Bonjour à tous, je commence une nouvelle fic sur Undertale, alors que je m'y suis mise il y a peine deux mois. Durant cette période, je me suis abreuvée de toutes sortes d'œuvres postées un peu partout et mon imaginaire a été fortement influencé. Je veux donc citer trois principales sources :

Cette histoire est fondée sur la théorie de Chara en tant que narrateur et qui n'est donc pas un personnage foncièrement maléfique. Vous pouvez la trouver en tapant A CHARActer's Analysis, de Determinator.

Concernant Sans, c'est basé en partie sur Handplate, la BD de Dzara publiée sur Deviant Art. Plus d'explications arriveront au fur et à mesure de l'histoire.

Enfin, j'ai sans doute pioché quelques idées dans la saga vidéo de Comic Sans TV, surtout celle Dogs of Future Past.

L'univers original appartenant à Toby Fox

Cette histoire sera courte et bonne nouvelle, elle est déjà finie. Les parutions seront donc régulière.


Chapitre 1

Une fois encore, Chara se retrouva au point de sauvegarde, se préparant à affronter Sans et, à ce stade, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une profonde lassitude compte tenu de ce qu'il se passait. Ce n'était pas tant le fait qu'ils allaient (une fois de plus) se faire laminer en tentant d'exterminer le petit squelette comédien qui le gênait. Quoique… Si, c'était agaçant, Chara ne pouvait pas le nier : battre Sans était loin d'être une partie de plaisir. Cependant, le plus enrageant dans cette situation, c'était que l'Anomalie contrôlant le corps de Frisk et influençant du même coup leur esprit ne paraissait pas avoir compris qu'elle devait arrêter, quitter, abandonner leur petit jeu.

Non. Chaque fois, l'Anomalie effaçait tout ce qui avait été accompli pour découvrir ce qu'il se passait lorsqu'elle agissait différemment, tuant ou épargnant des monstres simplement par curiosité, afin de découvrir ce qui se passait par la suite. Chara avait très rapidement compris à quel type d'individu elle avait affaire : le type qui ne serait jamais satisfait tant qu'il n'aurait pas tout exploité de cet univers, le type complètement indifférent à la souffrance qu'il infligeait sur eux tant que cela satisfaisait son plaisir personnel, le type qui, parce qu'il détenait un pouvoir, se sentait donc en droit de faire ce qu'il voulait. En gros, selon les critères de Chara, un être dépourvu de toute morale.

Le fantôme du premier enfant tombé avait très rapidement compris que l'Anomalie prendrait tôt ou tard la voie du Génocide par simple curiosité malsaine et, effectivement, cela n'avait pas traîné. Chara avait donc pris sur elle d'enseigner le sens des responsabilités à l'ordure qui les manipulait, en ôtant toute chance de fin heureuse, même après avoir effacé et recommencé en se comportant comme un ange. C'était cruel de sa part, Chara le savait pertinemment, d'infliger cela à sa famille, ses proches et ses amis juste après les avoir délivré de l'Underground : prendre le contrôle de Frisk et tous les tuer, juste après qu'ils aient revu le soleil. Cruel, mais nécessaire. Si Chara ne faisait pas cela, l'Anomalie recommencerait aussitôt depuis le début, comme si rien n'était jamais arrivé. Sans jamais comprendre que ses actes avaient des conséquences. Au moins, en agissant ainsi, l'Anomalie serait tellement dégoûtée qu'elle cesserait ses efforts.

Excepté que cela ne fonctionnait pas. L'Anomalie en était désormais à sa cinquième route Génocide, très certainement pour voir quelle serait sa réaction. À ce stade, Chara ne parvenait pas à comprendre comment on pouvait être assez perverti pour désirer ce genre de chose. Rien qu'à cause de cela, le fantôme ne parvenait pas à croire qu'elle serait soulagée de ne plus posséder d'âme. Même Flowey n'était pas parvenu à atteindre ce niveau de dépravation et pourtant, celui qui avait son frère de cœur était devenu dépourvu de conscience ! Et malgré cela, quelqu'un avait réussi à le surpasser en immoralité. Est ce que l'Anomalie ne ressentait réellement rien ? Chara n'aurait jamais pensé cela possible. Elle était visiblement tombé sur la perle rare.

À ce stade, Chara ne savait pas quoi faire. Même la réponse amorale qu'elle délivrait ne pouvait toucher l'Anomalie. Il continuerait inlassablement son petit jeu, piégeant Chara pour l'éternité dans sa vision personnelle de l'enfer : un éternel cycle de Continuer et d'Effacer sans interruption. Et dire qu'elle avait tout fait pour y échapper ! Mais même la mort lui était inaccessible ! Cette ironie était tellement tragique, que Chara envisagea de la partager avec Sans, le seul qui saurait saisir toute l'absurdité de la situation au point d'en rire de désespoir.

À moins que…

Chara sentit soudain qu'elle avait la solution. En partie, du moins. À vrai dire, ce n'était pas tant une solution que le souhait désespéré d'échapper à la situation infernale dans laquelle elle se trouvait. Cela pouvait marcher. Il n'y avait pas de raison valable pour laquelle cela ne pouvait pas fonctionner ! Il lui fallait juste attendre patiemment le bon moment. Cela n'allait pas tarder : l'Anomalie était finalement parvenu au point du combat où Sans était quasiment mort d'épuisement et utilisait son attaque spéciale pour les immobiliser. Les minutes passaient et le petit squelette finissait par faire mine de s'assoupir. Le joueur lança son attaque, sachant pertinemment qu'elle serait évitée mais faisant confiance à son partenaire pour prendre le relais et achever l'adversaire d'un simple coup de couteau. Ce que Chara fit.

Avant d'Effacer ce monde sans attendre et recommencer tout en embarquant Sans au passage.

Alors que l'obscurité envahissait sa vision, Chara aurait juré entendre un hurlement de rage ou de frustration des plus satisfaisants. elle sourit alors réellement pour la première fois en projetant sa pensée le plus fort possible : Prends ça !


Quand Sans ouvrit les yeux, il ressentit, pour la première fois, une sensation de confusion. Cela faisait une éternité qu'il n'avait pas éprouvé un pareil sentiment. Au lieu de s'éveiller dans sa chambre en perpétuel désordre avec l'impression tenace d'avoir déjà fait ça dans une vie précédente, il ne voyait...rien. Pendant l'espace d'un instant, le squelette se demanda s'il avait raté une téléportation pour finalement se perdre à son tour dans le Vide. Mais non, cela ne pouvait ps être ça puisque la dernière chose dont il se souvenait était...

Un coup de couteau le transperçant. Fatal. Il était mort.

Et ce n'était pas tout : il pouvait se souvenir de l'enfant, couvert de la poussière des monstres massacrés dans les Ruines, sortir par la grande porte. Il se rappelait quand il avait découvert l'écharpe rouge de Papyrus reposant sur un tas de cendres, la souffrance du deuil le consumant pendant des heures avant qu'il ne puisse se relever. Il avait encore le souvenir confus d'avoir traversé en un éclair tout l'Underground, croisant au passage de multiples monticules de restes poussiéreux parsemant toutes les régions. Enfin, il arrivait aux dernières minutes de sa vie : le Jugement de cet être abominable et son dernier combat. Papyrus aurait été si fier…

Mais non, ce n'était pas réellement ça l'important. Jusqu'à présent, il ne s'était jamais souvenu de ce qui avait pu se passer dans les autres lignes temporelles. Tout ce qu'il savait, tout ce qu'il avait compris de la situation, il l'avait déduit en se basant sur son don d'observation inégalé, un talent d'analyste empathique hors pair et sur de très vagues bribes qu'il avait pu entrapercevoir dans ses rêves. À force de travail acharné, il était parvenu à comprendre ce qu'il se passait, au point de réaliser sa théories des lignes temporelles et de prédire leurs conclusions avec exactitude. Mais jusqu'à présent, il n'avait pas eu de réels souvenirs sur lesquels se fier.

Il s'était même demander si ce n'était pas lui qui imaginait tout cela, si ce n'était pas lui qui était devenu fou. Après tout, toute sa théorie se basait sur des rêves, des impressions fugaces, des sentiments de déjà-vu et son interprétation des réactions humaines alors qu'il n'en avait jamais croisé ! Difficilement ce qui pourrait être considéré comme une méthode scientifique. A vrai dire, il était certain qu'au début, son âme de scientifique s'était même refusée à envisager une telle hypothèse fondée sur une méthode aussi peu fiable. Et puis un jour, il s'était réveillé avec un sentiment de profonde dépression. Pratiquement du jour au lendemain. Il avait alors compris qu'il n'avait pas imaginé tout cela. La seule raison pour laquelle il aurait pu sombrer si soudainement dans un marasme aussi profond était s'il avait envisagé toutes les solutions possibles et imaginables...et qu'aucune ne fonctionne éternellement.

En étudiant par la suite les lignes temporelles, Sans avait vu que même celles qui avaient les meilleures fins n'étaient que des leurres. Soit la bonne fin finissait par s'effacer d'elle même et ce qui survenait ensuite était généralement une succession de massacres sans fin. Soit la bonne fin finissait corrompue, avec la disparition de tous ses amis. Du coup, il savait que même si, par miracle, il parvenait à atteindre la fin parfaite, alors il ne serait jamais complètement certain que ce soit la bonne. Il vivrait toujours dans l'angoisse qu'un jour, il se réveille dans l'Underground avec les autres, suite à l'effacement de leurs vies. Comprendre cela l'avait miné.

Certes, Sans savait qu'il avait un tempérament naturellement passif et flegmatique. Mais il savait également que, pour Papyrus, il aurait cherché à trouver la réponse au problème et tout mis en œuvre pour la concrétiser. Or, il n'avait désormais plus qu'une seule envie : abandonner. Il savait au fond de lui que ce n'était pas la peine de s'acharner à trouver ou même chercher la solution. Il n'y en avait pas. Quelqu'un d'autre détenait son destin et celui de tout ceux qu'il aimait entre ses mains et il ne pouvait absolument rien faire pour changer les choses si le pire venait à arriver. Il avait donc quasiment cesser de vivre, se contentant du minimum vital et dissimulant son désespoir sous son éternel masque souriant. La seule personne pouvant le faire sortir de son état mélancolique était Papyrus.

Papyrus… Il lui manquait tellement.

Même dans cette obscurité, son frère serait parvenu à transmettre son éternel optimisme, son absence était donc encore plus difficile à supporter. Pourtant… Si Sans était mort, alors n'y avait il pas l'infime possibilité que Papyrus soit là aussi ?

Non. Aucune chance. Son frère avait une âme complètement pure, bien que très naïve et restait dénuée de toute volonté malveillante. Selon les derniers souvenirs de Sans et ses meilleures estimations de l'expression de l'humain, le petit squelette avait dû être excessivement bon à le tuer. De façon répétée. Et bien que l'humain avait la faculté de pouvoir se relever après sa mort, Sans avait exercé sa fonction de juge depuis bien trop longtemps pour refuser d'assumer ses actes : Ne pas avoir su protéger son frère, ne pas avoir tenu sa promesse, ne pas avoir trouver la solution pour sauver tout le monde. Le poids de ses échecs reposait lourdement sur se épaules. Il méritait de finir dans un lieu aussi vide et aussi sombre que ses pensées, condamné à la solitude éternelle.

Oups. Il avait parlé trop vite. Il pouvait distinguer une silhouette brumeuse qui se rapprochait de lui. Elle semblait avoir sa taille et portait un pull rayé jaune et vert qui offrait un contraste plutôt marquant avec l'obscurité dans laquelle ils évoluaient. Mais au moins, avec la petite taille et les goûts vestimentaires, il n'y avait aucune chance que ce soit cette personne. Maintenant que la silhouette devenait plus distincte au fur et à mesure qu'elle s'approchait, Sans pouvait voir qu'il s'agissait d'un enfant mais pas exactement celui au pull bleu et violet et aux yeux mi-clos auquel il venait de se confronter. Cependant, Sans ne pouvait se défaire d'un sentiment de familiarité à son encontre.

L'enfant qui s'avançait vers lui avait une démarche assurée, plus impatiente que l'autre au pull bleu/violet et pourtant, à plusieurs reprises, le petit squelette avait pu voir ce dernier marcher parfois de cette façon : au moment où Papyrus s'apprêtait à expliquer l'un de ses puzzles et juste après que Sans lui ait offert un ultime avertissement. Le petit squelette sentit un frisson remonter sa colonne vertébrale, désormais certain de deux choses : que cet être se tenant devant lui avait suivi tout le voyage de l'enfant, du début jusqu'à la fin, avec tous les meurtres qui l'avait parsemé. La seconde certitude, qu'il ressentait dans la moelle de ses os, était que c'était cet être qui lui avait donné le coup de grâce à la fin de son dernier combat. Et cet être à l'apparence d'enfant continuait d'avancer vers lui.

Mais finalement, l'humain s'arrêta à deux mètres de Sans. Encore trop éloigné pour permettre d'initier un combat mais suffisamment près pour que Sans puisse observer par l'action d'Examiner. A vrai dire, ce n'était pas quelque chose auquel il s'attendait de la part de son meurtrier et une partie de lui se demandait ce qu'il manigançait à son encontre… Cela n'avait aucun sens (jeu de mot volontaire) et de plus, il n'aimait pas jouer selon la partition de l'adversaire. Il décida donc de faire ce qu'il savait le mieux faire : ironiser.

« Tu sais, normalement, quand on rencontre une nouvelle personne, la politesse veut qu'on se présente. Je commencerais bien, mais cela ne servirait à rien, n'est ce pas ? Après tout, tu me connais déjà depuis cette première fois dans la forêt de Couveneige. Il n'empêche… C'est bien que l'on se voit en chair et en os. Sauf que… oups, je suis mort et je n'ai donc pas fait de vieux os. Mes excuses. »

À la grande surprise de Sans, une petite lueur d'humour apparut dans les yeux rouges de l'enfant. Ce dernier appréciait sincèrement ses jeux de mots. Il ne se serait jamais attendu à cela venant d'un tueur sanguinaire. Il ne s'attendait pas non plus à la répartie de son interlocuteur :

« Pas d'inquiétude, vu que je ne suis plus de chair et de sang, je peux difficilement crâner à ce sujet non plus. Je suis morte depuis longtemps donc, pas de quoi avoir la chair de poule. »

Zut. C'était des jeux de mots plutôt sympas. Si ça continuait, il allait finir par apprécier son meurtrier et qu'est ce que cela disait sur son état mental s'il commençait à sympathiser avec celui qui n'avait laissé que poussières et cendres sur son passage ? Il devait reprendre le contrôle, sinon de la situation, du moins de ses nerfs.

« Il n'empêche que tu conserves l'avantage : tu me connais déjà mais la réciproque n'est pas le cas. »

« Effectivement, toutes mes excuses. Salutations, je suis Chara et rien ne t'empêche d'utiliser l'action d'Examiner pour en savoir plus à mon sujet. »

Bon d'accord...Chara, puisque c'était son nom apparemment, l'invitait à l'examiner, insinuant ainsi qu'il (ou elle, apparemment. Pourquoi fallait il que les sexes des humains soient tellement compliqué…) n'avait rien à cacher. Quelque part, Sans en doutait fort : bien des monstres pouvaient rendre leurs points faibles ou leurs statistiques inaccessibles à l'option Examiner. Cependant, Sans se décida à vérifier pour plusieurs raisons : d'une part, sa fonction de Juge rendait ses Examens de conscience beaucoup moins susceptibles à la tromperie. D'autre part...il apprendrait au moins quelque chose. Enfin, il n'avait rien de mieux à faire. Il lança donc son examen, son œil gauche brillant d'une lueur irréelle.

Chara, le premier enfant tombé.

Être devenu dépourvu d'âme et de conscience après sa mort et cherchant une réponse.

Apparemment amoral, mais d'une éthique inébranlable sur la responsabilité et les conséquences de tout acte.

Beaucoup d'informations à son sujet étaient dissimulées mais la dénommée Chara rendait accessible certaines d'entre elles. Et Sans ne pouvait pas nier que, bien qu'intéressantes, elles soulevaient autant de questions que de réponses. Il semblait donc qu'il allait devoir apprendre plus sur celle qui l'avait assassiné. Cependant, on ne pouvait pas dire qu'il avait l'embarras du choix : autour de lui, il y avait du vide, au dessus de lui, du néant et en dessous de lui, absence de réalité.Il n'y avait littéralement personne d'autre. Alors autant discuter.

« Si je comprends bien, tu es le premier enfant tombé, n'est ce pas ? L'humain qui fut adopté par le roi, la reine et leur fils, c'est ça ? Et puis, vous, les enfants royaux, vous avez conçu ensemble un plan qui a tout aussi royalement échoué. Ai je tort ? »

Le visage de Chara montra une surprise soudaine mal dissimulée avant de se renfermer tout aussi vite avant de déclarer :

« Comment sais tu pour le plan ? Nous n'en avions parlé à personne et je ne me souviens pas que tu existais à l'époque. »

« Il y a quelques temps, l'un de mes raccourcis m'a ramené par accident au vrai laboratoire et j'ai visionné ces cassettes. Ajoute à cela quelques déductions sur ce que tout le monde connaissait de l'histoire et c'était facile de comprendre votre petit plan. »

En vérité, beaucoup de ces déductions et observations provenaient de ses rêves de lignes temporelles déjà expérimentées. Les cassettes avaient été visionnée dans l'espoir de trouver un indice sur ce qu'il s'était réellement passé dans cet horrible endroit. Sans succès. Néanmoins, cela lui avait permis d'apprendre beaucoup de chose sur cette partie très obscure de l'histoire de l'Underground, ainsi que d'en connaître un peu plus sur sa mystérieuse interlocutrice amatrice de plaisanteries. Réaliser qu'il plaisantait avec la reine avait été plutôt étrange.

« Mon plan. C'était mon plan qui nous a conduit à la mort, Asriel et moi. Et c'est Asriel qui a refusé de le suivre parce qu'il était trop bon et trop gentil, même pour sauver les siens. Comme tu le vois, c'est moi le vrai méchant dans l'histoire !»

Sans retint un rictus de victoire : il était finalement parvenu à ôter à Chara à la fois son calme et son sang froid, le faisant sortir de ses gonds et le poussant à dire vraiment ce qu'il avait sur son absence de cœur qui faisait office d'âme.

« De mon point de vue, les responsabilités sont partagées : tu avais une idée et la détermination de libérer les monstres. Tu as donc incité ton frère adoptif à poursuivre votre plan. Mais le fait est qu'il a choisi d'absorber ton âme et de remonter à la surface. Il a aussi choisi de préférer la mort plutôt que de vous défendre ensemble. Je n'aurais pas été étonné que tu lui en veuilles. Je n'aurais pas été étonné qu'il s'en veuille aussi. Culpabilité, rancune, doute et une question sans réponse : comment déterminer qui avait raison entre toi et lui ? »

«... »

« Plus tellement bavard, hein ? Objectivement, ton plan avait du mérite. La barrière ne pouvait être brisée sans que personne ne meurt comme l'aurait souhaité ton frère. Que ce soit en allant chercher les âmes à la surface en passant la barrière avec la tienne ou comme l'a fait Asgore, en attendant que sept humains tombent pour pouvoir détruire la barrière avec… À la fin, la seule solution pour que les monstres soient délivrées de l'Outre-Monde était de nous comporter de façon monstrueuse, donnant ainsi raison aux humains. Il n'y avait aucune bonne solution. Le dilemme perd de son intérêt quand il est décidé que tu en sortiras du mauvais côté. »

« … Ta dernière phrase était-elle une citation de L'Ogre de Jacques Ferron ? »

« Je vois qu'on a de la culture. J'ai toujours pensé que cela résumait notre situation. Il n'y avait pas de fin parfaite accessible. »

Il y eut un long moment de silence et Sans se sentait presque prêt à tout pour le briser tant cela devenait pesant.

« Même une fin imparfaite m'aurait convenue… Du moment qu'elle soit, tu sais… définitive. »

Sans soupira avant de s'allonger (plus ou moins) sur ce qui faisait office de sol. Il savait qu'auparavant, tout ce qui lui importait était que Papyrus survive et soit heureux, même s'il devait pour cela entretenir son ignorance. Ne jamais lui dire la vérité sur la réalité de ce monde, ne jamais lui en laisser entrevoir la cruauté. Sans ne détruirait pas son éternel optimisme en faisant comprendre à son frère que leur univers était destiné à se terminer dès qu'une fin serait atteinte pour ensuite recommencer. Mais désormais, dans ce lieu inconnu, froid et obscur, en présence du seul témoin conscient de la situation, le plus petit squelette pouvait honnêtement admettre qu'il n'en pouvait plus. Il avait atteint le bout du rouleau. Il ne voulait plus recommencer une nouvelle fois tout ça en sachant ce qui arriverait inéluctablement. À ce stade, maintenant que son frère était mort, maintenant que plus personne n'avait à compter sur lui, alors que la trame du temps ne paraissait pas encore avoir recommencé à zéro avec Papyrus à nouveau vivant, Sans pouvait honnêtement admettre qu'il voulait en finir.

Que sa vie se finisse dans un hall éclairé par la lueur dorée du crépuscule ou au sommet d'un plateau, à contempler le soleil levant en compagnie de Papyrus et tous ses amis, Sans ne pouvait plus continuer. Certes, il donnerai beaucoup pour voir son frère admirer le soleil avec émerveillement, ignorant tout de ce qui se passerait ensuite. Mais maintenant, maintenant qu'il était désormais certain qu'il n'y avait pas d'issue, Sans donnerait tout pour effacer définitivement son existence et ne plus subir ça. Même s'il ne devait plus jamais revoir son frère…


Plusieurs minutes avaient dû s'écouler quand Sans releva la tête et s'aperçut que Chara s'était rapproché sans qu'il s'en aperçoive. Il avait l'habitude d'être plus alerte mais dans le cas présent, il pouvait invoquer des circonstances atténuante compte tenu que c'était un fantôme. D'ailleurs, un fantôme pouvait il le blesser sans corps physique ? Lui-même était il encore vivant ou n'était il plus qu'une âme errante ?

« Tu n'as rien de mieux à faire ? » Demanda Chara en paraissant hausser un sourcil. Difficile à dire avec les visages transparents…

« Non. » Marmonna t-il, satisfait, au fond de lui, de n'avoir réellement rien de mieux à faire.

« Lève toi, sac d'os. Au cas où tu ne l'aurais pas compris, ce genre de chose n'est jamais arrivé dans aucune ligne temporelle jusqu'à maintenant. »

Une lueur bleutée revint animer les orbites vides de Sans. Chara avait raison : d'après les comptes rendus qu'il avait enregistré dans son labo personnel, les lignes temporelles génocidaires se finissaient toujours de la même manière : il mourrait le premier, aussitôt suivi par Asgore et le Pissenlit. Et ensuite seulement, le monde était effacé et recommençait pour le pire. C'était une constante qui ne changeait pas, sauf pour quelques détails mineurs devant être des bouts de conversations. Et les constantes, par définition, ne changeait pas et se répétait toujours sur le même schéma. Or, son adversaire l'avait tué tout en annihilant le monde dans la même seconde. Son petit assassin avait tout à fait raison : cela n'était jamais arrivé une seule fois d'après ses souvenirs.

Peut-être que finalement, cela pouvait valoir le coup d'agir…


Chara sourit en voyant Sans se relever avec la petite lueur caractéristique dans son œil gauche. Il restait donc une infime touche d'espoir dans le squelette. Tant mieux. À vrai dire, le fantôme ne pensait pas qu'elle aurait pu se débrouiller sans lui à ce stade. D'une part parce que la Modification s'était produite uniquement lorsque Chara avait embarqué Sans avec elle de force dans l'inconnu. Cela signifiait que le petit squelette était en partie la cause de cette situation inattendue. Ce serait donc non seulement complètement stupide mais aussi impoli de le laisser tomber maintenant. Ensuite, Chara savait que le petit squelette était sans doute le plus intelligent monstre de Underground, assez bon en science pour comprendre des livres de physique quantique entre deux bouquins de blagues. Enfin, ou plutôt, surtout, Sans était quelqu'un qu'elle appréciait. Purement et simplement.

Elle aurait adoré faire connaissance avec le squelette, de préférence sans tuer son frère ou planter un couteau en lui. Mais bon… Ce qui est fait est fait. Peut-être que Sans lui pardonnerait s'ils parvenaient à tirer au clair cette situation, peut-être que non. Remarque, pour tirer cette situation au clair, il faudrait déjà un peu de lumière. Donc autant se mettre en route puisque apparemment rester ici ne résolvait rien et ne déclenchait aucune action en particulier.

D'un commun accord, ils avaient décidé de ne pas se séparer. Sans point de repère, ils ne parviendraient jamais à se retrouver et se perdre ne ferait qu'empirer les choses. Au début, ils avait marcher en silence pendant ce qui avait paru être des heures. Cela avait été très ennuyeux. Puis Sans, presque par inadvertance, avait sorti un jeu de mot et Chara n'avait pu s'empêcher de rétorquer par un autre, encore pire, qu'elle tenait de Toriel. Sans n'avait pas voulu laisser le dernier (jeu de) mot à son compagnon de route et avait répliqué par un autre. Depuis, moitié en discutant, moitié en s'insultant, ils avaient réussi à épuiser leurs répertoires respectifs de blagues sur les champs lexicaux de la lumière, l'obscurité, le vide, le temps et, pour une raison inconnue, les chiens. Évidemment, ils avaient décidé de compter les points pour déterminer les meilleurs. Le score était en faveur de Sans pour le moment et cette fois, le thème se trouvait être la physique, où Sans avait un avantage injuste.

Mais alors qu'ils venaient à peine de commencer, ils virent une lumière briller au loin.


Voilà ce qui arrive quand vous accumulez autant de voies Génocide à vous seul. Chara finit par comprendre que les choses se répètent beaucoup trop au point de prendre les choses en main, même si elle a été suffisamment corrompue par les actions génocidaires pour tuer Sans, tout en lui sauvant la vie.

Je me suis toujours dit que Sans avait, de façon ironique, beaucoup de points communs avec Chara narrateur : ils apprécient les blagues, sont des trolls, croient qu'avoir un pouvoir implique des responsabilités et que chacun est responsable de ce qu'il en fait.

Et donc, je me suis demandée ce qui se passerait si j'allais au delà d'Anomalie, mon premier One-Shot sur Chara et voilà le résultat.

J'espère qu'il vous plaira et si c'est le cas, n'hésitez surtout pas à laisser un commentaire.