COLLÈGE POUDLARD, ÉCOLE DE SORCELLERIE
Directeur : Albus Dumbledore
(Commandeur du Grand-Ordre de Merlin, Docteur ès Sorcellerie, Enchanteur-en-chef, Manitou suprême de la Confédération internationale des Mages et Sorciers)
Chère Ms Anderson,
Nous avons le plaisir de vous informer que vous bénéficiez d'ores et déjà d'une inscription au Collège Poudlard. Vous trouverez ci-joint la liste des ouvrages et équipements nécessaires au bon déroulement de votre scolarité.
La rentrée étant fixée au 1er septembre, nous attendons votre hibou le 31 juillet au plus tard.
Veuillez croire, chère Ms Anderson, en l'expression de nos sentiments distingués.
Minerva McGonagall
Directrice adjointe
Traçai-je dans la poudre qui était tombée sur ma vieille coiffeuse ; je soufflai dessus, effaçant la lettre. Je n'avais pas encore reçu la mienne, mais je connaissais déjà par cœur les mots qui me seraient adressés... Ils étaient tous ancrés dans mon esprit, tout comme la routine que je suivais.
Tout d'abord, je me levais à quatre heure tapante. J'ouvrais les volets, prenais la cruche d'eau qui était à côté de ma coiffeuse, en versais une partie dans une vasque puis, à l'aide d'un gant de toilette, je me lavais. Une fois chose faite, je me séchais, attachais mes long cheveux en arrière et me poudrer le visage. Je prenais ensuite mon gant, enlevais la poudre dans mes sourcils et les lissais avant de les redessiner au crayon noir.
Là, je me levais, prenais l'une des nombreuses robes que ma mère m'avait achetée et l'enfilais avant de retourner me coiffer. Je les détachais puis les brossais jusqu'à ce qu'ils deviennent souples et lisses. Une fois chose faite, je traçais une raie parfaitement droite puis enroulais mes cheveux de telles sorte qu'ils ne pourraient sortir du filet dans lequel je les enfermais. J'en plaçais un autre, avec des mailles en cuir plus épaisses et incrusté de brillants, autour du chignon.
Le poids était conséquent, mais grâce aux deux mèches que je faisais passer entre les mailles, je parvenais à garder le tout stable.
Lorsque je fus prête, il était quatre heure trente. Je sortis de ma chambre, descendis les escaliers d'un pas égal et, une fois en bas, je mis la table et préparai le déjeuner grâce aux sorts que ma mère m'avait fait apprendre. Les œufs, le pain, les saucisses, le bacon et les haricots étaient à table, il ne manquait plus que le thé et, lorsque je le déposai, je découvris avec effroi que l'un des jaunes c'était percé et avait commencé à imbiber le pain.
Immédiatement, je voulus remplacer l'assiette, mais les pas résonnaient déjà dans l'escalier; subtilement, j'échangeai mon assiette avec celle que j'avais gâché et attendis sur le côté que mes parents arrivent.
-"Mère. Père." saluai-je en m'inclinant; ils passèrent et s'assirent devant leur assiette respective. Je m'apprêtai à marcher vers ma chaise lorsque je vis les yeux de ma mère se poser sur mon plat.
-"Dolores." appela-t-elle avec un sourire exaspéré en secouant doucement la tête. "Qu'est-ce que cette erreur?" demanda-t-elle en relevant le visage vers moi.
Enfant, je lui aurais répondu 'un accident, mère.' ; mais elle m'aurait enfermée et ignorée pendant plusieurs jours pour cela puis, lorsqu'elle m'aurait permis de sortir, elle m'aurait dit 'Une erreur n'arrive pas par accident'.
-"Une faiblesse de ma part, mère." répondis-je comme un automate. "Permettez que je constate son ampleur et prenne pleine mesure de la monstruosité d'un tel manque de talent."
Le silence dura quelques secondes puis, lorsque mon père me fis signe de m'asseoir, je pris place et observai mon assiette alors qu'elle refroidissait.
Lorsque le jaune d'œuf fut totalement dur et opaque, le son des couverts résonna; sans un mot, je me levai, le dos droit et entrepris de faire léviter les assiettes.
-"Dolores." interpella immédiatement mon père. Un frisson désagréable me parcourut entièrement; j'avais oublié mon remède. De suite, j'allai chercher la bouteille qui se trouvait dans la commode non loin, m'en servis un verre et le bus en prenant soin de n'émettre aucun bruit de déglutition.
Le goût était toujours aussi atroce; tellement doux et sucré qu'il en brûlait la gorge...
Je ne savais pas exactement pourquoi je devais encore le prendre mais mère m'avait formellement interdit d'arrêter le traitement. C'était pour mon bien et, malgré le prix d'un tel médicament, ils n'avaient pas fait l'impasse dessus...
Une fois chose faite, je rangeai le flacon puis allai nettoyer les différents plats.
-"Dolores." appela soudainement ma mère; ayant fini, je sortis de la cuisine et allai les retrouver dans le salon. Mon père était déjà parti au Ministère et ma mère était sur le canapé de velours vert avec une lettre dans les mains. Mon cœur commença à s'emballer mais je gardai mon calme et attendis qu'elle me remarque.
J'attendis patiemment, refrénant mon envie de triturer mes doigts ou de me balancer sur mes talons; ce n'était pas là le comportement d'une sang-pur.
Je voyais ses yeux noir parcourir les lignes puis, s'arrêter brusquement avant de se lever vers moi.
-"Prend ton manteau, nous y allons." annonça-t-elle en se levant. J'acquiesçai simplement et, après avoir mis mon manteau, rejoignis ma mère dans l'âtre. Nous lançâmes une poignée de poudre de cheminette chacune avant de nous retrouver au Chemin de Traverse.
Là, je me laissai guider de magasin en magasin. Montai sur le tabouret de Madame Guipure et la laissai ajuster la robe à sa guise. Elle me piqua plus d'une fois, mais je tins ma langue; je ne voulais pas que ma mère fasse une scène ici.
En quelques dizaines de minutes, mes trois robes ainsi que mon chapeau et ma cape furent prêtes; sans un mot, je m'inclinai devant la petite femme replète et descendis du tabouret pour rejoindre ma mère qui avait déjà payé.
Avant que la porte ne se referme, j'entendis le son des Gallions s'entrechoquer derrière moi; je fermai les yeux et sortis.
De suite après, je suivis mère dans un magasin où elle acheta des plumes d'oie ainsi que de l'encre et des rouleaux de parchemins. Pendant ce temps, je laissai mes yeux scanner les étagères... mais je savais que je ne devais rien fixer trop longuement; mes parents se saignaient suffisamment pour moi... Une fois de plus, le tintement des pièces lorsqu'elle paya me fit déglutir difficilement, mais je continuai vers la prochaine échoppe.
Fleury et Bott. Tout était si bruyant ici; sans doute à cause de la rentrée qui approchait à grand pas.
-"Fred! George!" hurla soudainement une femme. Au même moment, je vis deux têtes rousses passer à toute vitesse à côté de moi. Mes yeux restèrent écarquillés un instant puis, l'agacement pris le dessus sur l'étonnement; quel manque de savoir vivre.
-"Dolores; quel serait le châtiment pour une telle conduite en publique?" demanda tout à coup ma mère dont la voix transpirait de dégoût.
-"Ils n'auraient pas dû avoir l'autorisation de quitter leur chambre, mère." répondis-je automatiquement en regardant les garnements se cacher derrière les différentes piles de livres et autres pour échapper à leur mère. "Un tel laxisme ne devrait même pas être permis." ajoutai-je en retroussant à peine mon nez.
-"Dolores." me réprimanda mère; je relâchai immédiatement mes traits et me contentai de garder la tête haute et le nez en l'air. Ce fut à ce moment que je vis quelque chose; un livre relié de cuir dont le titre était Milles sorts et astuces pour Medicomage novice.
Je savais que je ne devais pas rester là à fixer quoi que ce soit, mais je ne pouvais m'empêcher d'imaginer la quantité d'informations contenue dans un tel grimoire...
-"Besoin d'aide?" demanda soudainement un garçon derrière moi; je dû relever la tête pour voir son visage. Il était souriant et avait l'air franc... "Ce bouquin?" demanda-t-il en attrapant le livre que je regardais sans le moindre effort. "tiens." ajouta-t-il en me le mettant sous le nez; j'hésitai grandement à prendre le livre... mais je le fis, je ne voulais pas le vexer.
-"Merci., uhm Monsieur..?" dis-je d'une voix posée malgré mon stresse; il leva un sourcil avant de rire.
-"Monsieur?" répéta-t-il; je me réprimandai pour l'avoir gêné. "Allez, on doit avoir quoi, un, deux ans d'écart?!" s'exclama-t-il en me regardant de la tête aux pieds. "Moi c'est Olivier." annonça-t-il en me tendant la main; j'allai la prendre lorsque je vis quelque chose sous la veste.
Une écharpe rouge et or.
Je cherchai un moyen de perdre du temps, je ne pouvais pas serrer la main à un Gryffondor. Soudain, je remarquai le livre qu'il avait sous le bras.
-"Vo-tu aimes le Quidditch?" demandai-je avec un sourire. Vite, mère...
-"Ah" s'exclama-t-il en sortant le magasine qu'il allait très certainement acheter; ses yeux s'était comme illuminaient. "T'as de bons yeux toi!" rit-il en jetant un coup d'œil à la couverture. "Tu devrais viser le post d'Attrapeur. D'ailleurs, c'est ta première année? Tu penses aller dans quelle mais-"
-"Dolores." appela soudainement mère; je déglutis difficilement alors que mes doigts se resserraient sur le livre.
-"Ah, bonjour madame." salua Olivier avec un autre sourire; il offrit sa main à mère. "Olivier D-"
-"Un Gryffondor." trancha-t-elle, les yeux plantés sur son écharpe. "Je n'ai pas besoin d'en savoir plus." ajouta-t-elle avant de tourner son regard vers moi; ses yeux avaient rarement été aussi noirs, mais ils semblèrent s'adoucir. Elle tendis sa main et je lui donnai le grimoire, la tête basse.
-"Viens, nous allons payer." annonça-t-elle après avoir refermé le livre avec douceur. Elle paya pour les livres puis les glissa dans son sac sans fond avant que nous ne nous en allions vers notre prochaine destination; je ne cherchai pas le Gryffondor des yeux.
Nous allâmes tout d'abord chez l'apothicaire pour prendre les quelques ingrédients de base qu'il me faudrait. S'en suivirent le magasin de chaudrons où nous en prîmes un, comme l'indiquait la liste, de taille 2 en étain. Le télescope, la balance ainsi que les fioles, quant à eux, furent trouvés à Wiseacre : équipement pour sorciers.
De plus en plus, je voyais la bourse de ma mère se vider; plus de soixante Gallions avaient déjà quitté le sac de tissu usé.
Il ne restait plus que la baguette, mais je savais exactement ce qui allait se passer; elle allait chercher la baguette la plus prestigieuse, et la plus chère.
Lorsque nous entrâmes, un tintement lointain résonna dans la boutique poussiéreuse, mais ma mère n'attendis pas l'arrivée de Monsieur Ollivander pour ouvrir et observer les différents bois; je baissai juste la tête.
-"Bonjour, mesdames." dit soudainement une voix douce. Je levai les yeux vers le marchand; il était bien vieux avec de grands yeux bleus clair et une chevelure hirsute. Il avait l'air d'un homme doux et compréhensif.
-"Ah, Monsieur Ollivander!" s'exclama ma mère d'un ton impatient. "Je suis ici pour ma fille," commença-t-elle en me présentant; j'inclinai la tête poliment. "Avez-vous encore des baguettes en bois de tilleul argenté?" demanda-t-elle immédiatement.
Le vendeur la regarda un instant, voulu dire quelque chose puis, en quelques secondes, un sourire nostalgique passa sur son visage.
-"Un instant je vous prie." dit-il avant de retourner entre les étagères poussiéreuses. Il revint une minute plus tard avec quatre boîtes.
-"Voici Madame Anderson. Bois de tilleul argenté, 28 centimètres. Cette baguette contient du ventricule de dragon et est très rigide" expliqua-t-il en soulevant le couvercle. "Essayez-la." m'intima-t-il; doucement, je pris la baguette et la regardai en silence. "Agitez-la un peu, mademoiselle."
Je fis pivoter mon poignet et, en un éclair, une dizaines d'étagères se débarrassèrent de leur contenu; je n'osai regarder mère et reposai la baguette, honteuse.
-"Apparemment, une entente cordiale ne sera pas de mise..." murmura-t-il; il sembla jeter un coup d'œil à mère. Par Merlin, j'espérais qu'il n'avait pas pour intention de l'énerver...
-"Plutôt, celle-ci... alors..." proposa-t-il en faisant avancer la deuxième boîte vers moi. Encore une fois, je pris la baguette, mais ne ressentis rien de spécial. Jusqu'à ce que je l'utilise et qu'elle ne fasse exploser un encrier.
Une fois de plus, je la reposai, terrifiée par une impression d'être épiée. C'est alors que j'entendis quelque chose d'encore plus étrange; c'était comme des chuchotements qui venaient de l'arrière boutique.
-"Dolores, essayes-en une autre." ordonna mère; je le fis et, par deux fois, le carnage recommença.
-"Monsieur Ollivander-"
-"Je suis navré Madame, mais ces baguettes étaient les seuls en ma possession à être faites en bois de tilleul argenté." annonça-t-il en reprenant les quatre boîtes, l'air désolé. "Mais peut-être devrions-nous laisser votre enfant trouver sa baguette?" proposa-t-il. "Après tout, une enfant aussi prometteuse, ne pourra qu'être rejoint par une baguette de puissance équivalente." ajouta-t-il en souriant.
Mère resta silencieuse un moment et je sentis son regard peser sur mes épaules.
-"Ah, peut-être devriez-vous vous dépêcher aussi..." dit-il comme s'il venait de se souvenir de quelque chose. "Je ne pense pas me tromper en vous disant que Le Royaume du Hibou ainsi que la boutique de ménagerie magique fermeront plus tôt et ne rouvrirons que dans une semaine..." annonça-t-il.
-"Bien, je vais y aller." murmura-t-elle en réajustant son sac à main sur son épaule; elle semblait fortement contrariée. "Dolores." appela-t-elle avant de passer la porte. "Préférerais-tu un chat ou un hibou?" demanda-t-elle avec un sourire.
-"Un hibou, mère." répondis-je d'une voix égale avec un sourire; elle partit de suite après.
-"Bois d'if et ventricule de dragon..." murmura-t-il lorsque la clochette résonna. "Un mélange bien dangereux si vous voulez mon avis." me confia-t-il en sortant sa propre baguette. "En temps normal, je vous aurais enlevé ces baguettes des mains..." commença-t-il en réparant les objets que j'avais dérangé et/ou cassé. "Mais convaincre une personne aussi têtue que sa baguette, n'en aurait été que plus complexe." expliqua-t-il avant de sortir un mètre ruban avec des marques argentées de sa poche. "dites-moi, de quelle main tenez-vous la baguette?" demanda le vieil homme.
-"De la main gauche." répondis-je avec assurance, ou du moins c'était ce que je voulais laisser transparaître; le chuchotement n'avait toujours pas cessé.
-"Tendez votre bras, s'il-vous-plaît? Voilà." dit-il en me mesurant de mon épaule jusqu'aux doigts, puis du poignet jusqu'au coude ainsi que du genou à l'aisselle et enfin mon tour de tête. Mais, tout du long, le bruit étrange que j'avais entendu ne fit que s'intensifier.
-"Uhm. Monsieur Ollivander," l'interpellai-je lorsqu'il eu fini de prendre ses mesures. "si je puis me permettre, d'où vient se sifflement rauque?" demandai-je un peu mal à l'aise; il me regarda un moment dans les yeux puis me sourit toutes dents dehors.
-"Veuillez me suivre mademoiselle Anderson." dit-il en s'enfonçant entre les raillons poussiéreux et sombres de sa boutique; je n'étais vraiment pas rassurée et, méfiante, je pris une baguette au hasard avant de le suivre.
Je me sentais mieux avec un as dans ma manche.
La boutique était bien plus grande que je ne l'aurais cru, mais plus que sur la quantité de boîtes, j'étais concentrée sur le son qui devenait de plus en plus fort.
-"Ce sifflement vous paraît-il plus insistant?" demanda soudainement la voix du vieil homme dont la baguette venait de s'allumer. Sans dire un mot, je me dirigeai vers la source de ce bruit mais dû m'arrêter devant une pile de boîtes; la voix semblait étouffée par ces dernières.
-"Le sifflement. Il semble venir de derrière ces boîtes..." murmurai-je sans même en avoir l'intention. Prestement, il déplaça les différentes boîtes qui semblaient ne pas avoir été bougées depuis bien longtemps et sortis un coffret de bois qui sentait le moisi.
Pendant ce qui sembla être une heure, monsieur Ollivander observa le coffret, puis il l'ouvrit; là, je l'entendis clairement.
Viens... ne me laisse pas là...
Je serai la baguette entre mes doigts. En se relevant, je vis qu'il avait comme un petit paquet dans les mains; du cuir?
Les yeux rivés dessus, il passa à côté de moi et retourna vers le comptoir, je le suivis sans trop tarder et en profitai pour reposer la baguette ni vu ni connu.
-"Chaque baguette de ma confection et que j'ai vendu jusqu'à présent renferment de substances magiques très puissantes, Mademoiselle Anderson. Nous utilisons des ventricules de cœur de dragon, des crins de licornes et des plumes de phénix, mais je dois vous avouer une chose, Mademoiselle." expliqua-t-il en ouvrant l'emballage vieilli. "Cette baguette n'est pas une de mes créations." annonça le vieil homme en me présentant cette dernière.
Le bois avait peu d'éclat, certainement parce qu'il n'avait pas été nourrit depuis bien longtemps, et se résumait en des veines bruns clair et foncé. La forme, me sembla singulière et, lorsque je mis la main dessus, je fus surprise de constater qu'en deux endroits, la baguette était glacée.
Je la rapprochai doucement de mes yeux et, à la lumière des bougies, je crus voir du métal.
-"Monsieur, je ne crois pas avoir déjà vu de baguette en métal..." fis-je remarquer; il ne fit que me regarder avec insistance. Je redoutais un peu de réessayer une baguette qui ne serait peut-être pas la bonne, mais je pris une légère inspiration avant de lever puis abaisser la pointe de la baguette; des étincelles se mirent à sortir, illuminant les yeux de l'homme d'une lueur inquiétante.
Merci...
-"Bravo." s'exclama-t-il mais je ne lui prêtai aucune attention. La sensation était étrange, j'avais l'impression que le bois risquait à tout instant de s'enrouler autour de mon poignet...
-"Mademoiselle?" m'interpella-t-il soudainement. "Puis-je." demanda-t-il en me tendant sa main. à contre cœur, je lui remis la baguette; il la regarda un peu plus longuement, la fit tourner entre ses doigts puis frotta les bagues métalliques qui enserraient le manche.
-"Mhhh...Oui, bois d'aubépine... trente-deux centimètres deux tiers..." murmura-t-il en approcha la baguette de ses yeux. "à la fois très flexible et rigide sous les bagues de laiton et à l'intérieur..." il s'arrêta dans son inspection. "C'est étrange... très étrange et" ajouta-t-il en l'agitant quelque peu.
-"Qu'y a-t-il? Le cœur serait-il endommagé?" demandai-je en essayant de rester calme; la baguette aurait-elle changé d'avis?
-"Mademoiselle, réessayez-la." me demanda le vieil homme; je déglutis difficilement mais fis ce qu'il me demanda. Lorsque j'abaissai sa pointe, d'autre étincelles sortirent en cascade.
-"Étrange..." commenta-t-il l'air pensif. "Il semblerait que votre baguette entre en hibernation lorsqu'un autre sorcier la manipule..." expliqua-t-il en s'éloignant.
-"Un cœur de baguette pourrait-il faire une telle chose?" m'étonnai-je.
-"Un crin de licorne peu se laisser dépérir, un cheveux de Vélane peut rendre une baguette capricieuse... mais, à ma connaissance, il n'y a aucune substance magique pouvant occasionner une chose pareille." m'apprit-il alors qu'il semblait chercher quelque chose. "Vous aurez aussi remarqué que cette baguette est de confection ancienne... Moyen-âge ou Antiquité peut-être..." continua-t-il en ouvrant une petite boîte en métal. "Or ces époques sont généralement considérées comme les débuts de la fabrication de baguette par des 'professionnels'... Bien que les accidents aient été nombreux et coûteux..." murmura-t-il en revenant vers moi.
Je regardai ma baguette, dubitative; est-ce une bonne chose de faire confiance à un objet si ancien?
-"Cependant, cette baguette semble vous avoir choisie et appelée dès l'instant où vous êtes entrée dans ma boutique. Je ne serais donc pas surpris qu'elle vous soit à présent entièrement dévouée..." avança-t-il, les yeux pétillants d'intérêt; je ne le partageait pas.
Soudain, la cloche de l'entrée sonna et un hululement résonna; je ne dis plus mot.
-"Et bien, avez-vous trouver la baguette idéale?" demanda-t-elle en s'arrêtant juste à côté de moi. "Tien, il te plaît?" me murmura mère avec un sourire; je voulus lui répondre, mais elle détourna immédiatement le regard. "Serait-ce la baguette en question?" interrogea-t-elle avec un regard méprisant; elle tendit la main sans rien ajouter de plus.
Le vieil homme la lui donna et, comme elle l'avait toujours fait pour mes travaux, elle l'examina point par point, testa la prise en main mais, lorsqu'elle voulu l'utiliser, rien n'en sortit.
-"Expliquez-vous." ordonna-t-elle en fusillant l'homme du regard.
-"Et bien, comme votre fille et moi-même avons pu le constaté," commença-t-il en me désignant. "cette baguette entre en 'hibernation' chaque fois qu'une personne, autre que Mademoiselle Anderson, tente de s'en servir." expliqua-t-il une fois de plus; mère retroussa le nez.
-"De quoi est-elle composée?" questionna-t-elle d'une voix cassante.
-"Elle est en bois d'aubépine, voyez la riche couleur-"
-"Elle est terne." trancha mère en posant à peine les yeux sur la baguette; elle n'avait pas tort. Elle avait été négligée, abandonnée depuis sa création... Un peu de cire ne lui ferait pas de mal.
-"Permettez." demanda-t-il poliment; mère hésita mais lui donna la baguette. La petite boîte que je l'avais vu sortir s'approcha tout à coup et, après avoir sorti un torchon, il commença à nourrir le bois. Ce n'était pas encore ça, mais après seulement quelques dizaines de secondes, le brun-grisâtre devint de plus en plus riche. "Voyez à quel point un peu d'attention peut rendre n'importe quel être plus désirable." fit remarquer le vieil homme en frottant la cire un peu plus.
-"Continuez." intima-t-elle à Monsieur Ollivander.
-"Nous disions donc, bois d'aubépine avec une longueur de trente-deux centimètres deux tiers-"
-"Cette longueur n'est pas conforme aux normes en vigueur." fit-elle remarquer.
-"En effet, elle ne correspond pas aux normes, toutefois, en tant qu'employée du ministère, vous devriez savoir que cette loi a été retirée cet été..." pointa-t-il en souriant à mère, mais le venin n'en était pas moins présent.
Elle roula des yeux, mais ne dit plus rien jusqu'à ce que nous retournions à l'appartement.
-"Va mettre la table." dit-elle en ne me prenant le hibou des mains; elle monta à l'étage avec l'animal et le reste des affaires. Soixante-dix-huit Gallions d'affaires précisément.
Je soupirai et m'attelai à faire ce qu'elle m'avait dit de faire. Quelques minutes plus tard, elle descendit et, toutes deux, nous préparâmes le repas.
Une fois le repas prêt, je m'assis et attendis qu'elle aie fini de manger; je n'avais pas rempli tous les critères. Je l'avais déçue.
Lorsqu'elle eu fini, je débarrassai son assiette, fis la vaisselle puis montai dans ma chambre et commençai à étudier les livres que nous avions acheté. Je pris également beaucoup de notes, d'où la quantité astronomique de parchemin et d'encre que nous dûmes acheter.
Je m'instruis jusqu'à ce que sept heure sonne, puis rangeai mes affaires proprement et attachai mes parchemins avant de descendre et préparer la table pour le repas du soir.
Mes yeux piquaient légèrement et mon ventre grognait de façon incontrôlable, mais je tins bon et, une fois que tout le monde fut à table, que mon assiette fut enfin remplie comme il le fallait... je dus m'excuser et retourner dans ma chambre; mon ventre avait grogné bruyamment.
C'était inexcusable.
Agacée, je m'assis devant ma coiffeuse et défis mon chignon. Soudain, un hululement sonore résonna; je sursautai. Derrière moi, deux grand yeux oranges me fixaient.
-"Tu as faim?" demandai-je en reposant ma brosse; l'oiseau ouvrit légèrement ses ailes en poussant un autre hululement exaspéré. "Oui, c'était stupide comme question..." me réprimandai-je avant de me lever et marque vers la porte; j'hésitai un moment, puis sortis.
Je descendis l'escalier et arrivai dans la cuisine; là, je pris quelques morceaux de viandes crues et les mis dans un bol.
-"Dolores, que fais-tu?" demanda soudainement la voix de père.
-"C-C'est pour mon hibou." répondis-je dune petite voix sans oser me retourner.
-"Regarde les gens quand tu leur parles." réprimanda père; je voulus rentrer ma tête entre mes deux épaules, mais m'en empêchai avant de me tourner vers lui, la tête baissée.
-"Désolée, père." dis-je en serrant le bol contre moi; un soupire résonna.
-"Ta mère m'a dit pour ta baguette." commença-t-il; je me figeai sur place. "C'est une bonne acquisition." commenta-t-il; je me relaxai un peu. "Prends un verre de lait, ça t'aidera à dormir." ajouta-t-il avant de tourner les talons. "Bonne nuit." souhaita père avant de partir et monter se coucher.
-"B-bonne nuit." souhaitai-je un peu déconcertée. Je me servis un verre, le bus puis le lavai avant de remonter dans ma chambre. Lorsqu'il me vit avec la viande, le hibou se mit à s'agiter; je lui ouvris et immédiatement, il se jeta sur le bol.
-"Bon appétit." lui souhaitai-je en prenant un grimoire sur mes genoux; je lus pendant un peu plus de deux heures puis, lorsque neuf heures trente sonna, je descendis le bol vide avant de retourner me coucher et éteindre la lumière.
