Auteur : Sayuri Nobara
Base : Nightmare – Merry et d'autres plus tard...
Pairing : Pour l'instant, y en a pas vraiment :\
Disclaimer : Qui veut des bonbons ?
Genre AU, le reste lisez X3
Note : Mon idée m'a été inspirée par une de mes fic' préférée, 'Un petit air de musique' d'Hikari... J'ai rêvé de faire une fic' tout au moins aussi belle que celle-ci... Titre de la fic' longuement cherché XD Finalement, il a échoué d'une chanson de Vidoll (oui pax il y aura aussi un protagoniste de ce groupe-ci o)
Titre : Innocent Teens
Chapitre 1 : L'homme au tableau


Il leva les yeux vers la vieille bâtisse, son sac pendant négligemment sur son épaule, et referma la bouche qu'il avait ouverte de surprise. Il cligna des yeux et regarda autour de lui avant de se décider, la main moite, à pousser la lourde grille de fer. Elle bougea lentement sur ses gonds, se laissant chasser de son emplacement dans un grincement aigu de métal rouillé, avant de rester en place une fois qu'il fut à l'intérieur. Sakito longea le petit chemin de graviers blancs bordé d'herbes folles, le regard toujours fixé devant lui, apercevant une porte en chêne massive, tout aussi énigmatique que l'environnement dans lequel il se trouvait, et vint y frapper, se sentant un peu perdu.

- Ah ! s'exclama doucement la vieille femme en ouvrant presque aussitôt. C'est toi ! Je t'attendais. Entre, entre donc, ne reste pas dehors !

- Merci, Kanagure-san...

Sakito pénétra dans le vestibule sombre dans lequel l'invitait son hôte, le regardant passer d'un œil bienveillant.

- Je suis heureuse que tu sois venu. Bien peu de monde de nos jours trouve encore cela normal d'aider une vieille femme en difficulté.

Elle le conduisit jusqu'à une vaste véranda, entourée de vitres salies par le temps, par lesquelles on pouvait encore entrapercevoir la désolation du magnifique jardin qui avait vécu, mais n'était plus maintenant qu'un vaste domaine abandonné. Sakito avait longuement hésité avant de venir au rendez-vous fixé par la vieille femme, un peu gêné et impressionné par la demeure quelque peu lugubre qu'il avait aperçu peu après être descendu du bus, tenant dans ses mains l'adresse griffonnée. Il avait du prendre le temps de peser le pour et le contre, mais s'était finalement dit que cette dénommée Kanagure ne devait pas recevoir grand monde, et elle lui paraissait assez honnête pour qu'il fasse l'effort de venir lui rendre visite dans un coin aussi reculé de sa ville natale.

Le jeune adolescent, à peine âgé de dix-sept ans, avait accompagné son meilleur ami jusqu'au bus, un garçon assez excentrique mais sur qui il pouvait compter, et l'avait pris avec lui, ne descendant cependant pas à son arrêt habituel, continuant sur la ligne jusqu'en dehors de la ville. Il y avait quelques jours, cette même vieille femme avait été proprement agressée dans une des rues par laquelle il passait tout les jours en revenant de son lycée, alors qu'elle revenait de ses courses, et Sakito, rassemblant tout son piètre courage, avait arrêté le voleur de sac à main en lui courant après. Il était connu pour être un des plus rapides de son établissement, ce qui lui avait fait acquérir popularité et cohorte de filles extasiées.

Il regarda autour de lui, impressionné par la propreté de la pièce qui contrastait fortement avec les plantes grimpantes et les mauvaises herbes qui proliféraient dans le jardin.

- Oh, ce n'était rien. Il ne fallait pas vous sentir obligé de m'inviter.

- Mais cela me faisait plaisir ! répondit-elle en souriant, l'ayant laissé seul un moment pour revenir avec un petit plateau chargé de biscuits et de deux tasses de thé.

- C'est grand ici...

- Oui, c'est vrai. Grand et vide, malheureusement.

- Vous vivez seule ?

Elle eut un instant d'hésitation et fit un petit hochement de tête sans répondre. Sakito la regarda muettement sans rien dire, puis défit le col de sa chemise d'uniforme, fourrant sa cravate dans la poche de son veston. Il attendit poliment qu'elle l'invite à boire pour commencer à avaler son thé. Tout à coup, un bruit de verre brisé se fit entendre, et la vieille femme soupira en se levant.

- Bah, c'est encore cette saleté de chat ! Il m'en fait voir des misères ! Mais que veux-tu... Attends-moi une minute, je vais le chercher.

Elle disparut dans le couloir, pestant contre l'animal qui lui avait probablement encore renversé un vase. Resté seul, Sakito s'aperçut alors que sur tout un pan de mur reliant la véranda au reste de la maison, il y avait des tableaux très sombres, que l'on confondaient presque avec la tapisserie sur laquelle ils étaient accrochés. Il se déplaça jusqu'à eux pour les examiner. Il y avait plusieurs natures mortes, des paysages intrigants qui lui rappelèrent la disposition du jardin extérieur, mais les peintures étaient désarmantes, car emplit de pessimisme, de malheur. Il n'y avait qu'un portrait, celui d'un homme au visage d'une extrême blancheur, aux yeux noirs fatigués qui le troublèrent. Ce qu'ils exprimaient était si fort qu'il se recula un instant pour s'arracher à leur intensité. De la peine. De la solitude. Il détourna la tête du tableau pour lentement arriver au couloir.

- Ka... Kanagure-san ? Vous êtes là ?

Personne ne lui répondit. Tout était presque trop calme. Il eut la désagréable impression que pourtant il n'était pas seul. Il recula et heurta une marche. Un escalier s'ouvrait sur sa gauche, tapi de rouge bordeaux piqué d'étoiles dorées, et l'observa un moment, un peu surpris. Tout ici semblait comme dans ces vieux romans européens pleins de mystère, le stéréotype du manoir silencieux, des bruits inconnus et des sensations perturbantes. Mais Sakito était un jeune garçon curieux, trop curieux peut-être. Sans qu'il ne s'inquiète réellement de son audace, il posa le pied sur la première marche, et poursuivit pas à pas son ascension. L'escalier grinçait, aussi fit-il plusieurs poses pour écouter s'il lui parvenait le moindre signe de vie. Mais tout était aussi immobile que s'il était le seul être vivant présent. Il arriva au palier, et une longue galerie s'étirait devant lui, plongée dans l'obscurité, sentant la rose fanée et l'encens, seul détail qui le ramenait à la réalité, et lui faisait reprendre conscience qu'il était toujours au Japon. Il tâtonna, laissant ses yeux s'habituer au peu de lumière, et osa continuer sur une certaine longueur, bien qu'il se sentit bien vite découragé. Il allait faire demi-tour, croisant en frissonnant son reflet dans un miroir luisant pourtant bien poli, lorsqu'une petite mélodie parvint à son oreille. Il cessa tout mouvement et écouta, marchant alors avec une extrême délicatesse vers l'endroit lui semblait venir cette étrange petite musique. Doucement, elle résonnait dans sa tête, l'entraînant dans son entêtante et lente poésie. Bientôt, il se surprit même à la fredonner, approchant à pas feutrés de la porte qui se découpait devant lui. Il n'était plus bien loin, avançant la main hésitante vers la poignée, le cœur battant d'excitation, lorsqu'il sentit une présence derrière lui et poussa un cri en se retournant.

- Que fais-tu là ? gronda Kanagure en le regardant d'un air sombre qui lui fit froid dans le dos.

- Je... je suis désolé, je vous cherchais... Je dois partir... Je vais rater le bus sinon...

Tout en parlant, il se déplaçait imperceptiblement vers l'escalier, tremblant légèrement sous le regard lourd de reproches. Il chancela, se rattrapa à la rambarde pour ne pas chuter maladroitement et commença à redescendre, honteux d'avoir été pris en faute. La vieille femme le suivait sans répondre, et lorsqu'il se retourna avec un vif sentiment de crainte pour voir son expression, il fut surpris de la voir sourire.

- Mes biscuits t'ont-ils plu ?

- Euh... Oui... Ils étaient délicieux...

Il la vit sans comprendre lui passer devant et revenir s'asseoir sur sa chaise délaissée un instant plus tôt.

- J'étais sûr que cet animal avait encore joué là où il ne fallait pas...

- J'espère qu'il n'a pas trop causé de dégâts, s'enquit poliment le jeune garçon, debout à côté d'elle.

- Oh non, ne t'en fais pas. Tu dois partir, as-tu dit ?

- Hai, il est l'heure.

- Oh ! Je n'ai pas eu l'occasion de te montrer ce que je voulais te faire voir... Peut-être voudrais-tu revenir un de ces jours ?

- Je ne voudrais pas vous déranger...

C'était davantage ce malaise qu'il avait ressentit à son étrange comportement qui le poussait à ne jamais remettre les pieds dans cette maison, mais il ne savait toujours pas ce qu'était que cette musique qu'il n'avait pourtant pas inventé. Il n'y avait pas fait attention sur le coup, trop pris par la surprise d'avoir été découvert, mais elle s'était éteinte dès que Kanagure avait commencé à parler.

- Penses-tu ! Je t'y invite même.

- Vraiment ?

- J'en serais ravie ! Reviens le même jour à la même heure la semaine prochaine.

- Je n'y manquerais pas...

Il ramassa son sac et s'apprêtait à faire demi-tour lorsque son regard accrocha celui de l'homme au tableau.

- Dites... Qui est-ce ?

Sans même regarder ce que lui désignait le jeune garçon, elle répondit sur un ton neutre :

- Personne.

Cette vieille femme était vraiment étonnante... Il sentait bien qu'au fond quelque chose d'insolite se déroulait dans ce manoir aux allures fantomatiques, et cela le poussait à y revenir. Curieux, trop curieux...

OoO

Lorsqu'il quitta enfin son hôte, s'engageant vers la sortie en soupirant de soulagement, l'esprit un peu trop perturbé par cette intrigante aventure, Sakito se retourna à demi pour faire un petit signe de la main à Kanagure restée sur le pas de la porte pour le voir partir. Il sourit lorsqu'elle lui renvoya son geste, et laissa vaguement courir son regard sur toute la surface de l'édifice. Soudain, il se raidit, pétrifié par ce qu'il voyait. Là, à une fenêtre en hauteur, il le voyait clairement ! Ce visage... C'était le même que celui du tableau ! Incroyablement aussi empreint d'émotion... Il resta là, aussi immobile qu'une statue, les yeux écarquillés, subjugué par ce visage tout aussi blanc et beau... Et ses yeux ! Ses yeux le fixaient, avec intensité, même de loin il pouvait y lire le même sentiment ! Quelque chose naquit au fond de lui, sans qu'il su dire ce que c'était réellement. Et... Il y avait autre chose... Une sorte de stupeur, d'étonnement qu'ils semblaient ressentir mutuellement...

- Okurozano-kun ?

Sakito baissa les yeux, s'arrachant à sa muette contemplation pour rencontrer le regard étonnement grave de Kanagure.

- Euh... Je...

Il porta à nouveau son attention vers l'ouverture de verre et s'en trouva démuni lorsqu'il n'y vit plus personne.

- Mais... Il y avait un homme...

- Que dis-tu ? Je n'entends pas !

- Non... Ce n'est rien ! A la semaine prochaine !

Il se hâta de quitter le jardin, sentant de nouveau peser sur lui ce regard vibrant qui le faisait frissonner.

- Je sais que tu me regardes, murmura-t-il sans se retourner. Je découvrirais qui tu es...

Il fit encore quelque pas à une allure normale, puis parti en courant le long du chemin qui menait à l'arrêt de bus suivant, n'ayant aucune envie d'attendre encore un peu plus longtemps devant cette grille qui lui fichait la frousse.

OoO

- Bouuh !

Le cœur de Sakito rata un battement lorsque deux mains chatouilleuses se glissèrent sur ses côtés, les malmenant sans pitié.

- Imbécile ! Tu peux pas dire bonjour aux gens comme tout le monde ?

Il donna un petit coup dans l'épaule d'Hitsugi qui se mit à rire en marchant à ses côtés, la chemise comme toujours sortie du pantalon lâche, celui-ci simplement retenu par une ceinture cloutée.

- Ben alors Saki-chan, la vieille d'hier t'as fait des misères ? Non, me dis pas que tu as...

- Mais arrête ! T'es ignoble comme type ! Mais qui m'a foutu un meilleur ami pareil ?

- T'as fini de râler oui ? Imagine-toi un pote semblable à tous les autres ! Ce serait beaucoup moins drôle, t'es d'accord ?

- Ne me force pas à te donner raison, tu sais que je déteste ça...

Il esquissa un sourire. Encore une journée qui débutait bien. Ces petits moments entre amis, à rire de tout et de rien, à se moquer sans être méchants, d'eux-mêmes et de la Terre entière, il aurait donné n'importe quoi pour que sa vie ne soit faite que de ça.

- Alors, elle était comment sa piaule à la vieille ?

- C'est... un truc super grand, qui ressemble aux manoirs anglais, sombres et étranges...

- Aaah ouais, les trucs hantés là ?

- Non ça c'est écossais, baka...

- Ecossais, anglais, ils sont tous pareils !

- T'apprécie qu'on te prenne pour un chinois ?

Hitsugi lui tira allègrement sa langue percée avant de regarder passer la jupe courte d'une lycéenne de leur classe. Sakito soupira en lui mettant la main devant les yeux.

- Arrête de baver, Nori est trop bien pour toi.

- Briseur de rêves ! grommela son ami alors qu'ils pénétraient tout deux dans le couloir de leur classe. Et t'as fait quoi chez elle ?

- Hein ? Chez qui ?

- Bah ta ridée là...

- Elle s'appelle Kanagure, bon sang !

- Rooh ça va... Bon alors ?

- En fait, je suis pas resté très longtemps. Quelque chose m'a intrigué.

- Quoi donc ?

- Il y avait de très beaux tableaux dans la pièce où nous nous trouvions. L'un d'eux représentait un homme...

- Et ?

- Et bien cet homme je l'ai vu à la fenêtre quand je partais, et je suis presque sûr maintenant que j'ai eu le temps d'y penser, qu'il était dans la chambre à l'étrange mélodie que j'ai entendue avant que Kanagure-san me surprenne.

- Euh... Ouais... J'ai envie de dire : et alors ?

- Et alors ? Je me sens... bizarre lorsque je regarde ce tableau. Et quand j'ai croisé le regard de cette apparition, j'étais... chamboulé...

- Tu veux pas plutôt dire 'excité ' ?

- Eh ! T'as pas bientôt fini de penser avec autre chose que ton cerveau ?

- Ben quoi, c'est rationnel !

- Pas du tout !

- Alors pourquoi tu rougis ?

- Ça suffit les questions !

Il avait haussé le ton sans s'en rendre compte et un grand silence se fit tout à coup dans la salle de classe, les regards tous tournés vers lui. Gêné, il fit un petit signe que tout allait bien, et les autres adolescents recommencèrent leurs bruyantes activités.

- Eh... Je voulais pas t'embarrasser, ajouta Hitsugi, ayant perdu son sens habituel de l'humour.

- C'est pas grave...

- Tu vas y retourner ?

- Oui, normalement mardi prochain.

- Tu veux que je vienne avec toi ? Comme ça je distrairai la v... euh... Kanagure-san, tu auras le champs libre pour aller voir ton bel inconnu.

- Je ne pense pas qu'elle te laisserait entrer. Elle n'a pas l'air de laisser pénétrer grand monde chez elle. Mais c'est gentil de te proposer...

- Tu me raconteras hein, dès que tu auras découvert qui s'est...

- Oui oui...

- Et si... tu approfondis ta relation avec lui...

- Hitsugi !

Il lui fit les gros yeux, s'apprêtant à vertement l'envoyer voir ailleurs, lorsque le professeur entra, de son air naïf et sénile, et chacun alla pesamment prendre sa place pour que commence le cours d'anglais. Sakito ne cessait de penser à ce visage auquel il avait rêvé toute la nuit. Il n'arrivait plus à se le sortir de la tête. Et il repensait à la remarque de son meilleur ami quelques instants plus tôt. S'était-il réellement senti excité par l'attention que lui avait conféré l'homme du tableau ? Il haussa les épaules et tenta de se concentrer sur l'énumération de verbes irréguliers que l'énergumène devant lui tentait de lui enfoncer dans le crâne. Vivement mardi prochain...

OoOoO

Mot de la fin : Voilà, j'ai posté, alors chut, on m'embête plus XD