Hello cher lecteur/lectrice ! Voilà un tout nouveau prologue que j'ai (enfin) eut le courage de poster ! N'hésite pas à me laisser des commentaires sur l'intrigue, le style d'écriture, ou la longueur du texte ... que ce soit positif ou négatif, ca m'aidera à m'améliorer ! Je ne sais pas encore combien de chapitre fera cette histoire, mais j'ai déjà une idée de ce que ça va donner, pas d'inquiétude !
Sur ce, bonne lecture ;)
Prologue
Il ne restait plus rien de Poudlard.
Du magnifique château qui avait été sa deuxième maison, il n'y avait plus que des ruines, de la poussière et du sang. Dans la lumière grise du matin, le monde autour d'elle semblait comme figé, presque irréel. Des cendres flottaient, soulevées par une brise glaciale, et pourtant on n'entendait pas le murmure du vent dans les arbres. Cela donnait des allures fantomatiques à cette école. Des corps gisaient là, sans vie, regardant le ciel de leurs yeux vitreux, un air de terreur imprimé sur leur visage. Ils étaient pâles, si pâles …
On aurait put croire qu'ils dormaient.
Pourtant aucun d'entre eux, que ce soit dans un camp comme dans l'autre, ne se réveillera jamais.
C'était le genre de matin où tout semblait comme éteint, mort, décoloré. Comme dans un cauchemar.
Et en ce moment même, Hermione aurait tout donné pour que ce ne soit qu'un simple cauchemar.
J'aurais dû y aller avec lui … j'aurais dû … trouver un autre moyen.
Elle marchait au milieu des ruines tel un fantôme. Rien ne semblait l'atteindre. Ni les corps entassés sous les décombres, ni le goût métallique du sang dans sa bouche, ni même Ron qui tentait en vain de la ramener à la réalité.
En fait, en ce moment même, la sorcière se pensait qu'à une seule et unique personne. Et cette personne, c'était Harry.
Mais Harry … Harry est partit affronter Voldemort … il est sûrement … non, non, non ! Ce n'est pas possible ! Il ne peut pas mourir, pas lui … Ce n'est pas réel, tout cela n'est pas réel …
C'était forcément un autre de ses cauchemars. Dans quelques minutes, elle allait se réveiller, et tout allait revenir à la normale, n'est-ce pas ? Ce n'était qu'un mauvais rêve, n'est-ce pas ? Hermione sentit alors un étau douloureux lui serrer la gorge. Non, c'était beaucoup trop réel pour n'être qu'un simple rêve. La douleur qu'elle ressentait était beaucoup trop vide, le gout du sang était nettement trop proche de la réalité, et cette odeur de brûlé n'existait pas que dans son esprit.
Elle aurait donné n'importe quoi pour se trouver dans un de ses cauchemars, mais une part d'elle savait que cette fois-ci, ce qu'elle vivait était bien réel, trop réel même.
J'aurais dû venir avec lui, je l'ai abandonné … Je ne me le pardonnerai jamais … Je n'aurais pas dû le laisser seul, pas dans un moment pareil …
C'est alors qu'elle réalisa que ses joues étaient humides. Elle s'était mise à pleurer. Ou alors elle pleurait déjà depuis plusieurs heures, elle ne savait pas trop. Et ses sanglots ne faisaient pas de bruit, comme s'il était impoli de briser le silence mortel qui régnait sur le château ce matin. Ses larmes creusaient des sillons sur ses joues terreuses, ses lèvres étaient si gercées qu'elles s'étaient mises à saigner, et ses cheveux étaient plus emmêlés que jamais. Elle avait vraiment l'air pitoyable.
Hermione sentit soudain qu'on la tirait par le bras. C'était Ron. Elle ne savait même pas où est-ce qu'il l'emmenait, et d'ailleurs elle n'avait pas envie de le suivre. Si elle avait eut assez de force, Hermione se serait sûrement mise à crier, à hurler pour qu'il lui fiche enfin la paix. Si seulement elle avait eut assez de force …
Mais Hermione n'était plus qu'une coquille vide. Elle n'avait même pas conscience que la foule avançait en même temps que Ron et elle. Telle une automate, elle suivait le mouvement, sans savoir pourquoi.
Ce fut une fois arrivée dehors qu'elle comprit. L'armée de mangemorts, tous vêtus de noir, un sourire victorieux sur les lèvres, suivait docilement son leader. Le plus terrible sorcier de tous les temps, et sûrement la personne qu'Hermione haïssait le plus en ce moment même, se dirigeait vers eux avec un air de conquérant.
_ Voldemort ... murmura-t-elle avec rage, si bas qu'elle fut certaine que personne ne l'entendit.
Une chose était sûre : elle voulait la mort de ce serpent plus que tout au monde ! Quoique même la mort ne lui semblait pas assez clément pour ce monstre ! Ses yeux rouges brillants d'une lueur cruelle, le mage noir attendait patiemment que tous soient arrivés, comme un artiste qui attend son public. A cette pensée, Hermione le détesta encore plus.
_ Et Harry ? Papa, où est Harry ? demanda Ginny d'une voix tremblante.
Il est parti pauvre idiote, il s'est sacrifié pour nous … pesta Hermione en son fort intérieur. Elle ne savait même pas pourquoi elle était en colère contre Ginny. Peut-être parce que, contrairement à elle, elle avait le droit de pleurer son amour perdu. Parce qu'Harry et Ginny s'aimaient, c'était un évidence pour tout le monde. Ils étaient faits l'un pour l'autre. Et elle, elle n'était que sa meilleure amie, sa sœur de cœur …
_ HARRY POTTER … cria Voldemort avec un air de puissance et de satisfaction.
Hermione retint son souffle. Elle savait parfaitement ce que cela signifiait, que le seigneur des ténèbres soit là et pas Harry. Elle savait parfaitement ce qu'il s'apprêtait à dire. Mais il fallait qu'elle l'entende, il fallait que …
_ … est MORT ! hurla le serpent
_ NON ! NOOOON !
Les cris déchirants de Ginny résonnèrent dans toute la cour, tandis que son père la retenait tant bien que mal. Elle se démenait comme une furie, voulant déchainer sa colère contre Voldemort, comme si le simple fait de frapper quelque chose allait tout arranger.
Crier ne changera rien. Il est mort. Je n'ai pas su le protéger … j'aurai dû trouver un moyen … j'aurais dû être avec lui … mourir avec lui …
Mais même si elle pensait cela, malgré tout, une part d'elle voulait croire que peut-être … peut-être qu'Harry avait trouvé un moyen … Et tandis que Ginny criait et que Voldemort riait, savourant sa victoire, Hermione de son côté de faisait pas de bruit. Les larmes coulaient sur ses joues, et tout était trouble autour d'elle. Il lui semblait qu'une part d'elle s'était brisée, et était morte en même temps qu'Harry. C'était comme si sa vie n'avait plus de sens, elle n'était plus qu'un mélange atroce de douleur, de désespoir et de solitude. Il lui manquait une partie d'elle, on la lui avait arrachée … On lui avait arraché Harry …
_ Silence ! cria Voldemort. Harry Potter est mort … et dorénavant, vous placerez votre confiance en moi … Harry Potter est mort ! ajouta-t-il une nouvelle fois comme s'il s'agissait d'une blague.
Sur cette dernière phrase, les mangemorts se mirent à rire, comme s'ils répondaient à un ordre silencieux. Hermione de son côté serrait les poings. Ses jointures étaient atrocement blanches, et ses ongles s'enfonçaient douloureusement dans sa chair. Mais la douleur n'allégeait pas sa peine.
_ Maintenant que son corps repose dans la forêt interdite, vous vous retrouvez face à un choix : rejoignez-moi … ou MOUREZ !
Un silence de plomb accueillit ces paroles. Les combattants n'avaient pas besoin de se parler pour savoir quel camp ils choisissaient. Et il était hors de question de se rendre. La cour resta figée pendant de longues secondes.
De son côté, tout ce qu'Hermione avait retenu c'était qu'Harry était dans la forêt interdite.
Il faut que j'y aille, il faut que le voit … pour être sûre …
Au bout de quelques minutes, personne, pas même Drago Malefoy qui était pourtant devenu un mangemort, n'avait rejoint le camp adverse. C'était comme un ultime affront, un dernier geste de rébellion.
_ Très bien, dans ce cas … commença le Lord d'un air cruel
_ Attendez ! J'aimerais dire quelque chose …
Tout le monde se retourna, un peu surprit. Neville venait de parler, sans la moindre trace de peur dans la voix. Les gens le regardaient presque avec admiration, puisqu'on voyait dans ses yeux qu'il avait dix fois plus de courage qu'eux tous réunis.
_ Et bien, et bien … tu voudrais rejoindre mes rangs ? s'amusa Voldemort. Je dois avouer que je m'attendais à mieux …
Les mangemorts rirent à nouveau, sans doute parce qu'ainsi ils se faisaient bien voir par leur maître, mais Neville les interrompit en haussant le ton :
_ Ca ne change rien qu'Harry soit mort ! Après tout, des gens meurent tous les jours … des amis, de la famille …
Tout autour d'elle, Hermione vit les visages se fermer et les regards devenir plus sombres.
_ … oui, on a perdu Harry cette nuit, ajouta Neville. Mais il est toujours là, dans nos cœurs …
Hermione sentit la main de Ron chercher la sienne, et elle la saisit. Elle remercia silencieusement son ami pour ce petit geste. Mais pouvait-elle encore considérer Ron comme un ami ? Après tout, ils s'étaient embrassés ... Brusquement, cette main dans la sienne mit Hermione mal à l'aise. Elle la lâcha, et serra ses bras autour d'elle comme si elle avait froid.
_ Et le cœur d'Harry battait pour nous ! cria Neville. Pour nous tous ! CE N'EST PAS FINIT !
Et dans un geste héroïque, Neville sortit l'épée de Griffondor du choixpeau. Tous les élèves, les professeurs, et les membres de l'ordre du phénix qui étaient restés figés, furent soudain animés d'un élan de courage et de colère, et crièrent tous en chœur puis se jetèrent sur les mangemorts.
Il ne fallu que quelques secondes pour que les sors fusent de partout, et la bataille reprit avec encore plus de violence que la veille. Du coin de l'œil, Hermione vit Neville, accompagné de Ron et Luna, se diriger vers le serpent. De l'autre côté, elle vit les membres de l'ordre du phénix, ainsi que quelques élèves, se regrouper et se concentrer uniquement sur Voldemort, tandis que le reste de Poudlard s'occupait des mangemorts.
Mais Hermione ne se joignit pas à eux. Evitant les sorts et les maléfices qui fusaient de toute part, elle se rua vers la forêt interdite.
Cela pouvait sembler fou, mais suite au discourt de Neville, elle avait eut une certitude : Harry ne pouvait pas être mort.
Elle le sentait au plus profond d'elle-même. Le cœur d'Harry battait toujours en elle, et son amour pour lui était toujours aussi fort. Parce que oui, elle l'aimait ce grand crétin à lunettes. Elle l'aimait à tel point qu'elle en avait mal, et qu'elle respirait avec difficulté à la possibilité que, peut-être il ne fasse plus partie de sa vie.
Elle avait sûrement perdu la tête en fin de compte. Ou alors on lui avait jeté un sortilège de confusion.
On ne revenait pas d'entre les morts.
Mais c'était plus fort qu'elle, elle voulait y croire. Elle se sentait pousser des ailes, toute son âme et tout son cœur lui hurlaient qu'il était encore en vie, à l'attendre, et qu'une fois arrivée là bas elle pourrait se jeter dans ses bras.
Alors Hermione s'enfonça dans la forêt, tout en implorant Merlin pour qu'une fois devant son corps, Harry soit capable de se réveiller, comme si tout cela n'était qu'un mauvais rêve.
Elle courrait comme elle n'avait jamais courut, filant à travers les arbres. Elle courait à en perdre le souffle, comme si sa vie en dépendait, comme si un aimant l'attirait là bas, comme si elle savait que quelque chose allait se produire. Hermione essuya rageusement ses larmes qui lui brouillaient la vue, trébucha sur une branche et atterrit violement à terre.
Elle ne poussa aucun cri de douleur, elle n'avait même pas conscience qu'elle était tombée sur des pierres tranchantes, et qu'elle avait à présent les genoux et les coudes en sang. Elle n'avait pas conscience non plus que ses vêtements étaient déchirés, fouettés par les branches, et qu'elle devait sûrement avoir des tonnes de feuilles dans les cheveux.
Non, plus rien ne semblait l'arrêter. Peut-être était-ce simplement l'adrénaline, mais en ce moment même, rien ne lui semblait impossible, pas même le simple fait qu'Harry puisse revenir d'entre les morts.
_ Harry ! Harry ! cria-t-elle
Mais seul le silence lui répondit. Un silence presque surnaturel. Hermione savait parfaitement que c'était dangereux et complètement inconscient de venir seule dans la forêt interdite. Tout ici était effrayant : il n'y avait pas un bruit, pas la moindre trace de vie, et une petite brume lui léchait les pieds, comme si la forêt toute entière voulait l'engloutit et la perdre.
_ Harry ! Où es-tu ? Je sais que tu es là !
Mais encore une fois, seul le silence lui répondit. Peut-être était-il repartit, ou alors il avait perdu connaissance ? De plus, Hermione ne voyait son corps nulle part, donc cela signifiait forcément qu'il était en vie, n'est-ce pas ? Harry ne pouvait pas … il ne pouvait pas …
_ Harry ! Harry montre-toi ça ne me fait pas rire ! cria-t-elle d'un ton suppliant.
Elle se mit à chercher absolument partout : dans les buissons, derrière les arbres, près du ravin … La jeune femme ne trouvait rien, c'était comme si Harry s'était purement et simplement envolé.
Hermione perdit alors toute notion du temps. C'était peut-être cette forêt de malheur qui lui donnait cette impression, mais il aurait très bien put s'écouler dix minutes ou une heure, qu'elle n'aurait pas vu la moindre différence. Et plus le temps passait, plus l'espoir s'en allait, et plus ses chances de retrouver Harry diminuaient.
Au bout d'une longue recherche qui lui parut interminable, Hermione finit par se rendre. Elle était épuisée, vidée, toute son énergie venait de s'envoler. Après des heures de combat acharné, une nuit sans sommeil et des recherches en pleine forêt, la jeune femme était à bout.
Elle se laissa tomber au sol, impuissante. Elle avait échoué. Elle n'avait pas su protéger Harry, elle n'avait pas réussit à le sauver.
Alors, dans un flash, elle revit ce moment atroce ou elle s'était jetée dans ses bras, et ou elle lui avait demandé de venir avec lui. Elle l'avait serré si fort contre elle qu'elle avait eut du mal à respirer, mais c'était la seule chose qu'elle avait put faire. Le seul moyen pour elle de le garder encore un peu, tant qu'il était en vie, tant qu'elle pouvait respirer son odeur, tant qu'elle pouvait sentir son cœur battre. C'était comme si, tant qu'elle le tenait dans ses bras, elle pouvait le protéger de tout, l'empêcher de partir, de l'abandonner.
Naturellement, il avait refusé, mais au fond d'elle-même elle savait qu'elle aurait dû être là. Après des années de sentiments refoulés, à prétendre qu'ils étaient de simples amis, elle se prenait tout de plein fouet depuis qu'il était partit. Toutes ces heures passées à discuter, à rire avec lui. Tous leurs regards, leurs gestes d'affection, leurs conversations silencieuses quand leurs deux esprits semblaient parfaitement accordés.
Tremblant de tous ses membres, Hermione se laissa complètement envahir par ses émotions. Ce qu'elle ressentait pour lui était quelque chose de tellement fort, de tellement puissant ... Il lui avait fallu du temps pour comprendre ce que c'était exactement, pour analyser. Après tout, c'était dans sa nature de vouloir tout comprendre. Puis au fil du temps, en voyant qu'ils pouvaient mourir à chaque instant, elle avait enfouit tout cela au plus profond d'elle-même. A l'époque, cela semblait ... plus sûr. Parce qu'au final, Hermione s'était toujours douté que cela se terminerait de cette façon. Dans la douleur et les larmes.
Elle pensait qu'avec le temps, elle allait oublier. Mais là aussi, elle avait échoué. Parce que dans cette petite tente, lors de ces longs mois passés avec Harry, toutes ses barrières étaient tombées une à une.
Et maintenant elle se trouvait là, avec l'impression d'être mise à nu, et d'avoir perdu toute raison de vivre. Elle sentait à peine ses larmes couler le long de ses joues, et atterrir sur le sol. Elle avait mal. Mais sa douleur n'était pas due aux courbatures, ou aux blessures qu'elle devra soigner. C'était à l'intérieur qu'elle avait mal, un poids énorme semblait compresser sa poitrine. C'était son cœur qui souffrait. Elle venait de se briser, de perdre sa moitié, de perdre celui qui la complétait.
Tentant tant bien que mal d'étouffer ses sanglots, elle murmura, comme dans une plainte :
_ Harry … co-comment je vais faire sans toi … j'aurais dû mourir avec toi … m-mourir à ta place …
Mais encore une fois … le silence …
Hermione sursauta brusquement, lorsqu'elle entendit une branche craquer non loin d'elle.
Regardant de tous les côtés pour essayer de comprendre ce qu'il se passait, son regard s'arrêta brusquement, et elle se figea.
C'était un cerf.
Il se tenait devant elle, fier, majestueux. Entouré par la brume, on aurait presque dit un fantôme, ou une hallucination, mais ce qui la persuada du contraire était le fait qu'il la regarde droit dans les yeux. Son regard avait cette étincelle de vie qui lui prouvait qu'elle n'imaginait pas cette scène.
Un silence s'installa entre elle et l'animal. Tout ce qu'on entendait, c'était leurs deux respirations qui tranchaient avec le calme de la forêt.
Hermione ne croyait pas au destin, ni aux signes. Mais cet animal le faisait penser à son patronus, et donc à lui. Elle savait bien que ce n'était qu'un cerf parmi les milliers qui se trouvaient sur cette terre, mais quand elle le regardait elle avait l'impression de voir Harry. Et le fait que ce cerf soit là, à ce moment précis, lui donnait presque l'impression que c'était son meilleur ami qui s'excusait de la laisser ainsi, et lui adressait un dernier adieu.
Puis l'animal fit demi-tour, et s'en alla paisiblement, indifférent aux larmes qui perlaient aux yeux de la sorcière.
Une fois le cerf repartit, Hermione ne bougea pas. Elle suffoquait en silence.
C'est alors qu'elle sentit quelque chose au creux de sa main. Un petit objet rond, de la taille d'une noix. Les yeux écarquillés, osant à peine y croire, elle ouvrit sa main. Deux petites ailes se déployèrent autour d'une balle dorée qu'elle aurait reconnue entre mille : c'était le vif d'or. Celui qu'Harry avait attrapé en première année.
Elle ne se souvenait pas l'avoir ramassé. Peut-être avait-elle simplement posé sa main au bon endroit ? Ou peut-être était-ce un autre signe ?
Et même si habituellement son esprit rationnel trouvait ce genre de choses complètement stupide, pour une fois, elle avait envie d'y croire. Envie de croire que malgré tout, Harry restait près d'elle. Et ce petit objet, qui semblait si insignifiant, était tout ce qu'il lui restait de lui.
Alors elle serra la balle dorée contre son cœur, comme si c'était la chose la plus précieuse au monde. Elle entendit à peine les appels incessants de Ron, Neville et Luna, qui étaient partis à sa recherche. Elle hocha lentement la tête lorsqu'ils lui annoncèrent qu'ils avaient gagné, que Neville avait tué le serpent et qu'ensuite ils avaient abattu Voldemort.
Hermione savait que ce n'était pas un matin comme les autres. Qu'ils étaient libres. Qu'ils pouvaient maintenait vivre en paix. Elle savait tout cela, mais ca ne l'atteignait plus.
Elle sourit, pleura, et répara l'école comme tous les autres. A tous, elle voulait montrer qu'elle était forte, qu'elle pouvait aller de l'avant. A l'extérieur, elle voulait montrer l'exemple, mais à l'intérieur elle se sentait toujours vide. Elle n'existait plus.
La seule chose qui lui rappelait qu'elle était bien vivante, c'était ce minuscule vif d'or au creux de sa main, qui lui rappelait que cette nuit là, elle avait tout perdu. Son amour, sa raison de vivre. Elle n'avait pas eut le temps de lui dire à quel point elle l'aimait.
On ne retrouva jamais le corps d'Harry Potter. Les années passèrent, et malgré elle Hermione continuait d'espérer. Elle enferma sa douleur au plus profond d'elle-même, garda son chagrin pour elle, et continua d'avancer.
Mais même si les autres la prenaient pour une folle, et même si ressasser ses souvenirs faisait toujours plus mal à chaque fois, Hermione n'abandonnait pas.
Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir, se disait-t-elle à chaque fois qu'elle regardait le vif d'or.
Alors tant qu'elle n'aurait pas vu le corps d'Harry, tant qu'elle n'aurait pas la certitude qu'il était bel et bien mort … elle continuerait d'espérer.
Sept ans plus tard.
Un vieux sac en toile sur le dos, des vêtements rapiécés et une paire de tongs usées. C'était tout ce qu'il avait. Il devait sûrement passer pour un mendiant, le genre personnes que les passants se contentaient d'ignorer, ou de regarder avec dédain ou pitié. Mais pour être honnête, il n'en avait rien à faire de ce que les gens pouvaient penser de lui. Même si, après réflexion, il aurait peut-être dû s'acheter quelque chose de plus convenable pour mieux cadrer avec l'endroit où il se trouvait …
Tout autour de lui, des dizaines d'employés marchaient d'un pas pressé, complètement absorbés par leur travail ou par leur téléphone. D'ailleurs, ce détail avec le don de l'intriguer, puisqu'il ne savait pas depuis quand les sorciers utilisaient un téléphone. Il fallait vraiment qu'il se mette à la page. En regardant de plus près les employés, l'homme put constater que c'était le genre de personne qui devait porter des costars valant plus de trois mois de salaire, alors que d'autres mouraient de faim dans la rue. En voyant ce décalage, il pouvait bien comprendre qu'il puisse faire un peu « tache » parmi tout ce luxe.
Cela devait sûrement expliquer l'air méfiant que lui avait adressé la secrétaire quand elle l'avait vu arriver.
Tout ici était d'un blanc immaculé, qui faisait presque mal aux yeux tant la lumière était forte, et de nombreux courriers ensorcelés volaient dans tous les sens, transportant il ne savait quel message vers leur destinataire.
Mais si il était là aujourd'hui, ce n'était ni pour admirer les costars des employés, ni pour contempler l'immense building qui se dressait au-dessus de sa tête. Tout ce que l'homme voulait, c'était revoir ceux qui avaient été sa famille d'adoption. Et il avait apprit que l'un d'entre eux travaillait ici.
_ Que puis-je faire pour vous ? demanda la secrétaire d'un ton à la fois sceptique et poli.
Ce devait être une femme assez stricte, à en juger par ses cheveux noirs attachés en un petit chignon serré, ses lunettes carrées, son dos droit et ses vêtements impeccablement repassés.
_ Je voudrais parler à Ginny Weasley, s'il vous plait.
La secrétaire haussa un sourcil, et le regarda presque avec pitié. Comment un simple mendiant pouvait-il prétendre connaître l'une des femmes les plus riches de Londres ?
_ Pour votre information, elle s'appelle désormais Ginevra Malefoy, et cela m'étonnerais qu'elle ait envie de vous voir.
L'homme crut s'étouffer en entendant ça. Ginny … Malefoy ?! Sérieusement ? Il se doutait bien que certaines choses auraient changées depuis son départ … mais il ne s'était pas du tout attendu à ce qu'elle épouse Malefoy !
Une fois passé le moment de surprise, l'homme se reprit et dit avec un sourire.
_ Moi je suis persuadé qu'elle sera contente de me revoir. Dites-lui qu'un vieil ami souhaite lui parler, c'est tout ce que je vous demande.
La secrétaire sembla commencer à s'impatienter.
_ Et puis-je savoir qui vous êtes, Monsieur ? demanda-t-elle d'un ton sec.
_ Je m'appelle Harry. Harry Potter.
