L'histoire se déroule quelques mois avant la mort de Stéphane Sirchis, alors que Boris Jardel a été désigné pour intégrer le groupe. Début de l'écriture de l'album Dancetaria. La nouvelle comporte 3 chapitres, je vous laisse lire.
La tournée WAX faisait salle comble, le groupe écrivait déjà de nouveaux morceaux pour le prochain album. Chacun y mettait du sien, autant dans la composition que dans les textes. Nicola voyait que Stéphane n'allait pas très bien. Parfois celui-ci restait des jours entiers alité parce qu'il ne pouvait pas se lever. Sa femme et sa fille le voyaient, mais elles étaient impuissantes face à ce qui le toucher. D'un commun accord, les jumeaux, ainsi que Jean Pierre Pilot décidèrent de faire passer des auditions afin de trouver un guitariste supplémentaire. Ils avaient besoin d'un lead guitare qui s'investisse autant dans le groupe que sur scène et en studio. Il y eu plusieurs jours d'auditions, entre coupés de sessions d'écriture des garçons. Leur choix s'arrêta sur un jeune guitariste allant sur ses trente ans. Il avait travaillé pour Vanessa Paradis, L'Affaire Louis Trio, et faisait quelques scènes avec Axel Bauer entre autres. Il avait une compagne, un petit garçon et avait été plus récemment l'heureux papa d'une petite fille. Cependant il montrait une grande détermination à vouloir s'investir sans pour autant lécher les bottes du groupe. Au contraire il fut honnête avec eux quand ils lui demandèrent ce qu'il écoutait, plutôt Indochine ou Téléphone, le jeune homme leur répondit sans hésitation le second groupe. Boris Jardel fut alors désigné comme le nouveau guitariste d'Indochine.
Très vite le nouvel arrivant se trouva une belle complicité avec Jean Pierre. Nicola veillait sur lui tout en étant ferme, montrant ainsi qu'il était le patron, mais qu'il était présent si besoin pour répondre à toutes les questions du jeune homme. Stéphane plus effacé se contentait de lui parler musique. Cela dura jusqu'à l'été. Ensuite les deux hommes passèrent un peu plus de temps ensemble. Boris étant un peu dans l'excès aussi, Stéphane pouvait se permettre de lui parler sans être juger. Le nouveau était très touché par la personnalité de cet homme déchiré. Le peu de contacte qu'ils avaient, ils savaient les apprécier. Nicola aimait beaucoup l'ambiance, Stéphane leur livrait quelques fois des riffs ou des séries d'accords ce qui ravissait son jumeau.
Peu après la saison d'été, Nicola décida que ça leur ferait du bien de s'éloigner de la grisaille parisienne et son air saturé de pollution. Il proposa alors aux garçons deux semaines d'écriture sur la côte landaise. Jean-Pierre déclina, c'était la rentrée depuis une semaine, il voulait rester avec ses enfants. Nicola était un peu vexé mais laissa courir. Stef accepta dans la seconde. Sa femme pouvait se passer de lui ce temps là, leur fille entrant au CP. Boris était dans le même cas, et n'ayant pas profité des vacances avec le pouponnage et son fils qui demandait un peu plus d'attention, sa compagne fut heureuse qu'il parte prendre l'air. Nicola loua donc une maison de plein pied, situé à moins de 500m de la plage à Biscarosse. Elle était en bois, composée de 4 chambres, une grande salle de bain avec une baignoire et une douche à l'italienne, un grand salon avec une baie vitrée prenant tout un pan de mur, et une cuisine américaine délimitée du salon par un plan de travail central. S'ils ouvraient la baie, une terrasse tout aussi en bois les accueillait. Deux marches plus bas, une belle pelouse les attendait, un grand jardin délimité dans le fond par la forêt. Un garage pour deux véhicules et à l'ombre de la construction, une piscine, toujours en bois dans le style de l'habitât. Seuls quelques rayons de soleil parvenaient à chauffer l'eau lorsqu'il était à son zénith. Nicola ne pouvant arriver que le mardi, Stéphane et Boris c'étaient organisés pour partir ensemble à une voiture. Ils voulaient rencontrer les propriétaires qui leur donneraient les clés. C'est ainsi que dans la nuit du vendredi au samedi les deux hommes prirent la route ensemble avec le véhicule du jeune dernier. La veille Nicola leur avait donné toutes les instructions et coordonnées. Ils se relayaient sur le trajet pour qu'il n'y en ait pas qu'un seul qui conduise. Le linge de maison et les draps de bains étant fourni, les deux hommes voyageaient léger, chacun n'ayant qu'un sac de voyage, le reste étant amplis et instruments de musique. La voiture était chargée et dans l'habitacle résonnait le grésillement d'une radio. De temps en temps les garçons parlaient, ils s'arrêtaient pour se dégourdir les jambes. Boris souriait dès qu'il avait une cigarette entre les lèvres. Il était content car avec Steph pas de restriction de ce coté là. Nico aurait refusé qu'il fume dans l'habitacle.
Enfin ils arrivèrent à destination en milieu d'après midi. Le couple leur louant la maison était là. Ils les accueillirent avec un grand sourire chaleureux. Suivant les directives de Nicola, Stéphane donna plusieurs papiers et une enveloppe au propriétaire. Sa femme expliquait déjà à Boris où se trouvait la supérette la plus proche afin qu'ils puissent faire leurs courses une fois installés. Elle lui conseilla aussi quelques petits restos encore ouverts en arrière saison, le tout en le faisant visiter. Bientôt Stéphane et le mari les rejoignirent. Celui-ci leur montra où se trouvait la tondeuse, comment fonctionnait la piscine et enfin il repartit avec sa femme laissant les deux musiciens s'installer. Après avoir déballé et rangé leurs affaires, chacun prit une douche pour se décrasser du voyage et s'habilla légèrement, la température dépassant encore les 25 degrés.
Ils se rendirent au super marché et firent les courses afin d'être tranquille jusqu'à l'arrivée de leur patron. Ils le savaient difficile et préféraient qu'il s'en charge lui-même à son arrivée. En attendant, eux ne s'embêtèrent pas. Café, thé, p'tit déjeuner, des pizzas, et autres surgelés de restauration rapide, mais aussi de la bonne viande fraiche, des pâtes et du riz. Quelques condiments et des bouteilles de plusieurs saveurs différente, avec et sans alcool, plus tard, les deux hommes passèrent en caisse et rentrèrent. Une fois les courses rangées dans les placards, le frigo et le congélateur, ils se posèrent enfin dans le canapé face à la tv que le jumeau Sirkis s'empressa d'allumer. Canal et le satellite, ils étaient aux anges. L'ainé décida de faire cuir deux pizzas différentes qu'ils couperaient en deux, et sorti un paquet de chips qu'il vida dans un saladier, et une boite d'olive qu'il mit dans un bol. Boris s'occupa de servir l'alcool avec des glaçons.
Devant un film ils dégustèrent leur repas improvisé en parlant de tout et rien, mais surtout de leurs enfants. Le père. Boris aimait ce coté du frère Sirkis. C'était un père aimant et attentif. Et c'est pour sa fille qu'il voulait se battre, se soigner. Boris trouvait cette raison belle. Les enfants étaient leur raison de vivre. La chaleur étant encore présente, ils déposèrent des bougies à la citronnelle autour de la piscine et décidèrent d'y piquer une tête. Tard dans la nuit, une fois sec et un pull enfilé car la fraicheur c'était installée, tous les deux attrapèrent leurs guitares. Timidement Stéphane demanda à Boris s'il pouvait fumer un joint, le plus jeune lui sourit en acquiesçant et lui répondit qu'un de temps en temps ne faisait pas de mal. L'aîné lui en prépara un aussi. C'est dans cette atmosphère détendu, mélangeant le bruit de leurs instruments à celui des vagues quelques 500m plus bas qu'ils composèrent et s'amusèrent.
Ils allèrent se coucher très tard cette nuit là. Si tard qu'avant que la tête de Stéphane ne touche son oreiller, il recevait un appel de Nicola sur son portable.
- Encore debout ? Demanda le chanteur étonné.
-Oui on bossait. Et toi mon Nico ?
-Je me lève là, j'allais courir. Mais vu que j'ai pas eu de nouvelles de vous, je voulais te laisser un message pour que tu me rappelles dans la journée.
- Désolé mon Nico j'ai complètement oublié. On est bien arrivé, j'ai donné les papiers aux propriétaires comme convenu. On a été faire des courses, mais on en refera à ton arrivée.
- Merci Steph. Boris va bien ?
- Oui, il doit surement dormir là. On c'est détendu devant la tv en dinant, puis à la piscine, et après on a bossé jusqu'à maintenant.
- Faites attention, reposez vous aujourd'hui, allez à la plage, dormez, ne bossez pas trop, attendez moi pour ça.
- Promis mon p'tit Nico. On fera attention. Je pense qu'à notre réveil on ira se balader pour découvrir les alentours. Il y a une forêt au bout du jardin. Et quand on est sur la terrasse on entend les vagues. Répondit le malade avec entrain.
- Tu as l'air d'aimé ça dis donc.
- Oui, je me sens bien ici, je sens que ça va le faire.
A Paris, Nicola pouvait presque voir le sourire de son frère derrière son téléphone. Il lui répondit.
- Alors je suis content d'avoir eu cette idée. Je vais y aller avant de réveiller Gwen. Je pense pas faire plus de 10kms aujourd'hui. Peut être à tantôt ?
- Bien sûr mon Nico. Je garde mon téléphone avec moi de toute façon.
- Très bien à plus tard alors !
Les jumeaux raccrochèrent et l'aîné s'endormit enfin, apaisé. Il ne rouvrira les yeux que plusieurs heures plus tard, en début d'après midi. Rejoignant Boris qui portait un mug de café à ses lèvres, une cigarette à la main, assit sur la terrasse. Celui-ci n'avait pris la peine que d'enfilé un short. Steph s'aperçu que la cafetière était encore brulante il en déduit donc que son benjamin venait de se lever. Après s'être servi une tasse il le rejoignit. Ils échangèrent un sourire, mais n'étant du matin, ni l'un, ni l'autre, ils ne dirent pas un mot, profitant d'une petite brise de l'océan sur leurs visages. Une fois leurs mugs terminés, Stéphane rapporta son coup de fils nocturne à son ami. Ils déjeunèrent copieusement allèrent à la plage, serviette de bain sur le bras avec eau et clope dans un sac où Boris avait glissé quelques fruits. Lunettes de soleil glissées sur le nez, chapeau vissé sur la tête, les voilà allongés sur le sable. Ils observaient autour d'eux. Steph sourit en voyant les surfeurs qui ne travaillaient pas à l'eau. Il expliqua alors à Boris qu'il avait pris des cours de surf avec Nicola y a quelques années. Boris eu un mince sourire qui s'étira sur ses lèvres. Une fois leur cigarette consumée, ils allèrent à l'eau pour se rafraîchir et profiter des biens faits de l'océan.
En fin d'après midi ils rentrèrent se dessaler, enfilèrent une tenue passe partout et se rendirent dans un restaurant près des arènes de la ville. Le gérant était là, content qu'il y ait encore un peu d'estivant. Stéphane était bien ici, car pour l'instant, personne encore ne l'avait reconnu. Il pouvait continuer à profiter de la ville incognito. Après diner, ils se promenèrent sur la bute de la grande plage. Puis s'aventurèrent sur le sable et prirent la direction de la plage nord. L'océan commençait à monter. Les vagues à augmenter. Quelques surfeurs étaient encore à l'eau et revenaient sur la rive la lumière de la lune ne permettant pas de rester plus longtemps à l'eau sans danger.
Ils s'assirent dans le sable, face à l'océan. Sur la ligne d'horizon ils voyaient les lumières d'un chalutier partant vers le large. Sur un ton de confidences, ils parlèrent de leurs problèmes de drogues, d'alcool, de tous leurs excès. Si Stéphane était très bien avec sa femme, Boris parla de sa tendance à aller voir ailleurs sur les routes. Ainsi, ils en vinrent à parler sexe. Tellement naturellement et simplement qu'ils n'y firent pas attention. Chacun raconta ses différentes expériences, même les plus honteuses en ce qui concerne l'aîné. Mais son ami ne fit aucun commentaire. Il écouta, garda le silence, il comprenait que c'était « il y a longtemps, et ailleurs ». Stéphane se sentit soulager que ça se passe ainsi. Il aurait été triste de perdre cet homme, cet allié, à cause d'une erreur de jeunesse, d'une curiosité mal placé, mais tellement en vogue là où tout c'était produit. Sur le chemin les ramenant à leur location, ils furent prit d'un fou rire quand ils s'aperçurent que ni l'un, ni l'autre n'avait eu de relation avec un autre homme. Ils passèrent à un nouveau sujet de discussion quand ils se glissèrent dans la piscine, un joint à la bouche. Ils se demandaient comment Nicola allait vouloir organiser les deux semaines qui allaient suivre. Surtout que sur Paris il faudrait enregistrer les maquettes. Stéphane avait bien sa boite à rythme mais il pensait que ça ne suffirait pas. Ensuite ils reparlèrent de leurs enfants. Lou , Louis et Leïa.
Tandis que Boris refaisait deux joints, Stéphane partis chercher deux bières et une bouteille de vin qu'il posa sur le rebord de la piscine. Il n'avait pas pris de verre, Boris lui ayant dit avec un sourire qu'ils n'avaient pas la galle et ce qu'avait Stéphane n'était pas contagieux. L'aîné se sentait vraiment bien en présence de son benjamin. Il le traitait comme un homme, et avait beaucoup de respect pour lui, alors que d'autres l'auraient traité comme un pestiféré, une raclure de junky. Ils l'auraient pris en pitié. Lui non. Juste comme un égale, voir plus, vu le respect qu'il percevait dans sa voix lorsqu'ils se parlaient. Bientôt le sujet revint aux aventures masculines. Une bière à la main, leur drogue fumante à la bouche, ils flirtaient gentiment, se posant des questions de plus en plus précises et intimes. Stéphane se souvenait d'un baiser échangé avec Nicola à l'époque de la pension. Ça avait été furtif. Tous les deux étaient bel homme et ils le savaient. Les sourires en coins, les œillades, les clins d'œil, les rapprochements sous prétexte de prendre la bouteille de vin.
