Oublié dans la nuit

Prologue

Il s'est disputé avec moi, puis plus violemment avec notre père. Il a agrippé ensuite son sac qu'il avait préparé à l'avance et s'est enfui pour Stanford, une université prestigieuse qui représente pour lui une nouvelle option pour son avenir. J'ai voulu le retenir, mais John m'a plaqué contre la porte brutalement et m'a interdit de le suivre.

Il a choisi son destin et nous a planté là.

Dans les heures qui ont suivi, le silence nous a anéanti.

Désormais, c'est ça notre vie. La chasse, le sang et le silence. Des moments de pure adrénaline et puis plus rien.

Je pensais que Sam m'aurait appelé, juste pour me donner des nouvelles, pour que je ne m'inquiète pas.

Mais rien.

Une semaine est passée, puis une autre et vers la fin du mois, l'université nous a contacté sur le portable de mon père. L'un des deux numéros de téléphone qu'elle avait en sa possession et dont la ligne était encore en service. La personne au bout de fil s'interrogeait et voulait savoir pourquoi Sam Winchester, dont le dossier scolaire était si brillant, ne s'était pas présenté pour le début des cours.

Après un blabla pompeux qui a duré un certain temps. Elle nous a clairement reproché que si nous avions eu un empêchement, nous aurions pu au moins les prévenir. Elle nous indiquait cependant, que compte tenu du niveau scolaire de Sam, il était encore possible pour lui d'intégrer l'université si son absence était justifiée.

John m'a regardé, son visage devenant de plus en plus pâle, tandis que je commençais à ressentir un frisson glacial sillonner ma colonne vertébrale.

Puis mon père a questionné la secrétaire pendant un long moment. En l'écoutant, j'ai vite compris qu'il avait échangé les rôles et que c'était lui maintenant qui menait la conversation.

Quand devait-il commencer les cours précisément ? Dans quelles matières s'était-il inscrit ? Où devait-il loger ?

Lorsque John a raccroché il m'a juste dit :

- Prépare toi, on part pour la Californie.

Je n'ai toujours pas prononcé un seul mot, rongé d'inquiétude pour mon frère que je croyais en sécurité, que je maudissais pour son silence.

On lui en voulait, on pensait se venger en l'ignorant délibérément.

Seulement son attitude envers nous n'était pas de l'indifférence ou du rejet pur et simple… non.. il ne boudait pas… tout simplement parce qu'il avait disparu, parce qu'il n'était pas là où il devait être.