Cet OS a été écrit à l'occasion de la quatre-vingtième nuit du FoF et rédigé en une heure sur le thème « Fantôme ». Pour plus d'informations, contactez-moi par MP.

J'avais à peu près oublié que DN existait. Mh.


Il avait quelque chose d'éthéré, lorsqu'il passait devant lui, la pâleur du lait, ses vêtements comme sa peau, comme les cheveux ivoire qui tombaient sur son front diaphane ; il marchait doucement, sans se presser, sans traîner non plus, ou il glissait peut-être, les doigts sur le mur qu'il frôlait au passage.

Un spectre, pensait Mello, un mirage, loin de l'esprit vengeur que lui deviendrait sans doute. Il errait sans but, ou peut-être en avait-il un, Mello n'en savait rien, il ne voulait pas savoir — les fantômes ne demeuraient que pour tourmenter les vivants, et les vivants seuls existaient à ses yeux.

Near n'avait jamais pu prétendre au titre d'être vivant — encore moins à celui d'être humain. C'était une poupée de cire dotée d'une intelligence rare comme la vie elle-même ; un don qui, pourtant, le tirait chaque jour un peu plus loin d'elle, de l'étincelle qui animait les traits de tous les autres, ceux des enfants qui l'entouraient, ceux de Mello, souvent, même s'il s'agissait pour lui d'éclats de frustration et de rage. Et alors ? songeait-il en se toisant dans le miroir, en analysant son regard glacé, furieux sans qu'il comprenne pourquoi — et alors ?

Si ses émotions n'avaient aucune raison d'être, elles avaient au moins le mérite d'exister.

Car les yeux de Near ne reflétaient rien.

Il n'était pas meilleur que les jouets qu'il laissait derrière lui, vides et creux, profondément inutiles. Un jour, se répétait Mello, un jour il comprendra, et il s'effacera comme la craie ; un jour l'univers réalisera son erreur, et il le rappellera à lui, là où il n'aura personne à tourmenter.

Il lui était arrivé d'en rêver.

De trouver une chambre vide, d'agiter un souvenir absent. Near disparaissait, et tout allait bien. Pas de silhouette blême au milieu du couloir, assise par terre à assembler un puzzle sans image. Personne devant lui, jamais, personne à haïr et à mépriser, à admirer parfois, quand il oubliait de penser. Near disparaissait, et soudain son cœur était vide, débarrassé de la colère qui y avait longtemps germé, de l'envie au goût de sel qui pulsait dans ses veines et coulait sur sa langue anesthésiée. Near disparaissait, et il n'était personne, une main sur le mur, errant dans un manoir plongé dans le silence qui résonnait en lui comme pour sonner le glas.

Les vivants seuls existaient à ses yeux, et ses yeux ne reflétaient rien.

Near l'observait parfois, et il voyait peut-être, il comprenait sûrement — que Mello existait, mais qu'il n'était rien ; que l'univers se rendrait compte de son erreur, qu'il le rappellerait à lui, bientôt, avant de rappeler Near, car les fantômes demeuraient tant qu'il restait quelqu'un à hanter.


?

Avait-ce un sens ? Non. Avait-ce un intérêt ? Non plus. mdr.

Merci d'avoir lu, reviews bienvenues (comme pour tout le monde soyons francs lol), euh, à plus ? je crois