Genre : yaoi, historique

Disclamer : ces personnages ne sont pas à moi, malheureusement, et pourtant Dieu sait que j'en prendrais soin si je les avais…….

Alors je vous dois une petite explication : j'ai vu un film qui m'a beaucoup touché (ce qui est trés rare d'habitude, ça doit être l'âge…) intitulé La Putain du roi. C'était la première fois que je voyais une passion aussi forte et aussi égoïste. Je n'ai cessé d'y penser le lendemain et comme je n'arrivais pas à m'en débarrasser, j'ai décidé d'en faire une fic avec mes persos favoris, à savoir ceux de Saiyuki !

C'est donc un remake version Saiyuki, mais j'ai changer beaucoup de choses quand même ! D'ailleurs, j'ai ajouté trois personnages qui n'étaient pas dans le film, j'en ai enlevé et j'ai mis une suite, bref je me suis construit une petite saga qui me plaît beaucoup, ce qui signifie qu'elle a encore de beaux jours devant elle !

J'espère aussi qu'elle vous plaira, et si jamais vous vous posez des questions sur le film, je serais heureuse d'y répondre, quitte à vous dévoiler toutes les ficelles de ma fic !

Bonne lecture !

La Putain du roi

Ils étaient trois à se battre à l'épée, en plein milieu du champs. Deux autres observaient, impassibles. Il ne faisait pas trop chaud, une légère brise soufflait sur la plaine et le sol était sec : le temps idéal pour un entraînement à l'épée.

Aussi le combat aurait dû être agréable si l'un des escrimeurs n'avait été le roi en personne. Ses adversaires, craintifs de lui faire le moindre mal ou d'encourir sa colère en se montrant meilleurs que lui, retenaient leurs coups et combattaient mollement, se laissant écraser comme des mouches. Ce qui avait le don d'agacer le roi qui dans sa colère se défoulait littéralement sur eux en leur criant dessus.

- Bande de lâches, allez, combattez plus vigoureusement ! Vous battez-vous vraiment comme cela sur un vrai champs de bataille ? Ou est donc votre énergie ? Dire que je vous avais choisi pour m'entraîner à l'épée, la prochaine fois je prendrais de meilleurs combattants !

- Sire, lui répondit l'un de ses adversaires, nous faisons pourtant de notre mieux !

- Balivernes, vous êtes pire que des chiffes molles ! Et vous vous faites appeler duc ou comte ? Allez, du nerf, battez-moi donc !

- Majesté, c'est impossible, vous êtes trop fort.

Dans un geste d'agacement, le roi jeta son épée à terre, mettant fin au combat. Ses deux adversaires firent une courbette avant de s'éloigner vers leur valet qui les attendaient avec des rafraîchissements et des serviettes. Quand au roi, il se dirigea vers un homme blond qui lui lança un regard de mépris. Le remarquant, le roi fit une grimace.

- Arrête Sanzo, je sais que tu désapprouves mes emportements, mais tu as vu comme moi combien ils étaient lâches !

- Et alors, c'est bien normal, ils redoutent ta colère si jamais ils te battaient ! C'est la vie de courtisan et tu devrais le savoir depuis le temps Gojyo !

Le roi sourit lorsque son ami l'appela par son prénom. Cela faisait bien longtemps que l'on ne l'appelait plus ainsi.

- Que veux-tu, continua-t-il d'un ton adouci, je ne supporte plus tous ces mensonges et ces mesquineries. Ces hommes n'ont-ils aucun honneur ?

- Pas devant le roi…

Sanzo, premier conseiller du roi, était un homme d'un charisme impressionnant. Blond, grand, très mince, il possédait une beauté incroyable qui renforçait l'image qu'il renvoyait à son entourage. Il était malheureusement d'un caractère impossible, se montrait particulièrement hautain avec tout le monde, même avec le roi dont il était l'ami d'enfance, enfin si l'on pouvait décrire le lien qui les unissait comme de l'amitié. Il était la figure numéro deux de l'état, après le roi, et son pouvoir décourageait la plupart de ses ennemis. Il s'était taillé une place à la cour par la force et par ses remarques acerbes, et beaucoup savait qu'il fallait s'adresser à lui pour les plus importantes affaires de l'état.

Car le roi n'était pas homme à s'ennuyer de politique et de réunions diplomatiques. C'était un homme lui aussi d'une réelle beauté, avec ses cheveux rouges qu'il dissimulait souvent sous une perruque brune, usage de la mode, son visage fin et ses yeux rouges lui procuraient un charme qu'il utilisait avec ruse et adresse. Il était capable de déstabiliser un indicidu rien qu'avec son regard. Mais c'était également un homme au fort caractère, qui supportait mal la vie à la cour, remplie d'intrigues et d'hypocrisie. Il appréciait la vérité et la sincérité, grands manquant à la cour, et cela le rendait fou. S'il n'avait pas eu Sanzo et son franc-parler avec lui, il aurait déjà abdiqué. Mais le roi est le roi, et cela ne se change pas. Ainsi passait-il quelquefois sa colère sur les rares nobles qui osaient encore combattre avec lui à l'épée, même s'ils ne cherchaient que leur propre défaite.

Les deux hommes montèrent sur leurs chevaux qui les attendaient et rejoignirent la capitale. L'humeur du roi semblait lourde aussi l'après-midi ne s'annonçait pas sous les meilleurs auspices.

Gojyo se préparait dans sa chambre quand un drôle d'animal fit irruption et sauta sur le lit royal, riant comme un gamin. Son intervention fit également rire le roi qui en avait peu l'occasion.

Sanzo entra à sa suite précipitamment :

- Arrête tes singeries Goku et descend de ce lit !

Au lieu de lui obéir, l'étrange animal sauta du lit et se précipita sur le plateau-repas qui traînait sur une table dans la pièce.

Sanzo soupira de lassitude.

- C'est pas possible….

- Ton protégé est en pleine forme dis-moi, s'amusa Gojyo. Cela doit être passionnant de l'avoir chez soi, au moins tu es sûr d'avoir de l'ambiance !

- Oh c'est bon ! Tu n'apprécies ce bouffon que parce qu'il n'est pas aussi rigide et poudré que tes courtisans mais vis avec lui toute une journée entière et tu riras moins !

- Alors pourquoi le garder ? s'étonna le roi.

Sanzo baissa la tête, vaincu.

- Parce que je suis trop con, voilà pourquoi ! Non, Goku, pas le vase !

Le malheureux objet s'écrasa par terre dans un bruit retentissant.

- Désolé, fit le jeune homme.

Sanzo fulminait sur place.

- Sors d'ici avant de faire pire sinon tu seras privé de dîner ce soir !

Goku n'en écouta pas plus : à peine le mot « dîner » fut-il émis qu'il était dehors.

- La gueule l'emporte toujours avec lui… Bon, tu es prêt ?

Gojyo sourit : décidément son ami ne changerait jamais.

- Oui, pratiquement. Pourquoi, il y a une réunion extraordinaire du conseil ?

- Non, rassure-toi, les blaireaux se reposent aujourd'hui. Je parlais de l'invitation de la comtesse Sagamor pour aller écouter son jeune protégé virtuose de violon, tu t'en rappelles, je t'en avais parlé.

- Attends, je crois m'en souvenir…., fit-il semblant de chercher.

- Evidemment, tu as tout oublié… Comment un crétin comme toi peut-il rester roi dis-moi ?

- Hé, rit Gojyo, tu parles à ton roi !

- Non, je parle à un âne incapable de se rappeler de son rendez-vous avec le chef de sa police secrète !

- Ah oui, la police secrète, bien sûr ! Je me rappelle, je dois le voir durant la séance de violon comme cela personne ne nous entendra, c'est cela ?

Sanzo soupira… Il avait bien envie de lui dire tout le bien qu'il pensait de lui mais c'était tout de même son roi, il ne pouvait pas y aller trop fort…

- Oui, c'est cela.

- Cela s'annonce encore très ennuyeux… Attends-moi dehors, j'arrive.

Lorsque le roi sortit de ses appartements, il n'était plus le même. Autant était-il très souple et cool dans l'intimité, autant il savait se montrer de glace et imperturbable quand il était en public. Seules les farces de Goku auraient pu le dérider, et encore…. C'était peut-être à cela qu'on reconnaissait qu'il était un bon roi….

Ils étaient là depuis environ une heure, attendant tranquillement que la comtesse daigne faire joueur son protégé. Gojyo enrageait intérieurement, son combat de ce matin l'avait pas réussi à le calmer et tout ce débordement d'hypocrisie lui faisait mal au ventre.

Il touchait à peine au vin et l'on considérait que le vin mauvais, on allait immédiatement le changer. Il lui suffisait de parler d'une œuvre d'art pour que tout le monde la trouve superbe et admire l'artiste. Quoiqu'il dise tout le monde était de son avis, quoi qu'il fasse, on prévoyait son moindre désir…. Il en était écoeuré.

Les nobles entraient au fur et à mesure dans la salle, le roi n'en connaissait pas la moitié, beaucoup venaient de province afin de se faire une place à la cour mais beaucoup échouaient et repartaient d'où ils venaient.

Partout où le roi posait les yeux, ce n'était que messes basses et regards lancés du coin de l'œil sur telle duchesse qui attirait trop l'attention ou tel baron sur lequel circulait des rumeurs. Gojyo ignorait tout de ces rumeurs en question car on ne disait rien au roi, ce qui ne lui facilitait pas la tâche pour savoir qui parmi les nobles était digne de faire partie de son gouvernement. Heureusement que Sanzo était là, sans quoi le roi se serait senti quelquefois comme un pantin faisant acte de présence…

La comtesse haussa soudainement la voix pour indiquer que le jeune homme allait jouer de son violon et elle invita tout le monde à s'asseoir sur les fauteuils prévus cet effet. Evidemment, tout le monde laissa sa place au roi qui choisit finalement un siège dans le fond. Les courtisans ne s'assirent qu'une fois qu'il fut assis et beaucoup choisirent les premières places, ce qui laissa un peu de liberté au roi. Sanoz vint se mettre à côté de lui et lui murmura à l'oreille que l'homme qui viendrait s'asseoir dans quelques instant à côté de lui serait le chef de sa police secrète, dont l'identité était secrète pour bien des avantages.

Le concert commença. Le jeune prodige jouait superbement bien mais Gojyo en l'écoutait que d'un œil, il était bien trop impatient de pouvoir parler à l'homme qu'il attendait.

Enfin, celui-ci arriva, se présentant sous le nom de Rochas. A voix basse, ils commencèrent à échanger des informations. Ils étaient confiants car le bruit du violon couvrait leurs voix et de toute façon, ils utilisaient des noms de code impossibles à reconnaître. Ils ne s'attendaient pas non plus à être dérangé car personne n'oserait faire de remarque au roi.

« Dommage », soupira intérieurement le roi.

Son souhait dû être entendu car un jeune homme qui se tenait devant les trois hommes se retourna soudain :

- Pourriez-vous faire un peu moins de bruit ? Cette musique est trop belle pour être gâchée…

Gojyo n'en revint pas et histoire de remettre ce jeune impudent à sa place, il lui rétorqua :

- Vous savez au moins à qui vous parlez ?

Se disant, il haussa la voix et tout le monde se retourna afin de voir qui osait ennuyer le roi.

Le jeune homme ne se démonta pas et reprit, remonté :

- Non, je ne sais pas à qui je parle mais si vous êtes venus pour discuter, vous n'avez qu'à le faire ailleurs !

Gojyo ne pu s'empêcher de sourire devant cette fougueuse jeunesse. Sanzo intervint pour lui.

- Vous parlez au roi je vous signale !

Le jeune homme eut un regard très surpris puis se reprit.

- Très bien. Votre majesté s'il-vous-plaît, pourriez-vous faire moins de bruit ?

Là dessus, le roi éclata de rire.

- Bien , je respecterai votre désir. Messieurs, allons dehors.

Et les trois hommes sortirent. Tout le monde était étonné que le roi accepte cette demande insultante et les messes basses reprirent de plus belle, gâchant de nouveau la musique.

Dépité de ne pouvoir l'entendre correctement, le jeune home sortit, passant devant le roi et ses conseillers qui discutaient dehors, sans même le regarder.

Gojyo le suivit des yeux et demanda à Sanzo :

- Qui est ce jeune homme ?

- Un imbécile de plus.

Gojyo lui lança un regard insistant.

- Son nom ?

- Je crois savoir qu'il s'agit du jeune Hakkai de Lhuine, si je ne me trompe, répondit le chef de la police secrète. Il est arrivé il y a peu à la cour et séjourne avec son jeune frère chez un oncle à eux, le comte de Volta.

Gojyo lui sourit.

- Maintenant je sais pourquoi j'ai fait de vous mon chef de ma police secrète ! Merci beaucoup !

Hakkai rentra chez lui, agacé par le concert gâché. Il fut accueilli par son oncle qui lui demanda comment cela s'était passé.

- Très mal, je n'ai pratiquement pas entendu de musique. Pour un concert de musique, c'est quand même fort !

- Et qui as-tu rencontré ?

- La comtesse Sagamor, le duc de Figolu, la baronne de Thane qui m'a d'ailleurs fait des avances, rit Hakkai, elle n'a aucune retenue…

- Oui, c'est une mangeuse d'hommes…

- Ah oui, et le roi !

- Quoi ?

- J'ai vu le roi.

Hakkai paraissait songeur.

- Que t'a-il dit ?

- Rien.

- C'est bien. Il vaut mieux que le roi ne te remarque pas, c'est un être spécial.

- Malheureusement, il a quand même dû me remarquer…. murmura Hakkai, peu désireux d'attirer l'attention de son oncle sur ses exploits.

A ce moment, un bruit de froissement de tissu se fit entendre. Hakkai tourna la tête pour voir son jeune frère courir jusqu'à lui. C'était un petit garçon d'environ six ans, à l'adorable frimousse. Il se jeta dans les bras de son frère et l'assaillit de questions sur la cour. Heureux, Hakkai entraîna le petit garçon dans ses bras jusqu'au salon où il lui conta les milles et une merveilles de la mystérieuse cour du roi…

Quelques semaines s'étaient écoulés depuis et le roi et Hakkai s'étaient croisés plusieurs fois, par hasard, mais Sanzo se doutait que le hasard avait pour nom Gojyo. Ils avaient échangé quelques mots et à chaque fois, Hakkai avait réagi différemment des autres nobles, n'hésitant pas à faire connaître au roi ce qu'il pensait réellement ou à contredire ouvertement sa majesté. Ce qui ne semblait pas déplaire à Gojyo qui recherchait la compagnie du jeune homme. Il semblait mystérieusement attiré par le jeune noble mais n'en soufflait pas un mot, aussi le premier conseiller prit cela pour une passade de curiosité.

De son côté, Hakkai s'était fait quelques amis, de jeunes nobles qui partageaient son énergie, et il s'était particulièrement attaché à Kyo, un jeune homme plein de joie et d'entrain. Ils passaient pratiquement leurs journées ensemble et partageaient tout.

Aussi Hakkai confia à son ami qu'il trouvait bizarre la façon dont le roi le regardait.

- Je ne sais pas, on dirait un fauve à l'affût… Tu crois qu'il m'en veut pour le concert ? Il a peut-être pris ça pour ça pour une humiliation ?

Kyo le rassura.

- Si c'était le cas, il ne te laisserait pas venir à la cour ! Peut-être que tu l'intrigues, qu'est-ce que j'en sais moi… ?

La discussion s'arrêta là, mais Hakkai resta perplexe. Il sentait vraiment qu'il se passait quelque chose avec le roi, mais il ignorait ce dont il s'agissait. Le roi le regardait bizarrement, comme s'il était une proie et Hakkai avait horreur de ça. Il avait souvent surpris son regard posé sur lui, alors qu'il chassait avec la cour, quand il lisait dans la bibliothèque, quand il se déplaçait même…. Cela lui faisait presque peur à force…

Le roi était accoudé à la fenêtre et admirait le paysage, perdu dans ses pensées. Le prêtre entra, interrompant ses réflexions.

- Votre Majesté.

- Vous voilà enfin ! J'ai quelque chose à vous confier de très important….

Les chants grégoriens emplissaient toute l'église, faisant vibrer les vieilles pierres et les cœurs des fidèles. Toute la cour assistait ce matin à la messe, puisque le roi y assistait lui-même. Hakkai aussi était présent avec son ami Kyo. Ce dernier ne tenait pas en place, il ne supportait pas l'inactivité. Quand un prêtre vint chercher Hakkai pour lui parler en privé, Kyo en profita pour s'éclipser de l'église.

Hakkai suivit le prêtre, intrigué par ce qu'il avait de si important à lui dire. Il commençait même à avoir peur : peut-être qu'on allait lui annoncer une mauvaise nouvelle et ses pensées se tournaient vers son frère et son oncle. On le conduisit dans une petite salle et on le fit s'asseoir. Le prêtre, assis en face de lui, n'osait pas le regarder.

- Qu'est-ce qui se passe ? C'est au sujet de mon frère ?

- Non, mon fils, rassurez-vous, votre frère va très bien. Vous êtes là pour autre chose. C'est au sujet du roi…

Hakkai fut très surpris, que lui voulait le roi ? Le prêtre continua :

- Il ne va pas très bien en ce moment, il a du mal à se détendre…

- Quel est le rapport avec moi ?

- Disons que le roi vous a remarqué… Et il voudrait de vous dans sa couche. Ne vous inquiétez pas, nous prierons pour que Dieu ferme les yeux sur vos fautes, même si l'amour entre hommes est proscrit, vous serez entièrement absout de vos péchés !

Hakkai se releva, faisant tomber son siège, furieux. Sa colère était telle qu'il hurlait sans retenue.

- Le roi me veut pour amant ! Pour se détendre ! Quelle est cette mascarade ? Il se moque de moi ou quoi ?

Le prêtre essaya de rattraper la situation mais s'enfonça encore plus.

- Mon fils, tout vous sera pardonné…. Pour le bien du pays….

Hakkai lançait un regard fou et il retint à grande peine son envie d'étrangler le prêtre.

- Jamais je ne me vendrai, encore moins au roi ! Dites-lui que je refuse !

Le jeune homme sortit en courant, ne remarquant pas que ses cris avaient attiré l'attention des nobles présents dans l'église et celle du roi.

Il était furieux et se réfugia chez lui. C'est avec des larmes de rage qu'il s'effondra sur son lit. Comment les prêtres pouvaient aider le roi dans ses basses manoeuvres ? Et comment ce dernier pouvait-il lui proposer cela ? Il avait l'impression morbide qu'on venait de le traiter comme un objet et cela l'horrifia.

La tête enfouie sous les oreillers, il sursauta lorsqu'une petite main se posa doucement sur ses épaules.

- Hakkai…. murmura-t-on faiblement, la voix chargée de sanglots contenus.

Hakkai se redressa et son petit frère lui sauta dans les bras. Il n'aimait pas voir son aîné dans cet état et cela le faisait pleurer. Le jeune homme le consola en le berçant, doucement, et il lui chuchota des paroles réconfortantes à l'oreille.

- Tout va bien, tout va bien…..

Non, le roi ne l'aurait jamais….

Sanzo rentra furieux dans la chambre du roi, négligeant de frapper ou de signaler sa présence. Gojyo était négligemment affalé sur un fauteuil et fumait dans une pipe.

- Peut-on savoir ce qui t'as pris ? Quelle est cette histoire de scandale à l'église ? Toute la cour chuchote que tout est arrivé à cause de toi !

- Laisse la cour parler, je m'en fous !

Sanzo tomba lourdement dans un siège en face du roi, las. Goku en profita pour entrer.

- J'ai faim, vous n'auriez pas quelque chose ?

Le roi tourna la tête vers lui et sourit.

- Si, tiens, il y a plein de sucreries sur ce buffet ! Sers-toi !

- Merciiiii !

Gojyo rit en le voyant se ruer sur les friandises sans hésitation.

- Cela faisait longtemps que je ne t'avais pas vu rire… Qu'est-ce qui se passe Gojyo ?

Le roi soupira longuement….

- Je peux essayer ?

C'était Goku qui avait vu la pipe de Gojyo et était trop intrigué pour ne pas tenter l'expérience. Le roi sourit et lui tendit la pipe. Le jeune garçon tira une bouffée et toussa immédiatement.

- Pouah ! Comment tu peux fumer un truc aussi dégueulasse !

- C'est pour les grands, laisse tomber !

Sanzo s'impatientait mais ils sentait que son ami allait parler, aussi ne le força-t-il pas. Il attendit et sa récompense vint une fois que Goku retourna aux friandises, bien meilleures que le tabac.

- Je ne comprends pas ce que j'ai…. Chaque fois que je le vois, je peux pas m'empêcher de le désirer… Il n'y a que lui qui me fasse ça…

- Mais qui ?

- Cet Hakkai de Lhuine….

La réponse désarçonna le premier conseiller. S'il avait été question d'un simple manant, il n'y aurait eu aucun problème, il suffisait de payer et ils se laissaient faire, mais un noble… Ils étaient trop hautains pour accepter cela, et il devinait que le jeune homme ne voulait sûrement pas en entendre parler…

- Tu n'as pas choisi facile ce coup-ci…

- On ne commande pas ses désirs…, répondit Gojyo d'un ton las.

- Quand on est roi, si.

Gojyo réagit mal à cette constatation : depuis qu'il était petit il était privé de certaines choses dans la simple raison qu'on le destinait au trône et il avait imaginé dans sa naïve enfance qu'une fois roi il aurait le droit de faire tout ce qu'il voudrait. Mais même la couronne sur sa tête, on lui refusait encore certaines choses ! Ce qu'il aurait aimé n'être qu'un vulgaire paysan juste pour pouvoir aller marcher libre dans la nature, sans que personne ne le surveille constamment, qu'il puisse exprimer ses désirs sans qu'on le réfrène….

Il se releva de son fauteuil et se mit à faire les cent pas dans la chambre.

- Pourquoi je n'aurai pas le droit de le désirer, hein ? Il est beau, il est jeune, je suis homme ! C'est dans la nature des choses, la politique n'a pas à s'en mêler !

- Quand on est roi, tout est politique, s'énerva Sanzo. Tu ne comprends donc pas l'importance de ton rôle ?

Gojyi lui aussi commençait à s'énerver et le ton monta rapidement entre les deux hommes.

- Non, je ne suis une bête politique que dans ma vie publique, je deviens homme dans ma vie privée.

- Gojyo arrête tes conneries, tu le sais mieux que moi, même ta vie privée est politique !

- Très bien, tu veux tant le prouver ? Et bien puisque c'est comme ça, je ne ferais plus rien de politique tant que ma vie privée ne sera pas résolue !

- Qu'est-ce que tu racontes ?

- Tu m'as bien compris, je prends ton concept à la lettre, tant que je n'aurai pas cet homme dans mon lit, je ne toucherai pas à la politique ! Adieu conseil des ministres, adieu ambassadeurs, adieu pays qui m'emprisonne !

Sanzo était devenu tout pâle. Il ne pouvait y croire.

- Tu n'y penses pas sérieusement quand même ?

- Si, je pars immédiatement pour mon château du domaine de Blacksad, et tant qu'il ne sera pas à moi, je ne reviendrai pas !

Gojyo s'empara de son manteau, prit quelques affaires dans un sac et se prépara à partir. Sanzo le retint au dernier moment.

- Je t'en supplie…

Gojyo ricana

- Toi, tu me supplies ? Tu ne t'es jamais abaissé à ça, pourquoi ?

- Le pays a besoin de toi !

- Désolé, mais si le pays a besoin de moi, moi j'ai besoin d'un homme ! Ce n'est pas compliqué ! A bientôt !

Et il partit. Sanzo resta seul dans la chambre du roi, dépité de l'attitude de son ami et drôlement embarrassé quand à la suite des choses….

Quand Hakkai se réveilla, il sentit qu'on l'observait. Il se redressa et croisa le regard de son oncle.

- Bien dormi mon neveu ?

- Oui, répondit-il encore pris dans les bras de Morphée. Qu'est-ce qui vous amène si tôt chez moi ?

L'oncle baissa la tête et fixa intensément ses pieds.

- C'est à propos du roi…

Hakkai se redressa ce coup-ci complètement :

- Vous n'allez pas vous non plus ….!

Son oncle releva brusquement la tête, révélant toue la vérité.

- Le roi s'est enfermé dans son domaine de Blacksad et refuse d'en sortir à moins que tu n'y ailles ! Tu comprends mon neveu ? Le pays est mort sans le roi, nous lui devons tout ! De temps en temps, il faut bien lui faire de petits sacrifices !

Hakkai en resta bouche bée… Il en s'attendait pas à cela de la part de son oncle, de son propre sang.

- Vous me demandez de me vendre ? J'ai bien compris ?

- Le roi refuse d'assister au conseil des ministres, il ne gouverne plus…. Il suffit que tu le rejoignes dans son lit… Que ne peux-tu faire pour ton pays ?

Le jeune homme quitta son lit précipitamment, fuyant son oncle et ses paroles.

- En tout cas, je ne me vendrai pas pour céder au caprice d'un roi !

Hakkai traversa la cour extérieure quand il remarqua ses amis qui discutaient dans un coin sombre. Il les rejoignit, heureux de les trouver si rapidement. Il avait besoin de réconfort humain après la scène épouvantable avec son oncle. Kyo le remarqua le premier et accourut à lui.

- Hakkai, tu as entendu ?

- Oui, je suis au courant…

- C'est terrible ! Pourquoi refuses-tu ?

Hakkai crut avoir mal entendu. Même ses amis…

D'ailleurs, les autres firent cercle autour de lui et l'assaillirent de questions sur son refus d'obéissance au roi.

- Tu te rends compte que tu as l'avenir d'un pays entre les mains ?

- A moins que cela ne te plaise, évidemment !

- Il te suffit d'aller le rejoindre, tout repose sur toi maintenant !

- Tu te rends compte de l'enjeu au moins ?

Hakkai en avait la tête qui tournait et il s'enfuit en courant, quittant ceux qu'il avait pris pour ses amis et qui le trahissaient si lâchement !

Quelque jours plus tard, Hakkai n'avait toujours pas rejoint le roi et était bien décidé à ne pas y aller ! Les critiques ne cessaient de fuser sur son passage à la cour aussi n'y mettait-il plus les pieds. Il avait même eu le déshonneur de voir la reine mère s'agenouiller devant lui pour lui demander de rejoindre son fils, pour le bien du royaume….

Ils n'avaient que ce mot à la bouche, tous, et tout le monde l'oubliait…

Le soir tombait quand il entendit un carrosse arriver dans la cour. Un éminent personnage en descendit et fut accueillit par son oncle.

Ils montèrent bien vite et Hakkai entendit frapper à la porte de sa chambre. Etonné, il alla ouvrir et se retrouva nez à nez avec le premier conseiller du roi !

Ce dernier entra dans la chambre sans même y être invité et s'installa confortablement dans un fauteuil. Le jeune homme ne pu que se résoudre à le suivre et s'installa face à lui.

- Que me vaut l'honneur de votre visite ?

- Je suis sûr que tu le connais…

Hakkai baissa les yeux, quand cette maudite histoire allait-elle finir ?

- Je comprends pourquoi tu refuses, mais je crois qu'il y a des intérêts qui t'échappent.

- Ah oui lesquels, railla Hakkai, furieux.

- Par exemple le fait qu'une guerre nous guette, que nos finances pourraient être meilleures et que si l'on n'y remédie pas vite, la famine nous attendra cet hiver par exemple.

- Mais à quoi servent les ministres alors ?

- A rien sans le roi !

Le regard de Sanzo était direct et sévère.

- Mais je en me suis pas présenté : je suis Sanzo d'Amart, premier conseiller du roi.

Il soupira.

- Je m'attendais à ce que ce caprice ne soit qu'une passade mais il s'entête et refuse de revenir. Il n'y a que toi qui puisse y remédier… Réfléchis-y, tu es notre seul espoir. Sache que j'aurais pu te faire enlever et te livrer au roi, mais c'est lui qui a refusé !

Sur ces mots, il disparut par la porte et repartit comme il était venu.

Hakkai était atterré…. « Pourquoi lui » était les seuls mots qui lui venaient.

Plusieurs jours passèrent sans qu'Hakkai ne sortit de sa chambre. Il restait en compagnie de son petit frère qui était le seul à lui apporter un peu de réconfort. Il avait l'impression d'être dans un étau qui se resserrait et qui l'étouffait. Il ne pouvait sortir car dés qu'il mettait le nez dehors, on le pressait d'aller voir le roi, ce qu'il rejetait encore de toute son âme.

Il était à bout lorsqu'il décida finalement de sortir aller faire un tour à cheval, cela lui ferait le plus grand bien, loin du monde et de cette abominable société.

En sortant, il croisa néanmoins son oncle qui lui rappela que le roi l'attendait, que son propre sort en lui appartenait déjà plus.

Hakkai fuit jusqu'au écuries pour ne plus l'entendre.

Lorsqu'il revint, apaisé, il eut la désagréable surprise de voir un carrosse dans la cour.

Qui venait encore leur rendre visite ?

Il vit soudain son frère et sa nourrice descendre des escaliers, des bagages à la main. La jeune femme baissa les yeux devant lui mais son frère pleurait. En votant son aîné, il se précipita dans ses bras.

- Voyons, que se passe-t-il ?

- Je veux pas te quitter !

- Mais tu ne vas pas me quitter, pourquoi tu dis ça ?

Il jeta un coup d'œil et la nourrice et lui demanda la raison des ces pleurs.

- Le seigneur veut que nous partions dans son domaine à la campagne, passer quelques jours.

- Mais pourquoi ?

Devant son silence, Hakkai se précipita chez son oncle. Il entra furieux dans son bureau.

- Pourquoi mon jeune frère part-il ?

Son oncle se leva doucement.

- Parce qu'il t'empêche de te décider. C'est un obstacle que j'élimine. Je te l'ai dit Hakkai, tu ne t'appartiens plus et tu ne dois te consacrer qu'au roi…

- NON !

Des cris se firent entendre dans la cour, Hakkai courut à la fenêtre pour voir le carrosse s'éloigner, emportant son frère qui criait son nom. Cela lui déchira le cœur. Les larmes coulèrent toutes seules, il ne les sentit même pas. Il resta là sans bouger à regarder le carrosse s'éloigner. Il était mort.

Sans même regarder son oncle, il descendit jusqu'à son cheval qu'il n'avait pas dessellé et sauta en selle.

Il lança sa monture au triple galop et disparut au loin.

Il se dirigeait vers le domaine de Blacksad et y arriva de nuit. Une pluie fine tombait et cela refroidit encore plus son cœur. Les portes du domaine étaient grandes ouvertes et ne semblaient attendre que lui. Les gardes, sans aucun doute prévenus, n'affichèrent aucune résistance et il entra dans ce qui lui semblait sur le moment l'antre du démon.

Il marchait comme un mort, dont il avait l'air d'ailleurs : son teint pâle, sa triste mine, son corps trempé, tout donnait à croire qu'il sortait de la tombe.

Il croisa Sanzo qui parut soulagé de le voir là.

- Content que vous soyez venu.

Hakkai ne répondit même pas. Le premier conseiller lui montra le chemin à suivre pour aller dans la chambre du roi et le jeune homme s'y dirigea comme un somnambule. Tout semblait si irréel….

Il monta lentement les escaliers et se retrouva devant la porte de la chambre. Ses yeux n'exprimaient plus rien. Sans aucune forme de procès, il ouvrit la porte.

La chambre était luxueusement meublée dans les tons or et pourpre, ce qui lui donnait des airs de velours. La seule lumière venait d'une immense cheminée et offrait à la pièce une lumière tamisée délicieuse. Par terre, les tapis invitaient à ce qu'on marche sur eux et les tableaux renvoyaient des scènes de nature sauvage qui épiçait l'ensemble. Lorsqu'il y entrait pour la première fois, le visiteur n'avait qu'une envie : se jeter au milieu de cette atmosphère lourde chargée de douceur et de mystère.

Mais Hakkai ne vit rien de cela, ne ressentit rien des attraits de la chambre. Son regard restait fixé sur le point central de la pièce.

Gojyo était assis à même le sol devant un grand feu et le regardait fixement. Il ne portait plus de perruque et ses cheveux rouges renvoyaient la lumière du feu. On aurait pu croire en cet instant qu'ils brûlaient. Au bruit de la porte qui s'ouvrait, il fit un geste nonchalant de la main.

- Laisse-moi Sanzo !

- Ce n'est pas Sanzo…

Le roi se retourna d'un seul coup, surpris. Son visage s'élargit sur un vaste sourire.

- Enfin !

Il se leva et s'approcha à grands pas du jeune homme. Mais celui-ci tendit la main devant lui, l'arrêtant momentanément.

- Je vous en supplie….

Il baissait la tête et pleurait sans aucun doute. Cela émut plus que de raison Gojyo qui ne le brusqua pas.

- Viens !

- Je vous en supplie…. répondit-il d'une voix faible.

Le roi l'entraîna dans la lumière afin de mieux le voir et quand il lui releva la tête, il se rendit compte qu'il pleurait. Il préféra en faire abstraction et s'exclama :

- Mais tu es trempé ! Attends !

Et il courut prendre une serviette qu'il posa sur les épaules d'Hakkai. Il l'entraîna ensuite vers le feu et le força à s'asseoir. Puis il le frotta vigoureusement, heureux de voir qu'Hakkai se laissait faire. Le jeune homme tremblait de froid maintenant et le feu lui fit un bien fou. Il se détendait au fur et à mesure.

Le roi l'observait en train de reprendre des couleurs et se perdait dans sa contemplation.

- Je t'ai attendu longtemps tu sais…

- Je vous en supplie…

Hakkai semblait réellement perdu et restait fixé sur la même phrase, s'y raccrochant comme un naufragé à sa bouée. Les yeux fermés, il attendait. Il n'y avait plus que ça à faire…

Gojyo se saisit de son visage et lui déposa un baiser sur chaque paupière, tendrement. Puis il se leva et prit Hakkai dans ses bras, l'emportant dans son lit. Le jeune homme était si léger que Gojyo avait peur de le briser.

Une dernière fois, le jeune homme le supplia mais le roi resta insensible à ses appels.

Il le posa délicatement sur le lit et commença à lui retirer sa chemise trempée. Ses doigts étaient agiles aussi partit-elle rapidement au sol. Incapable de réagir, Hakkai se laissa faire.

Gojyo le fit s'allonger sur le lit et le renversa sous lui. Doucement il se mit à l'embrasser, d'abord sur la bouche, puis dans son cou et son torse. Aucune réaction ne vint d'Hakkai mais Gojyo s'y attendait aussi continua-t-il l'exploration de son corps. Ses mains le caressaient pendant que ses baisers se faisaient de plus en plus de feu. Il devenait fou de ce torse, il l'avait attendu pendant trop longtemps. Hakkai ne réagit que lorsque le roi se mit à mordiller ses tétons, et encore semblait-il ne pousser qu'un cri de douleur. Mais Gojyo s'en moquait totalement, il le savourait un peu plus. Sa peau avait le doux goût de la pluie, de la nature et une odeur plus profonde qui n'appartenait qu'à Hakkai. Son torse et son cou étaient si doux au toucher, si veloutés que Gojyo crut défaillir.

Ses mains se reportèrent ensuite sur le pantalon du jeune homme qui opposa alors une petite résistance.

- Ne t'inquiète pas, je sais que c'est ta première fois, je serais aussi doux qu'un agneau…

- Je vous en supplie, fut la seule réponse qu'il obtint.

Le pantalon rejoignit rapidement la chemise et Gojyo continua son exploration. Avec ses mains et par de lent va-et-vient, il fit se dresser le sexe d'Hakkai qui en éprouva une certaine honte mais ne bougea pas. Puis, doucement, il prit en bouche le sexe du jeune homme qui à ce moment-là commença à ressentir d'étranges sensations dans le bas-ventre, dans le creux des reins. Cela le lançait, puis le brûlait et instinctivement il se cambra.

- Aaaah….

Le roi sourit.

- Ça va te faire du bien, n'aies pas peur….

Puis il reprit le sexe d'Hakkai en bouche et commença un lent mouvement qui fit perdre la tête à Hakkai. Il ne comprenait pas pourquoi il réagissait ainsi mais son corps ne lui appartenait plus. Il était en fièvre et les lèvres du roi l'amenaient vers une pente dangereuse. Il avait l'impression de ne plus rien contrôler et en même temps, même s'il avait du mal à l'admettre, il aimait cela. Il sentit qu'il attendait quelque chose sans savoir ce que cela pouvait être et il se cambra encore plus.

Avant qu'il ne jouisse, Gojyo le lâcha et recommença à l'embrasser. Sa peau l'enivrait totalement…

Il s'empara de ses lèvres et introduisit sa langue. Le jeu qu'il entama émoustilla Hakkai qui bien malgré lui répondit avec sa propre langue. Le roi s'en amusa et le jugea prêt.

Doucement, il amena ses doigts vers la bouche d'Hakkai et les mêla subtilement à leur jeu de langues. Sans s'en rendre compte Hakkai les lécha avidement. Puis Gojyo sortit ses doigts de sa bouche et les descendit lentement jusqu'à l'intimité d'Hakkai.

Quand il introduisit un doigt en Hakkai, ce dernier ne pu retenir un cri de douleur. Il ouvrit grand les yeux et les posa sur le roi dans une muette interrogation.

Ce dernier lui sourit tendrement.

- Je te prépare, n'aies pas peur….

Et il l'embrassa, lui faisant oublier la douleur dans la fusion de leurs bouches.

Quand il introduisit un deuxième doigt, Hakkai fit une grimace mais ne cria pas. C'est au moment où le roi les bougea en lui qu'il se cambra encore plus, poussant un gémissement étrange. Gojyo se collait à lui et embrassait, ou plutôt dévorait avidement son corps de baisers, laissant des suçons dans le cou du jeune homme.

Hakkai quant à lui brûlait : ce que lui faisait son partenaire était à la fois un supplice et un bonheur. Chaque fois que les doigts s'enfonçaient plus profondément, il en gémissait de plaisir et chaque fois qu'ils se retiraient, il poussait un grognement faible de dépit. C'est quand il commença à pousser instinctivement son bassin à la rencontre des doigts que Gojyo les retira.

Hakkai crut que son supplice était enfin fini et il se détendit sur le lit. Pourtant son corps continuait de le brûler et pire que tout, il lui lançait des décharges électriques comme s'il attendait quelque chose au niveau de son bas-ventre. Inconsciemment, il passa les bras autour du cou du roi et attira son corps contre lui.

Gojyo comprit le message et, se relevant, il écarta les jambes du jeune homme qui, surpris, releva la tête. Il croisa le regard de Gojyo au moment même où celui-ci le pénétra.

Les yeux agrandis de surprise, Hakkai en hurla de douleur. Il avait subitement l'impression que ses muscles venaient de se déchirer et lui envoyaient des S.O.S électriques qui parvenaient jusqu'à son cerveau engourdi. Mais le regard du roi resta impassible, il semblait au contraire prendre du plaisir. Hakkai, perdu, s'y raccrocha désespérément et c'est les yeux dans les yeux que Gojyo entama un mouvement de va-et-vient qui enflamma son compagnon. La douleur fit progressivement place à un étrange plaisir qui lui parvenait par vagues, déferlant en lui et ravageant son être intérieur. Tout ne devint que sensations. Il avait l'impression qu'il allait éclater, qu'il ne pourrait jamais contenir ce flot submergeant et il hurla de toutes ses forces afin de le faire sortir de lui, de l'extérioriser.

Son cri fut bientôt rejoint par celui de Gojyo et c'est dans leurs voix mêlées qu'ils connurent ensemble l'extase….

Hakkai dormait, épuisé. Appuyé sur un coude, Gojyo le regardait. Il était si beau…

Il avait attendu longtemps, souffrant la colère de Sanzo, qui n'y était pas allé de main morte, et la pression de la cour, mais maintenant qu'il le tenait entre ses mains, il ne le lâcherait plus.

Sa main caressa délicatement la joue du jeune homme. Elle était très douce et il s'y attarda. C'était la première fois qu'il ressentait quelque chose d'aussi fort pour quelqu'un et il ne se l'expliquait pas. Il faut dire qu'il avait été, hormis Sanzo, la première personne à lui résister et à le considérer non comme un roi mais comme un homme, et Gojyo avait énormément aimé cela. Il se sentait vivre.

Il se reposa sur l'oreiller, perdu dans ses pensées heureuses, et il s'endormit serein, sa main posée sur le torse d'Hakkai comme un signe de possession.

- Pourquoi moi ?

Ce fut le réveil du roi qui sentit qu'Hakkai s'était relevé. Il ouvrit un œil et l'aperçut en chemise en train de regarder par la fenêtre. Il sourit et lui répondit :

- Parce que c'est le désir du roi !

Hakkai fut blessé par cette réponse, il avait de nouveau l'impression sordide de n'être qu'un objet jetable et malléable.

- Tu n'as pas aimé notre nuit ?

Hakkai se retourna et fixa le roi couché, d'un regard sévère et froid.

- Puis-je partir maintenant ?

- Oh non, sûrement pas !

Gojyo se releva vivement et se saisit d'une robe de chambre qui traînait sur un fauteuil. Il s'approcha du jeune homme qui ne pu s'empêcher de reculer. Gojyo lui posa la main sur l'épaule et le regarda dans les yeux.

- Tu m'es trop précieux pour que je te laisse partir ! Tu ne comprends donc pas ? Je t'aime ! Alors je vais retourner à la capitale et tu viendras avec moi et désormais tu partageras ma chambre. Je ne peux plus me séparer de toi…

Les larmes coulèrent toutes seules sur le visage d'Hakkai et Gojyo eut pitié. Il voulut le serrer contre lui pour le réconforter mais Hakkai se dégagea viement.

- Non ! Laissez-moi ! Ne me touchez pas !

Surpris et blessé d'être ainsi rejeté, Gojyo prit le parti de laisser le jeune homme seul à sa réflexion et se dirigea vers la porte sans oublier de lui rétorquer :

- Tu es à moi, ne l'oublie pas !

La porte claqua violemment et Hakkai tomba à genoux, la tête dans ses mains.

Il pleurait de rage, de tristesse et de peur.

Quelques heures plus tard, la, porte s'ouvrit doucement et Sanzo entra dans la chambre. Il chercha Hakkai des yeux et le trouva recroquevillé sur lui-même, amorphe, au pied de la fenêtre. Il s'approcha, évitant au passage les vêtements qui gisaient par terre, témoins de la nuit passée, et s'agenouilla devant le jeune homme. Il avait entendu les cris de la nuit et en apercevant sa figure, il se rendit compte que les mots étaient inutiles. Un mélange de froideur et de rage s'inscrivait sur son visage.

Sanzo se releva alors et ouvrit la fenêtre en grand, laissant l'air vivifiant du dehors envahir la pièce.

- Il ne faut pas rester comme cela.

Hakkai sembla enfin remarquer sa présence et se leva péniblement. Ses yeux se perdirent dans la contemplation de la nature extérieure.

- Le roi se décide enfin à quitter Blacksad, il faut faire les valises.

Hakkai se retourna sans même le regarder et s'éloigna vers ce qui semblait être une salle de bain.

- Avant je vais me nettoyer, je me sens sale…