Il y a un début à tout...
Jeudi 17 juin 2012
Encore une journée normale en apparence pour n'importe quel mortel insouciant. Le ciel est d'un bleu limpide, ce qui est assez rare à New York, et aucun nuage toxique ne vient gâcher ce spectacle. Je m'amuse encore à croire que les humains normaux sont faciles à berner, bien que certains soient plus intelligents en apparence, il n'en est rien. Combien de fois ai-je volé une vie devant leurs yeux choqués? Et combien d'autres ai-je fauchés dans la fleur de l'âge sans qu'ils ne le sachent? Je suis un chasseur, et les êtres humains sont mes proies. Tel est ma triste réalité en tant que vampire et cela ne changera jamais, quoi qu'il m'arrive, quoi que je fasse. Cette malédiction est la mienne et elle le restera quoi qu'il m'arrive...
Je soupirais en regardant ces quelques mots dont j'avais eu l'inconscience d'écrire avant de chiffonner la feuille et de la lancer dans la corbeille à papier, las. Je n'étais pas un très bon écrivain pour ma part et mettre sur page ce que je suis n'était pas une très bonne idée si je voulais garder mon anonymat. Étant un vampire depuis assez longtemps je crois pouvoir me qualifier d'Ancien, mais ce genre de détail sur moi-même n'est pas très intéressant à entendre ni à lire. Je soupirais donc à nouveau avant de me lever et de m'étirer, étant resté assis quelques heures sur cette maudite chaise inconfortable pour pondre les quelques phrases qui m'assaillaient l'esprit de temps à autre. Elles n'en sortaient qu'à regret cependant, voilà pourquoi je restais assis durant des heures pour les faire sortir, ou plutôt tenter de les faire sortir, de ma tête déjà surchargée.
Las du confinement de ma chambre, je sortis sur le balcon de mon loft et regardais vers la rue en contrebas. Rien d'intéressant en vue sinon quelques piétons retardataires. Il est à-peu-près dix heures du matin et je n'avais rien de mieux à faire que d'observer New York prendre vie sous mes yeux.
M'ennuyant à mourir, je décidais de quitter ma demeure et d'aller me promener, n'ayant rien de mieux à faire chez moi. Voilà comment je me retrouvais entrain d'arpenter les rues de la ville sans destination précise, laissant mes pas me guider où bon leur semblait. Je fus vite rendu dans les quartiers malfamés de New York, les bâtiments en moins bon état et les personnes à l'air louche me l'indiquant au premier regard. Je dus rapidement contourner une base militaire, une rumeur sur un quelconque virus ayant échappé au contrôle de l'armée parvenant à mes oreilles lorsque je passais près de la construction à l'aspect impénétrable. Je levais les yeux au ciel et continuais ma marche. Un virus? Je n'avais rien à craindre à cause de ma condition. En effet, un vampire ne peux pas attraper de maladie, même s'il essaie très fort. Assez génial, mais c'est ennuyeux quand tout le monde meurt dans d'atroces souffrances et pas moi, je dois les regarder mourir quelques fois même. Atroce...
Je m'enfonçais un peu plus dans ces quartiers redoutés de New York jusqu'à finalement rejoindre le fleuve, regardant l'île de Manhattan de l'autre côté. Je soupirais, le temps s'écoulant de façon si lente que cela m'exaspérait. Je levais la tête pour regarder la position du soleil et sourit en voyant qu'il commençait à descendre. Je décidais donc de refaire le même chemin en sens inverse et m'amusait à effrayer les quelques malheureux qui croisaient ma route. Je déambulais à nouveau dans les rues lorsqu'une conversation entres deux militaires m'interpella.
Militaire 1: You heard the news?
(Tu as entendu la nouvelle?)
Militaire 2: And if you refreshed my memory, eh? Moron...
(Et si tu me rafraîchissais un peu la mémoire, hein? Crétin...)
Militaire 1: No worth insulting, man...
(Pas la peine d'être insultant mon vieux...)
Militaire 2: Stop making me waste my time, idiot, and tell me what's going on here, damn!
(Arrêtes de me faire perdre mon temps, imbécile, et dis-moi ce qui ce passe ici, merde!)
Militaire 1: Well, well ... Don't get on your high horse ... The commander told us to stay in alert in case there would be some problems because of an idiot who stole the scientific project BlackLight to GENTEK ...
(Bon, bon... Pas la peine de monter sur tes grands chevaux... Le commandant nous a dit de rester en alerte au cas où il y aurait des problèmes à cause d'un imbécile qui a volé le projet scientifique BlackLight à GENTEK...)
Je restais un instant interdit à cause de ce que je venais d'entendre, le départ des deux soldats m'empêchant d'entendre la fin des explications. GENTEK, virus, BlackLight, scientifiques? Pas des mots de très bon augure selon moi. Je me demandais ce que pourrait bien être ce dont les militaires parlaient lorsque je fus aperçu par quelques gardiens de la base. Je dus rapidement m'en aller avant qu'ils ne me prennent en chasse, jamais je ne les avais vu sur un degré d'alerte aussi élevé. Non que le fait qu'une base soit bâtie en plein New York soit normal en soit. Je soupirais avant de reprendre ma route, m'étant arrêté pour m'assurer que les militaires ne me suivaient pas, et constatais que les rares personnes encore dehors ne tenaient pas toutes debout. Quelle drôle de créature qu'est le genre humain. Capable de fêter même en temps de crise et d'ignorer les menaces de l'armée. Fêter, toujours fêter. Je me demandais si ces gens savaient faire autre chose. Apparemment pas dans ces quartiers peu fréquentable ou se côtoyaient gangs de rues, drogués et prostituées. Tous des gens de la pire espèce, du moins s'ils ignoraient mon existence. Je continuais de croire qu'être un vampire était la plus horrible des malédictions. Devoir chasser les humains pour se repaître de leur sang ou encore ne pouvoir vieillir, restant toujours figé dans mes vingt ans à jamais. L'éternité c'est long, et tu finis toujours par te lasser si tu restes dans ton coin. Voilà pourquoi j'avais décidé de me mêler à la population, pour combler cet ennuie. Malheureusement j'avais oublié à quel point les humains pouvaient être perspicace. En seulement quelques années ils avaient remarqués que je ne vieillissais pas et des rumeurs avaient commencée à circuler à mon sujet. C'était à ce moment-là que j'avais décidé de changer d'environnement et que j'avais choisi New York comme nouvelle demeure. Ville assez bruyante au lever jusqu'au coucher du soleil, elle ne perdait pas d'ampleur la nuit. Les activités nocturnes étant aussi bruyantes que les diurnes, j'avais du m'habituer à ce vacarme incessant. Ayant une ouïe ultra fine, c'était très difficile de dormir, même en y mettant beaucoup d'effort je n'y arrivait qu'en m'épuisant physiquement. Cela pouvait prendre plusieurs heures et même une journée entière.
Je grognais, la douleur habituelle de la Soif commençant à se manifester, et regardais autour de moi pour identifier les proies disponibles. Je devais être victime d'une quelconque malchance, car je ne voyais aucune proie isolée là où j'étais. Je continuais ma route d'un pas rapide, regardant les gens autour de moi pour tenter de déceler quelqu'un qui serait seul dans son coin et dont personne ne remarquerait la disparition. J'étouffais un gémissement, l'envie de boire devenant plus pressante à mesure que la douleur dans mon organisme augmentait, et me mis à courir. Je me moquais des regards troublés que les personnes me lançaient lorsque je passais près d'eux, mais je dus m'arrêter lorsqu'un poste de garde militaire apparut devant moi.
Pourquoi avoir mis ça devant moi à ce moment précis où la Soif me faisait amèrement souffrir?! Un drôle de coup du destin si vous vouliez mon avis. Serais-je capable de m'y glisser et de prendre la vie d'un des leurs? C'était ce que je voulais voir. Je m'approchais discrètement du poste et y entrais. Je dus attirer l'attention d'un des soldats parce que je me fis interpellé à peine deux minutes après être entré là.
Soldat: Hey you there! What are you fucking here? This is not a place for tourists so go in another place!
(Eh vous là-bas! Qu'est-ce que vous foutez là? C'est pas un endroit pour les touristes alors allez ailleurs!...)
Moi: Or what, eh?
(Sinon quoi, hein?)
Je n'attendis pas sa réponse, préférant fondre sur lui, tous crocs dehors, pour me repaître de son sang. La Soif me dictant mes actes, je n'eus conscience de l'erreur que je venais de commettre qu'en me redressant de ma proie, l'ayant complètement vidée. Cela me prit quelques instants avant de me rendre compte que j'étais entouré de soldats qui me dévisageaient avec horreur ou avec une curiosité morbide. Au moins une bonne vingtaine d'entre eux étaient regroupés autour de moi, non sans parler des deux hélicoptères survolant le poste. J'étais en très mauvaise position et ma seule alternative était... Eh bien... Courir et trouver une cachette. Je grognais tandis que les soldats me visaient avec leurs fusils ou leurs lance-grenades et me reculais légèrement avant de m'élancer sur la droite. J'entendais encore leurs cris de surprise lorsque je disparus de leur vue et le rugissement incessant des hélicoptères. Mon ouïe capta les résidus d'une conversation radio entre deux militaires, du moins je crois que c'était des militaires...
Militaire: Red Crown this is Falcon Delta 135, we've lost contact with the target...
(Red Crown, ici Falcon Delta 135, nous avons perdu la cible de vue... )
Red Crown: Understood Falcon Delta 135, give up the hunt and come back to your base, over.
(Entendu Falcon Delta 135, renoncez à la traque et revenez à la base, terminé.)
Falcon Delta 135: Red Crown, we're out.
(Red Crown, nous partons.)
Je fronçais les sourcils en entendant cela. Red Crown? Blackwatch? Qu'est-ce que ça pouvait bien signifier? Peut-être un nouveau groupe militaire... Dans tout les cas je ne pouvais pas m'en soucier, j'avais d'autres plans en tête. Comme me nourrir par exemple, mais pas dans ce secteur, beaucoup trop risqué maintenant. Je repris donc ma route en faisant attention à ne pas me faire remarquer par les différents groupes de personnes dans ces quartiers malfamés et m'empressai de les quitter. Je soupirais de soulagement une fois les quartiers «sains» atteints et me faufilais dans les ruelles, traquant des proies potentielles sans qu'elles ne me voient avant l'instant fatidique de la morsure. Je devais avoir tué à peine cinq personnes lorsque j'entendis la voix dont je ne voulais surtout pas capter le timbre.
?: Derek, it's you? What are you doing here? I fought that you were leaving the city this morning...
(Dérek, c'est toi? Qu'est-ce que tu fais là? Je croyais que tu quittais la ville ce matin...)
Moi: Elisabeth... Stand back... Please...
(Élisabeth... Recules... S'il-te-plaît...)
Élisabeth Miller: Why? I'm just coming to say goodbye... If you leave the city tonight...
(Pourquoi? Je suis juste venue pour te dire au revoir... Si tu quittes réellement la ville ce soir...)
Je serrais les dents et relâchais ma proie. Trop près... Elle était trop près de moi... Je ne pouvais contrôles mes pulsions sanguinaires que très difficilement en sa présence alors imaginez-moi maintenant tandis que je venais à peine de me repaître de la vie de quelqu'un. Je fermais mes yeux et me léchais les lèvres, tentant de faire disparaître les traces de ma culpabilité avant de tourner la tête vers elle. Élisabeth était splendide, une cascade de cheveux brun chocolat entourait son joli minois et ses yeux d'un vert pur étaient dévorés par la curiosité. Combien de fois avais-je résisté à l'envie à la serrer contre moi et de la prendre? Je ne m'en souviens plus... Mais je me rappelais néanmoins de l'air horrifié de la dernière personne à laquelle j'avais révélé ma vrai nature et je m'étais juré de ne plus jamais me laisser prendre en pleine action. C'était justement ce qui venait de se passer pourtant, mais mademoiselle Miller ne savait rien de ça encore et j'espérais qu'il en demeurerait ainsi pendant longtemps. Néanmoins je me devais de trouver une excuse rapide avant que la rumeur de son cœur battant ne réveille ma Soif... Que lui dire sur ce qu'elle venait de voir ou ce qu'elle semblait avoir vu?
Élisabeth Miller: Are you all right Derek? You seem a bit... Ashamed...
(Tu vas bien Dérek? Tu as l'air un peu... Honteux...)
Moi: Hum... Well... Yeah, I'm all right...
(Hum... Bien... Ouais, je vais bien...)
Élisabeth Miller: You don't seem really convicted by your own purpose...
(Tu n'as pas l'air très convaincu par tes propres paroles...)
Son rire me fit oublier la raison pour laquelle je m'étais caché d'elle et je lui souris, ne pouvant rien faire de plus face à ce son mélodieux qui caressait agréablement mes oreilles comme le tintement de verres de cristal pur. Elle rougit sous mon regard et se rapprocha de moi avant de prendre ma main, me souriant doucement.
Élisabeth Miller: Come on... Let's go away from this sordid place and have some fun...
(Allez... Partons de cet endroit sordide et allons nous amuser...)
Je serrais sa main dans la mienne en souriant toujours comme un idiot et la suivis sans faire d'histoire. Même me promener en admirant ses membres graciles me comblait de joie, la seule pensée de la savoir avec moi aussi et pourtant j'étais toujours incapable de lui parler du vrai moi. Je l'observais du coin de l'œil; elle était maigre, mais pas trop, le poids idéal d'une jeune femme en santé j'imagine. Elle remarqua mon regard et s'arrêta avant de faire la moue.
Élisabeth Miller: What? Is this something wrong with me Derek?
(Quoi? Il y a un truc qui cloche chez moi Dérek?)
Moi: No, no! Absolutely not! You're perfect the way you are...
(Non, non! Certainement pas! Tu es parfaite comme tu es...)
Elle rougit, ma remarque lui plaisant ou la troublant, je ne pouvais pas trop dire. J'avais encore trop de mal à accéder à son esprit et je me retenais de le faire à cet instant même. Je lui souris bêtement et l'entraînais vers Central Park, voulant profiter de sa présence pour une promenade nocturne et ne voulant pas qu'elle reste seule dehors à pareilles heures. Je soupirais, regardant la beauté de ce petit coin de nature que l'homme avait laissé en pleine ville. Les feuilles des nombreux arbres commençaient à se colorer des différentes teintes de l'automne, mais cette saison était encore loin. Aucun oiseau ne chantait, c'était comme si tous les petits animaux étaient subitement morts. Étrange...
Élisabeth Miller: It's a bit... Scary here... Where are all the birds and the squirrels?
(C'est un peu... Effrayant ici... Où sont tous les oiseaux et les écureuils?)
Moi: I don't know... That's strange...
(J'en sais rien... C'est étrange...)
Je soupirais et continuais ma route avec cette magnifique jeune femme qu'était Élisabeth. Je n'avais jamais été aussi heureux qu'aujourd'hui, sauf lorsque j'étais avec Adrian, mais c'est une autre histoire et il serait trop long pour moi d'y penser. Je regardais les arbres et les étangs que nous dépassions, guettant une quelconque forme de vie. Même les insectes semblaient avoir fuit cet endroit. Nous arrivions à la fin du gigantesque parc lorsqu'un grommellement inhumain parvint à mes oreilles. Je regardais autour de nous et remarquais un homme qui venait vers nous en boitillant. Je haussais les épaules et fit demi-tour avec Élisabeth, croyant que ce n'était qu'un drogué ou encore un soûlon. Les grommellements se rapprochèrent et je regardais derrière nous pour remarquer que l'homme nous suivait. Il avait l'air étrange, ses yeux étaient vides et de la bave coulait de son menton. Il nous rejoignit et émit un gargouillis écœurant avant de s'élancer vers ma douce amie. Je grognais et m'interposais avant de le repousser facilement, mais il revint vite à la charge et j'eus le désagréable plaisir de sentir son halène peu fraîche. Je le repoussais à nouveau avant d'abattre mon poing sur sa tête avec assez de force pour assommer un être humain, mais, ô surprise, il se releva et se jeta sur moi. Cet homme puait comme un cadavre! Dégoûté, je le repoussais avant de le faire tomber à terre et de poser mon pied sur sa tête, suivant l'élan d'une pulsion sadique.
Moi: Feeling like eating someone nasty zombie? Eat my shoes!
(L'envie de manger quelqu'un te chatouille maudit zombie? Mange ma chaussure!)
Je grognais et écrasais sa tête sous ma botte, créant une éclaboussure d'immondices puantes. J'essuyais les quelques morceaux de cervelles ayant touché mon jean et me tournais vers Élisabeth qui me regardait, catastrophée.
Élisabeth Miller: Derek! Wh-what have you done to this poor man?! Why...
(Dérek! Qu-qu'est-ce que tu as fait à ce pauvre homme?! Pourquoi...)
Moi: He was no longer a human Liz... He was a monster... A kind of zombie...
(Il n'était plus humain Liz... C'était un monstre... Un genre de zombie...)
Élisabeth Miller: But... Even if he was a monster... He has a family! He...
(Mais... Même si c'était un monstre... Il avait une famille! Il...)
Moi: HE TRIED TO KILL YOU! HE DESERVED TO DIE!
( IL A ESSAYÉ DE TE TUER! IL MÉRITAIT DE MOURIR!)
Elle me regarda, troublée, mais acquiesça comprenant ma raison et ne voulant certainement pas s'attarder dans les parages. Je soupirais et pris sa main avant de refaire rapidement le chemin en sens inverse, guettant une autre personne à l'allure aussi louche que la première. Nous arrivâmes chez Liz sans encombre, elle semblait aussi soulagée que moi de retrouver son chez-soi et me sourit lorsque j'entrais chez elle pour quelques instants. Les lofts étaient nombreux à New York, mais la décoration quasi-inexistante me surprit. C'était l'exacte opposé de ma propre demeure; les murs étaient d'un blanc pur et tout était rangé soigneusement à sa place. J'inspirais longuement avant de soupirer, voulant emporter avec moi un petit morceau de la paix régnant ici. Liz s'approcha de moi et me sourit, goguenarde.
Élisabeth Miller: My home seems to please you a lot Derek... Am I wrong?
(Ma maison semble te plaire Dérek... Me tromperais-je?)
Moi: No... You're right Liz... This is a pretty place to live in...
(Non... Tu as raison Liz... C'est une jolie place où vivre...)
Élisabeth Miller: Well... You could stay here for the night if you want it... I really don't mind to have you in my house!
(Bien... Tu pourrais rester ici pour cette nuit si tu veux... Ça ne me dérangerais pas de t'avoir dans ma maison!)
La joie que recelait ce sourire était tellement invitante, mais je ne pouvais pas accepter, ce serait trop dangereux. Je la regardais avec regret et soupirais, m'apprêtant à faire disparaître ce si beau sourire de ce joli visage.
Moi: Liz... I'm sorry but... I can't...
(Liz... Je suis désolé, mais... Je ne peux pas...)
Élisabeth Miller: Oh... That's not too bad... Maybe another time...?
(Oh... Ce n'est pas trop grave... Peut-être un autre jour...?)
Moi: Yeah... Maybe...
(Ouais... Peut-être...)
Elle soupira, déçue et me dit au revoir avant que je ne sortes de son loft. Je me retrouvais à nouveau dehors et décidais de rentrer moi-même dans mon propre chez-moi. Je courus les trois kilomètres séparant mon loft de celui d'Élisabeth et y entrais. Les murs noirs et le désordre habituel m'y attendait; le parfait contraire de la demeure paisible de Liz. Je représentais le Chaos et elle l'Équilibre, deux entités qui s'attiraient inexplicablement. Je soupirais en refermant la porte et décidais de ranger un peu. Je laissais les boulettes de papier au sol et ramassais les divers vêtements noirs parsemant le sol. Je n'aimais pas trop porter de couleurs, soit elles ne me faisaient pas, soit elle me donnaient des maux de têtes.
Bref... Mon seul choix de vêtement se résumait à porter l'éternel noir. C'était un peu le symbole de ma race en quelque sorte puisque la majorité d'entre nous ne pouvaient sortir qu'à la nuit tombée. Je ne commencerais pas à vous nommer chaque race de vampire et à les détailler, car ce serait beaucoup trop long pour moi et cela pourrait prendre une éternité à tout raconter. Je soupirais à nouveau avant de pousser un gémissement douloureux. Quel maladroit étais-je de laisser des objets en argent traîner ici-et-là! Je grognais, ma mauvaise humeur reprenant le dessus, et ramassais l'objet en serrant les dents, me brûlant le bout des doigts au passage, pour le remettre sur l'étagère. Une petite croix en argent, inoffensive pour les mortels, mais extrêmement dangereuse pour la race dont faisait parti mon père.
J'esquissais un sourire en pensant à lui, quoi de mieux pour l'humeur que de penser à un horrible tyran? Je secouais la tête, chassant les souvenirs qui tentaient toujours de remonter lorsque je pensais à lui. Pas de très bons souvenir croyez-moi, bien qu'il n'y en ai que quelques uns qui soient agréable... Je regardais dehors et sortis sur mon balcon, admirant la vue imprenable que j'avais sur New York et ses environs, je voyais même le soleil de coucher très loin à l'ouest d'ici. J'inspirais profondément, cette vue calmant mes vieux nerfs de vampire, et souris doucement, revoyant le visage d'Élisabeth en pensées. Je regardais le soleil complètement disparaître avant de rentrer, j'avais abandonné la nuit il y avait quelques millénaires... Après la mort d'Adrian dirais-je. Adrian... Penser à lui me faisait tellement mal et j'ai toujours aussi mal qu'au premier jour. Une telle douleur disparaîtra-t-elle un jour ou restera-t-elle là à jamais? Pleurer quelqu'un quelques années semble normal, mais quelques millénaires? C'était trop à mon avis, trop de douleur, trop de noirceur, son absence à mes côtés me pesait tellement que je croyais le voir sillonner les rues à mes pieds quelques fois.
Je soupirais longuement avant de me décider à rentrer chez moi, n'ayant rien de mieux à faire puisqu'on ne pouvait pas voir les étoiles à cause de la pollution émanant de la ville. Je fermais correctement la porte-fenêtre et inspectais chaque ouverture du loft pouvant mener à l'extérieur. Un vieux rituel débile dont je n'arrivais pas à me débarrasser tellement la peur de me faire planter un pieu d'argent dans le cœur m'étreignait. Je grognais après avoir terminé mon rituel de la nuit et montais à l'étage pour rejoindre ma chambre. Je fis la moue en voyant la montagne de boulette de papier ensevelissant la corbeille et décidais de l'ignorer avant de me coucher à plat-ventre sur le lit. Étant nyctalope je pouvais voir dans la pénombre de ma chambre comme en plein jour, le seul soucis c'était que, lorsque j'invitais des gens chez moi, ils se demandaient toujours comment je faisais pour me déplacer sans me cogner partout... D'ailleurs c'était pour cette raison que j'avais cessé d'inviter des gens chez moi; trop de mascarade et trop de mal pour rien à mon avis.
Je soupirais à nouveau, mon regard allait de mon bureau à ma fenêtre en passant par les boulettes de papier qui n'étaient pas près de la corbeille. Je fermais les yeux, appuyant ma tête sur mes bras, et pensais à la journée d'aujourd'hui. Mon esprit s'attarda sur l'étrange personnage qui nous avait attaqué en plein Central Park et qui avait tenté de mordre Élisabeth. Je grognais, le souvenir n'était pas très agréable, mais la sensation de la tête cédant sous ma botte m'emplissait d'une joie morbide.
Oui j'avais moi aussi été un tyran, mais cette époque était loin derrière moi maintenant, trop loin pour penser à renouer avec le passé. Révolue était le temps où je me plaisais à torturer de pauvres mortels sans défense et à leur infliger le supplice de la transformation. Je frémis, mon corps se rappelant encore cette belle époque, mais c'était avant Adrian... Grâce à ce beau romain aux longs cheveux blonds ma vie avait complètement changée. Pour le mieux bien sûr, mais depuis sa mort je ne savais plus où donner de la tête. Son frère était partis de son côté et je le croisais de temps à autre. Manuel... Un autre pauvre mortel qui avait subit ma folie en plus de celle de mon père...
Je gémis, pourquoi devais-je toujours penser à tout le mal que j'avais fait dans le passé avant de pouvoir dormir? Je tâchais de vider mon esprit de toutes ces pensées et soupirais, las d'attendre que Morphée daigne me prendre dans ses bras. Pas de repos pour les monstres je dirais, mais étais-je encore un démon après tout le chemin que j'avais parcouru pour ne plus l'être? Seul l'avenir nous le dira...
Je me détendis et esquissais un sourire, le sommeil venant enfin à moi.
Moi: Maybe I'm not a monster anymore... Even if I still drink human's blood from the source...
(Peut-être ne suis-je plus un montre maintenant... Même si je continue de boire le sang humain à sa source...)
Murmurant ces quelques mots je ne pouvais savoir à quel point je me trompais et que l'avenir finirait par me jouer encore une fois un vilain tour. Rassuré, je m'endormis, laissant les tracas de la vie derrière moi pour sombrer dans les bras du Dieu du sommeil et pensant à Élisabeth, la désirant plus que tout.
Jours après l'infection; 1
