3126…3127…3128…

Ron, soupira en poursuivant mentalement son décomptage…La lune éclairait tant et si bien sa chambre qu'il distinguait chaque petite fissure dans le plafond, chaque petite tâche sur les murs, et il les comptait, inlassablement… A défaut de pouvoir dormir, cela lui évitait de laisser dériver ses pensées vers ce qui le préoccupait, jour et nuit, sans répit…

Mais aujourd'hui, il n'arrivait pas à se concentrer, à ignorer cette boule d'angoisse qui le rongeait…

Voldemort était vaincu, oui… Mais la guerre n'était pas fini, pas tout à fait. Des foyers de résistances Mangemort subsistaient, se multipliant de façon inquiétante, provoquant de terribles dégâts… Ron ne pouvait oublier les scènes de crime qu'il avait vu. Il avait beau être un Auror aguerri, il avait beau se battre aux côtés d'Harry depuis des années, il n'était jamais vraiment prêt à affronter ces images…

Il serra les poings et se redressa dans son lit…Il n'arriverait pas à dormir…Elle lui manquait… Hermione… La jeune femme s'était absentée quelques jours à Paris, elle ne rentrerait que le lendemain, Ron avait alors décidé de passer sa semaine de permission au Terrier, chez ses parents, évitant ainsi de vivre de plein fouet le vide laissé par Hermione dans leur maison. Il n'avait qu'une hâte, la serrer dans ses bras, plonger le nez dans ses boucles indisciplinées et respirer avec enchantement son odeur unique. Hermione…Cette guerre aura au moins eu le mérite de leur donner le courage d'avouer leurs sentiments… Et si la jeune femme avait hésité à endosser l'uniforme d'Auror, au grand dam de Ron, elle avait finalement opté pour une carrière dans la défense de créatures en tout genre, centaures, elfes, géants… Elle parcourait les pays, défendant leurs droits avec une ferveur que Ron admirait depuis toujours… Cette femme était extraordinaire, et elle était sienne…

Elle était là, le cherchant du regard, sur le quai de la gare. Ron prit le temps de la regarder, voulant imprimer chaque détail, chaque courbe de son corps, chaque boucle qui retombait autour de son visage, chaque fossette qui animait son visage plein d'espoir. Elle l'aperçut enfin, grand roux, indéniablement séduisant.

_Ron !

Laissant son bagage à terre, elle courut se jeter dans les bras du jeune homme, qui la souleva, enfouissant son visage contre son cou. Par Merlin, que c'était bon de la revoir, de la sentir contre lui, vivante, aimante… Il l'embrassa avec fougue, la faisant rire… Qu'il aimait ce son…

_Oh Ron, tu m'as manquée !

_Toi aussi, plus que tu ne peux l'imaginer…

Il alla prendre son sac et main dans la main, ils se dirigèrent vers la sortie.

_ Nous allons au Terrier, annonça Ron, Harry et Ginny doivent être arrivés, Maman voulait préparer un grand repas pour ton retour…

_Je ne suis partie que quelques jours ! s'exclama Hermione en riant.

Ron s'arrêta et l'attira contre elle. La jeune femme, surprise, leva les yeux vers lui.

_Ron, que se passe-t-il ?

Elle avait noté sa mâchoire tendue, son sourire, sincère quand il l'avait vue, mais crispé ensuite… Ses traits tirés, on aurait dit qu'il n'avait pas dormi depuis des jours…

Le jeune homme soupira.

_Ron, insista Hermione, sur un ton qui n'admettait aucune esquive.

_Ce sont ces attaques… Je pars en mission dès ce soir…Elles sont de plus en plus nombreuses, comme si les Mangemorts savaient quelque chose qu'on ignorait…

Hermione tenta tant bien que mal de cacher sa déception. Elle ne le verrait donc que quelques heures, avant de passer des semaines sans nouvelles, le cœur déchiré et terrifié…

Ron poursuivit.

_ Ils ne semblent pas frapper au hasard… Des gens travaillant au ministère, avec leur famille…Et…

Sa voix se brisa.

_ Et des gens comme moi, acheva Hermione.

Elle avait pâli, mais regardait Ron avec un air sur d'elle.

_Il ne m'arrivera rien Ron !

Le jeune homme secoua la tête.

_Comment peux-tu le savoir… Tu travailles au ministère, tu es d'origine Moldue, tu fais partie de ceux qui ont combattu Voldemort, et sans toi, nous n'y serions sans doute pas arrivés ! Hermione, s'il t'arrivait quelque chose, je…

Hermione l'interrompit d'un baiser, long, profond, qui leur arracha un gémissement à tous les deux.

_Il ne m'arrivera rien, répéta la jeune femme en plantant son regard noisette dans les yeux bleu de Ron.

Leur visage étaient si près l'un de l'autre qu'elle pouvait aisément compter les taches de rousseur sur le visage de Ron. Il semblait si vulnérable en cet instant, il y avait une telle peur dans son regard.

_J'ai si peur de te perdre, je ne pourrai pas le supporter… murmura le jeune homme.

_J'ai peur aussi Ron, c'est toi l'Auror, c'est toi qui pars risquer ta vie, pas moi… Tu peux à peine imaginer le cauchemar que ça représente pour moi…

Ils s'enlacèrent tendrement.

Les retrouvailles au Terrier furent chaleureuses, même si Harry avait finalement été retenu au Ministère, une fois de plus. Hermione ne le vit que quelques minutes, quand il passa prendre Ron le soir venu… La jeune femme retint ses larmes avec grande peine en se blottissant contre le torse du rouquin. Celui-ci la serrait contre lui, puis il leva son visage vers lui, la scrutant, le parcourant, comme pour l'apprendre par cœur.

_Ne pleures pas, chuchota-t-il.

Hermione ne répondit pas, Si elle ouvrait la bouche, elle s'effondrerait, et elle n'avait pas le droit de lui faire ça. Mais c'était si injuste… Elle aurait voulu avoir plus de temps, l'avoir pour elle, passer la nuit avec lui, redécouvrir son corps, ses mains sur elle.

_Je t'aime

Ce fut les seuls mots qu'elle réussit à dire, les seuls mots dont Ron avait besoin.

_Moi aussi…

Il enfila une cape et suivit Harry dehors. Hermione et Ginny se serrèrent l'une contre l'autre, pâles, sur le pas de la porte. En une fraction de seconde, ils n'étaient plus là.