Bonjour, bonjour public de Frenchnerd!
Comme promis, je vous mets enfin la nouvelle sur le Visiteur du Futur!
Pour ceux qui n'ont pas lu mon profil: j'ai initialement écrit cette fanfiction pour le concours de texte qui se tenait sur le Frenchnerd Fan Forum (allez y faire un tour, c'est plein d'amûûûr!). Le concours étant fini, je poste ma nouvelle ici! (Et avec un bonus, comme promis!).
(Ce chapitre est la partie que j'ai soumise au concours).
Deux contraintes étaient à respecter:
Il fallait placer au moins deux mots parmi la liste suivante:
- Pigeon
- Grille-Pain
- Vieux slip
- Banane
- Passe-Partout
- Peigne à cran d'arrêt
- Suppositoire
Et placer l'expression "Rusé comme un renard". Le visage blessé du Visiteur et le langage fleuri de Mattéo nous vaut un beau Rated T! /!\ CONTIENT LE PRENOM DU VISITEUR /!\
Bonne lecture!
- « Lorsque votre décès approche, l'implant s'active et vous renvoie dans vos souvenirs à un moment crucial de votre vie. »
- « Mais vous êtes qui, bordel.. ? »
- « Je suis un programme issu de votre implant. Et je me suis activé parce que vous allez bientôt mourir. »
Les mots de l'agent de la société Replay résonnaient encore sous la chevelure flamboyante de Judith. Son regard sombre perdu dans le vide, l'arme toujours pointée sur la porte bien que la serrure numérique ait été activée, elle ressassait sa dernière conversation qui l'avait laissée pantoise.
C'était les larmes aux yeux qu'elle se souvenait de tous les moments forts de sa vie à partir de ce 14 Juin 2098, jour de sa rencontre avec Mattéo. Conseillère en suicide qu'elle était, on n'allait pas tarder à la remplacer par un automate. Ces connards d'automates sans créativité ni compassion. L'effondrement du bâtiment où elle avait construit sa vie et ses projets, tuant sans vergogne plusieurs de ses amis, la laissant sans foyer et l'obligeant à accepter la requête du Visiteur pour espérer vivre chez ce garçon de 2010. Aventure l'ayant amenée à se faire tuer par la cadette et le benjamin de la fratrie Lombardi.
La sonnette retentit de nouveau alors qu'elle adressait une prière quant à la réussite du Visiteur et de Constance, tentant de fuir de la prison nécrophile où elle les avait laissés avant d'émettre son dernier souffle. Posant son arme sur la console où trônaient déjà deux douzaines de cartouches, elle désactiva la serrure numérique et ouvrit la porte.
C'est avec un regard nouveau et un léger sourire qu'elle posa les yeux sur Mattéo. Grand, bien bâti, habillé et protégé pour les circonstances de son métier, un Desert Eagle coincé dans la ceinture et une cicatrice de provenance inconnue lui marquant la tempe, il semblait être le genre d'homme qui n'avait peur de rien. Pourtant, Judith remarqua que ses mains tremblaient. Il n'aurait suffi que d'un coup de vent pour qu'il lâcha ses prospectus.
Alors qu'elle le détaillait, le nouveau venu lui proposa ses services gratuitement. Elle s'entendit répondre, de loin et d'un air absent, qu'elle n'était guère intéressée. Aussi loin qu'elle remontait dans ses souvenirs, elle ne se rappelait pas ce fragment de son existence... Etait-elle déjà en train de changer son histoire.. ?
- « Désolé de vous avoir dérangée... Je m'en vais. » dit-il, sortant une nouvelle fois la jeune femme de sa rêverie.
- « Arrêtez de vous excusez, c'est pénible. Vous devez vous faire respecter. »
- « C'est vraiment pas un problème d'habitude. Mais avec vous, c'est différent... Je ne sais pas pourquoi. » lui répondit l'homme, faisant sourire Judith malgré lui.
- « On peut en discuter si vous voulez. Vous avez pourri ma nuit, donc vous allez vous rattraper. Vous buvez quelque chose ? »
Il était de notoriété publique qu'en l'an 2098 on n'invitait jamais un inconnu chez soi en pleine nuit. C'était un fait et ce, depuis la nuit des temps. De même que l'on ne devait jamais accepter l'invitation d'une inconnue à entrer chez elle, surtout lorsque l'on savait qu'elle était armée d'un Redwolf 2096.
Mais Judith connaissait déjà Mattéo. Fidèle garde du corps peu coûteux, puis partenaire dans le Plan à Trois de Renard, puis ami et finalement amant dans sa première vie.
Mais Mattéo connaissait déjà Judith. Du moins, en avait-il l'impression... Sans doute avait-il juste rêvé d'elle, mais n'était-ce pas déjà une belle coïncidence ? Rencontrer cette femme au caractère bien trempé dans ses songes et la rencontrer réellement par la suite était un sentiment étrange que le jeune homme n'aurait su définir.
- « Vous allez pas me tirer dessus, quand même.. ? » se méfia le jeune homme.
- « Mais non ! » le rassura Judith, blasée.
C'est à partir de cet instant précis que tout souvenir concernant la première vie de Judith s'effacèrent définitivement, lui laissant le loisir de vivre pleinement la deuxième. L'implant se détruisit de lui-même, devenant inutile.
En ce 17 Janvier 2099, Judith pensait avec nostalgie que cela faisait sept mois que Mattéo avait frappé à sa porte pour la première fois. Il l'avait fait pour la toute dernière fois dix minutes auparavant.
Il l'avait convaincue de quitter son appartement au profit d'un plus récent parce que, selon lui : « Sérieux, vu la gueule du truc, il va pas tarder à s'effondrer ou à cramer ! »
Ils avaient eu le temps de tisser des liens très forts en sept mois de temps, elle avait en lui une confiance aveugle. S'il disait que l'architecture du bâtiment laissait à désirer et qu'il fallait déménager, alors elle le faisait. S'il prétendait que tous les métiers agréables et bien payés allaient bientôt être occupés par des automates, elle démissionnait et se lançait dans une autre formation au salaire prometteur. En revanche, elle n'arrivait toujours pas à se projeter dans un futur proche où Mattéo serait le tenancier d'une taverne...
Le jeune homme, quant à lui, avait apprit à vivre avec le caractère particulier de la rouquine. Il ne détestait pas, ça pimentait sa vie morne. En effet, peu après sa rencontre avec la jeune femme, il avait réussi à décrocher un contrat auprès d'un bourgeois dont la vie n'intéressait personne mais qui était persuadé que tous les délinquants allaient lui tomber sur le poil à chaque coin de rue. Même en sachant ça, Mattéo restait professionnel et exerçait son métier avec brio à chaque sortie de son patron. Mais jamais rien ne se passait. A plusieurs reprises Judith l'avait taquiné à ce sujet, clamant qu'il était littéralement payé à rien foutre.
- « Prête ? Je te préviens, je refais pas un aller-retour. Si t'as oublié des trucs, tu les descendras toi-même ! »
Judith interrompit ses pensées et regarda le jeune homme debout dans le salon, trois cartons dans les bras sur lesquels était respectivement inscrit « Draps », « Vêtements Hiver » et « Munitions ».
Elle répondit à sa question par un sourire, lui indiquant en même temps qu'il pouvait partir devant.
Une fois seule, elle s'avança jusqu'à la fenêtre sur laquelle la dernière pluie perlait encore. Elle se rappellerait toujours de la vue qu'on avait depuis le trentième étage. Elle se rappellerait toujours de cette vue en particulier, grande compagne de ses soirées moroses. Elle savait sans regarder l'heure qu'un tramway n'allait pas tarder à passer au pied de l'immeuble, et qu'il ferait trembler toute la structure comme à son habitude.
Se retournant et jetant un dernier regard à son petit appartement, elle prit le dernier carton et s'avança jusqu'à sa future ex-porte d'entrée. Ce n'était pas dans ses mœurs d'attacher autant d'importance à un bien matériel, mais ce foyer était le sien depuis tant d'années. Et surtout, c'est sur le pas de cette porte qu'elle avait connu Mattéo...
Elle sentit aux vibrations dangereuses du sol que le tramway passait et que son ami avait bien raison de se poser des questions quant à la fiabilité de l'architecture de ce bâtiment.
Accoudée sur son plan de travail devant son grille-pain à se faire des grimaces sur la partie argentée de l'appareil, Judith attendait ses toasts, ingrédients cruciaux de son sandwich. Elle était installée depuis un peu moins de deux mois dans son nouvel appartement, plus spacieux que le précédent mais dont la qualité panoramique laissait à désirer.
Mattéo avait vu juste : son ancien bâtiment s'était effondré la semaine d'avant, faisant énormément de blessés mais tuant surtout beaucoup de personnes... Ce jour-là, contrairement à d'autres occasions, il ne s'était pas vanté d'avoir eu raison. Il s'était juste contenté de dire à Judith à quel point il était heureux qu'elle n'eût pas été au mauvais endroit au mauvais moment, certifiant qu'il s'en serait voulu pendant très longtemps.
Ces derniers jours, elle avait fait le deuil de la majorité de ses amis, victimes de l'effondrement de l'immeuble. Cela avait complètement détruit son moral et elle s'était dit plusieurs fois, qu'à part Mattéo, plus rien ni personne ne la retenait ici. Les grimaces qu'elle se faisait par le biais du reflet du grille-pain était le signe que son humeur remontait la pente. Doucement mais sûrement.
Grâce au dit reflet de l'appareil brûlant, elle vit un mouvement derrière elle. Ce fut vif et si elle n'avait pas eu les yeux rivés sur le métal, elle n'aurait sans doute rien vu. Quelqu'un était chez elle. Pourtant, en ce mois de Mars, les fenêtres étaient fermées et il n'y avait que dans ses rêves les plus fous qu'elle ne verrouillait jamais la porte d'entrée. Elle se redressa doucement faisant attention que la manœuvre restât naturelle et ainsi faire croire à son potentiel agresseur qu'elle n'avait rien remarqué. Un frottement d'étoffe se fit entendre dans son dos. Elle profita du claquement de ressort du toaster, indiquant que son pain était cuit, pour faire une roulade sur le côté, attraper son Redwolf 2096 et pointer l'intrus !
L'homme, surpris, leva les mains en signe de paix et pour montrer à la rouquine qu'il n'était pas armé. C'était un curieux personnage. Parmi tous les traits caractéristiques de cet individu, ce qui marqua le plus Judith en cet instant était son visage couvert de blessures fraîches et son bras encombré d'une machine qui lui était totalement inconnue. Devant la sincérité évidente du nouveau venu quant à son absence d'arme, elle se releva, le canon toujours braqué sur lui.
- « Et ça, c'est quoi ? » lança t-elle, accompagné d'un signe de tête vers son bras.
- « Un... Un Tempusfugitron... Pour voyager dans le temps. Et me téléporter. » expliqua l'intrus, ayant visiblement peur que sa tête ne soit réduite en lasagnes incessamment sous peu.
- « Ca blesse ? »
- « N... NON ! Je peux juste voyager dans le passé avec. C'est tout. »
Judith baissa son arme mais continua de le fixer, attendant qu'il déballât la raison de sa venue. Qui, si elle en croyait le niveau de nervosité de l'énergumène, n'aurait su tarder. Il baissa doucement les mains et entreprit de reprendre une respiration normale. La jeune femme eut tout le loisir de le détailler : un bon mètre soixante-quinze, les cheveux courts et bruns, des yeux noirs qui, elle en était sûre, devait faire tomber toutes les minettes de son époque, une silhouette svelte et il était affublé d'un long manteau marron et de vieilles lunettes d'aviateur. Autrement dit : un clochard. Aux allures futuristes, mais un clochard quand même. Avec une authentique odeur de vieux slip.
Le clodo finit par lui expliquer le motif de sa présence clandestine. Une histoire de Plan à Trois en 2010 qu'elle n'était pas sûre d'avoir assimilée, même s'il lui avait assuré qu'il s'agissait d'un plan de Qualité.
- « Ca ne m'intéresse pas. Barrez-vous. » lança t-elle avant de mordre dans son sandwich.
- « Faites au moins une mission avec nous ! Vous aviserez sur le moment ! » supplia le Vieux Slip.
- « Y'a rien à aviser, j'ai dit non. » fit-elle, la bouche pleine, mettant sa main devant pour éviter qu'un morceau de tomate ne tombât.
L'intrus ne s'attendait visiblement pas à cette réponse, il ne semblait pas s'y être préparé. Pourtant, moins de cinq secondes après le refus de Judith, une lueur maligne brilla dans ses yeux noirs.
- « Si vous acceptez de travailler avec Raph et moi, je vous promets de vous fournir un passeport pour 2010. Papiers d'identité, carte Vitale et toutes les merdes administratives que vous me demanderez. »
La jeune femme savait très bien que le clodo avait jeté un œil dans son salon. Les murs de cette pièce étaient recouverts de posters faisant précisément référence à cette année-là, comme la représentation de l'album « Resistance » de Muse ou des films « Inception » et « Odyssée Deux ».
C'est sur 2010 que la rouquine avait jeté son dévolu pendant son deuil. Parce qu'avant cette époque, c'était le Moyen-Age et après ce sera la merde. 2010 était vraiment l'apogée de l'humanité et les gens avaient beaucoup de chance d'y vivre.
Revenant sur le clochard, elle lui lança un regard énigmatique :
- « Vous êtes vraiment rusé... »
- « … Comme un renard. » l'interrompit l'intrus avec la tête de celui qui connaissait déjà la vanne et qui l'avait essuyé à maintes reprises.
Le pouilleux était reparti avec la conviction que Judith allait accepter, même si elle avait insisté sur le fait que sa réponse dépendrait de celle de Mattéo. Bien sûr, à plusieurs reprises ces derniers jours, elle s'était endormie en pensant à ce qu'aurait été sa vie si elle avait vécu à l'aube du XXIème siècle. La liberté de se promener dans un parc, sans arme, par un beau Samedi après-midi sans prendre le risque de se faire tuer pour une liasse de papiers dans son portefeuille. Déménager pour le plaisir du dépaysement, pas parce que l'immeuble se fissure jour après jour. Et, surtout, ne jamais se voir remplacer par un droïde...
- « Ouais c'est clair, ça promet d'être plein d'action son Plan à Trois, mais il a pas parlé de thune... » déclara Mattéo, soulevant une grande haltère sur son banc de musculation, après que Judith lui eut expliqué la proposition du Vieux Slip.
- « Bah, ça a pas l'air d'être super-développé comme entreprise... » répondit-elle, assise en tailleur par-terre, arrachant petit à petit l'étiquette d'une bouteille d'eau « Je pense pas qu'il y ait une quelconque rémunération, tu sais.. ? »
- « Quoi ?! » s'exclama le jeune homme, en sueur, tournant vivement la tête vers elle « Et tu lui as dis 'Oui' ?! »
- « Non, j'ai dit que j'allais y réfléchir ! Il doit revenir demain. Tout ce qui m'intéresse, ce sont les papiers d'identité pour 2010. Après, on aura qu'à se barrer et reconstruire notre vie ! »
Il lui offrit des expirations bruyantes pour toute réponse. La rouquine constata que son ami était contrarié par les nouvelles qu'elle lui avait apporté. Quinze bonnes secondes passèrent avant qu'il ne lui formulât une réponse correcte :
- « 'Faut pas avoir inventé la poudre pour pouvoir dire que t'es en kiff sur le début du XXIème siècle, ya qu'à regarder ton salon. J'imagine que c'est ce qu'il a fait ? »
Judith hocha la tête, sachant pertinemment qu'elle s'apprêtait à recevoir une des leçons de morale que lui imposait parfois le garde du corps.
- « Après, libre à toi de te fier à un inconnu total que t'as toi-même qualifié de 'clochard', je suis pas ta mère. » reprit Mattéo en reposant son haltère et en se redressant pour faire face à son interlocutrice « Mais surtout, avant de partir, pose-toi une dernière question : 'Est-ce que ce mec est vraiment apte à te les fournir, ces papiers d'identité ?' … Moi, j'le sens pas. »
La jeune femme resta silencieuse. Elle n'avait pas pensé à cette éventualité mais ne voulait pas l'admettre devant son ami. Ce n'était pas dans ses habitudes d'être aussi stupide, elle s'était laissée influencer par la tentation d'une vie paisible loin d'un Paris pré-apocalyptique.
Les leçons de morale de Mattéo étaient rares et brèves mais elles touchaient là où ça faisait mal, voyant juste à chaque fois. Ses conseils avaient toujours été précieux pour la jeune femme et ses quelques prédictions s'étaient avérées vraies dans soixante-quinze pour-cent des cas. Et, selon le contexte, il semblait improbable que ce pronostic fasse partie du quart restant.
- « Mais... Vous avez dit que vous alliez y réfléchir ! » s'exclama le Vieux Slip, le lendemain matin, à l'aube.
Il avait débarqué dans le salon, pièce où dormait Judith, et avait échappé de justesse à une balle provenant mystérieusement d'un Redwolf 2096. Le projectile était allé se planter dans un des murs de la cuisine, la détonation se répercutant dans le petit appartement.
- « Et j'ai tenu parole. » répondit celle-ci, venant de ranger son arme sous son oreiller « Mais la réponse est toujours 'Non'. Maintenant, j'aimerais que vous alliez emmerder quelqu'un d'autre. »
Le clochard semblait décontenancé et pris de court. Plus que la veille. Sans doute à la recherche d'une nouvelle proposition, il regarda la pièce dans sa globalité, ne laissant aucune parcelle au hasard.
- « Non, non, cherchez pas. Ya que 2010... » lança t-elle sèchement en retapant son polochon, prête à se rendormir.
- « Le passeport ne vous intéresse pas.. ? » fit-il, les sourcils froncés, essayant de comprendre où son plan avait foiré.
- « Plus maintenant. Barrez-vous. »
Le clochard tomba à genoux, les mains jointes, et supplia la jeune femme en l'appelant par son prénom. Pour toute réponse, elle ressortit son arme et leva le canon :
- « Je ne veux même pas savoir par quel moyen vous avez pris connaissance de mon identité. Barrez-vous. Je compte jusqu'à trois. Un. »
Elle chargea le Redwolf d'une main experte.
- « S'il vous plaît ne nous laissez pas seuls, Raph et moi ! Vous êtes tout ce qu'il nous reste, on a personne d'autre ! Ses deux seuls potes ne veulent plus bosser avec... »
- « Deux. »
Elle pointa le front de l'individu de son canon encore chaud.
Le Miséreux semblait enfin prendre conscience du danger imminent qu'il courait et se redressa légèrement en levant les mains, celle de droite se dirigeant prudemment vers son bras gauche, porteur du Tempusfugitron.
- « Judith... S'il vous pl... » murmura t-il enfin.
- « Trois. » conclu la rouquine en pressant la détente, sans hésitation.
La balle fut expulsée de la chambre du semi-automatique par une soudaine pression, les stries composant l'intérieur du canon la firent tourner sur elle-même. Le projectile sortit de l'arme pendant que le chien, derrière lui, s'ouvrait pour éjecter la cartouche vide et brûlante, provoquant le recul des mains de Judith. Accompagnée d'une forte détonation, la balle alla rejoindre son prédécesseur planté dans le mur de la cuisine, traversant d'abord l'exact endroit où se trouvaient les connections neurales du Vieux Slip.
Ce dernier s'était téléporté alors que la balle était à cinq centimètres de ses yeux. La jeune femme resta dans cette position quelques secondes, aux aguets, attendant à le voir réapparaître à chaque instant.
Mais le Visiteur ne réapparût pas... Et n'apparaîtra jamais plus.
Elle baissa son arme et la rangea finalement sous son oreiller avant de se rallonger confortablement entre ses draps. Cela ne l'aurait pas arrangé d'avoir un cadavre sur les bras, de si bon matin. Cela l'aurait obligé à sortir de chez elle, dans le froid de Mars pour le signaler à qui de droit... Et elle avait la flemme.
Quelques quatre-cent cinquante années plus tard, dans un bunker dont le code d'entrée était 23805, un robot se posant des questions existentielles sur le café se vit disparaître au fur et à mesure que les micro-secondes passaient. En un éclair, Henry Castafolte n'était plus...
Le 6 Juin 2010, Raph et le Visiteur tentèrent une nouvelle fois de dissuader Lopez de fréquenter Constance, la fille de la boulangère. Fréquentation qui les auraient amenés à l'union puis à la descendance. Descendance directement responsable des pluies acides d'un futur lointain.
Mais sans l'aide de Judith et Mattéo, les deux hommes échouèrent lamentablement. Lopez et Constance se marièrent l'année suivante et eurent le petit Junior, créateur de voitures volantes et coupable du fléau météorologique. Fléau empêchant toute vie à la surface de la Terre, notamment la construction de refuges, empêchant donc la rencontre des parents Lombardi, annulant la naissance du trio.
La fratrie Lombardi n'existant pas, Riton ne sera jamais assassiné sous les yeux de Germain. Ce dernier ne verra jamais la nécessité de fabriquer un robot à l'image de son béguin. L'annulation de la création du premier Castafolte empêchera la création des autres exemplaires...
Ils étaient loin de s'en douter, mais Judith et Mattéo venaient de créer la perte d'un des plus grands humanistes que la Terre avait porté...
Sans Henry pour l'aider à s'échapper de la prison nécrophile, le Visiteur tissera des liens plus ou moins amicaux avec Joseph, son compagnon de cellule, avant de se faire tuer et violer...
Ou l'inverse.
Vous pouvez tout revivre... Mais différemment.
Merci d'avoir lu!
