Je commence une nouvelle fiction qui me trottait dans la tête depuis quelques temps, j'espère qu'elle vous plaira ! N'hésitez pas à me laisser vos impressions !
Ça commence bien
La Push. Le mois de septembre venait à peiner de commencer que déjà une épaisse couche de nuages prenait ses aises dans le ciel. Je descendis l'escalier sur la pointe des pieds, veillant à ne pas faire craquer les marches pour ne pas réveiller le reste de ma famille. Notre berger allemand, que j'avais affectueusement baptisé Doug dans ma plus tendre enfance, releva la tête pour me dévisager. Je lui intimais le silence en posant un doigt sur ma bouche avant de sortir, lui caressant la caboche au passage.
-Diana, si tu pouvais accélérer la cadence, ce serait génial !, me lança Chris par la vitre ouverte de sa voiture. Parce que ce n'est pas comme si on était en retard mais tout comme.
-Désolée mais j'ai perdu du temps à préparer le café latte de Monsieur, répliquais-je en me glissant à ses côtés et en lui tendant la boisson. Kim n'est pas là ?
-Non son père lui a proposé de la déposer ce matin.
J'hochais la tête avant de rabattre le pare-soleil et d'ouvrir le miroir.
-Toi, tu as fait la fermeture, remarqua mon ami. Tu as une sale tête.
-Ce que j'apprécie le plus chez toi c'est que tu as toujours un mot gentil !, rétorquai-je.
-En tout cas si jamais je freine, tu te fiches ton crayon dans l'œil, se moqua-t-il.
Je lui tirais la langue avant de me concentrer sur mon reflet. Si ma mère avait insisté pour me prénommer Diana en hommage à la Lady anglaise, nous n'avions cependant que ce patronyme en commun. Mes yeux et mes cheveux étaient en effet d'un noir charbon tout ce qu'il y avait de plus banal au sein de la réserve. Mais bon ça ne me dérangeait pas plus que ça, je n'avais absolument pas la prétention de vouloir devenir populaire ou quoique ce soit d'autre du même genre.
Comme Chris l'avait prédis nous arrivâmes en retard au lycée et je m'excusais platement auprès de la prof d'espagnol avant de rejoindre rapidement la place à côté de Kim.
-Comme je le disais avant que vous ne m'interrompiez Mademoiselle, j'ai décidé d'instaurer un plan de classe afin d'éviter les disons… débordements de l'année précédente.
Sa remarque déclencha des ricanements chez certains élèves –principalement masculins, qui devaient se sentir particulièrement fiers d'eux. Je soupirais et levais les yeux au ciel, déjà agacée par ces crétins qui se croyaient tout permis sous prétexte qu'ils faisaient partie de l'équipe de basket.
Kim, quand à elle, me regarda avec horreur. Très timide de nature, elle avait du mal à lier connaissance avec d'autres jeunes de notre âge et ce n'est que parce que nous nous connaissions depuis toujours que nous étions si bonnes amies. Même avec Chris -qui est absolument adorable quand il le veut bien, elle avait eu quelques difficultés au début. J'espérais sincèrement qu'elle ne tomberait pas avec un de ces sportifs sans cervelle qui prendrait grand plaisir à se moquer d'elle.
-Je compte donc sur certains d'entre vous pour tempérer le reste de vos camarades.
Elle énonça différents noms avant que je n'entende finalement le mien :
-Diana avec Jacob.
Bon bah ce ne serait pas si terrible finalement. Jacob était même plutôt sympa d'après ce que j'avais pu voir de lui lorsque nous avions travaillé ensemble en chimie. D'ailleurs il me lança un gentil sourire alors que je prenais place à côté de lui. Cependant je me crispais lorsque la prof prononça le prénom de Kim et qu'elle lui annonça qu'elle devrait faire équipe avec Paul.
Je me tournais vers elle pour lui envoyer un regard désolé et remarquais que son visage avait considérablement perdu des couleurs. Je me demandais même un moment si elle n'allait pas tourner de l'œil. Parce que s'il fallait désigner le roi des crétins prétentieux qui se croient supérieurs et ne manquent pas une occasion de le faire sentir aux autres, c'était bien lui. Malheureusement la plupart des filles du lycée étaient folles de lui, ce qui faisait beaucoup de bien à son égo déjà surdimensionné. Elles disaient qu'il avait un petit côté James Dean –enfin rebelle quoi. En tout cas je ne l'avais jamais vu venir deux fois de suite avec la même fille au restaurant de mes parents.
-Ce ne sera peut-être pas si terrible que ça, argua Chris lorsque nous le retrouvâmes à la sortie du cours, ce qui lui valu deux regards sceptiques braqués sur lui. Ou peut-être pas en fait, rajouta-t-il précipitamment. Mais tu peux aussi voir dans cet arrangement un moyen de te rapprocher de Jared ?, proposa-t-il finalement.
-Tu sais très bien qu'elle préfère l'admirer de loin, répliquai-je sèchement. Et puis tu suggères quoi ? Qu'elle fasse amie-ami avec le Number One des Crétins ? Ca me paraît difficilement réalisable.
Pour confirmer mes dires, ledit crétin passa en ricanant avec sa petite clique, l'un d'eux mettant la main aux fesses d'une fille qui gloussa, visiblement très flattée par cette '' délicate attention''.
Je soupirai en levant les yeux au ciel, indignée. A mes côtés Kim n'avait même pas fait attention, trop occupée qu'elle était à baver d'envie en fixant le dos musclé de l'objet de tous ses fantasmes : Jared, meilleur ami de Paul, ce qui, à mes yeux, faisait de lui le Number Two des Crétins.
Malheureusement et heureusement pour nous tous, cette ''affection'' n'était pas partagée, encore faudrait-il qu'il ait conscience de son existence. Ça n'avait rien de méchant, j'adorais Kim mais elle faisait tout pour rester invisible alors aller voir un garçon pour lui proposer de sortir avec elle… Enfin je n'avais pas vraiment de choses à dire sur ce plan-là puisque mon expérience amoureuse se limitait à de chastes baisers lors d'Actions ou Vérités au Collège. Pour ma défense, j'étais avec les mêmes personnes depuis le jardin d'enfants et on avait vite fait le tour entre les crétins/sportifs –et oui pour moi une relation ne se limitait pas à de simples échanges salivaires, les génies fous d'ordinateurs –c'est ça pour me sentir inférieure et délaissée pour une machine, les timides –aucune envie de sortir avec un gars qui rougissait ou bafouillait dès qu'une fille lui parlait, et les autres qui se classaient dans la catégorie normaux/banals, c'est-à-dire sans grand intérêt, ou alors en tant qu'amis.
A midi je retrouvais toute notre petite bande constituée pour la plupart de ce que les crétins/populaires/sportifs de notre lycée qualifieraient de ''cas sociaux''. Autant vous dire que notre réputation était franchement impressionnante et qu'on se bousculait au portillon pour manger avec nous. A ma gauche, Kim, que je ne présentais plus. A ma droite, Chris, petit nouveau l'année dernière, qui avait eu le malheur de sympathiser avec nous, ce qui l'avait placé d'office dans la case ''Loosers''. Enfin ce n'était pas non plus la seule raison… Avais-je oublié de préciser qu'il était ouvertement gay ? Malheureusement la magie Glee-esque n'avait pas encore opéré ici et, dans notre petit établissement, ça ne passait pas. Pas de pitié non plus pour les personnes un peu fortes comme Melody qui faisait également partie de notre petit groupe hétérogène et original. Ni pour les étudiants japonais génies des mathématiques et présidents du club d'informatique qui se comptaient au nombre de un : Mike. Et encore moins pour les jumeaux fans de Star Wars et de jeux vidéos également membres du club d'informatique surnommés Beaver et Pat.
Mais au moins personne ne nous jetait de Slushies à la figure, ou du moins pas encore, bien que la plupart essuyait de nombreuses moqueries au quotidien. Etrangement, personne ne s'en prenait jamais à moi, on pouvait même dire qu'en général les gens m'appréciaient. J'étais en quelque sorte la photographe officielle du lycée, aussi bien pour illustrer des articles de notre journal que pour prendre la traditionnelle photo de l'équipe de basket. J'écrivais même des articles de temps en temps, j'interviewais certains élèves aussi et j'adorais ça. La photographie était une vraie passion pour moi, au même titre que la cuisine. En même temps il valait mieux pour moi, avec des parents propriétaires d'un restaurant qui me réclamaient régulièrement de l'aide. J'y travaillais tous les soirs après les cours, en tant que serveuse. Bon ce n'était pas non plus de la très haute gastronomie, ça ressemblait plus à un dinner qu'à autre chose mais c'était le lieu de rencontre de tous les habitants de La Push et je n'avais pas un instant de répits. J'y voyais donc souvent la bande de macaques considérés comme les stars de notre lycée, et certains –ou plutôt certaines, c'est bien connu les filles sont bien plus vicieuses que les garçons- prenaient parfois un malin plaisir à me faire tourner en bourrique afin de me montrer à quel point ils étaient supérieurs.
-Je vais me présenter aux sélections des pompons-girls, annonça tout à coup Melody interrompant une conversation animée et absolument passionnante sur la meilleure manière de tuer un zombie mutant extraterrestre dans un jeu dont le nom m'échappait totalement.
Il y eu un silence de mort à notre table, chacun entendant le moment où elle rigolerait en disant que c'était une blague. Mais il ne vint pas. Je me sentis donc obligée de réagir avant que l'un des garçons ne lance une remarque qui pourrait s'avérer blessante.
-Mais, euh… Pourquoi ?
-C'est mon rêve ! Depuis toute petite ! On est en terminale, c'est notre dernière année et j'ai envie d'en profiter au maximum, de tenter tout ce dont j'ai envie pour de ne pas avoir de regrets plus tard.
Que répondre à ça ? Franchement ? Il y avait tellement d'enthousiasme et d'espoir sur son visage et dans sa voix que je ne me sentis pas le cœur de la contredire. A la place je souriais et lui proposais de l'aider à rentrer dans l'équipe, bien que je sache pertinemment que ses chances étaient minces. Elle avait raison après tout, et puis au point où elle en était, elle n'avait pas grand-chose à perdre. La seule chose à laquelle elle s'exposait c'était les railleries et une humiliation publique, et elle avait déjà connu et surmonté les deux. Alors pourquoi pas, après tout ?
Et sur ces entrefaites, Mike en profita pour déclarer :
-Je vais concourir aux élections du président des élèves, j'aurai besoin de votre aide.
Nouveau silence, puis :
-Je serais ton directeur de campagne, annoncèrent les deux jumeaux en même temps avant de se disputer pour avoir le poste.
Et bien quelle journée originale… Il ne manquait plus que Kim annonce qu'elle voulait rentrer dans l'équipe de Chris. Cette année promettait d'être riche en rebondissement…
Le soir, je vaquais à mes occupations d'un bout à l'autre du restaurant, prenant les commandes, resservant du café par ci, par là, lorsque la bande de basketteurs du lycée passa la porte avec force de bruits. Je soupirais puis me dirigeais avec réticence vers leur table, affichant un sourire poli et professionnel.
-Vous avez fait votre choix ?
-Ouais, carrément, ricana Paul en me détaillant des pieds à la tête avec un sourire en coin et sans aucune gêne. Une jupe plus courte pour moi !
-Ou alors pas de jupe du tout, répliqua Jared en me détaillant également.
Les autres se tordaient tous de rire alors que je rougissais violemment contre ma volonté, terriblement embarrassée.
-Ca suffit ! Vous voyez bien que vous la gêner avec vos réflexions stupides, aboya leur coach qui venait à son tour d'entrer dans le restaurant.
La réaction fut immédiate, tous se turent et baissèrent la tête, comme autant de petits garçons pris en faute par leur mère. Egalement impressionnée, je lançais un sourire timide à cet homme afin de le remercier, homme qui tenait aussi office de paternel à Kim.
Il me sourit franchement puis me suivit au bar après que j'eu fini de prendre leur commande :
-Comment vas-tu ? Ce deuxième jour de rentrée s'est bien passé pour toi ?
-Un jour de cours de plus, répondis-je en haussant les épaules. Ils se ressemblent tous, ajoute-je ensuite avant de me remémorer tout ce qui était arrivé aujourd'hui.
-Bien, bien, ajouta-t-il. Je souhaiterai te parler de quelque chose.
Je relevais la tête de la machine à café, histoire de lui montrer qu'il avait toute mon attention.
-Ca te dérangerait de venir assister à l'entrainement de demain après-midi ? Le journal de l'école souhaiterait écrire un article sur notre équipe et ils auraient besoin de photos. Je leur ai dis que je t'en parlerais moi-même. Qu'en dis-tu ?
Je donnais mon accord bien que je ne voyais pas trop ce que les américains trouvaient de si passionnant à ce jeu que je jugeais personnellement stupide –en même temps quel sport ne l'est pas quand on y réfléchit ?, et le rendez-vous fut fixé.
Le lendemain c'est à reculons que je me rendais dans le gymnase où l'entrainement avait lieu. Je saluais d'un signe de la main le père de Kim et m'installais dans les gradins à côté de la personne chargée par le journal d'écrire l'article. Je tentais en vain d'engager la conversation mais il ne décrocha pas un mot, seulement des monosyllabes, et encore. Je me décidais donc à reporter mon attention sur le terrain et essayais de comprendre les règles en prenant des photos de temps à autre. Il fallait bien avouer que certains joueurs n'étaient pas trop mal dans leur genre et même assez bien fichus, Paul en particuliers avait une musculature assez développée pour son âge, c'était la première fois que je le remarquais. Il semblait aussi plus grand que dans mes souvenirs, c'était étrange. Jared n'était pas là, il se faisait porter pâle depuis ce matin, au plus grand désespoir de Kim qui pour une fois aurait pu écouter en maths au lieu de passer l'heure à le dévorer des yeux mais qui à la place préférait se faire un sang d'encre en me faisant part de toutes ses hypothèses sur les raisons de son absence : pensionnat, morte subite, comas, fugue, mariage à Las Vegas, opération d'urgence, enlèvement (par des extraterrestres ou par la mafia russe, au choix), et ainsi de suite. Je préférais encore quand il était là, au moins je pouvais me concentrer sur le cours au lieu de la réconforter en tachant de trouver des contre-arguments convaincants. Apparemment il s'était simplement fait porter pâle mais je doutais sérieusement qu'il soit malade puisque pas plus tard qu'hier soir il respirait la joie de vivre. Mais ça, je préférais le garder pour moi.
Nos joueurs semblaient relativement bons, enfin d'après mes faibles connaissances en matière de basket : c'est-à-dire qu'ils arrivaient à lancer la balle dans les petits cerceaux situés en hauteur et à chaque extrémité du terrain. Mais apparemment ce n'était pas vraiment le point de vue de leur entraineur puisque celui-ci passait son temps à leur crier dessus et à leur aboyer des ordres. J'avais du mal à reconnaître l'homme qui nous préparait des pancakes au petit-déjeuner lorsque nous étions enfants en portant un tablier annonçant ''Je cuisine et j'en suis fier'' par-dessus son pyjama.
A la fin tous les joueurs se rassemblèrent afin que je prenne une dernière photo. La vision de ces hommes plutôt bien foutus et couverts de sueur n'était pas pour me déplaire bien que je ne l'avouerai jamais. Je restais discuter quelques instants avec le Coach qui me raconta quelques anecdotes qui me firent bien rire. Aussi lorsque je rendais mes clichés le jour suivant, je proposais de lui consacrer un article : cette année cela ferait vingt ans qu'il enseignait le sport et le basket dans notre lycée, de mon point de vue il méritait bien quelques lignes. Mon idée plut tellement au rédacteur en chef qu'il m'ordonna de l'écrire moi-même. Youhou, la prochaine fois je garderais mes idées pour moi.
C'est ainsi que pour la seconde fois consécutive je me rendais dans le gymnase afin de parler au Coach Connweller. Lorsque j'arrivais, il n'y avait personne. Je trouvais finalement l'équipe en train de faire des tours de piste sur le terrain d'athlétisme, dehors. Alors que je m'approchais, j'entendis Paul qui jurait furieusement, un air terrible sur le visage. Tout son corps tremblait violemment et il était vraiment effrayant. Il se tourna soudainement vers moi et je me figeais, totalement effrayée. On aurait dit qu'il était prêt à tuer quelqu'un et c'était terrifiant. Puis, à la surprise générale, il fit demi-tour avant de se diriger en courant vers la forêt. Tout le monde resta pétrifié pendant quelques temps l'entraineur finit par reprendre ses esprits et se mit à lui crier de revenir. Il ne se retourna pas une fois.
Le lendemain ni lui ni Jared ne vinrent à l'école. Le surlendemain non plus, ni les jours qui suivirent et, dans notre petit lycée, les rumeurs les plus folles commencèrent à circuler.
