Bonjour et bienvenue à toi, lecteur/lectrice !

Ça ne te dérange pas si je te tutoies ? Non ? Parfait alors !

Ne t'inquiète pas, je vais faire court ! Je souhaiterais simplement te parler un peu de cette fiction que tu t'apprêtes à découvrir. Après, rien ne t'oblige à lire cette introduction, tu peux tout à fait la sauter et passer tout de suite au premier chapitre. De toute façon, je n'aurai aucun moyen de vérifier, alors je ne me vexerai pas, promis !

En quelques mots : premièrement, cette fiction est prévue découpée en sept parties, une pour chaque année que Wilhelmina, notre petite héroïne, passera à Poudlard (wow, quelle o-ri-gi-na-li-té !). Secundo, si j'ai aujourd'hui le courage de débuter ce projet de poster le premier chapitre, c'est grâce à la fiction Ludo Mentis Aciem, de Ielenna, qui, alors qu'elle ne le sait même pas, m'a beaucoup boosté pour donner naissance à cette fiction.

Mettons carte sur table : je ne sais pas à quelle fréquence paraîtrons les chapitres. Peut-être une fois toutes les deux semaines, peut-être une fois par mois, peut-être plus... Cela dépendra de mon inspiration, du temps que je consacrerai à l'écriture dans ma vie privée, de ma motivation, de ma fatigue, enfin de tout un tas de paramètres tellement incertains que je préfère ne pas te promettre le lune si c'est pour te rapporter finalement un porte-clef... Je ne suis pas certaine de cette comparaison, mais enfin tu vois l'idée.

Je vais te libérer ici, je crois avoir tout dit. Je te souhaite donc une bonne lecture, en espérant que ce tout premier chapitre te plaise.

A bientôt !


- PARTIE I -

Wilhelmina Parker et la dame aux yeux saphir


- 1 -

Des bonbons à la menthe


Mercredi 1 juillet 2015, Manoir de Castleagle

.

Il était un peu plus de six heures et demi, d'après la petite horloge murale de la chambre, lorsque Katarina ouvrit les yeux. Aussitôt, elle laissa derrière elle sa nuit de sommeil et posa ses pieds sur le parquet qui lui sembla gelé après la douce chaleur des couvertures. Elle ne s'y attarda cependant pas et, comme chaque matin, se prépara à commencer sa journée.

Tous les jours, les mêmes gestes s'enchaînaient, dans un ordre bien précis. Katarina passait d'abord dans la salle de bain pour réveiller son esprit à grandes giclées d'eau, qu'elle préférait glacée. Ses ablutions terminées, elle regagnait sa chambre où l'attendaient, posés sur une chaise, les vêtements qu'elle avait soigneusement préparé la veille. Elle enfilait alors une robe, aux couleurs toujours sobres, ou brune, ou noire, ou grise, ou parfois bleu marine, puis ses souliers, nouait ses cheveux plus sel que poivre en un chignon, rendu impeccable par l'habitude du geste, et sortait enfin silencieusement pour rejoindre Tiny et Saë en cuisine.

Ce matin-là, lorsqu'elle y pénétra, les deux petites elfes de maison étaient déjà en train de préparer les petits-déjeuners des enfants, mais sans paraître pressées le moins du monde. À l'heure qu'il était, monsieur devait déjà être parti pour le ministère, et madame ne mangeait, de toute façon, jamais le matin.

Des enfants, il ne restait au manoir que les deux filles, Wilhelmina et Wendy, âgées respectivement de onze et six ans. Du moins pour aujourd'hui encore seulement, car ce premier juillet marquait la fin de cette année scolaire et le retours chez lui de l'aîné de la famille Parker, William, qui venait de clôturer sa seconde année à l'école de sorcellerie Poudlard.

Katarina, d'un coup de baguette, noua un tablier blanc par-dessus sa robe grise et poussa un léger soupir. À la rentrée prochaine, ce serait au tour de la jeune Wilhelmina d'intégrer cette école, et il ne lui serait pas facile de la voir partir. La gouvernante se souvenait parfaitement du jour où elle était arrivée dans le foyer des époux Parker, treize ans plus tôt, et qu'on lui avait confié un nourrisson. Puis un second, deux ans plus tard, alors qu'elle avait toujours la charge du premier. Elle s'en était occupée comme de ses propres enfants, mais en grandissant, William avait démontré une grande volonté d'indépendance. Elle avait donc entretenu une relation particulière avec Wilhelmina, et ce, même lorsque Wendy vint au monde, cinq ans après la naissance son aînée, car la benjamine ne trouvait l'apaisement que dans les bras de sa mère. Un lien fort s'était créé entre la petite Mina et sa gouvernante, et Katarina appréhendait de la voir s'éloigner du foyer, habitée par des sentiments très maternels.

L'horloge de la cuisine sonna sept heures, la tirant de ses rêveries nostalgiques.

« Tout est prêt ? demanda-t-elle à Saë, qui posait à l'instant une tasse de chocolat chaud sur les plateaux où attendaient déjà un verre de jus de citrouille pour Eden, de pomme pour Wilhelmina, des toasts, quelques quartiers de fruits, et le quotidien billet de Monsieur Parker pour ses filles.

– Oui, madame, tout est prêt, madame, répondirent en choeur les deux créatures de leur voix aiguë.

– Merci. »

Katarina ne prit pas la peine de leur répéter qu'elle ne souhaitait pas qu'elles l'appellent ainsi. Elle avait abandonné l'idée de leur faire entendre que ce titre n'était pas pour elle, et ce depuis plusieurs année déjà. D'un nouveau coup de baguette, la gouvernante amena les plateaux à la suivre hors de la cuisine, alors qu'elle s'apprêtait à monter les trois étages qui la mèneraient aux chambres des filles.

La demeure avait beau ne pas être d'une excessive grandeur, quiconque y pénétrait pour la première fois ne pouvait qu'avoir un mouvement d'admiration. Le hall d'entré et le premier étage, surtout, racontaient à qui savait regarder le prestige passé qu'avait vécu la bâtisse. En témoignaient, plus que tout le reste la grande salle à manger et l'ancienne salle de bal, au premier, aujourd'hui visitées pour les seuls besoins du ménage. Il y avait longtemps que cette partie n'avait pas été habitées, bien longtemps, car lorsque les grands-parents de monsieur Parker avaient fait l'acquisition du manoir de Castleagle, ces deux grandes salles, autrefois si fastes, n'abritaient déjà plus que des souvenirs.

Malgré ses cinquante-sept ans bien avancés, Katarina monta d'un pas décidé les marches, une à une, jusqu'au troisième étage. Elle aurait certes pu utiliser le réseau de cheminée inhérent au manoir, mais elle avait prit cette habitude avec le temps et tenait à ses petits rituels. Du moins pour sa tournée du matin. Elle deviendrait ensuite raisonnable, comme chaque jour.

Les deux plateaux-repas toujours dans son sillage, la gouvernante les envoya à l'aide de sa baguette se poser sur les tables de chevets de chacune des demoiselles sans même ouvrir la porte de leur chambre, et retourna sur ses pas pour entrer dans celle du jeune William, inhabitée depuis plusieurs mois. Il était temps de la préparer pour le retours de son propriétaire.

OoO

C'est d'abord la sensation d'une douce chaleur sur sa joue qui réveilla la jeune Mina Parker. Elle s'étira de tout son long, pareil à un chat, et ouvrit ses beaux yeux bleus. L'odeur du chocolat chaud acheva de la tirer du sommeil.

Repoussant quelque peu les couvertures, la petite se redressa, frotta ses paupières et se saisit du plateau posé, comme chaque matin, sur la table de chevet à droite de son lit. Au milieu des douceurs, un mot de son père, qui lui souhaitait une belle journée, à défaut de le faire en personne. Quelle heure était-il ? Sur le mur, le gros cadran en fer forgé – un objet contre toutes attentes très délicat – indiquait presque sept heures trente. Mina attrapa un toast et le mordit à pleines dents.

Habituellement, à cette heure-ci, elle se serait hâter de finir son repas et de se préparer pour aller dans le petit salon du troisième étage. Là, Kitty leur aurait donné des exercices d'écriture, de lecture ou de calcul. Mais pas aujourd'hui. La petite se cala un peu plus dans ses oreillers tout en faisant attention à ne pas renverser sa boisson fumante sur les draps. Aujourd'hui était un jour spécial.

Ce n'était ni son anniversaire, ni celui d'Eden ou de leur mère. Ce soir, Will rentrait à la maison, et cela signifiait beaucoup. D'abord les vacances d'été, qui les exemptaient d'études jusqu'au premier septembre, et ensuite, cela voulait dire qu'il ne lui restait plus que deux mois, jours pour jours et presque heures pour heures, avant de se préparer à entrer dans la très célèbre école de sorcellerie Poudlard.

Il lui tardait d'arriver à ce jour. Elle avait entendu tant de choses à propos de ce château majestueux, magique, planté près d'un lac, au milieu des terres d'Ecosse. Elle aussi voulait se faire des amis de son âge avec lesquels elle pourrait partager des rires à n'en plus finir.

Lorsque l'horloge lui indiqua huit heures et quart, Mina terminait son petit-déjeuner. Même si elle appréciait de se prélasser au lit de temps en temps, la petite n'avait jamais été du genre à se lever très tard. C'est donc avec un certain entrain qu'elle se décida à se lever et à s'habiller des vêtements préparés la veille pour elle par Kitty. En se dirigeant vers la chambre de Wendy, voisine de la sienne, pour l'entraîner dans un jeu, Mina se réjouit que la vieille femme lui ai choisi l'une de ses robes préférées, la bleue avec un large ruban violet autour de la taille. Elle portait aux pieds ses petits souliers et dans ses cheveux un serre-tête pour éviter que ses boucles noires ne lui tombent toute la journée devant les yeux. C'était, somme toute, de cette façon qu'elle s'habillait la plupart du temps, et cela lui convenait.

Mina, arrivée devant la porte de la chambre de Wendy, tendit l'oreille. Si sa sœur était réveillée, elle l'entendrait. Pourtant, aucun bruit ne lui parvint. Il lui semblait étrange que Wendy dorme encore à cette heure-ci, mais elle rebroussa chemin sans ouvrir la porte pour le vérifier.

« Kitty ? »

La vieille dame leva les yeux du linge posé sur le lit de William lorsque Mina l'appela en passant la tête par l'entrebâillement de la porte.

« Déjà debout ? » Mina opina frénétiquement du chef et avança de quelques pas vers la gouvernante. « Tu aurais dû m'appeler. »

La petite haussa les épaules. Oui, elle aurait pu utiliser la poudre de cheminette pour demander à Kitty de venir l'aider à se préparer, mais elle avait aimé se débrouiller toute seule. D'ailleurs, comme si elle lisait dans ses pensées, Kitty s'approcha d'elle pour tirer sur le nœud, brouillon que Mina avait noué de ses mains maladroites.

« Tu es toute débraillée... » soupira en souriant la vieille dame en réajustant ensuite le serre-tête.

Mina la repoussa d'un geste agacé.

« Qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-elle en se juchant sur un fauteuil à la force de ses bras.

– Je prépare la chambre de ton frère. Tu te souviens qu'il arrive ce soir ?

– Oui. Il m'a même promis de me rapporter des bonbons à la menthe du banquet de fin d'année. » ajouta-t-elle après une petite seconde d'hésitation. Comme elle s'y attendait, Kitty rit. Elle, se rembrunit et croisa les bras sur sa poitrine. « Si, il m'a promis. »

La gouvernante ne répondit pas et se pencha pour ramasser une chemise qu'elle entreprit de plier. Mina la regarda faire un moment sans parler mais ne pu rester boudeuse bien longtemps.

« Pourquoi tu n'utilises pas la magie pour faire ça ? interrogea-t-elle, curieuse. Tu aurais le temps de faire pleins d'autres choses... »

Ses yeux pétillaient d'intérêt. Elle aurait évidement bien aimé que Kitty fasse usage de sa baguette, car elle ne se lassait pas d'assister aux manifestations magiques qui rythmaient pourtant sa vie.

« J'aime penser qu'on voit toujours la différence entre quelque chose fait par magie ou non. Et j'aime prendre le temps de faire les choses pour les gens qui me sont chers. » Kitty leva les yeux vers la petite qui la regardait, visiblement peu convaincue. « Pourquoi n'irais-tu pas jouer ?

– Je ne sais pas où est Wendy. Et c'est nul de jouer toute seule. » L'enfant réfléchit une seconde et descendit du fauteuil. « Et puis c'est nul de jouer tout court. Je vais bientôt rentrer à Poudlard, tu sais ? Je ne suis plus un bébé.

– Je sais. » Kitty la couva d'un regard attendrit qui l'agaça. Elle n'avait rien comprit ! « Va lire un livre, alors. Tu en as reçu de très beaux pour ton anniversaire. »

Cette perspective enthousiasma la petite fille qui hocha la tête et se hâta de retourner dans sa chambre.

« Tu sais où est Wendy ? s'enquit-elle tout de même avant de quitter la pièce.

– Avec votre maman, dans le salon. »

Mina aurait dû s'en douter, bien sûr. Maintenant, qu'elle le savait, elle se sentait bête de ne ps y avoir songé avant. La petite courut à sa chambre, prit le livre entamé posé sur l'un de ses tables de chevet et ressortit aussitôt. Elle passa devant la véranda, la salle de musique, de nouveau devant la porte entre-ouverte de la chambre de William et, son conte pressé contre son cœur, elle descendit au deuxième étage, jusqu'au salon. Elle poussa doucement la porte la porte et trouva Wendy, assise aux pieds de leur mère, en train de servir le thé à ses poupées.

Quand Mina entra, elle releva vers elle ses yeux couleur azur et ses boucles blondes rebondirent tout autour d'elle. Wendy poussa ensuite un petit cri et lui tendit une tasse rose bonbon.

« Tu viens jouer avec moi ?

– Euh... »

Mina hésita. Elle n'en avait pas particulièrement envie, mais un coup d'oeil à sa mère la dissuada de refuser.

« Si tu veux. »

La brunette posa son livre sur le canapé et s'assit en tailleur près de sa sœur avant de se munir de la tasse d'enfant et de commencer à feindre une discussion avec les jouets autour d'elle, sous les rires enthousiastes de la petite et le regard de Meredith Parker.

Elle n'était pas méchante femme, mais se savait stricte. Ses grands yeux bruns et les grosses boucles blond cendré qui frôlaient ses épaules pouvaient sembler bien souvent sévères, pourtant, son amour de l'ordre et du calme ne l'empêchait nullement d'aimer ses enfants plus que tout. Sa petite dernière, particulièrement, parvenait bien souvent à ses fins à force de câlineries.

Mina joua quelques minutes avec sa petite sœur, puis, prétextant une trop grande ingestion de cookies fictifs et de thé tout aussi imaginaire, se posa sur le canapé pour reprendre le lecture de son histoire là où elle l'avait laissé, à la sortie d'une bataille entre des Botrucs et un vil sorcier qui voulait abattre leur arbre. Les images animées, à droite, du sorcier qui partait en courant, à gauche, du peuple de petites créatures qui célébrait sa victoire, la plongèrent un peu plus dans la lecture de la suite de leurs aventures.

« Maman ? »

La voix de Wendy brisa le silence installé depuis maintenant quelques instants.

« Oui, chérie ?

– Est-ce aujourd'hui que William revient à la maison ?

– Ce soir, confirma Meredith en hocha la tête. Nous irons l'accueillir toutes les trois à la gare.

– Vous venez avec nous, maman ? » s'étonna Mina, les yeux brillants.

Elle avait si peu d'occasions de passer du temps avec sa mère que la perspective de se retrouver en famille dans Londres la comblait. Le seul absent serait leur père, mais il était encore moins présent auprès des siens que sa femme.

Les époux Parker travaillent tous les deux au Ministère de la magie, et tous les deux beaucoup. Henry Parker surtout, lui qui était un Apologus réputé et très demandé, passait plus de temps à étudier les dossiers de ses clients pour leur constituer une défense solide qu'avec sa famille. Meredith, elle, occupait le poste de responsable des archives du département de la justice magique, ce qui revenait la plupart du temps à trier et classer des milliers de dossiers en attendant que quelqu'un vienne les consulter. Elle avait beau répéter à Mina l'importance de son métier, la petite avait du mal à y voir un quelconque intérêt. Cependant, elle ne s'en plaignait pas puisque sa mère ne travaillait que les après-midi, ce qui leur laissait, à sa sœur et à elle, l'occasion de profiter un peu d'elle à l'heure du repas, lorsqu'elles avaient finit leurs heures d'études.

« Oui. J'ai obtenu mon après-midi pour le retour de Will. Êtes-vous contentes ?

- Oh ! oui ! » s'exclamèrent les deux petites filles, ce qui illumina Meredith d'un grand sourire.

Mina venait d'achever son livre lorsque, à midi tapante, Kitty vint leur annoncer que le déjeuner était servit. La fillette referma son livre sur une fin qui lui convenait parfaitement, puisque le héros Botruc parvenait enfin à avoir un baiser de la princesse Botruc. Wendy, elle, poussa un nouveau cri et courut en direction de la salle à manger, attenante au salon.

« Wendy ! On ne court pas dans le maison ! »

Meredith soupira en se voyant si peu écoutée et prit la main de sa fille aînée, plus sage. En apparences du moins, car, en vérité, si Mina n'avait pas tant tenu à faire plaisir à sa mère en cette journée particulière, elle aurait bien courut à la suite de sa petite sœur.

OoO

Chaque fois qu'elle était venue à la gare de King's Cross pour traverser le mur de pierres qui séparait la voie 9 ¾, magique, du reste du monde, Mina s'était demandée comment les Moldus pouvaient ne pas se rendre compte de ce qui s'agitait sous leur nez, ou autrement dit, comment ils pouvaient ne pas être au courant de l'existence de la magie.

Non pas qu'elle les croyait idiots, elle n'avait pas été élevée dans cette idée, mais il lui fallait tout de même bien avouer que si elle avait été Moldue et que des dizaines d'adolescents se promenaient en poussant des charriots remplit de grosses valises et de cages à chats, à hiboux et à chouettes, chaque premier septembre, sans qu'on sache dans quel train ils finissaient par monter, elle se serait posé des questions. Ou du moins elle l'espérait.

« Attention, restez près de moi. »

Mina ne protesta pas lorsque sa mère entoura ses épaules de son bras, malgré la présence de la foule massée autour d'eux, impressionnée par le bruit sourd qui s'approchait, au contraire de Wendy, qui se démenait dans l'espoir de pouvoir approcher au plus près les rails.

Le Poudlard Express arriva dans un crissement strident et un panache de fumée épaisse et grise. Il étincelait, et les yeux de Mina s'écarquillèrent. Deux mois. Dans deux mois, elle monterait à l'intérieur et partirait pour ce qu'elle attendait depuis des années. Poudlard.

Au moment où le train s'immobilisa, les familles qui attendaient comme elles sur le quai s'avancèrent vers les wagons dans un brouhaha de bruits et de bousculades. Mina, sur la pointe des pieds, tentait d'apercevoir une tête bien précise dans le flot d'élèves qui descendaient maintenant à terre.

« Tu le vois ? demanda Wendy en tirant sur la manche de sa veste.

– Qui ?

– Will ! s'agaça la petite.

– Oh, euh...

– Venez, les filles, reculons-nous un peu. Il ne manquerait plus que nous nous fassions écraser par tout ces gens. » la coupa Meredith en les tirant sous la protection des arches.

Mina observait avec attention toutes les personnes qui passaient devant ses yeux. Elle déplorait, elle, de s'être autant éloignée, et aurait bien grimpé sur le banc derrière elle, mais il était à parier que sa mère ne tolérerait pas un tel comportement en public.

En réalité, ce n'était pas son frère qu'elle cherchait aussi activement dans la foule, mais Dimitri, le petit-fils de Kitty. Il venait, chaque année, passer quelques jours de vacances chez eux pour voir sa grand-mère, et ce depuis qu'il avait intégré l'école de sorcellerie. Il finissait aujourd'hui sa sixième année à Poudlard, était gentil, rieur et lui, au moins, ne se moquait jamais d'elle, contrairement à William.

La fillette avait beau se répéter en boucle qu'elle ne le cherchait que pour tenir sa promesse faite à Kitty et lui transmettre le bonjour de sa grand-mère, elle savait, au fond, qu'autre chose la motivait, une chose qui la faisait rougir. Assez lucide quant aux cinq années qui les séparaient, et qui les éloignaient aujourd'hui, elle rêvait parfois que lorsqu'elle serait plus grande, il tomberait amoureux d'elle et qu'ils se marieraient.

Le cri que poussa Wendy lorsque William apparut dans leur champ de vision fit sursauter Mina. Elle vit alors son frère, ses cheveux blonds en bataille, ses yeux bruns fixer sur elles, s'approcher, ses grosses valises posées sur le chariot qu'il poussait. Il n'avait pas changé. Et à sa suite, souriant... Mina tira sur les manches de sa propre veste, nerveusement.

Meredith prit son fils contre elle quelques courtes secondes avant que celui-ci ne se dégage, décrétant sans doute qu'une étreinte trop longue le ferait passer pour un enfant aux yeux de ses camarades. Puis, Meredith se tourna vers le second garçon en souriant.

« Dimitri ! Comment vas-tu ?

– Je vais très bien, merci madame Parker.

– Comptes-tu venir au manoir cet été ?

– Bien sûr, si je ne vous dérange pas.

– Pas du tout, Dimitri, c'est toujours un plaisir de t'avoir chez nous. »

Lui, par contre, avait beaucoup changé depuis la dernière fois que Mina l'avait vu, en septembre. Il avait grandit d'abord, et puis, elle avait l'impression qu'en plus d'une discrète barbe de quelques jours, il avait prit en muscles. Il devenait de plus en plus homme et elle, se sentait si petite à côté, si enfant. Il avait, par contre, conserver ses cheveux châtains, ses yeux noirs, et son grand, son immense sourire.

« Je vais vous laisser, je dois rejoindre mes parents côté moldu, lança enfin Dimitri.

– Ta mère ne vient toujours pas de ce côté-ci ? s'étonna Meredith.

– Non, elle n'est pas très à l'aise... » Le garçon sourit, comme s'il s'excusait d'avoir une mère Moldue, puis empoigna son chariot pour signifier son départ. « A bientôt, et merci encore madame Parker. »

Avant de partir, pourtant, le regard de Dimitri se posa sur Mina. Il lui sourit, puis la salua d'un geste de la main qui la fit frissonner, et tourna les talons. La fillette, elle se fustigea mentalement de ne pas avoir ouvert une seule fois la bouche, ne serait-ce que pour lui transmettre le bonjour de Kitty. Egalement déçue qu'il ne lui ai pas vraiment adressé la parole, Mina ne participa pas aux babillages de Wendy qui assaillait déjà William de questions, et garda le silence durant tout le trajet.

Meredith ne pouvant pas les faire transplaner tous les quatre sans prendre de risques, et Wendy étant de toutes façons trop jeune pour le transplanage, même d'escorte, la famille Parker avait prit leur voiture moldue, leur petite limousine blanche, celle qu'un agent du ministère avait ensorcelé pour qu'elle se conduise seule. Le seul inconvénient de la voiture était qu'ils étaient forcés de prendre les routes moldues, et que le trajet de Londres à Stratford-Upon-Avon était d'un peu plus de deux heures, trois même parfois.

Wendy s'endormit avant qu'ils n'arrivent à Castleagle.

Lorsque la voiture passa le portail et se gara devant la porte d'entrée, Tiny et Saë s'empressèrent d'ouvrir les portières et Mina sortit la première à l'air libre, en se frottant les yeux. Deux heures à somnoler l'avait rendu toute pâteuse.

« Vous avez quartier libre jusqu'au diner, lança Meredith à ses deux aînés alors que Kitty portait Wendy jusqu'à l'intérieur. William, pense tout de même à défaire tes bagages. »

Mina jeta un coup d'oeil à son frère qui se contenta de hocher la tête, les mains dans les poches de son pantalon en toile. Elle se demandait s'il le ferait vraiment où s'il attendrait que Kitty s'en charge. Ce n'est que lorsqu'ils furent seuls dans l'escalier qui menait au troisième étage, après avoir embrassé leur mère, que Mina lui adressa enfin la parole.

« C'était bien alors ?

– De quoi ? demanda William sans même la regarder.

– Je sais pas, la fin d'année, le train... »

Son frère lui jeta un regard morne et haussa les épaules.

« Ouais. Enfin c'est les cours, quoi. »

Il ne lui donna pas plus d'informations et aussitôt qu'il le pu, parti s'enfermer dans sa chambre. Mina le regarda partir, déçue. Alors qu'elle aurait voulu qu'il lui raconte avec enthousiasme tout ce qu'il avait appris et vu de nouveau depuis les vacances de Noël, il se contentait de marmonner, comme si elle l'agaçait déjà après seulement deux heures de trajet en voiture partagées ensemble.

Froissée au plus haut point, la fillette eu un sursaut de fierté et parti à grands pas vers sa propre chambre. Lui et son caractère d'adolescent horripilant ! Elle se le jurait, jamais elle ne se comporterait comme cela, même avec tous les troubles hormonaux du monde !

Lorsque Kitty toqua à sa porte pour qu'elle vienne diner, la fillette n'avait toujours décoléré et échafaudait mille et un plans pour faire une mauvaise blague à son frère. C'est donc boudeuse qu'elle se rendit à table, ne prêtant pas attention au sourire malicieux que Kitty posait sur elle.

Elle croisa Wendy en chemin, qui lui prit la main, visiblement bien réveillée et pressée de manger, car elle sautait avec excitation dans les escaliers. Quand elle poussèrent la porte de la salle-à-manger, elles virent une surprise qu'elles n'attendaient pas et Mina comprit l'air de Kitty.

« Papa ! Vous êtes rentré ! »

Henry Parker, en train de parler avec un William qui regardait ses chaussures, se tourna vers ses filles et son regard s'illumina aussitôt. Wendy courut aussitôt dans les bras de leur père qui l'accueillit en riant.

« Bonsoir mes chéries. »

Mina s'approcha avec plus de retenue mais avec tout autant d'étoiles dans les yeux. Il était si rare que leur père soit là pour les repas. Il partait si tôt au ministère, rentrait si tard et restait encore si longtemps dans son bureau qu'il leur était presque impossible de le croiser. Les seuls mots qu'ils avaient de lui étaient ceux qu'ils découvraient tous les matins sur leur plateaux-repas et malgré le fait que ces billets soient toujours plein d'affection, c'était fort peu.

Toute aussi heureuse que ses enfants et fière de sa surprise, Meredith observait la scène avec amour.

« Comment était votre sortie à Londres aujourd'hui ?

– Il y avait des voitures moldues partout et beaucoup de bruit ! Nous avons traversé le mur, vous savez, comme la dernière fois, et j'ai même pas eu peur !

– Quelle jeune fille courageuse ! » la flatta Henry en la reposant à terre.

Wendy se pendit à son bras.

« Et puis il y a eu le train et plein de fumée partout ! Et puis nous avons vu Dimitri aussi.

– Ah oui ? » Henry se tourna vers Kitty. « Sais-tu quand compte-t-il venir cet été ?

– Pas pour le moment, monsieur, mais je le lui demanderai.

– Rien ne presse, Kitty, rien ne presse. Il est toujours le bienvenue ici. Et toi Mina ? Comment vas-tu ? »

La fillette répondit sobrement qu'elle allait bien, mais avec un sourire qui ne trompait personne. Elle était heureuse de le voir. Il le comprit et lui caressa la joue, touché.

Toute la famille se mit ensuite à table et Wendy insista pour que ce soit son père qui la serve jusqu'à ce qu'il cède. Kitty s'installa, évidement, avec eux.

Durant tout le diner, Mina fut tiraillée entre son envie de plaire à son père et de signifier à William qu'elle était vexée par son attitude. La présence d'Henry, si peu habituelle, trancha pour elle, et bien qu'elle s'appliqua à ne plus poser aucune question à son frère, et fit tout autant attention à sourire.

Pourtant, lorsqu'elle retourna dans sa chambre, Mina eu la grande surprise de voir, posé sur sa table de chevet, un petit sachet en tissus. Elle défit le lien qui le fermait et sourit malgré elle en voyant qu'il contenait une poignée de bonbons à la menthe.