La mort dans l'âme

Titre : La mort dans l'âme

Personnages principaux : Spencer Reid et Aaron Hotchner.

Résumé : L'équipe doit enquêter sur une sordide affaire de meurtres, impliquant de jeunes garçons. Et si chaque choix était une question de vie ou de mort ? Personne n'est à l'abri du danger.

Rated : T

Pourquoi cette fanfiction : L'idée de cette fanfiction a germé dans mon esprit à la fin de la neuvième saison. Par conséquent, il risque d'y avoir quelques spoilers, notamment sur les derniers épisodes assez intenses de cette saison.

Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas. Je n'ai fait que les emprunter afin de créer une histoire originale.

NB : Je n'ai plus écrit sur Esprits Criminels depuis très longtemps. D'une part, je n'étais plus très inspirée, ayant écrit plusieurs longues fanfictions sur la série. D'autre part, j'ai arrêté un long moment de regarder Esprits Criminels, car certains épisodes m'ont fortement déçue. Cependant, depuis peu, j'ai recommencé à dévorer les sombres enquêtes de nos profileurs préférés. Assez rapidement, une idée de fanfiction m'est venue et j'ai eu de nouveau envie d'écrire.

J'espère que cette histoire vous plaira.

Bonne lecture.


Chapitre premier

« L'homme a ce choix : laisser entrer la lumière ou garder les volets fermés. » - Henry Miller

La télévision émettait un vague murmure qui semblait peser sur toute la pièce incroyablement immobile. Seul, dans la pénombre, les poings serrés, les yeux grand-ouverts plongés dans le vide, il se tenait debout, au milieu du salon. Indécis et figé, il tremblait légèrement.

Le jeune homme leva la main vers son cou et effleura son bandage. Une douleur lancinante partait de cette plaie et se diffusait vers son crâne et son torse. Chaque battement de cœur pulsait cette désagréable brûlure un peu plus loin. Il avait l'impression d'être lentement rongé, millimètre par millimètre, par un mal insidieux.

En vérité, il savait pertinemment que tout n'était qu'illusion, que tout n'était que torture mentale. Cette douleur était en vérité assez faible et supportable. Mais le silence qui l'écrasait mettait en évidence cette maudite blessure. Il était obsédé par elle. Il ferma les yeux un instant et respira profondément. Il devait impérativement se calmer, trouver une occupation.

N'importe quoi.

Il se sentait oppressé par la pénombre et par les ombres dansantes qui se dessinaient sur les murs de son salon, vaguement éclairés par le vieux téléviseur qui diffusait quelque reportage inintéressant. Il ne pouvait empêcher son esprit perçant et inoccupé de le ramener toujours aux mêmes douleurs, aux mêmes idées.

Spencer se mordit violemment la lèvre, traversé par l'image de Maeve dans une mare de sang. Il sentait son sang chaud sur le bout de ses doigts. Son crâne éclaté gisait sous ses yeux. Cette tête si pleine, si attachante, désormais transpercée et vide de vie. Il sentit de nouveau la balle déchirer sa propre chair, les mains de Blake sur son cou, tentant de rattraper entre ses doigts, le sang qui s'échappait de son corps. Enfin, le visage de Tobias, défiguré par la colère et la haine le gifla violemment.

Il se laissa soudainement tomber dans un fauteuil défraîchi et, haletant, fixa un petit objet métallique posé sur sa table basse en bois, reluisant dans l'obscurité. La plaque que Blake avait abandonnée. Plusieurs jours auparavant, elle lui avait fait ses adieux et était partie, rongée par un mal incurable. Même si Spencer se doutait qu'elle n'avait pas quitté leur équipe par sa faute, il ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable.

Ces sentiments négatifs grandissaient en lui, au fur et à mesure qu'il restait prisonnier de ces murs.

Le congé auquel il était soumis depuis la fusillade de la semaine passée le forçait à rester dans son appartement, enfermé entre ces murs lugubres. Ce chez lui où il n'était jamais et qui n'était qu'un pied à terre entre deux enquêtes. La douleur émanant de ses points de suture, témoins de la balle qui avait transpercé son cou, nourrissait ses noirs désirs.

Il avait envie de tout oublier.

Spencer soupira et se dirigea vers la fenêtre, pour observer les voitures qui fourmillaient sous sa fenêtre, à cette heure où tout le monde rentrait du travail. Il tremblait légèrement, tenaillé par l'angoisse. Il savait pertinemment ce que son corps et son esprit lui demandaient. Un bref répit, un moyen simple d'oublier la souffrance et les images qui le taraudaient, à chaque battement de cils, à chaque battement de cœur.

L'inactivité le dévorait et laissait trop de place au pire.

Hésitants, ses longs doigts fins effleurèrent sa poche dans laquelle se trouvait son téléphone portable. La honte repoussa sa main. Il ne pouvait pas appeler ses collègues pour demander de l'aide. D'une part, il ne voulait plus paraître dépendant et faible. Il voulait s'affirmer, prouver qu'il était un homme et non un enfant, ce que beaucoup de ses collègues ne semblaient pas assimiler. D'autre part, ses amis ne pouvaient pas comprendre le mal qui le brisait. S'il lui faisait part de son trouble, Hotch essayerait sans doute d'allonger ce congé qui allait bientôt toucher à sa fin, le temps qu'il arrive à sortir de cette mauvaise passe.

Il devait juste tenir encore quelques jours, seul, dans cette pièce.

Il soupira de nouveau et jeta un regard circulaire sur son appartement, morne et sombre. Il devait impérativement sortir un peu, prendre l'air et se changer les idées. Pris d'une impulsion soudaine, il se dirigea promptement vers la porte d'entrée, attrapa une veste élimée et sortit en vitesse, fuyant ces lieux qui l'étouffaient.

Il prit rapidement les escaliers usés de son vétuste immeuble et se retrouva dehors. Un vent frais fouetta son visage et balaya ses cheveux décoiffés. Il fit quelques pas, en titubant, revigoré et étourdi par le bruit de la rue et la fraîcheur du soir qui tombait.

Puis prenant un peu d'assurance, il s'avança dans la rue, respirant profondément. Il dépassa rapidement son immeuble, puis arriva au bout de la rue. Là, entre deux bâtiments, il vit une ombre se détacher de l'obscurité et s'avancer vers lui. Un homme grand, carré, aux larges épaules et à l'œil vif, d'une cinquantaine d'années. Il portait une longue veste brune qui tombait jusqu'à ses genoux. Son visage était fermé, déterminé.

Sans en avoir vraiment conscience, Spencer s'était arrêté net et observait cet inconnu qui le regardait avec insistance. Un frisson parcourut son dos et se répandit dans son crâne, éclatant en un millier de fourmillements désagréables. Un mauvais pressentiment l'envahissait. Une partie de son être lui disait d'ignorer l'homme, de continuer sa promenade… Mais son corps était figé.

L'homme se posta en face de lui, jeta un regard tranquille sur la rue assez déserte, puis fit un signe de tête au jeune homme :

- Vous avez mal, non ?

Spencer lança un regard en arrière, surpris, se demandant réellement si cet homme lui parlait. Puis, les sourcils légèrement froncés, il déglutit avec difficulté et répondit en bafouillant :

- Pourquoi ?... Co… Comment… ?

L'homme esquissa un vague sourire et haussa les épaules.

- Votre bandage, dit-il en désignant le cou du jeune homme, et votre démarche. On dirait que vous voulez échapper à quelque chose. Je me trompe ?

Reid contracta ses mâchoires et, le regard fuyant, passa nerveusement sa main sur son bandage. Il savait qu'il devait partir maintenant et s'éloigner de cet homme. Mais tout son corps était douloureusement pesant et pétrifié.

- Peut-être, s'entendit-il répondre d'une voix étrangement lointaine.

Son cœur se mit à battre plus fort dans ses tempes, annihilant le bruit des quelques voitures qui passaient en toute vitesse dans la rue. Il ne comprenait pas ce qu'il était en train de faire. Du moins, il préférait ne pas comprendre. Il avait l'impression d'être spectateur de cette scène étrange. Il s'entendait parler, se voyait agir, mais était incapable de décider de ses actions. L'homme en face de lui entrouvrit sa veste et passa sa main sous l'étoffe brune, tout en plantant son regard assombri par de profondes cernes dans celui du jeune homme :

-Que voulez-vous ? Faites votre choix.

Reid fut pris d'un vertige, mais ne détourna pas les yeux, s'accrochant désespérément à ceux de son interlocuteur. Il se sentait déchiré, impuissant, écrasé par la douleur. Chaque cellule de son corps semblait imploser sous le besoin impérieux qui l'accablait.

Tout était une question de choix. Mais lequel faire ?


Penché sur un tas de feuilles impressionnant, il griffonnait rapidement les dernières lignes d'un rapport. Il finalisait ainsi le dossier de Blake qui venait officiellement de quitter l'équipe. Aaron Hotchner parcourut de ses yeux sombres et froids les dernières lignes de ce contrat presque achevé. Il avait du mal à comprendre et à digérer ce départ soudain. Même s'il avait senti que cette enquête et la sérieuse blessure de Reid avaient ébranlé Alex, il n'avait pas remarqué qu'elle était à ce point usée.

Ce boulot finissait souvent par avoir raison des agents. Même des meilleurs.

Il savait que ce départ était lié à la perte du fils unique de Blake, une dizaine d'années auparavant, mais n'avait pas deviné que cette mort lui pesait encore autant. Il n'avait pas été présent pour l'aider à surmonter ses problèmes et devait maintenant encaisser la perte de cet agent exceptionnel. Cependant, il ne pouvait la juger ou lui en vouloir, pas plus qu'il ne pouvait imaginer quelle douleur accablait un parent privé d'un enfant.

Comment réagirait-il s'il perdait Jack ? Dernier souvenir de Haley…

En soupirant, Aaron Hotchner releva la tête de son bureau encombré et frotta sa nuque endolorie, avant de jeter un œil à sa montre. Il espérait finir dans une ou deux heures, afin de pouvoir passer un peu de temps avec Jack. Bien entendu, il n'aurait sans doute que le temps de lui faire prendre son bain et de lui lire une histoire, mais chaque minute comptait lorsqu'il avait l'occasion de voir son fils. Chaque seconde passé à ses côtés le remplissait de force et l'apaisait.

Il ferma le dossier de Blake et attrapa une pile de documents qu'il plaça aussitôt devant lui. La paperasse concernant la blessure de Reid. Un léger tressaillement le prit à l'idée de ce qui aurait pu arriver à son plus jeune agent. Un centimètre plus à droite et la balle aurait déchiré une artère. Il se serait alors vidé de son sang en moins d'une minute, sous les doigts de Blake. Le ventre noué, il attrapa sa tasse de café tiède et en but une longue gorgée, essayant de chasser les images effroyables qui le traversaient. Même s'il montrait rarement ses émotions, chaque fois qu'un de ses hommes était touché, il était ravagé par la culpabilité et l'inquiétude. Il avait le sentiment désagréable d'avoir failli.

Il était de son devoir de protéger les membres de son équipe.

Il tourna les pages du rapport et remarqua que Reid pourrait bientôt revenir travailler. Dans deux jours, il serait de nouveau parmi eux. L'équipe avait été vivement affectée par le départ de Blake et l'absence de Reid était pesante. Fort heureusement, ces derniers jours avaient été plutôt calmes, consacrés à la paperasse et au suivi de certaines affaires qui allaient bientôt être jugées. Plongé dans la lecture du dossier portant sur l'état de santé du jeune homme, il ne remarqua pas le moins du monde les travailleurs quitter peu à peu l'étage. Le silence s'abattit sur le département. Seuls quelques ordinateurs émettaient un bourdonnement rassurant et continu.

Ce lieu était comme une seconde maison pour cet homme à la mine sévère. Il était souvent le dernier à quitter ces lieux, tard dans la nuit, lorsqu'il ne dormait pas sur place, dans un canapé inconfortable et trop petit.

Soudain, son téléphone posé devant lui, à côté de son café désormais froid, sonna et le fit sursauter. Un nœud se forma aussitôt dans son ventre et sa gorge se serra. Un appel aussi tardif n'annonçait jamais une bonne nouvelle. D'une main lasse, il attrapa son portable et regarda le numéro inconnu affiché avant de décrocher :

- Hotchner, dit-il d'une voix neutre.

Au bout du fil, un homme hésitant et précipité débita aussitôt des flots de paroles :

- Bonsoir agent Hotchner. Je suis désolé de vous déranger aussi tard. Mon nom est John Spitser, je suis le chef de la police de Dale City. Je suis un ami du shérif Stanson. Ce dernier m'a conseillé de vous appeler directement car nous faisons face à une situation critique…

L'homme au bout du fil reprit sa respiration, avant de continuer, d'une voix empressée :

- Nous venons de retrouver le corps d'un petit garçon. Il a été égorgé et abandonné sur un terrain vague. C'est le deuxième gamin que nous retrouvons, dans les mêmes circonstances, en une semaine. Je n'aime pas imaginer le pire des scénarios, habituellement, mais là… J'ai vraiment peur que ce ne soit pas une coïncidence…

Hotchner passa une main sur son visage et ferma les yeux, avant de répondre :

- Envoyez-moi le dossier complet. J'appelle mon équipe. Nous allons étudier cette affaire. Je vous rappelle d'ici peu.

Il écouta vaguement l'homme le remercier avant de raccrocher. Il resta un moment interdit et se frotta les tempes, épuisé et abattu. Une fois de plus, il allait sauver d'autres enfants et laisser à Beth le soin de mettre Jack au lit. Mais que pouvait-il faire d'autre ? Il ne pouvait pas laisser des innocents dans le besoin.

Après tout, ça pourrait être Jack.

Il devait prendre cette enquête, rappeler une fois de plus ses collègues et les arracher à leur soirée tranquille. Il soupira de nouveau et attrapa son portable, puis resta un moment indécis. Avec le départ de Blake, ils allaient manquer d'effectifs pour pouvoir être réellement efficaces dans cette enquête.

Il n'avait pas encore eu le temps de penser à quelque remplaçant.

Ses yeux glissèrent sur le dossier de Reid. Il hésita un instant, en fixant le numéro de téléphone du jeune homme. Il savait que son agent attendait avec impatience son retour dans l'équipe. De plus, s'il y avait réellement un tueur d'enfants à Dale City, petite ville située à quelques kilomètres de Quantico, il ne pouvait se permettre d'enquêter avec si peu d'agents. Reid pourrait être d'une grande aide pour cette affaire. Bien entendu, il passerait les examens médicaux et les évaluations psychologiques de remise au travail après cette enquête. La situation était bien trop urgente pour perdre du temps avec ces formalités.

Le chef d'équipe raffermit sa prise sur son portable, tout en se pinçant les lèvres : il l'empêcherait de trop en faire, afin qu'il ne s'épuise pas.

Tout se passerait bien.

Chassant ses hésitations, il commença à appeler ses collègues qui avaient quitté le bureau deux heures auparavant.

Une fois de plus, le devoir les rappelait en ces lieux.

A suivre…


Merci d'avoir lu ce premier chapitre. J'espère que cette mise en bouche vous a plu. La suite arrivera d'ici une semaine maximum, si tout se passe bien. N'hésitez pas à me laisser votre avis. Vos commentaires me font toujours énormément plaisir.

Je m'excuse s'il reste quelques coquilles dans mon texte. Il est parfois difficile de voir ses propres fautes.