Titre : Jenny's Adventures 8 : Trilogie Partie 8 : Matty
Résumé : Il est des fois où le poids de la destinée pèse plus fortement sur les épaules. Cette journée en est une pour Matty... Cependant ses sentiment pourraient le mener plus loin qu'il ne l'aurait imaginé. Il est temps d'en apprendre davantage sur ce jeune homme... Et pour ce faire, je vous propose un petit retour en arrière!
Spoliers : Il est bien évidemment préférable d'avoir lu les aventures précédentes de "Jenny". Donc, les spoliers sont les mêmes que pour le reste de la série.
Disclamer : Les personnages de la série Doctor Who sont l'entière propriété de la BBC et de leurs créateurs.
Bêtas : Encore une fois, merci à Idwy et Rose1978 pour avoir partagée l'aventure de l'écriture et de la mise en place de l'histoire, m'avoir conseillé et inspiré, nos discussions et nos partages à propos de cette fiction à l'écriture particulièrement prenante ! Vos relectures ont été primordiales! Vous êtes géniales les filles! Vraiment, merci, merci, merci!
Notes : L'histoire se passe dans un univers parallèle à celui que nous connaissons dans le whoniverse. Il s'agit là de la suite des aventures de Jenny. Pour conserver le mystère, je n'en dirai pas plus! Et pour plus d'infos temporelles, vous pouvez jeter un œil sur la timeline de Jenny!
Il avait toujours su que ce qu'il allait avoir à faire allait être compliqué. Un devoir difficile aussi bien physiquement que psychologiquement. Mais on le lui avait assuré, c'était ainsi que tout devait se passer. Le seul point important était que sa « cible » ne devait rien savoir de ses intentions finales. Et s'il pouvait être entièrement lui-même, il devait lui cacher qui il était. Un vrai paradoxe, pratiquement impossible à surmonter !
Il y était pourtant parvenu jusqu'à maintenant. Mais jamais il n'avait imaginé tomber amoureux de celle qui devait changer le futur en mourant. C'était pourtant ce qui était censé arriver. Non ! Ce qui devait arriver ! « Un point fixe ! » Lui avait-on dit des milliers de fois. Il savait comment cela s'était passé. On le lui avait répété à tant de reprises, raconté sous tellement d'angles différents par différents témoins. Des êtres proches, de la famille. Il avait confiance en eux. Et il savait qu'ils avaient raison. Depuis son adolescence, il savait que ce jour viendrait où il devrait se trouver là. Il faisait partie intégrante de l'histoire. Partie intégrante du futur en marche.
Mais maintenant que lui même vivait ce moment. Maintenant qu'il était à genoux sur cette place, devant cette petite église, maintenant qu'il pleurait devant celle qu'il aimait, absolument tout ce qui avait pu lui être raconté n'était plus que lointains murmures. Folies. Tortures. Tous ces témoins de si bonne foi savaient-ils à quel point c'était terrible ? À quel point ses sentiments à l'égard de celle qui reposait maintenant dans ses bras avaient évolués en une nuit ? La douleur était telle qu'il ne savait si il allait pouvoir poursuivre ce qu'il devait faire... Comment allait-il pouvoir ne serait-ce que tenir sur ses jambes ?
Ça ne faisait pas partie du deal. Pas partie de sa mission. Pas ces sentiments nouveaux. Pas cet amour inconditionnel né d'une rencontre préparée. On lui avait demandé l'impossible en toute connaissance de cause... Et maintenant...
Le monde s'était effondré quand il l'avait vu tomber du toit de cette petite église... Une plaie béante s'était ouverte en son cœur, et la voir ainsi s'éteindre sans pouvoir faire quoi que ce soit... Comment pouvait-il rester à la regarder mourir maintenant que son cœur ne battait que pour elle ? Sa peine grandissante lui coupait toute capacité de réfléchir ou d'agir.
L'incendie, il s'en moquait, la foule, il n'en avait que faire. Tout ce qui lui importait était là, entre ses bras. Il savait ce qu'il devait faire. Mais comment y arriver alors que son cœur se brisait en mille morceaux. L'amour, ce sentiment dévastateur, avait tout changé. Pourquoi personne ne lui en avait jamais parlé ? Parce qu'il devait l'expérimenter dans la douleur ? L'amour fait mal... Oh oui, oui, il le savait, l'avait déjà entendu trop de fois... Ses parents avaient souffert à cause de lui et s'étaient mutuellement guéris... Mais pas comme ça... Pas de cette manière... Il lui était impossible de faire quoi que ce soit. Il avait toujours su qu'il devrait remplir sa mission. C'était son devoir ! Son acte de bravoure envers l'univers. Il était un chevalier et s'était forgé une armure aussi dure que l'acier en sachant qu'il serait confronté à une mort inévitable. Pire, il serait celui qui guiderait sa cible vers cette mort... Mais ces instants passés auprès d'elle avait fait évoluer raison et sentiments. Il n'était plus le même. Son armure avait fondu sous la chaleur de cet amour naissant. Et maintenant, elle se brisait, ne devenant que poussière, s'envolant au vent avec les restes de la ville en cendre. Son cœur était mis à nu, arraché à vif. Depuis qu'il avait cru perdre Jenny dans la cave, il avait compris que ce qui allait devoir se produire allait lui être presque impossible à supporter...
Et pourtant, n'était-ce pas le « presque » qui était important ? Et si cette douleur était celle qui allait permettre au futur de prendre forme ? Et si son amour devenait ce qui le guiderait dans la suite des événements ! Peut-être bien... Mais sa douleur était tellement forte, tellement déchirante en cet instant, il lui était impossible de penser correctement. Il ne pensait plus qu'à une seule chose et c'était à elle, sa Jenny...
Lorsqu'elle lui lança ce dernier regard, plein de désir et de tendresse, son cœur se réchauffa. Une minuscule étincelle. Assez pour sentir ce besoin de déposer un dernier baiser sur ses lèvres. Et assez pour commencer à remettre de l'ordre dans ses pensées. Assez pour savoir comment il devait agir à ce moment précis. Il s'approcha d'elle et l'embrassa, tendrement. Elle était brisée entre ses bras, il pouvait le sentir. Pourtant, pour lui, il lui restait assez de force pour lui rendre ce baiser qu'il lui offrait.
Ce fut quand elle cessa de répondre à ce doux contact qu'il comprit que c'était fini. Il l'éloigna de son visage, elle avait les yeux fermés, quiconque aurait pu croire qu'elle dormait, mais il savait... Et ne put retenir un cri qui ébranla le silence de la place. Il s'effondra sur son corps sans vie, il la serra contre lui et la berça tendrement. Plus un son, plus un mot ne parvenait à franchir le seuil de ses lèvres, incapable d'exprimer ce qu'il ressentait à cet instant. S'il s'était écouté, il serait resté là, se laissant partir à ses côtés. Ses lèvres continuaient de déposer des baisers sur sa joue écorchée. Et quelques larmes incontrôlables s'écoulaient sur ses propres joues avant de tomber sur le T-shirt de sa bien-aimée. Il l'avait perdue, et s'était perdu avec elle. Il ne pourrait plus lui dire à quel point il l'aimait. Elle ne voulait pas le quitter, elle lui avait promis qu'elle reviendrait, et la folie de l'Homme la lui avait arrachée. C'était pourtant ce qui était censé arriver. Il le savait. Il l'avait toujours su. Et son travail n'était pas terminé. Mais comment pouvait-il y arriver maintenant qu'il la voyait contre lui, telle une poupée désarticulée.
Pourtant, son devoir devait passer par cette phase. Et l'amour lui permettait de passer à la suivante. Par amour, il était capable de tout. Il pouvait dépasser la barrière de la mort. Pour elle, il se sentait capable de le faire. D'aller de l'avant et terminer cette mission. Il se sentait capable de se relever, de mettre un pied devant l'autre et achever ce qui lui avait été demandé !
Au loin, il entendait le Docteur hurler de rage contre la foule. Il comprit qu'il était temps de calmer la situation. Et le seul moyen était de lui rappeler ce qui venait de se passer. Seul l'amour qu'il ressentait pour Jenny était capable de calmer la rage du Docteur comme son amour venait de lui redonner courage. La douleur et la peine étaient plus violentes, plus désagréables, mais plus saines que la haine. Elles le pousseraient dans la bonne direction. Et Matty le savait, car c'étaient elles qui le retenait de foncer dans la foule pour se battre à mains nues contre ceux qui venaient de lui arracher le cœur.
« Docteur... Docteur, on ne peut pas la laisser là... Docteur... » Murmura Matty.
A travers ses yeux humides, il vit le visage du Docteur se tourner vers lui et s'adoucir. Il savait qu'il avait réussi. Qu'il avait trouvé les mots qu'il fallait. Il regarda le Docteur, s'écarta de Jenny et le laissa la prendre dans ses bras. Il savait que c'était à lui de le faire. Il quitta la place avec les « Enfants du temps » et Maître Stuart. Il ne remarqua pas les regards appuyés que ce dernier posait sur lui.
Lorsqu'ils arrivèrent dans la maison du Maître, Matty ne pleurait plus. Il restait prostré, tête baissée, mais ce n'était qu'apparence. Il sentait qu'il avait trouvé la force de continuer, pour elle, grâce à elle, grâce à Jenny. Le décompte était lancé, il connaissait la suite, savait que le temps lui était compté. Lorsque Mickey aurait définitivement quitté la maison, il ne lui resterait plus longtemps pour agir. Il savait ce qui se passerait s'il ne réussissait pas sa mission. Ou plutôt non, il ne le savait pas, et ne le saurait sûrement jamais, car la face du monde en serait changée.
Ces dernières secondes lui semblèrent interminables. L'idée du Docteur, les supplications de Rose, la fuite et la poursuite et enfin, le départ de Mickey dans un dernier :
« Je suis désolé, je... »
Cette phrase était le déclencheur. Si Matty avait pu douter d'avoir vécu l'histoire telle qu'elle devait se passer, ces derniers mots le lui avait révélé et avait fait envoler toute bribe d'hésitation.
Il se redressa. Il était l'heure.
« Maître, vous savez ce que vous avez à faire ! » Dit-il presque durement.
Maître Stuart s'éloigna et Matty se retrouva seul avec Jenny.
Il s'approcha du corps étendu sur la couchette, étonnement paisible et détendu :
« L'avenir est en marche, mon amour ! » Murmura-t-il en caressant d'une main les cheveux de sa bien aimée.
Mais de son autre main, comme si celle-ci agissait d'elle-même en un mouvement maintes fois répété, il agrippa le pendentif brillant autour de la jeune fille. D'un clic, il l'ouvrit. À l'intérieur brillait un minuscule objet d'un blanc nacré. Un fragment de coquille d'œuf. Il l'attrapa et s'éloigna de Jenny. Sa main tremblait un peu tandis qu'il regardait le morceau aux bords émoussés.
Maître Stuart revint précipitamment, un flacon empli d'un liquide aux reflets bleutés et une petite trousse grise dans les mains. Lui aussi tremblait.
« Merci William, maintenant, laissez moi seul, je vous prie. » Dit Matty en lui prenant les objets.
Puis il lui ferma quasiment la porte au nez et s'approcha de la table petite table en bois qui faisait office de chevet.
Il inspira un grand coup et regarda ses mains tremblantes. Si son cerveau savait à présent ce qu'il devait faire, son corps était encore chamboulé par les événements récents. Il devait le maîtriser. Et il devait se dépêcher.
Son oreille guettait tout bruit suspect tandis qu'il incorporait le morceau de coquille à la solution bleutée. Il ne savait ce qu'il entendrait s'il ratait. Le Tardis ? Ou peut être rien ? Qui sait s'il existerait. Peut- être disparaîtrait-il simplement de cette pièce laissant le corps de Jenny étendu seul, à jamais. Non, il ne le saurait jamais, parce qu'il allait y arriver. Il sortit une seringue étonnement longue de la trousse et l'empli du mélange nacré.
Jamais le temps ne lui avait semblé aussi étrange, presque vibrant. Il s'assit sur le bord de la couchette et passa la main devant les yeux. Un voile de chaleur, un nuage de poussière, certainement du à l'incendie, lui brouillait la vision. Et il voulait y voir pleinement maintenant qu'il entrait dans la phase dont personne ne lui avait jamais parlé !
