Les AU se succèdent dans ma tête et certains poussent un peu plus fort que d'autres.. Jack et 9 sont mes bébés depuis longtemps, et je suis heureuse d'avoir réussi à mettre en page ce scenario :)

Les couples présents risquent de surprendre, mais j'aime écrire sur des choses pas communes :) On parle de Jack, il y a donc quelques références à Torchwood, mais rien qui soit incompréhensible si vous ne l'avez pas vu (rho! Allez voir!)

Donnez-moi votre avis, surtout si vous voulez les 6 chapitres suivants déjà finis *smirk*

Bonne lecture!


Chapitre 1


Lord Harkness ne put contenir un sifflement frustré : le parchemin se froissa entre ses doigts alors qu'il l'écrasait, excédé. Fermant les yeux, il se dirigea vers le vitrail composant la fenêtre de sa chambre, s'y appuyant alors qu'il tentait de retrouver son calme. La même fenêtre laissée ouverte par l'espion qui attendait patiemment sa réponse.

Derrière eux, le feu craquelait dans la large cheminée de pierre, réchauffant la pièce aux murs recouverts de tapisseries délicates. Le large lit ouvragé occupant une partie de la pièce était recouvert de livres de tout type, dénotant un appétit élevé pour la culture confirmé par l'immense bibliothèque dissimulant un des murs.

Le bureau recouvrant un des angles de la pièce, néanmoins, rappelait l'origine puissante du maitre des lieux. Sur le meuble étaient posés divers parchemins, devant lesquels s'alignaient plumiers, encre, mais surtout, le sceau ducal.

Lord Harkness ouvrit la bouche, avant de la refermer immédiatement. Il baissa les yeux vers la petite boule de papier froissée, son esprit répétant en silence les mots lus et relus.

La lettre du roi John.

L'un des – non, le souverain le plus dangereux des cinq royaumes. Rusé, manipulateur, tacticien, stratège, meneur de foules comme personne.

Dangereux.

Jack serra les dents.

Pourquoi voulait-il le rencontrer en secret? Quelle idée folle était-elle née dans l'esprit de la Tempête des cieux? L'homme qui avait ramené la paix dans un royaume alors à feu et à sang ne pouvait pas simplement vouloir boire le thé.

Les yeux de Jack se posèrent sur les lumières illuminant le lointain : là, à quelques kilomètres à peine, s'étendait la capitale de Boeshane. Le port de Kentir était l'un de ceux les plus réputés de la péninsule, et de loin l'un des mieux équipés. Si le duc se penchait légèrement, il pourrait apercevoir les trois phares étincelant dans la nuit noire, éclairant la baie et les milliers de bateaux qui y avaient trouvé refuge jusqu'au lever du jour.

Un faible sourire étira les lèvres du jeune homme. D'ici quelques heures, les marins lèveraient silencieusement l'ancre, leurs navires remontant la baie avant de longer les épaisses murailles de pierre. Celles reconstruites sur son ordre après leur destruction, il y avait cinq années de cela.

Le sourire du duc disparut à ce souvenir. Son regard se durcit alors qu'il enterrait les terribles images des invasions qui avaient ravagé le royaume, le laissant en cendres et brisé.

Le duc est mort, vive le duc !

Jack ? Où est papa ? Jack ?

Je n'y arriverai pas, Martha ! Je ne veux pas de cette place !

Le duché est vôtre, sire. Quels sont vos ordres ?

Un sifflement furieux s'échappa des lèvres de ce dernier alors que sa main venait frotter machinalement la bague ducale qu'il portait nuit et jour au doigt: le son fit frissonner l'espion, qui déglutit, ses mains se contractant alors qu'il s'obligeait à garder une expression impassible.

Le jeune homme était loin de manquer d'expérience, mais cette mission était de loin la plus éprouvante qui lui avait été confiée. De sa réussite dépendait l'avenir de deux royaumes.

Jack pivota sur ses talons pour le fixer, son expression aussi froide que l'air ambiant de la nuit. Son long manteau bleu voleta autour de lui se faisant, avant de retomber avec grâce sur son ensemble noir, semblant l'envelopper d'une aura surnaturelle. Ses yeux semblaient lire de l'intérieur son interlocuteur alors qu'il étudiait son expression neutre, son regard se posant sur la tenue de camouflage du messager.

Son peuple l'appelait L'immortel, parce qu'il avait survécu seul à une armée entière : la légende disait qu'il les avait tous massacrés un à un, simplement armé de son épée et son arc. Lorsque les secours étaient enfin arrivés, cela avait été pour le découvrir debout au milieu de champ de cadavres, le corps dégoulinant de sang. Lequel était le sien, lequel était celui de ses ennemis, l'histoire ne le disait pas.

Mais ce jour-là, la légende était née. Celle de l'homme qui avait chassé les envahisseurs, au prix des plus terribles des sacrifices.

Le duc devait certainement connaître ce récit. Qu'en pensait-il ? Lui dont le bras gauche portait pour toujours les cicatrices de ces combats, les brûlures jamais totalement disparues.

Mickey se sentit tressaillir de nouveau sous le regard brûlant le dévorant : n'aurait-il pas connu son identité, il aurait été capable de la deviner simplement par la puissance qui se déversait de ces deux orbes bleu nuit.

Le roi John possédait les mêmes. Était-ce une caractéristique des grands hommes de pouvoir vous faire sentir minuscule juste par un simple coup d'œil ? Mickey avait la sensation d'être étudié comme le serait un sujet d'expérience, et ce alors que le duc n'avait toujours pas prononcé un seul mot depuis sa lecture.

Cela ne voulait pas dire que le jeune homme voulait qu'il parle, bien au contraire. Non pas qu'il lui montrerait sa peur, bien sûr.

C'était inutile, il la connaissait déjà.

-Pourquoi ?

Le mot avait été prononcé avec froideur, le maître des lieux le dévisageant avec une impatience évidente. Mickey s'assura de bien le regarder dans les yeux lorsqu'il répondit :

-Nos deux royaumes ont chacun souffert de la guerre. Mon seigneur souhaite une union, pour assurer une paix durable.

Jack constata avec un certain plaisir que le gamin n'avait pas cillé en lui répondant. Bien. Il aimait les hommes braves.

-Nous sommes déjà en paix.

-Une paix fragile et tendue, qui peut rompre à n'importe quel accident. Les Sontariens n'auront plus alors qu'à venir se servir, répliqua le jeune espion.

Si l'ambiance était loin d'être cordiale jusqu'à présent, elle devint glacée à la mention des envahisseurs. La fureur glacée qui émana des prunelles de Jack aurait fait fuir n'importe quelle foule pourtant, Mickey demeura de marbre.

Soit il était de la trempe des plus courageux, soit il était complètement stupide.

Peut-être que le roi John ne l'avait pas envoyé par hasard.

-Les Sontariens ont détruit plusieurs royaumes sur leur passage .. Ils détruisent, pillent et tuent sans la moindre pitié. Leur simple nom fait pleurer les enfants et frémir les anciens. Ils sont un cauchemar, murmura l'intéressé. Mais ce n'est pas à vous que je l'apprendrais, souffla-t-il en lui lançant un regard troublé.

-Comment oses-tu? grogna Jack.

Ce gosse – il avait quoi, à peine dix-huit ans ? D'où sortait-il pour occuper un tel poste ? - parvenait à traverser les barrières qu'il s'était construite avec une facilité effrayante. Jack détestait cela. Seuls Gray et Martha possédaient ce pouvoir.

La pensée de son frère et sa confidente augmenta sa colère. Le feu qui brûlait constamment en lui se réveilla, augmenté par sa rancœur à l'égard de l'autre souverain. Avant que Mickey n'ait eu le temps de voir venir l'attaque, le duc le saisissait par le col, le soulevant sans difficulté pour le plaquer contre le mur collant la fenêtre. À à peine deux mètres à sa droite s'étendait le vide.

-Parle! siffla-t-il. Pourquoi ton roi veut-il me voir en secret? Lui qui n'a rien fait quand mon peuple se faisait massacrer! Quand mon propre père mourrait des mains de ces monstres! Pourquoi n'était-il pas là, lui qui se proclame homme de paix? Gallifrey possède la meilleure armée des cinq royaumes, les armes les plus puissantes! Vous pouviez nous sauver!

Des années de rage et colère noire venaient d'exploser, ne laissant que fureur et désespoir dans son sillon. Les Sontariens n'avaient pas fait que massacrer le peuple de Jack, il lui avait aussi arraché l'homme qu'il aimait le plus au monde. Le roi John, supposément leur allié, n'avait pas bougé malgré leurs appels à l'aide.

Lui et Jack entretenaient une paix à peine cordiale depuis l'avènement du jeune homme. Ce dernier tolérait le passage de Gallifreyiens dans son royaume, mais ne faisait rien pour encourager leur venue. Comment leur roi osait-il demander une entrevue aujourd'hui ?

Au milieu de la hargne qui le secouait, Jack distingua un long râle : il cligna des yeux en réalisant qu'il était en train d'étouffer le gamin. D'un geste du poignet, il le lança sur le sol, son épée se posant sur sa nuque la seconde suivante.

Mickey s'était recroquevillé, inspirant le plus vite et silencieusement possible. Son roi l'avait averti d'une telle possibilité, mais cela ne signifiait pas que la vivre en était plus agréable. Tous ses instincts de préservation lui hurlaient de ne pas bouger, au risque de subir une mort longue et douloureuse.

Mais il avait toujours une mission à accomplir.

-Gallifrey a aussi été attaqué par les Sontarans, souffla-t-il. Pas seulement Boeshane.

-Votre technologie vous a épargné les pires combats ! Ton roi me prend pour un abruti s'il pense que je vais accepter de le rencontrer en privé ! C'est la pire tentative d'assassinat que j'ai jamais vues, siffla hargneusement Jack.

-Ass.. non ! Sire, il ne veut pas votre royaume !

-Pourquoi vouloir me voir, alors ? Il connait très bien mes sentiments à son égard! tempêta le duc.

-Il veut .. Une toux saisit Mickey, le forçant à inspirer de nouveau. Il veut .. Il veut la paix. Une paix assurée, pas instable et dépendante de traités qui disparaissent au moindre trouble. Il veut s'allier à vous, de manière durable. Unir les deux royaumes..

-… pour toujours, compléta Jack, ahuri.

Ce n'était pas possible; il avait dû mal entendre. Mais ici il se trouvait, dans sa chambre, au milieu de la nuit, en train de menacer un messager de sa lame. Un jeune espion qui était parvenu à remonter son royaume et entrer dans le parc du palais sans jamais être repéré. Jack lui-même ne l'avait entendu que trop tard, alors qu'il le fixait, accroupi sur la fenêtre.

Un être stupide l'aurait exécuté immédiatement : Jack avait choisi de l'écouter, en particulier quand le jeune homme s'était laissé glisser sur le sol au lieu de l'attaquer.

-C'est impossible, murmura-t-il.

Depuis le sol, Mickey secoua la tête.

-Rien ne l'interdit.. Un mariage fusionnant deux royaumes, ce n'est en rien nouveau.

-En rien nouveau? Est-il fou? Pourquoi l'épouserais-je? s'exclama Jack, furieux. Je n'ai pas besoin de lui pour protéger les miens ! Les Gallifreyiens nous ont laissé mourir ! Où était-il quand mes soldats baignaient dans leur sang ? Quand nous hurlions à l'aide ?

L'espion baissa la tête. Sa voix n'était qu'un souffle quand il ajouta :

-Je ne peux parler pour lui … Croyez-moi quand je vous dis qu'il veut vous rencontrer, à tout prix. Son sommeil est tout aussi mauvais que le vôtre, messire. Vous partagez les mêmes démons.

-Tu oses nous comparer? siffla le duc, sa lame dangereusement proche de s'enfoncer dans la nuque du soldat qui se redressa soudainement pour lui faire face, leur visage à quelques centimètres l'un de l'autre.

-Parce que vous êtes les mêmes. Vos peurs sont identiques. Vos attitudes aussi. Vous êtes deux hommes effrayés par ce qui se cache dans le noir. Le roi se bat contre elles, et il vous tend la main. N'allez-vous pas au moins lui laisser une chance de parler ?

-Ta loyauté à ton maitre en serait touchante si elle ne te rendait pas si insolent, grogna son interlocuteur.

-Il la mérite; il vous fait confiance pour prendre la bonne décision. Mickey recula, ses mains croisées dans son dos dans l'attitude typique du parfait soldat. Avait-il raison, Lord Harkness ?