Bonjour bonjour :3
Voici le premier chapitre d'une nouvelle fic longue ! J'espère qu'elle vous plaira ^^ Il s'agit d'un UA.
Vu que (pour une fois) j'ai pris pas mal d'avance dans le plan et l'écriture (et que j'aimerais éviter de tout écouler trop vite pour avoir bien le temps d'écrire les derniers chapitres), je pense publier les chapitres de cette fic une fois par semaine :3
C'est principalement du Fruk, cette fic se déroule dans un contexte de chasse au sorcières, mais sans époque précise.
Bien sûr, les personnages ne m'appartiennent pas *soupir*
Voilà voilà, j'ai tout dit je crois... N'hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé de ce premier chapitre :3
Bonne lecture~
L'aube naissante laissait apparaître un ciel d'un gris de fer, qui semblait peser sur le monde comme une lourde chape de plomb. Les arbres dénudés se balançaient lentement au vent, silhouettes sinistres qui cachaient l'horizon, enfermant le village dans leur étreinte menaçante.
On n'entendait que le croassement des corbeaux et les bruits sourds des hommes qui installaient un bûcher sur la grande place.
C'est ce bûcher qu'Arthur regardait, les poings serrés, par un minuscule espace entre les planches qui obstruaient la fenêtre de sa chambre.
L'ouvrage avançait beaucoup trop vite. Il serait sans doute terminé avant que le soleil n'atteigne son zénith, et alors...
Alors...
Jurant, Arthur serra davantage le poing, et donna un coup rageur dans les planches, ne prêtant même pas attention à la douleur qui irradia son bras. Il ne pouvait pas laisser faire ça... Il ne pouvait pas rester tranquillement ici et attendre que...
Dans un élan de colère mêlée de désespoir, il se détourna pour se jeter sur la porte de sa chambre, secouant la poignée qui ne bougea pas. Jurant, il se déchaîna contre la porte, frappant le battant de ses mains et de ses pieds, y donnant des coups d'épaule. Mais elle ne s'ouvrit pas. Comme à tous ces autres essais, depuis maintenant deux jours qu'il était enfermé ici, elle refusait de céder.
Derrière, la voix de Carwyn, calme et apaisante, s'éleva.
« Arrête Arthur. C'est pour ton bien.
-La ferme ! Laisse moi sortir !
-Tu vas faire quelque chose d'idiot si je le fais.
-Et alors ? Ouvre cette putain de porte !
-NON ! »
Arthur s'arrêta. Carwyn ne criait jamais, n'élevait jamais la voix. C'était le plus calme de la famille Kirkland, en toutes circonstances. Même quand il s'énervait il préférait employer un ton plus glacé qu'une bourrasque de neige plutôt que de crier comme il venait de le faire.
Encore un bouleversement dans le monde si bien huilé d'Arthur. Ce monde qui était en train de s'effondrer.
Un léger bruit retentit derrière la porte, et Arthur devina que son frère s'y était accoudé. Un soupir lui parvint, et il imagina aisément le jeune homme aux cheveux bruns et au visage marbré de tâches de son passer sa main sur son visage.
« Arthur... » Sa voix était à nouveau douce. « Je suis désolé. Vraiment désolé. Mais je ne peux pas te laisser sortir. On va... On va s'occuper de ça. Tout ira bien... » Sa voix vacilla légèrement, et Arthur put déceler le mensonge. Mais il ne dit rien, les yeux fixés sur la porte, les poings serrés à s'en écorcher les paumes.
Le silence s'éternisa longuement, jusqu'à ce que Carwyn ne finisse par s'en aller, le bruit de ses pas résonnant derrière le battant de bois. Arthur attendit un instant que le son s'estompe pour recommencer à s'acharner sur la porte, jurant entre ses dents serrées.
Carwyn rejoignit le reste de sa fratrie dans la cave de la petite maison familiale.
La pièce souterraine était la plus grande de la bâtisse, s'étendant même au-delà des murs de la maison. L'entrée en était soigneusement dissimulée, car elle renfermait le plus dangereux secret de la famille Kirkland.
Leur magie.
Et personne ne pourrait prétendre qu'ils ne la pratiquaient pas après avoir vu cette pièce.
Chaque mur était couvert de bibliothèques remplies de livres et de grimoires anciens, certains écrits dans d'anciennes runes ou des langues mystérieuses. Des étagères soutenaient des dizaines de bocaux et de fioles aux contenus étranges, allant du foie de mouton à la potion qui dégageait des volutes de fumée colorée. Des herbes diverses pendaient du plafond, répandant une odeur capiteuse. Des artefacts aux pouvoirs étranges, inconnus ou dangereux étaient soigneusement enfermés dans des coffres enchaînés. Pour rendre le tout encore plus mystique, un pentacle était tracé à la craie au centre de la pièce.
Pentacle dont Allister était en train de brouiller les traits à force de marcher dessus, occupé qu'il était à tourner en rond.
Nolwenn, accoudée à une étagère, le regardait aller et venir avec une irritation manifeste. Elle semblait prête à lui sauter dessus d'un moment à l'autre.
Près d'elle, Edwyn était juché sur une malle et feuilletait un antique grimoire, sans avoir l'air convaincu par son contenu.
Tous trois levèrent les yeux vers Carwyn quand il entra, Allister faisant même l'effort d'arrêter de faire les cents pas.
« Il s'est calmé ? »
Carwyn secoua la tête avec un soupir, et s'assit sur les marches de l'escalier.
« Il continue à s'acharner sur la porte… »
Nolwenn grimaça.
« Sale môme.
-On peut pas vraiment lui en vouloir », marmonna Edwyn en reportant son attention sur son ouvrage.
« Mais lui, par contre, il va nous en vouloir à mort quand il sortira… », répondit Carwyn.
Nolwenn haussa les épaules.
« Il finira bien par s'en remettre…
-Vous pourriez arrêter de parler comme si Francis était déjà condamné ? »
Allister les fusillait du regard, les bras croisés, la mâchoire serrée. De toute la famille, c'était sans doute lui que la situation touchait le plus, après Arthur. Il s'était toujours très bien entendu avec Francis, et le fait d'avoir couvert pendant des années la relation secrète que ce dernier entretenait avec son plus jeune frère avait renforcé leur complicité.
Nolwenn soutint son regard furieux sans ciller.
« Al', il est condamné. On peut rien faire pour lui.
-Arrête, il y a forcément quelque chose à faire !
-Non, elle a raison. »
Edwyn avait fermé son livre et les regardait d'un air grave.
« Y'a pas de rituel miracle qui pourrait tout arranger, y'a rien qu'on puisse faire pour le sauver sans foutre en l'air notre mission, et ces salauds sont préparés à tout. On n'est tout simplement pas assez puissants pour le sortir de là. »
Un long silence s'abattit sur la pièce, lourd et étouffant.
« Arthur pourrait. »
Allister avait parlé en détachant chaque syllabe, comme s'il avait lui-même du mal à croire qu'il était en train d'émettre cette possibilité.
Mais Carwyn baissa les yeux et Nolwenn secoua la tête.
« C'est trop dangereux et tu le sais.
-Alors quoi ? On va le laisser crever sans rien faire ? Puis aller libérer Arthur pour lui dire qu'on est resté les bras croisés ? On peut pas laisser faire ça, merde, on doit trouver quelque chose…
-Il y a bien quelque chose... »
Tous les regards convergèrent vers Edwyn. Il avait rouvert son grimoire à une page bien précise, qu'il tendit à Allister. Celui-ci le prit et lut, les sourcils froncés, ses yeux sautant rapidement d'une ligne à l'autre. Nolwenn s'était déplacée pour lire par-dessus son épaule. Carwyn, lui, ne bougea pas. Il avait entraperçu le motif qui ornait la page, et l'avait reconnu. Il savait ce qu'elle contenait.
Au fur et à mesure de sa lecture, les doigts d'Allister se crispèrent sur la reliure du pauvre ouvrage.
« Tu plaisantes ? », demanda-t-il d'une voix sourde en relevant les yeux sur son frère, sa lecture terminée.
Edwyn ne se démonta pas sous son regard perçant.
« C'est tout ce qu'on peut faire pour lui. Ce sera toujours mieux que ce qui l'attends. »
Le silence plana un long moment, et personne ne le brisa, laissant Allister réfléchir à la solution qui s'offrait à eux.
Finalement, l'aîné de la famille Kirkland s'anima, et déposa l'ouvrage sur une table proche, en prenant soin de le garder ouvert à la page utile.
« Très bien. Mais on ne fera ça qu'en tout dernier recours. On a encore un peu de temps, je veux qu'on continue à chercher une autre solution. »
Il n'y a aucune autre solution, songea Carwyn. Edwyn et Nolwenn pensaient certainement la même chose, vu le regard entendu qu'ils échangèrent. Mais aucun d'eux ne protesta, conscients que leur aîné n'était pas encore prêt à admettre la défaite. Tout comme le plus jeune de la fratrie.
Car, deux étages plus hauts, Arthur s'acharnait toujours sur sa porte en bois.
