OS écrit dans le cadre de la nuit d'écriture du Fof pour le thème Silence.

J'ai un tout petit peu dépassé le temps limite, mais c'est pour compenser le temps en moins des autres. Je suis lente à donner tous mes OS parce qu'une fois encore, je suis plus rapide à les écrire à la main - ce que je fais donc - et après c'est la galère pour les retranscrire à l'écrit. Ils ne seront donc pas tous délivré en temps et en heure mais je promets de faire aussi vite que possible. par contre, ne vous attendez pas à des textes fantastiques (je suis perfectionniste, et ne pas les avoir relu 10 fois chacun pour respecter la limite de temps de 1h me fend le coeur ^^"). Du coup, ça risque d'avoir des impacts sur ma rapidité pour le postage du prochain chapitre de ma fic'. Promis, je la poste avant dans un semaine. Enjoy! ;)


Silence

« Tu pourrais faire un effort non ?! »

Ce cri de frustration avait jailli de la bouche de la jeune fille. Il daigna à peine lui accorder un regard, haussant un sourcil pour lui signaler que sa question resterait sans réponse. Depuis le temps qu'ils étaient enfermés dans cette salle, il ne lui avait pas décoché un mot. Il n'en avait absolument pas envie.

« Bon, d'accord, je comprends qu'on ne soit pas les meilleurs amis du monde, mais là, franchement, ça devient grossier de ta part. OK, on n'est pas amis. OK, je suis la meilleure amie du mec que tu détestes le plus au monde. OK, on appartient à deux maisons ennemies depuis des lustres. Mais on ne sortira pas de cette foutue pièce tant qu'on ne sera pas excusés, et j'en ai plus que marre d'être enfermée ici, avec un muet peu coopératif et grossier, alors pour l'amour du ciel, largue moi un pardon qu'on en finisse ! »

« Que JE m'excuse ? Tu es tombée sur la tête ou quoi ? Pour ton information, c'est toi qui a commencé en te débrouillant pour mettre une saloperie dans mon chaudron et faire exploser ma potion. Ça te manquait tant que ça que je passe pour un abruti auprès de Rogue ? Déjà qu'il me déteste… »

C'était la première fois qu'elle entendait le son de sa voix depuis qu'ils étaient enfermés là et elle en aurait presque pleuré de joie.

Dumbledore avait récemment créé de nombreuses pièces toute blanches, toutes vides, lumineuses, qui ne laissaient passer aucun son, où les élèves s'étant battu étaient enfermés jusqu'à ce qu'ils fassent la paix. C'est ainsi qu'après un cours de potions plutôt mouvementé, Pansy s'était retrouvée cloitrée dans une de ces pièces avec le Gryffondor. Après d'infructueuses tentatives d'excuses hargneuses comme des « je suis désolé » qui sonnaient comme des insultes, et un bon nombre de gentils noms d'oiseaux, le jeune homme avait décidé que l'ornithologie le lassait, et il s'était assis dans un coin (enfin, ce qui semblait être un coin), visiblement résolu à ne plus desserrer les lèvres. Pansy, après s'être défoulée sur lui, avoir tourné en rond, avoir décidé que ce n'était pas plus mal qu'il la ferme et avoir cherché un moyen de sortir de sa prison, s'ennuyant ferme, tentait donc à présent de le faire parler, sans grand succès.

« Ah parce que le fait que tu m'aies traité de pétasse qui ferait mieux de se concentrer sur les dizaines de mecs auxquels elle ouvre ses jambes plutôt que d'emmerder les gens qui ne lui ont rien fait ne nécessite bien entendu pas d'excuses de ta part. Bien entendu ! »

Il haussa les épaules. 'Mais parle bordel, parle !' Fantastique.

« Longdesponts, tu pourrais avoir l'extrême obligeance de me répondre ? »

« Londubat. Et non. »

Elle leva les yeux au ciel. Pourquoi était-il aussi peu coopératif ? N'était-il pas censé être un Gryffondor simplet, timide, qui aurait obéit au premier ordre venant d'une fille ? Forcément non. Depuis la guerre, il 'était plus le même. Comme eux tous. Blaise sortait à présent avec Granger, Drago avec Harry et Milicent lui parlait fréquemment de la Belette. Génération écorchée par la guerre, perdue et dépendante de toute l'affection qu'elle pouvait trouver. Ses amis trouvaient cette affection dans leurs amitiés et amours toutes nouvelles. Mais elle…elle les trouvait dans les relations sans lendemain qu'elle entretenait avec des garçons trop contents de lever une petite minette canon. Et si elle était amie avec le puissant Drago Malfoy, c'était mieux.

« Ok, Londubat. Ça change quelque chose que je t'appelle par ton vrai nom ? »

Nouveau silence. Il s'était replongé dans son mutisme, et ça la rendait folle.

« Londubat, tu comptes me répondre un jour, oui ou merde ? »

Nouveau regard inexpressif. Pourtant, pendant leur long intermède insultatif, elle avait pu remarquer que non seulement il avait une bonne répartie, mais qu'en plus il savait se servir des nombreuses choses qu'il avait apprises, y compris de celles dont il n'était pas supposé être au courant. Un faux con en somme.

« Ceci signifie-t-il que quoi que je fasse, tu resteras muet ? »

Encore un silence. Très bien, il allait voir de quel bois elle se chauffait.

« Parfait, tu as décidé d'être têtu comme une mule. On va voir si j'arrive à te faire parler quand même. Et crois-moi Londubat, tu finiras par me faire ces excuses qui nous feront sortir d'ici, de gré ou de force. »

Elle se dirigea alors vers lui d'une démarche féline et s'accroupit devant lui, sous son regard scrutateur et suspicieux. Se penchant vers lui, elle lui dit au creux de l'oreille : « Tu es sûr que tu ne veux pas parler ? »

Encore et toujours le même silence qu'il lui réservait depuis plusieurs heures maintenant. Elle se laissa alors tomber sur ses genoux, une jambe de part et d'autre des siennes et noua ses mains autour de son cou.

« Très bien. Dans ce cas je vais profiter de ton mutisme pour te donner une bonne raison de me traiter de traînée… »

Sur ce, elle l'embrassa langoureusement. Il eut un mouvement de recul, mais elle ne lui laissa pas le choix. Ils tombèrent donc ensemble à la renverse sur le sol, sans qu'il puisse se défaire d'elle. Ouvrant les boutons de sa chemise, elle sourit tout contre ses lèvres, ces lèvres douces et étonnamment terriblement agréables.

« Tu as le choix entre perdre le face vis-à-vis de moi ou subir mes attouchements parce que je m'ennuie et qu'il faut bien que je me trouve une occupation. »

Il plissa les yeux avec agacement, lui signifiant clairement qui ne l'ouvrirait pas. Haussant les épaules, elle replongea alors sur sa proie. Le débarrassant de son haut, elle laissa sa bouche courir sur un torse qui, à sa grande surprise, était imberbe et bien musclé, suçotant l'un de ses tétons. Puis elle descendit encore, ouvrit la boucle de sa ceinture puis sa braguette, le mettant au supplice alors qu'il tentait de rester stoïque. Alors qu'elle s'apprêtait à le délester de son boxer, il lui attrapa brusquement les mains et la fit passer en dessous de lui. Elle voulait jouer ? Eh bien il allait lui faire passer le goût de la moquerie.

Se jetant alors sur elle, il l'embrassa fougueusement, forçant l'entrée de sa bouche, venant caresser sa langue de la sienne. Même s'il se débrouillait mieux que ce qu'elle n'aurait jamais pu imaginer, elle sentait une peur sans nom s'immiscer dans ses veines. Qu'allait-il lui faire. Son regard noir lui signifiait qu'il était énervé. Or elle était seule avec lui et complètement à sa merci. L'humiliation, la peur d'être violée, la honte de l'avoir provoqué et d'être la cause de tout ça la secouèrent si fort qu'elle ne put retenir les larmes.

Ces dernières dévalèrent donc le long de ses joues sans qu'elle puisse les retenir. Surpris par le goût salé qu'il sentait, le jeune homme se recula pour voir qu'elle pleurait à présent à chaudes larmes. Décontenancé, il haussa un sourcil interrogateur.

« C'est…c'est bon, j'ai compris. Je suis une salope, je ne suis pas capable d'autre chose que de provoquer les gens et de coucher avec des tas de mecs pour me sentir aimée et je suis responsable de cette situation mais s'il te plait, ne me viole pas, je t'en prie. Je n'ai peut-être, certainement même, pas mérité ton indulgence, mais je te demande quand même de te retenir. Je t'en prie… » ajouta-t-elle d'une toute petite voix.

« Je n'ai pas l'intention de te violer. »

Elle eut un hoquet de surprise et croisa son regard calme, étonné. Il avait toujours cet air pur et posé, rassurant et apaisant.

« Tu…vraiment ? »

« Vraiment. »

« Mais alors….pourquoi ? »

« Pour te montrer ce que ça fait d'être pris pour un objet. C'est comme ça que tu considères tous les mecs. »

« Parce que tu crois qu'eux me considèrent comment ?! C'est facile pour toi de dire ça alors que tu pourrais facilement te trouver une fille qui serait ravie de te donner tout son amour, mais ce n'est pas pareil pour tout le monde. Moi, les garçons ne me voient que comme un passe-temps, et certainement pas comme une fille avec laquelle ils pourraient passer du temps en couple. Après les nuits passées ensembles, je n'ai pas droit à un mot gentil, juste à ce silence que tu m'imposes depuis des heures. Tu crois que je ne sais pas ce que ça fait d'être pris pour un objet ? C'est ce que je vis en permanence ! »

Il redevint silencieux. Jamais il n'avait envisagé qu'elle puisse souffrir de son statut. Pour lui, c'était son choix d'être la fille que tous les mecs voulaient avoir, et qui butinait d'amant en amant sans jamais se fixer. Il n'avait pas pensé qu'elle pourrait avoir envie d'être vue comme la femme qu'elle était et non comme une partenaire sexuelle, qu'elle était fragile et seule. Terriblement seule.

« Alors pourquoi tu fais ça ? »

« ça quoi ?! » répliqua-t-elle, acide.

« Accepter n'importe quel mec dans ton lit. Pourquoi tu ne fais pas le tri pour en trouver un qui te convienne vraiment ? »

« Qui me conviendrait vraiment ? Un mec qui ne me respecterait pas sous prétexte que je ne sais pas dire non ? Personne ne voudrait se fixer avec moi, mais quand mes amants atteignent l'orgasme, c'est le seul moment où je me sens aimée. Parce que quand ils gémissent de plaisir, c'est à moi seule que leurs soupirs sont destinés. »

« Tu peux être aimée d'une autre manière. »

« Ah oui ? Et comment, » fit-elle, sa voix se brisant malgré elle alors qu'elle combattait les sanglots qui menaçaient d'éclater une seconde fois.

« Comme ceci… »

Sur ce, il l'embrassa à nouveau, mais doucement, tendrement. Jamais personne ne l'avait embrassée de cette manière, jamais elle n'avait senti autant de délicatesse chez un homme. Alors petit à petit, elle se laissa aller contre lui, se perdit dans ses soupirs, dans ses regards, dans son odeur. La nuit passa dans la chaleur de leurs étreintes. A moins que ce ne soit la journée. Ils avaient perdu le sens du temps dans leur prison silencieuse. A son réveil, la jeune fille s'étonna de trouver un oreiller chaud et moelleux sous sa tête. Elle réalisa alors qu'elle entendait un cœur battre dans cet oreiller qui se soulevait au rythme de ses respirations. Se laissant bercer par ce même rythme, elle somnola jusqu'à ce que Neville émerge et s'étire puis tente de se redresser. Elle se recula alors vivement et lui jeta un regard honteux. Elle s'était laissée aller avec un garçon qu'elle connaissait à peine, encore une fois. Et encore une fois, il ne dirait rien et ne lui reparlerait jamais.

« Qu'est-ce qu'il y a ?

« Euh…je… »

« Tu as peur que je te morde ? »

« Je…non, pas du tout, ce n'est pas ça, c'est juste que… »

Il comprit alors ce qui clochait. La peur du rejet, du mépris que tous les autres lui avaient toujours réservé. Il soupira.

« Pansy… est-ce que pour toi, ce n'était que l'histoire d'une nuit ? Est-ce que tu comptes te retrouver dans le lit d'un autre dès demain et oublier ce qu'on a fait ? »

Surprise, elle écarquilla les yeux et répondit : « Non ! bien sûr que non ! Mais toi…tu ne vas pas aller crier sur tous les toits que tu as accepté de coucher avec une salope de chez Serpentard… »

« Je le ferai. »

Elle relava vivement la tête qu'elle avait baissée, rougissante, pour s'abîmer dans la contemplation de ses ongles.

« Pardon ?! »

« Je le ferai. Si tu me promets d'être sérieuse dans cette relation, je le ferai. »

« Je…tu…comptes t'engager dans une relation…avec moi ? Tu ne veux pas juste faire comme si de rien n'était ? »

« Pansy…je ne suis pas un malotru. Si j'ai fait l'amour avec toi, c'est que j'en avais envie, et pas seulement envie de toi physiquement. Tu m'as montré que tu pouvais être autre chose que cette fille superficielle et désagréable que tu montres aux autres. Alors si tu me promets de ne pas aller voir ailleurs et de te montrer honnête avec moi, je veux bien essayer d'être ton petit ami. »

Il avait dit ça calmement, la regardant droit dans les yeux. Elle sourit alors et se jeta dans ses bras, le faisant tomber au sol et, ne se formalisant pas du fait qu'elle l'avait quand même fichu par terre, il faut le dire, l'embrassa fiévreusement. Puis, se redressant un peu, dit soudain : « Au fait…je suis vraiment désolée de ce que j'ai pu te dire hier. Et pour le chaudron aussi. »

Il lui fit un sourire malicieux.

« Tu ne comptes pas répondre ? »

« Non. »

« Et pourquoi ? »

« Parce que si je m'excuse à mon tour, on viendra nous faire sortir d'ici. Et pour l'instant, j'ai plutôt envie de profiter du fait qu'on est tous seuls tous les deux sans que tu puisses t'échapper. »

« Tu es toujours aussi têtu à ce que je vois… » grommela-t-elle.

Il éclata de rire.

« Têtu, obstiné, buté, tout ce que tu veux. De toute façon, tu es à moi quels que soient mes défauts. »

Riant à son tour, elle l'embrassa à nouveau, heureuse, tout simplement.