Nous voilà donc à la rentrée, pour la seconde année de Victoire à Poudlard ! Je reprendrai des éléments du premier tome, mais il est plus facile de l'avoir lu !
Disclaimer pour toute la fiction: Les personnages canoniques ainsi que l'univers appartiennent à JKR. L'histoire et les personnages OC sont ma propriété exclusive.
Rating: K+
Publication: Un lundi sur deux
Bonne lecture à tous !
Chapitre 1 :
« Maman, on va être en retard ! » Cria Victoire depuis le bas de l'escalier.
Elle attendait, impatiente, depuis au moins dix bonnes minutes. Sa mère était toujours en retard. Surtout quand il ne fallait pas. Fleur Weasley-Delacour ne faisait même pas exprès, le retard était naturel chez elle. Au dernier moment, elle brossait une dernière fois sa longue chevelure blonde, qui lui valait tant de compliments, elle oubliait de fermer une fenêtre, elle cherchait son sac à main ou son porte-monnaie, elle perdait son foulard, le seul qui allait avec sa tenue. Et tout était comme ça.
Parfois, la petite fille se demandait comment elle avait pu être engendrée par une femme pareille, tant elle ne lui ressemblait pas. Victoire tenait son physique de sa mère mais son caractère lui venait de son père, assurément. Elle était garçon manqué, n'hésitait pas à s'égratigner les genoux si ça lui permettait de faire ce qu'elle voulait, et se fichait totalement de son apparence, au grand dam de sa mère qui aurait bien voulu qu'elle se comporte enfin comme une jeune fille.
L'été qu'elles venaient de passer ensemble avait été essentiellement consacré à des remontrances à ce sujet. Victoire allait entrer en seconde année à Poudlard dans quelques jours seulement. Sa première année n'avait pas été de tout repos et si elle avait montré qu'elle avait bien du sang Weasley dans les veines, ainsi que toutes les caractéristiques d'une Gryffondor, sa mère aurait voulu la voir plus féminine, et plus attentive à son apparence. Plus Delacour.
Elle disait toujours que c'était grâce à son physique et à son sang de vélane qu'elle avait réussi à se faire respecter des autres, parce qu'elle était aussi parfaite à l'intérieur qu'à l'extérieur, même si ça lui avait valu également beaucoup d'ennemis. Elle avait dû essuyer plusieurs remarques de la part de ses camarades de Beauxbâtons, plusieurs coups bas, mais cela l'avait rendu plus forte, plus incisive dans ses remarques, plus combative. C'était de cette façon qu'elle avait survécu ensuite. Sa fille devrait en faire de même, et suivre ses conseils. Sceptique, Victoire avait passé son été à refuser les robes à froufrous que sa mère voulait lui faire porter, à s'enfuir dès qu'on lui parlait de bonnes manières et de tenue. Elle ne voyait pas très bien en quoi toutes ces histoires pouvaient la rendre plus solide.
Elle avait été jusqu'à supplier son père de ne pas lui faire faire ce stage de bonnes manières dans une école française terriblement surannée dont sa mère l'avait menacée. Elle avait réussi à y échapper cette année, car Bill avait convaincu sa femme, avec raison, qu'elle était encore trop jeune pour ça, mais cela n'allait pas durer bien longtemps. Fleur Weasley-Delacour était intraitable sur le sujet, excellence française obligeait. Un jour, elle allait devoir s'y coller, à son plus grand malheur.
Elle était finalement restée à la maison et avait pu profiter du petit Louis qui lui avait énormément manqué pendant tout ce temps. Il avait bien grandi, son petit frère, durant cette année. Et il s'était montré ravi que sa grande sœur soit là pendant plusieurs semaines avec lui, sans repartir dans cette école qui les séparait. Ils avaient beaucoup joué et la petite fille s'était efforcée de se mettre à son niveau pour comprendre ses babillages ou ses coloriages. Ce qui n'était pas toujours facile. Surtout quand il la regardait, incertain, lui demandant ce qu'il avait bien pu dessiner, ne sachant pas lui-même. Et qu'elle devait trouver une réponse qui ne le vexerait pas. Pratique.
Ils avaient aussi passé deux semaines au Terrier, chez Mamie Molly, pour voir leurs autres cousins. Celle-ci avait affirmé qu'il n'y avait jamais eu autant de bruit dans sa maison et que même leurs parents n'avaient pas réussi à faire pire. Pour autant, elle ne les avait pas grondés, trop contente d'avoir du monde dans sa maison et de nombreuses bouches à nourrir. Elle avait ressorti des placards ses plats qui permettaient des quantités astronomiques de nourriture.
Depuis que tous ses enfants étaient partis pour vivre leur propre vie, le Terrier manquait cruellement d'activité. Ils étaient partis progressivement, les uns après les autres, sans qu'elle n'ait pu les en empêcher. Ils devaient voler de leurs propres baguettes, comme elle disait, avec un petit sourire. Victoire avait bien compris que ça lui faisait quand même tout drôle, même après toutes ces années. Et en effet, la maison paraissait bien vide quand aucune des familles n'était là.
La grand-mère accordait donc beaucoup d'importance à ce que leur séjour soit inoubliable, pour qu'ils aient envie de revenir, le plus souvent possible. Ce pour quoi elle n'avait pas besoin de se donner beaucoup de mal. Le Terrier était le seul lieu où l'ensemble des cousins pouvaient se retrouver en toute tranquillité. C'était le seul endroit où ils étaient tous présents, à un moment ou à un autre de l'été, s'arrangeant pour convaincre leurs parents de venir en même temps que les autres.
Bien sûr, on y était un peu serré, il n'y avait pas beaucoup de place ni d'intimité, moins de confort que dans leurs propres maisons, et ils ne pouvaient pas emporter tous leurs jouets, mais quand ils étaient ensemble, ils en inventaient d'autres. Ils passaient des heures dehors, un chapeau sur la tête pour éviter l'insolation, tartinés de crème solaire maison, surveillés par leur grand-mère attentive à leur sécurité.
Elle les avait laissé jouer autant qu'ils le voulaient, tant qu'ils ne faisaient pas trop de bêtises. Ils avaient fait des concours de lancers de gnomes, par-dessus la haie. Ils avaient également joué un peu au Quidditch avec les vieux balais de la remise, sous la surveillance de l'un ou l'autre de leurs parents venus aider leur grand-mère pour la journée. Ils avaient même pu aller se baigner dans le petit étang près du bois derrière la maison, et apprendre aux plus petits à barboter avec des flotteurs à chaque bras. Victoire y avait passé ses meilleures vacances, lui semblait-il. Bien qu'elle dise ça à chaque fois.
Teddy était présent lui aussi, bien sûr, et ils avaient passé beaucoup de temps ensemble, riant de tout et de rien, inventant des jeux et des langages secrets qui n'étaient qu'à eux. Ils s'étaient aussi amusés à raconter Poudlard à leurs cousins. Molly allait faire sa première rentrée cette année et elle était un petit peu inquiète. James avait toujours tout un tas de questions, plus extravagantes les unes que les autres.
Est-ce qu'on pouvait tirer la queue des scroutts à pétard qu'Hagrid conservait pour ses cours ? Qu'est-ce que cela donnait ? Est-ce qu'on pouvait déjouer les escaliers ou les forcer à nous obéir ? Est-ce qu'on pouvait sortir en pleine nuit sans se faire prendre, trouver des salles secrètes ? Est-ce qu'il y avait bien un trafic souterrain de sucreries de chez Honeyduckes ? Est-ce que les repas étaient aussi gargantuesques qu'on le disait et est-ce qu'on pouvait chiper de la nourriture en cuisine ? Pouvait-on tourner en bourrique le professeur Flitwick ? Qu'est-ce que ça faisait de passer à travers le professeur Binns ?
Les deux cousins s'étaient amusés à répondre le plus honnêtement possible, pris de fous-rire face aux questions incongrues. Fred avait aussi essayé de leur faire faire un sort mais ils n'avaient pas cédés, respectant la loi interdisant la pratique de la magie hors de Poudlard de la part des sorciers de premier cycle. Même après avoir été pris de surprise dans de fausses embuscades qui étaient censés stimuler leurs pouvoirs d'après les études très sérieuses du petit garçon, à peine âgé de huit ans.
Quand Teddy lui avait lancé en riant qu'il ressemblait beaucoup à son père et à son oncle avec des idées pareilles, le petit garçon s'était aussitôt refermé. Ils n'avaient pas réussi à le dérider à nouveau, et Teddy s'en était beaucoup voulu. Ça n'était pourtant pas de sa faute, estimait Victoire, et elle-même ne comprenait pas ce qui avait pu se passer dans la tête du petit garçon.
Celui-ci ne supportait pas bien l'évocation de sa filiation. Peut-être en était-il perturbé. Après tout, il portait le prénom d'un mort. Comme beaucoup ici, d'ailleurs. Mais Fred Weasley avait été quelqu'un de très particulier pour son père, et le petit garçon avait sans doute peur de ne pas ressembler assez à son oncle. Victoire ne savait pas trop et elle ne s'y était pas attardée.
« Voilà, je suis là, tu vois ma chérie, je ne suis pas en retard ! » S'écria sa mère dévalant soudainement les escaliers.
Ce bruit soudain sortit Victoire de ses pensées. Elle regarda l'horloge de la cuisine et soupira. Pas en retard, hein ? A peine d'un petit quart d'heure, ça devait n'être rien du tout pour sa mère, effectivement. Un jour, elle lui offrirait une montre, avec un hologramme de sorcier qui vous criait l'heure des rendez-vous dans les oreilles quand vous étiez en retard. Sa tante Hermione avait déjà menacé son oncle Ron de lui en acheter un exemplaire. Ça devait être vraiment terrifiant pour qu'il ait changé radicalement de comportement par la suite. Il était maintenant un monstre d'exemplarité en matière d'horaires. A la limite d'en être devenu tatillon.
« Allez, prends ma main, maintenant. Victoire, tu es ailleurs ? Parce que si tu n'es pas plus motivée que cela, on peut aussi rester à la maison et y aller un autre jour, juste avant la rentrée, quand il n'y aura presque plus rien dans les rayons à part ce dont personne n'a voulu… » Insinua sa mère.
« Non, surtout pas ! » S'écria-t-elle avant de saisir la main de sa mère.
Cela faisait déjà des semaines qu'elle la suppliait pour aller sur le Chemin de Traverse acheter tout ce qu'il lui manquait pour sa rentrée. C'était bientôt maintenant, dans à peine deux semaines, et si elle ne s'y prenait pas un peu à l'avance, il ne resterait que quelques vieux exemplaires de ses livres, tout écornés, des flacons sales aux étiquettes pas très fraîches, et des plumes cassées. Pas question.
Elle avait déjà eu assez de mal à la convaincre d'y aller sans attendre son père, et en laissant son frère et sa sœur chez Mamie Molly pour la journée. Ils auraient été infernaux et il aurait fallu qu'elle se dépêche de choisir avant de rentrer tout aussi rapidement. Scott lui avait envoyé un hibou timide et d'après sa lettre, il en avait fait les frais avec ses deux petits frères, des jumeaux de quatre ans, très turbulents. Elle n'avait pas envie de se faire avoir à son tour. Elle l'avait remercié mille fois du tuyau qu'il lui avait envoyé.
Après une sensation de compression de tous ses muscles et l'impression qu'elle allait suffoquer, elles atterrirent enfin dans une petite ruelle moldue, toujours déserte, et balisée pour les transplanages. Victoire lâcha la main de sa mère pour poser ses paumes sur ses genoux, se penchant en avant. Elle allait vomir, ça n'était pas possible, ce moyen de transport était vraiment répugnant quand on n'y était pas habitué. Il lui faisait monter la bile jusqu'à l'œsophage et elle se trouvait toujours mal ensuite. Elle se jura de ne jamais employer cette méthode quand elle aurait besoin de se déplacer. Elle s'améliorerait en balai, elle se le promettait. Enfin, elle put reprendre son souffle.
« Ça va aller ? » Demanda sa mère, inquiète.
Elle acquiesça de la tête et elles sortirent de la petite rue pour s'approcher du Chaudron Baveur, à quelques mètres de là, au fond d'un cul-de-sac. La mère de Victoire poussa la lourde porte de l'établissement et elles entrèrent. L'intérieur était entièrement tapissé d'un or clair qui illuminait la pièce. Les tables étaient taillées dans un bois très ancien, et avaient été vernies récemment, elles brillaient. Certaines alcôves étaient déjà occupées par des sorciers de tous types, et le bar était tenu par une femme à peine plus jeune que sa mère, avec une longue natte blonde et un tablier blanc très propre autour de la taille.
« Bonjour Hannah, comment allez-vous ? » La salua Fleur, s'approchant du comptoir.
« Très bien, et vous ? Oh mais c'est Victoire, n'est-ce pas ? Elle va rentrer en deuxième année, si je me souviens bien, Neville m'a touché deux mots sur elle… » Sourit la femme, tout en essuyant un verre de son torchon.
« Le professeur Londubat ? Vous le connaissez ? » Ne put s'empêcher de demander Victoire, curieuse.
La dénommée Hannah rit doucement, avant de répondre : « C'est mon mari. Je m'appelle Hannah Londubat. Quand Neville est parti enseigner à Poudlard, j'avais déjà ce bar et j'ai acheté les Trois Balais, à Pré-Au-Lard, pour être plus proche de lui. J'étais dans la même année à Poudlard et que tes oncles et tantes, Ron, Hermione, et bien sûr Harry. »
Victoire fronça les sourcils : « Je ne savais pas qu'il y avait barmaid dans les orientations proposées après Poudlard… » Murmura-t-elle.
« Victoire ! Enfin ! Excuse-toi ! » S'indigna sa mère.
« Laisse, Fleur, ça n'est rien. Je comprends tout à fait. Je n'étais pas faite pour les études, je ne savais pas quoi faire et je devais m'occuper de mon père qui était malade, alors quand le vieux Tom est parti à la retraite, j'ai tout simplement saisi l'opportunité. » Expliqua-t-elle en souriant.
Cela parut satisfaire la petite fille qui ne posa plus de questions. Sa mère et cette Hannah discutèrent encore de tout et de rien, des discussions d'adultes qui ne l'intéressaient pas franchement, pendant qu'elle sirotait un jus de citrouille que la tenancière lui avait gentiment servi. Sa mère la félicitait d'avoir autant de monde dans son bar et d'avoir réussi son pari de lui redonner un coup de jeune et de propreté.
Au bout d'un moment, la petite fille s'impatienta sur sa chaise. C'était bien joli de discuter comme ça, mais elle avait quand même des livres à acheter et un Chemin à traverser. Elle commençait à en avoir marre et son jus de citrouille était terminé en plus. Il lui rappelait Poudlard. Elle avait hâte d'y retourner. Les vacances, c'était bien, mais pas trop longtemps. Elle occupa son temps à laisser ses pensées divaguer en dessinant des arabesques du bout du doigt sur le comptoir.
Elle avait eu quelques nouvelles de la part de Mary et de Lyra, qui passaient de plutôt bonnes vacances. La première était inquiète car ses parents se disputaient encore beaucoup, même si ses amis l'avaient rassurée en disant que ça arrivait aussi chez eux. La seconde était partie en France pour quelques jours, à Paris, pour voir la Tour Eiffel et d'autres monuments, elle en avait rapporté des photos magiques qu'elle leur montrerait à la rentrée, pour rappeler à Victoire cet endroit où elle n'avait pas mis les pieds depuis un moment. Duncan lui avait également envoyé un hibou, il se préparait pour les sélections de Quidditch et espérait bien avoir sa chance. Scott et Marc allaient bien aussi.
La seule dont elle n'avait pas eu de nouvelles était Leonore. Elle avait bien essayé de lui envoyer un hibou mais celui-ci était revenu sans lui rapporter de lettre en retour. Victoire en avait conclu qu'elle lui faisait encore la tête, ce qui l'attristait beaucoup. C'était quand même sa meilleure amie, et elle ne comprenait vraiment pas son comportement. Teddy lui avait dit qu'elle n'était qu'une imbécile et que c'était bien des filles pour se chamailler comme ça sans savoir pourquoi. Pas vraiment réconfortant. Ni très instructif.
Enfin sa mère se décida à s'en aller et déposa quelques pièces sur le comptoir pour son jus de citrouille, se chamaillant avec Hannah qui voulait le lui offrir, apparemment. Fleur ne céda pas. De toute façon, sa mère ne cédait presque jamais, soupira la petite fille. Quand elle avait une idée en tête, elle ne l'avait pas ailleurs. Et elle était drôlement butée. Bien sûr, ça n'était pas du tout un trait de caractère qu'elle avait en commun avec elle. Absolument pas.
Elles passèrent néanmoins par la porte au fond du bar et se retrouvèrent face au mur de brique qui les séparait du monde sorcier. Sa mère tapota de sa baguette sur quelques pierres précises et dans le mur, s'ouvrit une porte qui les laissa traverser. Cette opération la fascinait à chaque fois. Elles se retrouvèrent instantanément au milieu de la foule qui passait par là chaque jour. La petite fille se demandait ce que les moldus pouvaient bien voir à la place du Chemin de Traverse.
Est-ce qu'ils avaient une rue à eux, avec des boutiques moldues, est-ce que c'était un grand champ, ou est-ce que cette rue n'existait tout simplement pas pour eux et qu'elle avait été créée… dans une autre dimension, toute la question était là. Et elle n'était pas sûre que quelqu'un ait la réponse. A moins que cela soit quelqu'un de très sage et de très âgé pour avoir connu la construction de cette rue, ou au moins son histoire. Elle ne voyait pas vraiment qui. Même le professeur McGonagall n'avait pas l'air si vieille que ça. Pourtant, elle avait de sacrées rides et même si elle essayait de les cacher sous son chapeau, tout le monde voyait bien qu'elle avait les cheveux qui grisonnaient méchamment…
Victoire laissa ces questions de côté dès qu'elles entrèrent dans la première boutique, le magasin de chaudrons. Elle avait fait fondre le sien l'année précédente et n'était plus très sûre de son étanchéité depuis. Sa mère lui avait proposé d'en acheter un de rechange, pour éviter de plus grosses cataclysmes…
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