Revenge
Hermione prenait de grandes inspirations tandis qu'elle essayait vainement de stopper ses pleurs. Elle détestait Ron de chaque fibre de son être, de chaque pore de sa peau suintait de la haine pour ce garçon abominable, cruel et horrible qui ne faisait que la blesser encore et encore…Il n'y avait pas assez de canaris dans le monde entier, magique ou non, pour le faire souffrir autant qu'il la faisait souffrir chaque jour.
- Qui est là ? demanda une voix rêveuse et familière.
Hermione étouffa rapidement ses sanglots et essuya ses larmes avant d'apercevoir Luna.
- Oh, salut Hermione, dit-elle.
- Salut, Luna, répondit Hermione, se forçant à sourire. Comment vas-tu ?
- Je vais bien, dit Luna. Mais pas toi, tu pleurais.
Hermione ouvrit la bouche pour protester. Luna pouvait être si…honnête parfois. C'était énervant ! Aussi énervant que les larmes qui se remirent à couler des yeux d'Hermione.
- Oh…gémit-elle, avant de se remettre à sangloter.
Elle pleura encore plus quand elle sentit Luna mettre ses bras autour de ses épaules pour lui tapoter le dos.
- Je sais, dit Luna chaleureusement en se dégageant un peu pour lui tendre un mouchoir bleu, très vieux mais propre. Tu es contrariée à cause de Rufus Scrimgeour, pas vrai ? Je ne t'en veux pas. C'est tout simplement abominable.
- Qu…Quoi ? demanda Hermione. Rufus Scrimgeour ?
- Oui, dit Luna, ses yeux écarquillés reflétant son sérieux. J'ai moi-même failli pleurer quand mon père m'a dit que Scrimgeour était un vampire. Comme si cela ne suffisait pas qu'il y ait Tu-sais-qui en liberté…
Hermione se mit à rire. Elle ne pouvait pas s'en empêcher. Luna était la personne la plus saugrenue qu'elle connaissait, mais étrangement, cette bizarrerie était ce qu'il fallait à la situation actuelle.
- Ce n'est vraiment pas drôle, dit Luna sévèrement.
- Je suis désolée, dit Hermione en s'essuyant les yeux à nouveau. Tu as raison. Bien sur que ce n'est pas drôle. C'est juste que…ce n'était pas pour ça que je pleurais.
- Oh, dit Luna. Alors ce doit être un garçon. Personne ne pleure autant pour autre chose, pas vrai ?
Les yeux d'Hermione s'emplirent à nouveau de larmes et elle laissa échapper un petit sanglot.
- C'est Ron, lâcha-t-elle sans trop savoir pourquoi elle racontait ça à Luna, mais heureuse de pouvoir le dire à quelqu'un, heureuse de voir que Luna semblait comprendre malgré son attitude un peu particulière.
- Ronald Weasley ? répéta Luna. Oui, je vois pourquoi tu pleures à cause de lui. Il est assez drôle mais il est aussi méchant parfois.
- Oui, il l'est, se lamenta Hermione.
- Mais pourquoi a-t-il été méchant avec toi ? demanda Luna.
- On s'est disputés, répondit Hermione d'un air malheureux. C'était pire qu'une dispute, il ne me parle plus et il est horrible et je le déteste…
Elle laissa échapper d'autres sanglots.
- Je ne pense pas que tu le détestes si tu pleures autant, commenta Luna d'un air sage.
Hermione leva brusquement la tête. Il y avait une lueur malicieuse et sympathique dans ses yeux qui, néanmoins, se perdaient toujours un peu dans le vague. Hermione se mordit la lèvre tandis que quelques larmes continuaient de couler sur ses joues.
- Non, dit-elle. Je ne le déteste pas.
Elle se dégagea de l'étreinte de Luna.
- Je devrais y aller…Merci, Luna…
Hermione croisa Harry sur le chemin du retour ; il lui donna ses affaires qu'elle avait bêtemement oubliées en partant du cours de Métamorphose. Elle se souvint vaguement de l'avoir remercié avant de partir en courant, ressentant le besoin d'être seule. Luna avait été très gentille mais Hermione avait besoin de la bibliothèque à présent. C'était toujours une source de grand réconfort pour elle. Elle avait besoin de l'odeur des vieux livres, d'entendre le froissement des pages qui se tournent. Elle avait besoin…
…de ne pas voir Ron et Lavande en train de glousser – Ron GLOUSSAIT ! – tandis qu'ils se faufilaient dans une autre salle de classe vide. Le cœur meurtri d'Hermione se serra, comme s'il avait gelé. Suivant une idée folle, elle marcha droit vers la porte que Ron refermait derrière lui.
La salle se trouvait à l'ombre et il y avait une grande vitre sur la porte, Hermione pouvait ainsi apercevoir les contours de deux personnes s'agiter et s'accrocher l'une à l'autre.
Elle ferma les yeux avec force et se força à inspirer par le nez. Elle ne pleurerait pas. NON, elle ne pleurerait pas.
Elle entendit des voix : une voix traînante qui lui rappelait Malefoy et une voix familière plus pompeuse. Elle se retourna et vit Zacharias Smith, en pleine conversation avec Ernie Macmillan. Ernie la vit et Hermione recula vivement de la porte derrière laquelle se trouvaient Ron et Lavande et s'avança vers Ernie pour le saluer.
- Salut Hermione, dit Ernie. Euh…Comment ça va ? ajouta-t-il, l'air légèrement inquiet après l'avoir vu quitter le cours de Métamorphose.
- Oh, bien, répondit-elle, forçant un ton enjoué.
Elle se tourna vers Smith.
- Salut Zacharias, dit-elle d'une voix agréable.
- Salut, Hermione, répondit Smith en souriant.
Ce n'était pas un sourire très amical mais il y avait de l'intérêt dans son regard. Hermione remarqua les yeux de Smith parcourir sa silhouette rapidement…
Franchement ! Les garçons ! Tous les mêmes ! Ils croient être subtils quand ils admirent une fille, mais c'est ridicule tellement c'est flagrant !
Et une idée lui vint : Hermione savait ce qu'elle ferait.
Une revanche. C'était une revanche qu'elle voulait. N'était-ce pas ce qui se cachait derrière ces canaris ?
Mais qui avait besoin de canaris ? Ils piquaient et griffaient mais ils ne laissaient pas de cicatrices. Ils ne BLESSAIENT pas, ils ne blessaient pas comme Ron méritait d'être blessé. Ils ne pouvaient pas HUMILIER…
- …vas à la fête de Slughorn ? disait Ernie.
- Quoi ? Oh, oui.
Hermione sourit à Smith. Devait-elle l'inviter ? Non, pas devant Ernie. Ce serait très malpoli. Mais elle pourrait toujours inviter Smith lors du dîner, pas vrai ? Oui, au dîner ce serait parfait. Si en plus elle pouvait le faire juste devant Ron…
- …doit y aller, baragouinait Ernie. Nous avons une séance de révisions à la bibliothèque. Normalement il n'y a que des Poufsouffles mais si tu veux te joindre à nous…
- Oh, euh…non, merci, dit Hermione en souriant à nouveau, de façon plus douce cette fois. J'ai des choses à faire et mes affaires sont dans ma chambre alors je vais y aller. Salut Ernie, Zacharias.
Ernie et Smith hochèrent tous deux la tête et partirent, Smith se retourna une dernière fois, jetant un regard indéchiffrable en direction d'Hermione ;
Hermione prit la direction opposée, s'efforçant de ne pas regarder la porte de la salle de classe contaminée par Ron et Lavande, et se dirigea vers la Salle Commune. Oui, Smith était un bon candidat. L'inviter devant Ron rendrait ce dernier fou. Elle se demandait simplement comment elle pourrait convaincre Smith d'approcher la table des Gryffondors…
- Aïe !
Elle était entrée en collision avec quelque chose de grand lorsqu'elle avait tourné à l'angle du couloir menant au portait de la Grosse Dame. Cette chose énorme n'était autre que Cormac McLaggen.
- Salut Hermione, dit Cormac avec un de ses sourires méprisants, prête pour la soirée de Slughorn ?
Hermione le regarda sous un nouveau jour tandis qu'une bien meilleure idée lui venait en tête.
- Cormac, est-ce que tu aimerais venir à la fête avec moi ? demanda-t-elle.
Cormac eu l'air surpris mais eut rapidement un air désintéressé.
- Vraiment ? demanda-t-il sur le ton de la conversation.
- Oui, vraiment, dit Hermione et, sans y penser, se remit les cheveux en place.
- Je me suis dit que ce serait amusant de t'avoir comme cavalier… ajouta-t-elle d'un souffle.
McLaggen la reluqua à nouveau et Hermione se rendit compte que son sourire lui évoquait celui de Gilderoy Lockhart, ce qui n'était pas une bonne chose. Elle se demandait si elle savait dans quoi elle s'engageait.
- J'adorerais, répondit McLaggen d'une voix rauque.
Soudain, il fit doucement courir ses doigts le long de son bras. Hermione frémit : elle ne savait pas si elle trouvait cela agréable ou pas.
- Alors d'accord, dit-elle. A huit heures dans la Salle Commune.
- J'ai hâte, dit-il avant de partir.
Hermione le regarda s'en aller, ses entrailles nouées par le doute, mais elle entendit le couinement familier et odieux qu'était le rire de Lavande et elle se tourna vers la Grosse Dame.
- Dilligrout, dit-elle rapidement.
Le portrait s'ouvrit et elle se précipita dans la Salle Commune, désireuse de ne pas se faire voir par son idiote de camarade de chambre et par cet atroce idiot rouquin à son bras.
Hermione était assise seule lors du dîner. Son ragoût de bœuf était intact. Elle savait qu'elle devait manger : elle aurait besoin de forces ce soir…
Hermione ferma péniblement les yeux. Mais à quoi DIABLE pensait-elle en invitant McLaggen à cette soirée ? Elle ne l'aimait pas, même pas en tant qu'ami. Et s'il se faisait une fausse idée d'elle ? Il était si grand, il pourrait facilement la traîner sous une branche de gui pour essayer de lui aspirer le visage s'il le voulait…
Elle sentit un regard peser sur elle, elle se tourna légèrement vers sa gauche. Ron la regardait, elle le savait. Il détourna les yeux lorsque leurs regards se rencontrèrent et elle vit la pointe de ses oreilles rosir. Elle revint à son ragoût, se suppliant de ne pas pleurer. Pourquoi tout cela était-il arrivé ? POURQUOI ?
Elle le regarda à nouveau et le vit parler avec Harry. Ron avait l'air grincheux, comme quand il avait tort sur un point mais qu'il refusait de l'admettre par fierté. Ou peut-être Hermione rêvait un peu trop. Mais elle était quand même malheureuse, et peut-être qu'il l'était lui aussi…elle avait cru lire une certaine tristesse dans son regard avant qu'il ne tourne la tête…Hermione soupira. Elle devrait peut-être arrêter toute cette folie. Peut-être devrait-elle prendre Ron à part en demandant à lui parler, régler les choses…
Elle se retourna à nouveau, décidée à aller lui parler lorsqu'ELLE fit son apparition. Lavande s'assit à côté de Ron et se jeta sur lui comme un épagneul stupide sur le point de recevoir un gâteau. Hermione se renfrogna et sentit une fureur maladive envahir ses entrailles. On oublie l'idée. Ron était encore clairement intéressé par les distractions qu'offrait Lavande pour songer à faire la paix avec elle.
- …restes à Poudlard ? J'ai entendu dire que tes parents voulaient que tu t'en ailles, disait Harry à Parvati.
Hermione força son attention à se détourner du spectacle affligeant qu'offraient Ron et Lavande et fit semblant de s'intéresser à la conversation qu'avaient Harry et Parvati.
- …l'histoire de Katie les a mis dans tous leurs états, mais comme il ne s'est plus rien passé depuis…Ah, salut, Hermione !
Hermione réprima un ricanement. Les salutations de Parvati laissaient paraître un enthousiasme hypocrite que les gens ressentent lorsqu'ils se sentent coupables de quelque chose. Mais Hermione décida de ne pas lui faire de remarque : elle avait quelque chose d'important à accomplir.
- Salut, Parvati ! dit-elle allègrement, oubliant le fait que Ron et Lavande étaient collés seulement quelques mètres plus loin. Tu vas à la fête de Slughorn, ce soir ?
On entendait des bruits de succion émanant de Ron et de cette pétasse…
- Je ne suis pas invitée, répondit Parvati d'un air mélancolique. Mais je serais enchantée d'y aller, ce sera sûrement très bien…Tu y vas, toi,non ?
Lavande émit un horrible gloussement de petite fille qui ressemblait étrangement à ceux que poussait Ombrage. Hermione commença à creuser.
- Oui, j'ai rendez-vous avec Cormac à huit heures et ensuite, on ira…
Dans le mille. On entendit comme une ventouse se détachant d'un évier particulièrement réticent et Hermione sentit, avant de voir, les yeux de Ron se poser soudain sur elle. Elle garda son air joyeux et fit semblant de ne rien remarquer, continuant sa phrase comme si elle n'avait pas été interrompue.
- …on ira à la soirée ensemble.
- Cormac ? demanda Parvati. Tu veux dire Cormac McLaggen ?
- Exactement, répondit-elle d'une voix suave tandis qu'elle continuait de creuser. Celui qui a failli devenir le gardien de Gryffondors.
- Tu sors avec lui ? demanda avidement Parvati.
Continue de creuser…Tu y es presque… Tu y es presque…
- Oh, oui, tu ne savais pas ? dit Hermione en gloussant comme un petite fille.
- Non ! répondit Parvati, étonnée et ravie de ce commérage juteux.
Hermione pouvait toujours sentir les yeux de Ron sur elle, et du coin de l'œil, elle aperçut Harry bouche bée.
- Toi, au moins, on peut dire que tu aimes les joueurs de Quidditch ! continua Parvati. D'abord Krum, maintenant McLaggen…
Hermione aurait pu embrasser Parvati tellement elle était heureuse qu'elle ait mentionné Krum.
Presque…
Hermione se prépara pour le coup de grâce.
- J'aime les joueurs de Quidditch qui sont vraiment bons, rectifia-t--elle, s'autorisant à regarder Ron dont le visage était pâle mais dont les yeux lui disaient tout ce qu'elle avait besoin de savoir.
Oui !
Hermione avait envie de rire de son triomphe, mais au lieu de ça elle rayonna et lança quelques dernières phrases.
- Bon…A plus tard…Il faut que je me prépare pour aller à la soirée…, dit-elle presque en fredonnant avant de sortir de la Grande Salle laissant son public derrière elle : Lavande et Parvati chuchotant comme des folles, Harry qui était resté bouche bée et Ron…elle ne regarda pas Ron…
…Jusqu'à ce qu'elle soit dans le couloir. Elle regarda derrière elle, souhaitant apercevoir son visage, souhaitant qu'il la regarde, souhaitant qu'il soit furieux, qu'il regrette, qu'il se sente coupable. Ce qu'elle vit effaça le sentiment de triomphe qu'elle avait éprouvé quelques secondes auparavant.
Ron fixait son ragoût, il était comme un enfant qui aurait perdu un parent.
Hermione ressentit un élan de culpabilité l'envahir mais le mit de côté. Ce n'était pas de sa faute. Il avait commencé. S'il n'avait pas agit comme un animal avec elle, s'il ne l'avait pas traitée comme une moins que rien…après qu'elle l'a invité à la fête, après ils auraient…il aurait du comprendre…elle avait pris ce risque et il l'avait récompensée par une grosse claque en pleine figure avec Lavande.
Ron se leva lentement de table, toujours aussi pâle, mais une douleur perceptible dans le regard. Hermione secoua la tête et s'endurcit le cœur à nouveau avant de repartir en direction de la tour des Gryffondors. Et sur le chemin, elle se répéta que tout ce qu'elle avait fait c'était donner un avant goût à Ron de ce qu'il méritait vraiment.
