Disclaimer : les personnages ne m'appartiennent pas, ils sont à Kazuya Minakura… mais ça ne gène pas pour les torturer à notre guise !

Pour le style je ne suis pas certaine d'être vraiment faite pour écrire des choses humoristiques, mais j'ai fait cette fiction (ce début de fiction) pour me détendre (je suis sur deux autres fictions déprimantes à souhait dont une publiée « un trip d'enfer », pfff…). Donc à mes temps libres j'ai essayé d'imaginer les deux grands fumeurs qui tentent d'arrêter de fumer. Ça a sûrement déjà été fait, mais vu que je n'ai pas lu de fic là-dessus ben je me permet de publier la mienne ! donc Sanzo et Gojyo torturés, Hakkaï et Goku ont la chance de s'amuser tout le long de la fic (aux dépends des deux autres bien entendu). Je préviens les fans de Sanzo, dans ce chapitre, il pète complètement un plomb !

J'aurais au moins bien ri en l'écrivant, j'espère que se sera aussi votre cas. Si ce n'est pas le cas je saurais alors que ma carrière d'humoriste dont je rêve tant est à laisser tomber... Le titre renvoie bien entendu au film « le pari » avec Bernard Campan et Didier Bourdon, pourtant l'idée elle-même ne vient pas du film je le jure, c'est après que j'ai fais le rapprochement (plaignez-vous à mon inconscient).

Bonne lecture et n'oubliez pas de mettre une petite review (elle peu être grande si vous le souhaitez) si ça vous a plût (et même si ça vous a pas plût, vous pouvez le dire).

« Le tabac c'est tabou on en viendra tous à bout »

chapitre 1

Tour se passa très rapidement. Après leur arrivée dans ce village ils constatèrent immédiatement le problème qui se présenta à eux. Problème qui leur parut par la suite bien dérisoire. A cause de nombreuses et fortes averses à répétition, le chemin qu'ils devaient emprunter était impraticable pour au moins 2 jours. Ce qui ne manqua pas d'agacer un certain moine dont la durée du voyage tapait déjà sur les nerfs, irritation dont les responsables étaient tous désignés sous les nom de Son Goku et Sha Gojyo. Seul Hakkaï le conducteur trouvait grâce aux yeux du moine, de part sa placidité et du fait qu'il est plutôt facile à ignorer, donc pas chiant. Une auberge, ils en trouvèrent une rapidement. Petit établissement honnête et sans prétention dont le garde manger offrait à Goku une large palette de saveurs et de textures à expérimenter. Ce qui plût beaucoup moins à Gojyo ce fut l'absence de divertissement nocturnes et la rareté des bars. La chambre fur commune, quatre lits afin de ne pas être séparés au cas où une quelconque bande de yokaï qui font une curieuse fixation sur un mystérieux sutra se mettent en tête l'idée de les attaquer.

L'action débute au début de la nuit, alors que chacun des quatre membres du Sanzo-ikku digérait en vacant à des occupations pour le moins futiles dans la chambre. Trois d'entre eux jouaient aux cartes. La partie en cours était pimentée par les cris colériques de Gojyo dont l'humeur eu largement le temps de se dégrader face aux victoires à répétition d'Hakkaï. Celui-ci, sentant son compagnon s'énerver, avait déjà plusieurs fois proposé d'en rester là, mais le métis tenait à avoir sa revanche, dut-il y passer la nuit entière ! ce qui par contre était en mauvaise voie pour tenir aussi longtemps, c'était son paquet de cigarettes, très éprouvé par cette partie de carte. A l'autre bout de la pièce siégeait sa seigneurie le moine Sanzo, le plus haut moine de la hiérarchie qui enchaînait cigarette sur cigarette, une canette de bière à sa portée, un journal dans les main. Les lunettes vissées sur le nez, avec un froncement de sourcil appuyé il lisait un article, caressant le vain espoir de réussir à se concentrer malgré l'agitation de la partie de carte en face de lui. Il porta la main pour la énième fois de la soirée à son paquet de cigarette. Il lui parut bien léger quand il le saisit. La cause de cette soudaine perte de poids fut bien évidemment le vide qui l'habitait à présent. Le moine le froissa avec un grognement de mécontentement. Il posa son journal et regarda avec une extrême lassitude dans les yeux le seul autre fumeur de la pièce. Il était trop tard pour se racheter un paquet de cigarettes, pourtant il avait besoin de fumer, au moins encore une pour la soirée, la dernière. Pourtant, l'idée de demander quelque chose à un kappa très excité et énervé ne lui paraissait pas vraiment bonne. De plus la pensée de devoir quoi que se soit à son très bruyant compagnon lui assenait un sacré coup à sa fierté. Lui, Sanzo, le bonze Sanzo, le leader de leur groupe, s'abaisser à demander une clope à un kappa dans l'genre ? il s'en serait presque étouffé ! montrer sa faiblesse, qu'il a besoin de nicotine… il s'en passerait bien, mieux il ne voudrait jamais à avoir à faire ça ! et pourtant… ces derniers jours ses nerfs furent largement poussés à bout. Il l'avait remarqué, sa consommation de tabac avait beaucoup augmentée. Il se mordit les lèvres, oh et puis merde !

-Gojyo ?

Le concerné se retourna avec brusquerie. Il écrasa son mégot dans sa canette vide tendant déjà la main vers son paquet.

-Quoi ?

-Tu me dépanne d'une clope.

Gojyo regarda dans son paquet et eu un sourire sardonique.

-Ah ! désolé, j'peux pas.

-Comment ça tu peux pas, tu t'fout de ma gueule ?

-Nan, mais il m'en reste plus qu'une.

-Donne la moi.

-Hein ! t'es malade, elle est pour moi !

A ce moment précis, Sanzo aurait pu laisser tomber. Une cigarette de plus ou de moins… mais ce n'était pas n'importe quel soir. Des jours d'énervement contenu, une fierté à préserver, un orgueil qui ne souffrait pas d'une nouvelle épreuve, et ce fut le drame.

-Nan, elle est pour moi.

-C'est mon paquet ! elle est a moi et t'as rien à redire, bonze de merde !

La sagesse aurait retenu ces malheureuses paroles, mais c'était sans compter la volonté très développée du métis ainsi que sa mauvaise humeur actuelle. D'ailleurs se battre un peu, même que verbalement, contre le bonze allait le défouler un peu ! Il le fixa avec un sourire satisfait. Sanzo grinça des dents, bon sang, il allait lui chouraver sa dernière cigarette ! Sentant le bouillonnement interne du moine Hakkaï se demanda s'il allait ou non intervenir en prévision de l'éclat qui ne manquerait pas de suivre.

-C'est pas ton paquet.

-Ah si , je peux te l'assurer !

-Nan, c'est la trinité bouddhique qui l'a payer, il autant à toi qu'à moi. Donne moi cette dernière cigarette.

Hakkaï décida que, finalement, son intervention ne pourrait au pire pas dégrader la situation, alors…

-Si ce paquet appartient à vous deux, il est aussi à moi et Goku, alors arrêtez un peu de vous chamailler, sinon c'est moi qui la prendrais la dernière cigarette !

Sanzo et Gojyo fixèrent Hakkaï de façon peu rassurante pour l'ancien humain. Il ne se laissa pas démonter pour autant et se saisit du paquet de cigarette.

-Tu fume, elle est à moi cette cigarette, c'est moi qui suis allé acheter le paquet !

-Nan, elle est à moi, alors tu seras bien gentil Hakkaï et tu vas m'apporter ce paquet tout de suite.

Le ton était sans réplique, pourtant Hakkaï décida d'en finir un bonne fois pour toute avec cette histoire. Ça faisait un bout de temps qu'il n'avait pas fumé, mais tant pis, il se mit la cigarette au coin des lèvres et commençait déjà à approcher le briquet lorsqu'un cliquetis familier le prévint d'un danger imminent. Il avait un peu sous-estimé la mauvaise humeur du moine.

-Donne moi cette cigarette tout de suite.

Le canon du Smith&Wesson était à présent braqué sur l'ancien humain qui suspendit son geste. Gojyo n'attendit pas plus longtemps pour lui reprendre la cigarette d'un geste à la rapidité étonnante. Une détonation et un trou se fit dans le mur à quelques centimètre du kappa.

-Elle est à moi je te dis.

-Putain fais gaffe ! t'es vraiment un drogué du tabac toi, tu pourra jamais t'en passer.
Sanzo sentit tous ses muscles se tendres. Il n'allait pas laisser passer cette provocation.

-Déjà plus que toi kappa de merde !

-Tu crois ça ! ça m'étonnerais !

-Vraiment ?

-Ouais ! t'es pas capable de te passer de cigarette pendant ne serait-ce qu'une heure.

-Tu fais pas mieux.

-J'aimerais bien voir ça ! on a qu'à essayer, le premier qui fume à perdu !

-Je tiens le pari.

Gojyo s'arrêta de rire. Il avait dit ça sans réfléchir, sans réelle intention de lancer un paris aussi débile ! il n'imaginait pas une vie sans tabac, depuis le temps qu'il fume, il est trop accro pour s'en passer. Comment allait-il pouvoir réussir cet exploit ? et pas question de perdre, surtout face à Sanzo !

De son côté le moine n'était pas plus fier. S'il avait tenu le pari, c'était pour répondre à la provocation de cet enfoiré de kappa sans cervelle. Nan mais quelle idée de dire des choses aussi stupides, son orgueil n'aurait pas supporté de laisser passer ça sans réagir. Maintenant il était dans une belle galère. Arrêter de fumer ? autant lui demander de gravir une montagne sans les pieds !

Hakkaï reçu un choc devant ce qui se passait sous ses yeux. Les deux fumeurs champions du monde, venaient de lancer le pari d'arrêter de fumer ! on nage en plein délire là, pincez-moi que je me réveille !

Le regard améthyste et le regard rouge se fixaient avec une extraordinaire intensité. On sentait presque l'électricité vibrer entre eux, Hakkaï fut surpris d'un tel échange.

PPPFFFFFFiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii………………………

Force mauve vs force rouge.

Force mauve prépare son sabre le faisant passer d'une main à l'autre tandis que force rouge le fait tournoyer d'un souple mouvement du poignet. L'affrontement est imminent. Force rouge donne le premier coup que force mauve pare avec habilité. Les deux armes s'entrechoquent. Chacun des adversaires met toute sa puissance dans sa lame pour faire céder l'autre. Des étincelles commencent à jaillir de l'endroit où les deux sabres se touchent. Une aura d'énergie entoure les deux forces, de la fumée s'élève d'elles, plus rien ne peut pénétrer dans le périmètre sans être désintégré aussitôt. Les deux adversaires se concentrent toujours plus, aucun ne cédant ne serait-ce qu'un millimètre à l'autre, et….

Hakkaï secoua la tête pour revenir à la réalité.

Les deux fumeurs de service étaient toujours en train de se fusiller mutuellement du regard, espérant secrètement que l'autre retire ce qu'il vient de dire. Peine perdue ! les deux adversaires sont aussi têtus et fier l'un que l'autre !

Hakkaï ne savait pas s'il devait se réjouir ou non de ce pari insensé. D'un côté c'est pas plus mal, le tabac est un véritable poison et il en avait marre d'être un fumeur passif aussi pollué, d'un autre côté la pensée d'un Gojyo et d'un Sanzo en manque de nicotine lui faisait sans qu'il sache pourquoi, penser à deux taureaux enragés lâchés dans une ville pleine d'innocentes victimes…. Il décida que, finalement, il verrait bien par la suite et essaya de ne pas penser aux bilan des futurs morts.

Le lendemain matin, lorsque Hakkaï et Goku descendirent prendre leur petit déjeuner, les deux fumeurs étaient déjà à table. Tout semblait normal. Sanzo lisait son journal l'air énervé et Gojyo regardait la serveuse un sourire pour le moins parlant aux lèvres. Pourtant Hakkaï sentait qu'il y avait quelque chose qui clochait, mais il n'aurait su dire quoi…. Peut-être la tension qui régnait autour d'eux.

-Dis Hakkaï, tu crois qu'on peut s'approcher sans danger ?

L'ancien humain tourna son regard vers Goku. Lui aussi avait sentit cette tension. Et malgré l'affection qu'il porte au moine il n'était pas encore sucidaire !

-Eh bien… je pense qu'on n'a pas vraiment le choix ! faisons comme si de rien n'était mais restons sur nos garde, on ne sait jamais. Bonjour les amis !

Ils s'assirent à la table et Goku n'attendit pas plus longtemps pour se jeter sur la nourriture comme à son habitude. Hakkaï tenait sa tasse de thé tout en jetant des regards inquiets à Gojyo. La mine du métis s'était assombrit à leur arrivée. Il se rongeait les ongles ayant délaissé la vue de la serveuse. Même lorsque celle-ci se pencha à leur table pour resservir Goku il ne la regarda pas ! De son côté Sanzo grinçait des dents, ses sourcils se touchant presque à force de les froncer. Ce qui devait arriver arriva. A la vue de la nourriture Goku avait totalement occulté de son esprit la tension qui régnait au dessus de la table. Un éventail rageusement lancé par un moine dont la force était décuplée par l'énervement atterrit sur sa tête.

-T'as pas bientôt finit de faire autant de bruit en mangeant ! espèce de con d'singe ! mastique en silence !

Hakkaï sursauta. S'il était habitué à ce genre de réactions, la violence de celle-ci le surprit. Gojyo, lui, n'avait pas bougé, apparemment préoccupé par un sujet qui dépassait de loin ce qui se passait à table. Quant à Goku il regardait son idole avec des yeux démesurément agrandis par l'étonnement. Gojyo repoussa sa chaise avec fracas et grommela quelque chose d'incompréhensible. Hakkaï haussa un sourcil.

-Qu'est-ce que tu viens de dire ?

-… vais faire un tour.

Sanzo le suivit des yeux en fulminant. Quel imbécile, mais c'est bien fait pour lui, songea-t-il, il est prit à son propre piège ! hélas le moine oubliais qu'il n'était pas en meilleur condition que son adversaire. Il reporta son attention sur le singe qui avançait timidement une main vers le plat au milieu de la table en guettant les réactions de son aîné. Sanzo soupira.

-J'monte dans la chambre.

Il se leva le journal à la main et fouilla dans ses manches. Rien. Dans ses poches. Rien. Il tâta son jean. Rien non plus !

-Merde…

-Quelque chose ne va pas Sanzo ?

Le moine releva la tête l'air ahurit. Il se redressa complètement. C'est vrai, il ne devait pas fumer. C'est pas si dur, hein ? ne pas toucher une clope avant que ce con de kappa ne cède.

-De quoi j'me mêle ?

Il partit vers l'escalier menant aux chambres. Goku jeta un regard interrogateur à Hakkaï.

-Dis voir, il est bizarre Sanzo, qu'est-ce qu'il a ?

-Hein ?

Hakkaï se mit à rire, c'est vrai que Goku n'imagine pas l'emprise que peut avoir le tabac sur n'importe quel être humain, s'appelle-t-il Ganjyo Sanzo ou non !

-Ne t'inquiète pas, c'est normal ! c'est juste que le tabac lui manque.

-Ah ! c'est quoi le tabac, ça se mange ?

-Eh bien… il existe plusieurs formes de tabac dont une en effet peut se manger. Enfin, le terme exact est « chiquer », c'est-à-dire qu'on le mâche jusqu'à ce qu'il n'ait plus de saveur, mais sans l'avaler. Ce tabac se présente sous la forme de bâtons, comme le réglisse, dont le chiqueur arrache un bout avec les dents avant de le mastiquer comme on mastique un chewing-gum. Mais le tabac dont il est question pour Sanzo et Gojyo se présente sous forme de « miettes » de couleur marron qui sont roulées dans un fine feuille de papier dont on allume le bout avant de tirer la fumée par la bouche. La fumée va dans les poumons, où une partie est prise par le sang, avant d'être recrachée. C'est la partie du tabac qui passe dans le sang et qui va de par ce fait dans tout le corps qui créée une dépendance à plus ou moins long terme. La personne ne peut alors plus se passer de tabac sans risquer, du moins au début, d'être énervée et irascible et de tenter d'y remédier par des moyens compensatoires. Certains ont une théorie selon laquelle c'est autant le geste, si ce n'est plus, que le tabac lui-même qui créé la dépendance. Mais cette théorie n'est pas vér… Goku ?

-Hein !

Goku se réveilla en sursaut. Et se frottait à présent les yeux en baillant pour le moins bruyamment.

-WWWAAAHHHOOO…. Tu disais quoi Hakkaï ? tu sais, moi, les longs discours au réveil…

Hakkaï sourit.

-Enfin, tout ça pour dire que le tabac qui faut défaut à Sanzo en ce moment ne se mange pas.

Goku se redressa soudain, les yeux brillants. L'ancien humain eu un froncement de sourcil inquiet.

-Ça va aller Goku ?

-Manger… j'avais presque oublié !

-Que…

-Sanzo n'a rien avalé ce matin !

Il saisit un petit pain et se précipita vers l'escalier, Hakkaï couru à sa suite tentant vainement de le retenir.

-Attend Goku, je ne crois pas que se soit une bonne…..idée.

Il arriva devant la chambre alors que Goku s'apprêtait à ouvrir la porte.

-Goku, attend !

Trop tard… il atteint Goku au moment ou la porte laissa la place à la vue d'un Sanzo en proie à une agitation pour le moins extrême et très…étrange.

-Putain de bordel de merde ! saloperie de journal, saloperie de kappa de merde ! faites tous chier, connerie de connerie de connerie de saloperis de merde ! sale enfoirés, espèce de…

Et ça continuait comme ça. Sanzo au milieu de la pièce avait quitté son habit monacale et débitait une quantité incroyable de jurons tout en piétinant son journal jeté à terre. Le pauvre morceau de papier était à présent en lambeaux, froissé sous les pieds furieux d'un Sanzo en proie à une crise de folie. Quel spectacle unique et déroutant ! le grand bonze Sanzo, si digne, si fier, si hautain en train de martyriser une vulgaire feuille de choux en y mettant toutes les forces dont il était capable ! comble de l'absurde, il enleva ses lunettes qui rejoignirent le journal dans sa lente agonie. Les verres craquèrent sous les semelles de Sanzo alors qu'il mettait tout son cœur à les broyer.

-Saloperie, face de rat, espèce de cafard gluant….. je t'aurais connard….

Il entreprit alors une variante : piétiner le tout en tournant sur lui-même. Manœuvre dont Hakkaï et Goku ne réalisèrent que trop tard la dangerosité, tant ils étaient hypnotisés par ce spectacle hors du commun. Hakkaï manqua de s'étrangler quand les yeux améthystes encore flous de la folie qui les habitaient se plongèrent dans les siens. Goku laissa tomber son petit pain, tremblant de tous ses membres. Le moine ne mit pas plus de deux secondes pour retrouver ses esprits, et la folie laissa place à un étonnement non feint. Pendant un moment, personne n'osa rien dire, trop abasourdit par ce qu'il venait de se passer. Moment de courte duré qui céda la place à un Sanzo dont la fureur n'avait jamais atteint un tel sommet. Même les montagnes en auraient tremblées devant lui !

-Sortez d'ici tout de suite ! SORTEZ !

Ils ne se le firent pas dire deux fois. La porte claqua derrière eux alors qu'ils battirent en retraite en deux temps trois mouvements, les deux hommes qui fuient plus vite que leurs ombres, se sont eux ! Goku se laissa choire dos contre la porte les yeux comme des soucoupes. Hakkaï soupira en regarda la porte, revoyant la scène qui venait de se dérouler devant leurs yeux, se demandant s'ils n'avaient pas rêver, la réponse se révélant malheureusement négative. Un choc sourd sur la porte les renseigna sur le sort du pauvre petit pain que Sanzo avait sûrement ramassé avant de le jeter violemment contre la porte en bois. Goku sursauta.

-Hakkaï….

-Oui je sais.

-Qu'est-ce… qu'est-ce qu'on va faire ?

-Je crois… je crois qu'il n'y a rien à faire…

-Mais… tu as vu Sanzo, il était….

-Oui.

-Alors ?

-Il vaut mieux… ne plus en parler.

-Vraiment… je sais pas si je pourrais oublier ça un jour…

-Je ne te dis pas d'oublier, ça c'est impossible. Mais il ne faudra jamais mentionner cet incident à quiconque, tu m'entend, jamais de la vie !

-Pourquoi ?

-Ca doit être déjà assez pénible pour Sanzo qu'on l'ait vu comme ça, il vaut mieux qu'on en reste là… et puis, je ne pense être capable de revivre ça une fois.

Goku leva les yeux vers l'ancien humain.

-Hakkaï, qu'est-ce que ….

Hakkaï souriait. Goku lu l'amusement dans son regard.

-Oh, Hakkaï, c'est Sanzo quand même…

Mais lui-même sentit l'hilarité grandir en lui. Il se repassa la scène et étouffa un éclat de rire. Hakkaï pouffa aussi mais mit un doigt devant sa bouche pour signifier à Goku de garder le silence tout en désignant la porte de l'autre main. L'adolescent hocha la tête pour lui montrer qu'il avait comprit. Ils s'éloignèrent de la chambre et lorsqu'ils arrivèrent aux escaliers ils craquèrent. En se tenant le ventre ils éclatèrent de rire et partir dans un fou rire tellement incontrôlable qu'ils en eurent mal aux côtes. Goku n'arrivait même plus à reprendre son souffle tandis qu'Hakkaï s'effondra par terre. Il aurait eu envie de dire quelque chose dans le genre « attendons d'être dehors pour rire, il pourait nous entendre », mais peine perdue, il commençait même à en avoir des crampes aux mâchoires !

Sanzo lui regardait le bout de pain réduit en miettes par sa collision avec la porte. Il se baissa vers son journal et souleva ce qui restait de ses lunettes. Il ne se rappelait même plus de l'article qui l'avait mit tellement en rogne. Mais c'était bien joué petit malin, maintenant il n'avait plus de lunettes pour lire ! Il revit les visages des deux ahuris….

-Merde…

Il se passa un main sur les yeux. Quand toute cette histoire serait finie il allait le buter ce kappa de merde, oh oui, il allait pas y échapper ! à cause de lui on venait de le surprendre dans une situation sur laquelle il n'avait lui-même aucun contrôle… et tellement ridicule ! lui, le grand Sanzo en train de prêter un câble sur son journal ! sa fierté venait de prendre un sacré coup. Il attendit un long moment, puis il entre-ouvrit la porte. Il regarda à droite, à gauche. Rien du tout, la voie est libre. Il se faufila dans le couloir et descendit les escaliers.

Pendant ce temps là Gojyo était installé dans un bar à siroter sa énième canette de bière. Ouf, il n'avait pas craqué ! il tenait le coup, ce n'est pas facile, évidemment, mais il y arrivait. Bien sur à l'auberge rien que la présence des autres l'avait considérablement irritée. Hakkaï avec son éternel sourire de bien-heureux, Goku qui se jette constamment sur la bouffe. S'il n'aurait pas été en compétition contre lui et s'il ne l'avait pas autant énervé il en aurait embrassé le bonze d'avoir fait cessé ces mastications infernales ! pour l'instant il était bien. Un petit peu d'alcool ça te requinque n'importe qui ! Il était en train de jouer avec un cure dent. Il se le mit machinalement aux coins des lèvres et le mastiqua un peu. Il se laissa emporter par ses rêveries et au bout d'un moment, il fouilla ses poches. Il en sortit un briquet l'alluma et l'approcha de sa bouche. Il sentait bien que quelque chose n'allait pas. Non seulement ça sentait le cramé, mais il avait beau inspirer, rien ne venait.

-Eh monsieur, faites gaffe !

Gojyo baissa les yeux et rencontra un cure-dent dont l'espérance de vie venait de se réduire considérablement. La flamme du briquet encore braquée dessus le consumait lentement. Il abaissa sa main et jeta précipitamment le cure-dent dans le cendrier. En grommelant il demanda sa note et jeta sous briquet dans la poubelle. Il ne voulait pas que de tel accidents se reproduisent !

Il repartit dans les rues, les pensées sombres. Tout l'énervait, et le fait qu'il se soit ridiculisé avec le cure-dent le faisait s'étouffer dans son orgueil ! Il aperçu un groupe de jeunes filles devant lui. On ne se refait pas, il se redressa donc et afficha un beau sourire dragueur. Pas besoin de néons au-dessus de sa tête pour y lire « j'aime les filles, et plus même si pas forcément affinité ». Une des filles le repéra et s'approcha de lui d'une démarche de féline. Langoureusement elle sortit une cigarette de son sac à main. Elle posa sur Gojyo un regard enflammé.

-Bonjour.

-Bonjour ma chérie.

-Dis-moi, tu n'aurais pas du feu ?

-Bien sur que si.

Gojyo chercha dans sa poche mais ne rencontra que du vide. Il entrepris alors de fouiller l'autre poche, rien non plus. La fille commençait à froncer les sourcils.

-Attend, je suis sur d'en avoir…

Nan, bon sang, où est-ce qu'il l'avait fourré son putain de briquet ! cette fille était vraiment trop canon pour qu'il laisse passer cette affaire en or. Il suffisait juste d'un briquet, aller, montre-toi. La fille soupira, l'air désolée pour lui.

-Ecoute, c'est pas grave… je demanderais à quelqu'un d'autre.

Elle tourna les talons d'un air exaspéré et rejoignit ses copines avec qui elle partit au coin de la rue sans demander son reste, laissant là Gojyo les bras ballants les yeux exorbités par ce qui venait de se passer. Cette fille. Canon. Sa cigarette. Son briquet. Ah oui c'est vrai ! il l'avait foutu à la poubelle après l'épisode passablement ridicule du cure-dent… Quel con ! il l'aurait garder il serait pas là à regarder ce canon s'en aller en ayant pitié de lui. Il se remit en marche mais cette fois plus vite, la tête baissée en fulminant. Cette saloperie de bonze chauve ! il va me le payer ce coup-ci, il va me le payer ! un pari... mais y'avait pas de pari ! je vais le faire morfler, mais pas avant qu'il ne touche une cigarette. Ah ça mon cochon, c'est pas moi qui craquerais, pas avant toi ! mais ça lui manquait tellement. Il s'arrêta soudainement. Oui, il avait bien vu à l'auberge une affiche pour les fumeurs, des réunions dans lesquelles des personnes essayant d'arrêter de fumer déballent leur vie… ridicule… oui, complètement ridicule ! débile même, qui aurait besoin de ça ? définitivement ridicule. Et pourtant….

Sanzo se glissa jusqu'au comptoir de l'auberge. S'il se rappelait bien c'était là qu'il avait vu cette affiche. Oui. Réunion pour les personnes qui veulent arrêter de fumer. Mm…. Lui, le bonze Sanzo, là dedans ? absurde. Mais l'épisode de ce matin lui avait fait comprendre que ça allait être beaucoup plus dur qu'il ne le pensait. Et puis, c'est anonyme ces réunions hein ? alors, personne ne saura qu'il y sera allé. Il déteste vraiment demander de l'aide aux autres, leur devoir quoi que se soit, mais là, y'a urgence. C'est tenter ça ou risquer qu'un événement comme celui de ce matin se reproduise et ça il pensait pas pouvoir y survivre une deuxième fois ! Il sortit donc dehors avec l'intention de se rendre à cette foutue réunion ce soir.

Hakkaï avait vu Sanzo descendre, aussi discret avait-il voulu être. Il le vit se pencher vers une affiche et fit signe à Goku pour que celui-ci se rende compte de ce qui se passe. Quand le moine sortit Hakkaï et Goku se précipitèrent vers l'affiche et manquèrent de s'écrouler de rire.

-Tu vois Sanzo là dedans ?

-Nan mais je pense qu'on va bientôt le voir !

-Tu compte y aller ce soir ?

-Ça va être drôle. Et tu sais qui est-ce qui a regardé cette affiche avant de sortir ce matin ?

-Nan ? me dis pas que…

-Si !

-Gojyo aussi !

-Je ne sais pas pourquoi mais je pense qu'il y a de grandes chances pour qu'il décide d'y aller aussi !

-Sanzo et Gojyo…

-Se surprenant mutuellement dans une réunion pour arrêter de fumer…

-Je veux voir ça !