Coucou à tous, me revoilà ! ^^ Pour bien commencer cette rentrée 2014, et avant de débuter la publication de "Secrets Dévoilés", je vous propose une petite fic vraiment tooouuute petite, de cinq chapitres, ni plus, ni moins. ^^ Oui, je sais, c'est pas beaucoup, mais bon... c'est la reprise... ;-)

Elle concerne une mystérieuse jeune femme nommée Azéna... et u homme tout aussi mystérieux qu'elle et tout de rouge et de noir vêtu que vous connaissez bien : Vincent ! Bon, et une autre personne connue viendra faire chier tout le monde au beau milieu de tout ça ^^ Haha, mais qui donc ? Ben... vous verrez bien. :-p

Je vous annonce également que... ne vous en faites pas, je publierai la suite de cette histoire, seulement... je ne sais pas encore exactement quand. Vous verrez bien ! Peut-être mercredi, sinon ce week-end... voire la semaine prochaine !

Ah, et pour les curieux/curieuses, le premier chapitre de "Secrets Dévoilés" devrait (normalement) arriver ce week-end... après, je ne sais pas, il peut y avoir des imprévus. Si c'est le cas, je m'en excuse d'avance ! ^_^'

Bref, je vais vous laisser découvrir cette nouvelle fic, en espérant qu'elle vous plaira ! N'hésitez surtout pas à laisser une review à la fin de votre lecture pour donner votre avis ! Surtout que cette mini-fic est un peu différente de toutes celles que j'ai déjà publiées sur ce site (enfin, je trouve, après, vous jugerez pas vous-mêmes ^^). En vous souhaitant à tous et à toutes une bonne rentrée, scolaire ou professionnelle !


Les personnages de Final Fantasy VII ne m'appartiennent pas et je n'ai aucun droit sur eux. Ceci est une oeuvre de fiction écrite pour mon propre plaisir et celui des lecteurs. Seul le personnage d'Azéna m'appartient et a été inventé de toutes pièces par... moi x)

Cette fiction peut contenir des passages violents, choquants ou vulgaires. Vous la lisez donc à vos risques et périls !

Bonne lecture !


Chapitre Un : Éveil

ou comment se réveiller dans une grotte et se demander sérieusement si on n'est pas devenu fou pendant son sommeil

Le froid. La dureté de la pierre. L'humidité du sol. Je suis couchée sur le côté. Un caillou me rentre dans la peau. Mon bras nu est collé au sol, ma joue gauche également. Yeux fermés, poings serrés, repliée sur moi-même en position fœtale. Je souffle sur mes mains pour les réchauffer. Je tremble. J'ai froid. Tellement froid… Je donnerais n'importe quoi pour pouvoir me réchauffer. N'importe quoi… Mes pieds nus sont serrés l'un contre l'autre. Où suis-je ? Qui suis-je ? Pourquoi suis-je ici ? Je n'ai aucun souvenir. Rien. Ma mémoire est vide. Comme effacée. Que m'est-il arrivé ? D'où est-ce que je viens ? Je me recroqueville encore plus et sens une larme glacée couler le long de ma joue avant de finir sa course au sol. Je pleure. Mais pourquoi ? Je n'en sais rien. Aucune idée. Je suis perdue. Seule. Désorientée et à peine éveillée. Je ne sais même pas si je suis triste. Je dois l'être. Je pense. Je crois… Sinon… pourquoi pleurerais-je ? Il n'y a aucune raison de pleurer si l'on n'est pas triste. Et pourtant… j'ignore si je ressens de la tristesse.

Je m'appelle… Azéna. Je crois. Il me semble… mais je n'en suis pas vraiment sûre. C'est la seule chose que je sache. Que je pense savoir. Le seul souvenir qu'il me reste dans mon cerveau désespérément vide de toute pensée antérieur à mon réveil. J'ignore si j'ai de la famille, d'où je viens, ce que je fais ici. Je ne sais pas quel âge j'ai, ni à quoi je ressemble. La couleur de mes yeux, de mes cheveux, mes signes particuliers. Ce que j'aime, ce que je n'aime pas. J'ai à peine ouvert les yeux depuis que je suis réveillée. Simplement pour détailler les vêtements sales et sans doute vieux qui me collent à la peau. La faute à l'humidité qui règne ici, sans doute. J'ignore où je suis. J'ignore qui je suis. Il y a un vide total dans mon esprit. Un vide que je ne sais pas comment combler. Et puis… il y a quelque chose. Quelque chose qui me rend mal à l'aise, dont je ne connais pas la cause, autre que mon amnésie. Quelque chose me gêne. Mais je ne parviens pas à trouver quoi. J'ai beau chercher, je ne sais pas.

J'ouvre les paupières et m'assois. Tournant la tête, je scrute les alentours, à la recherche de quelque chose qui me paraîtrait familier. Mais rien. Je suis seule ici, au fond d'une grotte sombre. L'entrée se trouve quelques mètres plus loin. Je crois que c'est la nuit. J'entend de l'eau qui coule… Tout au fond de la grotte, il y a une petite source. Bien. Au moins, j'ai de quoi boire. Par contre, pour ce qui est de manger… ça va être une autre paire de manches. Je suis seule et je n'ai rien : ni protections, ni armes pour me défendre. Vêtue seulement d'un débardeur grisâtre, qui devait être blanc auparavant… dans une autre vie, sans doute, et d'un pantalon beige qui, lui aussi, doit avoir connu des jours meilleurs. Sali de nombreuses traces noires, vertes et brunâtres - on dirait du sang - , il est déchiré à de nombreux endroits, notamment aux genoux. Il m'arrive à mi-mollet, on dirait que le bas a été arraché. Et rien. Aucune arme. Pas même le moindre couteau, aussi minuscule soit-il. Mais pourtant, je n'éprouve ni peur, ni crainte. Aucune tristesse quand je pense au fait que je suis seule, amnésique, dans une grotte, dans un monde dont je ne sais rien. Aucune colère quand je me demande qui m'a fait subir cela, pourquoi à moi, et pourquoi pas à quelqu'un d'autre.

Soudain, j'ai une illumination. Même si je suis à moitié plongée dans le noir. Je ne ressens aucun sentiment. Voilà ce qui provoque ce léger malaise, dont je ne parvenais pas à trouver la cause. Je ne ressens pas de sentiments. Ni colère, ni joie, ni tristesse. Ni fureur, ni bonheur, ni peine. Pas d'amertume. Pas d'espoir. Rien.

Je m'appelle Azéna et je suis vivante. Ce sont les seules choses que je sais. Collant mon dos à la pierre froide, je replie mes jambes jusqu'à ce que mes genoux touchent presque mon menton et les entoure de mes bras avant de poser ma tête dessus. Et, comme une formule magique, comme des paroles qui pourraient m'expliquer qui je suis et ce que je fais ici, je me répète ces mots en boucles. Je ne ressens aucun sentiment. Je ne ressens aucun sentiment. Je ne ressens aucun…

Un mal de tête soudain. Qui me prend comme ça, sans prévenir, sans réfléchir. J'enfouis mon visage entre mes mains. La douleur ne se calme pas. Elle empire même de seconde en seconde. Une migraine atroce, insoutenable. Que m'arrive-t-il ? Je ne sais pas… je suis perdue, désespérément seule, et j'ai mal… Tellement mal… Mais je n'ai pas de peur. Pas d'inquiétude. C'est peut-être cela qui me déstabilise le plus, en fin de compte. Cette absence d'émotions. Rien. Pas de chagrin en songeant que je suis seule au monde. Pas de colère quand je me demande pourquoi je subis cela. Pas de terreur quand je pense une nouvelle fois que je suis seule, dans un monde dont j'ignore tout. Et cet atroce mal de tête dont j'ignore la cause… je souffre. Atrocement. Quelques minutes à peine après mon éveil dans ce monde qui apparemment ne veut pas de moi, j'ai envie que tout s'arrête. Que tout s'arrête. Plus de douleur. Plus de mémoire effacée. Plus de solitude. Plus d'incompréhension. Plus rien, plus rien du tout. Rien que le noir. Le noir glacé de la mort qui viendrait me chercher, pour m'emmener loin de cette vie que je n'ai pas demandée…

Je grimace et comprime encore plus mes tempes entre mes paumes, complètement recroquevillée sur moi-même, une nouvelle fois. Par pitié, tout ce que vous voudrez, mais que cela cesse… que ça s'arrête… que tout s'arrête ! Les yeux fermés, j'ai l'impression de suffoquer. Je ne souffre plus de la morsure de froid, mais de la chaleur, cette fois. Une impression de lente agonie, de descente vers les enfers. Comme si tout mon corps était brûlé de l'intérieur. On dirait que du feu liquide coule dans mes veines. Jamais je n'ai ressenti autant de douleur. De toute manière, je n'ai plus aucun souvenir de… ma vie d'avant. Car je devais bien avoir une vie avant d'apparaître dans cette grotte… non ? Ou pas ? Je n'ai plus aucune pensée logique. Ma souffrance m'empêche de réfléchir correctement. Je ne parviens même pas à discerner si je suis toujours vivante ou en train de mourir lentement. Personne ne me pleurera, de toute manière.

Les dents serrés, je ne sais pas ce qu'il se passe. Et toujours aucune peur. La douleur s'atténue peu à peu… On dirait que je ne suis pas seule à l'intérieur de mon corps. Comme si quelqu'un d'autre essayait de prendre le contrôle. La domination de mon corps, de mes pensées. Quelqu'un qui veux maîtriser mes gestes, mes paroles. Ce n'est pas moi. J'ignore qui. J'ignore quoi. J'ignore surtout pourquoi et comment… Soudain, une vision m'assaille. Je me sens plonger vers l'inconnu, dans un état second. À mi-chemin entre la conscience et l'inconscience. Est-ce que… ? Je crois… que c'est un de mes souvenirs… Je… ne sais… pas…


*flash*

Des formes floues. Je ne vois rien. Il y a une silhouette sombre devant moi. Je suis incapable de deviner s'il s'agit d'un home ou d'une femme… Il y a une luminosité intense qui me fait mal aux yeux. Les paupières mi-closes, j'observe la masse noire devant moi. Une voix de femme, grave et sensuelle,se fait entendre. C'est à moi qu'elle s'adresse. Nous sommes seules dans cette aveuglante lumière blanche. Aucun bruit ne se fait entendre, mis à part cette voix. Cette voix qui m'appelle.

- Azéna.

Je hoche la tête sans parler. Nous venons d'avoir une conversation importante, je le sais, mais impossible de m'en souvenir. Elle me prend les mains. Son visage est face à moi, flou et sombre, mais je vois ses yeux. Des yeux qui scintillent d'une lueur rouge, qui auraient pu effrayer n'importe qui, mais qui ne me font ni chaud, ni froid. Une certitude me vient à l'esprit. Nous nous connaissons, elle et moi. Nous nous connaissons bien, mais nous sommes sur le point d'être séparées, pour une cause que j'ignore. Et… au son de sa voix, je sais qu'elle est comme moi. Qu'elle a elle aussi cette particularité étonnante de ne pouvoir ressentir aucune émotion. Elle parle de nouveau. Sa voix est déterminée.

- Je serai la première à agir. Si tu t'éveilles à ton tour, cela voudra dire que j'aurai échoué.

Je hoche à nouveau la tête. Même si elle aura échoué, peu importe. Je la remplacerai, et nous triompherons. Oui, mais j'ignore ce que je devrais faire exactement à ce moment-là. J'ignore même de quoi elle me parle.

Je vois son visage en entier, désormais. Mais le reste de son corps est comme flou, je n'arrive pas à distinguer quoi que ce soit. Elle a un teint étrange, presque bleuté. Elle me scrute de son regard rougeoyant, un sourire au coin des lèvres. Elle a des lèvres fines, pâles. Des dents blanches et pointues. Si je pouvais éprouver le moindre sentiment, je pense qu'elle me ferait froid dans le dos, malgré cette certitude que nous nous connaissons si bien. Mais je n'éprouve toujours rien en revoyant ainsi ce qui est sûrement l'un de mes propres souvenirs. Son sourire s'élargit, ses yeux rouges brillent. Elle a l'air sûre d'elle. Vraiment. Sa voix envoûtante, si peu en accord avec son apparence physique presque effrayante, se fait de nouveau entendre dans cet océan de lumière éclatante.

- À ton réveil, tu me remplacera, Azéna.

*flash*


Je me rends compte que j'ai cessé de respirer. Le souffle saccadé, je reprends donc ma respiration bruyamment, puis me mets debout. Mon mal de tête a soudainement disparu. C'est tout aussi mystérieux que son apparition. Je me demande ce que cette vision signifiait. Était-ce un de mes souvenirs ? Je pense que c'est le cas. Mais… je ne comprends plus rien. Je suis encore plus perdue qu'à mon réveil, si c'est possible. Qui est cette femme ? Est-ce que je la connais vraiment ? Oui ? Non ? Qui est-elle, pour moi ? Enfin… qui était-elle pour moi, avant que je n'oublie tout ? Elle disait qu'à mon réveil, je la remplacerais… mais… pour quoi faire ? Je ne comprends pas… Mon éveil soudain dans cette grotte… cela veut dire qu'elle a échouée, selon ses dires. Mais… échoué dans quelle mission ? Que dois-je faire afin de la remplacer ? Suis-je vraiment obligée ? Toutes ces interrogations me font penser à quelque chose… quelque chose que je ne m'étais pas demandé avant. Encore une nouvelle question.

Depuis combien de temps suis-je endormie dans cette grotte ? Et… mais qui suis-je, à la fin ? Cette femme n'avait pas l'air humaine… est-il possible que je sois comme elle ?

Ne… ne suis-je donc… pas humaine, moi non plus ?

Je parcours la grotte, les bras croisés et les sourcils froncés. La fraîcheur de la pierre sous mes pieds dénudés ne me gêne pas. La petite source d'eau qui coule tout au fond de la caverne apporte un bruit doux qui me détend. Je me rend compte avec surprise qu'en plus de ne ressentir aucun sentiment, je n'éprouve aucune faim, ni aucune soif. Ni aucune envie, de… disons de faire mes besoins. Je ressens de la douleur, la preuve en est que j'ai incroyablement souffert lors de mon précédent mal de tête… mal de tête qui revient, d'ailleurs ! J'en ai assez… Suis-je condamnée à souffrir ainsi toutes les dix minutes pendant tout le restant de ma vie ? Non ! Je préfèrerais me tuer que de revivre ça à l'infini ! Je titube vers le mur le plus proche et m'y adosse. Ma migraine s'accentue. Je me laisse glisser le long de la pierre dure et froide et me retrouve à nouveau le visage enfoui dans mes genoux et mes bras enserrant mes jambes. La douleur s'accentue… encore… et si ça se déroule comme tout à l'heure, normalement, je ne devrais pas tarder à voir l'un de mes souvenirs… non ?

Le temps passe. Et toujours rien. Peu à peu, la souffrance diminue. La douleur est toujours présente, mais plus sourde. Comme si elle tentait de se faire oublier tout en étant toujours présente. La chose que je sens enfermée en moi revient à l'assaut, luttant pour prendre le contrôle. Je la repousse de toutes mes forces. Elle lutte un long moment, puis abandonne. Enfin, je ne sens plus sa présence. Mais elle est toujours là, je le sais, attendant son heure. Prête à agir le moment venu. Quelle est donc cette chose ? Un esprit, enfermé dans mon corps ? Une créature ? Une facette de ma personnalité ? Mon inconscient ? Mon conscient ? Oh, je ne sais plus quoi penser. Tout s'embrouille autour de moi.

Je rouvre les yeux, observe les alentours. J'essaye de me lever, mais malgré la douleur qui a diminué, je suis incapable de faire plus d'un pas. Je m'écroule au sol et me dirige à quatre pattes vers l'entrée de la grotte. J'éprouve une envie irrésistible d'aller à l'extérieur, de respirer l'air frais de la nuit, d'observer le paysage alentour. Savoir où je me trouve. Ailleurs que dans cette grotte. Mais… la douleur revient. Je ne peux plus avancer… je continue, pourtant, rampant au sol. Pitoyable, je suis pitoyable… mais je veux aller à l'extérieur… Sortir de cette grotte… Oh… ma tête… Avec un soupir, je m'allonge de tout mon long sur le sol inconfortable et tourne la tête sur le côté, collant ma joue contre la pierre glacée et humide. Je referme à nouveau les yeux. La douleur s'éteint peu à peu, cédant la place à la fatigue. C'est incroyable… et totalement incompréhensible. Je ne sais pas depuis combien de temps je dors… et soudain, je me sens plus fatiguée que je ne l'ai jamais été. Je roule sur le dos sans rouvrir les yeux, les bras écartés. Petit à petit, je me sens partir… loin d'ici, loin de ce monde qui m'est inconnu… dont je ne me souviens pas… je pars loin, très loin… plus de connexion avec la réalité. Plus de sensations. Plus d'interrogations. Plus rien. Plus rien d'autre que le sommeil. Un sommeil lourd. Profond. Sans agitation. Sans rêves.

Ah ? Quoique… ?


*flash*

C'est une autre vision. Mais différente… je suis incapable d'expliquer pourquoi, mais je suis sûre et certaine que ce n'est pas un de mes souvenirs. Contrairement à ma vision précédente, je me trouve cette fois dans un monde plus sombre. Grisâtre. Toute lumière a disparue. Je suis entourée de brume. Plongée dans un épais brouillard, morne et opaque, qui ne m'inspire pas la moindre confiance. Qui sait quelles créatures étranges pourraient soudainement apparaître devant mes yeux. Ce lieu me met mal à l'aise. Mais toujours sans la moindre peur. Pas de crainte, pas de frayeur. Aucune surprise de me retrouver dans ce lieu étrange, si différent du précédent. Mais seule, cette fois. Vais-je revoir cette mystérieuse femme ? Va-t-elle me parler à nouveau ? Vais-je en apprendre plus sur moi, la raison de mon sommeil et ma présence dans cette grotte ?

Je ne sais pas quoi faire, ni où aller. Je me résous à attendre patiemment et à ne pas bouger de l'endroit où je suis lorsqu'une personne apparaît soudainement dans mon champ de vision. Et cette fois, je la distingue en entière, contrairement à la femme que j'ai aperçue - dont je me suis souvenue ? - tout à l'heure. C'est un homme qui s'avance vers moi, surgi de la brume épaisse comme par magie. Je suis un peu plus petite que lui, mais sans plus. Si je portais des talons, nous ferions la même taille, lui et moi, j'en suis certaine. Mais même dans ce rêve - ou cette vision, je n'en sais rien - , je suis pieds nus. Alors lorsqu'il s'arrête à quatre ou cinq pas de moi, je suis obligée de lever légèrement les yeux afin de pouvoir l'observer. Il est vêtu d'habits noirs recouverts par une cape rouge sang, déchirée à de nombreux endroits. Un bandeau rouge également recouvre son front. De longs cheveux noir ébène cachent à moitié son visage à la pâleur étonnante et descendent jusqu'en haut de son dos. Son bras gauche a été remplacé pas un bras mécanique, dont les doigts ressemblent à de longues griffes acérées. Dans son autre main, il tient un long pistolet noir. Je lève la tête et plonge mon regard dans le sien. Nous restons ainsi sans rien dire pendant un long moment, à nous fixer mutuellement, tel un chat qui observe une souris. Mais qui est le chat ? Et qui est la souris ? Je n'en ai aucune idée. Ses yeux ressemblent vaguement à ceux de la femme que j'ai déjà vue précédemment, ils sont rouge sombre, avec une pointe d'ambre autour de sa pupille d'un noir de jais.

- Vincent ?

Quelqu'un l'a appelé. Une voix masculine, claire et limpide. Peut-être un jeune garçon. Cela m'a au moins permis de connaître son nom. Vincent…

Il se retourne et parle à l'inconnu qui vient de l'interpeller, mais aucun son ne sort de ses lèvres. L'autre doit lui avoir répondu, car il hoche la tête sans un mot avant de reporter son attention sur moi. Lorsqu'il me fixe ainsi, le bas de son visage est dissimulé par sa cape. Je tente de retrouver un souvenir le concernant, mais rien à faire. Son visage ne me dit rien… je pense que… je ne le connais pas. Et pourtant… je ne sais pas. Il y a quelque chose chez lui… Je dois retrouver cet homme. Je sais qu'il est sur ce monde, lui aussi. Je sens au fond de moi qu'il peut m'aider. Peut-être pourrait-il m'expliquer ce que je fais ici ? Peut-être… peut-être sait-il qui je suis ? Je ne m'approche pas, ne m'éloigne pas, mais continue à le fixer sans un mot. Finalement, hésitante, j'entrouvre les lèvres et murmure à mon tour :

- Vincent… ?

C'est la première fois que je parle depuis mon réveil… c'est la première fois que j'entends ma propre voix. Elle me paraît assez semblable à celle de la femme, grave et sensuelle, assez particulière. Différente d'une voix féminine normale. Je me demande si je lui ressemble également physiquement. Ai-je moi aussi cette apparence étrange et effrayante , Avons-nous un quelconque lien de parenté, elle et moi ? Sommes nous sœurs ? Ou bien suis-je sa fille ? Nous ne sommes pas humaines, j'en suis certaines. Car les humains ressentent des sentiments. Tous, sans exception. Alors, dans ce cas… sommes-nous des… des monstres ?

Il m'a entendu prononcer son nom, je le sais. Et pourtant, l'homme mystérieux fait volte-face, faisant voler sa cape pourpre derrière lui. Il s'éloigne à pas lents, disparaissant peu à peu dans le brouillard dense et épais, plus sombre que tout à l'heure,je crois. Sans me lancer un regard. Sans prononcer une parole. Sans plus me prêter la moindre attention. Je ne sais pas plus de choses sur cet inconnu que je n'en sais sur moi. Et pourtant, je sens quelque chose. À mon réveil, je devrais peut-être essayer de le retrouver… s'il est sur ce monde avec moi. Il sait peut-être des choses que j'ignore. Il est sans doute mon seul espoir de comprendre qui je suis… ce que je suis… et ce qu'il m'est arrivé…

Tout s'assombrit autour de moi. Je me retrouve dans un univers entièrement noir, dépourvu de toute lumière. Le froid revient. Un froid intense, inexplicable, qui me glace les os. Et de nouveau, cette sensation d'être seule, si seule… Oui, je suis seule au monde. Et pourtant, aucune tristesse ne vient torturer mon cœur. Comme quoi, cela a quelquefois des avantages de n'éprouver aucun sentiment. Je ne sais pas où je suis. J'ai l'impression de bouger, mais pourtant je n'ai pas fait un seul mouvement. Je flotte dans les airs… quelle sensation étrange… et toujours ce froid mordant, qui me paralyse de l'intérieur…

Soudain, une voix. Une voix d'homme, mais différente de celle que j'ai déjà entendue. Semblable à la mienne et à celle de la femme à la peau bleue que j'ai vue dans ma vision précédente : grave, sombre. Une voix sensuelle, étrange et envoûtante. C'est Vincent qui parle. Qui me parle, à moi. Je le sais, j'en suis sûre, j'en suis persuadée. C'est lui. Sa voix est magnifique. Elle correspond tout à fait à son apparence mystérieuse. Il ne prononce que trois mots, mais ils restent gravés dans ma mémoire. Jamais je ne les oublierai. Ce sont les premiers mots qu'ils m'adresse, et j'ai comme le pressentiment qu'il y en aura encore d'autres. Beaucoup d'autres. Peut-être même plus que je ne le pense.

- Je te retrouverai.

*flash*


Puis… plus rien. Le noir complet, comme si je n'étais pas déjà assez plongée dedans. L'oubli total, comme si mon amnésie ne suffisait pas. Après… plus de rêve. Plus de vision. Plus de songe. Plus rien d'autre que le noir. Le noir. Le froid. Le sommeil. Surtout le sommeil. Un sommeil lourd. Profond. Dans lequel je coule sans résister. Je me laisse emporter. Peu importe ce que je trouverai au réveil. Peu importe le temps que je dormirai. Simplement… dormir. Ne plus penser. Ne plus agir, ne plus bouger. Ne plus réfléchir. Plus rien. Fermer les yeux et se laisser porter.

Un abandon total.