Chapitre 1 : Il n'y a plus de « Clarke et moi »
- Il n'y a plus de « Clarke et moi »…
La jeune femme avait à peine murmuré sa réponse et prononcer ces mots lui donnait la nausée.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé avec elle ?
La jeune brune releva la tête vers son amie.
- Longue histoire…
- Je ne suis partie que deux mois, comment la situation a pu dégénérer à ce point, Lexa ?
- Je ne sais pas…
- Raconte-moi ce qu'il s'est passé ! Et aussi pourquoi tu as le poignet dans le plâtre…
- C'est lié.
- Comment ça c'est lié ? Vous ne vous êtes pas battues quand même ?
- Assieds-toi et prends une bière, ce sera mieux.
La jeune femme en face d'elle fronça les sourcils, une expression inquiète sur le visage. Elle attrapa une bière et s'installa près de son amie.
- Tu sais qu'elle ne voulait surtout pas qu'on s'affiche ?
C'était plus une affirmation qu'une réelle question, alors Anya se contenta d'acquiescer silencieusement.
- J'ai fini par insister, j'en avais marre de me cacher tout le temps, de devoir faire semblant d'être amies quand on sortait… Je voulais pouvoir lui prendre la main dans la rue, l'embrasser quand j'en avais envie, aller au restaurant comme un couple.
La brune prit une grande inspiration avant de continuer. Parler d'elles en tant couple lui faisait mal. Ce n'était plus le cas depuis deux semaines.
- Elle a fini par accepter. On est sorties, et c'était la libération. J'avais l'impression de revivre. On est allées au ciné et au restaurant. Dans le restau il y avait une table avec trois mecs, qui nous regardaient mal. Elle était un peu gênée, mais je voulais pas qu'on laisse ça gâcher notre soirée. Elle m'a demandé si… on pouvait arrêter. Faire semblant à nouveau. Moi j'ai gardé sa main, je lui ai dit que je ne voulais pas faire semblant, que je l'aimais et que les autres ne comptaient absolument pas.
La brune ferma les yeux un instant, pour éviter de laisser échapper les larmes qui menaçaient de couler. Les autres ne comptaient pas. Les autres n'auraient pas dû compter. Elles seules auraient dû. Et pourtant.
- Lex…
En entendant son prénom, elle rouvrit les yeux. Anya la regardait d'un air inquiet.
- On a… On est sorties. J'avais pas vu qu'ils nous suivaient…
- Les mecs du restaurant ?
Lexa se contenta de hocher la tête.
- Ils…
Elle ne savait pas comment annoncer ça à son amie. Sa meilleure amie, sa quasiment sœur. Quand elle sentit une main sur la sienne, elle prit son courage à deux mains et plongea ses yeux verts dans ceux de son amie.
- Ils nous ont agressées.
Les larmes sortirent avec les mots et elle ne tenta plus de les retenir. Elle sentit la main sur la sienne se crisper et le corps d'Anya se tendre.
- Parce que… ?
- Oui.
- Il faut les-
- C'est bon Anya, ils ont été arrêtés… Ils avaient payé par carte bleue au restaurant la police a pu remonter jusqu'à eux. J'ai porté plainte, le procès sera dans un mois et demi.
- Tu as porté plainte ? Pas Clarke ?
Le cœur de Lexa se serra douloureusement encore une fois. Elle sentit sa poitrine se comprimer et commença à manquer d'air. Elle tenta de reprendre le dessus, mais peine perdue. La panique l'envahissait petit à petit. Anya la prit dans ses bras, et elle laissa cours à ses larmes sur son épaule. De longues minutes plus tard, la blonde prit le visage de son amie entre ses mains pour capter son regard.
- Lex, parle-moi, raconte-moi ce qu'il s'est passé.
L'esprit de Lexa était revenu deux semaines plus tôt, quand tout avait basculé.
- Voilà, vous en avez pour un mois de plâtre mais ça devrait aller pour votre poignet. Mettez régulièrement de la glace sur votre visage pour faire dégonfler les tuméfactions. On vous a fait des points là où vous-
- Où est Clarke ?
- Elle se repose.
- Comment elle va ?
- Ça va aller pour elle, plus de peur que de mal.
La brune se détendit un peu à ces mots.
- Par contre, vous, on va vous garder en observation pour la nuit, vous avez pris un sacré coup sur la tête, on va surveiller qu'il n'y ait pas de traumatisme crânien.
- Je vais voir Clarke !
- Non, vous devez rester là, mais je lui dirai que vous êtes sortie de l'opération pour qu'elle puisse venir.
La brune avait soufflé, résignée. Pourquoi Clarke n'était pas là ? La seule chose dont elle avait envie – besoin – était de sentir la blonde contre elle et de s'endormir dans ses bras. C'était de voir de ses propres yeux qu'elle allait bien. D'entendre sa voix. De sentir la caresse de ses doigts sur son visage. De sentir son odeur. De se plonger dans ses yeux bleus. De se sentir à l'abri dans ses bras. Elle avait terriblement besoin d'elle. La porte s'ouvrit, et la chevelure blonde qu'elle attendait désespérément entra. La joie de la brune fut de courte durée.
- Clarke mon amour !
Elle tenta de se lever mais la tête lui tourna. Elle grimaça et se laisser retomber contre le lit incliné, persuadée que la blonde allait combler la distance entre elles pour la prendre dans ses bras. Pourtant, la voir debout, immobile, à côté du lit, lui donna un étrange et désagréable sentiment. Son visage portait des traces de leur agression, des bleus, du sang. Mais surtout des yeux voilés d'un sentiment que Lexa n'aurait pas su déterminer avec précision. Peur, tristesse, fatigue, dégoût…
- Clarke, comment tu vas ?
La blonde secoua la tête de gauche à droite, doucement.
- Écoute… ça n'en vaut pas la peine.
- Pardon ?
- Être avec une fille, même si c'est toi, c'est plus nocif que ce que ça m'apporte, je ne peux plus faire ça…
Quelque chose se rompit en Lexa. Quelque chose qui ne pourrait jamais plus être réparé, elle le savait. Elle tenta quand même de sauver la situation qui venait de lui échapper totalement, même si, au fond d'elle, elle savait qu'elle ne pourrait rien y changer.
- Ne fais pas ça Clarke, je t'en supplie…
- Regarde-nous, regarde où on est… Je ne veux pas de ça, je ne veux pas de… C'est trop dur d'être… avec…
- D'être quoi, Clarke ?
La blonde avait détourné le regard.
- Dis-le.
Devant le silence de la blonde, la rage avait commencé à envahir la brune.
- C'est trop dur d'être avec moi, c'est ça ?
La blonde eut le cœur déchiré de voir la peine qu'elle lui infligeait. Mais elle ne pouvait pas faire autrement. Elle ne pouvait pas. Alors elle se tourna et se dirigea vers la sortie. Lexa se sentit tomber, alors qu'elle était dans le lit. Elle avait l'impression d'être lâchée dans le vide et de tomber, tomber, tomber.
- Clarke !
La blonde s'arrêta, et après deux secondes immobiles, se retourna doucement, le visage plein de larmes. La brune parla d'une voix froide.
- Si tu passes cette porte, je ne veux plus jamais te voir. Plus jamais.
Clarke hocha lentement de la tête et se retourna à nouveau.
- J'espère pour toi qu'un jour tu réaliseras que tu ne peux pas fuir qui tu es, Clarke. Sans ça tu ne seras jamais heureuse.
- Tu penses que j'ai besoin de toi pour être heureuse ?
Sa voix était teintée de colère.
- Non, tu as besoin de toi uniquement, mais pour ça il faudrait déjà que tu acceptes ce toi.
- Tu ne sais pas de quoi tu parles !
Sur ces mots, la blonde sortit. Quand la porte se referma, Lexa réalisa qu'elle tremblait. Clarke venait de partir. Elle venait de la perdre, définitivement. Jamais elle n'avait ressenti autant de douleur d'un seul coup.
- Lex, je suis tellement désolée… J'aurais dû être là.
La brune secoua la tête. Son amie revenait de plusieurs mois de vacances et elle n'avait pas voulu l'inquiéter.
- Tu pouvais pas savoir Anya.
- Comment tu te sens maintenant ?
- Toujours aussi mal… et impuissante. Je ne peux rien faire pour que la douleur s'arrête, rien du tout. Elle me manque tellement, et en même temps je la hais tant.
Son amie lui caressa doucement les cheveux.
- Le plus dur, c'est qu'elle a fait comme si c'est moi qui l'avais blessée, comme si c'était de ma faute. Mais c'est pas moi, c'est eux, c'est la société… Je veux dire ce n'est pas parce que je suis moi que c'est arrivé, c'est parce que des gens me haïssent pour ce que je suis.
- Je sais.
La brune laissait ses larmes couler.
- Et elle aussi elle me hait pour ce que je suis…
- Mais non, tu sais bien que ce n'est pas vrai, elle-
- Bien sûr que si, sinon elle serait pas partie, sinon elle aurait accepté de porter plainte aussi. Là, elle ne fait rien contre eux, et moi elle m'a abandonnée… Et le pire, c'est que je m'en veux aussi, au final… Je n'aurais pas dû la pousser à accepter… Je savais que ce ne serait pas facile, mais je pensais quand même qu'on aurait plus d'une soirée de répit, avant d'être déjà confrontées à la haine et à la bêtise humaine… Je pensais que j'avais le droit à un peu de bonheur aussi… Je voulais juste un peu…
Sa voix devenait saccadée et Anya la serra un peu plus fort contre elle.
- Ce n'est absolument pas de ta faute Lex !
- Tu peux pas savoir à quel point je lui en veux… Et à quel point je me sens stupide d'être aussi faible et d'avoir laissé quelqu'un avoir autant de pouvoir sur moi. Je le savais, l'amour est une faiblesse… Il suffit qu'elle parte et tout s'écroule !
- Ne dis pas ça, tu sais bien que ce n'est pas vrai, ce n'est pas une faiblesse.
- Comment je vais faire maintenant ?
- Tu vas passer à autre chose, petit à petit.
- Mais je l'aime, je l'aime tellement…
- Alors va la reconquérir.
- Jamais. Elle m'a brisé le cœur. Elle m'a abandonnée quand j'avais le plus besoin d'elle. Elle m'a rendue responsable de ça, elle m'a… Je ne pourrais jamais lui pardonner.
Voilà pour ce premier chapitre, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé (:
Il devrait y en avoir 6 en tout, je vais essayer de poster le plus régulièrement possible. Beacoup d'angst dans cette histoire, mais je promets que cette fois pas de fin fatale pour qui que ce soit...
