Aujourd'hui, si je devais résumer ma vie, je n'aurais qu'un mot à dire : ratée.

Je suis dans l'année de mes 18 ans et ma vie n'a aucun sens. Je déteste ma famille, je déteste ma meilleure amie et je me déteste moi.

Pourquoi je déteste tout ce beau petit monde ? Parce que c'est à cause d'eux que ma vie est ratée. Je suis surprotégée par mes parents et détestée par ma sœur. Mes parents voient en moi la huitième merveille du monde et je ne peux plus le supporter. Pour eux, j'ai toujours raison, je suis la voie de la sagesse, je suis la perfection quoi ! Et cela commence à me peser lourdement. En plus de ça, ma meilleure amie sort avec le garçon que je ne peux pas sentir. Pourquoi la détester alors me direz-vous ? Parce qu'il se trouve que je suis amoureuse de ce garçon.

Pendant près de quatre ans, il m'a courru après. Et moi, je refusais de sortir avec lui, je l'envoyais sur les roses. Mais il ne se lassait pas et revenait à la charge quelques jours plus tard. C'est le genre de garçon auquel très peu de filles peuvent résister. Pendant longtemps, j'ai cru faire partie de ces filles. Je me suis trompée.

La première fois que je l'ai vu, c'était dans le train. On était dans le même compartiment. On a beaucoup discuté et il m'a fait rire tout le long du trajet. Je pensais avoir trouvé un ami, mais je me suis de nouveau trompée. Arrivé à Poudlard, il a fait la connaissance de ses trois meilleurs amis et s'est mis à courir après tout ce qui bouge. Il n'arrête pas d'enfreindre le règlement et se contente du strict minimum en cours. Le pire, c'est qu'il est un des meilleurs élèves. Tout en lui m'énervais.

Un jour, il est revenu vers moi et m'a demandé de sortir avec lui. Je lui ai répondu non. Je crois bien qu'il s'est pris la claque de sa vie. Je devais être la première à refuser. Mais il n'a pas arrêté et est revenu. Entre deux demandes, il sortait avec une autre fille. Un jour, cette autre fille a été ma meilleure amie.

Elle, je l'ai rencontrée le premier jour de classe. Elle s'est assise à côté de moi et nous nous sommes très bien entendues. On partageait tout. Elle ne cessait pas de me charrier sur le fait que je n'arrêtais pas d'envoyer balader l'un des plus beau mec de l'école. Les années sont passées et nous nous entendions toujours aussi bien. Puis, un jour, vers la fin de notre sixième année, elle m'a annoncé qu'elle sortait avec lui. Je l'ai prévenue qu'elle se ferait jeter dès qu'il aurait eu ce qu'il voulait : un peu de bon temps durant une nuit.

Mais cela fait bientôt sept mois qu'ils sont ensembles. C'est pour cela que je la déteste. Bien sur, elle s'imagine que je n'aime pas son petit ami. Aussi, elle évite autant qu'elle le peut de m'imposer sa présence. Mais il mange avec nous aux repas et est quelques fois avec nous dans la salle commune. Dans ces moments, je dois supporter leurs regards, leurs baisers, leurs mots d'amour sans rien dire.

Comment j'en suis arrivée à aimer ce garçon que je ne pouvais pas voir ? Je ne sais pas. Au début, lorsque je les voyais ensembles, lui et ma meilleure amie, ça m'énervait. Je mettais ça sur le fait que je pensais qu'elle méritait mieux que ce coureur de jupon. Puis, j'en suis arrivée à la conclusion que ce n'était pas ça. Lorsque je les vois, les seules choses que j'ai envi de faire c'est de les séparer et de me mettre à la place de ma meilleure amie pour recevoir les regards, les baisers, les caresses de ce garçon tant convoité.

Lui, il ne me voit plus. C'est à peine si j'ai droit à un bonjour le matin. Il donne tout à sa petite amie. Le monde est injuste. Il faut que je tombe amoureuse d'un garçon au moment où celui-ci cesse de s'intéresser à moi.

En fait, depuis sept mois, je suis une hypocrite. Oui, il n'y a que ce mot pour me qualifier et encore, je suis gentille en disant ça. Il faudrait quelque chose de beaucoup plus fort. Lorsqu'ils se sont mis à sortir ensemble, j'ai dit que j'étais heureuse pour eux avec un grand sourire. Vous savez, ce genre de sourire que vous savez faux mais que les autres voit comme un sourire normal. Un sourire d'hypocrite. Dès qu'on est tous les trois ensembles, j'ai ce sourire sur le visage. Dès que je me retrouve seule, il disparaît instantanément. Je ne me supporte plus. Lorsque je me regarde dans une glace, je ne vois que cette fille qui ment à sa meilleure amie.

Rien n'a changé entre nous. En tout cas pour elle. On continue à se parler, comme avant. De mon côté, lorsqu'elle me parle de son petit ami, je lui montre mon sourire et la conseille, tout en espérant qu'elle se fera quitter le plus vite possible. Elle, elle ne remarque rien et pense que je suis réellement heureuse pour elle.

D'ailleurs, lorsqu'on parle du loup. Elle vient de rentrer. Elle est en larmes et m'explique qu'elle est de nouveau célibataire. Je ne suis qu'une pétasse. Pendant qu'elle pleure dans mes bras et que j'affiche mon visage le plus triste tout en lui disant qu'elle en trouvera un autre et qu'il fait une grosse erreur, je me dis que c'est génial, que mes rêves sont enfin devenus réalité.

On ne peut pas faire plus hypocrite que ça. Elle est partie se coucher et voilà qu'il s'avance vers moi. Mon cœur accélère. Il m'avoue qu'il a fait la plus grosse erreur de sa vie et qu'il n'aurait jamais du sortir avec ma meilleure amie. Il m'annonce qu'il n'aime que moi et qu'il avait voulu me rendre jalouse en sortant avec elle. Son plan avait très bien marché. Mais moi, hypocrite que je suis, je n'avais rien dit. Je ne sais plus comment, mais on s'est embrassé. Je n'ai aucune pensée pour ma meilleure amie. Je ne suis qu'une connasse.

Aujourd'hui, si je devais résumer ma vie, je n'aurais qu'un mot à dire : merveilleuse.