Chapitre 1
C'était une belle nuit d'été. La fillette se remémorait l'incroyable et magnifique journée qu'elle avait passée avec ses parents, couchée dans son petit lit et couverte jusqu'au menton par ses draps roses.
Le matin-même, son père était venu la réveiller pour qu'elle s'habille et qu'elle descende prendre son petit déjeuner. Elle lui avait demandé pourquoi mais il lui avait répondu que c'était une surprise et avait quitté sa chambre sans autre explication. Elle avait donc bien vite enfilé la tenue que sa mère lui avait préparé la veille, avait dévalé les escaliers et était entrée, presque en courant, dans la cuisine. Là, ses parents l'attendaient, avec un grand sourire sur leurs visages, devant un somptueux petit-déjeuner. Elle s'était régalée en mangeant des œufs brouillés, du bacon, des saucisses, des haricots, des champignons et de succulents toasts beurrés avec soin par sa maman. Une fois leurs estomacs bien remplis, ses parents lui avaient alors révélé qu'ils allaient tous aller à Londres pour visiter le fameux zoo dont elle ne cessait de leur parler depuis le début des vacances. La petite fille, aux anges, sauta au cou de sa mère puis de son père et, pour les remercier, les avait couverts de bisous. La petite famille avait alors quitté sa demeure et prit le train pour Londres.
Arrivés là-bas, ils avaient passé la journée au zoo pour admirer toutes les créatures sauvages et fantastiques que les enclos recelaient. La fillette s'était émerveillée en découvrant les éléphants, les rhinocéros, les girafes, les ours, les hyènes, les aigles, les perroquets, les tigres, … Mais ce qu'elle avait le plus apprécié était incontestablement la fosse aux lions. Elle était restée plus d'une demi-heure à les observer ses parents avaient dû la convaincre de continuer leur promenade pour voir le reste des animaux. Avant de sortir du zoo, son père lui avait offert une délicieuse glace au chocolat et sa mère lui avait acheté une peluche représentant un lion à la boutique-souvenir. La petite fille, ravie, ne l'avait plus lâchée depuis.
D'ailleurs, elle serrait toujours l'animal en peluche contre sa poitrine, en essayant de trouver le sommeil après une journée si riche en émotions. Cela faisait environ une heure qu'elle avait embrassé son père puis suivit sa mère jusque dans sa chambre où elle l'avait mise au lit, après lui avoir raconté une histoire de chevaliers et de princesses, embrassée sur le front, et souhaité une bonne nuit remplie de doux rêves.
Ses yeux étaient sur le point de se fermer quand, tout à coup, elle entendit un immense fracas. On aurait dit que quelqu'un avait fait voler la porte d'entrée en éclats. Inquiète, elle se redressa sur ses coudes et tendit l'oreille. Elle entendait les voix paniquées de ses parents, ils semblaient parler à des gens. Puis des rires s'élevèrent du salon, où se trouvaient son père et sa mère, suivis presque aussitôt de cris de douleur. La petite fille se mit à trembler, elle savait ce qui se passait en bas : des inconnus étaient en train de torturer ses parents. Les entendre hurler de douleur lui était insupportable. Elle savait pertinemment que, du haut de ses neuf ans, elle ne pourrait certainement rien faire pour empêcher ces gens de faire du mal à ses parents néanmoins, tenant toujours son lion en mains, elle se leva et, sur la pointe des pieds, descendit les marches pour gagner le salon.
Arrivée devant la porte restée entrouverte, la fillette écarquilla les yeux face à la scène épouvantable qui s'offrait à elle. Deux hommes, vêtus de longues capes noires et de masques, pointaient ce qui ressemblaient à des baguettes magiques sur ses parents, en prononçant un mot qu'elle ne comprenait pas et qu'elle n'avait jamais entendu nulle part : Endoloris ! Ces hommes n'avaient pas d'armes, ils ne touchaient même pas ses parents mais son père et sa mère étaient au sol, secoués de spasmes et de tremblements, hurlant de douleur. La petite songea que ces hommes en noir étaient des sorciers. Bien qu'on lui eut toujours dit que la magie n'existait pas, ce qu'elle voyait laissait peu de place au doute. Ces hommes, affublés de robes noires, de capes et de masques, ne pouvaient être que des sorciers et ils torturaient ses parents à distance grâce à leurs baguettes magiques.
Pétrifiée devant la porte, une main sur la poignée, elle s'apprêtait à entrer dans le salon pour leur crier d'arrêter quand, soudain, les deux hommes prononcèrent une autre formule magique et des éclairs de lumière verte jaillirent de leurs baguettes pour venir frapper ses parents. Ils étaient tous les deux étendus à terre, ils ne bougeaient plus… La phrase résonnait encore dans la tête de la fillette : Avada Kedavra… Ils étaient morts… Elle en était certaine. Elle voulut foncer dans la pièce pour marteler ces deux hommes de toutes ses forces avec ses petits poings mais deux bras vigoureux la retinrent.
Un autre homme se tenait derrière elle. Il avait placé une main sur sa bouche pour éviter qu'elle ne crie et son autre bras avait emprisonné ses petites mains et la maintenait collée contre lui. Il la souleva et, d'un pas leste mais rapide, l'emmena à l'étage, dans sa chambre. Parvenu là-haut, il retourna la fillette pour qu'elle se retrouve face à lui mais garda sa main sur sa bouche. La petite, effrayée, regarda l'homme droit dans les yeux, deux énormes larmes roulant sur ses joues enfantines. C'était un homme jeune, il ne devait pas avoir plus de vingt ans ses yeux tout comme ses cheveux étaient d'un noir ébène, il avait la peau très blanche, de fines lèvres et un nez crochu. Lui aussi portait une cape noire mais il avait ôté son masque. Elle le vit s'accroupir pour être au même niveau qu'elle puis elle l'entendit lui dire :
« Tu dois m'écouter très attentivement et me faire confiance, d'accord ? »
La petite acquiesça.
« Les hommes qui sont en bas, s'ils te trouvent, te feront subir le même sort qu'à tes parents. »
Le regard lagon de la fillette se remplit une nouvelle fois de larmes mais elle continua d'écouter l'homme avec attention.
« Je suis un sorcier. Tu vas te cacher dans cette armoire et je vais te jeter un sortilège pour te rendre invisible. Tu ne devras pas faire de bruit et ne surtout pas bouger. Tu resteras là jusqu'à ce que je revienne lever le sortilège. Tu m'as bien compris ? »
Elle fit un signe de tête pour acquiescer.
Il ôta sa main de sa bouche puis la mena jusqu'à la garde-robe dans laquelle elle prit place. La petite n'avait pas prononcé un seul mot.
« Tu vas ressentir une étrange sensation quand je jetterai le sort. Ce sera comme si l'on te versait un seau d'eau glacée sur la tête puis le froid se répandra dans tout ton corps. D'accord ? Mais c'est normal, tu ne dois pas t'inquiéter.
- Oui, monsieur. »
À ce moment, il entendit les pas de ses deux acolytes dans les escaliers. Il croisa le regard terrifié de la fillette, lança le sortilège de Désillusion puis referma aussitôt l'armoire.
« Alors, Rogue, tu as trouvé quelque chose ? interrogea le premier homme.
- Non, rien.
- Pourtant, on dirait bien que ces deux sales Moldus avaient un gosse. C'est une chambre de gamine ça, intervint le second.
- Ça m'en a tout l'air mais, apparemment, elle n'est pas là, répondit Rogue.
- Et où est-elle ? demanda le premier Mangemort.
- Chez ses grands-parents ou chez des amies sans doute… Que voulez-vous que j'en sache ? répliqua Rogue.
- Dommage… Je lui aurais bien fait sa fête moi à cette gamine… »
L'autre Mangemort retroussa ses lèvres et approuva son compagnon d'un signe de tête. Déçu, il questionna Rogue :
« Tu es sûr qu'elle ne s'est pas caché quelque part ? Tu as regardé partout ?
- Oui, pendant que vous torturiez ces Moldus, j'ai fouillé toutes les pièces de la maison, regardé sous les lits, dans les armoires et dans les placards : rien. Jetez-y un coup d'œil vous-mêmes si vous ne me croyez pas.
- OK, Rogue, OK. Te fâche pas… Tu es vexé qu'on ne t'ait pas laissé t'amuser un peu avec les Moldus ?
- …
- Allez va ! La prochaine fois, ce sera toi qui entameras les réjouissances. Ça te va ?
- Très bien.
- Bon, on s'en va. Le maître attend notre rapport. »
Severus Rogue et Nott étaient sur le point de partir mais Antonin Dolohov voulut vérifier dans la garde-robe. Il l'ouvrit, fouilla un peu parmi les vêtements puis il se fit rappeler à l'ordre par Nott :
« Bon, tu viens maintenant ! On fiche le camp, j'ai dit ! »
Il referma l'armoire et suivit les deux autres, visiblement très déçu et contrarié.
La petite fille, dans sa garde-robe, avait cessé de respirer pendant au moins une minute. Elle avait été épouvantée de voir cet homme si près d'elle, il l'avait presque frôlée… Elle était toujours collée contre le fond de l'armoire et, lorsqu'elle entendit que les trois hommes étaient partis, elle se laissa glisser le long de la paroi et fondit en larmes.
Pendant ce temps, Rogue, Dolohov et Nott avaient rejoint les autres Mangemorts au Manoir Malefoy pour rendre compte à leur maître de leurs exploits nocturnes. Le Seigneur des Ténèbres écoutait avec ravissement le récit de tous les actes odieux et des crimes que ses fidèles Mangemorts avaient commis en son nom à l'encontre des Sang-de-Bourbe et des Moldus durant la nuit. Il programma une nouvelle série de crimes pour la semaine prochaine puis congédia ses fidèles. Ils se séparèrent tous et transplanèrent chacun pour rejoindre leurs domiciles respectifs.
La fillette, toujours assise dans son armoire, sursauta quand elle entendit un pop. Elle vit la porte s'ouvrir et se recroquevilla en serrant sa peluche contre elle de toutes ses forces.
« N'aies pas peur, c'est moi. Je suis revenu pour lever le sortilège. »
La petite rassembla tout le courage qui lui restait pour lui répondre :
« Je suis là. »
Et, avec sa petite main, elle tira légèrement sur sa cape.
Rogue pointa alors sa baguette magique dans sa direction et lança le contre-sort. Il examina la fillette, hésitant. Elle leva ses yeux vers lui et lui demanda :
« Qu'est-ce que vous aller me faire ? »
Estomaqué, Rogue répondit :
« R… Rien… Je… Je vais te conduire jusqu'à la prochaine maison. Je te laisserai devant la porte et tu expliqueras à tes voisins que des gens sont entrés chez toi et ont tué tes parents. Ne parle pas de magie, de sortilèges ou de baguettes. De toute façon, personne ne te croira.
- D'accord. »
Rogue hésitait toujours à lui jeter un sortilège d'Amnésie quand elle lui dit :
« Je vous promets que je ne parlerai de magie à personne, monsieur. Je ne dirai rien, je vous le jure. »
Il la jaugea du regard puis, finalement, la prit par la main, la conduisit chez ses voisins les plus proches (dont la maison se trouvait à environ deux cents mètres de la sienne), la laissa devant la porte et transplana.
