Hermione n'en pouvait plus !
Elle grimpa encore quelques marches, exténuée, avant de se laisser tomber sur le sol, vaincue par la fatigue. Les quelques marches qu'il lui restait à gravir lui semblait si hautes ! Prenant son courage à deux mains, elle se releva en chancelant et s'agrippa à la rampe d'escalier avec toute l'énergie qu'elle pouvait rassembler. Parvenant enfin à la dernière marche, les muscles endoloris, Hermione ouvrit la porte de son appartement. Elle rampa presque jusqu'au canapé sur lequel elle s'effondra. Dieu, que ces journées de travail étaient longues et épuisantes!
D'héroïne de guerre, Hermione était vite passée à totale inconnue en l'espace d'à peine un an ce qui n'était le cas ni de Harry (forcément) ni de Ron (ce qui était plus étonnant). L'évènement qui avait détruit sa carrière, l'avait obligée à s'isoler dans le monde moldu, sans pouvoir donner d'adresse à un seul de ses amis. Voilà pourquoi aujourd'hui Hermione n'était qu'une vulgaire femme de ménage, totalement isolée du monde sorcier et notamment de ses deux meilleurs amis.
DRIIIIIIIIIIIIIIIIING !
Une main sortit du lit pour explorer la table de chevet à la recherche de ce foutu réveil. La sonnerie enfin arrêtée, un jeune homme sorti de dessous les draps. Encore à moitié endormi, les yeux fermés, il tapota dans le corps près de lui. Voyant que sa campagne ne se réveillait pas, il sortit du lit, en faisant un maximum de bruit, prit un peignoir sur le porte manteau près de lui et sortit de la chambre. Croisant Vincent Crabbe, son domestique, dans le couloir, il lui ordonna vertement de faire évacuer la jeune femme encore endormie. Il se dirigea ensuite vers la cuisine où Blaise, son colocataire et ami, était en train de préparer le petit déjeuner. Drago Malefoy, car c'était lui, s'assit négligemment sur un fauteuil et ouvrit le journal du matin. La jeune fille de la nuit, encore nue, glissa sa tête par l'entrebâillement de la porte.
- Bonjour, fit-elle en gloussant
- Bien le bonj…
- Dégage, cria Drago, coupant ainsi Blaise et ses politesses ennuyeuses.
La jeune fille, visiblement sourde ou, pour le moins, idiote, fit comme si de rien n'était et s'assit à table, en face de Blaise. Elle le regardait fixement, ses yeux écarquillés par la stupeur et sa bouche nacrée largement ouverte. Le métis, gêné, tenta en vain de reporter son attention sur sa tasse de café.
- Dis Dray, proposa-t-elle soudain, sans cesser de fixer Blaise, ça te dit un plan à trois, celui-là a l'air pas mal !
Blaise, au comble de la honte, ne savait plus où se mettre, Drago, quant à lui, se contenta de la regarder avec dédain. Un long silence froid et dur pesait sur la pièce quand Vincent entra.
- Ah tiens, Vincent, juste au bon moment, pour une fois, lui dit sèchement Drago. Débarrasse moi le plancher de cette idiote qui terrorise Blaise !
Drago Malefoy n'était pas un gentil. Il avait beau avoir réussi à prouver son innocence après la seconde guerre contre Voldemort, il adoptait encore aujourd'hui un comportement que beaucoup aurait assimilé à un mangemort. Dédaigneux, froid, distant, il avait peu d'amis et une multitude d'ennemis. Cependant, on avait coutume de lui pardonnait sa méchanceté étant donné qu'il était un bel homme et qu'il était l'un des hommes les plus riches du monde en tant que directeur de la plus grande firme du monde sorcier : Schlange prêt à porter. Drago Malefoy était donc célèbre dans le monde entier, d'abord pour son sourire de glace et ensuite pour les splendides vêtements vert et argent qu'il créait chaque année.
Le café d'en bas puait la sueur et l'alcool, mélangés en un cocktail infernal. Hermione attendait. Elle fixait le miroir en face d'elle. Il lui renvoyait l'image d'une jeune fille de 25 ans qui en paraissait 30, brune aux cheveux négligés, aux yeux cerclés de lourdes cernes violettes dues à la fatigue de ces courtes nuits d'angoisse, habillée de vêtements larges, comme pour dissimuler une maigreur trop effrayante. Elle détourna les yeux.
- Ah, ma chérie, tu es là, je suis désolée, je suis en retard, dit prestement une femme, essoufflée par des années de tabagisme, en s'asseyant en face d'elle.
- Ne t'en fais pas maman, ce n'est pas grave !
- Je paye ?
- Non, ordonna Hermione sèchement.
- Et avec quoi tu comptes payer ? Ton salaire de boniche ?
En disant cela, sa mère eu un de ses sourires arrogant qui déplaisaient tout particulièrement à Hermione. Elle savait que sa mère n'avait jamais réellement compris qu'elle ait abandonné sa carrière d'auror largement rémunérée pour se lancer dans le ménage. Elle ne voulait pas lui expliquer elle n'en aurait pas la force. Et puis, pourquoi les gens ont toujours besoin de raison ? Elle ne voulait plus, point barre.
- Oui, murmura Hermione, s'efforçant de rester calme.
Sa mère lui lança un regard de défi mais n'ajouta pas un mot. Le silence resta jusqu'à l'arrivée du serveur.
- Qu'est-ce qui vous ferez plaisir ?, demanda-t-il
- Un whisky pour moi et, je pense que ma mère voudra un jus d'orange, comme d'habitude.
Sa mère la fixa mais ne dit rien.
- Quoi, qu'est-ce qu'il y a encore ? questionna Hermione, gênée par ce regard inquisiteur.
- Tu ne devrais pas boire autant, tu es toute… maigre ! Tu sais que c'est dangereux pour la santé de faire ça ? Et pourquoi femme de ménage, hein ? Pourquoi pas éboueuse tant que tu y es ? Tu as vu comme ce travail te rend moche ? Qu'est ce qui t'as pris ? C'est quoi ces cheveux ?,…
Hermione soupira. Ca y est, ça recommençait. Tandis que sa mère continuait à lui dire ses 4 vérités, Hermione prit son manteau et sortit calmement, comme si de rien n'était. Il neigeait. Arrivée dans la rue, elle se mit à courir comme si sa vie en dépendait, les larmes aux yeux, un sentiment de honte l'envahissant. Elle courut, encore et encore, jusqu'à ce qu'elle soit obligée de s'arrêter. Sur le trottoir, au milieu de nulle part, elle s'effondra en pleurs. La douce lueur des réverbères éclairait ce pauvre corps, seul, abandonné, qui n'avait de cesse de trembler.
