Titre: The Butterfly Effect.

Auteur: Jinx.

Pairing: JxL bien entendu!

Rating: M à venir, sans aucun doute.

Disclaimer: Si Jackson Rippner m'appartenait... Mais malheureusement, lui, Lisa Reisert, Joe Reisert, le Lux Atlantic, Fresh Air, l'hôtesse zêlée, Sheila, Bob et Marianne Taylor, Cynthia, Rebecca, Charles Keefe et le garde du corps qui joue dans Predator sont à Dreamworks et Wes Craven. Sinon, on peut toujours demander la garde alternée.

Résumé: Tout entre elle et lui s'est toujours joué au détail près. Un minuscule détail qui a changé la vie de Lisa, qui a failli prendre celle de Jackson, avec des répercussions dramatiques. Et cette fois-ci, il a décidé de jouer tapis.


Il n'était pas trois heures du matin, et Lisa n'était pas en train de cuisiner des œufs brouillés. Elle n'avait pas passé les six dernières semaines à se convaincre de la même chose, à la même heure, alors qu'elle se tenait devant la gazinière écrue, en face de cette fenêtre sombre par laquelle l'autre -celui dont on ne doit pas prononcer le nom, comme elle l'appelait- l'avait certainement observée pendant huit semaines.
Lisa chassa cette pensée de son esprit en écrasant la pupille jaune de l'œuf crépitant. La cuisine était plongée dans un silence oppressant, un silence quasi-religieux, qui lui rappelait celui qui l'avait écrasée lors de l'enterrement de sa grand mère. Les seuls sons qui tentaient timidement de percer ce cocon de lourdeur -les œufs qui crépitaient sur le feu et la télévision qui déversait son lot de stupidités, sans doutes le télé-achat, dans le salon- voyaient leur entreprise réduite à néant tandis que Lisa courbait l'échine et rentrait la tête dans les épaules.

Il n'était pas cinq heures du matin, et Lisa n'avait pas peur de retourner se coucher. Même si ses yeux se fermaient lentement, elle n'était pas fatiguée, et elle ne retournerait pas se coucher. Le soleil pointait déjà au loin, sur les façades des gratte-ciels obliques et brillants de Miami. Le salon était toujours plongé dans une pénombre impénétrable, à peine caressée par les lumières violentes et agressives de la télévision.

Il était bel et bien huit heures du matin, et Lisa dormait sur son canapé, d'un sommeil agité de cauchemars concernant l'homme qui avait voulu mettre un terme à ses jours.

oooooooo

Qu'est-ce qui l'amusait le plus? Il ne pouvait mettre le doigt dessus. Mais il était certain que le manège nocturne quotidien de Lisa était la chose la plus divertissante au monde.
Elle l'avait frappé, blessé, elle lui avait tiré dessus, planté un stylo dans la gorge et l'avait laissé pour mort sur le parquet du hall d'entrée du 9825 Blossom Palms Lane. Et c'était d'ailleurs ce dernier détail qui avait fait toute la différence. Tandis que l'héroïne d'un jour et son papa s'enlaçaient follement et allaient accueillir la police, il avait rampé. Plantant ses ongles entre les lattes de bois du sol, il s'était hissé à la force d'un seul bras jusqu'à la cuisine, puis par la porte de derrière qui était restée ouverte. Puis il avait couru jusqu'à en perdre haleine et, comme le destin est facétieux et joue souvent des tours, il était tombé nez à nez avec un policier véreux. La suite n'était guère intéressante.

Et voilà où il en était. Après un mois à l'hôpital sous un autre alias et à éviter de regarder les docteurs et infirmières dans les yeux -à cause du signalement que Lisa avait donné à la police- il avait finalement pu sortir et, malgré sa règle d'or, il était revenu. Au même endroit, dans le petit appartement en face de celui de Lisa, juste de l'autre côté de la rue, et deux étages plus haut. La lentille coincée sous le volet électrique réfléchissait la lumière du soleil et rendait la surveillance optique directe trop douloureuse. Si ses yeux étaient un véritable atout de persuasion, ils comportaient également leur lot d'inconvénients. Les conjonctivites étaient fréquentes et douloureuses, et surtout son seuil de résistance à la lumière était vraiment bas. À cause de son travail, il ne pouvait pas se permettre de porter des lunettes de soleil, privilégiant le contact visuel direct avec ses cibles. Alors il se contentait d'éviter de se trouver en face du soleil lorsqu'il était à son zénith.

Les deux petits moniteurs et l'ordinateur portable projetaient leur lumière blafarde sur les murs nus de la pièce rectangulaire et vide, réfléchissant leurs rayons blancs sur la lame immaculée du Ka-Bar de 30cm posé au sol. Il n'avait pris que le nécessaire et ne sortait pas de cette pièce. Comme pendant les 8 semaines de surveillance préliminaire, il vivait dans la pénombre, il ne se nourrissait que de tofu et de chips, de café et de pizzas sans viande ni poisson ni oignons ni pommes de terre. Il prenait une douche tous les quatre jours et s'octroyait deux à cinq heures de sommeil par journée, lorsque Lisa était au travail ou allait faire des courses.
Une caméra dans le salon, et une dans la chambre, puis la caméra de surveillance du hall d'entrée du Lux Atlantic. Il avait une vue panoramique sur la cuisine depuis sa lentille télescopique, et n'avait que faire de la salle de bain. Même si ce détail était celui qui lui avait coûté sa victoire. S'il avait pu voir cette cicatrice avant...

Oui, car tout entre Lisa et lui avait toujours tourné autour des détails. Il le savait. C'était un détail qui lui avait permis de s'échapper, quand un détail avait failli lui coûter la vie, et qu'un autre avait permis à Lisa de retourner la situation. Ils étaient tous les deux perfectionnistes, attentifs, à l'affût. Comme deux lions se tournent autour avant d'attaquer, attendant de déceler la moindre faiblesse chez l'autre pour s'y engouffrer tout entier, Lisa et lui se jaugeaient, se testaient, se harcelaient.

C'était du moins ce qui s'était passé durant le vol de nuit pour Miami, et leur petite course-poursuite qui avait suivi.
Alors, il avait repris son alias, et de William Smith, de Craig Doherty, de John Doe, il était redevenu Jackson Rippner. Comme lorsqu'on remet une vieille paire de chaussures, confortable et familière, celle qu'on fait à nos pieds durant des semaines, il se sentait bien. Il était Jackson Rippner. Et ses serres allaient bientôt se refermer sur la seule erreur de son illustre carrière.


J'espère que ce premier chapitre vous plait, et je vous dis à très vite pour la suite :D