« Etudes Métamagiques »

Lordess Ananda Teenorag


Titre : « Etudes Métamagiques »

Auteur : Lordess Ananda Teenorag

Série : Fire Emblem Fate

Genre : Frienship, Comique – Semi Alternate Universe.

Résumé : Les études cultivent la pensée. Les études élèvent l'âme. Les études unissent le cœur. C'est problématique, lorsque l'on est un érudit avide de connaissance, dont la quintessence entre en résonnance parfaite avec celle de votre Némésis.

Personnages principaux : Leo, Takumi

Personnages : Les fratries de Nohr et d'Hoshido, plus leurs vassaux

Duo : Leo et Takumi A+

Notes : Extrait d'une citation de Blaise Pascal, et d'un passage adapté des Trois Royaumes.


Mot de l'auteur : Bonjour ! Comme il y a très peu de fics sur l'interaction entre les deux Seconds Princes de Fates, en voici une. (Petit clin d'œil à Plum'oh, qui est responsable de ce mess... ;)

Pour préciser un peu le contexte, il s'agit d'un semi Alternate Universe, où Leo et Takumi ont leur capacités habituelles, mais sont des érudits étudiant et travaillant dans une académie intellectuelle. Leur rang et surnom de "Second Prince" est due à leur parcours et à leur réussite. Chacun des frangins de Nohr et d'Hoshido ont leur propre parcours et talents, en rapport avec le jeu originel.

Cette fic présente des moments de leur aventure dans cet univers.

(Dernière note : Cet univers étant un peu différent du jeu, il y a des différences sur les termes d'adresse entre les personnages, notamment sur le tutoiement.)

Bonne lecture !


Sujet : Harmonie Quantique


Institut des Erudits du Royaume.

Après-midi, bibliothèque centrale.


Astreins-toi à l'étude, mais accepte les mystères.

Le cœur a ses raisons que la raison ignore.

Philosophe nohrien

Un filament d'éther vola autour de Leo, alors qu'il lisait – pour la énième fois – l'ouvrage posé sur la table. L'Illustre Magicien de Nohr tâcha d'ignorer la flèche ailée vert émeraude, qui taquinait son épaule. Manifestation de la force vitale de l'être – appelée 'Energie Métaphysique', elle était aussi l'expression des sentiments de son ami.

« Donc tu admets que tu n'as aucune explication à ce phénomène… inexpliqué. »

Il avait envie de grincer des dents. La flèche, c'était le piquant de son caractère. Les ailes, c'était le sentiment de victoire et de liberté. En gros, Takumi – Second Prince et Archer d'Elite d'Hoshido – se fichait de lui.

« Tout phénomène inexpliqué par l'homme détient une… explication scientifique. »

L'Illustre Magicien de Nohr pouvait toujours prétendre sauver les apparences, dans une pathétique tentative de dignité logique. Mais son rival le connaissait trop bien, tout comme l'inverse était vrai.

« … »

Pour un peu, il aurait laissé exploser sa propre force vitale (plus orientée sur l'esprit, puisqu'il était un Mage) et créé une forêt multicolore de plantes fleuries, à base d'Energie Métaspirituelle. Mais leur débat serait resté stérile, et en plus, ça aurait fait tâche dans la bibliothèque centrale.

« … »

Par ailleurs, ne venait-il s'employer deux fois le mot 'scientifique' ? Pas étonnant que Xander ait toujours remporté le Prix d'Eloquence. Avec des formulations pareilles, il n'avait aucune chance de gagner le prochain Concours des Erudits. Pas de répétition lors de soutenances, c'était inélégant.

(Et merde, d'ailleurs, car avec l'autre, ça faisait quatre fois…)

« Comment expliques-tu cette… cette… aberration ? »

« Je ne l'explique pas. C'est… c'est une aberration ! »

Six. Décidément, fréquenter Takumi, le Détenteur de Yumi Fujin, était dommageable pour la sérénité émotionnelle comme pour la performance intellectuelle.

« Non, tu crois ? »

Là, c'était trop. Il y avait des limites au sang-froid et à la maîtrise de soi. Puis, bon. C'était Takumi, hein. Le mec qui se contenait une fois par an, et avec qui il se contenait une fois par décennie.

« … »

Une feuille poussa de la table, s'insérant dans le livre, faisant soudainement office de marqueur. Et hop, une petite touche de magie, maintenant. Il était interdit de pratiquer les Arts Magiques et Guerriers dans la bibliothèque centrale, mais, à ce stade, au diable les règles. L'Archer jeta à un œil à l'endroit que la feuille avait souligné.

« Les Voies du Cœur sont impénétrables ? Oh, s'il te plaît. Pas ce condensé de soi-disant arguments romantico-spirituels, issu d'une thèse aussi clichée qu'hasardeusement menée. »

La courbe de l'arme se découpa sous la douce lumière : et un filament d'éther étincela d'émeraude pourpre. Empourprée, comme… la honte ? Avec effarement, Leo se rendit compte qu'il en devinait sans effort la raison. L'Arc Divin d'Hoshido brillait à chaque fois que son Détenteur éprouvait une émotion importante. Et cette émotion rejoignait – inconsciemment – la manifestation de la sienne propre.

L'éther caressait la feuille qui avait poussé, avec hésitation.

« Thèse que tu as lue dans son intégralité hier soir, dois-je te le rappeler ? »

« Tu n'as pas à me le rappeler, vu que tu étais avec moi à le faire. »

Il était toujours plus facile de se disputer, d'argumenter, même sur une thèse sans intérêt. Cela permettait d'éviter de se confronter aux sentiments réels, et Anankos savait à quel point ils étaient tous les deux doués pour ça.

« N'empêche… »

Un micro sourire avait redessiné les lèvres du Hoshidien.

« Oui, c'était amusant. »

Petit sourire, qui avait eu un écho chez le Nohrien.

Car l'Illustre Magicien de Nohr devait s'accorder avec lui sur ce point : cette thèse était ridiculement… ridicule. (D'ailleurs, avec Takumi, ils en avaient ri pendant des heures dans leur dortoir, en épluchant chaque ligne. Inutile qu'ils ne s'étaient pas attiré d'amis au milieu de la nuit…) Non, le problème ne venait pas de là. Loin de là. Le problème – ou plutôt, la problématique, pour employer le terme propre aux Erudits – était que la thèse soutenue correspondait un peu trop bien à leur situation personnelle.

« Les âmes sont la manifestation de l'essence profonde. Lorsqu'elles résonnent à l'unisson, leurs détenteurs voient leur cœur s'unir l'un à l'autre. »

L'éther de l'Arc Divin étincela d'émeraude, mais sa couleur était étrangement teintée, comme s'il avait peur de quelque chose. Leo détourna le regard.

« Je te promets que je n'ai pas encore vu mon cœur s'unir au tien. »

Et, non, une fleur n'avait pas poussé sur la table, où était posé le livre, par manque de contrôle de sa part. Takumi fronça les sourcils.

« Le jour où cela arrivera, permets-moi de me suicider, selon le chapitre Confrontation du Cœur. »

« A mon avis, ce même jour, je me suiciderai avec toi, à en croire la partie Fusion des Destinées. »

C'était vraiment pathétique. Mais pas autant, que la citation de la page suivante…

« Un lien si fort, une résonnance si profonde, des affinités si éclatantes, que les principaux concernés seront tentés de nier leur potentielle entente. »

S'il n'avait pas été si occupé à s'enterrer la tête (de honte) dans le livre, il aurait vu la couleur écarlate du visage de son ami.

« J'en ai assez ! Ce ne sont que des bêtises. On perd son temps avec ce livre ! »

L'éther émeraude raya la table de frustration, sous forme de lame. Blasé, l'Illustre Magicien de Nohr continua à feuilleter l'ouvrage.

« Contrôle-toi, Takumi. Pas de Manifestation Métaphysique. »

« Dixit le garçon qui a fait pousser une fleur sur la table. »

Une page du livre se tourna.

« Une fleur sur la table, c'est discret. Une rayure sur la table, c'est moche. »

« Une rayure sur la table, c'est naturel. Une fleur sur la table, c'est bizarre. »

Leurs mots concordaient. Leurs idées s'accordaient. Leur caractère se complétait. Même leurs Energies Métaphysiques et Métaspirituelles résonnaient en harmonie. C'était fascin-… déprimant, d'une certaine façon.

« Hou, les amoureux ! »

« Encore ensemble ? »

Parce que, voilà. A cause de ce phénomène inexpliqué et inexplicable, tout le monde, à l'Institut et ailleurs, s'imaginait une relation des plus torrides entre eux deux. Bon, ok, ils passaient, comme dire… la majorité de leur temps ensemble ? A étudier, débattre, s'entraîner, rivaliser, et on en passait. Mais était-ce une raison pour imaginer du rating M à toutes les sauces ?

« Dites, vous l'avez déjà fait, au moins ? »

« … »

La soif intellectuelle fut remplacée par une envie de meurtre. Non, deux envies de meurtre. Mais bon, s'il fallait tuer tous les imbéciles qui étaient en manque de potins amoureux, le Royaume ne seraient peuplé que de eux deux.

(Et surtout, c'était dangereux pour leur temps de liberté estudiantin… confer l'épisode précédent ?)

« Messieurs, être les Génies Juniors des deux plus grands Instituts d'Erudits, ainsi que les futurs Représentants au Concours, ne vous autorise pas pour autant à vous battre contre vos condisciples. Vous serez donc punis à la hauteur de vos incartades. »

Leo se souvenait de cet épisode avec douleur. Lui et son ami avaient été d'astreinte estudiantine. Ce qui signifiait…

« Oh, Leo de Nohr. Je crois que l'entrepôt ouest a besoin d'un dépoussiérage. Vous êtes partant ? »

« (Comme si j'avais le choix…) »

« Vous avez dit quelque chose ? »

« Non, Madame. »

Et, comme, bien sûr, ses capacités de Mage étaient bien connues, il avait été privé de tout tome lui permettant de faciliter le processus de nettoyage. Il aurait bien tenté d'enchanter le torchon à la seule force de son Energie Métaspirituelle (Incantation Primordiale du Deuxième Degré), mais le surveillant l'avait gardé à l'œil tout au long, afin de s'assurer qu'il frottait, un par un, tous les recoins de la cave.

« …tch. »

« Ne vous inquiétez, Takumi d'Hoshido vous a suivi dans le grand ménage de printemps, du côté de l'aile est. Après tout, c'est cruel de séparer des âmes sœurs, même dans la souffrance… »

« (Mais qu'est-ce que vous avez tous avec ça ?!) »

« Vous avez dit quelque chose ? »

« Non, Madame. »

Et, bien sûr, de son côté, son rival n'avait pas plus été ménagé. Son Energie Métaphysique étant prodigieuse, leurs maîtres avaient voulu éviter son détournement… à des usages personnels. Ils n'avaient pas trouvé meilleur moyen que de la maîtriser en le privant de ses Catalyseurs d'Energie (des objets enchantés, prenant l'apparence d'équipement et de bijoux, qui permettaient de matérialiser et d'exploiter les Energies). Ce qui rendait l'afflux d'éther insupportable pour le concerné.

(Trop de puissance n'était pas toujours un avantage.)

« La prochaine fois, je tue quelqu'un. Tant pis pour les Catalyseurs, à main nue c'est très bien. »

« Ou à coup d'épée de fer. Je garde mes Enchantements pour ceux qui le méritent. »

'Comme toi ?'

(Il ne l'avouera jamais…)

Il y avait une chose sur laquelle ils s'accordaient (NON, pas mille, n'en déplaisent aux ragots) : c'était de voir à l'œuvre la surveillance des Académies. Les Instituts exigeaient la compilation complète des données sur chacun de leurs étudiants et chacun des sujets du Royaume. Nul ne pouvait échapper à cette base de données aussi infinie que castratrice. Avec leurs capacités hors du commun, Leo l'Illustre et Takumi l'Impétueux avaient atteint le Grade de Second Prince, seulement égalés par Xander l'Impressionnant et Ryoma le Majestueux.

« Bon, et si on allait mang-… »

« Yumi Fujin, je te défie en duel ! »

Leo grommela, maîtrisant (une fois de plus) l'envie de transformer les alentours en forêt amazonienne. Encore un imbécile qui n'avait pas compris qu'il n'avait aucune chance de l'emporter contre eux. Il n'y avait que lui qui puisse rivaliser avec son ami, et leurs grands frères respectifs qui puissent les vaincre.

« Je t'attends dans la bibliothèque centrale ? Ou l'annexe ? Il doit encore y avoir… »

« Non, tu peux rester. Je ne crois pas que tu trouveras quoi que ce soit… »

Takumi semblait d'humeur étrangement conciliante… comme en témoignait l'oiseau d'éther, qui se posa sur son épaule.

(Un sourire orna les lèvres de Leo, qui s'empressa de le cacher.)

« Oh ? Tu admets donc la véracité de cette thèse ? »

« J'admets que j'ai épuisé les hypothèses, du moins. »

Le Second Prince nohrien ouvrit la bouche… mais ne put rien ajouter. Takumi avait cet air défiant, rageur, qu'il avait toujours, lorsqu'il se retrouvait face à un adversaire plus fort : mais, au fond de ses yeux, dansait une lueur ambrée un peu douce, témoignant de ce que son impétuosité n'arrivait jamais à dire. Comme s'il avait pris conscience d'une chose, si importante, qui les reliaient malgré eux.

(Et pourquoi sa propre aura touchait-elle l'éther émeraude ?)

« Oh ? Tu abandonnes ? »

Mieux valait faire une pirouette. Comme toujours.

« Tu sais que je n'abandonne jamais. »

« Oui, je le sais. »

Une relation spéciale ? Entre eux ? Oui, il fallait l'admettre. Il n'avait jamais rencontré quelqu'un comme lui. Aucun ami aussi intéressant, aucun rival aussi talentueux, aucun partenaire aussi complémentaire. Aucun être sur terre qu'il ait autant détesté, avant de se rendre compte… qu'ils partageaient tout.

Peut-être, un jour…

« Hé, dites-moi si je vous dérange, les tourtereaux ? »

…non, jamais.

Du moins, pas tant que les imbéciles en manque de ragots sur les 'prétendus Némésis amoureux' (comment ça, un excellent sujet de thèse, à retenir pour le prochain Concours ?!) n'auraient pas été définitivement éliminés à coup de tome, ou d'arc.

« Nous… »

« …déranger ? »

Le Prince hoshidien se crispa, se tournant vers le provocateur. L'éther de Yumi Fujin étincela, et son émeraude pourpre de colère dessina un féroce dragon.

'Ça, ça signifie, je vais casser du duelliste.'

« Je finis dans trois minutes. »

« Ne traîne pas plus. »


C'était beau. C'était sauvage.

C'était magnifique.

Voir en duel le Prince Takumi, l'Arc Divin d'Hoshido, Détenteur de Yumi Fujin l'Impétueux, était un spectacle toujours impressionnant.

(Leo se serait fait décapiter plutôt que de l'avouer, mais il était content que son ami l'ait invité à assister à son duel.)

« Et que mon Arc transperce le Cœur de ton Arme ! »

'Belle formulation. Elle va orienter parfaitement ton Energie. Tu as bien étudié le Traité des Energies, Prince d'Hoshido.'

L'Energie Métaphysique de l'Archer était prodigieuse. Elle débordait de vigueur, de beauté : et emplissait les lieux jusqu'à en écraser chaque être, tant elle était rapide, furieuse, indomptable. Et le pauvre adversaire, comme tous les spectateurs venus pour l'occasion (oui, parce que leurs duels attiraient toujours un nombre effarant d'imbéciles qui n'avaient rien de mieux à faire, que de… les regarder ?), dut ne jamais l'oublier.

« File, Yumi Fujin ! Emporte l'adversité avec ton souffle ! Le Vent Divin ne sera jamais arrêté ! »

'Une Incantation Associée ? Pas mal, plutôt original. J'aurais préféré une Incantation Primordiale, mais c'est un bon choix avec ta Prédominance Métaphysique.'

Des badauds jurèrent, plus tard, que des ailes d'éther immenses s'étaient dessinées au dos de l'Archer, désignant la réincarnation de la Divinité du Vent.

« Je suis le Vent Divin. Je suis le Dragon Emeraude. Transpercer le ciel, fendre le vent… telle est ma Destinée. S'il faut que je traverse l'espace… »

« Arrête, Takumi. »

Fronçant les sourcils, Leo avait posé sa main sur le bras qui faisait vibrer Yumi Fujin.

« Quoi ? »

Son Détenteur le transperça, de ses yeux.

« … »

Un battement de cœur lui échappa, devant ces orbes ambrés, fascinants, qui avaient changé le cours de sa vie. Mais, il devait se reprendre.

Pas d'Invocation Primordiale Associée. Pas de Transmutation Primordiale. On n'a pas encore fini d'étudier le phénomène, et tu le sais. Tu m'avais juré, qu'on serait les premiers à réussir cet exploit, ensemble, devant le Royaume entier. Tu me l'avais juré. On devait montrer notre découverte au Concours des Erudits, jusqu'à atteindre le Tournoi des Royaumes…

« Tch. »

Le Dragon du Vent mourut.

Personne n'avait dû savoir que se serait joué un tournant de l'histoire, que seuls les Seconds Princes auraient inauguré, s'il avait fendu le ciel : mais Leo remercia silencieusement son partenaire.

Je savais que je pouvais compter sur toi.

« …je suis magnanime, adversaire. Tu as assez souffert. Arrêtons-nous là, sinon le patio finira dévasté. »

Takumi avait détourné le regard, mais Leo le savait toujours attentif à sa présence.

Tu es le partenaire que je choisis.

« … »

« … »

« C'est donc bien vrai. Seul l'Illustre Magicien de Nohr peut rivaliser avec l'Arc Divin d'Hoshido… »

Quand lui, Leo, livrait ses duels, ce n'était plus un Dragon du Vent, qui déchirait le ciel : c'était une Forêt de Guerre, qui dévorait la terre. Des plantes et fleurs par centaines envahissaient les alentours, poussant de chaque endroit que foulaient ses pieds ou sa magie. Un monstre de beauté émeraude aux éclats multicolores, qui se découpaient sur de sombres vêtements, symbole de l'Illustre.

(Les murmures allaient bon train sur la réincarnation de Brynhildr, la Valkyrie Légendaire.)

« Prince Takumi. »

« … »

Le provocateur s'avança, le regard halluciné… et jeta son arme par terre, avant de tomber à ses pieds.

« Permettez-moi de rejoindre le rang de vos Vassaux. »

'Ah. C'était donc un partisan de Takumi. Je me disais bien qu'il avait l'air un peu trop fasciné…'

« Les rangs de mes Vassaux sont déjà complets. Affûte ta détermination pendant trois Floraisons de Cerisiers, et tu serviras aisément un Maître. »

Il était coutume, dans le Royaume d'Hoshido, de sauver la face d'un adversaire vaincu en lui offrant des compliments. Mais, en bon rebelle qu'il était, Takumi n'avait jamais accepté cette coutume. Il était franc, direct, impétueux : et Leo ne savait pas, alors, que ce qui l'avait tant énervé à leur rencontre, avait également uni leurs destinées.

« Mais, pourquoi autant limiter le rang de vos partisans ? Un Prince comme vous pourrait diriger une force armée importante, avec ses compétences. »

'Parce qu'il veut rester proche de ceux qui lui obéissent. Il ne veut pas d'un système dominé par la hiérarchie, où la masse de fidèles deviendrait une force de frappe anonyme. Tout comme je ne remplacerai jamais Niles, ni Odin, et qu'ils resteront les seuls que j'accepterai à mes côtés.'

L'impétueux Archer renifla, hautain.

« Tu as perdu. Je n'ai pas à répondre à ta requête. Pars. »

Ses yeux flamboyaient – comme un faisceau d'ambre volcanique. Fasciné, Leo observait ce visage juvénile et pourtant si indomptable. Quiconque ne connaissait pas Takumi d'Hoshido eût pensé qu'il était en colère : mais lui savait que c'était cette force de concentration et d'implication, si entière, qui faisait son caractère.

'Et son charme.'

« Est-ce que le Prince Leo de Nohr est lié à ce choix ? »

Il cligna des yeux, étonné par la question. Et, à côté, son rival parut un peu surpris.

« Que veux-tu dire ? »

« Depuis que vous l'avez rencontré, vous passez plus de temps avec un Nohrien qu'avec votre propre famille de sang. »

Par 'famille de sang', on ne pouvait savoir ici s'il désignait les proches ou ses compatriotes. Les Hoshidiens se considéraient comme une grande famille : Leo avait assez appris de culture hoshidienne (par Takumi) pour savoir que chacun d'entre eux avait une place bien déterminée, au sein d'une grande hiérarchie.

« … »

« Pourquoi donc ? Pourquoi donc êtes-vous si proche de lui ? »

Pourquoi ? C'était… une excellente question. Ni Takumi, ni lui, n'en avait la réponse. La seule chose qu'il savait, c'était que c'était réciproque.

« … »

« … »

Une chose était sûre, pourtant : la rivalité entre les Deux Royaumes ne datait pas d'hier. Que le Second Prince d'Hoshido préférât la compagnie du celui de Nohr, à celle de ses pairs, c'était curieux. Même lui le pensait, c'était dire. Pourtant, en écoutant cette question plus intriguée que dégoûtée, Leo se rendit soudainement compte qu'elle était également dépourvue de haine.

'Xander a fait un travail fantastique. Grâce à son poste comme Roi de Nohr, il a comblé ce fossé qui nous aurait séparés à jamais. Takumi et moi, nous lui devons… notre amitié.'

« Ce doit être… l'amour ! »

Un silence de mort envahit la place.

« … »

« …HEIN ?! »

Anankos en témoigne, ce ne fut pas la réplique la plus intelligente.

'Faites que cette unanime exclamation ne soit pas TOUT ce qu'on retiendra de nous. Je vous en prie. Quitte à avoir des imbéciles fans de notre couple, pendant dix-mille crépuscules…'

« Non… non, mais… NON ! On… »

« …on ne sort PAS ENSEMBLE ! »

L'Archer essayait désespérément de s'enterrer avec son arc. Le cerveau de Leo, lui, s'était mis en mode veille.

'Je viens de perdre un milliard de neurones. Et c'est moi, ou Takumi est encore plus rouge qu'une tomate ?'

« C'est tellement… romantique ! Un Prince hoshidien, qui tombe amoureux d'un Prince nohrien. C'est un symbole de paix entre nos Royaumes ! »

« Oui, tel qu'il le fut prédit par la Voyante d'Hoshido. De plus, ils sont tous les deux Seconds Princes ! C'est un signe du destin. Et… cette complémentarité ! C'est un don du ciel. »

« Un mariage célèbrera-t-il la renaissance d'une ère de prospérité ? »

Oui, le cerveau de Leo était définitivement mort. Et, à en juger par la tête que tirait son acolyte, celui de Takumi n'allait pas tellement mieux. Et – comble d'horreur – l'adversaire qui les avait défiés auparavant, s'inclina gravement devant eux, un sourire aux lèvres.

« Voilà qui explique tout, Prince Takumi. Je vous souhaite beaucoup de bonheur avec votre compagnon. Il est vrai que rencontrer son promis est source de bien de joies, comme de peines. Et que cela peut expliquer bien des mystères. »

« …TAIS-TOI, pour l'amour du ciel ! »

L'Arc Divin d'Hoshido avait perdu toute dignité, à se frapper la tête contre sa paume. Leo l'aurait bien repris là-dessus, s'il n'était pas aussi occupé à se fondre dans son armure.

« C'est… c'est ridicule. Nous ne sommes pas… »

« Je ne peux qu'être d'accord avec lui. »

Peut-être qu'il n'aurait pas dû finir la phrase à sa place. Car les rires redoublèrent.

« Quoi ?! Pourquoi vous riez ?! »

C'était un vrai bazar. Personne ne s'entendait plus, tant tout le monde dissertait sur la métaphysique de l'amour. Désespéré par cette cacophonie de stupidité, son ami se tourna vers lui, implorant silencieusement son aide.

'Tant pis pour le règlement. Je vais enchanter la place entière, pour qu'on puisse s'éclipser. J'ai vu ma fierté piétinée assez de fois au cours de cette fanfiction, pour risquer trois années d'astreintes estudiantines.'

« Silentium tenebris obscurantis… »

Une main l'arrêta.

« Leo ! »

« …hein ? »

Heureusement (ou pas ?), une présence professorale avait dégagé le flot d'élèves surexcités – interrompant l'Enchantement d'Evanescence.

« Prince Takumi. Prince Leo. Encore vous, au centre de cet attroupement. »

La responsable de l'établissement les toisait, l'air pas tellement étonné devant leur présence. Le jeune Mage se refusait à en tirer la moindre conclusion.

« Dois-je en conclure que le châtiment de la dernière fois n'a pas suffi ? »

Le Prince d'Hoshido avait retrouvé son air défiant.

« Ce duel que j'ai livré était dans les règles. Le lieu est adapté pour les combats, aucun dommage n'a été constaté et… »

Ce fut alors que l'arme de l'adversaire se désintégra sous leurs yeux, pour finir en flocons de poussière.

'Mauvais timing.'

« Bon, j'y suis peut-être allé un peu fort… »

En même temps, quelle idée de leur attribuer une relation amoureuse ! Sous prétexte qu'ils étaient proches, les gens s'imaginaient n'importe quoi !

« Mais de toute façon, il s'agit d'une arme de faible qualité, facilement remplaçable. Et, mis à part cette perte, il n'y a aucun autre dommage collatér-… »

Ce fut alors que le reste de l'armure protectrice adverse explosa, rejoignant l'état de poussière d'étoile.

'Merde. Takumi devait vraiment être énervé, pour s'être lâché comme ça…'

« … »

« … »

Le silence était devenu absolu. Leo soupçonnait que leur descente en enfer devait ressembler aux trompettes du jugement dernier.

« Prince Takumi. Prince Takumi. Quand, QUAND allez-vous apprendre à contrôler votre… force ? »

La punition galopait vers eux, encore plus rapidement que la monture de Xander. Et il ne pouvait même pas tenter d'enchanter l'état mental de leur interlocuteur, car ce dernier connaissait bien ses capacités magiques.

« Le jour où on arrêtera de répandre d'immondes ragots sur nous ! »

« Quel genre de ragots ? »

Takumi craquait, et, oh, il pouvait le comprendre. Lui-même avait envie de lancer quelques Sorts Mortels, mais bon, ça ne faisait pas très bien sur un dossier d'Erudit…

« Les ragots, du genre, pourquoi la terre et le ciel sont-ils en harmonie ? Pourquoi sont-ils toujours à la bibliothèque ensemble ? Et pourquoi jouent-ils tout le temps aux jeux de stratégie ? Parce que, moi, j'en ai assez, que… ! »

« Takumi, Takumi. Vous commencez à délirer. Vous êtes resté trop longtemps sous le soleil, ou alors vous avez pris un Sort sur la tête. Calmez-vous, et parlez plus lentement. »

« La terre et le ciel peuvent bien aller se faire foutre ! Et tous les Erudits avec ! Je joue à qui je veux, au shogi, aux échecs, aux livres de philosophie et à la bibliothèque… ! »

Un Elixir atterrit dans sa figure. Paix à l'âme du Prince d'Hoshido.

« Ça y est, nous sommes en train de le perdre. Je savais que c'était une mauvaise idée, de ne pas poser plus de restrictions sur les duels. Leo, vous pouvez expliquer ce qui s'est passé ? »

« … »

« …Leo ? »

La responsable s'était tournée vers lui, et le tout le monde en avait fait autant.

« Ce qui s'est passé… c'est… c'est que… »

Il n'avait pas peur de parler en public, d'accoutumée. Un Erudit se doit de savoir transmettre ses connaissances, un Stratège doit convaincre ses partisans, un Mage ne peut commettre une seule erreur dans ses formulations – sous peine de se tromper complètement de Sort. Mais là… merde, c'était sa vie privée !

'Non. Je… je ne peux pas. C'est trop… la honte.'

« … »

« Lui aussi, on l'a perdu. Je ne me souviens pas avoir vu Leo bégayer depuis qu'on a retrouvé cet exemplaire douteux du Kama Sutra dans ses affaires. Je suppose que toute la magie du monde a ses revers. Un volontaire pour m'expliquer la situation ? Afin que je puisse faire réparer les cerveaux de ces deux jeunes garçons. J'ai encore besoin d'eux pour représenter l'Institut au Concours des Erudits… »

Les étudiants se consultèrent du regard, avant que l'adversaire de Takumi – à la grande horreur de ce dernier – ne décide de s'avancer.

« Madame, il s'agit du plus grand Sort de l'humanité, qui a frappé nos Représentants au Concours. Celui auquel… nul ne peut résister ! »

« Je doute que la Grande Aphasie qui a frappé le monde au siècle dernier ait pu altérer à ce point leurs capacités intellectuelles. Ils ont la tête trop dure et la langue trop pendue pour cela. Précisez votre pensée. »

A ce moment, Leo l'admit : il n'avait pas le courage d'en entendre plus. Juste de fermer les yeux, en attendant la fin de ses souffrances. Aujourd'hui, quand il reparle, avec Takumi, il comprend à quel point ils ont été aveugles. Ce qui était si naturel, pour eux, était extraordinaire de tout temps. Un lien profond, harmonieux, florissant… c'était cela, le miracle de paix dont parlaient leurs aînés.

Bien que nous ne soyons pas nés le même jour, le même mois, la même année, puissions-nous mourir le même jour, le même mois, la même année. (…) Puissent les Dieux du Ciel et de la Terre témoigner de ce qui est en nos cœurs.

« L'amour ! Voilà le Sort qui les a frappés ! Et, à jamais ensorcelés, ils resteront. Quand bien même… AH ! »

'Définitivement, je dois interdire à Odin de parler de mon lien avec Takumi. Je suis certain que c'est lui qui a influencé cet imbécile…'

Plongé dans ses malédictions, Leo se rendit soudainement compte que la harangue s'était stoppée. Et pour cause.

« … »

Takumi avait balancé son arc à la figure de l'abruti.

« … »

Son Yumi Fujin. Son Arc Divin.

« … »

Pas moins que ça.

« Takumi. »

Une certaine satisfaction se lisait sur son visage.

« Je sais. Mais, j'en avais tellement envie. »

« Ce n'est pas ce que je voulais dire. Tu aurais dû viser plus haut. Là, il a des chances de survie. »

« J'ai plus l'habitude de lancer des flèches que mon arc, tu sais. »

L'air dépassé, la responsable ramassa le cadavre de leur camarade. Bon, ok, il respirait encore. On ne pouvait pas tout avoir. (Au moins, ils échapperaient peut-être à une astreinte estudiantine ultime pour homicide volontaire…)

« Bon. Je vais mettre cette épisode dans le dossier 'Confidentiel pour l'éternité'. Et votre action sur le compte de votre folie intrinsèque. Mais, dites-moi, jeunes hommes. Ça vous dérange à ce point, les remarques sur votre relation ? Nous sommes à une époque, où l'amour n'a plus de frontière. En quoi est-ce un problème si les gens en parlent ? »

Le pire, dans tout ça, c'était qu'elle ne semblait même pas étonnée. A croire que c'était une vérité universelle, dans la Légende de Fire Emblem, que Leo de Nohr et Takumi d'Hoshido étaient des âmes sœurs. Alors, dans un ultime sursaut de dignité (perdue), les deux hurlèrent à l'unisson.

« On. Ne. Sort. Pas. ENSEMBLE ! »

« … »

Ce fut alors que la responsable haussa sincèrement les sourcils, et les acheva très lentement.

« C'est vrai ? Vous ne sortez pas ensemble ? »

Il y a des jours, vraiment, où il ne fait pas bon se lever. Et aujourd'hui, la terre et le ciel auraient dû aller se faire foutre, pour citer un certain Hoshidien.

« Oh, NON. Vous aussi ?! »

A ce moment, Leo pensa qu'un Enchantement d'Aphasie Eternelle mériterait d'être inventé. Par lui, bien sûr.


« Passons pour cette fois, Prince Takumi, puisque vous avez suivi les règles de duel.

Mais vous vous débrouillerez pour réparer ou rembourser le matériel endommagé. Non, désintégré, devrais-je, pour être exact… »

(Et, non, il n'avait pas entendu le 'Ah, les amours de la jeunesse…')

Leo s'était échiné à réparer l'équipement grâce à un Sort de Remontée Temporelle, associé à un Enchantement de Permanence. Assembler des pièces détachées était facile : mais quand il fallait reconstituer un objet, qui avait été désintégré sous forme de poussière d'étoile (Takumi n'y était pas allé mainmorte), la tâche devenait beaucoup plus ardue.

« Ne dis rien. »

« Je n'ai rien dit. »

« Tu es en train de penser que j'aurais dû me contenir. »

« C'est interdit de penser, maintenant ? Et oui, tu aurais te contenir. »

Le Prince d'Hoshido était occupé à s'enterrer sous les livres de la bibliothèque, afin de noyer la honte des propositions d'entremetteuses concernant leur mariage. Quant à lui, il essayait de réparer les dommages irréversibles faits à son cortex cérébral, en feignant de s'intéresser à sa tâche.

« Et la fois où la salle d'arme a été envahie par une forêt amazonienne ? Brynhildr s'est peut-être contenue, ce jour-là ? »

« C'est ma faute si les abrutis du dortoir ont voulu nous expliquer le Kama Sutra pour les garçons ? »

Surtout, en plus, qu'ils étaient complètement inexacts dans les postures ! Et, avant toute réflexion déplacée, oui, il avait lu cet ouvrage, mais pour la culture générale. Il en était resté au stade théorique, merci bien.

« … »

« … »

Croiser le regard de son ami suffit à lui faire voir qu'il pensait la même chose : mais c'était affreusement gênant, alors, mieux valait passer à autre chose. Ce que fit gracieusement ce dernier.

« J'ai été obligé de déraciner TOUS les arbres avec Yumi Fujin. Sakura s'est demandé pourquoi mes vêtements étaient jonchés de feuilles. Quant à Oboro, elle a passé des nuits entières à repriser mes vêtements… »

« Pour le nombre de fois que je t'ai réparé tout ce que tu exploses avec tes Manifestations Métaphysiques. Tu sais qu'Elise s'inquiète de mes états de fatigue ? Et je ne parle même pas de Niles qui s'imagine que je mets en pratique le Kama Sutra… »

Takumi fronça les sourcils.

« Attends, ton Vassal pervers croit que tu as ce genre d'ouvrage ? N-non, en fait, finalement, ne dis rien. »

« Sage décision. Tu viens de t'épargner une apoplexie pour traumatisme émotionnel. Parfois, j'envie ton entourage vassalique… »

En se replongeant dans son opération magique, Leo entendit vaguement son ami grommeler ('Insupportables, ces Nohriens…', 'Qu'est-ce que je fais avec lui déjà ?', etc.). Rien de bien inhabituel, cela faisait depuis leur rencontre que ce dernier pestait contre lui, et contre les Nohriens en général. Takumi était du genre à se laisser emporter. Ce n'était pas étonnant, quand on connaissait son esprit vif et indomptable. Mais il était largement assez intelligent pour ne pas compromettre une œuvre importante. Et la leur, d'œuvre, était plus qu'importante. Alors, pourquoi…

« Pourquoi as-tu fait cela ? »

Pourquoi as-tu failli invoquer le Dragon Fujin, l'Âme de ton Arc Divin et Matérialisation de ta propre Quintessence ? Si tu avais entamé la Transmutation…

Les épaules de son ami se tendirent, avant une dérobade.

« Fait quoi ? »

« Takumi. »

C'était au tour de Leo de froncer les sourcils. Il avait posé son opération magique sur la table, et le fixait sans aménité.

« … »

L'éther vacillait, indécis.

S'il faut que je conquière le ciel

Alors je deviendrais dragon.

S'il faut que j'envahisse la terre,

Alors je deviendrai forêt.

Je suis l'Impétueux que nul n'arrête,

Dans sa glorieuse avancée.

Ce fut alors que l'hésitation devint faucon.

« Je voulais déchirer le ciel. »

Et l'oiseau se transforma en dragon, qui engloutit les environs. Les étagères tremblèrent, les auras suffoquèrent : mais l'Illustre Mage de Nohr ne cilla même pas.

Ce n'était pas pour rien qu'il était l'égal de l'Arc Divin d'Hoshido.

Il était apparu, déchirant le ciel.

« Vous ne comprenez rien, Prince de Nohr ! Je ne laisserai pas un arrogant de votre genre m'empêcher d'atteindre mon but. Je suis né pour déchirer le ciel. Si vous tentez de m'en empêcher, je vous transpercerais ! »

Devant lui, qui dévorait la terre.

« Vous qui dites pouvoir déchirer le ciel, craignez plutôt que la terre vous dévore. Ma magie engloutira quiconque croisera son chemin. Car ma destinée est celle des grands et nul ne peut me retenir, à moins d'en être ! »

Ce jour-là, où ils s'étaient rencontrés…

Alors, il le regarda droit dans les yeux.

« Il n'y qu'avec toi que je puisse réussir cette grande œuvre. Ne l'oublie pas, Prince d'Hoshido. Je ne te le pardonnerais pas. »

Ces mêmes mots, aujourd'hui, ici et maintenant. Comme, lorsque pour la première fois, ils s'étaient défiés.

Ne l'oublie pas, Prince d'Hoshido. Je ne te le pardonnerais pas.

« Parce que, tu crois que je te le pardonnerais, si tu me laissais tomber ? Tu n'as aucune chance sans moi. Et de toute façon, personne d'autre ne te supporterait. »

Il ne put s'empêcher de sourire. C'était aujourd'hui, ici et maintenant, qu'il le dirait. Comme, lorsque pour la millième fois, ils s'étaient rencontrés.

Je n'ai pas besoin de ton pardon, Prince de Nohr. Grave cela en toi.

« Leo. »

Le Mage nohrien son regard brillant vers lui. Son ami avait ce regard hésitant, soudainement vulnérable : qui n'appartenait qu'à eux deux, et qu'à eux seuls.

« Le jour de la Dix-huitième Floraison… ce jour où nous devrons prêter serment. Ce jour-là… »

prêteras-tu serment avec moi ?

Le Serment des Partenaires.

Cette cérémonie antique, où des âmes sœurs juraient de mener une quête ensemble, sur terre, jusqu'à leur dernier souffle.

《月潭二结义》

« Serment du Lac de la Lune »

『王曰:"吾宮后有一月潭,花开正盛 (…)。我二人结为友,协力同心,然后可图大事。"(…) 王曰: "虽然异姓,既结为友,则同心协力,救困扶危(…)"王曰 :"不求同年同月同日生,只愿同年同月同日死。皇天后土,实鉴此心。背义忘恩,天人共戮 !"

Et le Prince dit : « Derrière mon Palais se trouve un Lac baigné par la Lune, où les fleurs éclosent à souhait. (…) Jurons ensemble d'être amis, d'unir nos forces et nos cœurs, pour accomplir une grande œuvre. »

L'autre ajouta : « Bien que nous portions des noms différents, nous sommes amis. Joignons nos forces pour un but commun : secourir ceux en détresse et aider ceux en péril. »

D'une seule et même voix, ils déclamèrent :

« Bien que nous ne soyons pas nés le même jour, le même mois, la même année, puissions-nous mourir le même jour, le même mois, la même année. (…) Puissent les Dieux du Ciel et de la Terre témoigner de ce qui est en nos cœurs. Que le Ciel et les Hommes nous foudroient si nous devions trahir notre amitié ! »

王王

Royautés

C'était avec lui, qu'il voulait le faire.

« Qui d'autre voudrait de toi, Prince pourri gâté ? A part moi, personne ne te supporterait. Et je suis le seul assez doué pour cette tâche. »

Ses mots ne diraient jamais aussi bien la vérité que son cœur. Mais, c'était suffisant, pour l'instant.

« Réflexion faite, je retire ma proposition. Je ne crois pas que tu le mérites. »

« Ha ha ha… »

Fumi Yujin et Brynhildr.

Jumeaux de l'Intelligence, l'Impétueux et l'Illustre, qui engloutissaient chaque pas vers la gloire. Un rêve de grandeur aussi ancien que la vie, où un Dragon déchirait le ciel et une Forêt dévorait la terre.

Peut-être, un jour…

Et nous jurons de mourir le même jour, le même mois, la même année. Que chaque instant qui passe soit un moment d'harmonie entre nous, où nous avancerons ensemble. Unis à jamais, sur cette terre qui contemplera notre œuvre. Nous tracerons un chemin vers la gloire…

La porte grinça doucement.

« Ah, vous étiez là, les garçons ? Dites, c'est vous qui avez mon exemplaire du Kama Sutra ? Je ne le retrouve plus… »

Grand moment de silence. Et puis…

'Puisque la vie a décidé de me haïr, je vais haïr la vie.'

« Mortem dolor aeternum… »

La pile de livres tomba, alors qu'une main tentait de l'arrêter.

« Leo, cesse ce Sort immédiatement ! Et c'est toi qui parlais de me contenir ?! »

« Ne sois pas hypocrite. Je t'ai vu rassembler ton Energie Métaphysique… ! »