Hellow!

C'est ma première fanfic sur Twilight, je publie déjà sur un forum, donc si vous avez déjà vu ça quelque part, c'est normal xD. Bref. Pour le moment, la fiction a un rating normal, mais il se peut qu'il augmente au fur età mesure de l'avancement dans l'histoire, car j'ai l'intention d'écrire une fiction assez...sombre, et certains n'apprécieront pas forcément mon univers un peu glauque mâtiné de romantisme désuet et d'érotisme. L'histoire que je vais donc raconter sera bien sûr une histoire de vampires, pour laquelle je vais essayer de coller le plus possible au roman, mais c'est aussi une histoire d'amour, donc qui dit histoire d'amour dit aussi romantisme, bien sûr, émotion, entre autres, et il faut l'avouer, l'érotisme -léger, hein-. Je n'ai pas vraiment l'intention de prendre des gants pour m'exprimer sur certaines choses, comme la mort, le désir...Je n'ai pas l'intention non plus de faire des descriptions succintes, en tant que RPGiste, j'ai appris à décrire au maximum pour pouvoir remplir le nombre de lignes exigées pour un post -et maintenant, je dépasse largement la limite-, je ne vous ménagerai pas dans les descriptions, au cas où ça deviendrait plus gore, plus cynique, et/ou érotique, je préviendrai, histoire de...Cette histoire ne sera pas forcément gaie. Cette fic représente ma vision du couple Bella/Edward, il se peut que je ne fasse pas exactement comme dans le livre. Par exemple, Bella arrive avec sa mère à Forks, son père a déserté depuis longtemps. Bella souffre, elle est mal dans sa peau et elle envisage sérieusement de partir. Il y aura donc un gros travail psychologique fait sur l'héroïne, d'où le ton parfois cynique de certaines pensées...Ensuite, Bella ne découvrira pas tout de suite le secret d'Edward, en fait, je m'inspire un peu de tout, et certains clins d'oeil à des séries TV ou à des romans sont susceptible de se glisser dans le récit. J'ai assez bavardé, non? Bon, maintenant, laissons place au récit. Les reviews et éventuels commentaires -positifs comme négatifs- seront tout à fait appréciés, je suis ouverte à toute critique, si toutefois c'est pas un simple "beuh, c'est nul" sans explication derrière ' Aussi, je serai peut être lente à publier les chapitres, mais dès Septembre je suis à la fac, et en plus, je joue sur plusieurs forums RPG, et mes partenaires de RP râlent beaucoup parce que je suis suffisamment longue pour répondre x) Oh, j'allais oublier, il se peut que vous trouviez des titres de chanson dans mes chapitres, c'est ce que j'écoutais quand j'écrivais, donc voilà, ça fait un peu comme une bande originale si vous voulez xD

Enjoy! x-X-xIn Memoriamx-X-x

Chapitre 1: Goodbye Arizona

Je fus réveillée par le ronronnement de la voiture, jetée à pleine vitesse sur l'autoroute. Eblouie par le soleil éclatant, je clignai des yeux, telle un oisillon tout juste né. Le temps de retrouver mes esprits, j'eus le temps d'intercepter le regard inquiet de Renée. Ma mère me regardait, avec tendresse. Je me redressai soudainement.

« -Hé, Maman, fais attention à la route, tu vas nous envoyer dans le décor! »

Renée sourit, puis elle reporta son attention sur la route. Je regardai par la fenêtre, côté passager, et je fronçai les sourcils. Les rayons du soleil tapaient sur le macadam, et j'aurais juré qu'il fumait tellement il pouvait faire chaud. Je soupirai, la tête endolorie,puis je la calai contre le carreau. Il faisait pas loin de 40°C à l'ombre, mais j'avais la chair de poule, encore marquée par l'horrible impression glauque et oppressante que mon cauchemar m'avait laissée.

« -On est où, là? Demandai-je d'une voix endormie, tout en regardant, l'oeil morne, les paysages désertiques se dérouler sous nos yeux.

-On vient tout juste de quitter l'Arizona. M'annonça Renée, l'air ravi.

-Tu es déjà allée à Forks? Murmurai-je, d'une voix éteinte »

Renée remarqua sans doute mon air misérable, puisqu'elle lâcha le volant d'une main pour venir la poser sur la mienne. A présent, j'étais assaillie par la nostalgie, sentiment que je n'avais jamais pensé éprouver en quittant Phoenix.

« -C'est bien ce que tu voulais, Bella, non?finit-elle par me demander, sa main toujours sur la mienne. »

Fatiguée, je retirai ma main, promptement. Je regardai le plafond de l'automobile, appuyai ma tête contre l'appuie-tête, puis je murmurai d'un ton sans appel.

« -Je voulais quitter Phoenix, certes, mais je ne pensais pas qu'on irait s'exiler à...Forks! »

Rien qu'au ton de ma voix, elle pouvait deviner tout le dégoût que j'éprouvais vis à vis de cette ville avant même d'avoir eu l'occasion d'y mettre les pieds. Je détournai le regard, puis je me perdis dans la contemplation de mon reflet, dans l'un des rétroviseurs latéraux. A bien des égards, je ressemblais à ma mère. J'avais le même teint blême, les mêmes boucles brunes, sauf qu'elle était bien plus jolie que moi, et heureuse de vivre par ailleurs. Moi, je n'étais que Bella, la fille de Renée, timide et mal dans sa peau. Je noircis sans doute un peu le tableau, mais je ne suis pas loin de la réalité. Ne me demandez pas pourquoi ni comment. Je le sais, c'est tout. Je lâchai un long soupir, puis je continuai à ruminer, sous l'oeil désolé de ma mère.

« -Tu verras, répondit-elle doucement. C'est un chouette coin, Forks »

Je roulai des yeux. Je savais pertinemment qu'elle essayait de se convaincre elle même tout en essayant de me convaincre moi, mais elle avait tout faux de A à Z. Je sus au plus profond de moi que je n'aimais pas Forks. Que je ne saurai jamais m'y intégrer totalement, comme je n'ai jamais su m'intégrer dans les autres lycées. Je ne serai que cette fille insignifiante et sans histoire, banale à mourir, je ne serai que la fille de Renée, l'adolescente à problèmes et à l'incapacité chronique de se faire des amis. Je me voyais bien, quand j'aurai 80 ans, seule, archi-seule, aigrie, recevant tous les trente-six du mois des visites de la famille qui considéreraient Tata Bella avec pitié. C'était triste comme destin. Je croisai mes bras sur ma poitrine, boudeuse. Forks. Forks. Avait-on l'idée d'appeler une ville « fourchette »? (Fork en Anglais signifie « fourchette » NDA). Ma remarque stupide me fit sourire. Sourire qui s'évanouit une fraction de seconde plus tard, me replongeant sans scrupule dans ma morosité. Et dire que Renée allait devoir supporter ça. Mentalement, j'essayais de trouver une raison de sourire, mais je renonçai bientôt. Mon dernier souvenir heureux remontait à bien des lustres. Tout; depuis, si un jour souvenir heureux il y avait eu, n'était que routine et morosité, exclusion et solitude. Charmant.

« -Tu verras, me répéta Renée pour la énième fois, tu te feras plein d'amis, tu te plairas là où nous serons!

-Youpi! Répliquai-je d'un air sarcastique, ma mauvaise humeur reprenant, une fois de plus, le dessus »

Ma mère préféra abandonner la partie, vaincue. Cette victoire ne me procura aucun plaisir. J'avais blessé ma mère par mon ingratitude et mon mauvais caractère. Je me mordis l'intérieur de la joue, en colère contre moi même, uniquement contre ma personne. Je cherchais une formulation d'excuses convaincante, mais je savais pertinemment que m'excuser ne changerait rien, car le lendemain je recommencerai à maudire Forks et tout ce qui s'y rattacherait. Les préjugés vous dites? Sûrement. Silencieusement, je faisais mes adieux aux paysages désertiques, à la chaleur oppressante, au soleil rayonnant, au ciel perpétuellement bleu, puis, je me préparai psychologiquement à habiter dans un endroit où il fait beau quatre jours par an, dans l'un de ces paradis verdoyants et ses maisons coquettes. Lugubre. J'aurais pas pu rêver mieux en fait. Mais j'avais mauvaise conscience. Ma mère essayait de faire tout ce qui était en son pouvoir pour faire en sorte que j'aille mieux, mais rien n'y avait fait. On avait déménagé à Phoenix car elle pensait que le soleil me requinquerait et me ferait retrouver le sourire. Elle me serinait à tout bout de champ que le beau temps c'était bon pour le moral. Bof, après avoir mis les pieds à Phoenix, j'avais le moral encore plus en dessous de zéro. La faute à pas de chance, sans doute. Ou de mon incapacité chronique à relativiser. Après tout, il paraissait que j'étais vraiment déprimante quand je m'y mettais. Ca m'étonnait que ma mère parvienne encore à sourire et à aimer la vie en vivant avec moi vingt-quatre heures sur vingt-quatre!

Aucune de nous deux avait parlé pendant le restant du trajet. Dans un désarroi grandissant, je vis l'ocre du sable et de la pierre disparaître pour laisser place à la verdure, à perte de vue. Seigneur! On aurait dit qu'il y avait eu là un champ de bataille autrefois peuplé de Martiens, lesquels se seraient amusés à se dégommer la tête, épinglant la gélatine verte sur les cailloux et la terre; comme dans Mars Attack.Je poussai un nouveau soupir, peut être encore plus blasé que les précédents. Je sentais que ce soir j'allais me coucher de bonheur, et pas seulement parce que j'avais sommeil. Non, ce soir je m'isolerai parce que je serai triste à pleurer, hurler serait un terme plus approprié. J'aurais tout le loisir de ressasser mon « cauchemar », si toutefois c'en était bien un et non un rêve éveillé. D'après ma mère, je m'étais assoupie. Mouais. Sans vouloir jouer les mauvaises langues, il ne fallait pas toujours se fier à ce que disait ma mère, mais bon. Je grimaçai en voyant une pancarte assez kitsch avec inscrit, en grosses lettres bien rondes et d'un orange criard -une hérésie, qui peut mettre du orange sur un fond vert sapin?- « Bienvenue à Forks »,comme dans certaines séries télé. Tu parles. Je jetai un coup d'oeil au ciel gris, et j'eus l'impression que ma grisaille intérieure n'allait pas s'estomper de sitôt.

Forks était un de ces petits pâtelains ou tout le monde connaissait tout le monde, où les gosses avaient grandi ensemble depuis qu'ils avaient été mômes, et surtout, où il était impossible de se cacher, ou de passer inaperçue, l'un comme l'autre, me connaissant, aurait tout à fait convenu. Je jetai un bref regard désolé aux hayures bien taillées, à la pelouse impeccablement verte -elle en paraissait presque fausse-, aux clôtures en bois peintes en blanc, et aux maisons en briques rouges et au style victorien. C'était assez pittoresque dans son genre, et vivre ici, ça craignait un max, comme disaient certains jeunes. Je sus immédiatement que je n'avais pas envie d'habiter dans une de ces coquettes petites maisons, entourée de coquets petits voisins bien curieux. Après tout, ce n'était pas tous les jours qu'une mère et son ado difficile venaient s'installer à long terme ici. Car c'était, en fait, ce qui m'effrayait. Que j'allais passer mon temps ici, jusqu'à la fin de mes jours. Ca me colle les jetons quand j'y pense. Une bouffée de désespoir monta en moi. J'avais envie de pleurer. Dans l'immédiat, je me raccrochais à l'espoir idiot qu'un de ces quatre on quitte la ville, et qu'on s'éloigne loin de ce bled qui m'insupporta dès le premier regard.

« -Ma Bella, reprit ma mère avec tendresse, ne sois pas triste. Je suis sûre que ça ira mieux, que tu te feras plein d'amis, que tes cours te passionneront, et même que tu te trouveras un petit-ami, qui sait ».

Un QUOI? Ey, ho! Maman; tu vas bien? J'espérais vraiment qu'elle plaisantait, car je ne me voyais pas en train de me faire ami-ami avec des gens à Forks, et encore moins à avoir un petit-copain. Déjà qu'a Phoenix, j'étais transparente et carrément insipide pour le genre masculin, les mâles étant plutôt nombreux dans l'établissement que je fréquentais jusqu'à il y a plusieurs jours auparavant, mais là...J'évaluai rapidement les probabilités pour qu'un garçon de Forks s'intéresse à moi, et autant avouer qu'elles étaient plutôt moindres. M'enfin, je préférerais croire à une lubie d'une mère qui se désolait d'avoir une fille de presque 18 ans et qui n'a jamais eu de petit copain. Car oui, mon expérience côté garçons est vraiment...ridicule,pour ne pas dire inexistante. Il fallait dire aussi que je n'ai pas spécialement recherché non plus, préférant me consacrer à mes études, mais bon, je n'étais pas le genre de fille qui était susceptible de plaire à un garçon. Généralement, les garçons préféraient les filles blondes et pulpeuses, un brin superficielles. Et manque de chance, je n'étais ni blonde, ni pulpeuse, et encore moins superficielle. J'étais brune, aux cheveux bouclés, j'avais le teint blafard, j'étais frêle, j'avais peu de formes et j'avais en plus de ça un sale caractère, en plus d'afficher une tête d'enterrement la plupart du temps.

« -Ouais, c'est ça, marmottai-je en rivant mon regard sur le tableau de bord, soudainement devenu fascinant. »

Nous arrivâmes devant notre futur logis. C'était, à ma grande horreur, cette même petite maisonnette en briques rouges, une de celles que j'avais tant honni. Ma mère gara la voiture devant le garage. Je descendis de la voiture en claquant la porte. Ploc! Je reçus une goutte de pluie sur le bout de mon nez. Dépitée, je regardai le ciel. C'est bien notre veine, ça. Il pleuvait. Renée s'approcha de moi, et me prit dans ses bras. Je la serrai à mon tour dans mes bras, en versant quelques larmes-de crocodile-, histoire de bien m'apitoyer sur mon sort. Puis, d'une toute petite voix, elle finit par me demander:

« -Et si nous allions visiter notre nouveau logis? »

J'acquiesçai en silence, presque contente de rentrer au sec. Il fallait dire que rester sous la pluie était bien désagréable quand on n'était pas habitué. Ma mère déverrouilla la porte, puis nous entrâmes. Bien évidemment, il n'y avait pas encore d'électricité, et il y avait quelques travaux à faire. Je m'imaginais déjà en train d'essayer de repeindre les plinthes, de coller le papier-peint aux murs et de m'affairer dans la maison, en train d'emménager. Ca allait être un tue l'ennui pendant un moment, mais qu'en adviendra-t-il quand tout ça sera...fini? Quand nous aurons emménagé pour de bon, quand il n'y aura plus de travaux ni rien? Eh bien, ça sera la routine, à nouveau. Mortel recommencement, dans lequel je me perdrai inexorablement. Mon top kaki me collait à la peau, mouillé de l'averse qui faisait rage au dehors. Maman s'extasiait sur les plafonds lambrissés, qui mériteraient certes un bon coup de peinture, mais qui avaient l'air fort potables, je devais le reconnaître. Au moins, il n'y aurait pas de traces de moisissures comme dans l'ancienne maison de Phoenix.

Je posai mon sac dans un coin de la pièce, et je décidai de poursuivre ma visite seule. C'était bizarre, je connaissais cet endroit pour l'avoir déjà-vu. Vous allez certainement penser que je débloque, mais c'était troublant. La maison était telle que je la voyais dans mon rêve. Transfigurée par une inspiration soudaine, je me mis à monter les escaliers, lentement, effleurant du bout des doigts les murs, dont le vieux papier-peint jauni avec des motifs de roses tombait en lambeaux, et nul doute qu'ils nécessitaient un retapissage. Ni une, ni deux, je me retrouvai sur le palier, à l'étage. J'ouvris la porte où ma chambre se trouvait, en théorie, avec cette impression persistante que j'avais déjà mis les pieds dans cet endroit. La voix de ma mère me ramena brusquement à la réalité.

« -chérie? Tu as choisi ta chambre? »

Renée était là, et elle était juchée sur la dernière marche de l'escalier, un sourire joyeux aux lèvres. Je répondis par une moue contrariée, comme d'habitude, puis je hochai négativement la tête. Je ne prendrai pas celle qui était dans mon rêve.

« -Je...murmurai-je, l'air absent, je vais prendre la chambre du fond, avec vue sur le jardin. »

Maman acquiesça vivement, puis elle redescendit les marches, me laissant seule. Je jetai un rapide coup d'oeil à la chambre que j'occupais dans mon rêve, puis je secouai la tête vivement pour chasser un tas d'idées désagréables. Je fermai la porte prudemment et j'ouvris la porte de la chambre du fond, dans laquelle je m'avançais. Je me dirigeai vers la fenêtre, puis je collai mon nez contre le carreau, regardant les gouttes de pluie tracer des lignes translucides sur le verre. Je finis probablement par m'assoupir, appuyée sur le rebord de la fenêtre, car quand j'ouvris à nouveau les yeux, le jour était tombé, mais la pluie continuait, peut être un peu moins drue que tout à l'heure.

J'écarquillai les yeux en entendant un vague air de musique, de la musique classique. Le son était étouffé par la porte fermée, mais je reconnus l'air. C'était La Chevauchée des Walkyries, de Wagner. Un des morceaux préférés de ma mère. La connaissant, elle devait sans doute être en train de faire la cuisine ou quelque autre ménage du même style. Revigorée, je me redressai, puis je descendis les escaliers. Par miracle, je ne descendis pas les trois dernières marches sur les fesses. Renée était en train de s'affairer dans la « cuisine », où elle avait déjà installé le réchaud. Un gros carton trônait au milieu de la place, sur lequel il y avait deux assiettes et des couverts pour deux personnes. Je humai l'air, enchantée. Elle préparait des tacos, mon plat préféré. Je jetai un regard soupçonneux aux deux poufs posés à même le sol. Je n'allais pas avoir d'autres occasions de manger sur un carton qui fait office de table! Elle enfourna le plat qu'elle avait achevé de préparer, puis elle m'annonça d'un ton joyeux.

« -Demain on va aller voir le matériel pour faire la peinture du salon. J'ai commencé à retravailler des images sur Photoshop. »

Elle agita la tête, enthousiaste, puis elle alla chercher son ordinateur portable. Elle attendit que l'ordinateur ait démarré, puis elle ouvrit le logiciel, me montrant les quelques photos du salon qu'elle avait retouchées. Je murmurai un « ouais, super » ou un « non, j'aime pas » aux moments appropriés, sous le regard fortement surpris de ma mère. Je mangeai mes tacos sans rien dire, puis je montai me coucher, sur un matelas à même le sol, le camion de déménagement n'ayant pas encore apporté tout le matériel. Je rabattis la couverture sur ma tête, contrariée, écoutant la pluie qui martelait la vitre avec cette frénésie presque sadique. Seigneur! Que je détestais la pluie. Une onde de tristesse me traversa, et j'eus soudainement envie de pleurer. J'allais devoir vivre sous la pluie, les nuages. Les intempéries. Je n'aimais pas Forks. J'envisageais sérieusement de partir, mais ça ferait mal à Renée. Je n'avais pas envie de fréquenter mon nouveau lycée demain. Je ne voulais pas rencontrer les autres personnes. Tout ici me paraissait fade et insipide, ennuyeux au possible. Je m'endormis bientôt. J'eus tout juste le temps de voir Renée fermer la porte après m'avoir ébouriffé tendrement les cheveux

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A mon grand désespoir, la pluie n'avait pas cessé, et elle tombait encore quand j'ouvris les yeux. Je clignai des yeux, éblouie par la lumière grisâtre qui filtrait à travers les rideaux. Je m'étirai, endolorie. Je me redressai comme un ressort, soudainement. Ouch. C'était mon premier jour de lycée. Enfin, dans mon nouveau lycée. Un instant j'avais espéré me réveiller ailleurs, mais visiblement, ça n'était pas d'actualité. Je passai en revue tout un tas de stratagèmes pour fuir la réalité blessante de la journée. Faire semblant d'être malade. Oui, ça je pouvais le faire aisément, j'ai toujours été très pâle. Seul hic, c'est que je ne suis absolument pas bonne actrice. J'abandonnai donc l'idée. Je n'avais plus trop le choix, je devais y aller. J'avais des échardes dans le coeur en pensant que toute la journée des regards curieux-moqueurs-avides-détestables allaient me scruter, et qu'il me serait impossible de me cacher avant au moins un bon moment, quand l'effet de nouveauté serait passé. C'était toujours comme ça au début. Quand il y avait un nouveau truc, on en entendait parler pendant des semaines et puis après, basta, ça retombait dans l'oubli. Sincèrement, j'espérais que ça soit le cas.

Je descendis dans la future cuisine, en réprimant un baillement. Je portais toujours mon éternel débardeur noir passé par dessus un vieux pantalon de survêt gris, en coton, avec des trous dedans, vestiges du nombre de gadins que j'ai pu me prendre en descendant les escaliers.

« -Bonjour chérie! S'écria Renée, en versant du chocolat chaud dans un mug, tu as bien dormi? »

Je répondis d'un hochement de tête peu convaincant, puis je m'assis sur un carton, dans un coin, avec le mug de chocolat. J'en bus une gorgée, me brûlant la langue par la même occasion. C'était trop chaud, mais c'était comme ça que j'adorais les boissons. Quand c'était trop froid, j'avais mal aux dents. L'estomac noué, je refusai poliment le pancake que ma mère avait fait. J'étais de toutes façons incapable de manger quelque chose tellement j'étais anxieuse. Dès mon réveil, tout un tas de scénarios catastrophe s'étaient invités insidieusement dans mon esprit, me stressant encore plus que je n'étais déjà stressée. Renée m'adressa un sourire encourageant, du style « ça va aller, tu vas voir ». Mouais. Il n'y avait qu'elle pour imaginer ça, je n'étais pas Miss Malchanceuse pour rien. J'allai ensuite me doucher, non sans trébucher sur la dernière marche, légèrement enfoncée. Il fallait que je me rappelle de celle là si jamais je devais descendre en catastrophe la nuit, ou même, histoire que je ne bute pas dessus tous les jours. L'eau chaude ne parvint même pas à me réchauffer, et c'est en grelottant que je sortis de la douche, m'entortillant dans une serviette éponge. Je m'habillai avec plus de soin qu'à l'ordinaire, passant un top noir et la jupe assortie. Aujourd'hui, j'avais décidé de m'habiller tout en noir, comme si je faisais le deuil de tout ce que j'avais pu connaître auparavant. Je descendis à nouveau les escaliers, attrapai mon sac de cours, et mon manteau sur la patère. Ma mère était déjà prête à aller me conduire. Je fus la première à franchir la porte, que Renée referma derrière elle. J'inspirai profondément avant de rentrer dans la voiture.

« -Tu vas voir, me répétait ma mère, ça va aller! »

Non, non et non! Mais je gardais ça pour moi, malgré tout reconnaissante envers les efforts que faisait ma mère pour que je me détende, même si ce n'est pas gagné. Nous arrivâmes devant mon futur établissement, qui n'était absolument pas comme je l'avais imaginé. C'était très différent de ce que j'avais pu connaître. Peut être aussi parce que Forks était une petite ville et que la criminalité était moins importante qu'à Phoenix, qui était, de toute évidence beaucoup plus grande. J'hésitai un moment avant de descendre. Je regrettai cette hésitation presque aussitôt, puisque ma mère s'empressa de demander.

« -Je t'accompagne?

-Non, ça ira. Répondis-je, avec peut être un peu trop d'empressement.

-Dans ce cas, je viens te chercher ce soir.

-Oui, c'est ça! Dis-je en sortant de la voiture »

Avant que je n'eus claqué la porte, j'entendis ma mère me lancer un « bonne journée » avant de rentrer à la maison. Je fus un instant tentée de courir après la voiture en criant « Reviens! Je veux rentrer! » mais je n'en fis rien. Je regardai l'établissement, qui me sembla fort hostile. Puis, résolument, je traversai la route. C'est là que je LE vis pour la première fois.