Bonjour à tous !~ Ceci est ma première fanfiction, aussi bien sur cette œuvre fantastique qu'est Harry Potter que sur ce site en lui-même. En réalité, je l'avais posté il y a un an ou deux mais j'ai fait de grosses corrections et avancé les chapitres. J'espère donc que vous apprécierez ce début et qu'il vous donnera envie de lire la suite. Par contre, je tiens à préciser que pour les noms propres, j'utilise ceux de la V.O. : par exemple, Serdaigle deviendra ici Ravenclaw, Poudlard = Hogwarts et Severus Rogue = Severus Snape. Ah, et je tiens aussi à m'excuser pour les fautes éventuelles : malgré mes relectures, il m'arrive toujours d'en laisser échapper quelques unes. Voilà, je pense avoir tout dit.

Bien entendu, les personnages et les lieux de Harry Potter ne m'appartiennent guère (prosternons-nous tous devant notre déesse J.K. Rowling) : seuls mon personnage, ses proches (OCs) et l'histoire le sont.


Chapitre Premier

Ce matin-là, ce fut la douce mélodie provenant de son horloge qui la réveilla. Un beau son, qui résonnait comme une belle symphonie à travers toute la pièce et qui parvenait jusqu'à ses petites oreilles, l'incitant grandement à lever les jambes hors du lit. Décidément, ce morceau joué au clavecin était d'une beauté sans pareille, du moins pour une mélomane comme elle. Elle trouvait ça si agréable de s'éveiller en musique de la sorte qu'elle n'éprouvait plus aucune affection pour ces horribles réveils tous simples, ces odieuses et bruyantes cloches ou autres machines que l'on pouvait retrouver dans le monde des Moldus. C'est vrai... Rien de telle qu'une horloge ensorcelée pour démarrer la journée non seulement du bon pied mais aussi de très bonne humeur. Bon... Toujours était-il que pour certains, ce style de réveil avait plutôt l'effet inverse et agissait comme un somnifère tant il ressemblait à une berceuse : il rendormait bien malgré lui des personnes comme sa sœur cadette par exemple, qui n'était pas franchement du matin.

L'esprit brumeux et le corps encore un peu mollasson, la jeune fille emmitouflée dans sa couverture émit un léger bâillement avant de se redresser et d'appuyer son dos contre la tête de lit en argent. La nuit lui avait parut extrêment longue tant elle avait voulu que le jour arrive vite : en effet, il lui tardait déjà t'entamer cette journée qu'elle considérait comme étant très spéciale depuis plusieurs mois déjà.

Quelques secondes à peine plus tard, après avoir dégagé d'une main les quelques mèches de cheveux en bataille qui lui tombaient sur la figure, elle ne tarda pas à entendre la poignée de la porte de sa chambre s'actionner, comme à chaque fois à cette heure-ci. Et sans surprise, elle découvrit bien vite Lamu, son elfe de maison qui comme d'habitude venait l'assister dans ses tâches matinales.

« Bonjour, Mademoiselle, murmura timidement la dite elfe en s'inclinant maladroitement. Est-ce que Mademoiselle a passé une bonne nuit ?

- Lamu, la salua-t-elle à son tour en inclinant légèrement la tête. J'ai passé une excellente nuit, je te remercie. Tu sais, il me tardait déjà d'être à ce matin. »

Alors qu'elle délaissait lentement son confortable lit deux places fait d'acajou décoré pour s'asseoir en face de sa coiffeuse, l'elfe Lamu ouvrit les rideaux pour laisser passer la douce lumière du soleil, avant de se rendre dans la salle de bain adjacente à la chambre à coucher pour y faire couler son bain. Depuis sa place, la jeune fille pouvait donc entendre tour à tour le robinet de la baignoire s'enclencher, l'eau claire et pure qui la remplissait ruisseler à l'intérieur, ainsi que le doux parfum des produits nettoyants.

Comme tous les matins avant son bain, la demoiselle s'attelait donc à brosser avec ferveur sa chevelure emmêlée tout en observant de manière songeuse son reflet dans la glace. Silencieusement, elle se mit à le contempler et à l'examiner, notant chacun des défauts et des traits non-potables qui composaient son portrait. Dans le verre qui composait le miroir, elle pouvait apercevoir une jeune fille à la peau relativement hâlée, de taille moyenne et vêtue d'une longue robe de nuit en soie rose saumon. Sa tête dessinait une forme ovale et ses petites joues gonflés ressortaient visiblement. Des petits yeux verts, perçants et légèrement effrayants la fixaient étrangement, l'auscultant du regard à travers la glace. Une tignasse auburn quelque peu indisciplinée entourait son visage et tombait jusqu'au milieu de son dos. Et pour finir, il y avait cette poitrine de taille moyenne dissimulée derrière son vêtement qui l'ennuyait quelque peu.

À chaque fois qu'elle se détaillait, elle ne pouvait pas s'empêcher de faire des petites grimaces et de toucher son visage pour déceler ces imperfections qui lui déplaisaient tant, telles que ses pommettes rebondies sous ses orbes verdoyantes. De ce fait, il fallait bien admettre qu'elle y mettait du cœur à l'ouvrage quand il s'agissait d'être un minimum un peu plus jolie et présentable, afin de faire ressortir une beauté à moitié factice.

Lorsqu'elle estima finalement que ses cheveux d'un brun rougeâtre étaient bien raides et à sa convenance, la jeune fille quitta la coiffeuse et se dirigea vers la salle d'eau. Quand elle y entra, elle croisa la route de son elfe qui en sortit, faisant voler derrière lui à l'aide de sa magie les paniers contenant son linge sale. La pièce bien éclairée par les rayons du soleil qui traversaient les vitres était remplie d'une bonne odeur de rosée du matin et inspirait calme, détente et sérénité. Pourtant, même si elle appréciait beaucoup cette ambiance relaxante, elle fixa quand même la baignoire pleine d'eau tiède d'un air plutôt sceptique. Depuis quatre bonnes années, c'était devenu une véritable épreuve pour elle de prendre son bain tous les jours.

« Mademoiselle, vous devriez vous laver tant que l'eau est encore chaude, lui conseilla Lamu qui la voyait immobile et pensive.

- Hein... ? Ah oui, tu as raison, approuva la concernée un brin distraite. Je te remercie. Est-ce que mon uniforme scolaire est prêt ?

- Oui bien sûr. Désirez-vous que je le pose sur votre lit avec votre baguette de tout de suite ?

- ... En ce qui concerne l'uniforme, tu peux directement le ranger dans l'une de mes valises. Par contre, pour ce qui est de la baguette, pose-là tout simplement sur mon bureau.

- Bien Mademoiselle. »

À ces mots, Lamu exécuta une petite courbette - durant laquelle elle manqua de tomber - avant de disparaître via un transplanage. Une fois seule dans la pièce, elle ferma la porte et retira sa robe qu'elle laissa tout simplement tomber sur le sol. Nue comme un ver, elle s'approcha avec précaution du bain et y glissa un doigt, caressant l'eau bien chaude et pleine de mousse. La jugeant à la température idéale, elle coiffa rapidement sa chevelure sous forme de chignon et rentra dans la large baignoire, ne désirant pas perdre davantage de temps. A son aise, elle s'enfonça un peu plus dans la mousse blanche et la brassa légèrement à l'aide de ses mains et de ses pieds. Rien de tel qu'un bon bain pour démarrer la journée et mettre un terme à ses préoccupations matinales, songea-t-elle néanmoins en fermant les yeux.

« ... 3...2...1... »

... Et la magie opéra. A peine avait-elle eu le temps de terminer son décompte que comme elle s'y attendait, des écailles orangées et ors se mirent à apparaître tour à tour sur ses jambes. Et bientôt... ses deux membres laissèrent place à la grande et large nageoire qu'elle connaissait si bien. Perplexe, elle l'agita mollement à plusieurs reprises avant de finalement prendre de quoi se frotter le corps.

Une sirène... voilà, ce qu'elle était... Ou du moins à moitié. Une créature originaire des eaux chaudes de Grèce qui appartenait à la catégorie des êtres de l'eau. Sa mère, qui descendait directement de cette race, lui avait transmit une partie de ses gênes. Une sirène tombée sous le charme d'un humain qui avait décidé de vivre sur la terre ferme à ses côtés, laissant derrière elle sa vie aquatique. Au début, la jeune fille ne s'était pas à faite à ce style de vie et avait bien souvent renier cette partie-là de son sang-hybride. En effet : la plupart des différentes espèces de sirènes - bien qu'elles soient définies comme étant des créatures sous-marines magnifiques pour certains - se trimbalaient cette réputation de monstres vils et sans vergogne qui se changeaient instantanément en horribles mochetés et qui chantaient pour attirer, ensorceler ou même noyer les nobles marins ainsi que tous ceux qui croisaient leur chemin. Et autant dire que cette perspective de vie ne l'avait guère enchanté.

Tout en ressassant ces quelques souvenirs, l'auburn se saisit d'un gel parfumé avant de le laisser couler de manière rêveuse sur les parties de son corps immergées. Elle s'en souvenait encore comme si c'était hier. Ça c'était produit peu de jours après la fête de célébration de son onzième anniversaire qu'avait organisée ses parents. Elle était allée jouer avec son frère et sa sœur dans les bois tous près de la maison et s'était malencontreusement vautrée dans une flaque de boue lors d'une de leur "explorations secrètes". Pour ne pas subir les remontrances de sa mère, qui lisait tranquillement un livre sur le terrasse de leur hôtel particulier à ce moment-là, elle s'était faufilée avec brillo à l'intérieur sans se faire repérer et était montée jusqu'à sa salle de bain. Et lorsqu'elle avait commencé à se verser de l'eau... elle s'était rendue compte quelque chose clochait. Elle avait sentit à ce moment-là sa peau lui piquer et avait eu le terrible sentiment de ne plus tenir debout. Peu rassurée, elle avait jeté un coup d'œil à ses jambes, avant de lamentablement s'étaler de tout son long sur le sol. Encore un peu sonnée par la chute, elle avait voulu se relever mais n'y était parvenue pas, comme si elle n'avait plus qu'une seule jambe. Puis elle, s'était retournée et avait hurlé à plein poumon en voyant "l'horrible chose" qu'était sa queue de sirène, comme elle se plaisait si bien à le dire à l'époque. Puis, sa mère lui avait finalement expliqué le pourquoi du comment autour d'un petit goûter après avoir accourue jusqu'à la salle d'eau, lieu où elle avait découvert sa fille aînée métamorphosée.

Brisant le silence de la pièce blanche et bleue, la jeune fille aux orbes vertes laissa échapper un petit rire claire avant de rincer le savon présent sur son corps. Maintenant qu'elle y repensait, cette situation passée l'amusait quelque peu. Elle revoyait sa tête déformée par l'horreur et entendait de nouveau son cri strident presque apte à briser des fenêtres. En fin de compte, elle se disait qu'elle s'était plutôt habituée à ce nouveau mode de vie, surtout depuis sa baignade dans le lac tout proche d'ici. Cette fois-là, elle avait pu y nager pendant une ou deux heures et elle avait bien dû admettre que l'expérience avait été grandiose. Profitant du fait qu'elle puisse retenir sa respiration pendant un très long moment, elle avait pu visiter les profondeurs du point d'eau et rencontrer les différentes espèces qui y vivaient, en plus de pouvoir communiquer avec eux puisqu'elle parvenait à les comprendre. D'ailleurs, elle regrettait amèrement de ne pas vivre dans un pays proche de la mer et espérait toujours autant découvrir les merveilles de l'océan. Sinon, l'inconvénient majeur qu'elle a encore aujourd'hui bien du mal à supporter est le moment du bain, qui lui prenait beaucoup de temps et ne lui facilitait clairement pas la tâche certains jours.


S'estimant propre après un bon quart d'heure de frottage et de rinçage intensif, la jeune fille appuya sur le bouton "bouilloire" de la baignoire, ce qui permit à l'eau de s'évaporer en douceur et de la sécher dans le même temps. Un dispositif magique bien conçu et pratique qui lui évitait de sortir et de ramper par terre pour se sécher. Petit à petit, ses écailles oranges disparurent une à une, dissimulant sa grande nageoire de poisson au profit des jambes humaines qui étaient les siennes. Parfois, elle se demandait vraiment où elle trouvait la force de se débrouiller ainsi lorsqu'elle était à l'Académie. Jusqu'à aujourd'hui, personne n'avait encore eu vent de ce petit "secret", enfin... personne à part sa famille, sa meilleure amie et la Directrice de son école. Et pour le coup, elle comptait bien continuer sur cette lancée : elle ne tenait réellement pas à ce que d'autres personnes l'apprennent.

Lentement, elle sortit de la baignoire à présent vide et attrapa un peignoir qu'elle s'empressa de porter, avant de s'approcher le lavabo. Une fois devant le sanitaire en porcelaine, elle ouvrit l'armoire recouvert de miroir qui était fixé juste au dessus de l'évier et en retira sa brosse à dents et du dentifrice. Tandis qu'elle nettoyait minutieusement sa dentition, elle entendit par delà les murs même de sa chambres des éclats de rires de petite fille et des bruits de pas tapant le sol à toute vitesse, suivit de près par une voix mécontente - voire rageante - et d'une course dans les escaliers qui ne se situaient pas très loin de sa porte.

« Maman, hurla la voix de fillette qui courait - semblerait-il - à toute allure dans les escaliers. Côôôôôôôme est amoureeeeeeux ! Côôôôôôôôme va avoir une petite-amiiiie !

- La ferme espèce de petite fouineuse ! Hurla la voix de garçon qui la coursait de très près. »

Quelques secondes après, se fut à nouveau le calme dans le bâtiment. Vraiment ces deux-là, pensa l'auburn en levant les yeux au ciel. Ils avaient - une fois de plus - réussit à trouver le moyen de se chamailler de bon matin. Et par Merlin, cette fois, elle n'y était pas mêlée. Encore une fois, il s'agissait d'une scène écrite quotidiennement : comme à l'accoutumé, sa petite sœur taquinait son frère aîné et à chaque fois qu'elle lui lançait des piques, il ne pouvait pas s'empêcher de démarrer au quart de tour. Mais malgré tout, ils s'adoraient, même si l'un se refusait à l'avouer de vive voix à l'autre.

Après s'être brosser les dents, la demoiselle ne perdit pas de temps et se rendit dans sa chambre. En proie à une légère réflexion devant son armoire, elle réfléchit un instant avant d'enfin choisir des vêtements assez simples : une jupe blanche, un sous-pull beige, une paire de collants opaques et des ballerines noires. En soit, une tenue confortable et idéale pour une journée ensoleillée mais un peu venteuse.

Rapidement et de nouveau devant sa coiffeuse, elle prit le temps de brosser une nouvelle fois sa crinière rouge avant de se faire une queue de cheval haute, stricte et sans défaut en les tirant vers l'arrière. Toutefois, elle laissa quand même une frange épaisse coiffée le côté gauche de son visage, juste pour ne pas laisser complètement vide l'un de ses contours.

Fin prête pour aller prendre son petit déjeuner, l'auburn avança vers son bureau et fut bien contente d'apercevoir sur la table la boîte rectangulaire en acacia qu'elle chérissait tant. Elle lui venait directement de son père - qui la lui avait offerte - et contenait un des ces bien les plus précieux : sa baguette magique. Sur le couvercle, il était possible de lire une inscription rédigée dans style d'écriture très calligraphique.

« Euphrosyne Harpae Cathelineau, Ière du nom. »

Tel était son patronyme. Le premier prénom étant d'origine grec rappelant les origines de sa mère et qui était synonyme de gaieté, de courage, de plaisir et d'allégresse selon la mythologie ; et le second originaire du Luxembourg. Quant à son nom de famille, il s'agissait tout simplement du nom de son père, luxembourgeois d'origine.

Née un 3 Septembre 1980 de l'union d'un sorcier bourgeois au sang pur et d'une créature aquatique ayant choisie la vie humaine, Euphrosyne Cathelineau était donc une jeune sorcière au sang hybride vivant sur les terres européennes, plus précisément au Grand-Duché du Luxembourg, dans le canton d'Esch-sur-Alzette. Âgée d'encore quatorze ans aujourd'hui et fille cadette du couple, sa fratrie se composait d'elle-même ainsi que de Côme et Alice Cathelineau, respectivement son frère aîné de dix-sept ans et sa sœur benjamine de douze ans. Grâce aux sources de revenus conséquentes que rapportait leur père Adrien Cathelineau, la famille aisée habitait dans l'hôtel particulier de la lignée de Sang-Purs Cathelineau, qui se transmettait de générations en générations. De ce fait, presque tous ses ascendants paternels avaient vécus entre ces murs. Enfin, tous... sauf un dénommé Augustin Cathelineau qui était devenu "fêlé" au bout d'un certain nombre d'années. Mais ça, c'était une autre histoire.

Cinq ans avant sa naissance, Adrien et ses frères et sœurs avaient hérités de cette luxueuse et vaste maison perdue en pleine campagne et entourée par un décor champêtre magnifique. Loin de la capitale, de sa frénésie et des modus, ils cohabitaient tranquillement et au calme dans ce milieu bucolique. Et depuis le mariage de ses grandes sœurs qui étaient parties vivre avec leurs époux respectifs et le départ de son frère aîné en Belgique, le pilier de la famille séjournait désormais seul en compagnie de sa femme et de ses trois enfants.

Caressant de ses doigts fins le petit coffret en bois avec un sourire nostalgique dessiné sur ses lèvres, la jeune sorcière ouvrit délicatement celui-ci, révélant enfin la baguette qu'elle contenait. Une baguette mesurant vingt-et-cinq centimètres et demi, faite de bois de vigne et dont le cœur était constitué d'une écaille de sirène - détail rappelant une fois de plus son affinité avec cet être aquatique. Fine mais plutôt rigide par contre, son cœur s'avérait être un bon conducteur magique, idéal surtout pour la Métamorphose. De même, étant indéniablement loyal, elle se montrait extrêmement caractérielle avec toute personne autre que sa propriétaire.

Ravie à l'idée de pouvoir à nouveau s'en servir après toutes ses vacances, l'auburn au regard olive rangea l'objet magique dans la poche de son petit ceinturon marron. Puis, elle prit en main son sac et la cape de sorcier noire accrochée à son portemanteau avant de quitter la pièce en refermant la grande porte derrière elle, dans l'intention de descendre prendre son petit déjeuner. Et bien sûr, Lamu arriverait tout juste après elle pour faire son lit et remettre en place ce qui devait être en ordre. D'ailleurs, en parlant d'elle, il s'agissait d'une elfe de maison très compétente et gentille au plus haut point malgré sa légère maladresse. N'ayant nulle part ou vivre suite à une vie infernale et une attitude cruelle de la part de son maître à son égard, les Cathelineau l'avait racheté à son tortionnaire, un geste de bonté venant tout droit de sa mère qui supportait mal la maltraitance poussée - et malheureusement courante - envers ses créatures. Et assurément, Euphrosyne était de son avis : beaucoup de sorciers de hauts rangs se permettaient bien des choses avec eux et elle savait ô combien il était tout-à-fait intolérable d'aller aussi loin. Après tout, les elfes étaient des êtres vivants, tout comme les humains, et étaient dotés d'un cœur. Et aucun être vivants ne méritait d'être traité ainsi. De cette manière, en échange de ses services domestiques, Lamu était donc nourrie, payée et même logée dans leur foyer.


Arrivée au rez-de-chaussée grâce à l'un des longs escaliers en marbre et fer forgé, Euphrosyne traversa le grand hall. Sur son chemin, elle jeta un coup d'œil aux énormes valises posées sur le sol, près de l'entrée principale. Elles étaient déjà toutes prêtes et n'attendaient plus qu'à être embarquées. Dans le même temps, elle parvint à mettre la main sur "Briséis", son chat de race bengal au caractère très énergique. Tout en le tenant dans ses bras, elle entra dans la pièce où elle s'aperçut sans surprise que tout le monde était déjà attablé, en train de discuter et tout en savourant un copieux et délicieux petit déjeuner. Avant de s'installer à son tour avec eux sur la chaise libre à côté de sa mère, elle la salua d'un petit bisou sur la joue et réitéra la même geste avec son père, assit en bout de table tel un véritable pilier de famille.

La salle à manger était une grande pièce à vivre toute aussi somptueuse que le reste de la maison. Peinte et décorée de manière harmonieuse et ordonnée, les schémas de couleur se composaient de beige, de blanc, de marron et d'or. L'atmosphère se voulait volontairement chaude et accueillante, ainsi que champêtre grâce aux jolies plantes disposées par-ci et par-là à travers l'espace. Des lustres en verres et des chandeliers ornaient les murs et le dessus des petits rangements. Des vases, des tableaux, des horloges, des pendules et bien d'autres objets d'art embellissaient les différentes surfaces en bois polis ou en marbre, sans pour autant procurer une sensation d'étouffement ou de mal aise. Tout le mobilier était bien agencé, même les livres de la petite bibliothèque qui se situait non loin du buffet. Des longs et larges rideaux blancs cassés encadraient les grandes fenêtres à la françaises, qui donnaient vu sur le jardin, les étendues d'herbes et la montagne au loin. Au fond de la pièce, l'on pouvait discerner une cheminée sur laquelle étaient entreposés des photos de famille, où les photographiés bougeaient à l'intérieur des images. Toujours au fond mais à droite, une porte donnait sur le salon. Quant à celle de gauche, elle menait tout droit à la salle de musique où trônait fièrement un piano.

La faim se creusant de plus en plus dans son estomac, Euphrosyne ne tarda pas à poser son chat au sol et se hâta presque de se servir de peur que tout disparaisse. Aujourd'hui, vu qu'il s'agissait d'une journée très importante, ils avaient droit à un petit-déjeuner plutôt consistant. Des mets tous chauds garnissaient la table, titillant avec bonheur les narines de l'affamée. Devant elle et sur toute la longue de la surface boisée, elle avait le choix entre des viennoiseries typiquement françaises comme des croissants, des pains au chocolats ou des pains au raisins ; des œufs brouillés, des toasts grillés tartinés de confitures et/ou de beurre, des quartiers d'oranges, des saucisses, des pancakes au sirop, du jus de citrouille et de cerises, des carafes remplies de lait et de café chaud, du thé, ... En somme, tout ce qui leur fallait pour les rassasier durant plusieurs heures et leur permettre d'attaquer de front cette journée.

« Alors Euphrosyne. Te sens-tu prête à entamer ta cinquième année à Beauxbâtons ? »

La voix douce et bienveillante de sa mère retentit alors dans la salle, ce qui eut pour effet d'installé un silence religieux. Galatéa Cathelineau... La sirène qui était tombée amoureuse d'un humain. Sous sa forme d'être terrien, il s'agissait d'une femme élégante et sage âgée d'une quarantaine d'année... ne serait-ce au moins en apparence. Ses cheveux étaient longs, ondulés et d'un rouge profond, et sa peau mâte faisait ressortir son regard vert et ses lèvres beiges. Néanmoins, derrière ces airs doux et aimables, elle se révélait être une dame stricte et intransigeante - mais également frivole et gaie - qui ne plaisantait pas avec les bonnes manières et l'éducation de ses enfants. Même si elle les aimaient de tout son cœur, elle ne pouvait s'empêcher de les couver plus qu'il n'en fallait et d'être à cheval sur beaucoup d'éléments et de détails, ce qui engendrait parfois quelques scènes de disputes entre eux - surtout en ce qui concernait le secret de leur famille. Elle était en quelque sorte tout le contraire de son mari, qui se montrait un peu plus permissif.

« Pourquoi ne le serai-je pas ? L'interrogea à son tour la concernée après avoir bu une gorgée de thé chaud.

- Ta mère et moi tenions juste à nous assurer que tout allait pour le mieux, lui répondit gaiement son père assit en bout de table. Côme appréhendes un peu et j'imagine que tu sais très bien pour quoi.

- J'appréhende rien du tout papa, grommela le susnommé en mangeant un croissant.

- Ah oui c'est vrai, ajouta l'auburn en se souvenant de ce détail. Alors... Tu as vraiment l'intention de participer au Tournoi des Trois Sorciers ?

- Et comment ! Je compte pas laisser passer l'opportunité d'obtenir une gloire éternelle, de gagner milles gallions et...

- ... Et d'impressionner la jolie fille dont tu es amoureuuuuux, le coupa Alice en riant.

- Toi tais-toi ! Arrête de raconter des bêtises ! »

Le Triwizard Tournament était un concours magique où s'affrontait les trois plus grandes et principales écoles de sorcellerie d'Europe : Hogwarts School of Witchcraft & Wizardry, Durmstrang Institute et L'Académie de Magie Beauxbâtons. Les trois champions, représentant chacun une école, devaient accomplir trois tâches tout en étant traditionnellement jugés par les Directeurs et Directrices des écoles participantes. Celles-ci testaient le courage, l'intelligence et l'habileté des sorciers désignés qui concouraient pour la gloire de gagner le tournoi, son trophée et sa récompense monétaire. Cependant, le championnat était tout de de même renommé pour être extrêmement dangereux, mettant en périls la vie des participants.

« Tu as encore cette idée en tête, murmura Galatéa sur un ton de reproche. Tu sais que des gens sont morts dans ce tournoi ?!

- Et c'est même pour cette raison qu'à partir de maintenant, les élèves âgés de moins de dix-sept ans n'auront pas le droit de concourir, renchérit Euphrosyne avec un sourire en coin. Tu es une vraie tête brûlée mon cher frère.

- Mais c'est parce qu'il est prêt à se faire dévorer tout cru par tout un tas de monstres pour les beaux yeux de sa bien-aimée, railla la plus jeune de la fratrie.

- Et comment s'appelle cette jeune demoiselle déjà, intervient Adrien en tournant la tête vers son fils, tout sourire.

- Elle n'a pas de nom puisque je ne suis amoureux de personne !

- Arrête de nier Côme, ce n'est plus la peine, chantonna l'auburn au tartinant son toast. Tout le monde sait à l'académie que ton cœur bats plus que jamais pour Fleur Delacour. Donc accroches-toi puisque la concurrence est rude..

- Ah oui, s'exclama le père de famille. C'est bien elle. Si je me souviens bien, c'est une de tes amies Euphrosyne.

- Amie, amie... C'est un bien grand mot papa. Disons qu'on se croise quelque fois... et qu'on s'entend plutôt bien.

- Côme en pince pour Fleuuuur ! Se moqua une petite brunette à l'humeur taquine.

- Bon et bien puisque tout le monde s'obstine à croire que je craque pour cette fille, moi, je remonte dans ma chambre ! Vous n'aurez qu'à me faire signe quand on partira et ne m'oubliez pas ! Je tiens pas à rater la Coupe du Monde de Quidditch ! »

Sur ces paroles, le jeune homme se leva et quitta la table en ronchonnant. La jeune sirène, quant à elle, ne put réprimer un sourire narquois : elle trouvait la susceptibilité de son frère aîné vraiment amusante. Comme presque tous les garçons de son école, il craquait sur Fleur Delacour, la belle Demie-Vélane. Mais après tout, qui pouvait bien lui résister à celle-là, une fois qu'elle usait de ses charmes magiques ? Bien peu de monde. Malgré son caractère hautain et sa manie de se croire supérieure aux autres quasiment en permanence, elle n'en restait pas moins une jeune fille appréciée pour ses résultats, son éducation, son sérieux et sa sympathie. Partageant quelques points communs, il était donc logique qu'elle et Euphrosyne soit souvent sur la même longueur d'onde lorsqu'elles se rencontraient, et ce en dépit de leur différence d'âge. Et en ce que concernait sa petite sœur Gabrielle, autant dire que du haut de ses onze ans, cette petite blonde était véritable petite ange - prenant tout de même peu à peu les mauvaises habitudes de son aînée - qui s'entendait très bien avec son espiègle petite sœur.

« Maman, tu es sûre et certaine de ne pas vouloir venir avec nous à la Coupe du Monde ? Il s'agit quand même de l'événement sportif par excellence pour nous les sorciers !

- C'est vrai, insista Alice d'un air implorant. Tu vas rater quelque chose ! C'est un rassemblement mondial quand même !

- Pour la dernière fois les filles, j'ai pris ma décision et c'est non. Ce sport ne me passionne pas : il est beaucoup trop violent à mes yeux. Par contre, il y a autre détail qui m'ennuie.

- Quoi donc, l'interrogea Adrien en se rapprochant d'elle. C'est encore au sujet de Côme, c'est ça ?

- ... Oui. »

Galatéa aborda alors une expression très inquiète et se mordit la lèvre inférieure tout en tapotant machinalement la table du bout de ses ongles. En mère poule qu'elle était, elle ne voulait absolument pas que son fils participe au tournoi, de peur qu'il s'y blesse gravement ou qu'il y décède. Durant les vacances, les discussions à ce sujet avaient été enflammées : d'un côté, le mari tenait à ce que son fils fasse parti du tournoi puisque tel était son désir ; de l'autre côté, il y avait la femme, la farouche sirène qui s'y opposait d'une main ferme, craignant pour sa vie. Néanmoins, la décision avait finalement été prise et ils avaient tous les deux décidés d'un commun accord de laisser le jeune homme s'inscrire puisqu'il avait l'âge requis. Mais en fin de compte, plus la rentrée avait approché et plus la femme avait regretté sa décision. Et en ce qui les concernaient, Euphrosyne et Alice estimaient qu'il en était capable - même s'il avait la manie de foncer tête baisser et sans réfléchir. Ce serait une parfaite occasion pour lui de faire marcher sa tête et de le mettre à l'épreuve, lui qui se jugeait apte à tout affronter.

Une bonne heure plus tard, Lamu et deux autres elfes de maison apparurent dans la salle à manger, débarrassant la table de ses couverts et des restes du petit déjeuner. Après une excuse polie, l'auburn quitta la table et se retira dans sa chambre pour ranger ses dernières affaires, suivit de près par sa petite sœur qui elle monta un étage plus haut vers la sienne.

Le simple fait d'assister à la 422ème édition de la CMQ à Dartmoor l'excitait au plus haut point et il lui tardait vraiment d'y être. C'était la première fois qu'elle y allait et c'était cela qui l'avait empêcher de fermer l'œil de la nuit. D'après beaucoup de sorciers et magiciens, le fait de s'y rendre était presque comme une aventure. Elle s'imaginait déjà sur le campus dans lequel elle allait séjourner : des tentes par ci et par là, une foire énorme, de la musique, de l'ambiance... et surtout ses amis et Madame Maxime qu'elle rejoindrait là-bas.

Cette année, le championnat se tenait le 18 Août 1994 en Angleterre, soit quelques jours avant la rentrée des classes à l'Académie Beauxbâtons et son quinzième anniversaire. Ainsi, la jeune fille quittera directement le Royaume-Uni pour se rendre en France, Paris étant la ville d'où partait le carrosse magique le plus proche. De ce fait, la perspective même de démarrer sa nouvelle année scolaire de cette manière la réjouissait grandement.

Fin du Premier Chapitre.