Voila un petit drabble indépendant que j'ai voulu écrire après le match de rugby opposant la France à l'Angleterre le samedi 19 mars 2016, et qui m'a inspiré. Je ne suis pas très rugby, mais un match France-Angleterre, que voulez-vous que je fasse d'autre ?


J'ai gagné, chéri

Francis laissa échapper un grognement mécontent lorsqu'il se trouva devant la porte de la salle de réunion. Il n'avait, mais alors, vraiment pas envie d'entrer dans cette salle. Il savait d'ors et déjà le regard qu'on poserait sur lui, mais surtout, son regard à lui. Lui pour qui il donnerait n'importe quoi afin de ne pas le voir aujourd'hui, ni demain, ni les vingt prochaines années de sa vie. Mais il y était obligé, il ne pouvait se dérober. Alors il entra, la tête baissée, les yeux à terre, refusant obstinément de lever le regard.

Il sentait sur lui tous les regards se posaient, mais un en particulier lui brûlait la nuque. Exceptionnellement, il allait changer de place pour être sûr d'éviter le plus possible le regard de sa Némésis. Il s'assit à l'autre bout de la salle, un peu à l'écart des autres nations et resta là à bouder. Il comptait bien ne pas se la ramener de tout le meeting.

Une atmosphère tendue s'était installée dans l'air au moment-même où Francis était entré dans la salle. Celle-ci sembla pourtant se dissiper un peu lorsqu'Allemagne annonça le début de la réunion. Aujourd'hui, on parlait du réchauffement climatique, bien longtemps après la Cop21. Francis était dû être intéressé puisque celle-ci s'était déroulée dans son pays, mais pour le moment, il avait un autre problème en tête duquel il ne parvenait pas à se départir.

Le meeting se poursuivit de longues minutes encore, et le Français, au bout d'un moment, eut le mauvais réflexe de relever la tête. Son regard se planta directement dans ceux émeraude de sa Némésis attitrée. La lueur moqueuse qui régnait en eux l'insupporta au plus haut point.

Il sentait bien que ce soir n'allait pas être une partie de plaisir.

Lorsque le meeting se termina, Francis fut le premier dehors. Il ne s'attendait pourtant pas à ce que la personne qu'il tentait d'éviter le plus possible le suivait de près. Bientôt, il se sentit agrippé par le bras et emmenait jusqu'à une pièce avant que son kidnappeur ne ferme la porte derrière eux.

Mais le Français se refusa à se retourner. Une colère bouillonnante se répandait en lui, décuplée lorsqu'il fut violemment poussé sur un fauteuil de la salle. Il n'eut d'autres choix que de lever les yeux vers son vis-à-vis. Celui-ci avait toujours cet air moqueur et victorieux au visage. Il avait juste envie de lui coller son poing dans la figure.

- Alors ? Tu es toujours dégoûté d'avoir perdu 21-31 au rugby hier soir ?

Francis croisa ses bars et regarda ailleurs.

- Oui.

- Oh, mais, Darling ~ ! Tu n'as pas besoin de bouder, c'était évident que l'Angleterre allait gagner.

- Oui, mais quand même. Vous auriez pu nous laisser gagner.

Arthur laissa échapper un petit rire attendri avant de se pencher vers son petit-ami, décidément très mauvais perdant. Il lui embrassa tendrement le front, puis la joue, puis vint cueillir ses lèvres. Il s'installa sur ses genoux et approfondit le baiser.

- Arrête de me bouder, Francis !

- Mmh…

Arthur laissa échapper un autre rire.

- Si tu arrêtes de me bouder, ce soir, tu peux faire de moi tout ce que tu veux.

Un sourire plein de joie, mais teinté d'une lubricité certaine se peignit sur les lèvres du Français. Cette fois plus docile, il se laissa emmener dans leur chambre d'hôtel.

Tant pis si la France avait perdu 21-31 face à l'Angleterre au rugby la veille. Parce que même si Francis avait perdu une bataille, il n'avait pas encore perdu la guerre.