Il est là. Il me regarde. Je le sens. Sa présence qui inspecte chacun de mes mouvements, cherche mes yeux sombres qui prétendent ne pas apercevoir la forme de son corps.

A ce stade de ma vie, je ne me pose plus vraiment de question, au pourquoi de sa présence, en cet instant, en cet endroit. Je veux juste qu'il parte, qu'il me laisse tranquille, personne n'a besoin de lui en ce monde. Et surtout pas moi.

Je m'impatiente déjà de ces longues minutes de dévisagement, dans un silence qu'il semblait tirer à son propre avantage. S'il veut son coup de gueule, il va l'avoir.

« Tu veux quoi encore ? Après avoir ruiné tout ce qui comptait pour moi, t'arrives encore à me faire chier quand je glande tout seul ? » reprochais-je de façon molle, comme vidé de mon énergie.

Mon regard le fuit toujours, mais je devine facilement qu'il se moque de moi, sourit de ma remarque. Tu mérites même pas d'exister. C'est ce que mon esprit pensait de lui. Puis, il décida de lancer une première flèche à mon cœur : « Tu n'aimes pas l'ironie de tes propres mots ? Car il semblerait que tu ais oublié...que je suis toi. La partie cachée de l'iceberg.

- Ferme-la ! criai-je tout d'un coup, dégage ! Je suis pas comme ça ! Je suis pas comme toi...pas comme...

- Pas comme avec ta famille ? Tes amis ? Pas comme ce que tu as dit à eux ? »

Je ne sais pas quoi répliquer en retour. La seconde flèche m'a atteinte. Toutes ces personnes...je les aime, mais je les ai aussi rejeté. Moi qui est de nature si calme, j'ai prononcé des mots que je ne peux leur faire oublier. Mais je n'ai rien dis, non, ce n'est pas moi...c'est ce démon qui me fait face, qui me transforme en une bombe de haine en me possédant dans les pires moments possibles. « C'est toi qui me fait tout ça. C'est toi qui me contrôle et c'est toi qui intéragis, pas moi.

- Je suis toi, mon grand. Je n'ai pas à répéter ça. Je suis ta véritable apparence, celle que tu refuses et rejettes. Je suis la Vérité. »

Silence. J'en ais assez de ses conneries du « je suis toi ». Je sais que ce n'est pas vrai, tu es juste un démon venu pourrir ce que je suis...

Ce que...je suis...

Un sentiment étrange me prend soudainement. Pourquoi j'ai l'impression d'avoir tord ? Je sais pourtant très bien ce que je dis. Alors pourquoi...pourquoi je veux pleurer ? Je...

« Tu commences à réaliser ? ». Cette voix soudainement douce me prit en sursaut. Qu'est ce qui lui prend, maintenant ? Il continuait ainsi. « Quand une personne est à bout et ne retient plus ses émotions, ses mots, sa véritable personnalité se montre au grand jour. Toutes les pensées qu'il n'a jamais osé prononcer explosent alors et filent comme un ouragan. Je suis cet ouragan. Tu comprends ? ». Ce démon...il me parle d'une façon si amicale tout à coup. Et je ne ressens plus cette haine envers lui...

Puis, le déclic. Je venais de réaliser qu'actuellement, je pensais bel et bien chaque mot que je prononçais de ma bouche. Je ne savais simplement rien contrôler.

Celui que j'appelais démon semblait s'effacer peu à peu. Je comprends...oui.

« Tu es moi. C'est vrai. Il serait temps que j'assume ce que je suis. » dis-je en souriant, alors que des larmes coulaient lentement de mes joues. Des larmes de soulagement.

La personnalité est comme le ciel, il y a des faces cachés que l'on ne pourra jamais découvrir ou comprendre, tout ce qu'on peut faire est l'accepter tel qu'il est.

C'est une pensée que je me répéta plusieurs fois intérieurement. Puis, lorsque j'eu enfin l'audace de porter mes yeux vers mon interlocuteur, tout ce que je trouva à la place ne fût qu'un miroir reflétant mon corps.