Bonjour tout le monde ! Me voici avec une nouvelle fiction (qui d'ailleurs n'est pas terminée de mon côté pour une fois). Je la publie en ce jeudi matin de bonne heure car c'est avant tout l'anniversaire des Kagamine ! *envolé de confettis et de ballons avec écris dessus joyeux anniversaire*

Enfin, pour ma part, dans cette fiction je laisse de côté les UTAUX et me lance dans les Vocaloid. Vous saurez qu'écrire sur les idiots, c'est pas simple...

Je n'ai donc plus qu'à vous souhaitez une bonne lecture. J'espère que vous apprécierez cette nouvelle fiction, n'hésitez pas à laisser un commentaire pour me donner votre avis :)

Bonne lecture !


Lost Justice

Chapitre 1 – Tout à un début


Sous le soleil d'une journée caniculaire au milieu de l'été, les vagues de chaleur étant percevables à l'horizon lorsque les visiteurs quittaient les terres du village pour en rejoindre d'autres. Les habitants comme les touristes déambulaient à l'extérieur au lieu de chercher désespérément un coin à l'ombre ou en tout cas au frais et cela pour la simple et bonne raison que cette journée n'était pas des plus banales. Le vent transporta une mélodie à des kilomètres, entrant grâce aux fenêtres ouvertes des habitations pour aller intriguer les tympans des habitants de la ville. Les marchands quittèrent leur commerce pour se rapprocher d'un artiste ambulant. Le début d'un attroupement se créa alors autour de cet homme simplement habillé d'un épais foulard beige qui le protégeait des rayons du soleil et descendait jusqu'à sa taille ainsi qu'un pantalon en tissu bleu, quelques mèches brunes dépassaient du voile couleur sable pour venir recouvrir les bandages qui masquaient ses yeux.

Sa chanson décrivait l'aventure d'un garde de l'armée royale qui pour sauver l'élu de son cœur avait su braver les interdits, avait trahi sa nation et avait même dû se séparer de ses êtres chers. La voix grave et envoûtante de l'artiste ambulant, passant son temps à voyager de villages en villages sans poser ses bagages nulle part, ces derniers se résumant à un vulgaire tapis troué par endroits et décoloré, un tambourin qu'il tenait en ce moment même par sa main gauche et frappait avec l'autre, les cymbales adoucissant sa mélodie et faisant étirer un sourire aux visages qui lui faisaient face. Un petit bol était tout de même posé entre ses pieds et ceux de son public.

Une histoire entendue quelque part, autant par de mauvaises langues que par celles plus admiratives par l'exécution d'un tel exploit, et qu'il avait ensuite chantonnée en quelques vers avant d'en faire une chanson digne de ce nom. Tout était dans sa tête, ne pouvant pas écrire puisqu'il serait incapable de se relire, il ne pouvait faire autrement.

Les applaudissements recouvrirent bien vite ses derniers tambourinements et d'un pas de dance qui le fit terminer penché à demi vers le bol en métal à ses pieds, pointant de son bras de libre celui-ci, Shinji quémanda un peu d'argent pour sa prouesse avec à la clé un sourire charmeur étiré sur ses lèvres. Les pièces tombèrent petit à petit, remplissant le bol, ses remerciements couvrant le tintement de chaque pièce donnée pour le récompenser. Au compte-goutte, son public se dispersa dans la foule et bien vite Shinji se retrouva ignoré des habitants ainsi que de nombreux touristes, se retournant alors pour commencer à ranger ses affaires et quitter les lieux.

« Excusez-moi… je peux vous poser une question ? »

La voix faible, timide, et surtout féminine le fit se retourner avec un sourire éclatant. Il pouvait sentir le doux parfum de cette inconnue ainsi que les frottements de vêtements qu'on retire. Et pour cause, son interlocutrice rabattait sur ses épaules son propre voile qui protégeait lui aussi sa tête, le vent dégagea ainsi ses longs cheveux blonds pour les faire danser librement, leur odeur arrivant aux narines de cet artiste ambulant.

« Vous venez de le faire, mademoiselle. » Fit-il remarquer sur un ton amusé.

Shinji entendit la jeune fille se déblatérer en excuse, s'embrouillant l'esprit avec ses propres mots avant de soupirer d'agacement et se reprendre. Le jeune homme ne pouvait malheureusement pas voir les rougeurs sur ses joues qui mettaient en valeur ses yeux d'un bleu azur captivant.

« La chanson que vous venez de chanter, est-elle vraie ? »

Un ricanement se perdit dans l'allée centrale de cette petite ville modeste, les fins sourcils de l'inconnue se fronçant pour essayer de comprendre la réaction de cet artiste ambulant. Ce n'était pas la première fois qu'on lui posait ce genre de questions, il avait même arrêté de les compter mais cela l'amusait toujours autant.

« Et si je vous répondais oui, que feriez-vous ? »

L'air de défi dans sa voix fit sourire son interlocutrice qui recouvra ses longs cheveux blonds par son tissu d'un jaune éclatant. Elle déposa à son tour quelques pièces qui s'entrechoquèrent dans le petit bol en métal, attirant un peu plus l'attention de cet artiste ambulant sur sa personne. Malgré le fait qu'il ne puisse pas le voir à cause de ses bandages, elle lui sourit avec gentillesse.

...

Quelque part dans le monde, dans un pays connu pour ses rares moments de répit, sans querelles avec une autre contrée pour étendre son influence, une nouvelle journée commençait grâce aux coqs qui se mettaient à chanter en apercevant les premiers rayons du soleil, réveillant quelques villageois tandis que les paysans se trouvaient déjà à leurs champs pour récolter leurs légumes ou arroser leurs plantes. Les forces militaires qui faisaient la réputation du pays déambulaient déjà de ruelles en ruelles pour s'assurer que rien n'avait bougé depuis la veille.

A l'intérieur d'une petite cabane bien modeste, quelques bassines étant placées au milieu de la chambre et à moitié pleine puisque les trous dans le plafond ne retenaient plus la pluie lorsque celle-ci frappait leur région, un jeune homme âgé d'à peine dix-huit ans passa sa main sur son visage pour finir de se réveiller. Ses doigts s'emmêlèrent avec ses cheveux blonds en désordre et lentement il entrouvrit les yeux pour s'habituer à la faible luminosité de ce début de matinée. C'est en menaçant de mort comme chaque matin le coq du voisin que Len retira les couettes de son lit pour bientôt se retrouver sur ses pieds et partir revêtir son uniforme militaire tout en attachant soigneusement la ceinture et la garde de son épée autour de sa taille svelte. Il s'avança par la suite vers son bureau où était posé par-dessus un minuscule miroir fissuré sur les côtés et poussiéreux, attrapant entre ses doigts son habituel ruban bleu offert par sa sœur et noua ses longs cheveux blonds en une couette haute. Len remarqua bien vite les cernes qui obscurcissaient ses grands yeux bleus, lui donnant un air fatigué et presque malade à cause de son teint plutôt pâle. Dans un râle, Len referma la porte de sa chambre derrière lui et se dirigea vers la cuisine pour préparer le déjeuner.

Il finissait de mettre la table pour deux lorsqu'une petite voix encore endormie l'arrêta pour lui faire relever son menton et apercevoir la fine silhouette de sa petite sœur dans l'embrassure de la porte, tout juste habillée de sa robe de chambre d'un blanc cassé, sa manche tombant de son épaule alors que sa main droite frottait contre son œil clos dans une moue adorable.

« Ça fait longtemps que tu es levé ? Lui demanda-t-elle en venant s'asseoir à l'autre bout de la table, baillant à s'en décrocher la mâchoire.

— Une demi-heure tout au plus, je t'ai réveillée ? S'inquiéta-t-il alors qu'il se retournait pour faire face aux fourneaux et s'assurer de la bonne cuisson de ses plats.

— Égorge ce coq et ensuite on en reparlera. »

Même si sa sœur jumelle ne disait certainement pas cela à la légère, Len ne put retenir un éclat de rire alors qu'il apportait le petit déjeuner à table. Rin attrapa bien vite la nourriture encore fumante qu'elle ramena aussitôt à son assiette, se pourléchant les lèvres alors que l'odeur délicieuse des plats montait à ses narines pour réveiller son estomac. Sans se faire prier et lançant un joyeux bon appétit, la jeune fille aux cheveux aussi blonds que les siens coupés en un carré engloutit une bonne partie de son déjeuner en quelques secondes seulement. Len ne put s'empêcher de la regarder manger avec attendrissement, un léger sourire dessiné sur le coin de ses lèvres alors que lui n'avait toujours pas touché à un seul grain de riz qui composait leur bol acheté sur le marché au plus bas prix.

« Ça va refroidir si tu ne manges pas maintenant, prévint Rin en louchant sur son propre repas et bien tentée de lui piquer sa part si elle n'avait pas été bien élevée.

— Oui oui ! »

Plus doucement, il se mit à manger son petit déjeuner alors que sa sœur terminait le sien et se levait déjà pour commencer à faire la vaisselle. S'étant retourné à demi pour voir Rin les mains remplies de mousse, les fois où celle-ci allait de son propre chef exécuter les tâches ménagères étant plutôt rares, Len ne put retenir son esprit de vagabonder ; se disant intérieurement que sa sœur pourrait être une de ses rares beautés qu'il parvenait parfois à entrapercevoir dans les cours du palais qu'il sert en tant que capitaine de la garde royale. Rin avait un visage fin, élégant et un sourire ravageur lorsqu'elle était de bonne humeur. Ses cheveux blonds donnaient un bel éclat à son visage lorsque les rayons du soleil venaient jouer entre ses mèches pour les éclairer de mille feux et leur donner un reflet doré qui mettaient en valeur ses yeux d'un bleu océan magnifique. Si sa sœur pouvait porter des vêtements à la dernière mode, se pouponner juste un peu pour ravir un peu plus quelques-uns de ses traits, elle pourrait certainement concurrencer et battre haut la main toutes les filles de son Seigneur. Ils étaient peut-être jumeaux, mais lui était une pâle copie à ses côtés.

« Dis Len… le boulanger à l'autre bout de la rue vient de perdre un de ses collègues qui a décidé de déménager et je me disais que peut-être je pourrais essayer de…

— Non, la coupa-t-il en posant ses baguettes en bois sur la table rectangulaire de leur minuscule cuisine.

— Hein mais pourquoi ?! Moi aussi je peux travailler ! Tu n'es pas obligé d'être le seul à subvenir à nos besoins ! Contrattaqua-t-elle aussitôt en se retournant vivement vers lui, essuyant une assiette.

— C'est à l'homme de travailler, les femmes doivent rester à la maison à s'occuper du ménage et des enfants. »

La même routine continuait son cours. Cela faisait des mois que Rin cherchait la moindre opportunité pour prendre un petit travail et aider son frère dans les comptes. Leur petite cabane demandait beaucoup de réparations et surtout au niveau du toit qui partait doucement mais sûrement en lambeau au fils des mois et des saisons, plusieurs meubles avaient besoin d'être réparés ou plutôt ils devaient en racheter car poser des livres pour rattraper la hauteur perdue avec un pied cassé n'était pas tout le temps envisageable. Rin rêvait d'un nid douillet et chaleureux, tout le contraire de cet endroit qui tombait en morceaux sous ses yeux impuissants.

« Nous n'avons pas d'enfants Len, arrête de dire des bêtises ! Et tu sais que je n'aime pas me tourner les pouces, je peux travailler, j'en ai la force ! »

Oh que oui il en était parfaitement conscient, petits Rin le battait toujours. Seulement, Len ne pouvait pas se résoudre à l'idée de faire travailler sa petite sœur et voir leur entourage les regarder d'un mauvais œil ; à leur époque une femme qui travaille n'était pas vue d'un très bon œil et prouvait surtout l'incompétence du mari. Et Len savait bien que si ses camarades apprenaient que sa sœur travaillait en tant que fleuriste, boulangère, ou n'importe quoi d'autre encore, il en entendrait aussitôt des vertes et des pas mûres et ses journées deviendraient insoutenables.

Dans un long soupir, montrant de la sorte qu'il était fatigué d'avoir ce genre de discussions avec elle, Len posa ses couverts sales dans le lavabo que s'empressa de prendre en main Rin pour les nettoyer à leur tour. Il tourna bien vite talons pour s'éloigner de sa sœur et se dirigea vers la sortie de leur cabane pour se mettre en route pour le château qui se trouvait à quelques pas de là. Pour lui, la conversation était close et Rin n'aura jamais son accord.

Len entendit distinctivement sa sœur l'incendier d'injures alors que la porte se refermait sur lui. Bien vite le jeune homme perdit une de ses mains dans ses cheveux blonds où plusieurs mèches rebelles n'étaient pas tenues par sa couette haute et partaient dans tous les sens. Il se mit tout de même rapidement en marche pour rejoindre le château et commencer ses heures. Aujourd'hui encore il devra entraîner les nouvelles recrues pour les préparer à une future bataille et comme d'habitude celles-ci lui feront remarquer son jeune âge, sa petite taille, et surtout remettront en doute ses capacités. Enfin, Len n'allait pas complètement se plaindre de son travail puisque travailler dans la garde royale lui offrait quand même un bon salaire qui se retrouvait tout de suite englouti par les impôts et leurs besoins vitaux comme la nourriture. Ainsi au final, ils ne leur restaient pas grand-chose une fois tout cela payé.

Devant lui se dessina bien vite un immense palais dont l'architecture en pierre le faisait s'élever pour aller jouer avec les nuages, le toit à pignons étant impossible à voir depuis la terre ferme. Len monta les escaliers en pierre, saluant d'un mouvement de tête ses collègues qui prenaient le temps de le fixer tout en étirant un gentil sourire, ignorant toutefois le reste et les quelques messes-basses qui le firent tout de même soupirer. Len savait qu'il était jeune pour exercer un tel métier et surtout tenir un tel rang. Seulement on pouvait dire qu'il avait été là au bon moment puisqu'un jour où une petite troupe ennemie s'était infiltrée dans leur pays en tenue de civile s'était rapprochée dangereusement de leur Seigneur qui était de sorti et profitait tout comme les habitants du festival. Sans réfléchir, ses jambes ayant courues à sa place, Len s'était interposé entre l'ennemi et le Seigneur dès qu'il avait vu le soleil se refléter sur la lame d'un poignard. La suite des événements ne fut qu'éloges, remerciements à n'en plus finir et discussion en compagnie du Seigneur alors que lui n'était qu'un simple paysan à cette époque-là.

« Demande moi tout ce que tu voudras, je te le donnerai sans hésitation. »

De son côté, lui aussi n'avait pas hésité. Certes, il aurait pu demander une grosse somme d'argent en compensation mais cela aurait été stupide ; sa sœur et lui l'auraient dépensé en broutille et rapidement ils se seraient retrouvés sans un sou. Len avait alors demandé de rejoindre l'armée royale, pas à un haut poste, le temps qu'il montre ses capacités et au fil des années, d'un entraînement sans faille pour ne pas décevoir le Seigneur qui avait honoré sa parole et n'avait pas posé de réticences, Len s'était élevé jusqu'à son poste.

« Hey Len ! » Le héla un collègue.

Aussitôt le blondinet se retourna pour voir un autre garde monter en hâte les escaliers pour se retrouver à sa hauteur, sa cravate pendant sur ses épaules et sa chemise dépassant de son pantalon sombre. Cet homme aux longs cheveux blonds et aux yeux d'un bleu moins éclatant que les siens tenaient dans sa main droite le fourreau de son épée.

Arrivé à ses côtés, son camarade se pencha vers l'avant pour mettre sa main libre contre son genou arqué et pouvoir reprendre son souffle après sa course. Il se redressa ensuite, dépassant Len d'une tête voire même plus et passa sa main dans ses cheveux pour les remettre en place et paraitre plus ordonnés.

« Merci de m'avoir attendu, je me ferais moins engueuler si j'arrive en ta compagnie !

— Panne d'oreiller ? Questionna Len en se retournant pour reprendre sa marche.

— Non pas cette fois, et c'est moins glorieux donc je préfère me faire tout petit. »

De la sorte, Len ne prit pas longtemps à deviner que la soirée de son collègue Leon devait être plutôt arrosée pour lui faire louper son réveil et surtout le mettre dans un tel état ; l'officier plaisait beaucoup aux femmes de la cour de par son physique plutôt avantageux mais aussi pour sa discussion, sa gentillesse et surtout son sourire franc et sincère. Enfin, il ne fallait pas oublier la caractéristique qui faisait de Leon un dragueur invétéré, emmenant souvent ses proies dans des champs de fleur où il récitait ses poèmes ou encore fredonnait quelques chansons. Mais hormis ces petits détails qui faisaient après tout de Leon quelqu'un de gaie, il était aussi le seul qui depuis le début s'était montré gentil avec lui et le soutenait même lorsque d'autres gardes venaient se moquer de lui. Leon était quelqu'un sur qui on pouvait compter dans n'importe quelles circonstances.

« Encore en retard Leon à ce que je constate ! »

Immédiatement l'interpelé s'arrêta dans le hall d'entrée du palais richement décoré, Len faisant de même quelques mètres plus loin pour se retourner et voir l'élégante femme arriver à leur hauteur. Les longs cheveux argentés dansant autour de sa fine taille s'harmoniaient parfaitement avec le teint d'ivoire de sa peau et ses yeux d'un gris ensorcelant, un peu de rouge à lèvres posé sur celles-ci la rendant encore plus mature.

« C'est dommage d'être populaire auprès de la gente féminine, n'est-ce pas ? On sait tout de suite quand tu manques à l'appel, se moqua-t-elle en plaçant le dos de sa main vers sa bouche avant de rire.

— Mais j'ai une excuse cette fois ! Une pauvre bonne femme avait perdu son chat alors que j'étais parti en avance de chez moi, j'ai bien dû lui rendre ce service ! Ah ! »

Posant ses mains sur ses hanches, Leon tenta de se donner un air confiant et sûr de son mensonge pittoresque. Len ne put s'empêcher de soupirer et se dire intérieurement que si son collègue pensait avoir de la sorte Miriam, femme du conseiller au bras long et très intelligente, alors Leon était vraiment un idiot irrécupérable.

« Je vois… Soit, va rapidement rejoindre ta place avant que trop de personnes ne remarquent ton absence. »

Len fronça des sourcils alors qu'il fixait avec insistance cette femme qui lui jeta au même moment un regard, le toisant par ailleurs avant de tourner talons sans le saluer et s'éloigner d'eux pour rejoindre ses amies. C'est vrai qu'à l'inverse de Leon, lui n'était pas populaire auprès des femmes de la cour. Il aurait pu être leur fils et même si un petit nombre d'entre elles aimaient le chouchouter et tirer sur ses joues pour le rendre encore plus adorable, comme elles aimaient le crier d'une voix mielleuse, le plus grand nombres chuchotaient entre elles sur son compte alors qu'il passait à quelques mètres de leur groupe.

Rapidement Leon et lui arrivèrent dans le donjon où étaient assis plusieurs des nouvelles recrues dont la plupart étaient déjà plus âgées que lui. Quelques autres gardes se trouvaient au fond de la pièce, debout et en train de discuter du programme de la journée.

« Ah tiens Len, tu tombes à pic ! S'exclama un garde à la carrure imposante et aux yeux d'un doré perçant, une cicatrice barrant son front montrant sa participation à quelques guerres pas très réjouissantes.

— Qu'est-ce qui se passe ? Demanda-t-il en intégrant le petit groupe qui se décala pour faire de la place à lui ainsi qu'à Leon.

— J'aimerai que tu entraînes quelques recrues, personne ne manie mieux que toi l'épée et ta bouille les effrayera pas. »

Les éclats de rire l'entourèrent aussitôt, le faisant fusiller du regard Big Al qui aimait le titiller là-dessus. Enfin s'il avait bien compris, il lui refilait les retardataires, ceux qui avaient encore du mal et qui posaient problème. Big Al était presque son égal au niveau de son grade et aimait créer les stratégies de combats ainsi que se charger de la formation des nouvelles recrues pour mettre en avant son côté sadique et tortionnaire. Il était néanmoins rare de les voir travailler ensemble puisque quelque part Len avait pris le poste que rêvait d'intégrer son collègue et depuis celui-ci utilisait n'importe quel moyen pour lui faire payer tout en restant droit et honnête. Au moins, Big Al n'essayait pas de l'assassiner pour prendre sa place, mais il restait tout de même une épine à son pied et jamais il ne pourrait se reposer sur cet homme bien inquiétant lorsqu'il se mettait à sourire de toutes ses dents.

« Bien, je m'en charge. » Souffla-t-il tout en se retournant pour rejoindre le petit groupe qui avait été mis à l'écart pour permettre de les repérer facilement.

Pour cette mission et cela même s'il avait un grade supérieur à celui de Big Al, il ne pouvait pas contester ou encore faire des siennes. C'était Big Al et non lui qui était chargé de cette affaire.

« Bonjour, je suis Kagamine Len et je serai votre entraîneur pour aujourd'hui. Venez avec moi, nous allons dehors. » Expliqua-t-il à ces inconnus qui relevèrent aussitôt leur visage pour l'observer.

Len n'attendit pas une réponse et prit la direction de la sortie pour laisser ses collègues se charger des autres sans encombre. Le jeune homme savait déjà qu'il allait devoir réexpliquer les rudiments à ces garçons qui le suivirent avec appréhension, la petite taille de leur entraîneur ainsi que son jeune âge les laissant perplexes. Derrière son dos, Len pouvait les entendre chuchoter sur son compte comme d'habitude.

« Ils embauchent les enfants maintenant ? Sont autant en manque d'effectifs que ça ? S'enquit l'un d'eux.

— Ce n'était donc pas qu'une rumeur, ils ont vraiment un enfant comme capitaine ! »

C'était toujours comme ça…

Rapidement, Len ainsi que son petit groupe quittèrent le donjon en refermant la porte en bois derrière eux pour se diriger vers la cour et commencer leurs exercices. Ils se retrouvèrent dans un jardin typique des japonais par la petite mare contenant des poissons exotiques avec quelques fleurs pour ravirent l'endroit, des statues disposées par endroit pour égayer l'espace et le tintement incessant mais agréable des shishi odoshi pour tenir éloigner les animaux sauvages qui sauraient détruire cet endroit au calme reposant.

A leur sortie, Leon se retourna vers Big Al pour aller le dévisager, étant pourtant à un rang bien inférieur à celui de son collègue.

« C'était petit, grogna-t-il pour se faire remarquer alors que Big Al continuait à assigner les tâches.

— Oui, comme lui en quelque sorte, tu ne trouves pas ? Réagit aussitôt son supérieur tout en tournant son regard doré sur lui.

— Vous êtes tous puérils, Len ne vous a rien fait.

— J'aime juste pas sa tronche, y a pas à discuter là-dessus. »

Pour clore la conversation qui l'agaçait et le mettait de mauvaise humeur, Big Al fit claquer le dossier qu'il tenait dans ses mains pour le fermer et le reposer sur un petit bureau. Il se mit ensuite au centre de la pièce et frappa dans ses mains pour attirer l'attention de tout le monde qui se mirent immédiatement debout, prêts à agir.

La journée pouvait commencer.

Les heures défilèrent tranquillement, Len ayant montré sa supériorité envers ces nouvelles recrues qui l'avaient défié au combat et qui s'étaient bien vite retrouvées démunies de toute arme en quelques vulgaires secondes d'échanges. Après ce ridicule combat les cinq jeunes hommes l'avaient écouté avec attention toute la journée, se tenant droit et donnant des coups plus précis, tenant déjà mieux le manche de leur épée. Au fil d'une unique journée et prenant le temps de leur expliquer sans s'énerver, remontrant l'exercice avec sa propre épée autant de fois qu'ils le lui demanderont poliment, Len remarqua de nombreux progrès chez ces cinq hommes qui finalement se montraient bons élèves.

Le soleil commençait à se coucher, plongeant le ciel dans de jolies couleurs orangées tandis que l'air se rafraichissait. Len rengaina son épée dans son fourreau dans un son reconnaissable entre mille, mettant fin à l'exercice puisque tous les visages se tournèrent vers lui.

« C'est terminé, rentrez chez vous. Vous avez fait du bon boulot. » Confia-t-il tout en souriant gentiment.

Les garçons se regardèrent un instant avant de subitement se pencher vers l'avant dans une posture d'excuse, faisant agrandir les yeux de Len surpris.

« Excusez-nous pour notre comportement au début de la leçon, nous avions eu des doutes sur vos capacités mais nous nous sommes trompés. »

Pris de court, Len ne sut comment réagir et sentit bien vite ses joues s'enflammer alors qu'il demandait d'une voix tremblante à ses élèves de se relever et reprendre contenance. C'était bien la première fois qu'on lui faisait une telle chose.

« Au revoir ! Lança un des cinq garçons qui s'éloignèrent de lui.

— Oui, à demain ! »

Agitant de droite à gauche sa main pour les saluer, Len se sentait encore troublé. Ce n'était pas tous les jours que les personnes qui s'étaient moquées de lui s'excusaient sans qu'il n'ait fait une quelconque remarque. Len se retrouva bientôt seul, soupirant tout en se frottant le haut du crâne. Il se mit alors ensuite à son tour en direction de la sortie pour rejoindre Rin chez eux et pouvoir se reposer. Seulement, alors qu'il s'apprêtait à sortir du château pour descendre les escaliers en pierre et retourner dans sa petite cabane, son nom fut crié sous sa plus grande surprise. Son cœur manqua un battement alors qu'il se retournait précipitamment pour voir la course de Miriam malgré ses talons jusqu'à lui, le visage apeuré de la jeune femme ne le rassura absolument pas.

« Le Seigneur veut te voir maintenant, ne discute pas ! »

Sans demander son avis, Miriam lui attrapa le bras et l'emmena à sa suite jusqu'au trône où était assis le Seigneur ; un homme à la longue chevelure d'un violet éclatant remontée en une haute couette alors que quelques mèches encadraient son visage finement tracé, sans défaut, ses yeux limpides s'illuminant d'une lueur de soulagement quand il vit entrer son sauveur d'il y a quelques années déjà.

« Len, oh merci tu n'étais pas encore parti ! J'ai besoin de toi ! Révéla-t-il aussitôt, quittant son trône pour descendre les marches élégamment et ainsi faire tomber son long kimono au sol.

— Que… que se passe-t-il ? Demanda Len alors que Gakupo passait son bras autour de ses épaules pour l'emmener dans un coin de la pièce où était attachée contre le mur une carte du monde.

— L'ennemi se prépare à nous attaquer par l'Est et le Sud, plusieurs de nos villages ont déjà été conquis par leur faute ! Je veux rétablir la donne. » Expliqua le Seigneur de leur pays alors qu'il pointait différents villages qui avaient perdu face à leur ennemi.

Len fronça ses sourcils, inquiet sur le fait qu'étrangement les villages conquis par l'ennemi n'avaient aucune logique et étaient parfois opposé à un autre, un se trouvait complètement au Sud alors que l'autre était vers le Nord-Est. Il ne semblait y avoir aucune stratégie militaire là-dedans, alors quoi ?

« Que comptez-vous faire, Seigneur ? »

Sa voix sérieuse ne convenait pas pour son jeune âge, Rin lui faisait souvent remarquer lorsqu'il lui racontait parfois ses journées et ses batailles. Néanmoins, Len ne prenait jamais quelque chose à la légère, surtout quand cela concernait l'avenir du pays et la survie de Rin. Len faisait donc beaucoup plus âgé de par son attitude.

Un sourire s'étira sur les lèvres du Roi Gakupo alors qu'il observait le visage de son plus fidèle garde, reprenant à son tour contenance pour rapidement faire appuyer son index sur une partie de la carte.

« Ce village est connu pour ses forces militaires, il n'appartient à aucun seigneur et se dit libre. Il est néanmoins très bien placé géographiquement et si nous parvenons à mettre la main dessus et obtenons ses guerriers, nous pourrons faire plier l'ennemi ! »

Len acquiesça malgré le fait qu'il connaissait de réputation ce village ; plusieurs Seigneur avaient tenté leur chance mais les forces militaires les avaient toujours battus à plate couture. Un minuscule pays, libre, qui entraîne pourtant des soldats à la guerre. Juste pour sa défense et non pas pour faire agrandir leur influence en écrasant d'autres pays. Len n'y avait jamais mis les pieds mais avait entendu quelques histoires là-dessus de par les voyages de ses camarades ou encore son entourage ; de bons produits étaient vendus là-bas à un prix raisonnable, un orphelinat s'y trouvait aussi.

« Vous voulez que j'y aille pour parler avec le dirigeant ? »

Sa question fit ricaner l'assemblée en plus de Gakupo qui vint lui ébouriffer les cheveux. Ne comprenant pas ce qu'il avait dit de drôle, Len jeta un coup d'œil à chaque visage qui se trouvait autour de lui, sceptique.

« Ton innocence me fera toujours rire, Len ! Mais ce n'est pas ça que je compte te faire faire ; prends tes meilleurs soldats et partez à cheval.

— Hein, mais…

— Je veux que tu reviennes avec de bonnes nouvelles. »

Gakupo retira son bras de par-dessus ses épaules et se retourna pour rejoindre son trône. Len ne comprenait pas, ne cessant de fixer la carte où le village qu'avait pointé son Seigneur se trouvait représenté par une petite maison où une rivière se trouvait juste à ses côtés et une immense forêt de l'autre. Pourquoi son Seigneur veut-il attaquer ce village si les forces militaires l'intéressent aussi ? Un si petit village ne peut pas bénéficier d'une grande armée et ne peut pas faire appel à des renforts d'autres contrées puisqu'il était seul. N'étais-ce pas plus simple d'aller parler au dirigeant, négocier avec lui et essayer de l'avoir à leurs côtés pour cette bataille ? Sans avoir à verser du sang inutilement ? Len ne comprenait pas cette partie de l'armée, cela le dépassait.

« Vous partirez quand vous serez prêt, tu viendras me donner le signal. »

Len se tourna pour observer son Seigneur assis sur son magnifique trône doré au-dessus d'une centaine de marche où un tapis rougeoyant les décorait. Il aurait aimé pouvoir contredire son Seigneur, pour essayer de le faire revenir sur sa décision en lui expliquant sa façon de penser mais malheureusement personne ne pouvait mettre en doute sa parole. Gakupo était au-dessus de tout, rien ni personne ne pouvait lui tenir face et le mettre à faux. Ce serait passible d'emprisonnement juste pour l'avoir contredit.

« Que fais-tu encore ici ? »

Len frissonna lorsque la question lui fut posée froidement, contractant ensuite sa mâchoire alors qu'il empruntait le chemin de la sortie d'un pas actif. Il avait encore tant de choses à faire maintenant, prévenir tant de monde, demander à Leon de s'occuper de Rin et de la protéger pendant son absence, parler à celle-ci de cette nouvelle mission… sa journée n'était décidément pas terminée.

...

Mettant un pied dans l'étrier en métal, Len se hissa sans difficulté sur la selle de son cheval blanc personnel, celui-ci commençant à agiter sa tête lorsqu'il prit en main les rênes. Il pivota ensuite sur le côté pour voir la vingtaine d'hommes à cheval qui l'accompagnaient pour voir si tout le monde était prêt ; quelques membres de la famille étaient venus pour leur dire au revoir et leur souhaiter bon courage, surtout de revenir en bon état. Quant à lui, Rin n'était pas venue comme elle le faisait d'habitude. Hier soir ils s'étaient encore disputés au sujet du travail de boulangère qui était toujours proposé par le boulanger du coin.

« Reste y dans ce village, ça me fera des vacances ! »

Len devinait bien que sa sœur lui avait crié une telle chose sous le coup de la colère, mais cela n'empêchait pas d'avoir quand même un petit peu mal. Il coupa court aux salutations et pleures des familles en faisant claquer sa langue pour réveiller son cheval qui dressa les oreilles et se mit à avancer, donnant le signal aux autres pour le suivre.

Le village qu'ils devaient attaquer ne se trouvait qu'à deux journées à cheval de leur Pays et une forêt devait être traversée. A première vue rien de bien méchant surtout qu'en plus les villages ennemis étaient davantage plus éloignés et que les environs étaient pauvres en voleurs. L'influence du pouvoir de Gakupo effrayait bien du monde et les tenaient la plupart du temps bien retirés sur d'autres terres.

Leur voyage se fit donc sans problème, aucune embuscade qui aurait pu les affaiblir avant leur arrivée, se reposant à la nuit tombée où chacun faisait un tour de garde pour s'assurer que tout allait bien autour d'eux au coin du feu, les chevaux broutant et s'abreuvant dans le petit étang qu'ils avaient trouvé.

Les soldats se racontèrent leurs histoires durant le chemin, les derniers potins qu'ils avaient entendus quelque part, Len participant parfois à la conversation pour leur demander de se taire car ils se rapprochaient des frontières de ce village et qu'un habitant pouvait se balader en ce moment dans cette forêt et qu'il pourrait les repérer. Len ignora alors les insultes que pouvaient marmonner ses camarades sur son dos et regarda attentivement autour de lui pour ne laisser passer aucun détail de l'environnement.

Les arbres constituants cette forêt verdoyantes se firent de plus en plus espacés, moins nombreux, et signalaient ainsi à la troupe qu'ils allaient bientôt en sortir pour rejoindre ce village libre de tout pouvoir. Mais alors que tout aurait pu bien se passer, si Len avait su s'imposer en face de Gakupo et exposer ses idées, une flèche ne se serait pas plantée dans l'épaule d'un soldat qui se rattrapa de justesse aux rênes de son cheval qui partit à toute allure droit devant lui sous le coup de la panique.

« Attendez ! »

Mais son cri ne réussit pas à faire arrêter le soldat qui essayait tant bien que mal de récupérer l'équidé qui fonçait tête baissée vers les troupes ennemies qui les attendaient de pieds fermes devant les portes de leur village. Len pesta alors que tout autour de lui les interrogations partaient dans tous les sens. Le raclement de son épée contre son fourreau coupa toutes les paroles inutiles ; prenant les rênes dans sa main gauche, ses talons appuyant contre les flancs de son cheval, Len s'élança à son tour pour affronter leurs adversaires. Personne ne pouvait plus reculer, ce serait trahir son pays et lui rapporter plus de honte que s'ils étaient tombés morts au combat. Être soldat était synonyme d'affronter perpétuellement la Mort, ne pas la craindre et de la préférer à la fuite.

De la sorte, les flèches fusèrent dans le ciel encore obscurcit par ce début de matinée, des chevaux tombèrent comme des soldats qui retirèrent les flèches plantées dans leur corps avant de se remettre debout et continuer à combattre. Len se retrouva bien vite encerclé d'ennemis tout comme lui à terre, armés d'épées, et un sourire malsain dessiné sur leurs lèvres. Le jeune homme ne mit pas bien longtemps à deviner les pensées de ses adversaires, pensant qu'attaquer le plus petit de la bande serait un jeu d'enfant et qu'ils en auront fini en deux petites secondes, mais c'était le sous-estimer. Évitant les coups avec grâce, résistant à chaque attaque de front sans sourciller ou montrer la moindre faiblesse, contre-attaquant, Len ne démordit pas et honora le symbole qui était brodé sur son uniforme, l'artillerie de la famille Kamui. Bien vite, ses adversaires comprirent leur erreur mais Len ne les épargna pas pour autant. Il ne devait pas.

La lame étincelante de son épée se retrouvait maintenant couverte de sang, l'herbe fraîche accueillant maintenant les dépouilles de ces hommes qui lui étaient inconnus. Le cri des combattants surpassait celui des entrechoquements des lames. Len regarda autour de lui, les yeux écarquillés. Ces hommes plus âgés et plus grand que lui, avec plus d'expérience, ôtaient la vie à d'autres sans remords, c'était leur travail et c'était aussi le sien. Ses mains et son visage était recouverts d'un sang qui n'était pas le sien, ses vêtements étaient tachés et troués à plusieurs endroits à cause des coups qu'il n'avait pas su éviter et où il se retrouvait blessé.

« Prenez-moi dans votre armée, mon Seigneur. Je sais me battre et c'est mon unique souhait.

Sais-tu que tu tueras des personnes ? Des hommes qui ont une famille qui les attend, qui n'ont rien demandés et qui suivent juste leurs responsabilités comme toi tu le feras si j'accepte ?

J'en ai conscience.

Bien alors je te souhaite la bienvenue à mes côtés, Len. »

L'emprise autour de la garde de son épée se fit plus pressante, fonçant déjà vers un énième adversaire qui s'apprêtait à trancher la tête d'un de ses collègues qui était tombé à la renverse après avoir trébuché. Son épée, sa meilleure amie, trancha sans hésitation le corps en face de lui, sauvant de la sorte la vie d'un de ses camarades qui se releva aussitôt tout en le remerciant avant de repartir au combat.

Ce n'était pas la première fois qu'il combattait alors pourquoi se souvenait-il de sa conversation avec Gakupo ? Len ne saisissait pas le sens de ce flash-back qui se déroulait dans sa tête, se revoyant agenouillé devant le trône de son Seigneur après avoir été soigné alors que celui-ci était assis dessus et le regardait avec gentillesse.

Autour de lui, ses hommes tombaient morts face contre terre, leur sang venant salir la verdure de l'herbe. Leurs adversaires n'étaient pas n'importe qui et même si leur nombre diminuait aussi, ils ne faiblissaient pas et revenaient à la charge.

« Que faisons-nous, capitaine ? Lui demanda l'homme que Len avait auparavant sauvé, ses cheveux rougeoyants montés en une couette basse.

— Il faut nous introduire dans le village par tous les moyens, vous vous en sentez capable ?

— Autant que mes jambes et mes bras le supporteront. » Confia-t-il avec sincérité.

Len acquiesça alors qu'un faible sourire se dessinait sur le coin de ses lèvres, ravi d'entendre de telles choses. Il demanda alors à son collègue du nom de Ted de joindre ses forces aux siennes pour pousser l'adversaire à reculer et ainsi se rapprocher un maximum des portes du village pour pouvoir y entrer. C'est en acceptant de collaborer avec lui que Ted renforça son emprise sur le manche de son katana d'un noir obscur et fonça avec lui vers l'adversaire. Leur cri poussé pour les intimider, faisant s'arrêter pendant une micro seconde tous les combats pour se tourner vers eux, l'armée de Gakupo comprit le manège des deux autres et s'y joignirent bien vite.

Malgré leurs blessures, et comme l'avait si bien dit Ted, tant que leurs jambes et leurs bras les soutiendront il était hors de question de renoncer. Qu'importe si leur sang s'échappait de leurs blessures, que l'adversaire pouvait être plus fort qu'eux, ils réussiront pour faire honneur à leur Seigneur et ne pas devenir la risée des Pays environnants.

Oui, c'étaient de belles paroles. Malheureusement, la vie ne marchait pas de cette façon.

Finalement, l'adversaire céda et Len ainsi que ses hommes purent entrer dans le village, les premiers dans l'histoire à être allés aussi loin et ils commençaient déjà à le regretter. Pour cause, d'autres adversaires les attendaient au cas où leurs collègues ne parviendraient pas à être suffisants. A l'inverse de ses hommes qui la plupart se firent encercler par de nouveaux gardes, Len par sa petite taille passa un instant inaperçu par les autres combattants et put se faufiler un peu plus loin. Ses grands yeux océans virent ainsi ses hommes se faire laminer par ce trop grand nombre de soldats frais, sans blessures et au mieux de leur forme. Il vit ainsi Ted tomber pour ne plus se relever ainsi que tous les autres. Inconsciemment Len recula d'un pas, sa main se contractant autour de son épée qui touchait le sol, la respiration bruyante et le cœur tambourinant dans sa poitrine.

C'était mauvais. Il était le dernier.

« Eh, il en reste un ! » S'écria un garde ennemi en pointant son épée dans sa direction pour le désigner à ses collègues.

Instinct de survie ou non, Len tourna talons et se mit à courir dans ce village qui lui était inconnu pour espérer pouvoir sauver sa peau. Seul il ne pourrait pas faire face à tous ces hommes surtout si ces derniers l'attaquaient tous en même temps, et cela malgré ses capacités en matière de maniement d'armes. Non, il devait les affronter un par un et non une trentaine en même temps. Il n'était pas un surhomme ! Juste un gamin de dix-huit ans !

Il devait vivre, il ne pouvait pas mourir maintenant, pas en laissant Rin derrière lui. Non, il ne pouvait pas mourir si jeune. C'est en pensant à cela que Len courrait à vive allure dans les rues de ce village, bousculant des passants qui commencèrent à l'injurier avant de voir son état et surtout l'armure qu'il portait. Au fil de sa course et du sang qu'il perdait, Len commença à voir le couloir de cette ruelle se dédoubler, manquant à plusieurs reprises de trébucher avant de se reprendre grâce aux murs à ses côtés ou par quelqu'un, entendant toujours les voix des soldats ennemis derrière lui le menaçant de mort dès qu'ils auront mis la main sur lui.

A un virage, Len voulut tourner à droite mais ses jambes s'emmêlèrent et sa main claqua contre le mur pour tenter de le rééquilibrer. Il n'allait pas pouvoir aller plus loin, son corps ne supporterait pas de faire indéfiniment le tour du village. Sans courir cette fois-ci, la distance le séparant des gardes étant assez suffisante pour trouver une cachette, sa petite taille lui permettant de courir vite, Len se traîna dans la ruelle en tournant finalement à droite. C'est alors qu'il crut voir la silhouette d'une petite fille à la chevelure brune lui faire signe vers une petite ruelle adjacente, un index posé contre ses lèvres alors que son autre main lui demandait de venir jusqu'à lui. Étais-ce une hallucination ?

Qu'importe, Len s'activa pour la rejoindre et marcha en pas chassé vu l'étroitesse de cette ruelle. Sa main gauche couverte de sang fut attrapée par celle plus petite de la jeune fille, le faisant froncer les sourcils. Est-ce qu'une hallucination pouvait l'attraper ? Mais si ce n'en était pas une, pourquoi cette petite fille l'aidait ? Len ne réfléchit pourtant pas plus, suivant cette inconnue qui continuait à marcher dans cette minuscule ruelle alors que les voix retentissantes des soldats se rapprochaient avant de s'arrêter au croissement se demandant où il avait bien pu passer.

Finalement, Len sortit de l'étroite ruelle pour faire face à une immense église la façade blanchâtre reflétait déjà les premiers rayons du soleil. Ce qui la rendait éblouissante, faisant cligner de nombreuses fois des yeux Len pour s'habituer à temps de lumière d'un coup. Un clocher se trouvait au-dessus de leur tête, à peine visible. Mais Len n'eut pas plus le temps d'admirer le paysage, la ruelle pour l'instant calme n'allait pas durer. Les soldats finiront par le retrouver et le tuer. Il se sentit alors tirer vers l'avant par cette petite fille habillée d'une jolie petite robe rouge et coiffée en deux petites couettes qui rebondissaient à chacun de ses pas, sa main tenant toujours la sienne. Sans montrer de résistance, Len la suivit encore et finit ainsi par entrer dans l'endroit où tous pouvaient être pardonnés et se trouvaient protégés par Dieu. Len n'était pas spécialement croyant, il n'allait jamais à la messe le Dimanche et ne se reposait pas sur cette divinité lorsqu'un problème lui faisait face.

Devant l'autel surélevé par quelques marches, Len rencontra ce qui devait sûrement être un prêtre en vue de sa longue robe blanche, ses cheveux d'un bleu éclatant descendant jusqu'à ses épaules et camouflant son front pour s'arrêter au-dessus de ses yeux bleutés agrandis par l'état de ce garçon qu'emmenait cette petite fille vivant ici.

« Kaito, voici ma bonne action d'aujourd'hui ! »

Le sourire innocent jusqu'aux oreilles de la jeune fille ne rassura aucunement le prêtre. L'état de ce garçon qu'il n'avait encore jamais vu, ce symbole cousu sur son uniforme troué et ensanglanté, cette épée dont la pointe raclait le sol à ses pieds… c'était un ennemi !

« Mon père, vous avez trouvé… oh mon dieu ! »

Plaquant en signe d'horreur ses mains sur sa bouche grande ouverte, la sœur qui venait d'apparaître avec de longs cheveux blancs ne put retenir son cri de stupéfaction en apercevant le nouvel arrivant tenant la main de la petite Yuki qu'ils recherchaient après avoir vu le lit de celle-ci vide. Len n'était plus en état de répondre quoique ce soit, de faire quelque chose, ne comprenant même pas comment ses jambes pouvaient encore supporter son poids et le faire tenir debout. Aussi, ils entendirent bien vite les cris des soldats faire écho dans toute la ruelle, preuve qu'ils se rapprochaient et que d'une minute à l'autre, Len allait être découvert.

« Il doit être ici ! Vite allons-y ! » Hurlèrent les voix des soldats.

Kaito regarda vivement les immenses portes de son église qu'avait pourtant un peu plus tôt ouvertes par Yuki en ramenant avec elle ce soldat inconnu qui allait leur attirer des problèmes s'il restait en plein milieu de l'allée centrale comme cela. Étais-ce vraiment une bonne idée de venir en aide à un ennemi ? Un ennemi qui était surtout aussi jeune. C'est pourtant en reportant ses yeux limpides dans ceux océans de ce jeune garçon qui semblait pouvoir s'écrouler à n'importe quel instant raide mort qu'il se prononça :

« Haku, emmène ce garçon et Yuki dans une chambre, ordonna-t-il d'une voix ferme.

— Mais mon père…

— Tout de suite ! C'est de notre devoir d'aider notre prochain.

— Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi vous criez ? Demanda Yuki alors qu'Haku les avait rejoints, elle et ce mystérieux garçon.

— Ne t'inquiète pas Yuki, tu as bien fait de l'emmener ici. »

Lorsque la jeune fille passa à ses côtés, Kaito passa rapidement sa main dans ses cheveux pour la féliciter avec un tendre sourire dessiné sur ses lèvres. La petite se mit à rire alors qu'elle emmenait toujours à sa suite Len qui se laissa traîner, Haku les dirigeant vers une pièce reculée.

Quelques minutes après que Haku ait fermé la porte derrière eux, Kaito se massa les tempes et se prépara à faire face aux soldats de son village. Les portes de l'église s'ouvrirent pour la deuxième fois de la journée de si bonne heure. Un faux sourire illumina son visage, descendant les marches qui le séparaient de ses nouveaux visiteurs pour venir les accueillir.

« Bienvenue à vous, mes frères ! Vous avez besoin de quelque chose ? »

Voilà que les ennuis commençaient.