Chaque jour, je continue de marcher comme si de rien n'était. Je marche vers cette lumière imperceptible, vers cette porte dont la poignée est en fusion, vers ce jour qui semble insaisissable.

Je marche. Oui, je marche, je marche vers l'avant, puisque derrière moi, seules des insultes me supplient de faire demi-tour. Devant se trouvent le brouillard, l'obscurité, mais il me semble entendre des rires, apercevoir de petites silhouettes sautillant de joie.
Voudront-ils de moi ?

Je me résigne à avancer. Je ne peux avancer. A mes pieds se trouve un précipice. Je cherche un moyen de le traverser, de le contourner. Je regarde à droite, à gauche... rien. Devant se trouvent toujours ces ombres heureuses, qui m'appellent, qui me disent de continuer à marcher. Dois-je marcher ? Ne serait-ce pas mieux de tomber ?

J'ai lu énormément de contes, dans ceux-ci, quelqu'un est toujours là pour te sauver. Quelqu'un viendra-t-il me sauver... ?

Je me rapproche du bord. Je tremble. J'ai peur, mais je continue de regarder le fond inexistant de cette falaise. J'avance petit à petit mon premier pied. Désormais, une bonne partie de celui-ci se trouve dans le vide...

Je n'eût pas le temps de réfléchir. Ai-je glissé ? Non, on m'a poussé. Dans ma chute, je me retourne, d'innombrables mains se trouvaient à moitié dans le vide. Elles n'était pas là pour me rattraper, non, elles étaient là pour me sauver, me sauver de cette misérable vie.