Bonjour à tous. Après un petit essai de romance pure (Ce n'étais qu'un tout petit cadeau), voici ma seconde fic basée sur Naruto. Elle s'annonce nettement plus longue, plus variée et plus sombre que la précédente. Je n'introduirai aucun nouveau personnage dans cette histoire et j'essaierai de rester fidèle aux caractères principaux des personnages, même si les liens existant entre les différents protagonistes sont appelés à changer. J'espère que vous prendrez plaisir à lire ce récit. N'hésitez pas à me laisser des commentaires, critiques ou suggestions en cours de route. J'ajoute, pour la forme, que les personnages, lieux et circonstances évoqués dans cette histoire sont tirés d'un emprunt non autorisé, donc tout à fait illégal, par les ayants droits de l'œuvre intitulée Naruto.
Ces petits préliminaires achevés, place à l'histoire et bonne lecture.
LE SOUFFLE DU NEANT
CHAPITRE 1 : RETROUVAILLES
Désert de Suna, 21e jour de l'été, 395e année du calendrier en vigueur dans les douze pays connus du grand continent. Emmitouflées dans de longues houppelandes brunes, trois silhouettes avançaient péniblement en direction de la forteresse de Kyon, dont les hautes murailles pourtant toutes proches restaient cachées derrière l'épais voile de sable que le vent soulevait depuis un bon quart d'heure. Les tempêtes qui sévissaient dans cette région étaient réputées pour leur violence. Aucun être vivant ne pouvait y survivre s'il ne trouvait à s'en abriter. Sans échanger un mot, les fuyards forcèrent encore l'allure. Deux d'entre eux boitaient pourtant, leurs démarches mal assurées montrant qu'ils arrivaient au bout de leurs forces. L'atmosphère saturée de poussière était à peine respirable, la chaleur étouffante. Les voyageurs mirent encore une douzaine de minutes pour atteindre les grandes portes de pierre. Les gardes, qui, visiblement les attendaient, les firent rentrer en toute hâte. Une fois gagnés les abris souterrains aménagés à trente mètres sous la surface brûlante du désert, les trois compagnons s'autorisèrent enfin une halte, et retirèrent leurs capuches.
« Sains et saufs une fois de plus, constata dans un souffle un homme aux cheveux déjà gris malgré son jeune âge, lui qui n'avait pas encore quarante ans.
- Une chance que vous ayez pu atteindre la passe avant que notre équipe ne se replie, lui répondit un second, nettement plus âgée, au visage buriné par le soleil. Sans guide, vous n'auriez pas pu échapper au piège de la tempête.
- Nous vous devons une fière chandelle, c'est entendu, releva le premier, en remontant d'un centimètre l'étrange bandeau qu'il portait en travers du visage et qui lui cachait l'œil gauche. Et toi, Sakura, est-ce que ça va ? »
La jeune fille, complètement épuisée, s'était écroulée sur une marche pour récupérer. Le visage enfoui entre ses genoux, elle se contenta d'un grognement en guise de réponse. L'autre homme, qui ne s'était pas encore adressé à elle, la fixa quelques instants d'un air désolé, puis soupira.
« J'espère que vos amis ont fait une meilleur chasse, ne put-il s'empêcher de remarquer. Sans vouloir vous offenser en quoique ce soit, ni vous manquer de respect, ajouta-t-il précipitamment, pour rattraper ce qui ressemblait après coup à une maladresse.
- Vous ne nous offensez en rien, répondit l'homme aux cheveux gris. Nous avions une mission, nous avons échoué. L'ennemi a réussi a réussi à nous leurrer et nous avons perdu notre objectif. L'homme de l'Akatsuki que nous avons poursuivi était bien celui qui a capturé le Kazekage. Mais Gaara-sama n'était déjà plus avec lui.
- Vous pensez donc que notre seigneur Gaara-Sama est aux mains de ce traître de Sansori ? demanda le guide.
- C'est probable. A moins qu'un troisième membre de l'Akatsuki ne l'ai finalement récupéré entre temps… ou que l'équipe de Gaï Matto ne les aient interceptés.
- C'est là notre dernier espoir, Hakate san », constata sombrement l'homme de Suna.
Ayant un peu récupéré, les trois guerriers se relevèrent sans plus tarder et se mirent en marche vers la salle du grand conseil. Chemin faisant, Kakashi Hakate lorgna vers sa coéquipière et ancienne élève. Haruno Sakura avait le teint livide, comme si elle était sur le point de s'évanouir. Elle venait de prendre part à l'un des combats les plus rudes de sa jeune carrière, et avait dû aussitôt après dépenser une grande quantité de chakra, cette énergie interne si précieuse, pour le soigner, lui, son ancien mentor. Etait-il bien raisonnable de lui infliger un long et déprimant rapport de mission ?
« Deidera, est le plus grand maître connu à ce jour dans l'art de l'explosif, murmura-t-il a l'adresse de sa coéquipière. Contre un tel adversaire, il est illusoire d'imaginer s'en sortir sans dommage. Tu as fait un grand combat Sakura. Tu as prouvé que tu étais digne de ton titre de chunnin. Tu a fait honneur à ton nom, à ton village… et même à ton vieux professeur, ajoutat-t-il en souriant.
- Je vous remercie, Kakashi sensei, répondit formellement la jeune fille. Mais il n'en reste pas moins que nous avons échoué. Et que cet échec risque d'avoir de fâcheuses conséquences sur notre alliance avec Suna.
- Un ninja de Konoha ne perd jamais espoir, sourit l'homme. Tout n'est pas encore perdu. L'équipe huit n'a toujours pas donné de ses nouvelles. Et tu sais comme moi que Gaï est un terrible combattant. J'espère juste qu'il ne se sera pas fait piéger par la tempête.»
Le trio déboucha peu après dans une grande antichambre voûtée. Une jeune femme lâcha une exclamation en les voyant arriver, et se précipita vers eux.
«Hakate san, Sakura, fit-elle dans un sourire qui disait assez de joie, je commençais à être inquiète.
- Nous en sommes très touchés, mais je crains de devoir vous annoncer une mauvaise nouvelle, Temari sama, répondit le premier d'une voix douce. Nous n'avons pas pu récupérer votre frère, le kaze…
- Ne vous faites aucun soucis, il est déjà revenu, le coupa la jeune femme. Il a été ramené voici cinq heures environ et se trouve dans la salle de soins. Les médecins le disent hors de danger. Vous n'avez plus à vous inquiétez pour ça.
- Dieu soit loué, s'exclama Sakura. Alors, l'équipe de Matte sensei a réussi !
- Avez-vous des nouvelles de nos amis ? demanda Kakashi. L'équipe huit a-t-elle subi des pertes ?
- Vos compatriotes sont sains et saufs, répondit un homme au visage sévère, qui était venu se placer aux côtés de Temari. Deux d'entre eux souffrent de blessures sérieuses, mais aucun ne devraient garder de séquelles du combat. Ils ont reçu les meilleurs soins et se trouvent actuellement en salle de repos. Vous devriez vous y rendre sans tarder.
- Sensei, objecta Temari, ils faut que…
- Je sais que vous avez des tas de choses à dire à votre amie Haruno, la coupa son maître. Sauf votre respect, vous êtes aussi bavarde que notre seigneur votre frère est silencieux. Mais nos deux alliés ont des priorités. Ils sont épuisés, ont visiblement besoin de soins et désirent s'assurer de leurs compatriotes. Vous aurez tout le temps de leur parler par la suite. »
Obtempérant aux ordres, le guide qui avait mené Kakashi et Sakura jusqu'au portes de Suna les conduisit dans le bloc médical, et les confia aux bons soins d'une des médecins chefs. Une heure plus tard, les deux ninjas rejoignaient la première salle de repos à la recherche de leurs amis.
Kakashi les repéra sans peine. Tous les quatre étaient assis autour d'une table callée dans le fond de la pièce. Le maître du sharingan comprit tout de suite que quelque chose n'allait pas. Les quatre guerriers arboraient une mine sinistre. « La fatigue , songea Kakashi. Non, ce n'est pas ça. Rien à voir non plus avec leurs blessures. On dirait qu'ils ont été… choqués. Se pourrait-ils qu'ils aient croisé Itashi ? » Kakashi frémit rien qu'à l'évocation de ce nom. Ushiwa Itashi, le maître des illusions. Le ninja aux cheveux argentés l'avaient déjà combattu par le passé. Il était donc bien placé pour mesurer l'ampleur des dégâts psychologiques que pouvait causer l'ancien guerrier de Konoha à ses infortunés adversaires.
Sakura s'étonnait elle aussi de la mine sinistre de Gaï et de ses compagnons. Passe encore pour Hyuga Neji, d'ordinaire extrêmement froid et distant, qui souffrait qui plus est visiblement des yeux, puisque qu'on avait posé sur eux un large bandage cicatrisant. Mais comment expliquer le teint blafard de Tenten et de Rock Lee, les deux autres chunnins du groupe ? La jeune fille, d'ordinaire si bavarde, fixait silencieusement son bras droit platré, alors que le garçon, connu pour être l'un des ninja les plus exubérants de Konoha, se tenait droit et immobile, visage crispé, comme s'il retenait une sourde fureur. Gaï Matto, le sensei de l'équipe, quand à lui, avait le visage anormalement grave. Inquiète, Sakura s'approcha du groupe et tenta de dérider l'atmosphère.
« Et bien dites-donc les amis, heureusement que vous avez rempli la mission. Si vous aviez échoué, je n'ose même pas imaginer les têtes que vous feriez. »
Sa plaisanterie n'eût aucun écho. Pire même. En les voyant arriver, elle et son sensei, Gaï blêmit encore plus, si cela était possible. Les trois chunnins, eux, ne levèrent même pas la tête.
« Et bien, quoi ? poursuivit Sakura, qu'est-ce qui vous arrive ? Vous avez mis une trempe à l'Akatsuki, ramené Gaara à bon port, survécu à tout ça, et vous trouvez encore le moyen de faire la tête ?
- Sakura ! » jeta Kakashi d'un ton sec.
Puis, sans plus se préoccuper de sa coéquipière, Kakashi se rapprocha de Gaï.
« Gaï, mon ami, qu'est-ce qui ne va pas ? Pourquoi ces mines sinistres ? Vous avez accompli une mission très difficile sans subir aucune perte. N'est-ce pas réjouissant ?
- Nous… nous n'avons rien réussi du tout, Kakashi, murmura le sensei de la huitième équipe.
- Qu'est-ce que tu me chantes là ? C'est bien vous qui avez récupéré et ramené Gaara, non ? »
Avant que son ami n'ait pu répondre, Kakashi entendit l'un des soignants appeler son nom depuis l'autre bout de la pièce.
« Hakate Kakashi, Matto Gaï, vous et vos équipiers êtes demandés par le grand conseil de Suna et le kazekage, annonça l'homme en blouse blanche. Veuillez me suivre, s'il vous plait. »
Les ninjas de Konoha obtempérèrent sans un mot. Quelques couloirs et quelques escaliers plus loin, ils pénétrèrent à nouveau dans l'immense antichambre, puis se rendirent directement à la grande porte d'acier qui barrait l'accès à l'une des pièces les mieux surveillées de tout le village du sable. Un héro annonça leur arrivée et les portes s'ouvrirent à demi pour les laisser entrer en colonne par deux.
Huit hommes et neuf femmes en robe de cérémonie les attendaient, assis sur des trônes creusés dans des blocs de sable. Les sièges étaient disposés en demi lune sur une table de pierre surélevée d'une soixantaine de centimètres. Au centre de la figure trônait le kazekage en personne, Sabaku no Gaara seigneur du village caché de Suna. Le jeune homme, à peine plus âgé que Sakura, semblait avoir remarquablement récupéré de ses blessures.
Les six guerriers s'alignèrent comme il était de coutume en pareil cas, mais ne s'inclinèrent que brièvement. Les membres du conseil et le kazekage avaient beau compter parmi les personnes les plus importantes du pays du vent, les ninjas de Konoha n'étaient pas tenu de les vénérer, ni de les honorer plus que le strict minimum.
Gaara prit la parole.
« Ninjas de Konoha, je vous sais épuisés et affaiblis par les combats que vous avez menés au cours de cette périlleuse mission. Je ne vous infligerai donc pas le déplaisir d'un long rapport. Ceci d'autant que la situation est à présent maîtrisée. Je tiens cependant à vous exprimer officiellement toute ma reconnaissance. Vous avez répondu sans faillir à notre appel, honorant avec courage et grande force l'alliance entre Suna, village caché du pays du vent, et Konoha, village caché du pays du feu. Pour cela, vous serez largement récompensés, et vos noms seront favorablement cités auprès de votre seigneur l'hokage. »
Les six ninjas s'inclinèrent à nouveau devant le kazekage. Celui-ci reprit d'une voix moins solennelle.
« J'ai déjà entendu un récit circonstancié de mon propre sauvetage. Je suis bien conscient que ces événements ont pu… troubler ceux d'entre vous qui y ont pris part. Je suis bien entendu près, au regard de votre dévouement à mon endroit, à répondre à d'éventuelles questions, et à recueillir vos possibles requêtes. »
Intrigué par cette déclaration, Kakashi leva un sourcil et lança un regard interrogateur vers Gaï. Celui-ci s'était redressé. Il semblait chercher ses mots tout en se retenant d'exploser. Il s'était donc bien produit quelque chose d'inattendu durant le sauvetage. Mais quoi ?
« Vos remerciements nous vont droit au cœur, assurément, kazekage sama, finit par répondre le leader de l'équipe huit. Cependant, la tournure des événements qui ont amené à votre sauvetage nous a en effet profondément troublés. L'intervention d'une certaine personne, si c'est bien d'elle qu'il s'agit, revêtue qui plus est de l'uniforme des troupes de Suna a constitué pour nous une surprise particulièrement désagréable. L'hokage ne nous a jamais informé d'une telle possibilité. J'ai donc tendance à conclure que le seigneur Tsunade ignorait elle-même ce fait. Et j'ai peur qu'elle ne soit pas ravie d'en prendre connaissance.
- Pardonnez mon étonnement, Kazekage sama, se hâta de reprendre Kakashi après que Gaï ait cessé de parler. Ma coéquipière et moi n'étions pas sur les lieux au moment de votre sauvetage, comme vous le savez sans doute. Nous ignorions donc tout de l'intervention d'une tierce personne. Pouvons-nous savoir de qui parle notre ami ?
- De moi, Kakashi sensei » lança une voix venue du fond de la salle.
Une silhouette en houppelande noire jusqu'alors dissimulée derrière la grande table de pierre émergea lentement de la pénombre.
« Vous excuserez mon intrusion, kazekage, dit l'homme sur un ton étonnamment ironique. Mais je ne vois pas l'utilité de maintenir le suspens plus longtemps. »
Le son de cette voix étrangement familière fit tressaillir Kakashi, brutalement renvoyé plusieurs années en arrière.
« Impossible, murmura le jounin abasourdi… ça ne peut pas… Oh mon dieu, Sakura ! »
Le ninja se tourna brusquement vers la jeune femme. Celle-ci fixait le nouvel arrivant sans ciller. Elle était blême, et ses lèvres tremblaient. On aurait pu la croire effrayée. Mais ses yeux disaient bien autre chose. Ils n'étaient plus que colère et que haine. Comme si la redoutable chunnin n'attendait, malgré son état de fatigue avancé, qu'une confirmation visuelle pour se jeter à l'attaque.
« Dis moi, grinça-t-elle, dis moi que tu es bien mort, et que ce n'est pas toi… »
- Je crains fort que ce soit impossible », répondit le mystérieux individu en ôtant sa capuche, révélant un visage dur et pâle qu'éclairait sinistrement deux yeux rouges comme le sang .
Kakashi et Sakura avaient beau s'y attendre, la vue de leur ancien coéquipier leur souleva un haut le cœur. Le jeune ninja fut la première à réagir. Oubliant sa retenue, elle explosa dans un cri de colère.
« Comment oses-tu ? s'étrangla-t-elle presque. Comment oses-tu te présenter devant nous? Comment oses-tu être encore en vie après tout le mal que tu as fait ?
- Sakura, calme-toi » tenta de la reprendre son ancien sensei. Mais c'était peine perdue. La jeune fille était folle de rage. Ses mains chatouillaient déjà ses poches d'armes remplies de kunaïs et de shurikens sans même qu'elle en eût conscience.
« Tu n'est qu'un salopard, qu'une petite ordure de merde doublé d'un assassin, hurla la chunnin qui avait maintenant perdu toute contenance. Tu peux être fier de toi. Tu nous as bien baisé, ça oui, tu nous as tous baisé en beauté. Tu as trahi Konoha, tu as trahi l'hokage. Et tu nous a trahi nous, tes coéquipiers, nous qui te faisions confiance, nous qui avons tout fait pour t'accepter tel que tu étais. Comment as-tu pu faire une chose pareille ?
- Sakura, ça suffit comme ça, la coupa Kakashi.
- Non, ça ne suffit pas, hurla Sakura. Cette pourriture n'a aucune excuse. Il a tué la moitié des membres du conseil. Par sa faute, le village a failli disparaître. Et ton coéquipier, hein, ordure ? Celui que tu appelais mon ami, le seul sans doute, que tu ais jamais eu. Sais tu ce qui lui est arrivé, après que tu l'ais laissé pour mort à la frontière du pays du son ? As-tu eu vent de sa douleur, de la façon dont sa culpabilité l'a rongé et finit par le détruire ? As-tu eu le plaisir de savourer sa déchéance ? Tu as sali et brisé tout ce que tu as touché ou approché à Konoha, salopard. Et tout ça pour quoi ? Pour satisfaire ton misérable désir de vengeance. Tu es impardonnable. »
La main de la jeune ninja plongea brusquement dans une de ses poches d'armes, mais Kakashi bondit avant que sa coéquipière n'ait pu tenter l'irréparable. Il empoigna l'épaule de Sakura paralysant son bras d'une pression habile sur les points de compression situés sur le trapèze, puis la força sans mal à se retourner vers lui.
« J'ai dit, ça suffit, ordonna-t-il. Où te crois tu pour agir ainsi ? Nous ne sommes pas sur un champ de bataille. Sortir une arme en ces lieux et en présence des vénérables conseillers de Suna est un crime puni de mort. »
Sakura regarda son sensei, et rougit. Son visage arborait à présent un air égaré.
« Un seul écart de plus, l'averti son ancien professeur, et je te tue sur le champ. Tu as compris, Haruno ?
- Oui… sensei, balbutia la jeune femme, effrayée.
- Bien, Hakate san, lança d'une voix glaciale l'ancien membre de l'équipe sept. Maintenant que vous avez calmé la gamine, nous allons peut-être pouvoir parler sérieusement. »
Kakashi se retourna brusquement, lançant un regard terrible à son ancien élève. Les membres de l'équipe huit sursautèrent à l'insulte faite à leur amie. Pourtant, une telle arrogance n'avait rien de surprenant venant du traître qui se tenait devant eux. S'abstenant de répondre directement, Kakashi s'adressa au kazekage et à son conseil.
« Je vous prie de pardonner, seigneurs du pays du vent, l'attitude de ma coéquipière. Cependant, je dois avouer à regret que je partage la surprise, l'inquiétude et l'aigreur de mon camarade Gaï Matto. »
Le ninja au sharingan désigna son ancien élève du doigt.
« Vous n'ignorez pas que cet individu était un déserteur classé sur la liste noir du pays du feu. Vous savez aussi qu'il a été accusé d'avoir assassiné douze membres du conseil de Konoha et d'avoir tenté de tuer son propre coéquipier. Nos services de sécurité l'ont recherché activement pendant quatre mois avant de retrouver sa trace, et j'ai moi-même été chargé de son exécution. Je croyais avoir accompli ma mission, mais je m'aperçois aujourd'hui qu'il n'en est rien. Je m'étonne que Suna, principal allié de Konoha, ait pu accueillir en toute connaissance de cause un tel individu pour l'intégrer dans ses rangs, sans jamais nous donner la moindre information à ce sujet. Et j'ai bien peur que cette découverte ne remette en cause les accords passés entre nos deux nations. A moins, bien sûr, que Suna ne soit en mesure de fournir des explications jugées satisfaisantes par nos chefs. »
- Nous comprenons votre réaction, Hakate san, répondit Gaara, et pardonnons celle de votre équipière, au vu des circonstances. Néanmoins, j'ai peur que certains détails ne vous aient échappé. Nous avons connaissance, bien entendu, des charges qui pèsent sur votre ancien élève. Mais je vous rappelle que Konoha et Suna n'ont jamais signé d'accord de coopération en matière de sécurité intérieure, pas plus d'ailleurs que nos pays respectifs. Dans le cas qui nous occupe, nous n'avons même pas reçu de demande de recherche conjointe. Par conséquent, et dans la mesure où il en a reçu l'autorisation, votre ancien élève a tout à fait le droit de résider librement à Suna, d'y travailler et d'y être protégé par nos lois et même par les accords qui nous lient à nos alliés, sans jamais, bien entendu, que nous n'ayons à en référer aux autorités de Konoha ou à celles du pays du feu de quelque façon que ce soit. Je serais fort surpris, Hakate san, que le fin juriste que vous êtes trouve le moyen d'affirmer le contraire. »
Kakashi ne répondit rien. Parce qu'il n'y avait rien à répondre. Il répugnait à se l'avouer, mais devait se rendre à l'évidence : juridiquement, le raisonnement du Kazekage était absolument inattaquable. 'Diplomatie et morale font décidément bien mauvais ménage', songea le ninja.
« Puis-je vous demander, Kazekage sama, si votre position officielle en la matière se limite à cette simple référence ? », intervint Gaï d'une voix plus aigre que la bienséance ne l'aurait permis.
- Elle pourrait, répondit Gaara. Mais rassurez-vous, Matto Gaï, je n'ai pas l'intention de laisser ce malentendu peser sur les relations que nous avons établies de haute lutte entre nos villages et nos pays respectifs. La présence d'un homme inscrit en tête de la liste noire de Konoha dans les rangs de mon armée a beau vous inquiéter, je puis vous assurer qu'elle est parfaitement justifiée et qu'elle sert admirablement les intérêts de notre alliance. Il va d'ailleurs vous échoir d'en prévenir votre seigneur l'Hokage. Celle-ci ne manquera pas, j'en suis sûr, de partager mon analyse de la situation.
- Que voulez-vous dire par là ? » demanda Kakashi, dérouté.
Gaara sourit et sorti des plis de son vêtement un petit coffret scellé qu'il montra aux guerriers du village la feuille.
« Ceci contient un message très explicite à ce sujet, leur révéla-t-il. Les informations qu'il contient sont strictement confidentielles et ne doivent être lues que par le seigneur Tsunade elle-même, à qui elles doivent être données en mains propres. Je m'apprêtais à lancer une équipe chargée de cette mission lorsque l'Akatsuki a attaqué le village pour m'enlever. J'ignore si ceci à un rapport avec cela, mais puisque vous êtes présents, j'aimerais, même si je ne peux vous en donner l'ordre, que vous assuriez vous-même ce transport.
- Cette mission me paraît être de la plus haute importance, Kazekage sama, répondit Matto Gaï, un peu plus calme qu'au début de l'entretien. J'ai peur que nous ne soyons pas en état de la mener à bien. Nous sommes trop affaiblis pour être en mesure d'assurer efficacement la protection de cet objet.
- Vous n'aurez pas à vous soucier de cela, sourit à nouveau Gaara. Cette protection, ainsi que la vôtre, par la même occasion, seront assurée par ma meilleure équipe… réunie pour la circonstance. Mes hommes vous escorteront jusqu'à Konoha. Votre charge sera simplement de vous assurer que l'objet parvienne bien à l'Hokage et à personne d'autre.
- Quand devons nous partir ? s'enquit Kakashi, ce qui équivalait à un accord tacite.
- Les rapports médicaux vous concernant stipulent que vous serez aptes à faire la route dans quatre jours. Le temps nous est compté, j'en ai peur, mais nous pouvons tout de même nous permettre d'attendre jusque là. Un message a déjà été envoyé à Konoha. Nous devrions avoir la réponse d'ici deux jours. En attendant, reposez-vous et reprenez des forces. Une équipe de soin est à votre entière disposition. Elle vous attend dans vos quartiers. »
Le Kazekage mit ainsi fin à l'entretien. Les ninjas de Konoha s'inclinèrent, désorientés, puis sortirent de la salle, non sans avoir jeté un dernier regard, et pas des plus amicaux, à leur ancien camarade, qui s'était rapproché des conseillers à l'appel de son nom.
Pris en charge par trois ninjas du sable, les guerriers de Konoha rejoignirent leurs quartiers sans dire un mot. Lorsqu'ils furent arrivés à destination, on leur présenta deux larges suites chacune étant aménagées pour recevoir une équipe aussi confortablement que possible. Mais Kakashi, Gaï et leurs équipiers n'étaient pas en mesure d'apprécier cet honneur. Ils étaient bien trop troublés par ce qui venait de se passer. Ils cherchaient à comprendre. En vain. Et Sakura tremblait d'une rage sourde. Elle fut la première à rentrer dans ses appartements, claqua la porte derrière elle.
Visiblement inquiet, Gaï Matto, surmontant sa propre douleur, s'approcha de Kakashi.
« Si vous avez besoin de parler, toi et Sakura, je…
- Non, le coupa brutalement Kakashi, avant de se reprendre et de poursuivre plus doucement. Nous avons besoin de rester seuls. Vraiment seuls. Mais merci quand même.»
Le ninja au sharingan entra dans sa suite et s'enferma dans sa chambre. Il s'écroula sur son lit. « Comment tout ça a-t-il pu arriver, finit-il par murmurer. Comment ai-je pu laisser faire ça ? Et toi, au nom du ciel, comment peux-tu être encore en vie ? »
