La lumière laisse place aux ténèbres, les vivants aux morts. L'agitation de la journée part, s'endort pour se ressourcer, le calme et la tranquillité de la nuit s'éveillent. Tous, ils partent se coucher, les parents dorment, les enfants font le mur et partent s'amuser.

Une nouvelle jeunesse est née, celle qui est aux prises avec le monde de la nuit, avec les clubs underground. Cette jeunesse ne jure que par la violence, le sexe et la drogue. Plus aucune contrainte, le monde de la nuit est un monde libre. Une seule phrase, une seule locution y est tolérée : " Amusez-vous, lâchez-vous ! "

Non loin de là dans un manoir reculé de toute cette agitation, des lumières pâles s'allument. Il se lève, il se prépare. Celui que les jeunes surnomment "Le donneur de rêve". Il sort de chez lui, entendant déjà les cris de ces jeunes gens impatients et irrespectueux du don qui leur a été donné : la vie.

Le Ministry of Sound accueille ce soir le plus populaire de tous les groupes du moment, un groupe de Métal rock, nommé "Every Lie". Les lumières s'éteignent lentement. Les gens se taisent, des lueurs vertes illuminent le bord de la scène. Et la musique commence.

Un homme vêtu de noir monte sur scène prend le micro est commence à chanter. La foule est en délire, rien ne peut les arrêter. Sa voix suave les ensorcèle, ils ne peuvent s'empêcher de danser, faire des pogos et autres rites du genre.

Il enchaîne avec deux chansons puis disparaît dans les coulisses prendre une pause. La foule en délire le réclame, son batteur monte sur scène et avec le guitariste et le bassiste jouent une instrumental pour faire patienter la foule.

Puis il revient et chante trois chansons dont une du nom de Open. La musique se calme et il commence comme dans un murmure :

" Open the door, don't worry,
Don't be afraid, don't hesitate.
Come to my dream, come into me.
See my world, see my reality!
Maybe it's an illusion, maybe... not."

La musique s'interrompt, la guitare fait un riff et l'homme en noir reprend son chant d'une voix douce, profonde et suave :

"Break your world and come!
Break your life, let it out!
Break your soul, but don't deny it!
Break me down, if you can!
But don't waste my time!"

Il secoue la tête, prend le micro et hurle ce refrain une deuxième fois. La mélodie se calme, il regarde la foule et voit, au premier rang, une fille d'une grande beauté. Tout en la regardant il continue d'une voix légère et sensuelle :

" You are here, all alone with me..."

Il s'interrompt et pose un regard doux sur elle, la fille rougit et sourit, il lui rend un sourire tendre :

" See around you, and realise where you are.
You know this place, you know it by heart.
You're alone... I'm not here.
I'm just your illusion! "

Sur ce dernier mot, il hurle et reprend le refrain :

"Break your world and come!
Break your life, let it out!
Break your soul, but don't deny it!

Break me down, if you can!
But don't waste my time!"

Il s'arrête et le guitariste fait un solo digne des plus grands. La foule est en délire, le chanteur tend une main à la fille qu'il a remarquée. Elle la prend et monte le rejoindre. Il lui murmure "Tu es une V.I.P, on se voit dans ma loge." Elle rougit et veut redescendre mais il la rattrape, la serre dans ses bras et chante son final :

"Break me down, I'm nothing to you!
Go ahead, don't be afraid by yourself!
If you wanna live, you have to kill me!
You have to become a murder, it's you punishment,
It's the price of your sins, remember it! "

Le concert se termine, les artistes saluent et le public vide peu à peu les lieux.

La fille s'avance vers les loges et cherche celle du chanteur. Elle voit le nom de Dilhya sur une porte. Elle hésite puis frappa deux fois. Pas de réponse. Un peu hésitante, elle s'apprête à frapper à de nouveau mais la porte s'ouvre.

Il est là, dans ses habits de concert, moitié ville, moitié gothique et punk. Il la prend par la main et la fait entrer. Alors un lourd silence s'installe. Dilhya regarde dans les yeux de la fille et elle ne bouge pas, trop intimidée.

Il brise le silence pesant :

"-Votre nom, très chère, puis-je le savoir ?
- Clara, Clara Simons...
- C'est un très joli nom. Savez-vous pourquoi je vous ai faite venir ?
- N.. non.
- C'est simple, la façon dont vous m'observiez ma touché et quelque peu déconcerté…"

Elle resta silencieuse, intimidée par la franchise du chanteur.

"- Il y a bien longtemps que personne n'avait eu cet effet sur moi. Et je dois vous en remercier. Voudriez-vous venir boire un verre, dans ma demeure ?
- C'est que... je devrais être chez moi...
- N'ayez crainte, je ne vais pas vous manger...
-...Je vous suie, Dilhya.
-... Appelez-moi Dieko, Dilhya est mon nom de scène.
-O... Oui, bien sûr, je m'excuse, mais nous savons si peu de choses sur vous.
- La médiatisation n'est pas mon fort je le reconnais. Mais au moins en faisant cela je préserve ma part de mystère. C'est essentiel pour la survie du groupe, vous ne croyez pas ?
- Oui...
-Vous semblez mal à l'aise...
- Ce n'est rien, c'est juste que le fait de me vouvoyer est étrange...
- Si ce n'est que cela, Clara, nous y allons, prête ?
-Hein ? Euh, oui !"

Ils sortent tous deux par l'arrière du bâtiment. Une limousine noire les attend, ils montent dedans et se rendent au manoir.

La nuit est si sombre que lorsque Clara descend de la limousine, elle ne distingue même pas la façade du manoir. Une grande porte en bois s'ouvre et Clara et Dieko entrent.

L'intérieur est également peu éclairé. Dieko installe Clara dans sa propre chambre et lui demande de patienter quelques instants. Sa chambre est une pièce toute peinte de rouge, des murs aux plafonds, et même le sol et les portes. Quelques objets noirs et une lumière tamisée couleur or enveloppent d'une atmosphère calme et douce l'étrange décor.

Une chose attire l'attention de Clara. En face du lit de style victorien, un grand drap bleu foncé semble cacher quelque chose de rectangulaire. Elle s'en approche et s'apprête à tirer sur le drap mais au même moment Dieko revient.

Elle sursaute et le regarde, rouge de honte. Lui se tient sur le seuil, torse nu avec une bouteille de Bourbon de 1950 à la main et deux verres en argent.

Il pose les verres sur la table rouge en bois, s'approche de Clara, la regarde intensément et passe ses doigts froids et longs de ses cheveux. Les mèches ondulent comme des fils d'or. Il se courbe un peu et approche son visage. Clara peut sentir son souffle lui effleurer la peau.

Elle n'a pas le temps de réagir qu'il l'a déjà embrassée. Les bras de Dieko l'étreignent. La chaleur de son cœur se déverse en elle. Il recule un peu. Elle est toute rouge. Il prend sa main et la conduit sur le lit. Il se place au dessus d'elle, se penche et l'embrasse tout en glissant ses mains sous la chemise de Clara. Il la déboutonne et lui lèche le ventre. Ses mains glissent sur ses jambes. Il remonta la tête au niveau de son cou et le mordille.

Puis Dieko recule la tête et ouvre la bouche. Deux fines dents blanches poussent derrière ses canines. Il s'avance doucement, effleure de ses crocs la peau de la jeune fille et les plante dans sa chair.

Clara pousse un petit cri. Les crocs enfoncés dans son cou aspirent son sang. Elle ne peut lutter. Dilhya lâche prise et recule. Un filet de sang coule des deux plaies, puis une rivière de sang. Elle se vide, la vie la quitte. Elle hurla de douleur, repousse Dilhya, court mais n'a plus de force et tombe en arrachant l'étoffe bleue. Elle lève la tête, et découvre que le tissu cachait un grand miroir. Mais elle est la seule à apparaître dans son reflet, derrière elle, la pièce est vide.

"C'est impossible, non ! Ça n'existe pas ! Non ! J'ai froid, il fait froid... La nuit, le noir, je... froid"

Clara tombe, sa vie s'enfuit la laissant là, par terre, le visage horrifié par l'atroce réalité... Ses yeux se vident de toute lumière, le noir l'envahit. Dilhya la regarde, la prend dans ses bras et finit son acte mais quelque chose à changé. Il pleure...
Ses larmes coulent et souillent à jamais le sol de leur poison noir.