Le soleil se levait. J'allais devoir agir rapidement. Le camp semblait gardé par seulement huit soldats, ça ne devait pas être trop compliqué à gérer. Il ne me restait plus qu'à repérer et capturer ma cible. J'observais quelques secondes les piètres installations, et repérai la tente qui semblait la plus luxueuse. Le glorieux exécuteur de Noxus avait de fortes chances de s'y trouver. Il était d'inutile d'angoisser. Il me suffisait de pénétrer discrètement dans le camp, entrer dans cette toile de tente, capturer la cible sans la tuer, et m'enfuir si possible aussi discrètement qu'à l'aller. Si le chemin retour était susceptible de me poser des problèmes, je n'avais qu'à l'interroger sur place.
Avancer sans se faire repérer était plus compliqué que je ne l'avais imaginé. Les gardes noxiens étaient sans cesse sur leurs gardes, à tourner la tête au moindre bruit de mouche. Finalement, j'atteignis mon objectif après des dizaines d'interminables secondes. Je me serais presque attendu à découvrir une femme ou deux à ses côtés, mais il était seul, dormant comme un nourisson. C'était relativement impressionnant de découvrir un homme aussi fier dormir dans une position enfantine.
Il fut aisé de le réveiller sans le brusquer. Un souffle dans le visage lui fit ouvrir doucement les yeux, et lorsque il sentit ma lame juste sous sa gorge, toute envie de crier disparut.
Je ne me souviens pas avoir demandé d'escorte sensuelle pour mon réveil, s'étonna-t-il.
- Nous n'avons pas le temps pour les plaisanteries, bourreau. Il me faut des renseignements.
- Que... Qu'est-ce que vient faire ici le Disgracié ?
- Je viens de te répondre. J'ai besoin de savoir qui, dans les rangs noxiens, maîtrise la technique du vent.
- Ah, je vois, soupira-t-il. Maintenant que la ligue des légendes prend fin, tu règles tes comptes.
- Je cherche juste à rentrer chez moi. Tu as des noms, lanceur de haches ?
- Le seul soldat maîtrisant la technique du vent parmis nous est partit depuis longtemps désormais.
- Tu es bien sûr de toi ? vérifiai-je.
- Si ce n'est pas la vérité, je...
Draven fut interrompu par l'alerte déclarée par les gardes de camp. Deux soldats venaient d'être abbatus par un inconnu et la tente allait bientôt grouiller de noxiens. Il fallait décider maintenant si je partais avec ou sans le bourreau.
Tu veux vivre ? Suis-moi. Si des demacians sont en train de décimer ta garde personnelle, tu es leur cible, lui dis-je.
- Quoi ? Ils ne sont pas avec toi ?
- Je n'ai jamais vraiment été fait pour le travail d'équipe.
- Sauver un général Noxien n'arrangera pas tes relations avec Ionia, jeune sabreur, me lança-t-il. De plus, tu n'as aucune raison de me sauver, je t'ai dit tout ce que je savais et il se trouve que tu étais déjà au courant. A moins que mon physique te plaise tellement que tu refuses qu'il soit endommagé, ricana-t-il sournoisement.
- C'est une question de conscience. Tu vas devoir choisir rapidement.
- Mmmh... C'est d'accord, mais j'espère que ce n'est pas seulement pour mieux voir mon profil.
Draven avait au moins le mérite de parvenir à me faire sourire, ce qui était suffisament rare pour en faire la remarque, mais il restait Noxien, et les Noxiens étaient l'origine de mes problèmes. Je vérifiai les alentours de la tente, puis, ne décelant rien de spécial, tirai Draven en dehors de sa demeure pour le faire marcher en première ligne, simplement pour éviter une fuite de sa part.
Ce qu'il se passait au camp était indescriptible : les gardes personnels du glorieux executeur tombaient les uns après les autres, sans jamais comprendre d'où venaient les flèches qui leurs transperçaient le coeur. Cependant, à la cadence où les flèches étaient tirées, ce n'était l'oeuvre que d'une personne. Une personne sur-entraînée au tir à l'arc et à l'abattage humain de masse. Déjà six des huit soldats ne se relèveraient plus. Nous parvînmes à nous tirer d'affaire après être passés de couvertures en couvertures jusqu'à l'orée du bois. Il était maintenant impossible de savoir si les deux derniers gardes étaient encore debouts, mais à en juger par le bruit des flêches, ils avaient déjà rendu l'âme. Nous n'étions pas encore hors de danger, même après avoir parcouru une centaine de mètres. Il fallait penser à rejoindre un village proche sans revenir sur nos pas. Seulement, nous étions en plein Icathia et la région était proche d'être déserte.
J'espère que tu connais les environs, Draven, lui dis-je.
- Tu m'appelles par mon prénom désormais ? Je dois t'accorder le fait qu'il ait la classe.
- Cesse de te la ramener et trouve nous un abri.
- Eh, je ne faisais que trouver une raison. Il y a un petit village en hauteur, au Nord-Ouest. On y sera en sécurité et tu pourras me laisser repartir à Noxus.
- Je n'ai pas encore décidé de ton sort, rétorquai-je.
Et je ne le fis jamais. Quelqu'un d'autre s'en chargea à ma place. Ce n'était au départ qu'un sifflement, mais il s'intensifia à une si grande vitesse que j'eu à peine le temps de mettre en place un mur de vent pour bloquer le projectile, et je ne pus le garder très longtemps en place. Je dégainai mon sabre pour attaquer l'ennemi de front, mais personne n'était dans les environs. Je vérifiai les alentours d'un rapide coup d'oeil lorsque la deuxième flèche déchira littéralement l'air et transperça le coeur de Draven le bourreau. Il s'écroula, et son visage exprimait un sentiment d'incompréhension.
C'était incompréhensible.
