Révélation _ Chapitre 1 (traduit de "Revelation", suite de Cruelles intentions)

Auteur: FayC

Traduction: Kandamio

Beta: Zangkyaku-sama

Pairing: Mikhail x Feilong

Fandom: Viewfinder

Rating: jusqu'à NC-17

Disclaimer: Mikhail, Fei Long, Yoh, Asami, Aki appartiennent à Yamane Ayano.

Voilà enfin la suite de Cruelles intentions, pour ceux qui l'attendent encore...


Le vent soufflait doucement à travers les fenêtres ouvertes du cabinet élégamment décoré, emplissant la pièce du parfum de gardénia et de jasmin qui régnait dans le jardin là-dehors. Une silhouette grande et mince se balançait légèrement tandis que le parfum atteignait son nez. Il ferma les yeux, pendant que son esprit libérait des souvenirs tout aussi doux, des souvenirs de petits déjeuners dans le jardin, l'odeur du café italien fraîchement moulu à la perfection, la façon dont il le dégustait en fermant les yeux, et l'air de satisfaction sur son visage quand il levait la tête et souriait à l'autre côté de la table. C'étaient des souvenirs qu'il avait autrefois tenté d'oublier. Mais à ce moment, tout ce qu'il voulait était de revivre ces moments, ces inoubliables moments, qui pourraient bien ne jamais revenir.

Fei Long ouvrit les yeux sur le chef-d'œuvre de Monet qui était revenu au-dessus de son bureau. Tout dans la pièce, tous les cadeaux qui lui avaient été faits avaient retrouvé leurs places. Et pourtant plus rien n'était comme avant, du moins pour lui.

Quelques coups à la porte annoncèrent l'arrivée de son garde du corps le plus fiable, l'homme qui avait autrefois partagé sa période en prison, le seul homme qui en savait plus sur son passé que n'importe qui dans Baishe.

Yoh entra dans la pièce en silence, comme d'habitude, sachant que son maître n'aimait pas qu'on trouble sa quiétude.

"Vous m'avez fait demander, Fei Long-sama?"

"Oui.", répondit son maître, les yeux toujours rivés sur la peinture. "Où en sont les arrangements pour mon voyage?"

Incapable de cacher son inquiétude, Yoh s'éclaircit doucement la gorge en pensant à quoi dire. "C'est un peu compliqué pour vous de quitter Hong Kong aussi soudainement. Il y a des réunions importantes auxquelles vous devez assister cette semaine."

"Repousse-les." Son ordre était ferme et concis, ce qui signifiait qu'il s'attendait à ce qu'on y obéisse.

"Deux d'entre elles concernent les têtes des autres familles. Je vous suggèrerais d'y repenser."

La mince silhouette se tourna lentement vers lui. Des yeux combattifs de couleur améthyste se plissèrent d'irritation, face à cette réponse qu'il ne souhaitait pas entendre. Tous dans Baishe savait qu'on devait obéir et suivre ses ordres. Liu Fei Long ne demandait pas, il ordonnait. Et même si Yoh appréciait le privilège d'être le seul subordonné à pouvoir s'opposer à sa volonté et y survivre, il se surprit à retenir son souffle à la vue du regard assassin de son maître, qui semblait le percer à jour.

"Yoh." La voix habituellement douce était devenue froide et autoritaire.

"Oui, Fei Long-sama?"

"Pourquoi avons-nous cette conversation?"

Il n'arrivait pas à comprendre les raisons derrière la réticence de Yoh à organiser son séjour à Tokyo. Les réunions, aussi importantes qu'elles soient, avaient toujours été repoussées si et quand il le disait, et Yoh, qui était à ses côtés depuis sept ans, devrait le savoir. Non, il y avait quelque chose d'autre dans l'esprit de Yoh. Quelque chose qu'il lui restait encore à découvrir.

A ce stade, Yoh savait qu'il était inutile d'essayer de convaincre Fei Long de repousser son séjour au Japon, en particulier quand il ne pouvait donner les véritables raisons derrière ses objections. Avec un léger soupir, il abandonna. "Combien de temps prévoyez-vous de rester à Tokyo?"

"Aussi longtemps qu'il le faudra."

Cette autre réponse courte et assurée fit se dresser les cheveux sur sa tête. Fei Long avait toujours semblé froid et autoritaire avant, mais il y avait toujours une pointe de tendresse dans sa présence. Etrangement, la nouvelle du mariage de Mikhail Arbatov l'avait rendu encore plus intimidant que jamais. Fei Long n'était plus homme à être embêté, ce qui inquiétait encore plus Yoh au sujet de son voyage au Japon. Quoi qu'il ait prévu de faire au Japon, c'était inévitable. Fei Long était mortellement déterminé, et personne ne pourrait rien y faire.

"Donnez-moi une semaine pour réaménager votre emploi du temps?" demanda Yoh avec inquiétude. En réalité, ce n'était pas l'emploi du temps qui l'inquiétait. Il avait simplement besoin de temps pour prendre sa décision.

"Tu as trois jours." commanda Fei Long. "Tu peux te retirer."

Yoh acquiesça et quitta la pièce, le coeur gros. Ce départ soudain de Fei Long pour Tokyo était une mauvaise idée. La dernière fois, c'était pour affaires et pourtant cela ne s'était pas terminé en tant que tel. Cette fois, il savait que c'était personnel. Fei Long allait régler quelques dettes, et qui savait à quel point les choses pourraient dégénérer.

Il souhaitait simplement avoir eu plus de temps, plus de temps pour décider de sa position dans tout cela. C'était une décision qu'il priait de ne pas avoir à prendre, du moins pas si tôt. Sept ans, et il manquait encore de temps. Si cela faisait quelque chose, ce n'était que de compliquer la situation.


L'après-midi suivant, Fei Long assistait à une réunion importante qui avait été réaménagée à sa demande. Si un homme pouvait forcer les plus grands chefs de triade de Hong Kong à réaménager leurs emplois du temps à sa convenance, c'était Liu Fei Long de Baishe. Voilà la puissance qu'il avait sur son territoire. Pourtant le jeune chef maniait son pouvoir avec respect et considération et cela lui avait fait gagner la loyauté sans égale de ses subordonnés. Il était leur fierté, pas seulement leur maître. Voilà où résidait la force de Baishe, pas dans sa richesse ou dans le nombre de ses hommes, mais dans la haute estime portée à son chef. Et donc il était naturel que les autres chefs, jeunes ou vieux, cèdent à ses vœux quand ils le pouvaient.

Alors qu'il était salué lors de son entrée dans la salle de réunion, Fei Long se figea soudain à la vue d'un homme de l'autre côté de la table. De familiers yeux bleus attirèrent les siens avec leur habituelle tendresse, mais il y avait un mélange de souffrance et de désir réprimé. Mikhail aurait dû être en Russie, mais il était là, à sa place autrefois habituelle, seulement plus rien n'était pareil pour eux. Mikhail était devenu un homme marié, indisponible, inaccessible et hors d'atteinte.

Et donc, aussi gênant que cela puisse paraître, ils restèrent assis l'un en face de l'autre, sans échanger un mot, pas même un simple bonjour. Leurs yeux seuls racontaient des histoires qu'eux seuls comprenaient. Réduits à rien de plus qu'amis, sinon étrangers, ce qu'il restait entre eux était leur insupportable attirance pour l'autre et le désir irrépressible qui menaçait l'essence même de leur conscience.

Mikhail retint son souffle alors que son coeur battait plus vite à la vue du visage magnifique qu'il avait attendu avec impatience. Fei Long était aussi splendide que d'habitude avec son costume sur mesure et ses cheveux attachés lâchement en arrière. Mais il y avait quelque chose de différent chez lui, une certaine aura qui n'était pas là auparavant. Les sombres yeux améthyste étincelaient de confiance en soi et de détermination. Il ne lui fallut qu'un regard vers ce visage pour savoir que ce n'était plus un homme troublé et perturbé par son passé. Fei Long avait résolument fait un pas en avant, avec une assurance certaine. Ce nouveau Fei Long fit battre son coeur si violemment qu'il pouvait difficilement rester assis. Cependant, tout ce qu'il pouvait faire était de se retenir et de faire comme si tout était normal.

Normal? Aurait-il jamais à nouveau l'impression d'être normal dans cette vie? se demanda Mikhail.

"M. Arbatov." l'interrompit dans ses pensées le jeune chef à l'autre bout de la table.

Philip Toh, successeur de la famille Toh, était un homme dans la trentaine. Arès la mort de Toh, Philip, son seul fils légitime, avait repris le flambeau de la famille et ses affaires, ce qui faisait de lui un des plus jeunes chefs de triade dans Hong Kong, après Fei Long. N'importe qui se serait contenté de cette position, seulement cela ne lui suffisait pas. Cet homme voulait tout, et Baishe, et Fei Long en particulier, était en travers de son chemin. Cela n'aurait pas été un problème pour Mikhail s'il n'avait pas montré de l'hostilité envers Baishe et Fei Long ces dernières années. Et d'aussi loin qu'il était concerné, les ennemis de Fei étaient ses ennemis.

"Peut-être que maintenant nous pouvons aborder le problème de Macao?"

"Problème?" demanda Mikhail sans enthousiasme, haussant légèrement un sourcil pour faire croire que cela l'intéressait.

"Je crois que votre famille pourrait nous accorder plus de protection. Nous en avons parlé avec votre frère et rien n'a encore été fait."

"Tout coûte de l'argent, mon ami." sourit Mikhail avec mépris. "Habituellement, nous ne crachons rien à moins que cela n'en vaille la peine."

"Eh bien, votre part là-dedans est une raison plus que suffisante, d'après nous." insista Philip, sur un ton plutôt dur. Ses yeux de loup ne se souciaient pas de cacher leur hostilité.

"Apparemment pas assez, selon moi."

Le personnage se tut un bref instant avant qu'un sourire sarcastique ne naisse sur son visage, comme s'il venait juste de se souvenir de quelque chose. "Peut-être qu'il faut plus que de l'argent pour plaire aux Arbatov." dit Philip avec amusement. "Auquel cas je suis sûr que Baishe a quelque chose à offrir."

Fei Long leva les yeux vers l'homme qui était supposé être son demi-frère. A ceci près qu'il préfèrerait mourir que de se compter comme un Toh. Très peu de personnes connaissaient la répugnante vérité sur sa qualité de fils illégitime de Toh, mais Philip devait être au courant. Car, autant qu'il détestait son propre sang, Philip le détestait assez pour avoir tenté de l'assassiner plusieurs fois. Après tout, le vieillard l'avait autrefois choisi pour être son successeur aux dépens de son fils légitime.

"Fais attention à ce que tu dis." l'avertit Fei Long sur un ton qui imposa le silence à toute la salle.

"A ce que je dis?" sourit Toh de manière retorse. "Tout le monde sait que vous deux avez couché ensemble."

Avant que Mikhail ne puisse prendre son révolver et tirer une balle dans la tête du personnage pour avoir fait une telle remarque, Fei Long avait cloué la main de l'enfoiré à la table avec la dague qu'il portait toujours sur lui.

"M. Arbatov est un homme marié et un bon ami. Je ne tolèrerai pas de le voir sali par un connard arrogant qui ne lui arrive même pas à la cheville." Tournant un peu la lame avec sa poigne de fer, Fei Long lui donna une raison de commencer à appeler sa mère en pleurant. "Et avec qui je couche, ce sont mes affaires. Me suis-je bien fait comprendre?"

A cet instant, les gardes du corps qui attendaient à l'extérieur se précipitèrent dans la pièce. Il n'était pas sûr du nombre d'armes pointées sur lui pour avoir attaqué Philip Toh, mais il garda sa main sur la dague, et laissa la dague dans la main de Toh, tandis que Yoh et les autres s'apprêtaient à tirer dans le cas où les autres oseraient ouvrir le feu.

"Lâchez-les." ordonna Mikhail en plaquant le canon de son arme sur la tempe de Toh, le forçant à faire le signe de baisser leurs armes à ses gardes du corps.

Fei Long sortit la dague et en essuya le sang sur le col de Toh avec son habituel visage impassible. Le chef de Baishe pouvait bien ressembler à une femme, mais sous-estimez-le et il se prouverait être votre pire cauchemar avant même que vous ne vous en rendiez compte.

"Messieurs, je ne suis plus d'humeur à continuer. Veillez m'excuser."

Escorté par Yoh et ses gardes du corps, Fei Long quitta la pièce de son pas habituel, comme s'il ne s'était rien passé. En réalité, il était assez satisfait. Cela le démangeait depuis longtemps de faire cela et le hurlement de Toh à ce moment-là était une réelle musique à ses oreilles.

"Fei Long." Une voix grave et profonde l'appela de derrière.

Il n'avait pas besoin de se retourner pour identifier le propriétaire de cette voix. Fei Long resta silencieux un moment avant de demander à ses gardes du corps de partir. Il avait besoin d'espace, et il ne voulait pas que ses subordonnés voient sa vulnérabilité. Car en face de cet homme, il était, sans nul doute, vulnérable.

"Merci." dit doucement Mikhail. Il n'était pas sûr de ce qu'il devait dire. Pour une fois dans sa vie, Fei Long avait accepté de le défendre en public. Dans des circonstances normales, il l'aurait pris dans ses bras et l'aurait embrassé jusqu'à être satisfait. Mais quel droit avait-il donc? Fei Long était juste en face de lui, et il ne pouvait que regarder.

"En fait, ça m'a fait du bien." Fei Long avait fini par se retourner après un court moment de silence. Il avait eu besoin de temps pour rassembler ses forces, ou bien plus rien ne l'empêcherait de retourner en courant dans ces bras.

"Tu sais que tu m'as chauffé à mort, à faire le seme comme ça." pouffa Mikhail.

"Pourquoi ne me laisserais-tu pas une chance, que je te montre à quel point je suis seme." Fei Long sourit comme pour lui-même, satisfait de constater que Mikhail n'avait pas changé du tout. Son caractère joueur était encore là, et ses yeux bleus de bébé le regardaient de la même façon. Mais cette fois il ne pouvait l'apprécier qu'à distance.

"Tu réalises que je pourrais juste accepter ton offre?" répondit Mikhail avec un sourire malicieux.

"C'est vrai." Fei Long plongea son regard dans ces yeux bleus pleins d'amour, en tentant de contrôler ses propres désirs. "De qui se moque-t-on?"

Mikhail sourit gentiment comme d'habitude en entendant sa réponse, mais il y avait une souffrance évidente dans ces yeux. Cela devait être aussi dur pour Mikhail que cela l'était pour lui.

Le plus grand des deux fit un pas en avant, et Fei eut envie de s'enfuir. Et si son coeur le trahissait? Et s'il perdait tout contrôle?

"Je peux tout faire redevenir comme avant." dit-il doucement, d'une voix peu assurée, sachant ce que serait probablement la réponse de Fei à sa question.

Pendant quelques secondes, Fei Long réfléchit à la proposition en silence. Il mentirait en disant qu'il ne voulait pas que cela arrive. Mais l'expression sur le visage de Mikhail le poussa à poser une question cruciale.

"A quel prix?"

S'il y avait un moyen pour que tout redevienne comme avant, alors il devait y avoir une bonne raison pour que Mikhail ne l'ait pas encore utilisé.

"Baishe."

Une réponse courte mais qui n'aurait pas pu être plus claire. Il se tut un moment avant de poser la question qui le tourmentait depuis des semaines. "C'est pour ça?"

Le silence de Mikhail suffit à le confirmer. Finalement il comprenait la raison derrière tout cela. Ça avait dû être dur pour lui de prendre cette décision. Le pire là-dedans, c'est qu'en fin de compte, Mikhail avait choisi ce qu'il y avait de mieux pour lui, en dépit de la souffrance qu'il avait dû traverser.

"Alors tu connais déjà ma réponse." dit Fei Long, le coeur lourd. Mikhail savait exactement quel genre d'homme il était. Non seulement il l'avait accepté, mais il consentait aussi à se sacrifier. Comment pourrait-il jamais reprocher ses actes à Mikhail? Il n'abandonnerait Baishe pour personne, et pour cela, il fallait bien qu'il en assume les conséquences.

Mikhail se contenta de sourire. Il connaissait bel et bien la réponse. Il savait qu'il n'était pas la priorité de Fei. Mais il avait beau vouloir tout laisser derrière lui, il trouvait tout aussi dur de lâcher prise. Il avait encaissé encore et encore les coups de Fei, et pourtant tout ce qu'il voulait était de rester là.

Fei Long se rapprocha de l'homme en face de lui, le seul homme qui n'hésitait jamais à être là pour lui, quelqu'un à qui il en était venu à faire confiance après sept ans de mensonges et de duperies.

"Je veux que tu saches," Il tendit la main et enroula les douces boucles blondes autour de ses doigts, "qu'aujourd'hui je me détourne de la seule chose qui est chère à mon coeur."

Ce n'était pas un mensonge. S'il pouvait encore aimer et faire confiance à quelqu'un, Mikhail était ce qui s'en rapprocherait le plus. Mais cela ne changeait rien au fait qu'il était assez égoïste pour détruire le peu de chances qu'ils avaient d'être ensemble. Il faisait cela, et il était temps de laisser partir ce qu'il ne méritait pas.

Les yeux de Mikhail s'assombrirent un peu en entendant ces mots. Il savait que c'était inévitable à partir du moment où il avait décidé de se marier, mais il n'empêchait que rien ne l'y préparait.

"Tu ne vas même pas me donner un dernier baiser?" demanda Mikhail sur un ton joueur.

"Je peux" répondit-il avec sincérité, "mais t'arrêteras-tu là?"

"Non." répondit Mikhail avec assurance en le regardant droit dans les yeux. Comment pourrait-il? Fei Long était la seule chose qu'il n'ait jamais voulue dans sa vie.

Un sourire attristé naquit sur ce beau visage en laissant échapper dans un murmure:

"Qu'est-ce qui te fait croire que je le pourrais?"


Fei Long se tenait devant les fenêtres murales de l'appartement, regardant au-delà vers le ciel nocturne de Hong Kong, qu'il avait déjà vu un nombre incalculable de fois. A ceci près qu'à l'époque, l'endroit n'était ni tranquille ni vide. Depuis que Mikhail avait repris le flambeau familial en Russie, Alexei avait déménagé de là-bas et avait décrété que la villa Arbatov était à lui, laissant l'appartement vacant. Etant au courant qu'il aimait revenir de temps en temps à cet endroit, Alexei n'avait jamais changé le code de sécurité.

Cette nuit en particulier, il fallait qu'il revienne à cet endroit. C'était la nuit avant qu'il ne parte pour Tokyo et il en avait besoin, il avait besoin de la force, du courage et de l'énergie qui demeuraient dans cette pièce. Il était prêt à faire un pas en avant. Mais pour cette dernière nuit, il avait dû revenir.

Le bruit de l'ascenseur privé qui s'ouvrait derrière lui l'interrompit dans ses pensées. Il se retourna et essaya de discerner l'intrus dans le noir.

Intrus? pensa Fei Long. Il devait avoir perdu l'esprit. Seules deux personnes connaissaient le code de sécurité de cette pièce et elles avaient parfaitement le droit d'être là. En vérité, c'était lui l'intrus.

Fei Long pouvait sentir son coeur battre la chamade, tandis que l'homme approchait. Il connaissait ces bruits de pas. Il se souvenait de cette ombre. Et le visage qui sortait de la pénombre était le seul auquel il n'était vraiment pas prêt à faire face. Pas ici, pensa-t-il. Pas maintenant.

Mikhail eut l'air tout aussi surpris de le voir là. Mais il se contenta de rester immobile, le regardant en face comme si c'était quelque chose qu'il avait voulu faire toute sa vie. Ces yeux bleus le fixèrent avec un désir si intense qu'il pouvait le sentir sous chaque centimètre carré de sa peau.

"Désolé pour l'intrusion." dit Fei Long en se pressant de passer près de l'homme qui se tenait devant lui. "J'étais sur le point de partir."

Mikhail saisit son bras avec son habituelle tendresse. Des doigts puissants caressèrent le tissu de sa manche comme s'il pouvait sentir la peau en-dessous. C'était un contact subtil, mais s'il en faisait plus que ça, sa conscience tomberait en morceaux.

"Reste pour un verre, au moins."