Bonjour, voici donc une nouvelle fanfiction dont la trame est bien fixée dans ma tête et sur laquelle je vais bûcher tout l'été dont vous devriez avoir des nouvelles assez souvent :) Je suis de retour sur le site - pour ceux qui me connaissent déjà - et je vais me lâcher en partageant mes Merthur feels avec vous !
Cette fanfiction va être enregistrée en audiofic dès que j'aurai compris comment fonctionne Audiocity et comment faire la conversion en format adéquat, mais je vous tiendrai au courant et je pense que ça ne devrait pas trop tarder, je déborde de temps libre :)
Bon ! Bonne lecture en tout cas !
Titre : Beauty and the Beast
Rating : M
Pairing : Merlin x Arthur
Disclaimer : Tous les personnages appartiennent à la BBC, à ce génie inconnu qui a un jour inventé (ou pas ?) les légendes arthuriennes et à l'inventeur du conte de la Belle et la Bête que je remanie à ma sauce :)
Chapitre 1
Il était une fois, en de très lointaines contrées, par-delà d'anciennes forêts touffues et des rivières limpides, à l'écart de toute civilisation et encerclé de ruines, un très grand château, vieux et lui-même rongé aux mites jusque dans ses fondations. On disait, autrefois, que sa plus haute tour surplombait les nuages que le mobilier avait été fait d'or, de rubis et d'ivoire que ses habitants étaient drapés dans des vêtements au tissu bien plus précieux que la plus fine des soies mais personne n'avait trouvé trace de ce château depuis de nombreux siècles, et depuis longtemps, il n'était qu'une légende oubliée que l'on raconte parfois autour du feu, pour effrayer les enfants, évoquant les monstres taillés dans la pierre, dévorant les petits garnements quand ils dépassaient certaines limites.
Autrefois, disent ces légendes, avait vécu dans ce château la plus grande dynastie que le pays avait jamais connue, jusqu'à ce que le fléau de la magie, cette magie honnie, infecte et purulente, ne vienne pourrir le cœur des héritiers du trône. Le prince, né des tours de magie d'une sorcière proche de la cour qui avaient tué sa mère la nuit où il vit le jour, avait l'âme corrompue, débordante d'arrogance, capricieuse et dépourvue de la moindre compassion, pitié ou même d'altruisme. Son père, un roi dur, mais bon, avait un autre héritier, une femme, cette fois-ci, elle aussi contaminée par le fléau de la magie. Reniée par son état d'enfant illégitime, la princesse, cachée dans l'ombre de son frère, inconnue de tous, prit conscience de la maladie du prince et décida d'agir pour le plus grand bien du royaume, quitte à prendre place sur le trône.
Un soir d'hiver où, dit-on, le prince célébrait un bal, une vieille mendiante vint faire ses doléances aux portes du château une tempête de neige faisait rage sur le royaume, la pauvre femme n'avait que quelques haillons sur le dos et la peau sur les os. Cependant, plutôt que son état de précarité, ce sont sa laideur et sa puanteur que le prince remarqua elle lui offrit une rose en échange d'un abri contre le froid qui faisait rage. Le prince se moqua de son modeste cadeau, s'engorgeant qu'il ne tolérerait jamais une femme aussi laide dans l'enceinte de son palais. La vieille femme tenta de lui faire entendre raison, qu'il ne fallait jamais juger une personne par son apparence. Il demanda à ce qu'on la chasse, n'écoutant la morale de la mendiante que d'une oreille distraite, lorsqu'au moyen de quelques paroles dans une langue étrange, les yeux de la femme se teintèrent d'or.
Elle se transforma alors en une créature enchanteresse à la peau d'ivoire, une longue cascade de cheveux noirs ruisselant le long de son dos et vêtue d'une robe somptueuse. Le prince comprit alors la portée des paroles de la sorcière et tenta de se faire pardonner, mais il était trop tard, car sa sœur avait pu constater la sécheresse de son cœur.
« En punition pour ta cruauté, lui dit-elle, je vais te rendre laid à ton tour, et à chaque lune noire, tu te transformeras en un monstre terrifiant et sanguinaire. Tu garderas ta conscience, mais tu ne pourras t'empêcher de tuer afin que tu réalises la portée de tes actes et que tu découvres enfin ce qu'est la cruauté. Tu vivras longtemps, plus longtemps que tes pairs, et ton châtiment ne sera levé que lorsque tu auras appris à aimer, et que tu seras aimé en retour. Apprends la culpabilité, mon frère tu ne seras pas le seul à subir ce sort. Vois tes sujets, ici présents au bal, tes serviteurs, ta famille, tes chevaliers… tous seront transformés en une partie du mobilier pour que l'illusion de ta solitude ne soit que plus vive. »
Elle s'avança alors vers le prince qui était tombé à genoux, anéanti, et ouvrit ses bras d'un geste majestueux alors que la pièce se faisait envahir par d'innombrables rosiers, dont les ronces grimpaient aux murs, laissant pendre des roses rouges du plafond. La sorcière caressa alors sa joue alors que le prince voyait ses membres se déformer, son dos s'arquer, sa peau se recouvrir d'écailles.
« Pour lever le charme, ton temps sera malgré tout compté. Quand le dernier pétale de ces roses que je t'offre sera tombé, ton temps se sera écoulé, et tu mourras dans la solitude et la honte, portant le fardeau du sort que tu auras infligé à tes sujets sans jamais avoir connu un contact humain. »
Sur ces paroles, elle disparut, laissant le château succomber à sa malédiction. Horrifié par sa condition, le prince se terra dans les profondeurs de son domaine, luttant contre sa malédiction, à chaque lune noire, en s'enfermant dans les cachots et subissant les mutilations que sa cage imposait sur sa taille amplifiée, en songeant que ces douleurs étaient préférables au meurtre.
Les siècles s'écoulèrent, et les roses flétrirent petit à petit sans que le prince soit capable de briser le charme, avançant l'heure de sa mort et du mobilier enchanté du château.
- Et moi, je te dis que c'était à gauche ! s'exclama Merlin, à bout de nerfs.
Will poussa un long soupir en retenant les brides de son cheval qui semblait aussi exaspéré que lui.
- Je te rappelle que le ruisseau est supposé rester à notre droite !
- La pancarte indiquait la gauche.
- La pancarte n'indiquait pas la gauche !
- Oh, parce que tu sais lire ?
- La ferme, grommela son ami en revenant sur ses pas.
Merlin le suivit en levant les yeux au ciel et tous deux rejoignirent le carrefour emprunté un peu plus tôt pour contempler de leurs yeux fatigués la pancarte dont on ne pouvait plus lire la moindre inscription.
- Écoute, proposa le jeune homme en arrêtant sa jument qui renâcla gentiment. On devrait se séparer. Je prends la gauche, tu suis le ruisseau, et on verra bien qui retrouvera la route principale. On se retrouve ici, disons… dix-huit heures ?
- Tu seras capable de retrouver ton chemin ? le railla Will qui tournait déjà à droite.
- Mais pour qui tu me prends ? répliqua Merlin en talonnant les flancs de Marguerite.
La réponse étouffée de Will lui parvint, dénuée de sens, et Merlin continua son trot sur le chemin dégagé, cachant son visage dans son écharpe du vent froid d'automne. Merlin détestait aller à la chasse. Il détestait tuer ces pauvres animaux innocents, il détestait patauger une journée entière dans la gadoue, à feindre de reconnaître les différentes pistes que laissaient leurs proies et que Will semblait déchiffrer aussi rapidement que lui-même dévorait le moindre livre. Il détestait même son arme, ce fusil magnifique offert par le père de Guenièvre qui ne désespérait toujours pas de le voir devenir un véritable homme préférant les activités masculines aux tâches féminines ou à ses inventions farfelues dépourvues de sens.
Pauvre de lui.
- Pauvre de moi, marmonna-t-il en ralentissant pour s'avancer dans le sentier devenu plus petit et feuillu, repoussant machinalement les branches au moyen de sa magie, profitant de la solitude pour laisser ressortir ses instincts primaires.
Comme si ses tares sociales ne suffisaient pas, il fallait qu'il ajoute au lot le pire secret que l'on puisse imaginer qu'était ce fléau magique honni de tous que lui-même n'arrivait pas à haïr. La magie coulait de source, le long de ses veines dans un chant infini de frissons chaleureux et familiers et explosait en une multitude d'étincelles qui n'avaient rien de ce quelque chose de maléfique dont tout le monde parlait.
Il chemina ce qui lui sembla être une heure jusqu'à ce qu'apparaisse un nouveau croisement dont les chemins devenaient brusquement étriqués. Merlin descendit du dos de Margueritte et, attachant l'un de ses rubans à un arbre qui lui indiquerait le chemin par lequel il était arrivé, choisit d'aller à gauche (car il était gaucher, et que la gauche était de loin son côté préféré). Il tira sa jument par la bride en lui faisant distraitement la conversation.
Merlin avait bien évidement compris qu'une fois encore, il avait été en tort en ce qui concernait le chemin du retour, mais il comptait bien faire enrager son ami en le faisant poireauter un petit moment. Et puis, il n'avait jamais pris la peine d'explorer ce coin de la forêt, et la nuit ne tomberait pas avant quelques heures.
Les branches lui fouettaient le visage Margueritte commençait à faire sa difficile, et le jeune homme commençait à envisager de faire demi-tour quand le chemin s'élargit, révélant tout d'abord une clairière encerclé d'arbres assez fins pour que Merlin distingue un petit quelque chose de civilisé derrière les troncs.
Margueritte renâcla, et il lui fit force pour qu'elle le suive devant ce qui se révéla être une très ancienne muraille qui devait bien faire trois fois sa taille.
Éberlué, Merlin tourna sa tête à droite, puis à gauche, avant d'aviser un amas de pierres, signifiant qu'une des parties du mur s'étaient effondrées et qu'il lui serait possible d'escalader. Il se décida à laisser Margueritte attachée à un arbre. La jument ne cessait de protester quant aux projets de son maître en battant vivement de la queue et s'entêtant à tirer sur la bride qui la retenait. Merlin perdit au moins dix bonnes minutes à essayer de la calmer avant de pénétrer, à l'aide de sa magie, dans ce jardin laissé à l'abandon dont il n'avait jamais entendu la moindre rumeur. Le sol n'était que mauvaises herbes sur une impressionnante étendue, et cette propriété possédait même son propre bosquet qui, d'apparence, avait poussé sans que quiconque n'essaye de le rendre viable. Au-dessus de la cime des arbres, Merlin arrivait à percevoir une tour, peut-être même deux, et il entreprit de contourner le bosquet, s'arrêtant quand il réalisa l'étendue de ce domaine caché.
Un immense château s'élevait là, gigantesque et délabré, ne pouvant néanmoins cacher la splendeur qu'il avait dû avoir, autrefois. Ses pierres étaient recouvertes de mousse, de lierre et de moisissures, mais malgré ce fait qui lui donnait cet air austère et abandonné, il restait intact chaque pierre se trouvait à sa juste place, et il se dressait fier dans ce lieu déserté par la vie, au milieu de ces innombrables jardins de ronces, fougère et herbes élevées qui cachaient sans doute des familles entières de serpents (Merlin ne voulait même pas y songer). Des statues s'élevaient çà et là, démolies ou défigurées par le temps, semblables à des démons aux ailes écartées, prêtes à vous sauter dessus. Il reconnut même là ce qui avait dû être autrefois une fontaine très prisée par les gens du château, située juste au-devant des marches de l'entrée, mais qui n'était plus qu'un récipient à boue, feuilles mortes et crasses du genre.
Et comme il s'avançait en direction de l'entrée, un rugissement se fit entendre, le faisant sursauter et reculer précipitamment, trébuchant sur quelques pierres donnant au sol cette irrégularité avec laquelle Merlin avait su se débrouiller jusque-là malgré sa maladresse qui faisait sa renommée dans tout le village, et même dans la ville voisine qui se trouvait tout de même à trente kilomètres de là.
Un nouveau hurlement presque plus bestial que le mot même retentit dans le silence de ce jardin secret et Merlin prit ses jambes à son cou, grimpant sur Margueritte qui trépignait sur place avant de rejoindre au galop, une fois sorti des sentiers étriqués, son point de rencontre avec Will qui l'attendait déjà.
- Qu'est-ce qui t'arrive ? s'enquit-il en le voyant s'arrêter brusquement à sa vue, blême, le cœur au bord des lèvres.
- Il y a… c'était… je veux dire…
Will haussa un sourcil vaguement patient mais avant tout sceptique, curieux de découvrir quelle nouvelle maladresse son ami avait bien pu inventer.
- Château, réussit à dire Merlin en reprenant ses esprits. Un château. Immense. Et… et quand j'ai voulu y entrer, une bête ou je ne sais quoi a rugi.
- Un château, répéta lentement Will, dubitatif et très clairement amusé. Une bête.
- Oui, affirma Merlin d'un hochement de tête vigoureux.
- Tu es sûr que tu ne t'es pas cogné la tête contre une branche ?
- Mais non ! s'impatienta-t-il, et Margueritte renâcla comme pour confirmer ses dires.
- Montre-moi ça.
Mais Merlin eut beau se creuser la tête, ratisser la forêt et tous sens et menacer Margueritte des pires tourments équins possibles et imaginables, le château resta introuvable, et comme la nuit tombait, les moqueries de Will se faisaient de plus en plus agacées et cruelles.
Le trajet du retour se fit sous les railleries perpétuelles de son ami et de façon périlleuse Merlin quitta Will sans même lui dire au revoir, trop courbaturé et énervé pour envisager ne serait-ce que d'être poli.
Sa mère l'accueillit en l'enlaçant, soulagée, ayant deviné d'un simple regard (et, aussi, en voyant leur partie de chasse s'éterniser) que Merlin avait encore fait des siennes. Elle le poussa vers la table et lui servit un bol fumant de soupe à l'oignon ainsi qu'un reste de gâteau à la carotte au goût épouvantable que le jeune homme n'avait pas le courage de refuser.
- Merlin, dit-elle au bout de quelques minutes silencieuses pendant lesquelles Merlin se brûla à boire sa soupe trop vite, portant son bol à ses lèvres au moyen de gestes pressés. J'ai parlé à Tom, aujourd'hui. Ou plutôt, il m'a suivie dans tout le marché, à disserter sur le beau temps, avant qu'il ne cesse de tourner autour du pot, une fois qu'il eut porté assez de mes courses pour que je lui sois redevable à vie.
- Cela ne ressemble pas à Tom, commenta le jeune homme, la bouche pleine de son cake immangeable.
- Non, en effet, dit Hunith avec patience. Il m'a suppliée, Merlin, il m'a véritablement suppliée de tout faire pour te ramener à la raison. Il a besoin de ses papiers, Guenièvre aussi et nous… Eh bien, nous aurions bien besoin du moindre centime que sa dote pourrait nous offrir.
- Maman, lâcha Merlin d'une voix qui s'approchait de la supplication, j'ai plein de machines qu'on pourrait vendre, et la plus grande sera bientôt prête, ce n'est qu'une question de mois, il me suffit de…
- Non, Merlin, le coupa durement sa mère, elle ne sera pas bientôt prête. Elle ne le sera jamais. Les hommes ne sont pas faits pour voler, et combiner la mécanique avec la… avec tes talents n'est pas sûr. C'est dangereux. Ces deux arts n'ont jamais fait bon ménage. Pense à Alistair…
- Alistair Crowley a vécu il y a de ça un demi-siècle, maman, et son histoire n'est qu'une légende pour effrayer les enfants et les gens comme moi et en plus, c'était un abrutit. Sérieusement, comment voulait-il que les hommes croient qu'on puisse transformer de l'eau en vin avec une pierre ?
Le silence prononcé de sa mère lui fit se retourner son estomac.
- Merlin, finit-elle par dire d'une douceur peinée, je t'en prie, une seule fois dans ta vie, fais quelque chose de sensé.
- Maman, ne me force pas à épouser Gwen, souffla-t-il, les yeux baissés.
- Vous êtes amis depuis toujours ! s'emporta-t-elle alors. Depuis votre enfance, tout le monde s'y attend…
- Parce que vraiment, tu t'attends à ce que j'épouse quelqu'un contre mon gré, sous prétexte qu'un village entier murmure sur nous deux dans notre dos ?
- Le village n'a aucune importance, c'est ce que Tom et moi espérons depuis le départ, notre propre avis à tous les deux qui compte. Bon sang, Merlin, il t'a élevé comme si tu étais son propre fils…
- C'est bien ça le problème ! cria-t-il alors, se redressant à moitié sur sa chaise.
Et le pire, dans tout ça, c'est qu'elle n'élevait même pas la voix sa mère restait stoïque, son regard débordant d'amour et de supplication, imperméable à la véritable source du problème que Merlin n'arrivait à approcher qu'un d'un doigt hésitant, encore incertain quant à sa portée, et elle l'aimait quand même malgré tout, malgré la déception constante qu'il devait être pour elle. Car il aurait voulu tout faire pour lui plaire. Il était prêt à se plier en quatre, à se tuer, même, si c'était ce que sa mère lui demandait. Mais ça… non, pas ça, ce n'était pas possible.
- C'est là, le problème ! continuait-il sur le même ton, la gorge serrée. Gwen est comme ma sœur, jamais je ne pourrai me la représenter comme étant… comme étant ma femme !
- Parce que tu ne l'aimes pas ? demanda-t-elle calmement, et elle était véritablement curieuse, intriguée, peinée par l'indécision de son fils.
- Pas de cette façon, non !
- Mon chéri, l'amour vient petit à petit, avec le temps, et…
- Parce que tu ne crois pas que j'ai eu assez de temps pour tomber amoureux d'elle ? Cela fait dix ans qu'on se connaît, dix ans, maman !
- Mais cela ne fait pas longtemps que le mariage a été évoqué, et si c'est l'idée d'un mariage arrangé qui t'effraie…
- C'est n'est pas l'idée d'un mariage arrangé qui pose problème, et je ne suis absolument pas effrayé ! C'est que… c'est que…
Merlin glissa ses mains dans ses cheveux, fixant ses yeux sur la vieille table tandis que sa mère lui exposait une nouvelle fois, d'une voix douce et qui cherchait de tout son cœur à comprendre les troubles de son fils, toutes les raisons qu'avaient les deux amis de se marier, comment à l'habitude se succédait l'affection, et d'autres arguments que le jeune homme avait déjà passé et repassé dans sa tête.
Merlin en était conscient, bien conscient, et certainement l'avait-il su avant même que l'idée ne germe chez les trois autres protagonistes de ce problème : ce mariage était pour le plus grand bien de leurs familles, et il était de la responsabilité des enfants que de prendre soin de leurs aînés.
- J'ai essayé, dit-il enfin. J'ai essayé, d'accord ? À partir du moment où Gwen m'a parlé des problèmes qu'ils avaient au sujet de leurs permis de séjour, avant même, maman, avant même. Depuis l'école, quand elle subissait les moqueries des autres, j'avais cette idée que j'aurais à la protéger tout au long de ma vie. Et j'ai essayé, je te le jure, j'ai essayé de la considérer comme une amante, mais je ne peux pas, maman, et Gwen non plus ne le peut pas ! Nous en avons parlé, qu'est-ce que tu crois ? Nous sommes des adultes, nous sommes conscients de ce qui est mis en jeu, mais comment voulez-vous réunir deux personnes qui ne le désirent pas ?
- Vous n'êtes que des enfants, répliqua Hunith d'une voix douce. Qu'est-ce que vous savez de l'avenir, ou même de l'amour ?
- Moi, je sais que je ne peux pas aimer, répondit abruptement Merlin, et il eut un hoquet en se rendant compte que, voilà, il l'avait dit, cette vérité qui l'effrayait tant avait enfin éclaté.
Sa mère écarquilla des yeux surpris, encore bien loin d'avoir compris la portée de la déclaration de son fils.
La voix de Merlin se fit glacée comme il était bien décidé à ne plus laisser lui échapper la moindre révélation, et il serra les poings en fixant l'âtre de la cheminée et le chaudron qui y pendait, déjà tiède à cette heure-ci.
- Je sais que je ne peux répondre à vos attentes, maman. Ni à celles du village, ni à celles de Tom, ni aux tiennes. Et crois-moi, ce n'est pas facile de se dire qu'on restera à jamais une source de déception pour ceux qui nous aiment.
- Merlin…
- Je vais me coucher, la coupa-t-il en attrapant son bol pour le poser dans l'évier et glissant sa part de cake dans sa poche pour le donner à Marguerite au petit matin.
Sa mère ne dit rien son regard resta préoccupé, brûlant ses omoplates tandis qu'il escaladait son échelle pour rejoindre sa chambre située sous les combles.
Dans le noir, il força, une nouvelle fois encore, ses pensées sur Gwen alors qu'il laissait courir furieusement sa main sur son intimité. Mais si ces distorsions de la personne de Gwen le laissaient en proie à un dégoût qui le glaçait tout entier, des images cachées dans la pénombre, honteuses, porteuses d'une culpabilité délicieuse dont Merlin n'arrivait à saisir la portée ravissaient son imagination nocturne. Il se laissait alors aller, cajolé par des mains aux propriétaires invisibles et s'endormait, épuisé, sur cet univers onirique si proche de ses véritables aspirations inconnues de lui-même et de sa propre recherche d'identité.
Merci beaucoup d'avoir lu et n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé :D
Owling
