Bonjour à toutes. Voici ma prochaine histoire que vous trouverez certainement très différentes de mes autres fantaisies. Je tiens à remercier mes premières lectrices dont je ne peux plus me passer: Calazzi, Mimija, Poupouneflore, VaNhi, Lolelie, Overfast, Clemence-w de même que Juliette. Sachez d'abord avant d'en commencer la lecture, que cette histoire se développe plus lentement que les autres... De plus, il s'agit bien davantage d'un hommage à O&P et à Jane Austen qu'une transposition moderne comme j'ai l'habitude d'en écrire. Je vous laisse maintenant à votre lecture... Miriamme
Première partie
Je suis morte, exténuée, vidée! En fait, il n'existe pas de mots assez précis pour décrire avec suffisamment de justesse l'état de fatigue qui me caractérise depuis bientôt six mois. Mais peu importe, je ne peux pas m'arrêter ici. Pas après avoir traversé tout ça. Après tout, si j'en crois les propos de Daniel Weston, mon meilleur ami, la récompense est presque là à portée de mains. Et Daniel dit toujours la vérité. Et comme il a également la «bosse» des affaires (ne possède-t-il pas deux statuettes honorifiques pour le prouver), les chances sont très bonnes pour que mon projet, que dis-je? MON RÊVE DE TOUJOURS, se réalise enfin.
Et c'est rien de moins que ceci : j'ai l'intention d'écrire, de produire et de réaliser – à ma manière - la première version cinématographique québécoise du plus célèbre roman de Jane Austen, Orgueil et préjugés.
Voilà, vous savez tout maintenant. Tout? En fait non pas vraiment. Car vous ne savez pas encore qui je suis. À part que j'ai des idées farfelues. Et qu'en moi germe un grain de folie à caresser ce rêve insensé qui m'a valu bien des moqueries de la part de mes pairs réalisateurs au moment où je leur en parlai pour la première fois. Comme je me doutais bien que cette nouvelle passerait mieux autour d'un bon repas, j'avais pris soin de choisir un restaurant tout sauf banal dans le quartier Hochelaga Maisonneuve où j'habitais. Tout récemment rebaptisé HoMa pour faire croire à ses résidents que le niveau de vie pouvait être rehaussé simplement par le rachat systématique de plusieurs immeubles par des familles qui arrivaient de quartiers plus huppés, faute de pouvoir en assumer les loyers élevés, ce quartier était maintenant considéré comme le nouveau Plateau Mont-Royal (là où la plupart des artistes habitent).
Le restaurant «Les cabotins» s'était développé dans une ancienne mercerie. Les deux propriétaires avaient récupéré tous les objets qui se trouvaient déjà sur les lieux et les avaient intégrés dans le décor. Tout comme le menu d'ailleurs qui présentait ses spécialités sous l'une ou l'autre des trois grandes sections suivantes : Tenue de ville, Haute Couture et Prêt à porter.
Les habitués du restaurant «Les cabotins» prouvaient qu'ils en étaient en acceptant de relever le défi du chef et en arrivant sur place avec un caleçon sur la tête. De plus, on repérait tout aussi facilement les nouveaux clients par le rire qu'ils laissaient toujours échapper lorsqu'ils apercevaient les mannequins reconvertis en tables de service, les lampes inversées collées au plafond ou encore en mettant la main sur leur serviette de table et en réalisant qu'il s'agissait d'une chaussette. Petit bas minuscule pour les enfants, bas trois quarts pour les adultes et bas de laine pour les aînés.
Pourquoi avais-je souhaité recevoir mes collègues dans ce restaurant et pas un autre me demanderez-vous? Et bien, tout simplement parce que la nourriture y était excellente et que j'avais besoin du culot dont avaient fait preuve les deux propriétaires au moment où ils avaient songé à ouvrir un tel restaurant dans le quartier pour trouver le courage d'exposer mon idée à mes deux collègues préférés.
«-Voyons donc Béa, personne ne peut produire une meilleure adaptation que celle produite par la BBC en 1995, avait osé me répondre Marc Turbide, en me dévisageant comme si j'avais perdu l'esprit au moment où j'abordai enfin le sujet.
-Euh, je ne suis pas de ton avis Marc, m'avait alors devancé Marie Candelier, une réalisatrice d'émission pour enfants avec qui je collaborais de temps en temps. Moi, je préfère – et de loin – la version de 2005 avec Keira Knightley et avec cet acteur vraiment très beau, Matthew Macfadyen, je crois?
-Non, vous ne comprenez pas. Je ne veux pas produire une énième version de Pride and Prejudice… Euh pardon, Orgueil et Préjugés. Je veux tourner ma propre version de l'histoire, m'emportais-je avant de réaliser que quelques voisins tournaient la tête dans notre direction, m'obligeant à baisser le ton. Marie, Marc, êtes-vous familier avec les fanfictions? Leur avais-je alors demandé, l'air de rien, mais tout sauf innocemment.
-Euh oui, avait alors bredouillé Marie, j'ai quelques amies qui écrivent des histoires sur Harry Potter et qui vont les mettre en ligne sur des sites conçus à cette fin.
-Connais pas, avait lâché Marc de son côté.
En découvrant le rouge qui colora ses joues lorsque Marie et moi nous tournâmes vers lui, j'eus plutôt l'impression qu'il savait très bien de quoi je parlais, qu'il devait même visiter ce type de sites régulièrement, mais qu'il ne voulait surtout pas l'admettre. Après tout, quel homme oserait confesser qu'il passe des heures à lire des histoires d'amour écrites par des femmes? Sans compter que sous le couvert de l'anonymat, qui sait combien d'hommes se cachent derrière un pseudonyme féminin?
-Et bien, le film que je veux tourner, s'inspirera de ces fanfictions, repris-je après avoir décidé d'épargner Marc. Je veux dire par là que je veux y présenter ma vision et mon interprétation de cette magnifique histoire d'amour.
-Ça été fait ça aussi, protesta Marc, de très mauvaise foi, plus d'une fois même.
-Lost In Austen! Explosa Marie les yeux rendus brillants d'excitation.
-Laissez-moi finir, intervins-je avant de soupirer bruyamment, Lost In Austen, pour ne citer qu'une adaptation parmi tant d'autres, se passe principalement à la même époque que l'histoire originale. Mon adaptation à moi se déroulera en 2013 et ici même à Montréal.
Et voilà. J'avais lâché le morceau. Le bout de viande saignant se trouvait maintenant entre ces deux lions affamés. Lequel des deux sauterait dessus le premier. Lequel l'emporterait? Je votai instinctivement pour Marie et gagnai haut la main.
-Béa!
Oups, c'est vrai, désolé, j'ai oublié de vous dire que je m'appelle Béatrice. Béatrice Eaton pour vous servir.
-Sincèrement Béa, tu ne trouveras personne qui acceptera de subventionner un projet comme ça… C'est trop risqué financièrement parlant. Y'a que les comédies et les films d'auteur auxquels les compagnies de production s'intéressent de nos jours, mentionna-t-elle, espérant sans doute me consoler un peu.
-C'est vrai, y a qu'à voir ceux qui se sont rendus à Cannes cette année, renchérit Marc avec autant de délicatesse d'un bulldozer.
-Pourtant, j'ai déjà la moitié du budget dans mes coffres, leur avais-je finalement cloué le bec. La DW production m'a octroyé une subvention de 50 000$.
Statufiés, mes deux collègues me fixaient maintenant bouche ouverte et yeux exorbités. Ô comme j'aurais voulu immortaliser cet instant, mais malheureusement, je n'avais pas pensé à apporter ma caméra et celui-ci s'arrêta dès que Marie revint des limbes en se secouant, La DW production? Mais oui, j'aurais dû m'en douter, désenchanta-t-elle, C'est la compagnie de ton ami Daniel ça. Tu n'as aucun mérite Béa, m'accusa-t-elle.
Bon, là, je m'arrête. Je n'ai plus le choix. La remarque de Marie m'a mise en colère bien sûr et elle m'entendra à ce sujet dans quelques minutes, mais pour l'instant, je me dois de faire une pause pour vous parler de mon ami Daniel. Après tout, cet homme mérite vraiment qu'on s'y attarde car c'est mon meilleur ami depuis l'université. Le seul que j'ai conservé de cette période trouble de ma vie où par esprit de rébellion, j'avais entrepris de m'émanciper en essayant tout ce qui me tombait sous la main, drogue, sexe et alcool. Les trois ensembles même une fois, mais vous me permettrez de garder cette histoire pour moi. Après tout, ça n'a rien à voir avec mon projet de film.
Aussi improbable que cela puisse paraître, j'avais rencontré Daniel Weston dans le quartier gai de Montréal alors que je me trouvais dans une situation plus que précaire. Situé aux confins du quartier Centre-Sud, ce territoire où on retrouve presqu'exclusivement des homosexuels longe la rue Sainte-Catherine à partir de la Gare d'autobus Berri de Montigny, jusqu'au Pont Jacques Cartier.
Cet après-midi-là, nos départements universitaires respectifs se situant pourtant à l'opposé l'un de l'autre (administration dans le cas de Daniel et cinéma de mon côté) avaient décidé que l'initiation des nouveaux étudiants commencerait par une visite du célèbre bar Chez Mado (personnage célèbre du quartier gai). Nous devions monter sur scène, déguisée selon notre bon vouloir – le costumier du bar étant à notre disposition - pour faire de la synchronisation labiale (lip sync) sur un air à la mode. En tant que finissant et puisqu'il faisait partie du comité organisateur, Daniel s'était réservé la tâche la plus intéressante, soit juger les prestations et déterminer le gagnant.
Pour ma part, à l'instant même où je posai le pied à l'intérieur du bar où performe quotidiennement Mado Lamotte, la drag queen la plus populaire de la communauté gaie montréalaise, c'est justement vers ce phénomène extravagant que je fus redirigée, quoique concernant Mado, on devrait plutôt dire qu'elle m'aspira tant il est impossible de résister à son énergie.
-Chus pas il, chus pas elle, chus ça ! Ch't'une chose ! M'informa-t-elle en me ramenant contre elle après m'avoir ramassée par le bras.
-Il y a longtemps que vous personnifiez une femme ? Osais-je lui demander de toute la hauteur de ma naïveté.
-Je ne suis pas une personnificatrice féminine. Je suis trop laide pour ça. Je suis une drag queen, cracha-t-elle en utilisant ses deux index pour désigner ses paupières là où elle avait généreusement appliqué toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. C'est quoi ton nom ? Enchaîna-t-elle tout de suite après en s'emparant de mon visage pour examiner attentivement mon profil droit puis celui de gauche.
-Euh, Beatrice Eaton, bredouillais-je avant de me statufier en sentant ses mains qui descendaient pour me tâter de la tête aux cuisses.
-Relaxe, j'prends tes mesures, pour le costume… me gronda-t-elle d'une voix surtout méprisante.
-Le costume ? Quel costume ? Paniquais-je, les yeux exorbités.
-Et bien ma belle, on dirait que t'es jamais sortie de chez toi, éclata-t-elle de rire avant de poser sa main sur mon postérieur et m'entraîner avec elle.
Si seulement elle savait à quel point elle avait raison : j'arrivais effectivement de la campagne. Quant à la nervosité qui me gagnait, je ne la devais pas uniquement à mon innocence mais surtout au fait que je n'avais rien mangé depuis le maigre petit déjeuner que j'avais avalé en deux secondes à 6 heures du matin.
-Bon, j'pense savoir quel rôle te conviendrait ? Que penses-tu de Marilyn ?
-Marilyn ? Marilyn Monroe ?
-Bon, tu vois, t'es pas aussi ignorante que t'en as l'air, se moqua-t-elle avant de m'agripper par la manche de mon chandail pour me forcer à m'asseoir devant le miroir où elle s'installait tous les soirs pour se maquiller. Commençons par un petit remontant, annonça-t-elle en débouchant une bouteille qu'elle gardait sous le comptoir. Ramassant deux verres de styromousse qui avaient dû connaître une vie meilleure, elle y versa une bonne quantité de ce qui me semblait être du vin rouge, me tendit un verre et ne me quitta pas des yeux tant que je ne l'eus pas vidé.
J'ignorais ce que je venais d'avaler, mais je savais que ce n'était pas du vin. La gorge me brûlait, les yeux me roulaient dans l'eau, mais je me contins. Mado avait déjà saisi à quel point il est facile de me ridiculiser, je n'allais tout de même pas lui fournir une autre occasion de le faire.
-T'as jamais bu du porto avant toi ? Ça se voit, comprit-elle tout de même en levant son propre verre et en le calant sans me quitter des yeux.
Un va-et-vient incroyable dans le corridor força l'étrange personnage qui me servait de «Coach» à retourner vers la porte de sa loge pour la refermer. Après avoir lâché une série de jurons que je ne vous répéterai pas tant ils étaient vulgaires et grivois, je la vis revenir vers moi, un sourire mystérieux sur les lèvres. C'est là que je compris qu'elle le faisait exprès. Exprès pour me choquer. Et moi qui étais tombée dans le panneau. Retrouvant une partie de ma bonne humeur, je la détaillai entièrement pendant qu'elle tanguait jusqu'à moi. Mado n'était pas belle à proprement parler, mais c'était définitivement un personnage très intéressant.
-Et je sais maintenant avec quelle chanson tu vas faire ton numéro, m'annonça-t-elle en faisant claquer sa langue contre son palais. Connais-tu «La péricole» de Jacques Offenbach ?
-Ça me dit quelque chose, enfin je crois, bredouillais-je en fuyant son regard scrutateur.
-Si tu connaissais réellement ça, tu voudrais m'arracher la tête, reprit-elle en dardant sur moi deux yeux où se disputaient mépris et amusement. Mais moins de mépris qu'avant, heureusement.
«Curieux mélange, pensais-je en scrutant ses yeux. Curieux visage surtout, grommelais-je. Ouf, l'alcool que j'avais avalé devait commencer à faire effet puisque j'eus tout à coup l'impression que nous étions trois dans la pièce. Oups, c'est vrai, j'avais oublié que j'étais assise devant un miroir. Nous étions quatre finalement, mais je n'en voyais toujours que trois. Ce qui n'était certes pas normal.
-Tiens, avale ça, m'ordonna-t-elle après avoir rempli mon verre une seconde fois. Pendant que je vais fixer ta perruque et te maquiller, tu vas écouter ta chanson en boucle afin que tu puisses te préparer à bouger les lèvres en même temps que les paroles… tu vas voir, elle est courte et pas trop compliquée, monologua-t-elle avant d'en taper le titre sur son Ipad et sélectionner une version qu'elle connaissait. Je vais la laisser jouer en boucle, écoute-là attentivement. Ça s'appelle «Oh, quel Dîner !».
Ah! quel dîner je viens de faire!
Et quel vin extraordinaire!
J'en ai tant bu, mais tant tant tant,
Que je crois bien que maintenant
Je suis un peu grise. Mais chut!
Faut pas qu'on le dise! Chut!
Si ma parole est un peu vague.
Si tout en marchant je zigzague,
Et si mon oeil est égrillard.
Il ne faut s'en étonner, car...
Je suis un peu grise, mais chut!
Faut pas qu'on le dise! Chut!
Pendant que la drag queen s'acharnait à me transformer en sex-symbol post-hollywoodien, je n'osai protester, mais j'avais une telle envie de prendre la fuite que je ne cessais de fixer la porte au lieu de jeter un œil sur ce qu'elle faisait. Dix minutes plus tard, après avoir commencé à siroter mon troisième verre de porto, je connaissais par cœur les mots de la chanson et je ressemblais à une Marilyn Monroe saoule.
Pendant que je me cherchais vainement dans le miroir, Mado – qui s'était éloignée pendant quelques secondes – revint vers moi en tenant haut devant elle une paire d'escarpins argentés dont les talons étaient si impressionnants qu'à la seule idée de monter dessus, je fus saisie d'un vertige.
-Allez ma belle, un peu de courage, rétorqua-t-elle en éclatant de rire, tout ce que tu as à faire c'est te rendre au centre de la scène, mimer les mots puis revenir tranquillement vers moi. Tu ne vas pas me faire honte, hein ? M'intima-t-elle en posant la paire de souliers sur mes cuisses.
À partir de cet instant, mes souvenirs sont plutôt vagues, ou plutôt incomplets. Je me souviens être allée m'installer en coulisse et avoir été surprise par certains costumes ou plutôt par certains personnages qui montèrent sur scène à tour de rôle. Il faut dire que je n'étais plus en état de distinguer les gens de leurs costumes. Pour moi, ils ne faisaient qu'une seule et même personne. De plus, je fus distraite par les cris égrillards et les applaudissements inégaux que récoltaient mes confrères ou consœurs après leur passage sur scène. Toutefois, je n'oublierai jamais l'humiliation totale que m'infligea Mado en me poussant au centre de la scène lorsque mon nom fut cité ou lorsqu'après avoir livré ma performance qui n'était somme toute pas si mauvaise, je perdis l'équilibre et tombai directement dans les bras du juge en chef de l'événement.
Mais le pire ne s'était pas encore produit. Pour l'instant, les rires dominaient encore. Certains spectateurs encourageait Daniel – car c'était lui le juge, vous l'aurez sans doute deviné – l'incitant à profiter de la présence de Marilyn Monroe pour l'embrasser. Mais c'était sans compter sur mon estomac et sur le malaise qui le força à rendre le peu de choses qu'il contenait.
Je me souviendrai toujours du bruit coordonné des inspirations suspendues puis du long silence qui avait suivi. Les yeux fixés sur l'homme qui m'avait attrapée, je vis son regard s'abaisser jusqu'à sa poitrine, découvrir sa chemise blanche maculée de vomi, puis revenir se poser sur moi. Jamais regard ne fut plus assassin que le sien à cet instant, ni plus méprisant surtout.
Il ne faut s'en étonner, car...
Je suis un peu grise, mais chut!
Faut pas qu'on le dise! Chut!
-Et bien, c'est raté… tout le monde sait que vous êtes ivre maintenant, échappa-t-il pour répondre aux dernières lignes de ma chanson qui jouaient encore à l'arrière, récoltant autant d'applaudissements que de rires.
Chaque fois que j'y repense ou pire encore, chaque fois que Daniel ose évoquer ce moment mémorable (car je peux lui faire confiance pour ressortir cette histoire aussi souvent qu'il le juge nécessaire), j'ai l'estomac qui se noue et un frisson d'horreur me traverse l'échine. Car pour couronner le tout, n'est-ce pas également lui qui à la fin de l'ensemble des prestations, s'offrit pour me ramener chez moi ? Alors que je n'étais plus que l'ombre de moi-même, plus qu'une loque humaine. Ô honte !
Je me permets d'utiliser un adage très connu dans sa forme inversée «le malheur des uns fait le bonheur des autres» pour vous apprendre que bien que je fusse – ô malheur - ivre morte - c'est tout de même ce soir-là que Daniel rencontra sa future femme en la personne de ma colocataire Juliette Savard.
Épouse qu'il ne conservât pas très longtemps, je me dois de vous le dire, car je fus témoin de tout. Vivre à deux dans la félicité et le bonheur n'est déjà pas donné à tout le monde, alors imaginez lorsqu'il s'agit de deux êtres aussi dissemblables que le sont Daniel et Juliette. Très rapidement, j'assistai impuissante à l'effritement de leur relation. Que ce soit en raison des fréquentes absences de Daniel qui s'était donné comme objectif (une fois armé de son MBA) de bâtir sa propre compagnie et de la faire prospérer rapidement ou encore dû à l'indifférence de Juliette que je soupçonnai rapidement de l'avoir épousé uniquement par intérêt, toujours est-il que leur séparation ne me surprit pas outre mesure.
Pour ma part, mes quatre années d'université furent entrecoupées d'histoires d'amour tumultueuses (j'étais attirée par un type d'homme qui ne me convenait pas), de beuveries salvatrices (entre deux hommes) et de quelques brefs moments dont je vous épargne la narration, puisque je n'étais pas en possession de mes moyens, mais sous l'influence de substances illégales quelconques. Et oui, je suis la preuve vivante qu'on ne fait pas toujours de bons choix.
Par contre, au cas où vous en douteriez, sachez que j'eus énormément de succès dans mes études au moins autant que Daniel en connut avec ses affaires. L'ambition étant un aspect de nos vies sur lequel nous nous accordions parfaitement à l'époque et sur lequel nous nous entendons encore aujourd'hui.
Mais où en étais-je ? Que voulez-vous, c'est tout moi ça de commencer une histoire et de changer de voie en cour de route. Ah, oui, j'étais en compagnie de Marc et Marie dans le restaurant «Les Cabotins». Notre repas s'était ouvert sur mon nouveau projet et nous en étions maintenant au dessert à parler d'argent, de financement.
-Tu sauras Marie, que Daniel Weston ne m'aurait rien octroyé si ne j'avais pas fait mes preuves avant. C'est un homme d'affaire avant tout, m'étais-je défendue avec acharnement et conviction.
-Eh, ne sois pas si susceptible Béa ! Je ne voulais pas te blesser, s'était-elle excusée avant de se parjurer en poursuivant sur le même ton et avec la même intention, mais il n'en demeure pas moins que c'est ton ami et qu'il est très riche.
-Millionnaire, avait insisté Marc d'un ton hargneux.
-Et vous auriez pu l'être tout aussi rapidement que lui si vous aviez fait votre MBA au lieu de vous inscrire en cinéma, les avais-je agressés ensuite avant de me secouer, soupirer bruyamment puis trouver le courage de m'excuser auprès de chacun d'eux. Après tout, la sagesse me dictait que ce n'était pas le moment de faire la difficile. J'avais trop besoin de leur soutien pour laisser la colère me dominer. Et Dieu sait que ça m'arrivait souvent quand Daniel était concerné. Allez savoir pourquoi.
-En fait, j'aurais bien besoin de vos conseils. J'aimerais savoir si vous avez une compagnie de casting à me suggérer ?
-Hein ? S'étaient-ils étonnés de concert.
-Tu ne brûles pas un peu les étapes là ? Avait repris Marie.
-Tu as seulement la moitié du budget? Avait poursuivi Marc en coulant un regard perplexe vers Marie d'abord puis sur moi.
C'est alors qu'un horrible doute s'était insinué en moi. Celui qui paralyse et empêche de respirer. Si les deux collègues que j'estimais le plus ne croyaient pas en mon projet et jugeaient que j'allais trop vite, avais-je le droit de risquer non seulement l'argent que Daniel avait accepté de m'octroyer, mais également mes propres économies ? Cette somme que j'avais amassée à la sueur de mon front en créant des émissions pour enfants, mais surtout en acceptant de produire des émissions de cuisine qui m'avaient donné l'impression de me prostituer ?
Et c'est justement parce que j'en avais assez de travailler sur des projets qui ne m'appartenaient pas ou plutôt qui ne me ressemblaient pas que je trouvai le courage de défendre cette idée qui me trottait dans la tête depuis une bonne dizaine d'années. J'enchaînai donc avec les raisons qui me poussaient à vouloir réaliser ma propre version de cette histoire, insistai sur les nombreux liens que je comptais faire entre les valeurs de la société actuelle et l'évolution des rôles féminins et masculins. Bref, je parlai tant et tant, m'enthousiasmai comme il m'arrive souvent de le faire jusqu'à ce que je réalise que mes deux collègues n'avaient plus repris la parole depuis mon envolée et que quelques clients suivaient mon monologue avec intérêt. Il faut dire qu'une fois lancée, il est bien difficile de m'arrêter. Surtout lorsque le sujet me passionne. Je dus être convaincante pourtant, puisqu'après un court silence, Marie se pencha vers moi pour m'apprendre : Écoute Béa, je peux bien te donner toutes les références que tu veux, après tout j'ai fait un documentaire récemment et ai engagé une petite agence de casting dont je suis très satisfaite, mais ce qu'il y a, c'est que… s'arrêta-t-elle pour ménager son effet (oups, j'ai oublié de vous dire que Marie est également comédienne), écoute, je ne peux pas parler pour Marc, mais pour ma part, j'aimerais vraiment beaucoup faire partie de ton projet, m'avoua-t-elle.
-Eh, tu peux parler pour moi, protesta Marc, moi aussi je veux participer…
Alors là, je tombais des nues. Et comme si ce n'était pas encore assez, Marie reprit la parole et se déclara prête à investir une somme d'argent substantielle en autant que ça lui permettait de prendre part aux décisions, sans toutefois devenir majoritaire.
-Ça va toujours être ton projet Béa, mais je veux faire partie de ton équipe, si tu es d'accord évidemment.
-Tu es sérieuse, avais-je tout de même vérifié.
-Moi aussi, avait annoncé Marc en me faisant sursauter.
Nous profitâmes ensuite de nos cafés allongés pour mettre au point une foule de détails essentiels et nous aurons certainement à rediscuter de notre association un peu plus tard, mais toujours est-il qu'en sortant du restaurant et en prenant congé de mes collègues, oups, non, c'est vrai, aussi bien m'habituer tout de suite… en prenant congé de mes deux associés, je n'avais qu'une idée en tête et c'était d'appeler Daniel pour le prévenir des changements que j'allais devoir apporter non seulement à la distribution des tâches et responsabilités, mais également à l'échéancier sur lequel j'avais déjà commencé à travaillé. J'avais tellement hâte de lui dire que les auditions allaient pouvoir commencer bien plus tôt que prévu.
Cette soirée avait été extraordinaire à plus d'un niveau, j'étais entrée dans un restaurant en espérant à tout le moins obtenir des noms d'agences de casting et j'en ressortais avec deux partenaires motivés et un budget presque complété.
-Bravo Béa, me félicita Daniel lorsqu'après avoir répondu à mon appel, je lui rapportai les propos puis l'intention de mes deux collègues. Je suis fier de toi.
-Merci. Bon, alors je n'ai plus le choix maintenant, on ne se verra pas en fin de semaine puisque je dois rester enfermée pour terminer mon scénario, lui appris-je.
-Euh, tu ne devais pas m'en remettre une copie à la signature du contrat, me rappela-t-il d'une voix moqueuse.
-Oui, tu as parfaitement raison… je t'enverrai le fichier par courriel en arrivant chez moi… j'y serai dans cinq minutes…
Me souvenant tout à coup de la raison pour laquelle je ne lui avais pas encore envoyé ce fichu scénario, je m'arrêtai un peu trop brusquement, évitai de justesse celle qui me suivait de trop près, m'excusai auprès d'elle puis m'adressai à lui à nouveau, Daniel, avant que tu le lises mon script, il faut absolument que je t'explique quelque chose à propos des deux personnages principaux…
-Élisabeth Bennet et William Darcy, mentionna-t-il aussitôt comme on récite une leçon apprise par cœur.
-Wow, tu connais tes classiques, l'agaçais-je.
-C'est de ta faute… c'est toi qui a contaminé Juliette… Tu sais qu'elle m'a fait regarder la série avec Colin Firth au moins deux fois, lâcha-t-il d'un ton boudeur.
-Ce qui est très peu si tu compares à toutes ces fois où tu l'as forcée à écouter tes séries policières ou tes films d'action, rétorquais-je afin de lui clore le bec.
-Ouais, bon… et si on en venait à ce que tu avais à me dire maintenant, me ramena-t-il à l'ordre un peu brusquement.
-Oh oui, et bien… hésitais-je.
-Béa, me pressa-t-il d'une façon très autoritaire, très… LUI quoi.
-Et bien…ce que je voulais que tu saches, c'est que dans mon script, je me suis un peu, euh beaucoup en fait, inspirée de notre histoire… de notre première rencontre…
-Dans le bar Chez Mado? Pouffa-t-il à l'autre bout du fil, et bien tant mieux.
-Euh, en fait, repris-je… je n'utilise pas seulement ce moment-là…
-Béa, rouspéta-t-il aussitôt.
-Mais comme personne ne connaît la vraie histoire à part toi et moi, plaidais-je sans plus attendre.
-Tu oublies mon ex-femme et tous ceux qui étaient à cette fameuse soirée, grogna Daniel.
-Oui mais, admis-je, oh et puis après, m'emportais-je finalement. Je te préviens officiellement que je n'ai pas l'intention de changer quoi que ce soit. Même pour toi.
-Comment peux-tu oser me….
-Très facilement, le coupais-je. Après tout, ce n'est rien à côté de toutes ces fois où – sans égard pour moi - tu as ressorti l'épisode du bar chez Mado pour faire rire tes amis.
-Donc tu admets que c'est pour te venger de moi?
-Ne me fait pas dire ce que je n'ai pas dit. Et puis, est-ce ma faute à moi si la façon dont on s'est rencontrés ressemble à certains passages importants du roman, argumentais-je.
-Qu'est-ce qu'il faut pas entendre…
-C'est vrai pourtant. On a qu'à penser au moment où Élisabeth entend Charles Bingley et William Darcy parler d'elle au bal? Ça t'évoque rien ça?
-….
-Daniel? Daniel, t'es encore là? M'enquis-je avec impatience.
-…. (Rien)
-Tu boudes? Le provoquais-je.
-… (Toujours rien)
-Mais dis quelque chose voyons, insistais-je.
-Envoie-moi ce foutu scénario… je t'en reparlerai après l'avoir lu, m'intima-t-il avant de mettre abruptement fin à notre conversation.
Plusieurs passants jetèrent un œil inquiet dans ma direction à cause des jurons qui franchirent mes lèvres au moment où je rangeai mon cellulaire dans ma poche. Mais puisque dans le quartier HoMa il n'est pas rare de croiser des gens qui parlent seuls, je les ignorai et poursuivis même ma conversation imaginaire avec lui.
Quinze minutes plus tard, encore très remontée contre Daniel et pestant contre cette mauvaise habitude qu'il avait de me raccrocher au nez, j'étais dans mon appartement et avais relu une dernière fois certains passages clés de mon scénario. Après m'être assurée de mettre la scène représentant notre deuxième rencontre en surbrillance, je lui envoyai le tout en sachant très bien qu'il réagirait et de quelle manière. Une minute plus tard, dès que j'eus la confirmation que mon message avait été reçu, je fermai mon cellulaire, éteignis mon ordinateur et entrai dans la salle de bain pour me faire couler un bon bain.
«Bien fait pour toi Daniel Weston...»
«Scène trois : Dans le Bar Chez Mado….. (Première rencontre entre William et Élisabeth)
Scène quatre : Pendant que la musique de la chanson «Oh Quel Dîner» de Jacques Offenbach joue en sourdine, la caméra suit William Darcy pendant qu'il sort d'une voiture taxi, ramasse la jeune femme comateuse qu'il avait accepté de raccompagner puis la porte à bout de bras jusqu'à son immeuble. Lorsqu'il entre dans l'ascenseur, un gros plan nous montre que celle-ci porte encore sur la tête le filet appliqué par la Drag Queen pour retenir et écraser sa chevelure, la robe blanche qu'elle avait empruntée pour sa prestation et un fond de teint d'une blancheur immaculé qui donnait à son visage un aspect clownesque. La caméra nous présente ensuite un gros plan du visage de Caroline Bingley au moment où elle ouvre la porte de l'appartement et découvre le curieux spectacle que lui offrent le nouveau venu et son chargement. On la voit ensuite soulever la tête de la jeune femme pour s'assurer qu'il s'agit bien de sa colocataire puis inviter William à entrer. Dans le plan suivant, on voit William reprendre l'ascenseur puis mettre dans sa poche, un petit bout de papier sur lequel le nom de Caroline Bingley apparaît associé à un numéro de cellulaire. Le plan s'assombrit lentement (Fade out). Noir.
Scène cinq : Restaurant les Cabotins (Deuxième rencontre entre William et Élisabeth) Agréable ambiance musicale dans le restaurant. La caméra découvre lentement des lieux, survole les mannequins, s'arrête un instant sur les lampes accrochées au plafond puis vient se fixer devant la longue table qui est installée au fond de la salle, autour de laquelle on retrouve déjà Caroline Bingley, William Darcy, Charles Bingley, Élisabeth Bennet, Jane Bennet de même qu'une dizaine d'autres personnes. Une quinzaine de figurants personnifie les autres clients qu'il y a dans le restaurant.
Pendant que Charles et Caroline prennent en charge les présentations, on doit voir que Caroline est heureuse de retrouver William Darcy, qu'Élisabeth rougit en lui serrant la main puis soupire de soulagement en constatant qu'il ne l'a pas reconnue. On doit également sentir que Charles s'intéresse de près à Jane Bennet et que celle-ci n'est pas insensible à son charme non plus. Les autres convives se présentent également, mais on n'entend pas leurs voix.
-Apportez-nous donc trois gros pichets de sangria, commande Charles au serveur au moment où il le voit s'approcher de leur table.
-Et bien, j'en reviens pas comme le monde est petit, enchaîne ensuite Caroline en se tournant vers William Darcy. Posant ensuite sa main sur son bras, elle reprend ensuite la parole en s'exprimant cette fois assez fort pour que tout le monde l'entende. William Darcy, si vous saviez comme j'ai attendu votre appel…
Visiblement gêné, William jettera un œil en direction de son voisin de gauche, Charles Bingley puis se retournera vers la jeune femme pour bredouiller, C'est que j'ai dû participer à bon nombre d'initiations dans les deux dernières semaines…
-Pas d'autres incidents impliquant une chemise, j'espère? Blagua-t-elle.
Caroline et William éclateront de rire, jusqu'à ce que Jane, assise directement en face de Charles trouve le courage de s'informer : Puis-je savoir ce qui s'est-il passé avec votre chemise?
-C'est une assez longue histoire, mais puisque tu insistes Jane, tout ce que tu as besoin de savoir pour comprendre c'est que William a été aspergé de «dégâts humains» par une Marilyn Monroe complètement bourrée… lui relatera brièvement Caroline.
-Elle t'a vomi dessus? Insistera Charles.
-J'en avais partout Charles, même dans les cheveux, précisera William,
-Et le plus drôle c'est que la Marilyn en question, c'était… s'esclaffera Caroline avant de recevoir un coup de pied d'Élisabeth sous la table et se taire.
-C'était la colocataire de Caroline, rétorquera Élisabeth à sa place.
-C'est ça oui, ma colocataire, l'approuvera celle-ci.
-En tout cas, de toute ma vie je n'ai jamais rencontré une personne aussi ridicule… ni plus saoule que cette jeune femme là… insistera William avant que son regard ne soit attiré par la jeune femme alors qu'elle esquissera un mouvement pour se lever.
-Qu'est-ce que tu fais Élisabeth? S'inquiétera Jane en reconnaissant chez sa sœur les signes d'une grande contrariété.
-Je veux simplement aider le personnel à servir la sangria, répondra Élisabeth en s'emparant de l'un des trois pichets qui se trouvait sur le plateau que le serveur venait de poser devant eux. Contournant la grande table, la caméra suivra sa progression tandis qu'elle s'approchera de William Darcy, un gros plan la montrera en train de lever le pot de sangria haut dans les airs avant de le laisser s'écouler entièrement sur le devant de la chemise du jeune homme qui avait osé se moquer d'elle.
-Eh, bondira-t-il hors de sa chaise pour secouer ses vêtements avant de se tourner vers elle, hors de lui, bon Dieu, mais qu'est-ce qui vous prend?
-Il faut vraiment que je vous l'explique? Le bravera la jeune femme toujours armée de son pichet.
-Élisabeth est ma colocataire, lui apprendra alors Caroline.
-Quoi? S'interloquera-t-il tandis qu'un serveur lui tendra un linge pour s'essuyer et se confondra en excuse.
-Alors monsieur Darcy, qui a l'air le plus ridicule maintenant? Moi? Ou celui qui n'a pas pensé plus loin que le bout de son nez… car vous êtes bien le seul ici à ne pas avoir compris que c'était de moi que vous parliez.
-Est-ce une raison pour m'asperger de sangria?
-Non, sans doute pas, vous avez raison, mais sachez que ma rancune est à l'image de la boisson qui vous recouvre, elle est composée de plusieurs éléments différents. Les tranches d'orange et de citron vert pourraient représenter la seule chose que j'avais pu avaler ce matin-là tant j'étais nerveuse; le rhum, le mal de tête qui m'avait forcée à prendre deux advils avant d'arriver au bar; le vin rouge, les deux ou trois verres de porto que Mado m'avait obligée à avaler avant de monter sur scène. Quant à la glace et bien… la glace représente très bien les préjugés dont vous avez fait preuve à mon égard. Alors, monsieur Darcy, croyez-vous toujours que je n'aurais pas dû vous en couvrir?
-Vous êtes complètement folle…
-Je reconnais qu'il est toujours plus facile d'accuser les autres que de s'excuser pour ce qu'on a dit… Et bien, pour ma part, je ne suivrai pas votre exemple, terminera-t-elle avant de se tourner vers Caroline, Je m'excuse Caroline, je suis désolée d'avoir pété les plombs alors qu'on est tous réunis pour souligner ton anniversaire. Cela étant dit, après ce qui vient de se passer, tu comprendras que je préfère rentrer à l'appartement et manger seule. Bonne soirée à tous.
La caméra reste braquée sur le visage de William Darcy tant et aussi longtemps que la jeune femme n'est pas sortie du restaurant. Lorsque le serveur revient avec un nouveau pichet pour remplacer celui qui a été renversé de même qu'une chemise de rechange, le plan nous ramène à l'extérieur où on rattrapera la jeune femme alors qu'elle marche tranquillement sur le trottoir. Au fur et à mesure qu'elle s'éloigne du restaurant, son sourire s'efface puis ses pas diminuent.» Le plan s'assombrit jusqu'à devenir complètement noir. (Fade out)»
…À suivre….
Alors, vos premières impressions? Quelqu'un peut-il prédire la suite? Mais encore plus important, la voulez-vous cette suite?
Miriamme
