Un rêve devenu réalité

Noël. Les Vacances. Deux semaines de repos bien mérité. Plus de cartons, plus de vieux papiers pleins de poussière… plus d'archives …

Noël. La bonne odeur du sapin… enfin de la neige en bombe que je ne manquerais pas de vider sur l'ensemble de l'arbre. Celle de la cheminée en marche…

Noël. La famille, la maison, les bons repas et les cadeaux.

Mais avant de penser à Noël, je devais finir de remplir ma voiture et faire 3h30 de route depuis la Vendée, où je me suis expatrié pour le travail. Je pris la cage de Sloubi, ma gerbille, et la calais à l'arrière de mon siège. Le pauvre, il va être un peu bousculé… Je remontais dans mon appart et fis le tour des trois pièces (chambre, salle à manger et cuisine) pour vérifier que je n'avais rien oublié. Je fermai ma porte et descendis les quelques marches me séparant du moyen de transport qui me ramenait sur Chartres : ma vielle clio grise. Je me surpris à penser que si j'avais un Tardis, ce serait plus facile et plus rapide ; une ou deux manettes à pousser, un ou deux boutons à pousser, un levier à baisser et le tour serait joué… Mais, je n'ai pas de Tardis … dommage… car généralement il n'est pas livré vide… Rhoooo… Enfin… tu n'es plus une gamine de 15 ans pour fantasmer sur les héros des séries que tu regardes… Be a woman ! Et j'éclatais de rire toute seule en repensant à certains délires que j'avais pu avoir avec des ami(e)s, sur le Chat du forum de Doctor Who : Beans on Toast.

Trois heures plus tard, de retour dans ma Beauce natale, la nuit venait de tomber et la lune éclairait le ciel. C'était la pleine lune et je me dis que j'allais encore mal dormir cette nuit, même si je ne croyais pas à ces sornettes de grand-mère. Je fixais la lune encore quelques secondes et me souvenant que j'étais en train de conduire, je me concentrais sur la route. Du coin de l'œil, je cru apercevoir quelque chose briller au centre de la lune, mais le temps que mes yeux retrouvent leur position, ça avait disparu… Au loin… ma bonne vieille ville de Chartres ! Et se dressant fière et majestueuse… Notre-Dame de Chartres.

J'arrivais dans la maison que j'avais habitée depuis l'âge de 3 ans. Personne… Bizarre... Je me dirigeais vers la table de la salle à manger. Un papier y était déposé : « Je suis au Théâtre, le repas est dans le four. Papa »

J'avalais la part de flammenküche et la salade, je rentrais mes affaires et morte de fatigue, je montais me coucher dans « ma chambre » qui servait également d'entrepôt pour les affaires que j'y avais laissées lors de mon déménagement. Étrangement ce soir là, je n'eu aucun mal à m'endormir.

Je roule en direction de Chartres dans ma clio…

il fait froid … il fait nuit…

personne d'autre que moi sur la route…

je ne suis pas rassurée.

Je lève les yeux vers la lune…

il est là… en plein milieu de l'astre …

Le Tardis… scintillant de bleu…

Je me réveillais en sursaut, ne réalisant pas immédiatement que j'étais dans ma chambre à Chartres. Lorsque mes yeux se furent habitués à la luminosité venant des fenêtres que j'avais eu la flemme de fermer la veille, je repris mes esprits et regardai mon radio réveil : 10h45.

Une demi-heure plus tard, je descendais, lavée et habillée.

- Ou là, la « levée du corps » ironisa mon père qui lui, devait être debout depuis 7h.

- J'our…

En prenant mon petit déjeuner, je me connectai à BOT, histoire de regarder les nouveaux messages, comme à mon habitude… Les portraits de Nine et Ten arrivèrent sur l'écran. Une sensation bizarre s'empara de tout mon corps. Je me remémorai le rêve que j'avais fait. Drôle de rêve d'ailleurs…

- Tu vas faire quoi aujourd'hui, me demanda mon père ?

- Je sais pas… j'ai des épisodes de Doctor Who à regarder… ou … (et sans le vouloir, je dis) j'irai peut-être me promener en ville… voir ce qui a changé en 6 mois…

Après le déjeuner, je ne pu m'empêcher de sortir sous le faux prétexte que j'avais donné à mon père. Mais au lieu de regarder les magasins et les vitrines, je scrutais le moindre recoin ou emplacement dans lequel le Tardis aurait pu se dissimuler… Je savais au fond de moi, que c'était ridicule… et que même s'il existait réellement… je ne pourrais le voir du fait du filtre caméléon qui le rend « non visible » sauf…. Pour ceux qui savent qu'il existe… Mes pas me menèrent directement vers le parvis de la cathédrale. Vide, mis à part quelques badauds et…

Non …. Si…. Nooooooon ! Le Tradis… il… il…était vraiment là…et qui dit Tardis, dit forcément Le Docteur…

Sans réfléchir à l'absurdité de la situation, j'ai couru en direction du portail royal, passé les portes menant à l'intérieur du monument et longé les bas-côtés en marchant le plus rapidement possible, sans éveiller la curiosité des gens venus se recueillir ou visiter. Je regardais dans tous les sens… en haut … à droite, à gauche… mais je ne le voyais pas… Je commençais à croire que j'avais rêvé… que je devenais complètement folle à force de regarder les séries TV à longueur de soirées… Le Docteur… Comme si il pouvait exister… c'est un personnage de fiction, inventé par des scénaristes qui parfois me laissent penser qu'ils sont eux aussi un peu dérangés pour imaginer certains scénarios, comme celui avec les statues, « Blink »… Voilà l'exemple type d'un épisode qui va avoir traumatisé une génération entière de Whoiens… Des anges pleureurs, et puis quoi encore… Faut vraiment que j'arrête ces stupides séries de SF… sinon, je finirais en véritable geek à la Sheldon de The Big Bang Theory : Une série par soir… et si j'en rate une, je suis totalement perdue…

Allez, sort de là et rentre … me dis-je.

J'étais arrivée près du cœur, sans m'en apercevoir… je stoppai et regardai en direction du déambulatoire. La vierge noire trônait, impassible sur son piédestal, quelques personnes priaient, certaines allumaient des cierges…

Inconsciemment, les yeux fermés, je lui adressai une prière… : "faites que je ne rêves pas… faites qu'il apparaisse… que ce soit vrai… "

Je rouvris les yeux et …. Rien… absolument rien… Le déambulatoire était aussi vide qu'il l'était une minute auparavant… J'étais triste, déçue… même si au fond de moi, un peu d'irrationnel et un miracle, ne m'auraient pas déplut, même si je me considère comme une fille cartésienne et que je n'ai reçu aucune éducation religieuse, mais que je me considère comme déiste.

Je me détournais du spectacle magnifique qu'offrait la lumière perçant les vitraux du XIIIe siècle et notamment le fameux « bleu » de Chartres, et je commençais à prendre la direction de la sortie lorsque je sentis une présence derrière moi. Immobilisée par la simple pensée que ce puisse être lui, je n'osais me retourner… les pas se rapprochaient… mais soudain, je fus poussée par un homme en direction du mur, il ne se retourna même pas pour me présenter ses excuses.

- Ne bougez pas !

- Hein ?

A peine retournée vers la voix qui venait de me parler, je ne vis personne…

- ça y est… c'est officiel… je suis folle !

- Ne faites pas un seul geste !

La voix venait apparemment de … de… DE MA TÊTE ! Comment une voix pouvait-elle venir de ma tête ?

- Pour votre propre sécurité… Ne Bougez pas… Bougez et vous êtes morte… Ne bougez pas, si vous tenez à la vie… Et pour votre information, je me sers d'un champ télépathique relayé par mon … mon... well…

- Tardis ? (osais-je penser…)

Voilà que j'entends des voix … et que je leur réponds … Ce doit être une maladie mentale à développement ultra rapide… Faut que je me fasse soigner…

J'allais reprendre ma marche vers la sortie quand la voix se manifesta à nouveau.

- Ne bougez PAS !

- Où êtes-vous ? osais-je « penser »

- Derrière le pilier à votre droite. Mais ne vous retournez pas… Vous avez une statue, juste au dessus de vous… si vous ne bougez pas, tout ira bien… elle ne percevra pas votre présence.

- Heu… juste une question... Pourquoi moi ? Les autres personnes ne craignent rien ?

- Vous êtes la seule à être assez proche d'elle pour qu'elle puisse vous toucher… . Il suffit qu'elle vous touche et vous devenez comme elle… Mais elles sont prisonnières de leur socle, elle ne peuvent se déplacer librement et sont liés au devenir du lieu où elles sont entreposées.

- Pourquoi avez-vous employé le pluriel ? m'inquiétais-je…

- J'en ai repéré deux… mais je n'ai pu localiser que celle-ci, pour l'instant.

En entendant ces mots, je ne pu m'empêcher de tourner la tête vers le pilier d'où venait la voix. Mais à peine ma tête eut fait un infime mouvement, que je me remémorais les paroles de cet homme : NE BOUGEZ PAS. Je stoppais alors tout mouvement et regardai en direction de la statue au-dessus de moi. Sa main n'était plus qu'à quelques centimètres de mon visage.

- Vous vous êtes arrêté à temps… Bon, si j'arrive à prendre assez de vitesse et déclancher la bonne fréquence pour la distraire quelques secondes, je pourrais venir vous chercher…

- Venir me chercher ? Mais vous venez de me dire de ne pas bouger ?

- Ne vous inquiétez pas…

- M'inquiétez... mais de quoi ? De me faire transformer en statue, d'entendre une voix dans ma tête, de lui obéir, et même de lui répondre par la pensée… Ben, voyons, je n'ai effectivement aucune raison de m'inquiéter !

- A trois…

- A trois … quoi ?

- A trois, je viens vous chercher… Un…Deux…

- Stop ! Une minute… à trois... un, deux et à trois vous arrivez ou … un, deux, trois et après vous arrivez ?

- Trois !

Je sentis à ce moment un courant d'air venir de derrière moi. Devant mon visage, les doigts de la statue avançaient à vitesse réduite, comme au ralenti. Mais pas assez lentement… il n'y arrivera pas… je vais mourir…

- Je vous tiens !

L'homme me percuta assez brutalement et nous tombons à terre ensemble. Les personnes présentes dans la nef, tournèrent la tête vers moi avec des yeux pleins de reproche d'avoir interrompu leur médiation ou tout simplement curieux de connaître la raison qui avait fait qu'une jeune fille s'étale par terre en plein milieu d'une cathédrale.

- Merci Docteur.

- Quoi ?

J'avais appelé l'homme Docteur sans m'en rendre compte… Tout au fond de moi, je savais que c'était lui, le dernier seigneur du temps, originaire de Gallifrey et âgé de plus de 900 ans…

- Comment m'avez-vous appelé ?

- Docteur. C'est bien comme ça que vous avez choisi de vous faire appeler ?

Et pour la première fois, je pu découvrir l'identité de l'homme, accroupi à coté de moi. Je tournais mon regard vers lui. Et …