce qu'il voulait par exemple quand son ou sa partenaire était un peu trop prude à son goût.

Ce qui serait sans doute le cas de Dohko.

Il se sentait largement capable d'éveiller le désir en lui, de faire en sorte qu'il se laisse aller et accepte caresses et baisers. Par contre, pour aller plus loin et pour que la Balance se contente du rôle de uke, il aurait peut-être besoin d'un coup de pouce.

Il se demandait seulement s'ilvalait mieux employer un excitant aphrodisiaque ou alorsun calmant qui transformerait Dohko en pantin.

Bah…il verrait bien. Tout était rangé dans une armoire de la chambre de Phya: il n'aurait qu'à se servir.

- « Shion! Te voilà enfin! On n'attendait plus que toi! Il faut toujours que tu te fasses remarquer en arrivant le dernier!

- Bonsoir Phya…je ne serai pas le dernier ce soir! J'ai un invité de dernière minute.

- Ta dernière conquête?

- J'en ai bien l'intention. C'est le chevalier d'or de la Balance qui est arrivé de Chine aujourd'hui. Il s'appelle Dohko.

- J'en ai entendu parlé…hum…d'après ce que j'ai compris, il ne sera pas très facile à avoir.

- C'est ça qui est intéressant.

- Tu es un homme de défi. Fais- moi penser à te présenter quelqu'un d'intéressant aussi.

- Qui ça? Quelqu'un que je ne connais pas?

- Non. C'est un de mes amis qui l'a ramené et je peux te dire que tu n'as jamais vu quelqu'un comme ça. Je ne t'ai pas attendu pour y goûter…c'est vraiment quelqu'undespécial et departiculièrement jouissif, tu verras.

- Je me demande bien ce qu'il a de si particulier ton invité. Au fait c'est un homme ou une femme?

- Tu verras bien. Le phénomène est dans une salle à part…en fait les chevaliers du Lion et du Verseau ne t'ont pas attendu non plus: ils sont en train de faire sa connaissance.

- J'imagine.

- Tu viens prendre un verre? »

Shion s'allongea sur un des lits et prit une coupe que lui tendait Phya. Il la but d'un trait histoire de bien entrer dans la soirée. Machinalement il commença à caresser la jambe de son voisin, un illustre inconnu qui le regarda les yeux dans le vague, saturé d'opium. Le jeune homme eut un hoquet de surprise qui luifit lâcher le sein d'uneservante qu'il pétrissait quelques secondes auparavant.

La servante s'apprêtait à repartir quand Shion l'en empêcha en la saisissant par le bras:

- « Reste Laëtia: plus on est de fous, plus on rit. »

La jeune fille atterrit en douceur sur la poitrine de Shion qui la dévora à pleine bouche tandis qu'il achevait de déshabiller son voisin à peine conscient.

………………………………………...

Dohko s'avança timidement vers le Temple de la Vierge. Il entendait de la musique, des cris, des rires, des gémissements…un tas de bruits étranges. Il ne savait pas trop comment s'y prendre et hésitait à entrer.

Dans la salle principale du Temple, Phya tira Shion d'un intense moment d'extase:

- « Shion…je crois que ton ami arrive et d'après ce que je ressens de son cosmos, il ne vaut mieux pas qu'il voie ce qu'il se passe ici. Je le sens déjà très intimidé alors qu'il n'a même pas vu l'orgie qui règne ici.

- Maintenant que tu le dis…je ressens son appréhension aussi. Il va falloir qu'on se tienne pendant quelques temps si on ne veut pas qu'il parte en courant.

- C'est ce que je pense aussi. »

Phya monta sur une table, ordonna aux musiciens de s'arrêter et déclara d'une voix forte:

- « Bon…on va se calmer pendant un certain temps, peut-être même quelques heures car on a un nouvel invité qui arrive et qui n'a pas du tout l'habitude de ce genre de soirée. Rhabillez-vous et asseyez-vous normalement. Cachez l'opium aussi. Vous pouvez manger, discuter, boire un peu maispas trop, mais surtout je ne veux pas un seul baiser ni un seul geste osé avant que notre invité se mette à l'aise. »

Un murmure de protestation parcourut la salle mais tout le monde obéit sachant parfaitement ce qui arrivait quand on contrariait Phya. Les chevaliers se servirent de leur pouvoir pour remettre un peu d'ordre dans cette maison de débauche.

En quelques minutes, le Temple de la Vierge était devenu une maison respectable.

Shion et Phya sortirent du Temple pour aller à la rencontre de Dohko.

- « Entre Dohko!

- Ah…merci. »

Quand le chevalier de la Balance entra, tous les regards se tournèrent vers l'intrus pour qui ils avaient dû interrompre les festivités.

- « Pas mal, chuchota une voix, j'espère qu'il vaut le coup au moins. »

Heureusement, Dohko n'avait rien entendu, contrairement à Phya qui jeta un regard courroucé vers l'indélicat chuchoteur qui ne put plus murmurer le moindre mot jusqu'à la fin de ses jours.

- « Installes- toi Dohko. Fais comme chez toi. Il paraît que tu viens de Chine?

- Oui…j'ai accompli une mission d'un an et demi là-bas.

- C'est de là que vient ta tenue…c'est doux. C'est de la soie n'est-ce pas? »

Shion laissa traîner ses longs doigts sur le torse de Dohko.

- « Oui…c'est la seule tenue que j'ai qui puisse convenir à une fête.

- C'est très seyant et cette couleur va à ravir avec tes yeux.

- Heu…merci…ils savent faire de très beaux vêtements là-bas, très colorés. On peut toujours trouver quelque chose d'assorti à ses yeux.

- Tu as de très beaux yeux aussi. Dis-moi, tu as l'air de t'y connaître en mode chinoise pour un abstinent solitaire. »

Phya faillit s'étrangler avec son vin en entendant ces mots.

- « Non, non, pas du tout. J'ai juste observé les gens là-bas, et je suis allé quelques fois à Pékin. Mais je n'en sais pas plus. »

Shion fut tiré en arrière par Phya qui lui souffla dans l'oreille:

- « Je peux te parler 2 secondes »

Shion prit congé de Dohko.

- » C'est quoi cette histoire d'abstinence?

- Dohko est vierge et à l'intention de le rester. Il se considère comme uni à Athéna etest prêt à renoncer aux relations amoureuses. Il est très solitaire: quand il était en Chine il passait son temps à méditer et à entretenir des relations spirituelles avec notre déesse.

- Et tu veux séduire un type pareil?

- Tout à fait.

- Tu n'y arriveras jamais mon pauvre. C'est impossible!

- Tu paries? Rien ne m'est impossible en matière de séduction.

- Je sais que tu es très fort Shion… mais là je doute de ta réussite. Moi je te parie que tu n'y arriveras pas.

- Sûrement que si et pas plus tard que cette nuit.

- Pari tenu. C'est quoi le gage?

- Je ne sais pas moi…

- Je sais: une nuit entre nous deux.

- On a déjà couché ensemble.

- Oui mais là, le perdant sera entièrement à la disposition de l'autre et fera tout ce que le gagnant voudra.

- Ce te plaît tant que ça d'être dominé?

- Shion…c'est toi qui perdras!

- Tssss…et ce sera pour quand cette nuit torride?

- Quand le gagnant voudra. C'est lui qui décidera et le perdant devra accourir dans la seconde.

- Tu as de la chance, je suis pris toute la semaine prochaine. Ca te fera une semaine pour te préparer.

- Ne fais pas trop le malin: ce sera à toi d'annuler un de tes rendez-vous à la dernière minute. »

Shion haussa les épaules et rejoignit Dohko. Il était terriblement excité par ce pari. Non seulement par le dépucelage de Dohko mais aussi par l'idée d'avoir Phyapour esclave sexuel pendant toute une nuit. Shion imaginait déjà toutes les possibilités qui s'offraient à lui. Peut-être qu'il le déguiserait en femme, avec ses traits fins, Phya avait un physique très androgyne.

Le Bélier chassa ses fantasmes pour s'atteler à la tâche: il ne fallait pas traîner car le chevalier de la Balance n'allait pas être facile à séduire.

- « C'est bon, je suis tout à toi maintenant, minauda Shion, tu vas voir: tu vas passer une excellente soirée!

- Euh oui…il n'y aurait pas autre chose à boire? Je ne bois pas d'alcool. »

C'est encore pire que ce que je pensais!

- « Oh…il doit y avoir ça quelque part.

- De l'eau ça me suffira largement. »

Shion repéra un serviteur qui pressait des oranges. Il se leva pour prendre un verre et quand il le rapporta, il se colla outrageusement à Dohko. Il ne lui fit pas le coup du verre renversé mais l'idée lui traversa l'esprit.

Il fallait la jouer plus subtile, déjà que le chevalier rougissait d'être si proche du Bélier.

Il est craquant!

Shion étendit ses longues jambes dénudées sous le nez de Dohko qui plongea dans son verre.

- « Tu devrais te mettre à l'aise. C'est la coutume ici »

Shion joignit le geste à la parole: il ôta ses sandales tout en s'allongeant langoureusement sur les coussins. Un audacieux mouvement de sa main frôlant sa cuisse pour remonter vers sa poitrine releva la tunique courte de quelques centimètres.

Shion sourit doucement à Dohko tout en plissant les yeux:

- » Phya à un intérieur extrêmement confortable. C'est pour ça que l'on fait souvent des fêtes chez lui. En plus c'est superbe. Mais dis moi…tu as dû voir des choses raffinées en Chine? Ce pays est réputé pour ses tissus et son artisanat luxueux »

Dohko jeta un coup d'œil vers la créature à demi-nue, alanguie à ses côtés, les cheveux épars sur les coussins. Il détourna aussitôt le regard pour se concentrer sur son verre vide.

- « Euh oui…sans doute. Ils ont beaucoup de soie.

- Ah oui…comme ce que tu portes. C'est un tissu extraordinaire, je n'ai jamais touché quelque chose d'aussi doux. »

Le Bélier caressa le bras de Dohko à travers la manche.

- « Je peux l'essayer? On doit faire un peu près la même taille.

- Euh là devant tout le monde? Tu sais, je crois que je suis un peu plus épais que toi.

- Mais non. Si tu veux, on peut aller dans un coin plus tranquille. »

Shion n'attendit pas la réponse de Dohko et se leva en tirant sa proie.

- « Viens! Je vais te faire visiter la maison de la Vierge. »

Dohko ne put rien riposter et se trouva entraîné à la suite du Bélier. Shion amena Dohko dans une autre pièce, faisant signe aux quelques personnes qui s'y trouvaient de déguerpir.

- « Enlève ça »

Dohko s'apprêtait à refuser quand il eut le souffle coupé: Shion était en train de défaire sa tunique!

- « Qu'est-ce que tu fais!

- Je me déshabille…je ne vais pas mettre ta tunique en soie par-dessus la mienne!

- Enfin…tu vas être nu?

- Ca te gêne? Écoute, je n'ai rien que tu n'aies déjà vu sur toi! Il faut que tu t'habitue à ce genre de situation: il y a beaucoup de promiscuité au Sanctuaire et tu croiseras souvent des gens peu vêtus voire nus, comme aux bains par exemple. C'est une habitude ici et beaucoup de choses intimes se font en public.

- Ah bon? Je n'ai pas l'habitude de ça.

- Il va falloir que tu t'y fasses. »

La tunique de Shion tomba à ses pieds dans un doux froissement de tissus. Le Bélier offrit son corps nu et sans défaut en spectacle à Dohko, rouge cerise.

- « Tu peux mettre tes cheveux devant s'il te plaît? C'est gênant…

- Tu n'as jamais vu d'homme nu?

- Ben non »

Le Bélier s'enveloppa avec grâce dans sa longue chevelure. N'importe qui l'aurait trouvé absolument désirable mais Dohko était surtout embarrassé.

- « Ôte ta tunique si tu veux que je me rhabille. »

Trop intimidé pour réfléchir Dohko s'exécuta tel un automate. Il ôta son vêtement de soie et se retrouva torse nu sous le regard gourmand de Shion.

Ce dernier s'approcha dangereusement de sa victime pantelante pour saisir l'habit moiré. Dohko se décala d'un pas révélant au passage une partie de son dos.

- « Oh mais tu as un tatouage! »

Le Bélier contourna rapidement Dohko pour se poster dans son dos.

- « C'est un tigre.

- Ou…oui, bafouilla Dohko qui avait l'air de tout sauf d'un féroce fauve, c'est mon animal fétiche.

- Tu griffes?

- Ah non…je ne mords pas non plus. Pourquoi tu me demandes ça?

- Je connais des chevaliers qui utilise des griffes comme arme. Ce tatouage est extrêmement bien fait. C'est fou tous ces détails »

Shion effleura l'omoplate droitede Dohko puis refit le tracé du sillon dorsal avec son index. La peau de la Balance était brûlante et parcouruede frissons.

Je commence à lui faire de l'effet on dirait! Il serait temps!

- « Euh…tu la mets ma tunique?

- Oui, oui…tu es pressé de me voir habillé, soupira Shion, je suis si désagréable que ça à regarder?

- Non ce n'est pas ça. Ca me dérange, c'est tout.

- Moi ça ne me dérange pas qu'on me regarde nu. Tu devrais te détendre, les gens nus sont monnaie courante ici et ils ne sont pas tous très beaux à regarder. Profite de ce que je ne fasse pas trop outrage à tes yeux pour t'habituer à la nudité. »

Mais dans quoi je suis tombé! Il m'allume ou quoi? Il y a des homosexuels au Sanctuaire?

Dohko était de plus en plus mal à l'aise. Il n'avait qu'une seule envie: décamper de cette antre de perversion et se libérer des griffes du Bélier. Il attendit que Shion enfile la tunique soyeuse pour oser poser ses yeux sur lui.

- « C'est très agréable à porter. »

Shion se mira dans une glace: ce vêtement lui allait à ravir! La prochaine fois qu'il irait en Asie, il ferait un détour par la Chine pour s'offrir une tunique en soie…enfin plein de tuniques en soie de toutes les couleurs.

Shion rendit le vêtement à regret. Dohko se précipita dessus pour l'enfiler à la vitesse de l'éclair.

Il n'est pas prêt encore.

Shion reprit sa tunique et emboîta le pas de Dohko déjà sorti.

Phya l'aborda à la sortie:

- » Alors, ça se passe comment?

- Ca se décante doucement, mais je n'ai pas dit mon dernier mot. Tu es loin d'avoir gagné!

- Je crois que je n'ai jamais été aussi près de la victoire »

Le Bélier avait bien l'intention de poursuivre Dohko de ses assiduités jusqu'à ce qu'il craque. Par contre, il aurait sans doute besoin d'une des petites fioles rangées dans l'armoire de la chambre de Phya.

Il appela une servante pour qu'elle retienne Dohko pendant quelques minutes. Durant ce laps de temps, il se précipita dans la chambre de Phya sachant exactement ce qu'il voulait. Il se saisit d'un des flacons qu'il cacha dans sa tunique et ressortit subrepticement de la chambre.

Quand il revint vers Dohko, il lui tendit une coupe remplie de jus d'orange.

- « Ce sont des oranges sanguines. C'est délicieux. »

A suivre….