Il attendait

Cela faisait plusieurs minutes qu'il attendait sous le seuil de la maison sous la pluie battante qui régnait en maître sur ce quartier de la ville. La nuit n'était pas encore tombée, mais le ciel était déjà sombre à cause des nuages de pluie. Le tonnerre résonnait dans un bruit sourd par certains moments cette averse ne tarderait plus à se transformer en orage, c'était certain.

Il était trempé de la tête au pied, tant par la pluie que par ses larmes. Il ne se serait jamais attendu à recevoir une réponse aussi négative et tranchante que celle qui lui avait été donnée.

Il n'était muni que d'un simple sac à dos dans lequel il avait mis quelques affaires. Le peu qu'il avait réussi à trouver avant de se faire jeter et renier.

Des sanglots restaient bloqués dans sa gorge. Il se refusait à lui-même de paraître aussi faible, quoique conscient de sa situation actuelle : sans maison, sans famille. La seule chose qui lui restait peut-être, c'était peut-être lui.

Il s'était dirigé vers chez lui un peu comme un automatisme, ne savant même pas si il l'accepterait.

Le premier éclair était tombé à quelques rues de là. Il ne savait pas quoi faire, fallait-il mieux frapper à la porte et atterrir face à face avec lui ou s'en aller dans la nature pour ne plus jamais réapparaître à qui que ce soit ?

Prenant conscience qu'il n'avait plus rien à perdre, il se décida à frapper à la porte.

Mais il n'y eut rien.

« Il n'est pas là… » Songea le jeune garçon amèrement.

Alors c'est comme ça que tout allait se finir ? Parti dans la nature ? En dehors des murs et oublié de tous ? Et tout cela en ayant raté tout ce qu'il voulait des bataillons d'exploration ? Au moins, il serait derrière le mur. C'était un beau lot de consolation, non ?

C'est à ce moment qu'il décida de laisser couler ses larmes et éclater ses sanglots.

La porte s'ouvrit lentement dans un grincement qui fit faire une grimace à l'homme derrière.

« Eren ?! Qu'est-ce que… Qu'est-ce que tu fais là ? »

Voyant les larmes du jeune homme et l'état de ses vêtements, il s'écarta de l'ouverture de la porte en murmurant « Entre. ».

Eren ne se fit pas prier pour entrer, laissant ses larmes couler librement sur son visage blafard.

L'homme aida le plus jeune à enlever ses affaires et lui donna des affaires sèches.

« Est-ce que tu pourrais me dire ce qu'il se passe s'il te plaît, Eren ?

- Ils n'ont pas accepté.

- Pardon ?

- Livaï… » Il leva un regard à la fois plein de tristesse et de colère vers l'homme. « J'ai dit à mes parents que je t'aimais… Que nous nous aimions. Je leur ai dit que j'étais amoureux d'un homme, et ils m'ont jeté dehors, ils m'ont renié, ils ne m'ont pas accepté, je n'ai plus rien. Plus de famille… Plus de maison… Plus rien.

- Eren.

- Quoi ?

- Tu n'as pas plus rien. Tu m'a moi. N'est-ce pas suffisant ? Je peux t'offrir ce dont tu souhaites.

- Jamais tu n'accepteras que j'habite chez toi ! C'est bien trop tôt ! Bien trop rapide... Je…

- Eren. Je peux très bien dormir dans le salon, toi, dors dans ma chambre. Tu peux habiter chez moi. Ce n'est pas foncièrement une mauvaise chose. On peut vivre ensemble, il suffit de faire des efforts.

- Je… Oui. »

Eren se demanda un moment comment il avait pu douter un seul instant de son amour. Il se sentait mieux là où il était que dans son ancienne maison, mieux aux côtés de Livaï qu'avec ses « parents ».

Livaï lui avait offert tout ce dont ses parents l'avaient privé, il lui avait offert l'asile que ses parents lui avait arraché.

Dans la nuit, l'orage avait cessé, dans la pénombre désormais omniprésente, Livaï pu entendre, après avoir accompagné son bien-aimé à se coucher un murmure.

« Je t'aime. Merci. »