Bonjour à tous, vous qui me lisez ici.

Ceci est ma toute première fiction sur l'univers grandiose de Tolkien. Je tiens à préciser deux points avant que vous n'alliez plus loin :

- je ne garantis pas le rythme de publication, bien que l'histoire soit déjà bien avancée

- mon style d'écriture pourra vous paraître lourd, voire "imbuvable" car j'adore TOUT décrire: pots de fleur, teinture des rideaux et les draps du lit. De ce fait, l'histoire n'avancera que très lentement.

Je préfère vous en avertir afin que vous ne soyez pas surpris (même si je suis consciente que mes arguments peuvent rebuter certains lecteurs). J'espère toutefois que vous passerez un agréable moment sur ma fiction.

Bonne lecture à tous!

Disclaimer: les personnages de Tolkien ne m'appartiennent pas, mis à part mon personnage principal.

CHAPITRE 1 : Terre humide

Douleur. Froideur. Ténèbres. Elle n'arrivait pas à mettre des noms sur ce qu'elle ressentait exactement. Mais progressivement, des informations lui parvinrent. Ses yeux fermés obscurcissaient son cerveau embrumé. Elle avait l'impression d'avoir été écrasée par un troupeau de bœufs de Zimen. Son corps était ankylosé jusqu'au plus profond de ses muscles. En particulier, une douleur lancinante martelait son bras droit et son sang pulsait fortement à ses tempes. Par moment, un vent glacé se levait et mordait ses membres nus et ses joues abîmées. Des pointes désagréables, comme des petits cailloux, avaient pénétré la chair de ses genoux.

Dans un effort incroyable, elle souleva ses lourdes paupières. La nuit couvrait sa vue, ne l'aidant pas à voir davantage. Elle fit remuer ses membres, doucement, mais la douleur de son bras la paralysa brutalement. Elle avait la terrible impression qu'une lame était plantée à cet endroit-ci. Elle était terrorisée par le constat de ses blessures qui semblait ne jamais se finir. Mais elle devait réagir ou son corps gèlerait !

D'un geste sec, en s'appuyant sur son pied gauche, elle bascula sur le dos. Elle fut soulagée qu'aucune autre douleur ne la traverse, bien que son dos fût en miettes. Au-dessus d'elle, le ciel ressemblait à un plafond uniforme teinté d'un noir d'encre. En balayant son regard autour d'elle, elle distingua des arbres feuillus et au sol, ses doigts rencontrèrent une terre rocailleuse. Une clairière, sûrement.

Quand elle sentit quelques gouttes d'eau glacée tomber sur son front, elle se décida à se lever. Elle ne voulait pas subir une averse dans l'état où elle était, d'autant plus qu'elle ne semblait être vêtue que d'habits déchirés. L'air froid de la nuit s'engouffrait dans chacune des trouées de ses vêtements. Elle ne pouvait en observer davantage car aucune lumière n'éclairait ses yeux. Elle se redressa sur ses fesses dans un mouvement difficile et gémit lorsque son bras la rappela à sa douleur. Fébrilement, elle porta ses doigts à sa plaie : à son plus grand effroi, ils rencontrèrent un trait fin qui semblait fabriqué dans un bois solide : une flèche, à n'en pas douter. Elle n'en trouva pas la pointe : la flèche était sûrement brisée mais était restée fichée dans son membre. L'étourdissement s'empara d'elle.

Elle devait trouver de l'aide, tout de suite. Elle se sentait trop épuisée pour pouvoir se permettre de perdre du temps. Ses sens l'alarmaient : sa situation paraissait très précaire. Elle prit son courage à deux mains et se leva sur ses deux jambes. Une souffrance lancinante battait dans chacun de ses muscles. Que lui était-il arrivé ?

C'est alors qu'une terreur sourde, encore plus grande que ce qu'elle venait de ressentir, la réveilla totalement. Elle ne se souvenait plus de rien. Aucun souvenir. Rien.

« Qui… qui suis-je ? »

Son murmure n'était qu'un souffle rauque qui se perdit dans l'immensité de la forêt. Elle ferma ses yeux, tenta de se rappeler, de se raccrocher à une bride de mémoire, mais aucun détail, aucune parcelle de souvenir n'effleura son esprit.

Elle panique pour de bon. Elle tituba et se décida à savoir où elle était et à chercher de l'aide. Elle fit quelques pas et heurta quelque chose de mou. Elle se baissa et tâta l'obstacle.

Elle ne put retenir un cri lorsqu'elle se rendit compte qu'elle venait de toucher un ventre ensanglanté. La pluie s'intensifia alors et les gouttes cliquetèrent sur ce qui semblait être des plaques de fer. Celles de la personne étendue à ses pieds. Ses réflexes prirent le dessus sur sa peur puisqu'elle s'empressa de chercher un pouls quelque part. Elle s'aperçut que c'était un homme. Et c'est tout ce qu'elle obtint de ce cadavre, car en effet, après quelques minutes de silence, aucune pulsation ne lui parvint.

Elle se redressa vivement et commença à fuir cette clairière, s'engouffrant dans les arbres. Elle ne semblait pas avoir perdu sa raison, car elle avait pressenti que sa situation était peut-être plus grave qu'il n'y paraissait. Elle, inconsciente, blessée en plusieurs endroits et une flèche plantée dans son bras un cadavre portant des sortes de cuirasses, un soldat à n'en point douter. Elle ignorait ce qu'il s'était passé, mais cet homme n'avait pas l'air d'avoir été son ami. Sauf s'il la protégeait… mais de quoi ?

Elle courrait du mieux qu'elle le pouvait, bien qu'elle claudiquait maladroitement. Elle glissait sur des feuilles ou heurtait parfois un tronc, mais elle ne s'arrêtait pas malgré la douleur de son corps. La cime des arbres feuillus la protégeait quelque peu de la forte pluie qui tombait. Pendant des minutes pareilles à des heures, elle ne s'arrêta pas.

Alors qu'elle contournait un arbre, une lumière attira soudain son regard. Là-bas, dans les ténèbres, une boule de feu brillait, vacillante. Quelqu'un qui faisait du feu. Que devait-elle faire ? Y aller ? Peut-être était-ce quelqu'un qui lui voulait du mal ? Mais la fatigue et la douleur eurent raison de son hésitation, et elle s'avança lentement vers cette lumière.

Par précaution, elle s'abrita tout de même derrière un buisson. Un feu fragile brûlait sur un tas de bois, protégé par une tente de fortune. Sous cet abri, elle discerna les contours d'un vieil homme. Assis sur un tabouret, il portait une sorte de longue soutane et un chapeau dont elle n'arrivait pas à identifier la couleur à cause des ténèbres l'environnant.

Un hennissement la détourna soudain de cette image. Derrière la tente, elle apercevait une charrette à laquelle était attaché un cheval trempé par la pluie.

Elle ne put penser davantage car une main la plaqua soudain au sol. Elle poussa un cri à cause de la douleur de son bras et se figea lorsqu'elle sentit une pointe froide sous son cou. Elle leva les yeux et reconnut le vieil homme qui la menaçait maintenant d'une épée.