Tu ne crois pas si bien dire !
Disclaimer : Les personnages appartiennent à JK Rowling, comme vous vous en doutez.
Ne tient qu'à moitié compte du 6ème tome pour les besoins de l'histoire.
Petit mot de l'auteur : Il fallait que j'écrive un petit quelque chose . Cette idée m'est venue un peu comme un cheveu sur la soupe, et j'écrivais vraiment n'importe comment, les chapitres dans le désordre, sans aucun lien logique. Donc mon plus grand souci lors de la réécriture a été la cohérence et surtout, la crédibilité de l'histoire et des personnages… je vous laisse juger du résultat vous-même.
C'était le jour où elle avait tout perdu.
Il régnait une frénésie palpable au 77, Eagle Street. Tendue au possible, elle rassemblait tout le nécessaire vital en semant un désordre inhabituel dans cet appartement constamment immaculé. Immaculé.
Que la vie pouvait être ironique… Si elle en avait eu le temps, elle aurait ri encore et encore du ridicule de cette situation, et d'elle-même, qui fuyait. Qui le fuyait. Son regard tomba alors sur une photographie prise quelques mois plus tôt. Elle s'attarda sur leurs sourires heureux, sur sa petite mèche qui lui tombait devant les yeux. Lui. Cette photographie dégageait un bonheur paisible. Le bonheur qu'elle pensait niaisement avoir trouvé avec lui.
Lui.
Lui.
Lui et elle.
Impossible.
Elle prit le cadre et le jeta avec rage contre le mur, acte qu'elle eût tôt fait de regretter lorsqu'elle contempla les débris de verre éparpillés sur le sol. Ses yeux fixèrent le vague. C'était un bon résumé de ce qu'il restait, de ce qu'il lui restait. Des éclats.
Elle se concentra à nouveau sur ses bagages, et dix minutes plus tard, sans autre accident que la litière du chat renversée, elle fermait la porte sur son appartement qui semblait encore plus vide, encore moins chaleureux. Rien ne laissait entrevoir tout ce qu'il avait pu se passer dans cet appartement qui semblait banal au possible. Là, il avait simplement l'air désespérément vide, cherchant quelque chose pour le remplir. Tout comme elle.
Sans attendre, elle grimpa dans le premier taxi en vue et indiqua sa destination. Elle ne réalisait même pas ce qu'elle faisait. Son cerveaux était bien trop focalisé sur l'indéniable vérité qui l'assaillait, qui lui ricanait au nez : tout avait été une erreur. Et d'entendre une petite voix dans sa tête la railler avec des « je te l'avais bien dit » incessants. Elle n'avait fait qu'accélérer les conséquences de cet aveuglement monumental.
Mais comment avait-elle pu se borner à ce point à propos de lui ? Elle repensa à la Machine Infernale, dans laquelle Cocteau écrivait : « La plupart des hommes naissent aveugles et ne s'en rendent compte que le jour où une bonne vérité leur crève les yeux », mais la voix du chauffeur la sortit de ses élucubrations.
- Vous voilà arrivée, m'dam', s'écria-t-il avec un fort accent écossais.
- Merci bien.
Elle le paya distraitement et sortit du taxi, déterminée.
Tout recommençait à présent. Tout était à recommencer. Encore. Jusqu'à trouver ce quelque chose que l'on appelle si communément bonheur. Le bonheur. Le mot le plus abstrait au monde, sur lequel aucune définition pragmatique ne peut se coller.
Un mot.
La vie recommence.
Enfin.
Sauf que tout ne se passe jamais comme dans un film hollywoodien ou un conte de fées. Ca aurait pu, bien sûr, s'il n'y avait pas eu lui. Encore, toujours, lui.
Elle secoua la tête et entra dans l'immense hall de l'aéroport. La frénésie qui y régnait était palpable. Sans attendre, elle avisa un guichet en traînant son sac qui commençait à peser. Quelques minutes plus tard, elle patientait à la terrasse du café de l'aéroport, le visage dissimulé derrière un journal à 50 cents plus qu'inintéressant.
Après avoir terminé son café qui, soit dit en passant, n'avait ni le goût ni l'aspect du café, elle consulta sa montre et soupira. Elle décida alors de choisir un emplacement plus proche de la porte d'embarquement. Elle devait monter dans cet avion. Sa vie ne recommencerait à avoir un sens qu'une fois dans cet avion. Alors elle se laisserait bercer par les réacteurs de l'appareil en traversant les nuages, sans se soucier de ce qui se passait plus bas. La fuite n'était pas dans ses habitudes, mais là, elle n'avait tout simplement plus la force de faire face.
Lors d'un détour par les toilettes insalubres, elle croisa son reflet dans le miroir terni. Oh oui, au vu de son visage, de ses cernes colchiques, il était grand temps qu'elle s'éloigne de tous ces aléas de la vie. Elle reprit place sur un siège et attendit.
Elle attendait l'espoir en espérant qu'il viendrait.
Un jour je m'attendais moi-même
Je me disais Hermione il est temps que tu viennes
Pour que je sache enfin celle-là que je suis (1)
(1) Apollinaire, « Cortège », Alcools
