Vous pouvez d'ores et déjà commencer à pleurer sur votre enfance et à préparer la Javel-à-cerveau.
Titre : Magie interdite
Base : Astérix
Personnages/Couple : Astérix & Obélix, Panoramix
Genre : drame
Gradation : PG-13 / T
Disclaimer : propriété d'Uderzo et Goscinny, je ne cherche pas à me faire de sous avec.
Notes : concernant Astérix/Obélix, ici ils sont en relation établie mais aussi loin que ça me concerne, ça reste platonique ;
et ceci est la catharsis d'un rêve que j'ai fait il y a quelques années - la seule chose que j'ai trouvée pour me le sortir de la rêve c'était de le mettre par écrit ;
la première partie a failli être postée en décembre 2008 sur 31 jours pour le thème « nectar des dieux » et la contrainte accessoire "nativité" mais par pitié pour la communauté ce fut ajourné... jusqu'à maintenant !
Avertissement : m-preg déconstruit
Nombre de mots : 4000 (découpés en trois chapitres de taille légèrement inégale plus un épilogue bref)
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Créer la vie... Ça, c'est quelque chose que seules les femmes et les druides de haut niveau savent. Les guerriers et les artisans l'ignorent.
Depuis plusieurs années déjà, toute la Gaule est occupée, à l'exception d'un petit village d'Armorique qui résiste encore et toujours à l'envahisseur. Au cours de ces dernières années, ses habitants ont vu arriver à leur porte bien des bouleversements et bien des aventures, mais à la faveur des dieux, aucun n'a jamais modifié durablement leurs vies.
Le plus grand changement que connaîtront Astérix et Obélix viendra finalement de leurs chères vieilles mères.
« ...Leur obsession à nous marier ! peste Astérix.
- Il faudrait dire à nos mamans respectives qu'on n'a pas besoin de femmes, qu'on se suffit à nous deux... surtout qu'on a Idéfix, renchérit Obélix, assez ennuyé par le problème pour ne pas loucher sur la marmite de potion magique.
- Il faudra plus que votre parole pour les convaincre, malheureusement. »
Astérix fixe Panoramix, légèrement choqué ; s'il vient se plaindre au druide, c'est pour être conseillé et réconforté, pas enfoncé dans ses problèmes ! Mais son mentor soupire encore et explique,
« Ah, mon cher Astérix. Ça n'est pas juste le mariage, qui les obsèdent. Quelle que soit la demoiselle, une fois épousée, elles trouveront toujours à redire sur elle ensuite. Non, ce qu'elles veulent, c'est l'assurance des petits-enfants.
- Mais... »
Astérix manque de protester contre le ridicule de l'idée. Lui, ou Obélix, élever des enfants ?
Mais s'il y pense un peu plus sérieusement... et pourquoi pas après tout ? L'idée de faire sa vie avec une femme, très peu pour lui. Quand on voit ce que ça donne pour Abraracourcix ou même Ordralphabétix ou Agecanonix selon les jours... Non, non, ça ne l'intéresse pas du tout.
Même si on l'assure que ça n'est pas catastrophique pour tout le monde, bien au contraire : qu'il pense un peu à ses propres parents, ou à la petite Falbala et son Tragicomix par exemple ? Non, ça ne suffit pas pour autant. Surtout quand il se rappelle que c'est Tragicomix qui a épousé Falbala et pas Obélix ou lui-même. Bref. Ce bonheur-là ne serait pas le sien.
Mais élever un petit bout de gaulois ? Lui et Obélix ne s'en étaient pas trop mal tirés, la fois où Cléopâtre leur avait fait confier son petit garçon. Donc pourquoi pas ?
Pourquoi pas, parce que ça grandit vite, les enfants, et que s'il se rappelle aussi le jeune Pepe Soupalognon y Crouton et son horrible caractère, maintenant...
Ah oui. Mais ce petit bonhomme était fils de chef et mal élevé en tant que tel depuis tout jeune. Avec d'autres parents pour faire son éducation, qui sait ce que ça donnerait ?
Il a un autre exemple sous la main : même avec ce gros et adorable irresponsable d'Obélix, Idéfix ne s'en sort pas mal ! Et Idéfix est aussi intelligent qu'un petit Gaulois.
Un regard échangé avec Obélix le convainc que tous les deux pensent sensiblement la même chose. Quoique... non, Obélix ne doit même pas avoir les hésitations d'Astérix, lui. Il ferait un très bon papa, c'est certain.
Voilà. S'ils avaient un enfant à eux, bien sûr qu'ils pourraient l'élever. Mais comment deux Gaulois célibataires auraient-il un enfant ?
« Les bébés, ça ne pousse pas au pied des arbres, regrette Astérix.
- Ben non, ce sont les cigognes qui les apportent. »
Si seulement c'était aussi facile ! Astérix n'a pas le coeur de reprendre Obélix là-dessus. Et déjà Obélix est passé à la suite du problème :
« Comment convainc-t-on une cigogne de nous apporter un bébé ? »
Aucune femme dans le village n'accepterait de leur donner son enfant. Ils ont beau ne pas très bien savoir comment elles fonctionnent, de cela au moins ils sont certains – et Astérix ne voudrait pas, d'ailleurs.
Quand à attendre une tragédie, une dame qui disparaisse en leur confiant son petit... ça serait horrible !
« Non, pondère Panoramix en fourrageant sa barbe. Il y a bien un moyen, mais il est risqué... »
Astérix dresse l'oreille, vibrant d'espoir :
« Un moyen ? Quel moyen ? »
Rien que mentionner cette possibilité c'était déjà trop en dire. Insister pour que les deux guerriers l'oublient est impensable, pas sans explication supplémentaire. S'il avait eu l'humilité de taire ce savoir interdit ! Mais il n'était pas encore temps pour les regrets.
« La potion de vie. Aussi appelée nectar des dieux. »
Comme de bien entendu, Astérix et Obélix, avec un intérêt et un enthousiasme croissants, veulent en savoir plus, bien plus, sur le sujet :
« Il faudra aller la voler aux dieux ?
- Oh, non, c'est à moi de la fabriquer.
- Et c'est très difficile à faire ?
- Assez. Plus que la potion magique qui rend invincible, qui est déjà ardue à faire, mais dont j'ai l'habitude.
- Des ingrédients très rares à se procurer ?
- Aussi. Mais j'ai confiance en vous pour les récolter.
- Bien sûr ! On t'a déjà ramené l'étoile d'argent et l'huile de roche et quantité d'autres trucs pour d'autres personnes au village et même pour des gens d'ailleurs ! »
Prudence soit damnée, gagné par la ferveur des jeunes gens et confiant en lui-même pour préparer cette potion et les assister jusqu'au bout de l'aventure qui se profile, Panoramix approuve. Il connaît la valeur de ses amis. Mais cette fois, cela ne suffira pas :
« Ce qu'il faudra aussi c'est du temps. De la patience et du courage. »
Du courage, Astérix et Obélix en ont à revendre ; la patience, cela peut s'apprendre. Ils connaissent déjà la persévérance !
« Du temps...
- Pour préparer la potion déjà, et une lune entière pour qu'elle en reçoive la force. Une fois ingérée, pour que ses effets arrivent à terme, dix lunes encore. »
Au final, pas loin d'une année entière. Si leurs mères étaient là pour en discuter, peut-être pourraient-elles leur dire que c'est ce qu'il faut souvent, quand tout ne marche pas du premier coup et qu'il faut plusieurs essais, lune après lune, pour obtenir la bénédiction de Bélisama.
Cependant Panoramix compte passer outre le jugement des femmes, pressentant qu'elles refuseraient. Cela ne doit regarder que les demandeurs et lui qui leur fournira la réponse !
« Mais j'hésite, j'hésite... ça n'est pas pour rien qu'on l'appelle nectar des dieux, cette potion magique. Elle crée la vie. »
Au lieu d'inquiéter Astérix et Obélix, cela les impressionne encore plus :
« Pourrait-elle animer un objet ?
- Ressusciter un mort ?
- Aussi, mais en tant que telle, son utilisation est strictement bannie. On ne s'en sert généralement que pour donner un enfant aux femmes sans mari.
- Et aux maris sans femmes, maintenant ? »
Pour ce que Panoramix en sait, cela n'a encore jamais été tenté. S'ils réussissent, ne sera-t-il pas le plus grand druide de tous les temps ? ...Oh, Bélénos, voilà bien de l'orgueil que d'y penser, se morigène-t-il. Il fait cela pour le bonheur de ses petits protégés, pas pour sa gloire personnelle.
Ramené à de plus humbles dispositions, il tente une dernière fois de faire machine arrière ;
« C'est peut-être défier les dieux que tenter cela. »
Mais bien sûr, ses craintes sont balayées comme de rien :
« Bah ! Je n'ai peur que d'une chose, c'est que le ciel me tombe sur la tête.
- Tu oublies, Astérix, que les dieux en seraient bien capables, pour punir ceux qui leur désobéissent... »
Mais voilà : la tentation est la plus forte.
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