Chapitre 1 - Une réception inattendue
Notre histoire débute dans la Comté, une charmante région peuplée d'étranges petites gens, les hobbits. Très conviviaux, et aimant la bonne nourriture, c'était des êtres paisibles, qui aimaient vivre tranquillement, sans aventures d'aucune sorte.
L'un d'eux, Bilbon Sacquet, habitant sous la colline à Cul-de-Sac, se retrouva malgré lui entraîné dans une incroyable aventure.
Il fut choisi par Gandalf le magicien, pour intégrer une compagnie de nain, et ce au titre de cambrioleur. Mais ça il ne le savait pas encore vraiment.
Voilà pourquoi, ce soir-là, le magicien et toute une troupe de nains étaient attablés dans la salle à manger du hobbit. Celui-ci faisait une drôle de tête, en voyant les nains dévaliser son garde-manger.
Les nains sont si reconnaissables, avec leur petite taille, leur forte corpulence, et surtout leur longue barbe. Mais ce n'est pas le cas des femmes naines, qui ressemblent en tout point aux femmes du peuple des hommes, excepté par la taille. L'autre différence notoire, est leurs cheveux, exceptionnellement épais, et qui atteignent très vite une longueur démesurée.
Et justement, parmi ces joyeux compagnons, se trouvait une femme, une naine, Cassandra.
Elle était très belle, ses longs cheveux châtains avec des reflets de bronze rassemblés en une tresse qui pendait sur son épaule. Ses yeux étaient un mélange de vert, de bleu et de gris. Elle portait une tenue de voyage de couleur marron, ainsi qu'une cape de la même couleur. Une épée était accrochée à sa ceinture de cuire.
Comment était-elle arrivée là, coincée entre Bofur et Kili, autour de la petite table de Bilbon croulant sous la nourriture, elle n'en savait trop rien… ! Elle avait croisé la route de Fili et Kili quelques jours auparavant. Elle leur était venue en aide dans une petite auberge alors que les voyageurs et rôdeurs présents ce soir-là, ayant bien mangés et bien bus, avaient voulu « tâter du nain ». Sous leur apparence jeune, les deux frères étaient bien entraînés, et avec l'aide de Cassandra, ils avaient vite mis hors d'état leurs adversaires. Après cela, ils avaient sympathisés avec elle, et c'est ainsi qu'ils avaient continués leur chemin ensemble.
Cassandra, ou Cassie, comme l'appela vite Kili, voyageait sur les routes depuis un bout de temps, sans but précis. C'est tout naturellement qu'elle accepta l'invitation des deux frères, pour participer à la quête. Il faut dire qu'ils étaient très enthousiastes, et avaient tendance à oublier le dragon qui les attendait pour parler du plaisir qu'ils auraient à voyager tous ensemble.
Cassandra avait beaucoup aimé Bilbon dès qu'elle l'avait vu. Elle devinait en lui un être bon et jovial, bien qu'il n'ait pas l'air enchanté d'accueillir tous ces nains dans son trou. Gandalf trouvait excellant d'avoir une fille dans leur compagnie.
« Cela amènera peut-être un peu de bon sens et de délicatesse à certains de ces nains. Ils sont restés trop longtemps entre eux, en faisant fi des bonnes manières ! » se dit-il pour lui-même.
En effet, surtout à table, les nains ne savent pas se tenir. Il faut vous accrocher si vous invitez à diner plus d'un ou deux d'entre eux. Les femmes naines ne sont pas comme ça. Pourquoi ? Et bien simplement car les hommes nains restent très souvent entre eux, loin de leur famille, à la recherche de trésors, loin dans les mines et sous les montagnes. Ils ont donc pris certaines mauvaises habitudes qui déplaisaient passablement à Cassandra ce soir-là.
Elle n'avait pas vécu parmi les siens depuis longtemps, et elle avait du mal à renouer avec certaines habitudes.
Une fois la vaisselle faite et empilée, tous étaient attablés en riant et plaisantant, quand on frappa à la porte.
« C'est lui », fit Gandalf.
Tous avaient fait silence, et en voyant leur visage, Cassandra devina que la personne qui arrivait devait être quelqu'un de très important.
Ils se levèrent pour accompagner Gandalf qui alla ouvrir la porte.
Sur le seuil, se trouvait un nain, vêtu de bleu foncé, mais dans la nuit tombante, il paraissait vêtu de noir, avec une longue cape. Ses longs cheveux ondulés, noirs aussi, encadraient un visage plaisant, mais dur, et presque triste pensa Cassandra. Ses yeux paraissaient d'un noir profond.
Il dégageait quelque chose de solennel, avec beaucoup de prestance.
« Gandalf. Vous aviez dit que ce serait facile à trouver. Je me suis perdu, deux fois. Je n'aurais jamais trouvé s'il n'y avait eu le signe sur la porte », dit le nouvel arrivant.
Il fit grande impression à Cassandra, avec sa voix grave et profonde, et plus encore quand elle entendit Gandalf le présenter :
« Bilbon, je vous présente Thorin Ecu-de-Chêne, le leader de cette compagnie ».
Thorin accueilli Fili et Kili en souriant, et quel sourire ils semblaient bien se connaître. Il inspecta ensuite Bilbon.
« Alors… c'est le hobbit ! Quelle arme préférez-vous ? »
« Je vous demande pardon », lui dit Bilbon, surpris.
« La hache ou l'épée ? Avec quoi préférez-vous vous battre ? » lui redemanda le nain.
« A vrai dire, je suis assez doué en fléchettes », dit Bilbon, assez fier de lui.
Cassandra, un petit sourire en coin, avait de la peine pour Bilbon, qui ne semblait pas savoir dans quoi il allait être entraîné.
« C'est bien ce que je pensais, il ressemble plus à un épicier qu'un cambrioleur », dit Thorin en s'éloignant vers la table.
Notre hobbit ne se montrait pas vraiment à son aise, et semblait outré de s'entendre dire qu'il était un cambrioleur.
C'est alors que Thorin tomba sur Cassandra. Il s'arrêta, surpris. Il était plus grand qu'elle d'une tête.
« Je n'ai pas le plaisir de vous connaître», dit-il. Il eut l'air de retrouver ses bonnes manières en abordant une naine.
« Non. Je m'appelle Cassandra, fille de Samara, pour vous servir », lui répondit-elle en observant les convenances et faisant une petite révérence. « On m'a proposé de me joindre à votre aventure ».
Thorin semblait surpris de voir une femme parmi eux, mais il ne fit aucune remarque. Il réservait son jugement pour plus tard.
C'est Dwalin qui formula le doute qui étreignait sans doute le prince nain.
« Et cette charmante demoiselle, sait-elle se battre, elle ? » dit-il en la jaugeant de toute sa hauteur. C'était le plus grand de la compagnie, et avec son crâne dégarni et ses tatouages, il intimidait quelques peu Cassandra.
« Je me débrouille bien à l'épée », répondit-elle, consciente d'être le regard de tous.
« Oh elle sait se battre ! » intervint Fili, qui avait assisté à ses exploits la veille.
« Et même fichtrement bien ! » renchérit Kili.
Une fois Thorin attablé, les autres se montrèrent beaucoup plus graves, et les plaisanteries cessèrent. Ils attendaient des nouvelles, et furent déçu de savoir qu'ils ne pourraient compter que sur eux-mêmes, Daìn ayant refusé de les accompagner dans leur quête.
« Ils disent que cette quête est la nôtre, et seulement la nôtre », expliqua Thorin.
« Allons ! Nous avons un magicien avec nous ! Je suis sûr que Gandalf a déjà tué des centaines de dragons dans sa vie ! », lança Kili.
« Heu non, je ne dirais pas… », commença Gandalf.
« Combien ? » lui demandèrent les nains.
Gandalf s'étouffa avec sa pipe. Cassandra se doutait qu'il l'avait fait exprès, car à son regard elle comprit qu'il n'avait pas souvent tué des dragons, et même peut-être jamais.
Là-dessus, tous les nains élevèrent la voix et se mirent à se disputer. Thorin se leva soudain et, élevant la voix, il ramena tout le monde au calme. Cassandra était fascinée.
« Si nous avons vu les signes, ne pensez-vous pas que d'autres les auront vu aussi ? Bientôt, on accourra de partout vers la montagne, dans l'espoir de s'approprier le trésor. Allons-nous les laisser faire, ou saisirons-nous cette chance de reprendre Erebor ? ». Sur ses derniers mots, tous les nains lancèrent des cris.
Gandalf remit une carte et une clé à Thorin, grâce auxquelles ils pourraient découvrir une entrée secrète dans la montage, leur destination.
Grâce aux questions de Bilbon, Cassandra en apprit plus sur la quête. Elle avait déjà signé le contrat à son arrivée, mais se demandait si Bilbon le ferait.
Elle avait l'habitude de voyager à la dure, et n'avait pas peur de se battre, bien que la quête à laquelle elle allait prendre part semble défier tout ce qu'elle connaissait. Elle se sentait un peu inquiète, mais ce n'était rien comparé à Bilbon, qui tomba dans les pommes.
Thorin avait l'air exaspéré. Il échangea quelques mots à voix basse avec Gandalf. C'est à ce moment-là, profitant du bruit provoqué par ses compagnons pour aider Bilbon à se relever, qu'il lui demanda :
« Qui est cette femme qui nous accompagne ? Qu'a-t-elle accompli pour mériter votre confiance ? »
« Oh, elle s'intégrera parfaitement à la compagnie, et à mon avis elle pourra être d'un grand réconfort à ce bon Bilbon », mais il refusa d'en dire plus. Lui aussi voulait que Thorin se forge sa propre opinion.
« Je ne peux garantir leur sécurité », reprit le nain.
« Entendu », lui dit le magicien.
« Et je ne serais pas responsable de leur sort », ajouta-t-il.
« C'est d'accord », conclut le magicien.
Cassandra n'arrivait pas à dire si elle appréciait Thorin ou non. Il n'était pas comme les autres nains, avec lesquels elle s'était facilement liée d'amitié. Elle avait eu vent des histoires sur la famille de Thorin, bien qu'elle ne les connaissent pas en détail. Elle était là, perdue dans ses pensées, quand une chanson commença elle reconnut la voix de Thorin, bientôt accompagné des autres. La mélodie lui fit vibrer le cœur, et ses pensées s'égarèrent vers la montagne solitaire, et le dragon.
